La voix de Graine

Aujourd’hui, le beau temps est revenu sur Paris. Les terrasses débordent de mines réjouies et de verres bien remplis. Les masques sont absents. Qui aurait l’idée de boire un verre avec un masque?

Moi, de mon côté, je déconfine. Je profite d’un rendez-vous pour une mammographie à l’autre bout de Paris pour manger en terrasse, au soleil. Un croque-madame. En prime, j’ai droit à des frites et de la salade. J’aime. C’est mon menu rapide favori quand je suis en vadrouille. Pour rester raisonnable, je bois de l’eau.
Sur la lancée, je regarde les boutiques et je craque pour un tee-shirt de couleur. Premier achat de vêtement depuis …longtemps.

En fin d’après-midi, je reprends mon activité d’Arts plastiques. Je n’ai pas pu y aller la semaine dernière car je gardais mon petit-fils. Presque un retour à la normale. Je dessine des coquelicots. Laborieux. La mise en route est toujours longue chez moi. Je suis contente de retrouver les copines, de parler d’autre chose que du menu du déjeuner ou du dîner.

Mon moral avait bien besoin de cette journée qui me permet de renouer avec des habitudes agréables. Merci aussi à la chance et à l’honnêteté des gens qui m’ont permis de récupérer mon sac à main que j’avais laissé dans un magasin, par terre? dans le rayon? Assurément, j’avais la tête ailleurs.

La voix de Lilie

Assurément humains sont les gens ! 😜 La tête très ailleurs, il va falloir mieux se concentrer. Nous avons perdu certains repères, aller dans les magasins en est un, se fondre dans la foule un autre. Hier j’ai refusé d’aller acheter à manger dans un supermarché car il y avait trop de monde. Il me semblait voir une fourmilière. Alors nous avons trouvé une terrasse dans un village tout proche et déjeuner d’une pizza. Depuis plus d’un an, nous n’avons fréquenté que des petites structures, rapidement pour les courses de premières nécessité. Alors prendre le temps d’essayer un vêtement, et l’achat prend la place du sac oublié.

Aujourd’hui j’ai recommencé le télétravail mais le coeur et surtout la tête n’y sont pas. J’appelle plusieurs fois le médecin de mon père , sans réponse. Je délègue à ma sœur pour demain. Moi je n’en peux plus.

A midi nous partons à la mairie de la ville voisine. Nous avons rendez-vous avec mon mari pour refaire nos cartes d’identité. Il y a un mois, j’ai fait la pré-demande sur internet. Cela consiste à recopier dans un formulaire tout ce qu’il y a sur la carte d’identité. Plus téléphone et email. Ensuite j’ai pris ce rendez-vous, pas disponibilité avant un mois. Nous y sommes. 13h25. La porte coulissante s’ouvre. Je fais un pas à l’intérieur. Une femme me renvoie dehors sans ménagement, ni bonjour ni formule de politesse. Ce n’est pas ouvert. A 13h30 elle nous fait entrer et nous installe à son bureau. Elle me demande de lui envoyer par mail les pré-demandes….. Puis elle resaissit tout…. Puis elle imprime, colle les photos, emprunte des 8 doigts. Signez en bas, avec votre propre stylo noir covid obluge. Signer le recépissé. Vous recevrez un sms dans un mois pour venir chercher vos cartes. C’est tout bon, vous pouvez y aller. 35 minutes sont passées. Au loin depuis un autre bureau, une dame nous lance un « au revoir monsieur, Dame, bonne journée ». Je lui rend la politesse. J’ai l’impression qu’elle l’a fait exprès pour viser sa collègue qui n’a pas décroché ni bonjour ni au revoir !

Je suis toujours étonnée de la lourdeur de ces processus. Pourquoi remplir une pré-demande si le document n’est pas pre-rempli et si même elle ne peut le retrouver sans un envoi de mail… Bref.

Il me semble que la France se désintègre à grande vitesse. Ou c’est moi qui vieillit, je ne suis plus adaptée. Quand même. Trop de process, trop de normes ont installé une grande complexité néfaste. Et induit des dépenses inutiles qui grevent les budgets et empêchent de fonctionner. Bientôt le blocage ?