Acte 4. Un vétérinaire de Nyons plus humain que l’autre a reçu la brebis malade. Il est écœuré du comportement des autres vétérinaires qui n’ont même pas proposé une ordonnance d’antibiotique ou d’antiseptique. Hélas, la plaie est trop importante, possible qu’elle ne puisse plus s’alimenter. Il ne peut rien faire d’autre que d’abréger ses souffrances en la piquant. Il ne veut même pas être payé car il n’a pas pu soigner.
Fin de l’histoire.
Épilogue. Je n’arrive pas à m’en remettre. Je ne sais pas pourquoi. Cet être qui vivait au calme, sans stress, qui exceptionnellement n’était pas voué à la boucherie, qui avait la vie devant elle, paf le destin la frappe. Bref, je dois vraiment avoir un problème..je me créé mon désespoir de toute pièce .. C’est crétin de penser à ça. Vraiment quelle débile. Estime toi heureuse de ton sort et passe à autre chose.
Autre chose c’est ce soir, le corso de lavande à Valréas. Un monde fou. Attablés tout le long du parcours à manger des tacos, pizza ou hamburger, frittes. Heureusement nous avions trouvé un bar à vin à l’écart pour diner ! Dans l’enfilade, le long de la rue, une fête forraine. Churros, gauffres, barbapapa, et toujours frittes. Nous remontons le tout dans un sens puis dans l’autre pour trouver un endroit sympathique pour regarder le défilé des chars.
Au départ, un tracteur pulvérise en musique une brume de lavande. Outre que ça raffraichit, il fait encore plus de 30 degrés, ça embaume l’atmosphère. Ensuite, chaque char étant tiré par un tracteur, l’odeur de l’essence remplacera rapidement celle de la lavande ! Le corso déroule une dizaine de chars sur le thème des comedies musicales, entrecoupé de fanfares, de danseurs, de majorettes. Cats, le roi lion, le petit prince, la belle et la bête, Mary poppins, Saturday night fever, dracula, tous magnifiquement décorés de fleurs en papier de toutes les couleurs. Le défilé se termine par la reine du corso 2022, Miss corso autrement dit ! Une belle ambiance de carnaval.
Voilà comme tu dis Graine, de quoi occuper son esprit et son temps. Ne pas penser.
Parmi les bénévoles qui s’affairent à cadencer les départs des chars, une dame dynamique de 81 ans. Elle ne les fait pas, loin de là. Habillée d’un tee shirt de l’équipe organisatrice et d’un leggings, plaisantant avec les autres, elle n’y pense pas (sauf qu’elle en parle un peu quand même !). Voilà la seule porte de sortie: continuer à faire partie de la vie, tant qu’on le peut physiquement.
Ce mauvais temps va passer, comme les autres. Il est plus long, mais il passera. Et sinon, il faudra s’adapter. Comme chaque fois… Moins ça, moins ça, moins ça…On avance, comme disait mon père, sur une pente savonneuse !
La voix de Graine
Ton corso de lavande est magnifique, Lilie, ç’est une idée à retenir pour des prochains étés, de prochaines vacances dans le sud….
Pour ta petite brebis, en relisant ton blog il y a deux jours, son arrêt de mort était déjà signé, vous avez tout essayé mais la laisser souffrir parce que ne pouvant pas s’alimenter n’était pas la bonne solution. La petite brebis est au paradis des brebis. A l’exception de cet épisode malheureux et douloureux, ta petite brebis a eu une courte mais belle vie de brebis choyée et gâtée. D’autres connaissent la même fin, en pire sans doute si on en croit les reportages sur les abattoirs avec une vie bien plus rude. Je comprends que tu en sois toute retournée. Je pense qu’il en est de même pour ta cousine. Ta brebis a bien vécu de son vivant et maintenant, elle n’est plus là, ni pour vivre, ni pour souffrir. Point final. Pour être heureuses, vivons au présent, Lilie! Suivre le mouvement, en espérant se laisser entraîner par la vie, et par les projets des autres, en attendant que nos propres projets émergent. Pour l’instant, comme moi, tu as un coup de mou.
Je pense qu’il faut savoir accepter nos coups de mous. De toute manière, nous n’avons pas le choix. Très bientôt, les graines vont te remettre en selle!
