Ce matin, rien ne presse, le bateau est à 11h. C’est l’occasion de flaner dans la ville et de voir les rues s’animer. Le départ matinal des randonnées n’a pas permis de se mêler à la vie locale. Le marché s’installe tous les matins au Palais. Il y a beaucoup de monde dans les rues. La moyenne d’âge est élevée… Les gens se garent en haut, près de la citadelle et descendent faire le marché. Sur le bord du quai quelques stands de pêcheurs vendent les produits de la mer. Homards, langoustines, pétoncles, saint jacques, praires et boulots énormes. Pourtant aucun des restaurants que nous avons vu n’en proposait… Du poisson, des huîtres, des moules, rien d’autre. Le port du Palais est la place névralgique de l’île. D’immenses barges vertes et oranges apporte tous les matériaux dont l’île a besoin. Ensuite elle est autonome pour ses constructions, réparations. On trouve tous les corps de métier sur l’île. Tous, sauf peut-être la santé car les opérations, les analyses, les spécialistes et même les accouchements c’est sur le continent ! Hors saison, en plus de quelques randonneurs l’hôtel accueille des personnels de l’hôpital détachés du continent. Lequel hôpital ne fait que de la bobologie. Après la balade sur le marché, on se pose pour prendre un café au port en face de l’embarcadère. Déjà le bateau arrive. Il fait doux , pas de vent. Sur la terrasse, on regarde la vie. Les gens prennent un café, croissant, discutent, regardent, prennent des photos. L’hôtel Clara de l’autre côté de l’ile, ramène ses clients dans une navette. Mitterand y venait en son temps. L’hôtel va passer en luxe après quelques travaux. Pour l’instant de l’extérieur il fait assez vétuste. De l’extérieur seulement je pense.
Cette randonnée côtière, aussi belle qu’elle soit reste très isolée de la vie sur l’ile. Elle ne permet pas de voir les villages ni l’intérieur de l’île. Les navettes du matin et du soir en donne un tout petit aperçu. Sur le chemin, il n’y a que quelques rares randonneurs en cette saison. On reste isolé du monde et c’est ce qu’on cherche dans la randonnée, cet isolement, cette tranquillité, le zero sollicitation de la société. A l’occasion, revenir, louer des velos électriques, découvrir l’intérieur et descendre vers une plage quand l’envie s’en fait sentir.
C’est difficile de se souvenir de tout ce qu’on voit dans une journée. J’ai essayé de retracer du mieux que j’ai pu. Toutes les pensées qui passent dans ma tête pendant que je marche, où sont-elles parties ? Les sensations, les éblouissements, les petites douleurs de ci de là ? Le vent sur le visage, les cheveux indémélables, la brume qui enveloppe tout ? Les mouettes ou goélands qui peut le dire ? plongeant dans la mer, guettant nos miettes de loin. Les plages immaculées, miroirs de sable.
C’est sinistre, diabolique mais superbe et je ne crois pas retrouver pareille chose ailleurs. Claude Monet
C’est déjà la dernière étape. Plus courte que les autres car de la pluie était annoncée pour l’après-midi. Finalement il fait très beau et la météo ne parle plus de pluie ! Au petit matin la plage des grands sables est illuminée par le soleil levant qui arrive de l’arrière. Immense et vide, le sable immaculé. Les oiseaux ont réinvesti le territoire, personne (ou presque) pour les déranger à cette heure là. Ils restent au bord de l’eau, certainement pour attraper quelque nourriture que la marée a découvert. Le vent s’ est levé ce matin, assez fort. Pour la première fois oon entend plus le bruit du vent dans les feuillages que celui de la mer. La mer est très calme de ce côté ci, elle ne fait aucun bruit. Le chemin longe la côte, assez bas cette fois ci, il y aura moins à monter et à descendre ! Entre chaque cap, une plage. Le chemin est assez monotone, en terre sablonneuse, très humide car il a encore plu cette nuit, il chemine entre deux haies d’épineux, puis apparaîssent les pins, des arbres à feuilles qui vibrent au vent. Depuis le début de cette étape, on apercoit au loin le port du Palais et la citadelle vauban point final de la randonnée. Le port apparaît ou disparaît en fonction des cap ou des creux. Après 3h de marche, lente, d’arrêts dans les plages, de pauses sur les promontoires, voici la plage de la ramonette, la dernière plage avant le Palais. Un bel endroit pour un dernier pique nique. Seuls sur la plage avec un oiseau gourmand mais farouche ! La mer monte et s’approche de plus en plus du rocher sur lequel nous déjeunons. C’est amusant de la voir grignoter la plage mètre après mètre à chaque vague. Tout de suite après la plage apparait l’entrée du port. Le chemin passe sur l’enceinte vauban qui fait le tour de la ville, descend les escaliers, rejoint le port, longe les quais jusqu’à l’entrée de la citadelle. La boucle est bouclée. 80 km au compteur, 82,5 sur le magazine donné à l’hôtel ! Heureuse de l’avoir fait, triste que ce soit déjà fini ! Une semaine de pluie annoncée et pas une goutte ! Quelle chance.
