La voix de Lilie

Au réveil les nouvelles sont bonnes, Bb a bien dormi et n’a plus de tuyaux branché. Il s’alimente seul, petite dose par petites doses. Ça fait du bien après la journée d’angoisse que nous avons vécu hier. Les parents peuvent commencer à profiter du bonheur de cette naissance. Mon fils a envoyé des photos. En cette période covid, voilà notre seul lien avec notre petit fils. Pour les autres naissance, nous nous étions tous précipités à la maternité, là il faut attendre leur sortie pour le voir et le prendre dans nos bras. Une naissance, ça va, mais pour le reste quelle période inhumaine. Les malades, les mourants se retrouvent abandonnés à leur sort dans les hôpitaux avec très peu ou pas de visites. Comment accélérer la guérison dans ces conditions où l’on rajoute la, souffrance morale à la souffrance physique.

Après une bonne heure de détente dans le spa, départ pour la maison. Je profite du trajet pour appeler amies, famille, et prendre des nouvelles des uns et des autres. Le trajet passe plus vite ainsi. Mon fils envoie des photos et des discussions démarrent sur whatsapp.

A notre arrivée, je fonce dans le jardin où mes plantations du printemps ont disparues sous les hautes herbes. En attendant que mon fils finisse le ménage de son mois de célibat, j’arrache les herbes pour retrouver mes fleurs. Certaines ont bien pris, d’autres ont disparu. Le mauvais temps et le manque d’entretien ont abîmé beaucoup de plantes. Je suis triste pour elles. En même temps ici, je veux dire chez moi, rien ne pousse ou presque. Un mois de vacances et tout est moitié mort. La vigne si belle l’an dernier est jaunâtre, les raisins atrophiés, le buis mangé par les chenilles, la clématite mourante, les boutures de rosiers mangées par les bêtes. Dedans, le manque d’eau a eu raison de quelques boutures. Bref. J’arrive à peine et ça me dégoute. Pourtant il fait beau, ce qui est déjà très bien.

Je m’occupe de mon chat qui a également souffert d’un manque d’entretien… Elle est heureuse de me voir, me fait plein de calin. Je la brosse et lui coupe toutes les bourres de poils qu’elle a sur le dos. Ça fait un trou mais que faire, c’est inextricable. Elle a des boutons d’allergies, je lui remets du produit à puce. Je verrai demain pour traiter mieux. Je vais la laisser tranquille pour ce soir.

Nous partons ensuite pour aller embrasser notre fils en bas de la clinique. Nous discutons un moment des 2 journées intenses qu’ils viennent de vivre. Puis nous repartons en passant par la pizzeria du quartier pour manger un morceau avant de rentrer.

Je refais le lit, une machine tourne, je fais les comptes et je termine ma journée en regardant un reportage sur le groupe Queen. C’est la première fois depuis 5 semaines que je regarde la télévision. Je vais continuer à faire à minima. Sans actualités, moins de stress, moins d’angoisse. Vivre à son rythme, en accord avec soi même, sans faire de mal à personne.

La voix de Graine

Bébé est né. Il va bien et il s’alimente bien. Qu’y a t’il de plus important? La vie est belle, Lilie. Assurément, ton absence a nui à la bonne santé de ta maison, de ton jardin, de ton chat. Mais comment faire? Tu as été absente longtemps, tu ne pouvais pas être à deux endroits à la fois. J’imagine que tu espérais mieux du gardien des lieux…

Quand je retrouve ma maison à la campagne, j’ai souvent des mauvaises surprises. Sans aucun doute, un lieu de vie a besoin de présence, de soin et d’amour, tout comme nous, mais nous sommes bien obligés d’établir des priorités…

Ce vendredi, je démarre par le ménage, je termine le nettoyage de mes vitres et enfin je sors faire quelques courses en préparation de mon départ et aussi quelques courses alimentaires.

Cet après-midi, je vais passer un moment dans ma résidence d’handicapés. Ici aussi, ça sent les vacances. La télévision est allumée, les activités sont a minima. Pas de sortie prévue, nous sommes trop peu nombreux. Je montre des photos de mes petits et de mes vacances. Eux me montrent des photos de leur sortie à Thoiry. Une employée prépare la valise d’un résident. Certains d’entre eux ont la chance de partir en vacances, mais c’est loin d’être le cas de tous.

Une nouvelle résidente est arrivée. Elle remplace un résident qui est parti dans un autre établissement du même groupe. La nouvelle résidente est jeune, bien plus jeune que la majorité des résidents du centre. Elle a de beaux yeux clairs et une mine enjouée. Plus mobile, plus autonome, elle amène un coup de jeune au groupe. Ma résidente favorite n’est pas là. Elle est allée voir sa Maman atteinte d’Alzeihmer à la maison de retraite.

Nous jouons au ballon, sortons sur la terrasse profiter du soleil. Je tente une lecture, mais ça ne prend pas vraiment…

Ce soir nous sommes invités chez ma copine. Elle et son mari vont partir dimanche ou lundi pour le tarn où ils vont habiter chez nous à la campagne. Notre maison est une vieille maison avec des installations qui ne sont pas sécures. Je ne suis qu’à moitié rassurée, mais je suis contente que la maison puisse accueillir des occupants. Une maison, c’est fait pour ça. Ce n’est pas fait pour rester vide.

Quand nous rentrons de notre soirée, la lune, pleine nous accompagne tout au long du parcours. Je réalise avec plaisir qu’aujourd’hui, j’ai fait tous mes trajets à vélo. Ma tendinite de De Quervain n’est plus qu’un mauvais souvenir. Quelle chance! Par contre, j’ai attrapé un « je ne sais quoi » qui me fait me gratter. C’est insupportable et ça commence à durer. Pourquoi faut-il qu’il y ait toujours un grain de sable qui nous pourrit le quotidien!