L’été chaud continue sa route. Ici, depuis vendredi, c’est la fête de l’ail. Nous y allons bien sûr. Le midi, il y a moins de monde que d’habitude, sans doute à cause de la chaleur. Nous mangeons notre soupe à l’ail offerte par le Comité des fêtes. Le kir est offert aussi. Nous allons glaner ça et là dans les stands de quoi compléter notre repas. Mon mari opte pour les escargots et moi pour la truffade avec salade. Comme chez toi, Lilie, beaucoup de frites et/ou de pommes de terre sous toutes les formes. Ce n’est pas ce qu’on peut appeler une nourriture équilibrée. Sans que nous l’attendions vraiment, ma copine nous rejoint et passons la journée ensemble, à l’ombre bien sûr, en recherchant sur les sites des maisons dans le sud…
J’ai envie de bouger tout de même. Cela fait deux jours que je ne fais plus ren, ni vélo d’appartement, ni marche, pour reposer mes jambes. J’en ai ras le bol. Le samedi, nous allons marcher dans la montagne noire le long de la rigole de la montagne qui alimente le canal du midi. C’est fascinant cette histoire du canal du midi avec ses lacs et ses rigoles pour l’alimenter. C’est Riquet qui en a eu l’iniative. Il fait frais et les chemins sont très faciles. Après le pique-nique, je fais mes 8 km le long de la rigole. Je suis satisfaite. Le soir, les jambes font mal et j’ai du mal à marcher, mais au moins, je sais pourquoi. La soirée se termine avec des amis à manger de la charcuterie, des frites et du fromage, en musique bien sûr. C’est la clôture de la fête de l’ail 2022.
Hier matin j’avais 10 ans. Trop réfléchie déjà. Je me disais, demain matin je vais me réveiller, j’aurai 60 ans. La journée est passée. Ce matin j’ai 60 ans. Je ne réalise pas encore. Mon âme, mon corps ne peuvent pas avoir un tel âge. Il serait facile de dire comme beaucoup le font, moi l’âge, ça m’est égal, je n’y pense pas. Moi j’y pense. Au temps qui s’amenuise, aux jours qui défilent sans pouvoir les arrêter, sans même se rendre compte qu’ils sont déjà passés, aux douleurs qui arrivent, que je refuse.
Le temps est maussade, comme mon humeur. Il pleut, le ciel est bas, sans lumière.
C’est dit. Ce jour là n’est pas à fêter.
Mon mari l’entend différemment. Il m’emmène, la veille, passer la soirée et la nuit dans un bel hôtel spa. Pour créer un joli souvenir. Passer le cap en douceur, dans l’eau chaude et les bulles. Il sait que j’aime ça. Quelle jolie attention. Pas loin de chez nous et pourtant une impression d’être partis en week-end.
Le lendemain, après un bon petit déjeuner et une séance de piscine, nous rentrons à la maison. Les enfants ont préparé le repas. Que je crois.
A la maison, surprise. Tous mes amis les plus proches sont là. Toutes les Graines, quelles cachottières, je les au vues vendredi dernier et pas une n’a gaffé, bravo. Ma soeur venue de loin, mes amis, mes enfants, mes petits enfants. Alors cette journée que je craignais s’est changée en fête, musique, chaleur, amour. Tellement d’amour autour de moi. Oui, je ne suis plus seule. Cette journée restera belle dans mon cœur. Merci mille fois mon mari d’avoir tout organisé et d’être toujours à mes côtés, merci les Graines d’être toujours là pour moi.
Voilà, Graine, j’ai mis un peu de temps pour venir relier ma voix à la tienne. Ces derniers mois ont été difficiles et les larmes me montent trop facilement aux yeux en ce moment. En plus, j’avais cassé le site…. Cette journée précieuse, votre présence, vont m’aider à remonter la pente, je l’espère, je le souhaite.
Ta voix ne fait plus écho à la mienne, Lilie, ta voix, nos échanges me manquent.
Les voisins font la fête: pendaison de crémaillère, les murs résonnent. Cela fait drôle après un mois passé dans des endroits déserts.
