La voix de Graine
Ta voix à nouveau Lilie. Ça me fait plaisir de t’entendre. Pour moi, il ya la vie d’après Covid, pour toi, il y a maintenant la vie d’après le départ de mon père, qui prend le pas sur le reste. Même si tu ne vivais pas avec ton père, il était là, comme un marqueur du temps, comme un témoin. Maintenant, il n’est plus. Il te faudra du temps encore pour t’habituer. Est-ce qu’on s’habitue d’ailleurs à l’absence de ceux qu’on a aimés?
En dehors de la minute de philosophie qui me prend à l’instant, ma journée d’aujourd’hui est une journée de Mamie.
Petit-fils nous a fait une nuit complète. Il est en forme. Ce matin, nous faisons un tour au marché, puis nous allons jouer au square. Nous rentrons en fin de matinée, c’est déjà l’heure de faire le repas. Petit fils ne fait pas trop honneur au repas. Le goûter du matin était sans doute de trop. Mais tout de même, il réclame un dessert. Il a aperçu les petits suisses dans le frigo. Et il aime.
Après le repas, il a besoin d’une sieste. Mais, comment faire? J’appelle mon fils, le Papa, qui n’est pas encore parti travailler. Petit-fils reprend la pêche puis s’énerve à nouveau, réclame de monter dans sa poussette…J’ai besoin d’une pause, je le laisse ralouiller sans intervenir. Quelques minutes plus tard, je le retrouve endormi au travers de la poussette. Il ne me reste plus qu’à le prendre délicatement, à le poser doucement sur une couverture au milieu du salon, et voilà un bébé qui fait la sieste. Une sieste qui dure 3 h 30. Je voulais l’amener au cirque. C’est râpé pour aujourd’hui. J’essaierais demain. Il a même zappé le goûter cet après midi.
Pendant sa sieste, j’ai le temps de faire le ménage des photos dans mon portable et de faire la quiche pour ce soir. Nous sortons en toute fin d’après-midi au square avec mon mari. La journée est passée vite aujourdhui.
Le bain, le repas, le jeu …et bientôt le dodo. Je suis plus en confiance ce soir. Nous prenons nos repères tous les deux.
La voix de Lilie
Ce matin l’objectif est d’enclencher les démarches pour mettre notre mère à l’abri financièrement. Elle n’avait qu’une pension alimentaire, elle doit recevoir la reversion maintenant. Il faut retrouver les codes de mon père et créer les comptes client de ma mère. 2h rien que pour ça. Devant le nombre d’informations qui sont demandées, je pars chez ma mère remplir le dossier en ligne. Encore 2h. Le monde d’aujourd’hui est ainsi fait, que nous nous substituons aux salariés pour faire les saisies et monter les dossiers. 4h, et ce n’est pas terminé. Il manque des actes de naissance, demandés aussi en ligne mais qui seront envoyés par courrier. Allez comprendre la logique… 4h, non payées, un salarié en moins par dossier. Pauvre France, qui cherche des cotisations sociales et met ses salariés au chomage…
Pendant ce temps, mon frère crée un fichier partagé pour lister et suivre l’ensemble des démarches. La tâche est immense, la France est procédurière et rien n’est centralisé.
Je suis vannée lorsque je rentre à la maison. La nuit dernière je ne sais pas ce qui s’est passé, impossible de dormir. Je me suis endormie vers 4h, levée à 8. Alors cet après-midi en rentrant, direction le lit pour une sieste d’une heure. Je fais très rarement la sieste, mais là, je m’assoupis. Le réveil est difficile, mal au cœur, bouche pateuse, je déteste. Il me faut quelques heures pour me remettre.
Le soir nous commandons des pizzas que nous mangeons mon frère, mon mari et moi sur la terrasse. La soirée s’étire entre 2 souvenirs, des idées qui émergent pour le futur, et nous la terminons sous un orage terrifiant, au sec sous l’abri piscine, à sursauter à chaque coup de tonnerre et à regarder les tombes d’eau se déverser sur les dalles de la terrasse et dans la piscine.