La voix de Graine

Quand clôturer ce journal de la pandémie? Ce soir, parce demain les magasins réouvrent et que le couvre-feu passe à 21 h? L’année dernière, au bout des 55 jours du 1er confinement, je ne pensais pas que nous allions le réouvrir… et pourtant voilà 201 j de suite que nous vivons quasiment sous cloche et que nous suivons pas à pas la progression de la pandémie et de nos états d’âme en miroir, en oubliant quasiment le reste du monde: l’Israel et la Palestine à feu et à sang par exemple. Cette pandémie nous replie sur nous et sur nos proches. Les autres, ceux qui ne sont pas dans notre sphère, existent si peu. Nous les voyons au travers des écrans, comme tout le reste. Je ne juge pas. Je constate l’effet produit sur moi et sur les gens qui me sont proches.

Une journée plutôt tranquille aujourd’hui. De la pluie toujours, mais du soleil aussi. Ce matin, je saisis mes textes écrits hier dans mon atelier d’écriture. C’était plaisant hier soir. J’aime écrire. Puis, plus prosaiquement, J’épluche les légumes pour la soupe.

Cet après-midi, après une bonne pause, je pars remettre en main propre mon dernier cadeau de naissance. Le bébé habite près de la Place de la République. J’ai juste le n° de l’immeuble. Je n’ai ni n° de téléphone, ni n° d’appartement. Quelqu’un de la boutique d’à côté m’ouvre la porte de l’immeuble. Je trouve la boîte aux lettres, mais la bouche de la boîte aux lettres n’est pas assez grande pour avaler mon paquet, et toujours pas de n° d’appartement. J’avise une petite fille qui émet des hypothèses qui me font hésiter. J’aperçois de l’autre côté de la cour une jeune femme avec un landau. Bingo. C’est la Maman – que je ne connais pas – et le bébé. Nous nous dirigeons vers le square ensemble tout en devisant gentiment. 7 km aller-retour avec une alternance de soleil et d’averse. Cette marche parisienne m’a fait du bien.

Je rentre juste pour mon cours de yoga que je prolonge par une séance de méditation. Un peu courte! Et la soirée se termine par la déclaration d’impôts 2020.

La voix de Lilie

Levée en sursaut par un appel à l’aide de mon père. La souffrance est intenable. Il n’a pas d’antalgique puissant. Je l’emmène aux urgences et nous passons la journée entière entre urgences, médecin, pharmacien, infirmière. La médecin des urgences ne cache rien de son état. Elle est très surprise de savoir qu’aucun de ses médecins n’a voulu mettre de nom sur ces douleurs ni surtout le prendre en charge. Je fais le nécessaire le soir auprès de sa généraliste. Puis je contacte une infirmière pour l’aider à bien prendre ses médicaments. Demain il me restera à contacter l’hôpital spécialisé. Je vois bien qu’il n’est plus capable de gérer le moindre problème. Il est resté 3 semaines à souffrir sans même contacter sa généraliste. Au delà de ça, il a appris aujourd’hui ce qu’il, ce que nous, soupçonnons depuis quelque temps. Une étape est franchie. Pour lui, il le sait, la fin approche. Pour moi, mon père , la maison de mon enfance, vont s’en aller avec une partie de moi. Je dois m’habituer à l’idée. Dire au revoir. Adieu plutôt. A ma maison, à mes souvenirs d’enfance, à ma chambre de petite fille. Cette année est difficile pour moi… Beaucoup de départs. Irrémédiables. Irremplaçables. Il reste un peu de temps.

Je suis vidée de cette journée.

Mon mari m’a accompagné dans ce parcours tout au long de la journée. Compagnon discret. Preuve d’amour.

J’aurais aimé que ce journal s’achève sur une note plus positive. On ne choisit pas. Oui, nous nous sommes centrés sur nos proches. N’est-ce pas là une bonne philosophie ? Se détacher du monde et des conflits qui nous, dépassent pour ce consacrer à faire le bien autour de nous. Et de personne en personne, comme le covid s’est répandu sur le monde entier, le bien pourrait rayonner et embrasser l’humanité toute entière. Et de l’humanité guérie, la planète guérirait elle aussi. Utopie ? J’adore le terme de réalité augmentée. C’est ma réalité augmentée.

Demain, la vie d’avant va croiser la vie d’après. Que va-t-il sortir de cette expérience ? Qui sera mieux ? Qui sera pire ? Quelles nouvelles envies ? Qu’est-ce qui aura disparu, apparu ? Quelle redistribution des cartes ? Intéressant à observer.

Fin de cette saison2. Souhaitons ouvrir un autre livre. L’après covid.