La voix de Lilie
Hier soir quel retour en enfance. En colonie et à la cantine plus précisément ! Le repas en tables de huit avec la dame qui sert avec son chariot. On retrouve le réflexe de débarrasser en bout de table. La chambre avec ses 2 petits lits et ses armoires en ferraille, les douches communes. La veilleuse de nuit pour nous permettre d’aller jusqu’aux toilettes la nuit. Nuit sans chauffage, enroulés dans le drap de sac, un duvet et une petite couverture en laine ! Et ce matin, le petit déjeuner dans les bols en verre, servez vous sur le chariot, on n’est pas à l’hôtel ici, je ne sers pas ! De beaux moments hors de notre temps.
Évidemment, on peut se douter qu’on n’a pas fait grasse mat ! Petit déjeuner à 7h30, partis à 8h15 !
Il fait frais encore ce matin mais moins qu’hier. Il y a toujours autant de vent. Mon sac pèse lourd pour alléger le genou de M Lilie. Je suis le maitre du temps maintenant. Plus question de marcher 3 ou 4h le matin sans presque s’arrêter. Si on veut aller loin il va falloir ménager nos montures ! Toutes les heures, je sonne la pause. A peine 10mn, M Lilie voudrait repartir. Je pousse pour quelques minutes de plus. Le chemin grimpe, grimpe dans la forêt. L’endroit est très joli si on ne lève pas la tête; nous cheminons sous une ligne à haute tension…. Dans des contrées où Stevenson indiquait ne rien voir de la main de l’homme !
Depuis que l’on est parti, je ne comprends pas pourquoi Stevenson a fait un tel détour pour aller à l’abbaye Notre Dame des neiges. Il est parti en haut à gauche, quand elle se trouve en bas à droite. La solution arrive après 2h de marche. L’abbaye a changé de place après qu’un incendie l’a détruite en 1909 ! Nous passons devant les ruines et une statue qui marque l’ancien emplacement et nous redescendons vers la nouvelle abbaye. Son emplacement actuel n’est autre que l’emplacement originel, mais la construction moderne manque de charme vue de l’extérieur. Seule une des façades en pierre est jolie. Celle que l’on voit sur les dépliants !
Nous faisons notre pause repas, puis nous trouvons un petit coin au soleil pour nous reposer un moment. Il peut faire très chaud lorsque le vent s’arrête et très frais quand il souffle. On s’habille, se déshabille en fonction.
Nous repartons sur une petite route qui se transforme ensuite en chemin. Il règne un silence exceptionnel dans cette vallée. On n’entend que le bruit du vent dans nos oreilles, du vent dans les arbres. Et le bruit de nos pas lorsque la route redevient chemin. Très loin quelques oiseaux, ils ne doivent pas aimer l’ombre de la forêt de sapins que nous longeons. Le vent fait onduler les blés et je m’arrête pour les admirer, on les dirait vivants, ils le sont d’ailleurs !
Nous arrivons vers 15h30 à la Bastide Puylaurent. Ce village est coupé en deux administrativement. D’un côté du pont sur l’Allier c’est l’Ardèche et la région Rhône Alpes, de l’autre la Lozère en Occitanie.
Je suis contente d’avoir choisi 2 étapes courtes car elles arrivent à point nommé pour soulager le genou de M Lilie. Cette étape a monté raide, mais la redescente s’est faite en pente douce ce qui est parfait pour lui. Chaque jour est un jour de gagné….
Nous dormons dans un gîte ce soir avec un couple qui vient de Marseille et fait tout le chemin en 13 jours et deux jeunes hommes dont un parisien jamais sorti plus loin que la petite couronne. Un sketch ! Son copain, qui aime marcher, lui a concocté une randonnée de quelques jours sur le chemin. L’autre a dans son sac des canettes de coca, des boites de céréales et des bonbons… Imagine Graine, il est incapable de sortir de son monde. Marcher, il ne connaît pas, alors 24km par jour…il est très volubile et partage cette expérience traumatisante avec beaucoup d’humour sur lui même. Ils animent toute la soirée et le repas, voilà pourquoi ce soir mon article arrive si tard.
Pour la suite des recettes: en colonie, soupe petits légumes coupés genre minestrone, sauté de dinde à la basquaise, fromage, salade, abricots.
Ce soir: salade, côte de porc et risotto aux lardons champignons, pana cotta à la fraise.
Tu auras toutes les idées pour tes menus de la, semaine ! On n’a jamais mangé la même chose depuis qu’on est parti. Pas mal, non ?
Je suis contente de voir que tu te remets à la peinture Graine, la couleur c’est ce qu’il te faut.
La voix de Graine
Je vois que vous progressez bien! Vous voilà arrivés en Occitanie. Ce n’est pas trop lourd, avec les kilos en plus de M Lilie, comment vont tes épaules? Nous n’êtes pas restés dormir à notre Dame des Neiges comme Stevenson? Y-a-t’il toujours des religieux dans cette abbaye?
Votre nuit à la colonie va vous laisser des souvenirs. C’est vrai que ça doit faire drôle de se sentir revenir plus de 50 ans en arrière. Par contre, côté confort, c’est pareil qu’avant, mais quand on a 10 ans …
Tes photos de genêts sont magnifique, Lilie. A les regarder, j’ai l’impression de les sentir. Le menu de la cantine, ben, il me rappelle la pension.
Aujourd’hui, c’est l’ascension, fête religieuse, jour non travaillé! Mon mari est à la maison. Il bricole les branchements de notre nouvelle box tandis que je m’occupe de mes tableaux: système d’accrochage, raccord de peinture sur les bords de la toile. Nous sommes tranquilles. Nous n’avons personne pour manger ce midi. Le repas est vite prêt.
Comme tous les jours, vers 11 h 30, c’est le passage de l’infirmière. Elle me retire les agrafes, une quinzaine. Il y a plus agréable, mais c’est fait. Demain je pourrais enlever le pansement et prendre la douche à ma convenance. Finies les papillotes de cuisse.
L’aide ménagère arrive vers 14 h 30. Eh oui, un jour férié, je n’ai pas eu vraiment le choix. Pendant qu’elle travaille, nous regardons un film, ce qui me permet de reposer mes jambes qui ont pas mal travaillé ce matin.
Une heure plus tard, c’est fille et petite fille qui viennent pour passer un moment avec nous. Après le goûter, nous partons au square. Je fais mon tour avec ma fille et je rentre tandis mon mari me relaie.
Cet après-midi, j’ai oublié de prendre mon anti-douleur. Il ne m’a pas manqué. C’est plutôt bon signe.
L’après-midi se tire, les filles restent pour manger. Les bonnes habitudes reviennent vite! Quand le soir arrive, je fatigue vite. Heureusement, les filles doivent rentrer tôt. Elles partent au parc Astérix demain matin.