La voix de Lilie

Aujourd’hui j’ai enfin pu rencontrer mon dernier petit fils. Il est si petit. Sur les photos il paraissait trop grand, trop gros, comme un bébé de 6 mois. Là je vois un tout petit, comme je les aime, abandonné dans mes bras. De jolies petites oreilles, des mains fines avec de tous petits ongles au bout. Il est tranquille, ne pleure que quand il a faim. Il vient de si loin, d’un désir si fort et d’une aventure incroyable. Ses parents sont déjà fous de lui. Un troisième petit enfant pour moi, que je vais aimer infiniment comme les 2 premiers.

Dans son visage, sa bouche m’impressionne, je sais qu’il va bien et qu’il n’en souffre pas, mais c’est quand même impressionnant et ça me fait mal pour lui. La bouche est importante dans notre regard sur l’autre. Elle porte les sentiments, miroir de nos ressentis, elle dessine l’expression. Il n’aura pas le temps de souffrir du regard des autres et j’espère que mon fils et sa femme n’auront pas à souffrir non plus du regard des inconnus sur leur bébé différent.

Il nous faudra attendre 6 mois pour découvrir son vrai visage.

La voix de Graine

Aujourd’hui, le gris est revenu, ça faisait longtemps…

Ce matin, j’ai rendez-vous chez le médecin pour trouver une réponse à mes démangeaisons. La réponse ne me plaît pas. Le médecin soupçonne des puces de lit. Je sors sans aucun traitement. J’ai rendez-vous samedi matin avec un dermatologue pour confirmer le diagnostic. La réponse ne me plaît pas pour de multiples raisons. La première, c’est comment m’en débarasser si la maison en est infestée? Je dois prévenir le centre où je les aurais vraisemblablement attrapées. Mon mari, mes petits, est-ce que je ne les ai pas contaminés? Pour mon médecin, je les ai laissées là bas, les bébètes, mais, clairement, si le diagnostic est confirmé, je vais partir du principe que la maison est infestée et ma famille potentiellement impactée. Mieux vaut en rire et se retrousser les manches, même si ce n’est pas drôle, que faire d’autre?

Cet après-midi, j’ai rendez-vous pour mes papiers d’identité, à la mairie du XIième. Mes pré-demandes sont scannées. Renouveler mes deux pièces d’identité ne me prend pas plus de 15 minutes. Aucune resaisie n’est nécessaire. Ici, c’est Paris tout de même! J’ai une pensée pour toi, Lilie, qui a tant galéré pour tes papiers. Ce doit être la faute de l’Informatique…

A mon retour, nous avons la visite de la Mamie de notre petit fils, l’autre Mamie, celle du Mali. Elle vient récupérer des affaires qui étaient restées chez mon fils. Mon mari fait une pause dans son télétravail et nous partageons une bière avec quelques crackers bio. Nous papotons un moment. Elle est déçue de l’accueil fait par sa fille, la Maman du petit. Elle le vit mal. Je sais que c’est réciproque, ma belle-fille est remontée contre sa Maman qui ne s’occupe pas assez du petit à son sens. Inconsciemment ou consciemment, elle lui en veut de ne pas être plus présente. Mère et fille sont toutes les deux dans un moment difficile. Ma belle-fille est débordée, mon fils travaille tout le temps, la nuit surtout, et le jour, il dort. La charge mentale, la pression, la pandémie, le travail épisodique…Comme beaucoup de femmes avant elle, elle met en avant le soin et le bien être de son enfant au détriment de sa vie professionnelle. Une Maman qui devient Mamie avec des filles qui quittent une après l’autre le foyer – sur quatre, il n’en reste plus qu’une au Mali à présent – une fille qui assume seule son rôle de Maman et trouve lourde la charge de ce petit, adorable certes, mais combient accaparant, la distance entre l’une et l’autre, tous ces éléments ne facilitent pas la communication mère/fille. Le temps, je pense, permettra à l’une et l’autre de se repositionner, de prendre leurs marques, d’accepter, de réagir…

En fin d’après-midi, je fais mon yoga. Ma web-cam ne fonctionne pas. Je suis le cours sans visage et sans voix. Qu’importe, je fais mon activité physique.C’est plus que nécéssaire. Je suis nouée de partout.

Ce soir, après avoir gribouillé trois phrases sur le blog, je fais un atelier d’écriture avec ma copine qui occupe ma maison à la campagne .

Je suis tellement contente, Lilie, que tu aies pu serrer ton petit fils dans tes bras. Au vu de tout l’amour qui lui est donné à ce petit, je ne m’inquiète pas pour son futur. Quelques soient les difficultés à venir, il rayonnera, j’en suis sûre et se moquera bien du regard des autres.