Paris, j’ai retrouvé Paris, j’ai retrouvé la ville. Hier soir, quand je suis rentrée après avoir été m’occuper de petit fils, j’ai croisé une queue de personnes qui faisait plus de 200 mètres. La réalité confirma mon intuition. La queue était devant un lieu de distribution d’aide alimentaire. « DURABLE » était qualifié le lieu. Je ne sais pas trop ce que signifie « durable » pour un tel lieu. Vu la longueur de la queue, on peut penser que c’est ce qu’il y a de mieux. Les gens dans la queue ressemblaient à des gens ordinaires, beaucoup de gens assez jeunes.
Je ne suis pas allée rejoindre les graines aujourd’hui. Trop de choses à faire et surtout je ne voulais pas rater ma visite à la maison des handicapés.
Cet après-midi, avec les handicapés, nous avons chanté: Claude François, Joe Dassin…Ils étaient contents. Après, j’ai participé à la création de leur nouveau tableau d’affichage des dates anniversaires.Le personnel est débordé. Il y a des absences pour des raisons médicales. Odile, ma copine n’était pas là. Elle était sortie pour aller voir sa Maman. Je l’ai aperçue quand je repartais. Elle fait une dépression saisonnière.
Ma petite fille dort à la maison ce soir, comme les deux derniers soirs.
Je reprends peu à peu mon quotidien parisien: Mamie en garde des petits, bénévole. Hier, pour dépanner ma belle-fille, j’ai laissé tomber mon cours d’arts plastiques. Mais j’ai bien précisé que c’était une exception.
Me voici à peine rentrée que déjà le quotidien me happe à nouveau. Lessive, administratif, marché, aller chercher la petite à l’école, préparer le repas, courir au théâtre, repartir garder le petit..
Mon mari m’a accueillie hier soir à mon retour très chaleureusement. Il avait préparé un bon repas: soupe et quiche. Il restait du vin du week-end. Je me suis posée. Je me suis régalée. Je suis heureuse d’être rentrée chez moi.
il y a quelques jours, je quittais le chemin. En début d’après-midi, j’ai quitté l’espagne. Et me voici à présent dans le TGV en route vers Paris. La parenthèse ouverte se referme. Je vais reprendre ma vie, jusqu’à ce que j’éprouve à nouveau ce besoin impérieux d’ouvrir une nouvelle parenthèse.
Qu’elle m’a fait du bien cette escapade! L’arrivée à Séville, le départ sur le chemin, le soleil, la chaleur, les rencontres, les ampoules, la recherche des hébergements, la solitude, les départs de nuit, la bière fraîche, le vide, la nature, la meseta, la pluie, le vin blanc, les nuits courtes …Et enfin Salamanque, la pension tout près du centre, les visites, la lessive, les pinchos. la journée de bus pour rejoindre San Sebastian, les retrouvailles avec ma copine du Camino del Norte, la visite de San Sebastian..Tout est passé si vite. Le train roule et me ramène à Paris, près de ma famille et de mes proches, mon mari, mes petits, mes copines. Je suis contente de rentrer, mais dans le fond de mon cœur, je garde comme un trésor rare ces moments précieux de vie, allégés des soucis du quotidiens, centrés sur la marche et sur la satisfaction des besoins essentiels: manger, boire, dormir, échanger, ressentir.
Dans le train entre San Sebastian et Hendaye, une espagnole, Karina, entame la conversation. Elle me rassure sur le trajet, je lui parle du chemin. Elle me dit plus tard, je travaille je lui dis maintenant, par petits bouts, je lui montre des photos.
A la sortie du train, à Hendaye, je fois montrer mon passe sanitaire. Je l’avais oublié celui-là. Ça n’existe pas en Espagne…
À Salamanque, j’ai acheté quelques cartes postales, que je n’ai pas envoyées.
