La voix de Lilie
Nous prenons notre petit déjeuner avec le couple d’hier soir, les jeunes sont partis tôt. L’étape est courte aujourd’hui pour eux comme pour nous, pas la peine de se presser, d’ailleurs nous serons au même hôtel ce soir à Chasserades.
Après être allés chercher notre repas de midi à l’épicerie, bar, qui fait tout, nous partons sur le chemin.
Mon sac est plus léger car aujourd’hui nous ferons essentiellement de la montée, peu de descentes et peu de km.
Il fait beau mais il y a beaucoup de vent, polaire et coupe vent suffisent à peine à me tenir au chaud.
Le chemin grimpe sur la colline en pente raisonnable. Un peu partout, des branches et des sapins arrachés jonchent le sol. On imagine aisément le vent qui a dû souffler ici. En haut une belle vue sur les monts Lozère s’offre à nous. La végétation et le terrain sont maintenant ceux que je connais en Ardèche et en Provence. Sec, caillouteux, entouré de pins et de genêts. Il faut dire que nous sommes au même niveau que Montelimar. Arrivés en haut, nous longeons le plateau. A nos côtés un parc d’éoliennes. L’endroit n’est pas choisi au hasard. Elles font un bruit ressemblant à un avion au loin et rythmé par le vent qui souffle dans leurs pâles. C’est impressionnant.
La redescente est moins longue et peu pentue. Nous arrivons au bord de l’Allier où nous nous arrêtons pour déjeuner et nous reposer au soleil un grand moment.
Il ne reste plus beaucoup de km avant notre arrivée. Le chemin reste proche de la route, il est entouré de genêts, c’est magnifique mais comme toujours ici, sans odeurs…
Nous arrivons vers 15h dans un petit hôtel.
Le même rituel d’arrivée, une douche, un brin de lessive et aller boire un coup au soleil. Il y a moins de vent ici, la température est plus douce.
Après ce petit rituel, nous partons visiter le hameau. Curieusement il y a beaucoup de voitures garées, mais personne dans les rues et aucune boutique si ce n’est une petite épicerie. Le hameau est minuscule, avec une église du 12ème siècle, un lavoir plus ou moins en état, un gite qui fait bar. Nous croisons un randonneur avec son âne qui nous raconte ses déboires du jour. L’âne s’est bloqué devant une croix en pierre et rien à faire pour le faire avancer. Il a même mis ses vêtements sur la croix pour la cacher. Impossible. Il a dû faire un détour de 4 h. Peu après l’âne est allé brouter sous une croix identique….
Nous sommes à mi parcours du chemin, toi tu as franchi une étape importante sur ton chemin en enlevant tes agrafes. La douleur petit à petit s’atténue pour que tu oublies tes anti douleurs, c’est bon signe. Tu es bien entourée et tu fais beaucoup de choses dans ta journée, c’est important pour le moral. Le temps joue pour toi. Chaque jour une étape, comme nous.
La voix de Graine
Je me régale à te lire, Lilie. Ça me fait du bien de vous suivre dans votre aventure. Et si les genêts ne sentent rien, alors, où on va. Moi, quand je vois la photo, je les sens, c’est le pouvoir de l’imagination.
L’âne, ce devait être un âne protestant, un camisard, sans doute. Le randonneur aurait dû lui chanter des psaumes!
Ces étapes courtes vous font du bien et vont vous permettre d’aller jusqu’au bout. Je vois qu’il ne fait pas chaud! Le matin sur Paris, il ne fait pas chaud non plus, mais pas aussi froid que sur les contreforts du Mont-Lozère. C’est réputé pour être une région. Vous êtes en altitude, et il y a du vent, un vent qui a l’air d’être glacial.
Ici, l’après midi, vers 15 h, ça se réchauffe. Une graine est venue me voir. Nous nous sommes posées au square et nous avons dégusté les cerises de son jardin. De retour à l’appartement, nous avons pris le goûter: cidre, cannelés, abricots. Les graines sont toutes à leur spectacle de danse à venir. C’est du non stop, les répétitions s’enchaînent. Leur spectacle est dimanche et je n’y serais pas, ni toi non plus, nous sommes à donf dans notre cheminement, chacun le sien.
Je passe beaucoup de temps sur le canapé avec mes poches de glace, deux, une pour le genou et le mollet qui sont douloureux, un pour la cuisse. Le temps passe lentement.