La voix de Graine
Le temps s’accélère, le temps se dérobe, retrécit…
Le confinement, c’est pour moi un hors temps. Moyennant la contrainte sur les sorties et les tâches à assumer au quotidien, mon espace temps enjambe les jalons du réel, s’autorise des chemins de traverse. Ecouter de la musique classique en plein après-midi, regarder un concert à la télé jusqu’à point d’heure, découvrir des jardins dérobés, peindre ou dessiner toute une matinée, passer deux heures au téléphone avec une copine ou une soeur…La routine vole en miettes. Et j’aime bien ça. La fin du confinement m’affole. Cette pandémie est abominable et destructrice. Je ne souhaite pas qu’elle perdure. Mais j’aimerais bien ne pas me laisser emporter à nouveau dans le tourbillon des activités et des jours. J’aimerais bien conserver un peu de cette humeur vagabonde qui me permet de fureter là où le vent me mène.
Quand j’avais 10 ans, j’étais curieuse de tout. Je voulais tout faire. Du sport, de la musique…Mes parents n’avaient pas d’argent. Ça a réglé le risque de suractivité. Dès que je pouvais faire quelque chose, j’étais partante. J’ai essayé tout ce que j’ai pu essayer. Je ne suis pas sûre d’avoir beaucoup changé. Aujourd’hui, j’ai quelques années de plus, de nouveaux rôles à assumer, dont celui de Mamie. Il est temps que je devienne plus éclectique en matière d’activités et de loisirs, que je m’autorise du « hors temps » pour me permettre de sortir des sentiers battus.
Je ne pense pas être la seule dans ce cas. Le dehors et l’ailleurs sont tellement excitants! C’est dommage de passer à côté de petits plaisirs qui sont si simples à s’offrir pour un peu qu’on s’en donne le temps. Il y a aussi les autres qui nous mangent le temps et à qui on n’ose pas dire non…
La voix de Lilie
Quelquefois il me semble que le temps ne m’appartient plus. Que tout ce que je fais est dicté par l’extérieur. Les enfants, les parents, les amis, le conjoint, le travail, la maison… Y a t il une 25ème heure pour moi ? Depuis l’avènement du digital on peut être interrompu dans tout ce que l’on fait. Un bip sur le téléphone, un skipe au travail, et hop, finie la concentration, et finie la tâche en cours. Bien sûr il n’est pas obligatoire de répondre, de se laisser distraire. Seulement l’éducation et ou le caractère font qu’il est difficile de résister. Alors les jours passent à une vitesse folle et le vide s’installe. 28 jours de confinement. Qu’en ai je fait ? Je n’ai pas pris le temps d’écrire vraiment, ni d’apprendre, ni de jardiner, ni de dessiner. J’ai rangé, nettoyé, reparé et j’en suis fière. Mais le soir, plus d’énergie ni de courage pour faire autre chose que m’affaler devant la télé. Trop nulle. Esprit trop fatigué aussi. Besoin de vacances, d’air, de rires, de copines. Bientôt.
De grandes résolutions à prendre aussi. Ne plus se laisser happer par le téléphone et ses infinités de sujets tous plus intéressants les uns que les autres. S’écouter plus. Dire aussi plus. Prendre du temps.
Jour 29, à toi de jouer.
Et le travail qui te mange le temps, ce n’est pas rien…Mais il n’est jamais trop tôt pour se dégager du temps pour soi, sans oublier de le nourrir de rencontres, d’air, de rires, de bavardages …
Soyons indulgentes avec nous. Nous faisons avec ce que nous sommes, ce que l’éducation a fait de nous, ce que la technogie a malmené…mais aussi ce désir de vivre, d’avancer, d’agir qui nous anime…
Bonne journée