La voix de Lilie
Agadir, au sud du Maroc. L’occasion d’aller dans le désert. Je suis partie sur cette idée de faire une virée en 4×4 dans le désert. Seulement en vrai, le désert est à au moins 600km d’ici…. Bah, pour la virée ce sera dans les dunes de sable !
Il fait très beau aujourd’hui et comme chaque matin, il n’y a pas de vent.
Après avoir avalé un bon petit déjeuner avec 2 beignets tout chauds au miel, mon régal du moment, nous voilà embarqué avec un guide et un chauffeur pour aller visiter la région de souss massa. C’est une région berbère qui porte le nom des 2 oueds qui y passent, un peu comme la seine et marne ! C’est une des 12 régions independantes de Rabat, 3 millions d’habitants qui vivent, dans l’ordre, de l’agriculture, de la pêche et du tourisme. Capitale Agadir. En travaux depuis 1960 avec l’aide internationale, encore plus en ce moment avec le programme royal qui en est justement à rénover entièrement la ville d’Agadir.
Le guide, un berbère en turban et djellaba, beaucoup d’humour raconte son pays, sa région.
Le matin, vers 9h, les femmes en djellaba viennent faire leur sport ensemble dans les forêts d’eucalyptus qui longent la route. Plantés entre 1900 et 1950 par les français pour eviter l’érosion et arrêter la désertification. Car avant ici c’était le désert, ah, ben zut, j’arrive trop tard !
Les Eucalyptus poussent même dans les dunes.
Nous traversons ensuite la réserve des gazelles, à part ma copine et moi, il n’y a pas d’autre gazelle en vue… D’ailleurs notre guide n’en n’a pas vue une seule en 30 ans !
Un peu plus loin pousse une foret d’arganier. L’argan, c’est le travail des femmes. C’est ce qui leur permet d’être independantes lorsqu’elles perdent leur mari… Donc on interdit aux hommes de le faire dans la mesure où ils trustent la plupart des autres métiers. Aucune échoppe nulle part tenue par une femme. Même les robes, sous vêtements sont vendus par des hommes. Bref..
800000 hectares d’arganniers, la plus grande forêt du maroc. C’est un arbre endémique qui pousse tout seul, on ne le plante pas, il ne demande aucun entretien, même pas d’arrosage et il faut attendre que les fruits tombent tout seuls car ils sont meilleurs. Un arbre de fénéant ! Il faut 35 kg de fruits (dit il) pour faire 1 litre d’huile d’Argan. Son prix a décuplé depuis que le monde se l’ arrache pour ses vertus pour la peau et la santé. Dans les souks il est souvent coupé avec une huile neutre et vendu au litre ! A éviter. Il faut l’huile certifiée ou rien. Et on ne peut certainement pas s’en payer un litre.
Notre route longe maintenant des serres à perte de vue. Ici sont produits les fruits et légumes que nous consommons. Soleil en permanence, chaleur, serre pour conserver l’humidité et accélérer la croissance font que l’on peut produire toute l’année des légumes hors saisons.
Pas de transport en commun ni de voiture individuelle pour chacun, ici les patrons affretent des bus pour emmener et ramener leurs ouvriers des serres jusqu’à la ville.
C’est dans une petite ville que nous traversons que se trouve l’usine d’emballage azura. La plus grande usine d’emballage de la région. 1000 femmes logées nourries y travaillent.
La route que nous empruntons pour descendre plus au sud est l’axe entre l’europe et l’afrique. Le Maroc est au centre.
La route longe un paysage très sec de steppe, terre jaune, pierraille, touffes d’herbes rabougries ça et là.
Cap vers l’est pour aller admirer le Barrage sur l’oued massa construit en 1972. On voit clairement la démarcation, il contient 20 % d’eau en moins % 2014.
Le paysage est splendide, la verdure autour de l’oued et du lac sur une langue au fond de la vallée contraste avec la terre caillouteuse tout autour la couleur vert opale de l’eau sur l’ocre de la terre.