17h, il pleut !
Pour répondre à tes questions Graine, lorsque j’ai préparé cette escapade, je me suis adressée au syndicat d’initiative de Belle île. En octobre, il y a moins de possibilité de logement qu’en saison. Aussi il m’a conseillée de faire une randonnée en étoile avec un logement à l’hôtel au Palais. L’hôtel s’occupe des pique nique et nous emmene-ramène chaque jour à nos points de départ. Effectivement sur le chemin, impossible de trouver à manger, on ne traverse aucun village. L’hôtel est très agréable. Une vielle maison, ou veil hôtel, entièrement refait récemment, très propre et au calme. Il n’a pas vue sur la mer, il est en pleine ville, au moins c’est très tranquille. La dame de l’hôtel est très sympathique, au bout de quelques matins elle connaît par cœur ce que nous souhaitons pour le petit déjeuner ! Un bon croissant tout frais, une tartine de pain au beurre doux, ici il est salé mais je n’aime pas, un thé ! Elle nous remet nos pique nique et nous emmène là où elle est venue nous chercher la veille. Un autre couple fait la randonnée et nous nous croisons matin et soir. Moment de partager les impressions de chacun. Ils font la randonnée sur 4 jours, du coup nos étapes sont un peu différentes.
Un autre couple qui loge à l’hôtel, n’a pas pris la formule tout compris. Du coup ils sont limités et doivent souvent écourter les étapes car l’offre de bus n’est pas suffisante en cette saison. C’est ce que j’avais remarqué quand j’avais préparé la semaine. On partage aussi les bons plans restaurants. De façon générale, ils sont assez chers. Même les creperies ! Les plats sont peu copieux et manquent de sauce. C’est un peu comme l’immobilier, on se croirait à Paris ! Quelques fois on prend un pot, 10E, une bière, un cidre. Faut bien vivre ma pauv’dame !
Pour le dernier soir, heureusement, la crêperie est la meilleure de la semaine. La cuisinière réalise des préparations très originales et très fines à base de fruits de mer cuits et de légumes. Un pur délice. Voilà qui termine la semaine en beauté.
Ce matin le soleil brille de tous ces feux. Le vent est beaucoup plus léger qu’hier. La luminosité est très belle. Il a plu cette nuit, il y a beaucoup de flaques. Le chemin s’élève directement depuis la plage pour monter sur le plateau. Tout en bas, la mer est plus calme. C’est le matin, elle se réveille doucement. Les avancées sur la mer sont très hautes, le chemin est en balcon à flanc de colline, très près de la paroi. Il monte beaucoup, descend beaucoup, le vent heureusement souffle vers la terre, le soleil eblouit. La végétation commence à changer, le plateau laisse la place à des avancées moins escarpées, plus rondes. Passée la pointe du skeul, le chemin change de cap pour attaquer la côte est de l’île. Tout change. La mer est plus calme, la végétation plus haute, le chemin se couvre de schiste et commence à ressembler à un paysage méditerranéen. Il passe par plusieurs « ports » qui sont des entrées de mer entre 2 portes mais sans aucun bateau. Le port blanc, tout petit, le port Maria à peine plus grand où l’on regarde la mer monter pendant notre pique nique. Plus loin, la plage de port Andro, magnifique et surtout le seul endroit de l’ile où on trouve un bar sur le chemin ! L’occasion est trop belle pour un café face à la plage. Derrière le port Andro, la pointe de Kerdonis signe un nouveau changement d’axe. C’est le début de la côte nord de l’ile, côte protègée du vent par sa proximité avec les côtes Françaises que l’on distingue en face. La végétation devient vraiment méditerranéenne, des figuiers de barbarie, des aloe vera, des plantes grasses, des pins et un sol très schisteux bien que très humide. La mer est très calme, silencieuse, ça change vraiment avec le bruit omniprésent de la côte sud qui fait face à l’atlantique. La balade se termine sur la plage des grands sable, la plus grande plage de l’ile, plus de 2km de longueur. Comme à Saint andro, des gens se baignent. Moi je trempe les pieds, mais trop froide à mon goût pour aller plus loin ! Il faut vraiment aimer l’eau pour y aller !
