La voix de Graine
Un été caniculaire, c’est un été où la piscine devient le lieu où il faut être pour survivre. Avoir une piscine privée est un luxe. Profites-en bien, Lilie.
Mes voisins ont une piscine, hors sol, 10 m de diamètre, mais piscine tout de même. Quand ils s’en vont, ils me laissent la clé du portail pour que je puisse en profiter pendant leur absence. Et j’en profite, pas une journée sans ma 1/2 h de baignade.
Je n’ai pas le courage d’aller au centre aquatique qui est à côté. J’ai peur du monde, du soleil et j’ai la flemme. C’est vrai qu’une piscine chez soi, c’est un vrai luxe. Mais il y a de l’entretien. Et c’est dangereux avec les petits.
Ma fille est rentrée hier de son séjour à Barcelone. Elle est nase. Une semaine d’attention non stop. Elle a faim constamment. Entre les mondanités à gérer pendant les repas et les repas qui ne lui convenaient pas, elle n’a pas mangé à sa faim pendant une semaine. Donc ce week-end, c’est repos – miam-miam /dodo, miam-miam/dodo. Elle a repéré qu’il y avait une fête et un repas « aligot » ce dimanche au village où je suis allée la chercher à la gare.
Donc, en fin d’après-midi, nous tentons l’aligot. Mais nous sommes bien naïves, naïves comme des parisiennes à la campagne. Il fallait réserver et les réservations sont closes depuis près d’une semaine. On ne rigole pas avec la nourriture ici, c’est important. Le plan B est tout trouvé – il y a une pizzeria à côté, sauf que…l’attente est de plus de 2H. Pas possible d’attendre autant quand on a les crocs comme ma fille. Nous reprenons la voiture, et visons un plan C. Nous allons vers une petite ville touristique au pied de la montagne noire: Sorèze. A 19 h 30, il fait encore 37°. La petite ville est déserte, les magasins sont fermés, les touristes sont partis. Heureusement, au détour d’une rue, nous découvrons une petite place qui nous attend avec ses deux restaurants et demi (2 restaurants plus une épicerie fine). Je respire, mon plan C a fonctionné. Le petit restaurant est bien sympathique. Ils ont installé un brumisateur qui rafraîchit la terrasse. Nous prenons le frais, enfin. Et en nous promenant après le repas, je découvre – j’aurais dû le savoir – que Sorèze est sur le chemin de Compostelle qui part d’Arles. Une statue d’un pèlerin est érigée. Est-elle nouvelle? Je ne me souviens pas l’avoir déjà vue.
La voix de Lilie
Inversement ici on aurait plutôt trop mangé ce samedi alors on fait léger aujourd’hui. Par ces grosses chaleurs les repas sont froids, salades composées, fromages, fruits. Tout doit être mis au frigo non seulement pour la conservation, mais aussi parce sinon ils sont trop chauds à manger ou à boire. Quelques abricots restés sur la table quelques heures ressemblent à de la marmelade chaude !
Ici c’est bain, chaise longue, bain.
Hier les enfants de la compagne de mon père sont venus récupérer ses meubles et ses affaires. Après leur départ, ma sœur et moi reagençons les meubles restants dans chaque pièce, reequilibrons les tableaux aux murs, enlevons les bibelots ignobles. Alors la maison redevient enfin telle que nous la connaissions. Avec nos meubles. Épurée. Nous respirons et en même temps, maintenant il va falloir s’occuper de tout ce qyi reste, maison comprise.
Je pense que c’est mon dernier été ici. J’en profite.
Ce soir nous allons écouter de la musique. Jazz à 19h, une centaine de spectateurs, variétés à 21h, un millier de personnes !
Malgré la musique, je pense avec regrets à nos années d’insouciances à jamais terminées. La dizaine qui arrive n’apporte que des mauvaises nouvelles, les uns partent, d’autres sont malades. On fait de la résistance, on cherche à prendre du bon temps, à voir que nos enfants vont bien et estimer égoïstement que c’est le principal. Pourtant les bad news nous rattrappent au tournant, sans crier gare, hop, une de plus à encaisser.