La voix de Lilie
Avant de quitter l’Égypte il nous reste quelques heures à passer en transit au Caire. Qui ne rêverait de voir le grand musée du Caire ? 20 de construction, don inauguration est chaque fois reportée, celle du 1er juillet ne fait pas exception. Elle vient d’être annulée à cause des graves tensions entre l’Iran et Israël. Pour autant, il est ouvert au public et l’exposition permanente est accessible. Bien entendu la nouvelle salle du trésor de Toutankamon n’est pas visible, une grande partie dont le masque étant encore au musée historique du Caire.
Le grand musée est installé sur le plateau de Gizeh, en face des pyramides. Il est immense, grandiose, moderne, propre ! Le design extérieur et intérieur rappelle des formes pyramidales. À l’entrée, une immense statue de Ramsès 2, disposée de telle sorte que le rayon du soleil levant illuminent son visage les jours de son anniversaire et de son couronnement, en même temps que le même phénomène dans Abou Simbel.
Un vaste couloir dessert à gauche la partie des visites et à droite la partie boutiques, bars, restaurants.
Côté visite, un escalier majestueux en granit rose, orné de statues de Pharaons récupérés lors de fouilles ou dans des temples monte jusqu’à la salle d’exposition permanente. Du haut de cet escalier, on peut admirer la vue sur les pyramides.
L’exposition permanente est organisée en ordre chronologique. 12 salles se succèdent pour passer de l’Égypte pré-dynastique à la 3ème dynastie. De l’Égypte souveraine aux conquêtes des grecs, des romains, des chrétiens, des arabes.
On y trouve des statues mais aussi des objets de la vie ou des rites funéraires. Un passionné peut passer une journée dans chaque salle. Entre les salles, on peut regarder des mises en scène vidéo, des hiéroglyphes animés, ou des temples. C’est très beau.
En bas, de l’autre côté de l’entrée, les bars, les boutiques, de luxe ou moins luxe, mais ni souk ni harcèlement.
Tout est neuf, clinquant, moderne, propre. Beaucoup de personnels surveillent, nettoient. Une autre Égypte !
Quand on ressort de ce havre de propreté, on retombe sur la station de métro en construction, la grande route et la saleté.. Misère !
Après avoir vu toutes les merveilles de l’Égypte antique, que penser de l’Égypte contemporaine ?
Ce que j’en ai vu. Des villes sales, des bâtiments partiellement construits et particulièrement habités. De la pauvreté, des faubourgs le long des canaux avec les ânes garés devant comme des voitures, sans aucun véhicule à moteur. Des tas d’ immondices jetés au bord et dans les canaux et le nil. Des routes empruntées à la fois par des charrettes tirées par des ânes, des piétons, des moto attelées à des remorques, des taxis collectifs, des voitures et des camions. Des femmes voilées partout mais absentes de la vie commerçante et touristique. Pas une vendeuse dans les souks, pas une femme dans le service du bateau.
Je ne suis pas très aventurière, mais ici, impossible de sortir boire un verre ou promener en ville. On est tout de suite harcelés pour 1E, on se sent comme des vaches à lait dans cette misère. Du coup, on ne consomme pas chez eux, tant pis pour leur manque à gagner.
Question sécurité, la police est partout, contrôle tout. En même tant ça sécurise, en même temps c’est un peu flippant.
Pour le reste, ce ne fut pas des vacances reposantes. Rien n’est fait ici pour le confort du voyageur. Rentabilité first ! Levés aux aurores, enchaînement des visites parfois sous un soleil de plomb, garage des bateaux les uns sur les autres, tous moteurs allumés sans arrêt pour les clim. Bref, dormir peu et mal.
Puis courir sous le soleil, s’alimenter mal en évitant les crudités, boire le plus possible de l’eau en bouteille mais être malade forcément.
Être harcelés en permance pour donner 1e pour tout et pour rien, pour utiliser les toilettes sur un site de visite, pour se faire fourguer des bibelots inutiles et sans qualité, pour se faire prendre en photo quand on n’a rien demandé. Impossible de regarder quoi que ce soi, même du coin de l’œil, dans un souk ou une rue sans se faire sauter dessus. Même si on achète quelque chose, ils ne vous lâchent pas.
On est émus forcément par la misère des gens qui n’ont que ça pour vivre, mais au bout d’un moment, trop c’est trop.
Impossible alors de rencontrer vraiment la population, rencontrer une classe moyenne qui doit bien exister.
Où peuvent bien passer les richesses de l’Égypte ? L’or, les pierres précieuses, le pétrole ? Qui en profite ?
Ce qu’on m’en a dit: l’espérance de vie est de 75 ans (10 ans de moins que chez nous).
Le président veut tout faire pour l’Égypte d’abord, pour les égyptiens ensuite. Drôle de slogan….
Il y a un grand projet d’extension des zones de vie en dehors des rives du nil. Déjà des villes nouvelles sortent de terre sur le haut des collines où dans le désert.
Des choses commencent à être faites dans le sud pour diminuer la pauvreté. Gratuité des écoles, aide de 200e par an pour les familles pauvres.
Un grand projet aussi pour la santé. Éradication de l’hépatite C. Soins gratuits pour certaines maladie, camions de soin, assurance santé gratuite en cours d’élaboration.
Bien sur, pas d’aide chômage et une retraite qui existe, mais je pense limitée aux fonctionnaires.
Alors, malgré le contexte politique compliqué, j’espère qu’ils pourront un jour se sortir de cette pauvreté trop importante. Que les femmes pourront retrouver leur liberté de vivre. Que ce peuple si grand et si en avance autrefois, retrouvera sa splendeur d’antan.
Je sais que c’est utopique. Dans 3000 ans peut-être ?.
Ce grand écart entre la splendeur de ce peuple si en avance, la liberté des femmes autrefois, et la saleté, la pauvreté et la soumission des femmes aujourd’hui est insupportable et ne donne pas envie de revenir.















