La voix de Graine
Pour toi Lilie, ce 1er jour de la semaine, c’est un jour de travail. La poisse comme tu dis, parce que ça devient long. Prend ce qu’il y a du bon dans cette vie de salariée, et il y a du bon tout de même. Moi, perso, j’aimais bien le travail en équipe, les échanges d’idées, la stimulation intellectelle. Bien sûr, ce n’est pas toujours le cas. Il y a des fois où ce n’est pas fun du tout!
Et que tu aies besoin de rentrer dans ta bulle, c’est tout à fait normal. Moi, ça fait plus d’un mois que je suis confinée à la maison ou dans un rayon d’1 km (tiens donc, cela ne te rappelle pas quelque chose?), alors la bulle, ça va bien, j’en ai fait le tour et le contour, j’ai besoin d’en sortir un peu, j’ai besoin de voir du monde. Toujours à osciller entre trop et pas assez, difficile de trouver l’équilibre, foutu équilibre qui ne tient jamais longtemps.
Pour ce qui est de la politique, je partage. Cependant, je n’arrive pas à me résoudre à ne pas voter même quand il n’y en a pas un seul qui me convienne. Comme tu dis, ils sont dans un autre monde. Ils jouent, se lancent des piques, jettent des idées, des promesses comme on jette des dés, pour essayer de gagner. Et nous spectateurs impuissants, nous les detestons de nous ignorer à ce point. Comment pouvons-nous les respecter et les croire. Pourtant ce sont eux qui nous dirigent et qui nous représentent.
Ce matin, je traîne au lit. Je tarde à me lever. Je bouquine.
L’aide-ménagère arrive à 9 h. Je suis bien contente d’avoir réclamé mes dix heures complémentaires. Je ne suis pas encore bien vaillante. Je la laisse travailler pendant que je vais faire mon tour de square et mes exercices.
Mon mari ne télétravaille plus. Je suis à présent capable de me débrouiller seule à la maison. Après le passage de l’infirmière, je prépare mon repas. J’ai faim, j’ai toujours faim.
Cet après-midi, j’ai la visite d’une graine avec son carnet de croquis. Le dessin est au programme: Bouquet de fleurs et bouddha sur fond d’éventail. le temps passe vite. J’ai rendez-vous chez le kiné à 17 h.
Chez le kiné, je retrouve ma collègue de rééducation, Bernadette et après quelques échanges je comprends que c’est elle l’infirmière qui s’est occupée de moi il y a 8 ans quand je me suis faite opérée du genou. Bernadette, 40 ans qu’elle est infirmière dans le quartier. Je croyais qu’elle n’exerçait plus, en fait depuis le Covid, elle ne reçoit plus que sur rendez-vous.
Ce soir, je suis seule. Mon mari est chez mon fils pour garder le petit. Ma fille m’a amené le chien pour aller à son cours de danse, puis elle est venue le rechercher. La nuit est en train de tomber. Quand je suis seule à la maison, j’allume rarement la télévision. J’écoute la radio, sans l’écouter vraiment. Parfois, je l’éteins. J’aime le silence.
La voix de Lilie
Finalement ce soir, je me rends compte que je suis plus que dans le mouvement. 52% des électeurs n’ont pas voté, mieux encore, je suis restée très jeune puisque 70% des moins de 35 ans ont préféré s’abstenir ou même carrément oublié qu’il y avait un vote.
Comme tu dis il y a toujours un peu de bon dans chaque situation, la tienne comme la mienne… Je fais contre bonne fortune bon cœur. J’aide ceux de mes collègues qui ont besoin de mes connaissances, je réfléchis avec eux à des solutions. C’est comme un jeu vidéo perpetuel, besoin exprimé, solution à trouver. Le jeu est un peu long avec beaucoup d’épisodes et des méchants armés qui contrecarrent ton avancée ! Mais j’arrive au bout du jeu. Le prochain sera plus facile. Quelques fois je me demande si ça ne va pas me manquer de faire travailler mes méninges pour etudier un problème et conduire un projet. Il faudra que je trouve comment continuer ce type d’activité, sans trop d’engagement tout de même.
Ma fin de carrière tient enfin sur une feuille excel, 9 mois, le temps d’une grossesse. J’ai initié la liste de mes envies et la liste des choses à faire. Elles se remplissent l’une comme l’autre.
Comme toi, lorsque je suis seule, j’éteins la télévision, et même la radio, et je savoure le silence. En général, je lis, quelques fois je sors jardiner un peu ou prendre un café tranquille. J’aime ces plages de solitude parce qu’elles ne durent pas. Je ne suis pas prête pour vivre entièrement seule, l’est on jamais ? Ma mère ne s’y habitue pas après 20 ans…
J’espère que tu vas poster ces croquis que vius avez fait aujourd’hui et pourquoi pas ce collage dont tu ne parles plus depuis quelques jours ! Tu es l’artiste de ce blog, on attend beaucoup de toi ! Et puis l’éventail, ça me parle avec cette chaleur !