La voix de Lilie

Quatre prêts à partir en 2020 stoppés net à quelques semaines par une pandémie inattendue. Stevenson exprime dans son livre de bord sur le chemin que le voyage décide sa trace de lui même et que le voyageur doit s’adapter. Le chemin se refuse pour 2020. Une année difficile en 2021 avec la fin de vie et la perte de mon père, le chemin ne se fera pas non plus. Pourtant, il est là, tout proche. Mon père me pousse à y aller à travers tous les livres de Stevenson que je trouve dans sa bibliothèque. Voulait-il le faire ? L’aurait-il fait ? La pandémie est toujours là, les gîtes fermés. Difficile de partir dans ces conditions sans emporter la tente et les victuailles pour 2 semaines. Les globe trotteurs que nous sommes ont vieillis… Puis la vie reprend peu à peu. La pandémie recule. On vit avec. C’est décidé, nous partons.

3 à partir en 2022. Le quatrième nous a laché. Graine, Lilie et monsieur Lilie sont de la partie. Manque monsieur Graine, dommage.

La préparation commence. Un chemin bien préparé est un chemin plus tranquille.

1ère étape, l’entrainement. Des randonnées autour des chez nous et chaque fois que c’est possible, en week-end, en vacances, tout est bon pour marcher. Un Paris-Versailles tous les quatre, sans pour autant arriver à décider M Graine…

2ème etape, les étapes ! Graine est plus expérimentée et plus entraînée par son expérience du chemin de compostelle. Ses étapes sont plus longues et moins nombreuses que les miennes. On adaptera au passage. Je prends les billets de train, Graine les 1ers gites d’étape. Nous ne serons pas seuls sur le chemin, la semaine choisie par notre bande de vacanciers éternels tombe entre 2 jours fériés….

Plus les jours passent, plus le projet prend forme.

La voix de Graine

J’ai mis du temps à y croire, à ce chemin. Deux ans ans qu’il s’échappe. Mais, ça y est, il prend forme. Nous partirons à 3, sans mon mari qui ne veut pas venir. Inutile d’épiloguer sur ses raisons, d’autant plus que les raisons affichées sont rarement les vraies raisons. J’ai besoin de partir, de retrouver le rythme de la marche, de vivre à nouveau dehors à regarder le ciel, les arbres, écouter la vie tout autour de moi. D’habitude, je pars seule. C’est une expérience, mais je suis partante. Je déteste les habitudes et la routine. Tout ce qui permet de rompre avec l’habitude est bon à prendre. Je ne suis pas bien préparée. Mon mari rechigne à faire des marches préparatoires. Il n’est pas bien ravi que je m’en aille pour un peu plus de deux semaines.

Notre couple traverse une crise, une énième. Mon mari doit prendre sa retraite en début d’année prochaine. Où nous installer pour la retraite? Nous voulons quitter Paris mais les enfants et petits-enfants vivent à Paris. Mon mari voudrait s’installer au bord de la mer. Je crains fort de m’y ennuyer ferme. Mon médecin m’a mis sous anti-dépresseur. Je ne sais plus de quoi j’ai envie. Je n’ai envie de rien.

Je suis sûre que partir et marcher me feront le plus grand bien. Sur moi, c’est une thérapie qui fonctionne. Je me recentre. Je me concentre sur l’essentiel: marcher, manger, dormir, échanger, regarder, écouter, sentir, ressentir.

J’apprécie mes compagnons de route. Je leur fais confiance. Notre périple sera joyeux et gai. J’ai envie d’en profiter à fond.

Je peine à réserver le 1er hébergement, puis je s’enhardis. La préparation du voyage, c’est déjà le voyage!