La voix de Lilie
Les grilles du restaurant sont entrebaillées pour laisser la place à une table qui sert de comptoir de commande. Personne ne rentre dans la salle. Depuis plusieurs mois, ce restaurant ne sert que des menus à emporter. Chaque jour son plat. Le vendredi c’est couscous. On apporte ses propres gamelles, ou bien ses assiettes et ils les remplissent. C’est surprenant comme façon de faire, et en même temps plus écologique que des barquettes en carton qui finissent directement à la poubelle. Ils n’ont pas encore réouvert la terrasse, la formule fonctionne bien. Peut-être attendent-ils la réouverture complète. A 14h, on tire la table et les grilles se referment jusqu’au soir.
Jamais on n’aurait imaginé les restaurants fonctionner comme on a pu les voir cette année. Les normes ont volé en éclat. Est-ce que demain les consommateurs auront le choix dans les restaurants entre un déjeuner sur place ou à emporter ? Est-ce que les normes redeviendront plus strictes ? Concurrence, sanitaire et tout ce qui peut bloquer plus ou moins utilement l’inventivité.
Une année surprenante, inventive. Un nouveau chemin de vie.
La voix de Graine
Froid et averses même si les températures grimpent, un peu. Nous sommes au mois de mai tout de même! De ce côté là, la vie d’après ressemble beaucoup à la précédente.
Ce matin, mon mari se fait vacciner – Azra Zeneca et moi je bois mon 1er café en terrasse. 1er pas dans la vie d’après. Le café est bon. Le serveur est agréable et il m’amène un verre d’eau sans que je le lui demande. C’est au retour de la crèche où j’ai déposé petit fils, en retard, puis galéré pour plier la poussette – un appel rassurant aux parents pour avoir les explications! Je redécouvre la vie avec un petit. C’est épuisant et exigeant. Les derniers 3/4 de la nuit, il les a passé dans notre lit, le chanapan. Heureusement qu’il est craquant.
Je découvre ses parents, mon fils, mon tout petit devenu grand, Papa à son tour. Et ma belle-fille, Maman Poule jusqu’au bout des ongles, vernis. Quand je vais chercher le petit à la crèche, en fin d’après-midi, après mon passage dans la maison d’accueil des handicapés, un coup de téléphone. Ce sont les parents qui veulent leur petit, lui parler. Il les reconnaît, leur fait coucou, envoie des bisous sans faire de drame.
Pour ouvrir la poussette, même combat que le matin. Heureusement, un Papa qui est là dans l’entrée m’aide. Je me décourage d’être aussi maladroite. Pour autant, ça ne m’avance pas plus. Je prends le bus car il commence à être tard et le temps est menaçant. Dans le bus, le petit chante, la la la…Il est heureux de vivre, mon petit bonhomme.
Ce soir, nous avons les deux cousins. Elle fait le pitre et lui rit aux éclats. Ils prennent le bain ensemble. Ma petite fille tombe de sommeil. Et lui joue comme si de rien n’était. Aucun signe de fatigue. Il n’est vraiment pas prêt à aller se coucher. C’est une soirée pyjama. Il en profite, il ne veut rien lâcher. Quand ma petite fille vient pour lui dire bonsoir, il lui mord le ventre pour lui faire un câlin. Il a l’affection mordante. Il faut se méfier et ne pas le laissser faire.
C’est mon mari qui l’endort, ce soir. Aux alentour de 23 h.