La voix de Graine

Le bouquet de jonquilles cueillies dimanche sur le flanc des rochers au dessus des cascades d’Arifat par ma copine Graine trône toujours sur la table de mon salon. De belles fleurs solides, ces jonquilles.
Ce matin, j’ai la visite de ma petite voisine, 16 mois environ, avec sa Maman bien sûr. Elle est souriante, gracieuse et gourmande. Le moelleux à l’orange que nous avons acheté à la boulangerie lui plaît bien. Elle apprécie. Elle attend un petit frère pour avril.
Jogging en fin de matinée. Le 1er depuis au moins un mois. 8 km seulement, ça suffit. Sur le chemin du train. Un lièvre traverse le chemin. Il s’arrête en plein milieu, me regarde, ses deux grandes oreilles aux aguets, puis reprend sa course. Il fait beau, très beau même. 19 ° en plein milieu de l’après-midi. J’en profite. J’enchaîne les lessives.
Ma copine d’enfance pour le déjeuner. Elle m’accompagne pour aller chercher mon frère dans son établissement. Nous en profitons pour déposer notre ancienne cuisinère chez Emmaus. Peut-être peut-elle dépanner quelqu’un? Qui sait!


Ce soir, deux personnes de plus dans la maison: ma copine et mon frère.

La voix de Lilie

Quelle chance tu as, Graine, de voir autant de monde. Fait bien attention à toi tout de même en cette terrible période. Moi, je m’enferme peu à peu. Je n’ai pas de lien avec mes voisins, je n’ai pas vu mes amies depuis longtemps, elles ont une vie bien pleine depuis qu’elles ne travaillent plus et je ne suis pas disponible en semaine. Le couvre feu nous empêche de faire des soirées. Me voilà donc enfermée. Mes seuls liens avec l’extérieur sont mes enfants et pour certains le peu qu’ils veulent bien me raconter. S’enfermer a pour effet de ne plus avoir envie de rien. Rien faire. Rien dire. Plus de projet. L’ennui. Je pense à toutes ces personnes positives, je les envie. Moi je suis née, négative. Négative et angoissée. Un beau cocktail bien pourri ! Je garde la face, il le faut bien. Une des Graines est angoissée aussi, d’une autre manière que moi. Elle en même honte. Moi je croyais que j’étais faible d’être comme ça, parce que personne ne m’avait jamais parlé de ce genre de trouble. Je ne savais même pas, que beaucoup en souffrent. S’occuper pour chasser ça. Se dépenser pour tuer la bête.

Aujourd’hui, donc, occupée et dépensée ! 2 petits enfants à garder, ça décoiffe. Ils sont là pour 3 jours. Mon petit fils a 3 ans et demi. On commence à pouvoir faire des activités sympa. Coloriages, version 2.0 qui s’animent sur le téléphone, peinture, craie sur la terrasse, lecture, et aussi vélo, ballon, course.

Tout ce petit monde est couché. Mamie se détend !

Allons, tout va bien. Juste un manque d’échange.

En plus, la vaccination commence à faire peur. Le vaccin prévu pour les plus jeunes, ou les moins vieux disons, provoque, à ce qu’on dit, des effets assez importants. Je ne suis pas très partante. Mon fils va certainement devoir le faire de par son métier. Cela me dérange quelque part, que l’on rende les jeunes plus malades qu’avec le covid lui même. Je m’interroge sur cette question. Comment un vaccin peut-il rendre une personne plus malade que la maladie elle-même ? Encore une première.