Ce matin le soleil brille déjà et illumine les aiguilles. Le tracé du chemin est à la fois dans l’axe du vent et du soleil. Difficile de faire des photos de qualité face au soleil ! Pour autant le paysage est grandiose, les falaises très hautes sur lesquelles la mer s’acharne en gerbes d’écume. Le vent empêche toute végétation de pousser, quelques arbustes rabougris résistent, à certains endroits il n’y a plus que quelques herbes en forme d’étoiles vertes. La plateau d’hier laisse place progressivement à des avancées rocheuses que le chemin contourne une à une. On recommence aussi à descendre vers des plages dans les renfoncements et à remonter sur le plateau. Le chemin alors passe dans des hautes herbes, puis des bosquets de tamaris. Certains passages ressemblent à des bords de rivières. Les falaises sont plus hautes que le premier jour, les vallons plus profonds. Les plages moins nombreuses, certaines inaccessibles sont à contempler de loin, d’autres se laissent approcher pour une pause bienvenue. La mer est très agitée de ce côté de l’île. Elle a découpé menu la côte. Les avancées deviennent de plus en plus déchiquetées, les vagues l’attaque en permanence, creusant des trous, des grottes, dans les rochers. Beaucoup de vent aujourd’hui, beaucoup d’écume aussi. Des paysages à couper le souffle. La plage d’Herlin se cache du chemin, de loin c’est sa voisine que l’on aperçoit. Et soudainement au détour d’un virage en haut du plateau, la voilà sur la gauche quand l’autre est en face. Elles communiquent toutes les deux, c’est immense et magnifique. Avant de descendre, on reste un grand moment à admirer ce paysage. Puis un grand moment sur chacune des plages. Il fait soleil, il n’y a personne. Que nos pas sur le sable doré. Le chemin continue dans une lande côtière, montant et desendant entre chaque avancée rocheuse. Les parois sont de plus en plus déchiquetées. Le vent est toujours là, le soleil a tourné bien sûr, c’est l’après midi. La promenade se termine sur la plage de pouldon, un nom qui me rappelle quelques chose ! Là, surprise, pas de réseau. Impossible d’appeler la navette pour le retour. Il faut rentrer dans les terres pour se rapprocher d’un village. Et quand on a déjà fait 16km, c’est dur pour le moral ! Donc, 1km de plus pour appeler la navette !
