La voix de Lilie
L’expression « ça tombe à l’eau » prend tout son sens cette année. Tout ce qu’on fait habituellement l’été est noyé. Tient, il y a même un champignon qui a poussé dans le jardin. Pourtant un léger mieux aujourd’hui. Le ciel s’est ouvert par endroit et un peu de ciel bleu est apparu. La température monte légèrement, nous avons même entendu quelques cigales chanter sur les bords de l’Isère.
Pour continuer à croire en cet été qui va arriver, peut-être demain, peut-être plus tard, qui le sait, j’aide ma sœur à nettoyer la piscine. La pluie et le manque de baigneurs pour brasser l’eau destabilisent son fragile équilibre et des algues vertes tapissent le fond et les côtés. Pendant que ma sœur travaille et que ma mère se repose, je désherbe autour. Voilà, l’endroit est prêt pour les vacances.
Après quelques courses en ville, nous prenons l’apéritif sur la terrasse. Puis le temps le permettant, nous mangeons dehors. Une petite veste s’impose, mais elle permet aussi de faire barrière aux moustiques qui n’attendent que la chaleur pour faire un festin des bras et jambes découverts.
La voix de Graine
Ce matin, le temps est comme hier, couvert, mais sans pluie. Et de temps à autre, le soleil pointe son nez.
Je réveille mon frère doucement. Nous avons une virée prévue avec les voisins du côté de Cordes, je ne dois pas trop traîner. Toilette, bain, petit déjeuner, mon frère prend ses aises et cela me fait plaisir. Je ne le prends pas si souvent. Installé dans le fauteuil, il n’a pas trop envie de bouger; il serait bien resté un peu plus longtemps à la maison. Je lui vole une petite heure de bien être, mais de toute manière, je ne le garde jamais plus de 24 h. Après, c’est trop pour moi et pour mon entourage.
Nous déposons mon frère dans son centre en fin de matinée. C’est presque sur notre trajet. Nous en profitons pour cueillir des mirabelles aux abords du parking. Nous sommes invités à déjeuner chez le frère de notre voisine. Nous arriverons au delà de midi, mais j’avais prévenu. Avec mon frère, je ne pouvais pas faire plus vite.
Une maison de rêve dans une campagne luxuriante, un repas délicieux. Nos hôtes sont agréables et charmants. Après le déjeuner, nous partons pour une balade, à la recherche des sarcophages. Après les sarcophages, les dolmens. Après les dolmens, la cabane de berger. Nous déambulons à travers des forêts de chênes de causses. Malgré l’insistance de ma voisine, ils ne nous livrent pas leurs lieux à cèpes à tête de nègre. Ils en ont ramassé ces derniers jours, beaucoup, des dizaines de kilos, mais nous n’en saurons pas plus. Nous ne verrons pas non plus les sarcophages qu’ils ont sur leur terrain. C’est trop loin. Nous sommes ici chez des propriétaires terriens. A l’issue du partage entre frères et soeurs, ils ont hérité d’une trentaine d’hectares, des bois de feuillus surtout, dont ils doivent gérer la coupe. Des préoccupations qui nous dépaysent. Nous n’avons pas les mêmes. A marcher, nous avons chaud. Ce n’est pas la grande chaleur, mais nous bénéficions tout de même de soleil de temps à autre. Et les cigales s’en donnent déjà à coeur joie.
Nous partageons un dernier verre avec leur fille et son compagnon, avant de repartir chez nous manger les cèpes qu’ils nous ont donnés. Chez les voisins, la soirée s’étire jusqu’à tard dans la nuit.