La voix de Graine

Je ne lis ton article que ce soir Lilie…J’espère que les nouvelles sont meilleures aujourd’hui pour ton Papa. Difficile période que celle où nos parents commencent à fléchir dangereusement.

Mon quotidien est plus pépère, même ennuyeux parfois. Après la nuque, c’est le haut du dos à gauche qui me fait mal. Des contractures. Le moral qui résonne dans le corps.

Ce matin, nous partons sur Castres pour la révision de la voiture. En attendant la fin de la révision, sans voiture, nous déambulons dans le centre commercial et achetons quelques menus bricoles dont nous avons besoin.

Ce soir, ma soeur vient dîner avec mon beau-frère. Comme d’habitude, je traîne et je me mets bien tard à l’ouvrage. Je fais des farcis. Végétariens et non végétariens. Mon mari prépare une tarte avec les mirabelles que nous avons ramassées il y a trois jours.

Nous dînons dehors en nous protégeant comme nous pouvons des moustiques et autres insectes volants. La journée a été chaude, même très chaude, trop chaude pour déjeuner dehors ce midi. La soirée est fraîche. Il fait bon dehors.

La voix de Lilie

Les visites ne sont pas autorisées dans l’hôpital où se trouve mon père. Je trouve cette situation inhumaine. Et contreproductif pour le malade qui doit se battre seul. Pourquoi se faire vacciner si l’on ne peut pas en tirer d’avantages ? Pourquoi peut on refuser de se faire vacciner mais pas refuser les tests pcr ? Mon père est seul. Je l’appelle, il voudrait nous voir…. Sa voix est un peu meilleure qu’hier mais ce n’est pas la sienne. C’est celle de son père, mon grand-père que j’entends. Hier son visage n’était plus le sien non plus, la machoire tendue. Une vision mortuaire qui m’a choquée. Nous espérons un transfert rapide vers Avignon où les visites sont autorisées et où il sera dans un service spécialisé. Il souffre d’une grave déshydratation et manque d’oxygène. Il ne se sent pas mieux qu’hier, même si je trouve qu’il s’exprime mieux. Ce qui est certain c’est qu’il ne pourra plus vivre chez lui où il n’a aucune assistance. A-t-il quitté sa maison pour toujours ? Lui a-t-il fait ses adieux ? Je ne sais pas, il est parti si vite hier.

Avec ma sœur nous avons ouvert le garage et sorti sa voiture. Sa compagne nous fait bien comprendre que la voiture est aussi la sienne. Donc je prends la moitié de la voiture de mon père et sa moitié pour me déplacer. C’est inconcevable pour nous de prendre sa voiture. Jamais il ne nous aurait laissé sa voiture auparavant. Là il me l’a proposée. Autres temps, autres mœurs..

Mon enfance me passe par la tête. La maison. Mon père jeune. Cet endroit familier dont nous sommes privés depuis le départ de ma mère. Que je réinvestis peu à peu. Je fais des rêves étranges, je me réveille croyant qu’il est parti dans la nuit. Non, ce n’est pas aujourd’hui. Il est encore un peu là. Il y a encore un peu d’espoir. Si peu, mais pourquoi pas y croire encore.