Depuis le barrage, une piste conduit au petit sahara. Quelques dunes ! Des chameliers proposent des promenades ou des photos, un homme montre des scorpions. Ici il ne faut pas mettre les mains dans les trous du sable. C’est toujours un terrier. Serpent ou scorpion au choix. On voit d’ailleurs des traces de serpents dans les dunes. Ils sortent la nuit…..
On s’essaie à quelques photos cadrées pour s’imaginer en plein désert ! Non mais !
Après cet arrêt dans le désert…., la piste redevient route et nous voilà à
Sidi bibi, point de départ des remorques de fruits et legumes vers l’Europe.
Puis, cap sur la ville de Tiznit.90 000 habitants, elle est la porte vers la Mauritanie. C’est une petite ville sans tourisme qui vit du travail de l’argent. Les bijoux pour les mariages, naissances, sont faits ici.
Ils (les hommes) travaillent du fil d’argent, ils appellent ça le travail du filigrane. La ville est dans son jus. On peut traverser le souk sans être harcelé, c’est très agréable et cela nous montre une image différente des marocains. La différence de comportement de ceux qui vivent du tourisme et ceux qui n’en vivent pas. C’est chacun pour sa peau ici, on vit de ce qu’on peut, du touriste ou pas.
Pour le déjeuner, cap sur le village berbère de Massa (comme la region, comme l’oued !).
Pour y aller il faut traverser des zones totalement désertique avec, disséminés ça et là, des murets jaunes ocres qui entourent des jardins isolées.
Massa. Verte au milieu de la steppe car passe l’oued. Une ville presque sans hommes car souvent ils sont en France pour travailler et ne rentrent que l’été.
Le guide nous arrête dans un quartier désertique, une rue vide, sablonneuse sans un brin d’herbe, devant un grand mur d’ocre rouge avec une belle porte en bois.
La porte ouvre sur un magnifique jardin verdoyant dans lequel les tables sont dressées. Notre hôtesse est vêtue d’une sorte de pyjama marron et une casquette noire lui retient les cheveux. C’est étrange comme tenue. En tout cas, elle cuisine très bien. Jus de figue de barbarie pour l’apéritif, salade marocaine avec brochette de poulet en entrée, tajine de poulet au citron et légumes pour le plat. Le dessert est plus surprenant, c’est une semoule sucrée grossière (je me demande même si ce n’était pas plutôt du riz, mais à priori non…) avec de l’amalou à étaler dessus. (voir dimanche pour la recette de l’amalou !), et pour finir, Thé à la menthe et un petit gâteau. Tout était délicieux.
Voilà, le menu détaillé c’est pour que Graine prenne plaisir à lire !
Il est 15h quand nous repartons de cette oasis bien agréable. Sur la route, nous croisons une caravane de minibus qui ramènent les travailleurs des champs et des serres vers la ville. Puis nous prenons une piste sablonneuse qui longe la côte pour aller voir les cabanes que les pêcheurs ont construites dans la falaise pour rester à demeure sur leur lieu de pêche. Un peu baraquements, un peu troglodytes. On imagine le confort… Générateur pour l’électricité, un ravitaillement journalier pour l’eau.
Depuis 2022, il y a sur cette côte une usine de désalinisation. Le problème de l’eau doit être anticipé, déjà il ne pleut plus assez.
La piste se termine à Tifnit. Un village hippie où les marocains viennent en villégiature l’été. Camping, barbecues sur la plage, restaurants en bord de mer. Le reste du temps, on y trouve tout ce qui est illégal ….
Sur la plage, les petites barques bleues que l’on retrouve hélas sur les côtes européennes avec des migrants lorsqu’elles n’ont pas chaviré avant… Nous sommes en face des canaries.
Merci pour la description du repas. J’avais bien envie d’y être, cela me donne faim…