Ce matin un épais brouillard enveloppe l’île. Il fait toujours très doux mais on ne voit pas à 10m. La preuve, arrivée au point de départ, à la pointe des Poulains on ne distingue pas le phare ni l’îlot. Changement de décor par rapport à hier, le chemin passe au bord de hautes falaises et tortille en fonction des aspérités des rochers. Au début, la végétation est assez dense, fougères, épineux, quelques genêts. Le vent souffle de la terre vers la mer. Puis la végétation descend d’un cran, bruyère, quelques touffes de tamaris pas plus haut qu’un mètre, puis encore un cran, lichens, bruyères rases. Ce côté de l’île forme un plateau immense, découpé, déchiqueté sur les bords par la mer. En contrebas, quelques belles plages. Le chemin reste la plupart du temps au bord du plateau. A un endroit, au milieu de ce plateau, un immense trou. La mer au fond. Le morceau s’est effondré. Ce qui veut dire que sous nos pieds ce n’est pas forcément de la roche, peut-être une excavation de la mer…ça fait un peu froid dans le dos. On retrouvera plus loin un autre de ces trous. D’ailleurs le chemin est très balisé pour interdire d’approcher trop près du bord ou de certains endroits fragiles. Le chemin descend quelques fois vers une plage puis remonte sur le plateau. Entre le vent et la brume, on se croirait dans un paysage de fin du monde. C’est tout de même magnifique. Et je fais de belles photos des couleurs de la mer au fond et des falaises. Le soleil émerge de cette brume vers 13h. Enfin on peut découvrir au loin les grands espaces que l’on a traversé le matin. Au détour d’un virage, voici une plage immense de sable d’or. C’est magnifique. Elle est entourée d’une immense dune recouverte d’une végétation toute neuve et précieuse. Belle île fait tout ce qu’elle peut pour restaurer la flore originale de l’ile. Cette dune n’a rien à envier à celle du pila ! Le chemin côtier nous la fait escalader et contourner dans un rail balisé pour ne pas abimer la végétation. Derrière une deuxième très belle plage, le sable et la mer forment comme un miroir vue d’en haut. Je profite de ce magnifique endroit pour me tremper les pieds. La mer est si belle, je ne peux resister. Il reste maintenant 4km pour aller jusqu’aux aiguilles de port coton, but de la journée. Toujours sur le plateau, aux herbes rases. Curieusement parsemé de crottes de lapin (peut-être), de trous de terriers et bizarrement pour un endroit sans arbres ni végétation, parsemé de champignons. Certains ressemblant à des champignons de Paris, d’autres très gros et grignotés peut-être par les lapins !
Le site des aiguilles de Port Coton est grandiose. Du haut du plateau, la mer au fond entre les parois vertigineuses. Des pans entiers de roches se sont détachés et gisent au milieu. On dirait une cathédrale et des pyramides à l’intérieur.
L’endroit est touristique, il y a même un parking pour garer les voitures. Mais comme partout ici, pas de bar, pas de boutique ! On attendra de rentrer pour aller boire une bière ou un cidre.
Le soir, après le repas (moule fritte pour moi, hamburger pour M Lilie, c’est pour Graine qui adore que l’on mette le repas !), nous allons écouter un musicien qui fait de la « folk alternative ». Sûrement très alternative ! Derrière moi, une dame décrit très justement, une musique pour dépressifs ! Elle me fait rire. C’est vrai que ce jeune garçon gagnerait à ajouter à son répertoire des chansons entrainantes !
Lundi. Le palais pointe des poulains. 19km. Il fait doux ce matin, la pluie annoncée n’est pas là, les conditions sont excellentes pour marcher. Le départ du chemin se fait par la traversée de la citadelle. Après le pont de bois qui marque la sortie, part un vieil escalier de pierre sur la droite qui descend le long de la côte. On a un peu l’impression de partir dans les oubliettes du château, mais non, on ressort dans le chemin. Le chemin passe de plage en colline, descend (souvent et beaucoup), monte (aussi souvent et beaucoup !). Cette étape est notée difficile, on comprend pourquoi… On se croirait dans les 25 bosses de Fontainebleau. Les pentes sont très raides, heureusement assez courtes, mais avec la répétition c’est très fatigant. Heureusement le paysage est magnifique. La couleur de l’eau, opaline, translucide. On traverse des bosquets de châtaigniers d’abord, puis arrivent les pins, puis quelques violettes en fleurs, en octobre…, des genêts aussi avec quelques fleurs. Après quelques kilomètres, un champ de ruines apparait sur le côté. On dirait un ancien casernement, recouvert par la végétation et par les graffitis. Il s’agit en fait