La voix de Graine

Alerte orange canicule sur nos deux départements à compter de demain midi…Il fait chaud, c’est le moins qu’on puisse dire. Tu n’auras pas nettoyé ta piscine pour rien, Lilie. Tu vas pouvoir en profiter.

Aujourd’hui, je me bouge enfin. Je me lève tôt, je prends la voiture et je vais au village acheter les trois ingrédients qui me manquent, dont le café. Je repère le cabinet du kiné. je découvre un atelier de mosaïque qui propose des stages à un tarif tout à fait raisonnable et qui me donne envie d’essayer. J’achète le pain, je retire des sous. Des activités qui n’ont rien d’extraordinaire mais qui me remettent en confiance. Et la confiance, Dieu sait que c’est important.

Au retour, je prépare le café, en propose à ma fille qui est déjà au travail.

J’ai un rendez-vous téléphonique avec ma psy. Un peu stupide en vacances, mais tout de même ces vacances ont pour moi un goût particulier. J’ai du mal à prendre mes marques.

La journée qui a bien commencé se continue plutôt bien. Aujourd’hui, je lâche les béquilles. Je m’aventure sans. Et ça ne se passe pas si mal.

Je fais la cuisine pour ce midi et pour ce soir aussi. Après le repas, je m’autorise une sieste lecture parce que j’ai bien bossé, parce que j’ai bien marché et que ma jambe fatigue.

J’essaie de me mettre au collage. Là, c’est plus dur. La seule chose que je suis capable de faire, c’est de découper des morceaux de papier de différentes couleurs. Je n’ai pas besoin de réfléchir, ça me permet de me poser.

En fin d’après-midi, nous partons faire les courses au super marché avec ma fille. En soirée, c’est l’arrosage, obligatoire, tant qu’il n’est pas interdit. Ma fille se sauve, elle a peur des moustiques.

La voix de Lilie

Il fait très chaud. Les cigales s’en donnent à cœur joie. La chaleur dépose comme une douce couverture sur la peau. A l’ombre c’est très agréable, au soleil la couverture tombe vraiment sur les épaules. Un léger mistral s’est levé qui fait comme un éventail. J’aime marcher tranquillement en cette fin d’après-midi pour aller jusqu’à la maison.

Je traverse la ville par la rue autrefois principale. Quand j’étais petite, elle on y trouvait tous les magasins. La droguerie (j’adorais ce nom de droguerie et l’odeur qu’il dégageait) où l’on achetait même cartables et ceintures, la boucherie, le primeur, la charcuterie, le cordonnier. Le cordonnier avait un pied bot (c’est ballot !) et surtout je ne savais pas ce que ça pouvait bien être. Seulement que c’était anormal et que ce magasin et son artisan étaient les plus pauvres de la rue. Là encore, j’ai l’odeur dans le nez ou plutôt en mémoire, une odeur forte, de vieux cuir peut-être. Le magasin de chaussures, celui de vêtements, sur 2 étages, avec une devanture immense où l’on ne venait que deux fois par an, à la rentrée et au printemps. On achetait des vêtements de demi saison. Le concept n’existe plus, réchauffement climatique oblige ? Enfin, la pâtisserie, la Marquisette, seul magasin qui existe encore dans cette rue autrefois si vivante, morte maintenant. J’y passe seule, je ne croise personne. Les devantures ont disparues pour la plupart, les dernieres sont fermées.

Il y a des travaux dans l’église et on installe des scènes et des gradins sur la place. Bientôt le 14 juillet et le début des polymusicales qui rythment l’été avec ses spectacles. Personne dans la ville.

Le temps de divaguer, me voici arrivée. La piscine ne se remplit pas vite… Il va falloir une semaine à cette vitesse. Il faut dire que le tuyau n’a aucune pression. Bref.

Je me lance dans le ménage des tables et chaises de jardin. Activité qui se fait avec de l’eau, donc qui raffraichit. J’imagine des parents qui préparent la maison à accueillir enfants et petits enfants comme dans les romans de l’été. Joie de se retrouver, de passer du temps ensemble, cris des enfant qui jouent, barbecues interminables, fabrication des confitures. C’est un beau roman, c’est une belle histoire…. Ce ne sera pas notre cas. Nous verrons certainement notre fille une fois ou deux, mais personne n’habitera là cet été en dehors de nous. Ou pas. Ma sœur peut être aussi une fois ou deux.