La voix de Graine
Je vois les côtes déchiquetées, le mer, l’horizon lointain, je goûte l’eau salée, je respire le vent du large, ma peau est moite, j’entends les vagues qui se brisent contre les rochers, je sens mes pieds s’enfoncer dans le sable brûlant, je sens la piqûre du soleil sur ma peau, la tête me tourne un peu, je suis ailleurs, en vacances, avec toi, Lilie.
Mon quotidien me rattrape. Ce matin, je n’ai pas le courage d’aller faire la gym au square. Je m’active, je range la maison. C’est la journée des enfants aujourd’hui, la journée avec la petite, la soirée avec le petit, ce petit qui s’endort en me disant « t’aime, Mamie », comment ne pas être émue.
A Paris la chaleur et le soleil s’alternent avec les orages. Dans le sud, les orages sont violents. Il a fait tellement chaud cet été, la terre est trop sèche, la pluie ruisselle sans pénétrer la terre.
J’ai repris ma vie d’avant. Je m’ennuie. Pourtant, je suis occupée à 100%, mais ce remplissage ne remplit pas le vide qui m’habite de plus en plus. Que faire? Pour l’instant, j’attends. Je tente d’en terminer avec le médical avant de passer à autre chose. Je m’occupe de notre futur. Je prends des rendez-vous pour les visites de maison. Je me remets au dessin. Je continue mes balades dans Paris. Je programme la reprise de mes séances de kiné. De toute manière, je dois me remettre en forme physiquement et moralement avant d’envisager un quelconque projet.
Ce vide qui t’habite, m’habite aussi. Est-ce le spleen ? Une deprime passagère, le temps qui passe trop vite, le manque d’un vrai projet ? J’ai peur quand tu parles de partir.