La voix de Graine
Un dimanche d’Août, chaud et tranquille, à la maison, sans les enfants. La chaleur rend le temps immobile. Aujourd’hui, nous vivons au ralenti.
Ce matin, mon mari va courir, moi, je range mes affaires, je lance les lessives, je reprends possession de mon espace de vie habituel. Pas de peinture ce matin, ni de croquis, ni de dessin.
C’est mon mari qui fait la cuisine pendant que je termine mon rangement. Au ralenti, le jour s’étire sans bruit. En fin d’après-midi, je ressens le besoin de bouger. Aller acheter le pain, regarder le programme du cinéma d’à côté, arroser les plantes de de ma fille…j’ai surtout besoin d’aller dehors pour prendre l’air, marcher, et pourquoi pas boire un verre. Il fait chaud, lourd, le temps tourne à l’orage. Nous nous posons sur une terrasse. Le passe sanitaire, ici, ne nous est pas réclamé. Autres lieux, autres moeurs, je ne sais que penser.
Je repense à cette semaine que je viens de passer. Une parenthèse de beauté, de création, de partage. Et entre deux, des plongeons dans une mer magnifique. Une vraie cure de jouvence. Partir m’a fait du bien. J’ai repris confiance en moi, en ma capacité de bouger, de faire. Je me sens plus forte. En quelque sorte, ce séjour sur la côte d’azur et ce voyage aller/retour, seule, m’ont préparée à mon départ en Espagne. Et c’était plus que nécessaire. Espérons que je vais pouvoir conserver cette énergie intacte jusqu’à mon départ. Cette coupure a fait du bien à notre couple aussi. Nous sommes contents de nous retrouver. Nous nous sommes manqués, et le manque fait du bien.
Profite bien de ton séjour dans le sud, Lilie.
La voix de Lilie
Il fait encore très très chaud aujourd’hui, aussi nous fonctionnons tous au ralenti. Le rangement prévu aujourd’hui sera pour demain. La piscine nous attire, l’eau y est tellement bonne et raffraichissante. Je me baigne plusieurs fois, longtemps. Des allers retours. Je suis à la place de mon père. Il aimait tellement se baigner. Jusqu’au tous derniers jours il a pris son bain quotidien. Je ne réalise toujours pas qu’il est mort. Mort. Un de ces mots que l’on n’ose plus employer, comme aveugle, sourd. Mort. Pour toujours. Une nouvelle étape de vie qui s’ouvre devant moi. La maison que l’on va bientôt fermer. Qui veut la vendre, qui veut la garder. Pour la première fois de son histoire, elle restera sans être habitée. Comment cela va-t-il se passer ?
Ce soir ma fille et celle de mon frère viennent dîner à la maison avec leurs maris. J’ai préparé une ratatouille avec les légumes offerts par le voisin ce matin. Les hommes font cuire la viande au barbecue. Vers 22h, un feu d’artifice est tiré en ville sur les bords de la rivière. Nous le regardons tous ensemble depuis le chemin qui mène à la maison. J’adore les feux d’artifices depuis toujours et cette année je n’ai pas encore pu en voir un seul. Alors même de loin, je savoure. D’être ensemble sur ce chemin à regarder ce spectacle me remplit de bonheur. Cette nuit, une demi lune promène dans le ciel. Nous la contemplons tous au moment de se quitter. Les filles repartent continuer leurs vacances chacune sur son lieu de villégiature, je reverrai ma fille chez nous dans deux semaines.
Mon nouveau petit fils se fait toujours attendre. Le terme officiel est demain. Dans la famille on accouche toujours en avance, du coup c’est troublant de voir une grossesse aller si loin. Bébé est bien au chaud. Mon fils continue son apprentissage de la patience, il attend, chaque jour qui passe. A partir de demain, les choses vont forcément bouger.