La voix de Lilie

On a passé une très bonne soirée hier. Nous avions privatisé une heure de jaccuzzi. Ne le sachant pas, 3 jeunes femmes, en randonnée sans mari et sans enfants, viennent se joindre à nous. On discute, on rigole, on prend même tous ensemble un aperol spritz dans le jaccuzzi. Nous nous retrouvons ensuite au repas du soir qui est servi sur une grande table commune. Il y a plus de 20 personnes à table. Marcheurs, promeneurs à la journée, touristes et même un jeune en déplacement de travail qui préfère cette formule à l’hôtel pour voir du monde.
Ne seraient-ce les mouches inombrables qui se posent partout sur la table, tout serait parfait. Le gite « village » est tenu depuis l’an dernier par un couple de jeunes très sympathiques; lui vient de Paris 11 ème, elle est italienne. Le repas qu’il nous a préparé est un pur délice. Salade composée avec mache, quinoa, feta, herbes de provence, puis une pièce de boeuf de l’aubrac issu d’un élevage voisin avec une sauce bourguignon et enfin un fromage blanc coulis de myrtille et pistaches concassées.
Ensuite nous rejoignons notre roulotte pour dormir. Hie hay !
L’étape du jour va être longue, et elle finit par une descente à pic. Que nous connaissons bien pour l’avoir faite en 1998 pendant des vacances passées à Saint Germain de Calberte.
Le chemin démarre sur l’ancienne voie de chemin de fer, réhabilitée en chemin. Stevenson ne parle pas de cette voie ferrée, donc si elle n’existait pas en 1878 et n’existe plus maintenant depuis des années (le sol n’en garde aucune trace) elle n’a pas dû servir longtemps… La voie domine le cours de la Mimente, passe sur des ponts sans garde fou (pas besoin dans le train !) et trois tunnels pour traverser les collines. On arrive comme ça au village (hameau ?) de Cassagnas où l’ancienne gare est reconvertie en gite, bar, restaurant. Nous faisons une pause, sur ce chemin on n’attend pas le bar suivant sous peine de ne plus en trouver de la journée !
Puis le chemin commence à monter dans une forêt de sapins, puis de châtaigniers. Nous trouvons un bel endroit pour pique niquer avec vue sur les collines en face. Notre cuisinier nous a préparé une salade de pâtes divine avec thon, artichaut, feta, basilic. C’est délicieux.
Nous sommes vraiment maintenant au cœur des cevennes du sud. Celles que je connais depuis toujours. J’y retrouve les odeurs d’épines de pin sèches, les sols secs et caillouteux, les roches de schistes sur les bords.
Le chemin est long, très long. Je fatigue vite, on s’arrête souvent. Qui veut aller loin…. Le paysage est grandiose, les monts des cevennes rocheux et les forêts de châtaigners, je prends des photos un peu partout. Enfin, après plusieurs heures, on atteint le serre de la can.
En 1998, nous étions venus en famille dans ce village de vacances avec nos enfants. C’est ici que nous avions vu cette finale de coupe du monde gagnée pour la première fois par la France. Nous nous arrêtons boire un verre et remplir nos yeux de souvenirs. La piscine, les gites sont toujours là, en face des nouveaux bâtiments, le bar a été refait. On compare avec nos souvenirs.
L’hôte de notre gite va venir nous récupérer ici car ce soir nous dormons dans une nouvelle roulotte assez loin du chemin. Ça tombe bien, cela va nous éviter une grande descente et protéger les genoux de M Lilie avant la dernière étape demain.

La voix de Graine

Mon paysage ici est moins diversifié, moins dépaysant et moins poétique que le tien. Mais il fait soleil sans qu’il fasse trop chaud et ça fait du bien. Je n’ai jamais dormi dans une roulotte. Je crois que j’aimerais bien ça. Tout compte fait, ce gîte était bien sympa à ce que je vois!

Ce matin, je traîne, je finis mon livre en cours « Le jeu des si » d’Isabelle Carré. Pas irrésistible, mais intéressant. Qui n’a pas rêvé de s’échapper de sa vie pour en vivre une autre?

Ici, les jours se ressemblent. Il fait beau aujourd’hui. Aussi, pour ma sortie du matin, au lieu de faire mes deux tours de cour, je m’aventure jusqu’au square. J’en fais le tour. A l’entrée, une séance de gymnastique. Tic, tac, tac disent mes béquilles, ce n’est pas encore pour toi aujourd’hui. Plus loin, un merle se baigne dans une flaque d’eau toute neuve laissée par l’arrosage. Il s’ébroue et prend plaisir. Au fond, les jardiniers refont le parterre. Ils vont planter des fleurs. Le square est quasiment vide. Je fais mes exercices tranquillement et je me dirige vers la sortie. Le cours de gym n’est pas fini. Ils en sont aux abdos. à présent.

La matinée passe vite, à exécuter différentes tâches administratives déjà oubliées, à répondre aux mails. C’est déjà l’heure de l’infirmier, puis l’heure de préparer le repas. Je fonce à la boulangerie. J’ai une copine de mon association jacquaire qui passe me voir à 14 h.

L’après-midi passe aussi vite. Entre la visite de la copine, le repérage d’un petit bistrot pour la copine qui vient demain, les réponses au téléphone, la téléconsultation médicale, le kiné…je n’ai toujours pas commencé mon collage. La table du salon est tout encombrée de mes papiers.

Ce soir mon mari va rentrer plus tard. Il fait une présentation à son association de minéralogie. Vais-je avoir le courage de commencer mon collage?