d’une partie du mur de l’atlantique. Le chemin passe de plage en plage, de montées en descentes jusqu’à apercevoir la ville de Sauzon. Elle est en face du chemin mais il faudra longer le bras de mer sur 2km avant de pouvoir traverser et repartir dans l’autre sens pour la rejoindre. C’est très frustrant ! Je fatigue, l’arrière d’un de mes genoux me fait très mal dans les descentes. Un comble, c’est moi qui a mal au genou ! L’endroit n’est pas superbe, mais je préfère m’arrêter pour reposer ma jambe. C’est extraordinaire, il y a eu des dizaines de plages plus belles les unes que les autres. Mais lorsque j’ai dit, à la prochaine plage on s’arrête déjeuner, il n’y a plus eu de plage. Rien que ce bras de mer à marée basse que l’on longe depuis presque 1h… Ça m’arrive très souvent cette situation. Comme si quelqu’un jouait à se moquer de moi. Alors on s’arrête là et on rejoindra la ville après. Sauzon, autour de son port, est un peu animée, à cette heure de la journée, quelques bars ouverts pour prendre un verre ou un café et se reposer un peu. Le chemin repart ensuite en longeant le port, puis reprend son rythme, monte, descend, de criques en colline. La côte est plus déchiquetée maintenant, des rochers se sont détachés du littoral et forment des arches, des grottes, des amas au bord de l’eau. Au loin, la pointe des Poulains de détache avec son phare. Encore quelques km à parcourir. Une pluie fine commence à tomber. Elle n’empêche pas d’avancer. Le phare de la pointe des Poulains se trouve sur un ilot accessible à marée basse. Justement c’ est marée basse. On passe par la plage pour y accéder, mais on n’en mène pas large, on fait le tour à vitesse grand V. D’autres se sont faits piéger et on dû rentrer à la nage ! Le site est splendide, la mer l’attaque de tous côtés, souffle, crache. Des grottes se sont formées au bord de la plage. Un peu plus loin, se découpe la maison de Sarah Bernard. Elle fait face à un rocher énorme et au côté déchaîné de la mer. Un musée est installé dans une des maisons qu’elle a fait construire pour ses invités, la maison de l’environnement est installé dans l’autre. Voilà la fin de cette première étape, 20 km en tout. Il est temps de rentrer à l’hôtel et de prendre un repos bien mérité. La navette vient nous récupérer. Le soleil pointe le bout de son nez, le coucher de soleil sera très beau ce soir encore. Nous finissons la journée comme hier, dans une crêperie !
Ce matin, après un bon café et une bonne douche, direction la Pointe de Conguel. Le temps est gris, la température est très douce, la pluie menace, puis tombe. Tant pis, il suffit de bien se couvrir. D’ailleurs au bout de quelques minutes, la pluie s’arrête. Nous sommes à l’extrémité de Quiberon. Après, ce sont les îles. Un groupe de personnes est arrêté là. Ils prennent des photos. Arrivés à leur niveau, nous comprenons cet attroupement. Une otarie, ou un phoque peut être, joue dans les vagues. Impossible de l’avoir en photo, il plonge, ressort 20m plus loin, replonge. Il joue avec nous, puis le jeu ayant assez duré, repart dans l’océan. Au loin on peut apercevoir les 2 iles qui suivent Quiberon. Nous terminons notre promenade autour du cap et reprenons la voiture jusqu’à un petit port où nous nous arrêtons prendre un café dans une très ancienne maison.
Il est 11h, il commence à pleuvoir. Vraiment. Nous repartons en voiture pour la côte sauvage. C’est magnifique. La mer fait des rouleaux immenses, qui se fracassent dans des gerbes d’écume. La côte est déchiquetée par ces attaques. J’adorerais me balader sur le bord mais la pluie est trop forte. C’est impossible de marcher avec toute cette pluie et ce vent dans la figure. Gardons ça pour les autres jours…. Ça fait un peu peur ! Avec un peu de chance, je pourrais m’y promener samedi prochain en revenant de Belles île.
De toute façon il est l’heure de déposer la voiture au parking et de rejoindre l’embarcadère avec la navette.
La pluie ne s’arrête pas de tomber. Avec les valises, difficile de promener. On s’installe dans un bar, en bord de mer. J’aime cette atmosphère que créent les éléments de la nature. La pluie, le vent, les nuages qui se confondent avec le gris de la mer. Tout se fond.
Dans le bar, il fait bon. Dehors c’est le déluge. Le store banne se remplit d’eau. Le gérant la fait couler en relevant la toile avec un plateau de service, puis il cale des piquets pour relever l’ensemble. Nonchalamment, il a l’habitude. Nous commandons le plat du jour, sauté de porc au cidre, petits légumes et écrasée de pommes de terre. Le goût revient peu à peu, le plat semble très bon !
