La voix de Lilie

Je suis réveillée par un appel de mon père. Il est malheureux, tout seul. Les visites toujours interdites malgré la vaccination. Je ne sais comment le consoler. Il n’y a rien à dire. Son état est stationnaire.

Je décide de faire un jogging pour aller de chez ma mère à chez lui en faisant le grand tour que nous faisions enfants pendant les soirées d’été. J’ai pris mes affaires dans un sac à dos, serviette, maillot, papiers et bouteille d’eau. Je n’ai pas l’habitude de courir chargée comme ça et il fait déjà très chaud. Je cours difficilement. Au bout de 20mn, je m’arrête pour boire, puis je repars. J’insiste mais le corps ne suit pas. Je m’arrête un peu plus loin, à bout. J’ai fait moins de 4km, une misère. Je bois encore un coup et je finis en marchant. Trop fatiguée, lasse, faible.

Arrivée chez mon père je prends un bon bain dans la piscine pour me raffraichir et retrouver de l’énergie. Puis je rentre chez ma mère pour le déjeuner en marchant.

Je retourne en voiture en début d’après-midi pour me poser tranquille au bord de la piscine. J’en profite pour passer quelques coup de fil. Je mets trop longtemps à me décider à appeler mes amis. Je laisse passer les jours, les semaines. Lassitude. J’ai décidé de faire au jour le jour. Tranquillement.

Je finis l’après-midi chez ma cousine. J’ai juste changé de bord de piscine !

J’ai pu avoir mon père plusieurs fois aujourd’hui et même lui passer sa compagne. Le médecin m’a donné des nouvelles peu rassurantes. Seule bonne nouvelle, les visites rouvrent, je pourrais aller le voir demain.

La voix de Graine

J’espère que tu vas pouvoir rendre visite à ton Papa dès demain, Lilie et tu pourras lui remonter le moral pour faire face au mal qui le fait souffrir. C’est normal que tu n’aies pas d’énergie pour appeler tes amis. Tu donnes tout ce que tu as pour ta famille. Les ami-(e)-s aussi peuvent prendre leur téléphone….

De mon côté, je ne me confronte pas à des situations aussi exigeantes en terme d’énergie. Pourtant, je ne trouve pas la force ni pour appeler les amis, ni pour courir d’ailleurs. Le quotidien m’épuise et j’ai toujours cette douleur dans le haut du dos à gauche. De temps à autre, il faut accepter de vivre au jour le jour. Le corps réclame un répit. Côté moral, la lassitude n’aide pas. Que faire d’autre qu’accepter de lâcher, de se reposer avant de repartir le plus vaillamment possible.

Ce matin, mon mari va courir. Je gère l’administratif et aussi la mise à jour du site jacquaire. Cela fait quinze jours que je ne me suis occupée ni de l’un ni de l’autre. Mon mari rentré et douché, je l’envoie faire les courses. Nous avons du monde ce soir, un couple d’amis à lui, quasiment de la famille. Ils connaissent la maison. Ils sont venus plusieurs fois. Mais là, ils vont rester plusieurs jours, avec nous. Cela fait beaucoup pour moi: la fille, le chien, les amis, ma petite fille qui va rentrer un de ces jours avec son papa…A partir de jeudi, mon mari reprend le télétravail, pour deux jours. Le week-end à suivre, nous remontons at home.

Dans l’après-midi, une faisons la pause gourmande: glace et bière, dans notre café favori, au village. Des musiciens sont en train de répéter pour le concert du soir. Un moment agréable avant de se remettre aux fourneaux. Il fait chaud, très chaud, mais les matins restent frais, ce qui est sympa.

Recevoir les amis, être une hôtesse agréable, ce n’est pas toujours évident pour moi. Les amis ont à peu près notre âge. Je me rends compte à quel point eux aussi ont besoin de se poser. Il ont des problèmes de santé. Pour elle, un problème de poids, et actuellement un excema qui lui recouvre entièrement le corps. Ce dernier lui provoque des démangeaisons permanentes. Le diagnostic est posé. Pour la cause, cela pourrait provenir du confinement! Pour lui, c’est le diabète. Il a décidé d’arrêter l’alcool. C’est une sage décision. Notre repas s’éternise. La soirée est fraîche. Soudain, sous la langue, je sens rouler une de mes dents. C’est une dent sur pivot qui est sortie de la gencive…