La voix de graine
De la pluie aujourd’hui sur Paris, et 10 degrés de moins qu’hier.
La dernière semaine avant les vacances, c’est toujours pour moi la semaine la plus longue. J’ai hâte de retrouver ma campagne.
Merci, Lilie, de m’avoir fait partager la fête de la musique dans la ville de ton enfance. Pas de sortie pour nous hier soir. Pour mon mari, c’est dentiste, et pour moi, c’est retour maison après m’être occupée de la petite. Paris, c’est trop grand, trop impersonnel. Il y a trop de monde. Je n’ai plus envie de me mêler à la foule. Et la pandémie ne fait qu’accentuer mon manque d’envie.
Ce matin, j’ai rendez-vous pour un créneau de travail à ma coop. Le créneau du matin, de 7 h à 9 h m’oblige à me lever tôt. Nous sommes deux, deux femmes. Le travail ne manque pas: réceptionner les légumes, ranger le pain, trier les légumes, déstocker les denrées périmées…Travailler à ma coop me fait toujours du bien. Je me sens utile, vivante, vaillante.
Après quelques courses et un café avec mon mari au retour à la maison, je repars. Cette fois-ci pour compléter mon équipement de randonnée: sac de couchage, gourde, frontale…J’en profite pour acheter aussi quelques bricoles pour nos vacances: un sac isotherme pour le pique-nique, une thermos…
Je rentre pour préparer le repas. C’est moi, la femme au foyer.
Cet après-midi, j’appelle les copines. L’une répond, l’autre non, puis je me mets aux retouches de ma dernière peinture. Je n’ai pas beaucoup de patience. J’améliore ou je dégrade, c’est selon. Difficile de savoir. En tout cas, je dois terminer et ranger mes affaires de peinture.
Je me suis engagée à faire un cadre pour mettre des photos des handicapés que je vais voir le vendredi. Je m’attelle à la tâche, en mode brouillon. Pour moi, le plus dur, c’est toujours de démarrer, et de terminer aussi.
La voix de Lilie
Un orage terrible au milieu de la nuit a vidé tous les nuages. Ce matin le ciel est redevenu bleu. Pour la première fois cette année j’entends les cigales chanter. L’été est arrivé. Tout au moins, là, dans le sud. Ici, je me sens bien. L’air est doux, tout est facile, il n’y a pas trop de monde. Ma maison ne me manque pas. Juste mes enfants et mes tous petits.
Le télétravail entrecoupé de bain de soleil et de piscine, ça me va.
Le soir nous allons manger chez mon père. Ma mère prépare quelque fois de bons petits plats pour lui et avec connivence nous disons que c’est ma cousine ou moi qui cuisine. Lorsqu’il sera seul je lui avouerai la supercherie. Donc ce soir, « j’ai » cuisiné un bon gratin de courgette. Pain frais tout juste sorti du four, picodon et verre de vin rouge.
Nous allons ensuite coucher les poules du voisin qui est en vacances cette semaine. Mon père m’avoue être tombé ce matin en allant leur ouvrir le poulailler. Il ne s’est rien cassé, un miracle.
Demain nous allons à l’hôpital. Mon père évoque sa peur d’une intervention sur les vertèbres. Depuis toujours c’est sa hantise. Pas de chance que la maladie l’ait attaqué justement à cet endroit. Je fais du mieux que je peux pour le rassurer. Il faut faire confiance aux médecins, nous n’avons pas d’autre choix lorsque nous sommes malades. Il me fait peine. Il est si maigre maintenant.