La voix de Graine

L’année scolaire tire à sa fin. Dernier mercredi de l’année scolaire, dernier jour d’école pour la petite. Elle a ramené tous ses dessins et ses travaux d’école. Son cartable pèse. Elle est surexcitée. Surtout que son Papa est rentré du Japon cette nuit. Elle saute dans ses bras, en oubliant sa Mamie. Demain, elle va s’envoler pour le Maroc avec son Papa. Elle va y rester 3 semaines. Ma fille se tait. C’est difficile pour elle de voir partir sa fille avec qui elle vit au quotidien.

Moi, j’ai préparé le repas. Le frigo est plein, mais je dois cuisiner à nouveau. Pour plaire à tout le monde, je fais une quiche moitié asperges, moitié thon à la tomate. Je reste encore très frileuse sur la fréquentation des magasins. Je cuisine avec ce que j’ai dans les placards et le frigo. Et tout compte fait, je m’économise et ça ne se passe pas plus mal.

Cet après-midi, je laisse la petite avec son Papa et je vais voir ma copine à l’hôpital. J’y vais à pied. Je connais bien l’hôpital, c’est celui où je me suis faite opérer. Je ne reconnais ni les aides soignantes, ni les infirmières. Le temps passe vite. Ma copine n’est pas seule dans sa chambre, elle est avec une vieille dame qui a mis la chaîne parlementaire, fort bien sûr, trop fort. Sympa la politique en bruit de fond! Ma copine va bien. Elle ne se plaint pas. Elle commence à remonter la pente, et pour elle, c’est ça qui est important. Demain elle part pour son centre de rééducation au Pré St Gervais. J’ai pris le créneau de visite de 15 à 16 h. Je traîne un peu car sa sœur ne viendra pas pour raison de Covid et son mari est retenu par son activité professionnelle. Quand l’aide soignante qu’elle a appelée vient lui changer les poches de glace posées sur ses genoux, je quitte la chambre pour la laisser se reposer. Son visage est tiré par la fatigue, elle a froid, mal aux bras. Il est temps que je m’en aille.

Je rentre à pied de ma sortie. Petite fille est encore là, mais plus pour longtemps. Une fois la maison vide, je me couche sur le canapé et je fais la pause. Il en faut encore peu pour m’épuiser.

La soirée est tranquille. J’en ai besoin.

La voix de Lilie

Dernier mercredi avec petite fille pour moi aussi, mais là, c’est moi qui part. Je la reverrai dans un mois, dans le midi. Elle parle de mieux en mieux, utilise des expressions comme « on y va » pour dire qu’elle veut rentrer à la maison. Elle a tout un répertoire de chansons qu’elle fredonne en phonétique, elle chante juste. J’adore la voir promener en chantonnant. C’est difficile toute une journée avec elle à l’âge qu’elle a, pourtant elle va me manquer. Sa petite main dans la mienne, sa petite volonté qui s’exprime, son regard clair, ses boucles blondes, ses trottinements, ses manies. La journée se termine, elle est partie avec sa maman.

Ma tête est vide. Je trompe l’ennui en faisant les comptes du mois et quelques petites choses que je veux boucler avant de partir. J’ai déjà réussi à voir tous mes enfants et tous mes petits enfants cette semaine, c’est un miracle ! Restent quelques machines à faire et la valise à remplir.

Et supporter la transition entre deux mondes. Le quotidien et le travail chez moi, les vacances dans ma famille dans cet autre chez moi. Sans programme établi. Juste quelques idées de ce qu’il y a à faire. Il y aura des moments peut-être difficiles, d’autres plus joyeux, espérons le.

Je n’ai pas l’impression que c’est les vacances et pourtant ce sont mes dernières avant mon congé définitif. Quand j’y pense, ça me fait quand même un drôle d’effet. Plus de travail. Que de temps libre, que d’esprit libre, que de tranquillité pour faire les choses à mon rythme. Voici les meilleurs mois. Juste avant. C’est ce que je préfère, le rêve à la réalité. Imaginer ce que ça va être sans que la réalité ne l’abime.