La voix de Graine
Demain, notre horizon va s’élargir: 3 h, 20 km…
29 jours à tourner en rond dans notre périmètre d’1 km. Pourquoi un périmètre en cercle et non en carré ou en rectangle? Pourquoi? Plus facile pour tourner en rond bien sûr!
Demain, je ne sortirais sans doute même pas une heure. Notre petit fils sera chez nous toute la journée. Nous aurons la journée pour profiter de lui, une journée entière pour le regarder évoluer , jouer, manger, dormir… Il aura grandi. Il aura appris plein de nouvelles choses. Va-t-il nous reconnaître? Va-t-il vouloir rester avec nous? Entre inquiétude et excitation, la nuit va être longue. Le ménage est fait. La lessive aussi. Nous sommes fin prêts pour l’accueillir. De bonne heure, m’a dit mon fils. Je ne sais pas vraiment ce que cela veut dire. J’irais au marché de très bonne heure. Faudra-t’il lui préparer à manger? Je ne sais pas non plus. Nous verrons bien …
Aujourd’hui, jour de transition – préparation de l’étape d’après.
Ce soir, nous avons assisté à une interview en ligne. S’il n’y avait pas eu le confinement, l’interview aurait dû se passer au Forum 104. Une jeune femme, 24 ans, nous a raconté son pélerinage « mendiant » de la Charité sur Loire à Fatima, en passant par Vezelay, Taizé, Le Puy, Lourdes, St Jean Pied de Port, St Jacques de Compostelle. Sa destination était Tamanrasset. Elle partait rejoindre La Congrégation des Petites Sœurs du Sacré-Cœur de Charles de Foucauld. Une frêle jeune femme sur les routes avec 10 euros par jour, sans smartphone…Partir, oser partir, oser sortir de son confort quotidien. Je prends toujours plaisir à entendre ces récits d’humanité. Vivre de l’intérieur l’accueil, le refus de l’accueil, la rencontre, le dénuement, le cheminement. Son périple a duré 6 mois. 6 mois qu’elle s’est donnée entre la fin de ses études et le début de son activité professionnelle. 6 mois qui se sont terminés par un séjour à Tamanrasset qu’elle a rejoint en avion depuis Fatima. Tamanrasset, carrefour de cultures, de migrants. La rencontre avec les femmes. Puis une semaine dans le désert au pied du Hoggar près de l’ermitage de Charles de Foucauld. Elle est psychologue. Actuellement, elle soutient les équipes de réanimation à l’hôpital.
La voix de Lilie
C’est une belle histoire que tu relates Graine. Quelle volonté. Une femme qui voyage seule, on s’en étonne, on s’en méfie souvent. Tu es bien placée pour le savoir. Encore un domaine à conquérir. Cette liberté d’être et d’agir.
Cette dernière journée de travail s’achève et enfin s’ouvre le week-end. Samedi courses, dimanche enfants. Vais je profiter des 20km, 3h, pas sûr. On en reparlera…
En ce moment mes nuits sont peuplées de rêves que je note dans un cahier. Je fais ça de temps en temps. Au bout de quelques semaines, on relit tout et on découvre un fil conducteur, un message de notre subconscient. On peut mettre le doigt sur ce qui nous tracasse vraiment. A tout au moins, un temps d’introspection.
Ce soir, pas d’interview pour moi. J’ai regardé un spectacle de jeunes humoristes. Et j’ai beaucoup ri. Parce qu’en ce moment on ne rit plus. On ne sort pas, on ne voit personne, on ne rit pas. Et c’est terrible. Le rire, soigne, apaise. Comment peut on oublier de rire ? Voilà pourquoi les autres nous manquent en cette période, parce que là est notre source. Vivement la prochaine sortie fille.