La voix de Graine

Aujourd’hui, je suis une Mamie opérationnelle. Je garde petit fils. Ma belle fille me l’amène vers 9 h. Elle reviendra le chercher vendredi en fin d’après-midi. Mon mari est parti travailler au bureau. Nous voici donc partis pour une journée à deux voix. Petit-fils s’exprime de plus en plus. « Et voilà, c’est bon » (au sens, c’est ok), « deux, quatre, six », il compte….

Ce matin, le temps est à peu près correct, je l’emmène en poussette pour faire quelques courses. Il s’endort et ne se réveille qu’une heure et demie plus tard, quasiment au moment de rentrer.

C’est vite l’heure de manger. Le menu est simple ce midi: Melon, coquillettes et jambon, avec du fromage bien sûr. C’est notre journée d’adaptation. Je préfère passer plus de temps à jouer avec lui qu’à faire la cuisine. Pour la sieste, je n’insiste pas car il a beaucoup dormi ce matin.

Nous partons pour le square. Le petit cirque Gontellis est en train de s’installer. Les prochains jours, il y aura spectacle à 17 h avec la Pat’patrouille et les clowns Patate et Chocolat, un spectacle pour enfants. Petit fils est encore bien jeune, mais je vais essayer de l’amener.

Au square, petit fils joue, se fait une copine et la pluie se met à tomber…Juste une pluie pour faire semblant, mais tout est mouillé. Nous rentrons en faisant un grand tour. Il s’endort et se réveille au retour à la maison lorsque je tente de le déshabiller.

S’occuper d’un petit est épuisant car les activités durent peu. Il faut sans arrêt innover. Comme la sieste lui manque un peu, je mets un fond musical, des comptines africaines pour faire temps calme. Je ne tente pas de nouvelle sortie car le temps est incertain.

Mon mari est content de retrouver son petit-fils à la maison. Il lui donne le bain tandis que je prépare le repas. C’est un vrai petit singe. Il nous imite dans nos mimiques et nos façons de faire.

La voix de Lilie

Ce matin un besoin viscéral de faire place nette dans la maison nous prend tous les trois. Vider les salles de bain des bibelots et autres flacons infâmes, les tiroirs des montagnes d’objets étéroclytes qui s’y trouvent pèle mêle. On remplit des grands sacs poubelles de toutes ces choses sans valeur que l’on garde parce qu’on ne jette rien. La maison en est pleine à craquer. Notre tâche est immense avant de voir émerger ce qui a de la valeur.

Encore quelques visites aujourd’hui, mais globalement nous sommes plus tranquilles. Nous avons rendez-vous à la banque pour initier le processus de succession, le notaire est déjà choisi.

Le soir nous dinons en petit comité sur la terrasse, une soirée plus calme, bienvenue après ces quelques jours chargés en émotions.

Mon père était quelqu’un de particulier qui n’a pas été exemplaire loin de là. Mon frère reste avec encore beaucoup de rancœur. Il n’a pas fait ce travail de pardon qui rend les relations plus sereines. Je l’écoute dire, ou plutôt cracher ce qui lui reste sur le cœur. Et ce soir, en me couchant, là, tout de suite, j’en ai assez. Demain je veux passer à autre chose. Demain, on continuera les démarches, le rangement de la maison. En se projetant sur l’avenir. Je ne veux plus entendre de mauvaises choses sur mon père. Personne n’est parfait. Mais il me touchait dans ces derniers temps, l’homme de 80 n’est pas l’homme de 30.

Je sens arriver le contre coup de ces mois terribles que je viens de passer. Lorsque toute l’énergie a été déployée pour aider, soutenir, aller, venir et que le soufflé retombe. Ce soir, je pleure dans mon lit. Ma chambre d’enfant me semble étrangère, il n’y a plus d’âme dans la maison.