La voix de Graine

Aujourd’hui, je passe à nouveau la journée avec ma petite fille. C’est une grande à présent, 6 ans déjà. Elle est de plus en plus autonome. Elle joue et s’occupe toute seule. Elle se rend compte qu’elle va devoir faire seule de plus en plus. Alors de temps en temps, elle fait le bébé, une manière de réclamer l’attention. Je me souviens, quand ma fille a su lire, elle a continué à demander sa lecture du soir jusqu’à ce que son petit frère ait acquis une autonomie en lecture. Elle avait besoin de ce moment privilégié, de son moment à elle.

Le 2 septembre, jour de départ pour l’Espagne pour moi, ma petite fille rentrera au cours préparatoire, la grande école, pour apprendre à lire et à écrire.

La journée passe vite. Petit déjeuner, jeux au square, déjeuner…Dans l’après-midi, je dépose la petite chez son Papa qui squatte un appartement de copains pas très loin de chez nous. Nous sommes contents de nous retrouver seuls, ce soir, mon mari et moi, chez nous, pour nous occuper de nous.

Être parent, c’est se sentir mal quand nos enfants vont mal, se sentir mieux quand nos enfants vont mieux…Mais nous ne devons pas oublier de vivre pour nous. Sinon, qui le fera?

La voix de Lilie

S’occuper de nous, tu as raison. S’il nous reste un peu de temps. Grignoté par le travail, encore un peu pour moi, par les enfants – garder les petits, le chien, le chat, aller faire une course pour eux, s’inquiéter, se rassurer – et surtout grignoté par la société qui nous demande de faire- et souvent refaire- le travail des salariés qu’ils n’ont plus: remplir les formulaires, suivre les dossiers, payer, subir les erreurs de traitement. Que reste-t-il ? Une miette de lecture, un zeste d’écriture. Encore, sans vraiment se poser. Plus le temps passe plus il me semble court, une journée ne dure qu’un instant, le temps de s’éveiller il est l’heure de se coucher. Aujourd’hui qu’ai-je bien pu faire pour moi ? Un peu de sport et le moment d’une douche. Heureusement il y a le bonheur de faire pour les autres, un repas pris à deux, un gateau pour mon fils qui rentrera tard, un lit dans sa chambre d’enfant.

J’ecris assise sur une chaise, dans la cuisine pour charger mon téléphone en même temps. A mes pieds, mon chat qui ne me quitte jamais, allongée par terre car je suis comme toujours assise de travers et il n’y a plus de place sur la chaise; son ronronnement m’apaise. Dès que je regagnerai le canapé, elle viendra se lover sur mon ventre et quémander des caresses.

Allons-y.