Ce matin, c’est la pluie qui m’empêche de sortir. Je voulais aller au marché. Avec 2 béquilles, une sortie sous la pluie est périlleuse, alors je m’abstiens et je reste à l’intérieur.
Je téléphone à ma sœur. Depuis 2017, année de canicule, elle a des fissures dans sa maison. Les fissures sont de plus en plus larges. Après des années de bataille avec l’aide d’une association, l’assurance a accepté de prendre en charge correctement le sinistre au titre des catastrophes naturelles . Les ouvriers débarquent la semaine prochaine. Ils vont enfoncer des pieux, remplacer la dalle et l’année prochaine, ils referont le crépi et la peinture à l’intérieur.
J’appelle aussi ma copine du sud. Je commence à penser aux vacances de cet été. Je ne serais pas bien mobile, aussi, je compte sur les copines pour venir me voir, comme à Paris.
Je sors un peu avant 11h. Je dois passer à la pharmacie, à la biocoop et à la boulangerie. Et bien sûr, je fais attendre l’infirmière qui passe comme tous les jours vers 11 h 30. Avec mes 2 béquilles, je ne suis pas bien rapide.
Ma petite fille vient manger ce midi avec son Papa. A l’arrache, je prépare mes pâtes à la bolognaise tandis que le téléphone sonne à nouveau, je suis obligée d’abréger la conversation. Mais je suis rassurée, je ne serais pas seule cet été.
Ce sera un plat de coquillettes à la bolognaise, décide ma petite fille. Comme d’habitude le mercredi midi, elle dévore, mais elle n’a plus faim pour le dessert.
Cet après-midi, elle est invitée à un anniversaire. Au dernier moment, elle ne veut plus y aller, mais elle y va quand même!
Après le repas, je fais la sieste. Je me suis dépêchée pour faire les courses et la cuisine, je suis vannée. Dès le départ de la petite, je reprends de l’activité. Je me lance dans une activité introspective, difficile pour moi, mais indispensable je pense. Et a priori, j’ai le temps. J’en suis aux préparatifs, à la pêche aux matériaux. J’en parlerais un peu plus tard, quand je serais sur les rails. Pour l’instant, je tourne autour avant de m’y mettre dedans.
Ma journée n’est pas finie. Nous gardons petit-fils ce soir pendant que sa Maman va à son rendez-vous. Vu mon état, les modalités sont différentes. C’est ma belle-fille qui nous l’amène et vient le rechercher. Une longue journée pour mon petit bout. Mais il est content de venir, tout fier d’avoir pris le bus avec sa Maman et de nous le raconter. Pour lui, j’ai acheté un jeu: Balanceo, il adore. Sur la chouette, il faut poser des formes selon la proposition du dé qu’on a jeté. Il ne met pas longtemps à comprendre les règles. Il les détourne, se réjouit de nommer et de trouver la forme que montre la face du dé. « C’est ok », « D’accord » dit-il en nous regardant. Une fois la forme posée, il s’applaudit et nous faisons de même. Quand le montage s’écroule, il éclate de rire…Sa Maman revient le chercher vers 21 h 30, il ne veut pas partir. Il veut lui montrer son jeu. Que c’est beau ces regards d’enfants qui s’émerveillent et nous avec! Comme toi, Lilie, je ne me souviens pas avoir passé autant de temps à regarder mes enfants jouer. Le temps est passé tellement vite. Ce temps que nous n’avions pas, après lequel nous avons couru toute notre vie.
La voix de Lilie
Le mercredi, c’est le jour des enfants dit on. Ou le jour des papy mamyzz ! Garder un petit enfant un jour de pluie, quel challenge. On peut presque regretter le temps du bureau !
J’ai sorti les tampons encreurs, petite fille ne les a jamais vus. C’est l’idée. Un jour de pluie, sortir de la nouveauté. Elle adore. Tamponne sa feuille, puis mes bras, puis les siens, puis plonge directement le doigt dans l’encre pour voir l’effet. Elle expérimente, la feuille de papier est bien trop petite pour son imagination.
Entre deux averses, on sort prendre l’air, regarder les oiseaux sur le lac, courir dans les allées encore humides, ramasser des bébés marrons tombés par le vent et la pluie, marcher sur les murets, courir après les pies.
Les petits enfants nous ramènent en enfance, je revois ma propre grand-mère qui riait à mes sottises et je fais pareil. Je la regarde jouer, s’émerveiller, se concentrer langue sortie, s’énerver, dire non non non, courir se cacher, rire aux éclats, mettre ses chaussures au mauvais pied, monter descendre l’escalier, chanter en phonétique, caliner, s’ensommeiller. Je ne m’en lasse pas. Comment ai-je pu passer à côté de tout ça avec mes enfants ? Je l’ai vu bien entendu, mais je ne m’arrêtais pas vraiment pour m’imprégner d’eux comme je peux le faire maintenant. Question de temps, d’âge. Les petits enfants ne font que passer, alors on a le temps de tout arrêter pour être totalement à eux. Ensuite on peut souffler….
La maison est redevenue calme, la chatte somnole à côté de moi, il est l’heure d’aller ce coucher après cette journée en enfance.