Le temps passe vite, même à regarder dehors ! Il est l’heure d’aller prendre le bac pour Belle île. L’embarquement, comme le débarquement d’ailleurs, est très rapide. Voitures et passagers embarquent en moins de 15mn. Ensuite il y a 50mn de traversée. Contrairement à ce que l’on pouvait voir depuis le bar, la mer est assez calme et la traversée facile.
Je reste sur le pont extérieur, il pleut moins, presque plus, et je regarde l’île se rapprocher. Je suis venue ici lorsque j’avais 20 ans. En voilier. Un week-end de voile organisé par des collègues dans ma première entreprise. Je suis venue ici. Il y plus de 40 ans. J’ai vu ses côtes que je ne reconnais pas, cette entrée du port, que je ne reconnais pas. Je cherche à raccrocher mes souvenirs à ce que je vois. Le port, les portes en fer, remonter entre les murs. Le bateau est bien plus haut que ne l’était le voilier, la perspective est trompeuse… Non, mon cerveau a oublié. C’est difficile de se dire qu’on a vécu quelque chose et que ce quelquechose n’existe plus en nous. Une image, floue, rien d’autre. Voilà à quoi je pense, accoudée au bastingage, en arrivant.
La pluie s’est arrêtée, et tant mieux car il faut rejoindre l’hôtel à pied avec les valises.
Le soleil est maintenant revenu. On peut en profiter pour visiter Le Palais. En ce moment, la citadelle est fermée pour cause de travaux. On peut seulement faire le tour. Le Palais est une citadelle qui contient une citadelle. Il y a au moins 4 niveaux de murs d’enceinte. C’est impressionnant.
Nous apprenons que Belle île a autrefois été récupérée aux Anglais en échange de Minorque. Etonnant quand justement nous venons de visiter Minorque juste avant Belle-Île.
Après une bonne heure de marche, entraînement pour demain, nous nous arrêtons au port, sur un banc pour regarder le débarquement/embarquement du bac. C’est un balai de cordes, de portes, de marins, de voitures, de piétons. A la fin, le capitaine revient, fait l’état des lieux du chargement, sonne le départ. Les marins ré-enroulent les cordes, le bateau repart. Nous allons prendre un bon Chocolat chaud. C’est toujours compliqué d’arriver dans une ville le dimanche soir. Beaucoup de restaurants sont fermés, on cherche un peu au hasard. Le hasard fait généralement les choses bien. M Lilie veut manger une crêpe. Une crêperie est ouverte. En Bretagne, jouons corporate. Galette, cidre, crêpe.
Une belle première journée sur l’île. Demain c’est le départ sur le chemin, j’espère que le temps sera avec nous.
Les prévisions météo sont clairement défavorables à une semaine de marche. Pluie annoncée quasiment tous les jours. L’expérience montre que sur le terrain, les choses sont souvent très différentes… Donc pour la première journée, la route est sèche, quelquefois ensoleillée même et cela permet de profiter des magnifiques couleurs de l’automne. Lorsqu’elles sont rehaussées par un rayon de soleil, c’est magnifique. Chaque séjour demande une adaptation, on sort de son confort et de ses habitudes, il faut accepter les contretemps, les surprises en tout genre. Cette fois ci, la première aventure est celle d’assurer un plein d’essence permettant d’aller et revenir à bon port (si j’ose !) la semaine prochaine. Ainsi fait, on peut rester serein. D’ailleurs après les queues interminables de la region parisienne, les pompes sont accessibles sans problème passé Rennes. Arrivé à Quiberon, le temps est variable et nous offre un magnifique couché de soleil sur la « côte sauvage ». Je suis heureuse de voir la mer à nouveau, l’entendre respirer, écouter les mouettes. La deuxième aventure vient du fait que nous sortons, m lilie et moi, tout juste du covid. Et patatras, plus d’odorat, plus de gout. Alors ce merveilleux pot au feu de la mer nous semble bien fade….l’air marin, iodé, que je ne sens pas, va-t-il aider à nettoyer tout ça et faire revenir les sens ? Frustration.