La voix de Graine
Retour sur Paris, retour de la pluie…
Ce n’est pas grave. J’ai à faire à l’interieur. Mon mari est parti au bureau. Je peux avancer à mon rythme, zapper la préparation d’un repas formel. Ranger les sacs, me mettre à jour d’un point de vue administratif, faire les courses…Rien de bien passionnant, mais il faut le faire sans attendre.
Je vérifie mon emploi du temps de la semaine. Oh surprise, je m’aperçois que j’ai réservé une visite pour une exposition au Musée Jacquemart ce soir. C’est un peintre, pointilliste ou néo-impressionniste, Paul Signac. Aujourd’hui, c’est le dernier jour.
Je voulais y aller avec mon mari, mais fin juin, il avait temporisé. S’il voulait venir ce soir, ce ne serait pas possible sauf à faire un test en préalable, car il n’a pas eu sa deuxième injection de vaccin! Je me rends compte à quel point la situation par rapport au Covid a évolué depuis fin juin, et pas vraiment dans le bon sens. Je croise les doigts pour que la vaccination soit la vraie bonne solution, parce que, si ce n’est pas le cas, on n’est pas sorti de l’auberge. Et si la vaccination est la vraie solution, on fait comment pour vacciner les trois quart de la population mondiale?
Entre deux épisodes de courses, j’appelle une Graine. C’est cool d’appeler les copines, on est tout de suite sur la même longueur d’onde. Ça fait chaud au cœur .
Je cuisine une ratatouille pour ce soir avant de partir au musée, en métro, car en vélo avec la pluie, ce n’est pas possible. Signac, c’est le peintre de la couleur. J’aime ce qu’il fait. Même seule, ça me fait du bien de voir une exposition.
La voix de Lilie
Ce matin je télétravaille depuis chez ma mère. Cette semaine je vais partager mes journées en 2: télétravail le matin, hôpital l’après midi. C’est compliqué de se concentrer sur le travail dans des conditions pareilles, mais si l’entreprise ou plutôt ma responsable le permet, faisons le job.
Côté hôpital, c’est la douche froide. Après un week-end plutôt bien, mon père repart vers le bas. Le médecin me demande les souhaits de la famille. Je suis sous le choc. En même temps je vois bien que ce corps décharné, ce souffle si pénible, cette incapacité à se mouvoir et à se nourrir ne peut pas conduire à autre chose qu’à la fin. C’est tellement triste de voir cette déchéance du corps. Je lui passe son fils, c’est peut être la dernière fois si son corps lache avant que son fils arrive. Il reste 3 jours. Pourra-t-il tenir ? J’appelle ma sœur qui décide de revenir demain. Je reste à côté de lui. Sa respiration s’arrête, repart. A chaque fois, une bouffée d’angoisse monte en moi.
Au moment du repas, il souhaite s’assoir au bord du lit pour manger seul un peu de purée. C’est tellement d’effort pour y arriver que j’éclate en sanglots. Je lui dis que c’est trop difficile de le voir comme ça. Lui se concentre pour continuer une cuillère ou deux. Je le quitte vers 20h. Je n’ai pas le courage de rester la nuit, seule, avec lui dans cet état. Je rentre le coeur lourd. Est-ce que je le reverrai demain ?
Ce soir à Bollène, lors des polymusicales, il y a un spectacle cabaret. Pour se détendre de tout ce stress, nous y allons mon mari et moi.
Je me couche, que fait il ? Est-ce qu’il respire toujours ?