La voix de Lilie

Il fait très froid ce matin. 6 degrés au thermomètre, 3 ressentis sur météo France. Je passe un pantalon et toutes les couches de vêtements que j’ai avec moi. Je suis très contente parce j’ai utilisé absolument tout ce que j’ai emporté dans le sac à l’exception de ce que je veux éviter d’utiliser: pansements, médicaments !
Nous prenons les pique niques à l’hôtel car il n’y aura rien sur notre route.
Notre hôtel étant plus de 2km hors du GR, l’hôtelier fait la navette pour ses clients et nous dépose à l’entrée du Cheylard l’évêque.
Aujourd’hui nous avons une étape assez longue, pas besoin d’en rajouter.
De là nous partons sur une partie de route, puis un large chemin qui monte dans les sous bois. Le paysage est totalement différent maintenant. Plus de prairies ni de fleurs, plus de vaches ou presque, des forêts de sapins. On croise quelques marcheurs. Le chemin de Stevenson est la plupart du temps très large, ça me change des petits chemins de randonnée que nous faisons habituellement. Ici, c’est un chemin, pas un sentier. Il serpente en sous-bois, monte, descend. Le fait de marcher nous a réchauffé mais il fait encore bien frais avec par moments des rafales de vent. Le ciel est couvert et lorsque un rayon de soleil arrive à percer, il semble que le thermomètre monte de 10 degrés.
Après 2h de marche, nous arrivons au bord d’un petit lac entouré de sapins. On se croirait au Canada. Nous y faisons une grande pause, bienvenue après les efforts de ce matin. L’endroit est magnifique, quelques bancs accueillent les marcheurs.
Il reste 3km500 avant notre pause de midi. Le chemin est devenu sentier comme je les aime. Il descend raide vers le village de Luc. Hélas, le genou de M Lilie commence à montrer des signes de faiblesse. Son moral descend en flèche et je m’inquiète de ce qu’il pourrait advenir. On déleste son sac à dos au maximum ce qui par vase communiquant remplit le mien d’autant. Je préfère porter que de prendre des risques. Nous reprenons doucement la descente. Nous apercevons au bord du chemin quelques unes des bornes dont parle Stevenson et qui servaient de repères en temps de neige. Arrivés au village nous cherchons un endroit sur les bords de l’Allier pour déjeuner et nous reposer un long moment. Il y a encore beaucoup de vent, nous traversons une prairie en fleurs et nous installons à l’abri d’un arbre près de la rivière.
Après 2h de repos nous voilà repartis. L’ancien chemin a été abandonné au profit du chemin d’origine. Stevenson parle ce chemin au bord de l’Allier avec son chemin de fer parallèle à la rivière. Du coup au lieu de faire 7km dans les collines nous marchons 3km en bord de route…. Bah, au moins ça repose les genoux ! Finalement au lieu d’une longue étape de plus de 20km, il n’en est resté que 14. Tant mieux, c’est qu’il fallait aujourd’hui.
Du coup, nous arrivons tôt à la colonie de l’espoir à l’Aveyrune. La « monitrice » nous accueille en donnant les règles : chaussures dehors puis une fois bien aérées dans les casiers, visite des sanitaires. Elle a eu pitié de nous et nous a alloué une chambre à 2 lits. Trop gentille.
La colonie. Vestige des années 70, dans son état d’origine. Un long couloir qui dessert les dortoirs, sanitaires, cuisine, réfectoire et salle de spectacle tout dans la longueur. Les sanitaires me rappellent les campings de ma jeunesse. Si cette colonie accueille encore des enfants aujourd’hui, je me demande ce qu’ils peuvent bien faire ici tout un été…
C’est un endroit que je n’aurais jamais imaginer réserver, c’est extraordinaire de se trouver là. Un changement d’époque, de style.
L’Allier sépare ici les départements de la Lozère et de l’Ardèche. Ce soir nous dormons côté Ardèche.

Ah, j’oubliais : le menu d’hier soir c’était une assiette composée en entrée : jambon de pays, taboulé, salade, melon. Une côte de porc en sauce avec un aligot et pour finir un clafoutis aux pommes.

Je lis ton chemin en décalé Graine, ton infirmière qui te fait lever trop tôt pour arriver une heure plus tard que prévu, tes difficultés à dormir. Le mois de Mai s’écoule et tu vas aller vers le mieux. Repose ta jambe au maximum quand tu ne fais pas de tour de cour. Si tu as moins mal la nuit, le sommeil reviendra et sinon tu vivras la nuit ! Papillon de nuit.

La voix de Graine

Aiïe aïe, aïe, le genou de M Lilie qui se réveille, il vaut mieux être prudent, vous avez raison. Une étape courte, ça fait du bien, parfois. Et puisque vous dormez à la colonie ce soir…Côté confort, ce doit être rustique. Et il ne fait pas chaud à ce que j’entends!

Les bornes de granit, cela s’appelle des montjoies. Ce sont les moines qui les auraient posé, effectivement, pour éviter que les marcheurs ne se perdent dans la neige.

c’est demain que vous montez à Notre Dame des Neiges? Il y aura également du dénivelé. Mais heureusement, l’étape que vous avez prévue est courte

Moi, j’ai plutôt passé une bonne journée aujourd’hui. Sans parler de nuit complète, la nuit dernière a été bien meilleure. Et pas d’infirmière à attendre à 6h! Non hier, l’infirmière n’est pas passée en retard, c’est sa plage de passage qui est de 6 à 9 h! Au contraire, elle passe plutôt assez vite, ce qui me convient bien.

Aujourd’hui, mon mari est parti travailler au bureau. L’aide-ménagère est venue faire le ménage pendant que je peignais le cadre de mon tableau en vue de l’accrochage de l’exposition, Cela va arriver vite, c’est lundi.

A midi, ma petite fille et son Papa sont venus déjeuner. J’ai préparé un riz pilaf avec du poisson. Et en entrée, je leur ai proposé ma quiche aux poireaux d’hier soir. Ma petite-fille adore. Mon gendre a fait tout le reste du travail ,je me suis fait servir! J’en avait assez fait.

Je devais voir une Graine cet après-midi, mais au vu de nos contraintes réciproques, nous avons reporté!

Cet après-midi, après la pause, j’ai terminé le film commencé hier – 120 battements par mn – grand prix festival de Cannes en 2017, un film des activistes d’act-up regroupant des malades du sida dans les années 1990, très intéressant. Après une sortie aller/retour au square d’à côté, je me suis remise à ma peinture. Eh oui, tout me prend du temps. Ça m’a fait du bien de changer d’activité et de retrouver mes pinceaux. Je n’ai pas encore tout à fait fini, quelques erreurs grossières de perspective!

Dans ma rue