La voix de Graine

Aujourd’hui, c’est le retour sur Paris, en voiture. Partis à 10 h 30, nous arrivons à 20 h 15. Ce ne sont pas les pauses gourmandes qui nous ont ralenties, mais un gros bouchon en dessous d’Orléans, à cause d’un accident. Côté météo, nous essuyons quelques orages, mais rien de bien méchant.

Pendant notre séjour à la campagne, nous avons assisté à la récolte de l’ail, aux moissons. Les tournesols encore petits et tout verts à notre arrivée sont maintenant arrivés à maturité. Ils sont en fleurs, des fleurs jaune soleil qui éclairent la campagne. Je regrette de ne pas avoir pris plus de temps pour les admirer. A la campagne, j’aime voir le glissement du temps qui passe en modifiant au passage le paysage au jour le jour. Comme un peintre qui jouerait avec ses pinceaux.

Si d’un point de vue circulation, le voyage se passe sans encombre, au niveau de l’ambiance dans la voiture, c’est une autre histoire. Mon mari a passé les vacances à râler, se plaindre et pleurnicher. Trop, c’est trop, il fallait que ça sorte pour faire baisser la pression avant le retour at home.

C’est fin juillet, Paris s’est vidé. Nous voici rentrés, la maison est propre, mais le frigo est vide. Qu’importe, je ferais les courses demain.

Profite de la campagne, de ta famille, de l’été, Lilie. Prend bien soin de ton Papa.

La voix de Lilie

Bon retour chez toi Graine avec dans le cœur ta maison et ta campagne. Cette année est compliquée pour tout le monde, nous aussi nous étions en train de canaliser la pression. C’est difficile de vivre longtemps à deux. D’accepter de faire des concessions sans trouver son compte. Besoin aussi de vivre un peu pour soi, pour se ressourcer.

Aujourd’hui notre journée a été sur le modèle de celle d’hier. Le matin à la maison. Mon mari a été nous chercher des croissants, c’est dimanche tout de même, puis nous aérons toute la maison pour enlever cette odeur de renfermé à la citronnelle qui nous dérange. Après un repas frugal, nous repartons pour l’hôpital.

Mon père fait la sieste lorsque nous arrivons avec ma sœur. Nous le laissons dormir, le sommeil c’est sacré pour lui, encore plus en ces moments de souffrance. A son réveil vers 16h, il est assez bien. Mange une glace en pot, demande à regarder les jeux olympiques à la télé. En avançant dans la journée, la fatigue se fait sentir, il respire plus difficilement, parle dans un souffle, somnole. Nous le quittons à la fin de l’heure des visites. Chaque au revoir me fend le cœur.

Sans parler de la culpabilité. Fallait il appeler le samu ? Soudainement ce dimanche soir, alors qu’il était dans son lit tranquille, je viens le voir et je l’arrache à sa maison, à sa compagne. Il n’a pas dit au revoir à sa maison, et je sais maintenant qu’il ne la reverra certainement plus. Il voudrait rentrer et je ne suis pas capable de m’en occuper pour accéder à sa demande, il est bien trop malade. Pas plus que mes frères et sœurs du reste, mais je me sens coupable. Coupable de prendre les décisions à sa place, de devoir souvent parler pour lui, de le voir dépendant de moi.

Ce soir nous nous arrêtons mon mari et moi à Orange pour décompresser le temps d’un repas à l’extérieur avant de rentrer.