La voix de Graine
Aujourd’hui, dimanche, c’est la fête des mères.
J’ai longtemps détesté ce jour. Ce jour de la mère dévouée, parfaite. Je ne me suis jamais reconnue dans cette image d’Epinal. Peut-être aussi parce qu’être cette mère exemplaire, ça voulait dire qu’on n’était plus rien d’autre. Ecartelée entre le boulot, les enfants, le mari, que restait-il, comme temps pour être soi, pour fréquenter ses amies, sortir… De toute manière, dès qu’un jour précis est posé pour honorer une cause ou une personne, c’est qu’il y a anguille sous roche. La journée des handicapées, la journée des femmes, et j’en passe. Avec l’âge, je m’assagis. C’est sûr que j’ai moins de pression en tant que maman qu’il y a 20 ans.
La fête des mères aujourd’hui, c’est un beau bouquet de pivoines rose pâle de la part de ma fille. Mon fils, nada. Il n’a pas eu le temps. C’est mon mari qui a préparé le repas en grande partie. J’ai eu le plaisir d’avoir mes enfants et mes petits enfants pour le déjeuner, et la coiffeuse est passée ce matin pour me faire une nouvelle tête. Je suis donc une Maman heureuse et plus du tout rebelle. Avec le temps, tout s’arrange. Au tour de ma fille et de ma belle-fille d’expérimenter ce rôle de mère sans y perdre leur âme, leurs envies, leurs amies.
La voix de Lilie
Inversement j’ai longtemps aimé ce jour où mes enfants se réunissaient autour de moi avec ou sans cadeau, ce n’est pas l’important. Leur présence ce jour-là m’importait. Et savoir qu’ils s’étaient entendu pour m’offrir un petit quelque chose me faisait chaud au cœur. Mais cette année je sens qu’il est temps de passer le flambeau. Celle qui est mère, qui en a la responsabilité, le souci, le travail, c’est ma fille et bientôt ma belle fille. Il est temps de s’effacer de ce rôle de mère et de me contenter d’être leur soutien quand ils en ont besoin.
C’était un beau dimanche ensoleillé, les enfants étaient presque tous là, les petits enfants se sont égaillés dans le jardin. Nous avons déjeuné et passé toute la journée dehors, au soleil. Ma fille a même pris un coup de soleil. Une belle journée, tous ensemble. 3 générations de mères et une petite fille qui le deviendra peut-être un jour. Le bonheur.
Puis ce soir, un homme armé a tué une femme et blessé deux hommes, juste au dessus de chez nous. Comment imaginer que des armes soient en possession de personnes qui peuvent vous croiser dans la rue ? D’hommes alcoolisés, pervers ou simplement cruels. Où sommes nous en sécurité ? Pourquoi, et surtout comment, se procurer une arme est devenu monnaie courante ?