La voix de Graine
Un début de journée maussade, mais à la mi-journée, la lumière, puis le soleil reviennent.
J’ai eu la réponse de fiston. J’aurais droit à mon pique-nique avec les graines et leurs conjoints dimanche. Mais attention, nous serons 8. Il faudra respecter les distances. Et samedi, nous aurons petit-fils. Des perspectives stimulantes, mes petites étincelles pour ne pas sombrer dans la morosité et l’ennui. A l’instant, je reçois une vidéo de ma petite-fille sur son vélo, sans les petites roues. Elle est fière. C’est une grande.
Ce matin, je dessine. Enfin, plus exactement , je peins. La couleur, ça me fait toujours un bien fou. C’est pour moi un voyage vers l’ailleurs, un ailleurs gai et coloré qui n’a plus rien à voir avec le quotidien. Je m’éclipse dans la couleur. Mon mari est parti travailler au bureau ce matin, aussi j’ai tout mon temps.
Un mail à envoyer pour mon site jacquaire, un repas vite expédié et je prends mon vélo. Cet après-midi, j’ai rendez-vous au Parc floral avec deux graines disponibles. Nous commençons à bien connaître le parc. Nous en explorons les moindres recoins. Depuis le début de la pandémie, nous nous y retrouvons régulièrement. Le restaurant dans lequel nous avions pu prendre un café assises, dehors, la dernière fois, a été verbalisé. Plus moyen de s’asseoir. Nous ne prenons pas de café. Je me contente d’une eau pétillante. Les paons font la roue. Quels cabotins, ceux-là! Les jonquilles et les narcisses sont en fleurs. Et aussi, les magnolias, les camélias, les rodhodhendrons…C’est magnifique. Nous prenons le temps, tout notre temps. Rien ne nous presse. Et le soleil est de la partie. L’après-midi passe vite. C’est déjà l’heure de rentrer.
Ce soir, je dois faire mes yaourts.
La voix de Lilie
C’est l’anniversaire de ma grand-mère aujourd’hui. 115 ans. Je l’ai adorée quand j’étais petite, je l’aime encore immensément. Elle s’asseyait dans un fauteuil sur la terrasse et elle me regardait faire la roue et l’arbre droit pendant des heures. Le soir, je me glissais dans son lit et elle me racontait sa jeunesse. Un autre temps. Enfant « batarde » dans une famille très pauvre. Placée, c’est le terme qu’elle employait, à 11 ans dans une ferme pour travailler la terre. Une poignée d’années d’école et pourtant elle écrivait sans faute. Une vie difficile avec 2 guerres. Des vraies, avec de vraies privations – j’avais trouvé dans son armoire des tiquets de rationnement – avec de vraies peurs. Avec de vrais déchirements de quitter sa mère et de ne la revoir qu’une seule fois dans toute sa vie. Qui sommes nous pour nous plaindre. Patientons dans nos maisons, bien nourris et au chaud. C’est mon tour maintenant de prendre le fauteuil sur la terrasse. Que la vie passe vite. En un battement de paupière d’elle à moi.
Aujourd’hui je suis restée seule moi aussi à la maison. J’ai même raté le message de ma fille qui me proposait de passer pour le déjeuner. Zut, moi qui aime tant ces moments rien qu’à nous. J’ai télétravaillé, déjeuné tranquillement des restes de la veille et repris le travail. Le soir, j’ai discuté 2 h au téléphone avec une copine. Enfants, petits enfants, travail, couple, pandémie, vaccin, tout y passe. Qu’est-ce qu’on peut être bavardes tout de même. Ce qui m’étonne le plus c’est que l’on trouve toujours des dizaines de sujets de conversations alors que chez nous c’est calme plat….
Un petit bain bouillonnant pour me detendre le soir avant une soirée télé silencieuse. Classique.
Moi aussi j’attends dimanche pour profiter des graines. Pour sortir de la monotonie et de la mélancolie qui m’assaille. On sera forcément plus de 6, alors si on aperçoit un contrôle, on fera 2 groupes ! Pas très patriotique, mais franchement on n’en a ras le bol et surtout on ne comprend plus rien. Par exemple on confine, on ferme les commerces mais on laisse ouvert ceux qui vont faire leur chiffre d’affaire à pâques. Donc, si je traduis: on laisse ouvert les commerces dans lesquels vont venir le plus de personnes et on ferme ceux qui auront peu de clients. Quel effet sur la pandémie ?