La voix de Graine

Qu’est ce qu’on fait à la campagne quand on a besoin d’une béquille pour marcher? A vrai dire, je ne sais pas. Aujourd’hui, je tourne en rond. Je n’arrive pas à savoir quoi faire. Ma fille télétravaille. J’ai oublié d’acheter du café. Mais c’est lundi, l’épicerie du village est fermée. Il me faut attendre demain.

Ce matin, je vais marcher. A 10 h, il fait déjà très chaud. Je peine à faire mes 4,5 km. J’admire les tournesols, je traîne. Une fois ma balade faite, je reste à l’intérieur. Dehors, il fait de plus en plus chaud et à 13 h, c’est la fournaise.

Deux ou trois coups de fil à donner, préparer le repas de midi, faire la sieste, jouer au solitaire, lire….La journée s’étire et se termine. Nous partageons une bière avec les voisins d’en face qui nous montrent leur magnifique barbecue en céramique qu’ils viennent d’acquérir. Les moustiques tigres attaquent. Pas question de manger dehors ce soir non plus.

Avec ma voisine, j’envisage la piscine. Je projette aussi d’acheter un vélo d’appartement. Je dois m’organiser a minima pour me mettre en mouvement.

Toi non plus, Lilie, tu ne dois pas avoir froid.

La voix de Lilie

Effectivement, il fait très chaud ici aussi.

Je me suis levée aux aurores. Ce matin j’ai rendez-vous à 7h30 avec le pisciniste qui va nettoyer et mettre en eau la piscine chez mon père. Je n’arrive pas à dire chez nous ses enfants. Bref… Je pars en footing. Il y a 1km et demi de chez ma mère à la maison et il fait encore frais. Nous arrivons ensemble le pisciniste et moi, synchro.

Les herbes sont très hautes autour de la piscine, dans la cour aussi mais elles sont beaucoup plus éparses et sèches. C’est l’été depuis longtemps ici. Ça fait un drôle d’effet de voir cette endroit dans cet état de délabrement. Chaque été quand nous arrivions, mon père avait entretenu. Cette année, personne n’est venu avant moi. Je fais comme toi Graine, le grand ménage d’arrivée, dehors, dedans….

Pendant que le pisciniste s’affaire à débacher, pomper l’eau, passer le karcher, nettoyer les filtres, moi je désherbe. J’adore faire ça à la main sur les margelles du tour de la piscine. Ça permet de s’évader, de laisser courir ses pensées. Entre deux on prend un café et on discute de tout et de rien, de la vie, de mon père, il l’a connu l’an dernier, l’a vu nageant dans sa piscine peu de temps avant son décès. Il a été surpris d’apprendre son décès si soudain. C’était la première fois que l’on faisait venir quelqu’un pour entretenir sa piscine, il n’y arrivait plus.

Je repasse le soir après avoir télétravaillé pour voir où en est le remplissage. Je peux laisser couler cette nuit, en une journée la fosse au fond n’ est remplie qu’à moitié. On a jusqu’à mercredi pour remplir, ça devrait le faire. Je ne sais pas si c’est très éthique en ces périodes de manque d’eau, mais pour se raffraichir l’été il n’y a rien de mieux. Je refais un coup de désherbage, j’ai fini tout le tour. Je suis fière de moi. Habituellement on faisait par ci par là lorsque les plantes sortaient à peine de terre, là c’était des plantes de 40cm de haut ! Il faut que je m’habitue à cette nouvelle réalité.

Je rentre tranquillement à pied. Il est 21h30, il fait moins chaud qu’en fin d’après midi où j’étais partie à pied faire une course. J’adore promener le soir après manger. L’air a une douceur reposante.