Les sentiments qui me traversent s’imbriquent les uns dans dans les autres, quand ils ne s’opposent pas: la joie de rentrer teintée d’une légère tristesse à l’idée de fermer la parenthèse. Sur le chemin, les relations sont simples et vraies. Nous avons peu. Nous partageons ce que nous avons. Nous sommes uniquement des pélerins, tous à la même enseigne. Le statut social, l’âge, la condition physique, le sexe n’ont guère d’importance. Nous partageons le même objectif, celui d’avancer d’étape en étape, en ménageant nos forces et en subvenant à nos besoins essentiels. Nous avons tous le sentiment d’appartenir à une même famille. Et Dieu dans tout ça? A l’exception d’un couple italien hyper catho et hyper rigide, la religion a été peu présente sur mon chemin cette année. Au départ je me suis mise sous la protection de Dieu, à ma manière, et j’ai fait tamponner ma crédencial dans des hauts lieux religieux…Je n’ai pas vu plus de dévotion chez mes compagnons de route. A l’inscription dans une auberge, une hospitalière nous a demandé quelle était notre motivation pour faire le chemin. Mes deux compagnons ont indiqué « tourisme » pour l’un, « culturel » pour l’autre. Pour ma part, j’ai indiqué « spirituel ». Indiquer un autre motif me paraît du déni. Il y a tout de même des moyens plus efficaces et plus confortables pour visiter et s’enrichir culturellement parlant!
Un dimanche en Espagne, loin des miens. Je passe l’après-midi à faire la sieste. Je commence à ressentir la fatigue de la marche quotidienne, la lassitude des chemins qui se ressemblent, du sac qu’il faut à nouveau remettre sur le dos après une nuit médiocre dans un hébergement chaque jour différent. J’ai eu les miens au téléphone et sur whatsapp. Mon fils et son petit, ma fille et sa petite et mon mari bien sûr. Les petits me réclament. Ils me manquent. Je peine à échanger avec mes grands. Que se dire. Mon quotidien ici est tellement différent de ce que je vis à Paris, de la vie à Paris. Marcher, mais pourquoi?
Mon retour se profile. Réendosser mon rôle de mamie, d’épouse, de femme au foyer, c’est pour très bientôt. Prendre un peu l’air m’a fait un bien fou. Il faut savoir partir, mais il faut savoir revenir, en gardant cet air du large, cette légèreté nécessaire au pélerin, ce regard élargi sur le monde et sur la vie. Ici la légèreté vient du dénuement. Pour toute maison, nous avons notre sac sur le dos. Il y a peu. Et si tout le reste était superflu? Chaque jour, je lave mes vêtements pour les remettre le jour suivant. Ma trousse de toilette est quasiment vide et je m’en moque. Il me suffit d’avoir un.peu se savon pour me laver et laver mon linge.
Manger, dormir, marcher, regarder, échanger, rêver…des jours entiers centrés sur la satisfaction de ces besoins essentiels, un luxe dans nos quotidiens qui débordent, de biens de consommation, d’activités..
Ta voix me manque, Lilie. J’espère que tu profites bien de tes vacances. Nous partageons la chaleur et le soleil de l’Europe du sud. Il paraît qu’il a fait très chaud à Paris également.
Dans la chaleur de l’Andalousie, les nuits sont courtes et entrecoupées de veilles. J’ai le temps de penser. Je repasse ma journée de marche, nos échanges à l’étape ou sur le chemin. Il y a chez nous tous ce besoin de se dire, de se confronter à l’autre. L’une récemment à la retraite fait une formation de shiatsu. L’autre, notre doyen de 80 ans nous parle de ses petits-fils qui ont quasiment l’âge de nos enfants, de ces semi-conquêtes qu’il a eues lors de ses multiples précédents chemins. Est-il veuf? Pour l’instant, aucun mot sur le sujet. Quand il évoque sa femme, c’est dans un passé qui ne semble plus faire partie de son quotidien. Chacun dit et se tait, c’est selon. Nous parlons et nous écoutons. Nous nous écoutons avec bienveillance, malgré le barrage de la langue.
Hier après-midi, nous sommes allés à la piscine, la piscine du village. La caissière de la piscine était mal entendante, elle m’a demandé d’enlever mon masque pour pouvoir lire sur mes lèvres. C’était dimanche, il y avait ĺà les enfants, les familles…
Pendant ce temps, fille et petite fille étaient à Disney, mari, fils et petit fils partageaient le repas dominical, les graines continuaient leurs échanges à distance…
À l’entrée du village, un ouvrage en hommage aux femmes sculpté sur ses 4 côtés.
8 h 05 – je suis devant la porte d’embarquement. Au guichet d’enregistrement des bagages, l’employée me dit: « Je vous ai déjà vue la semaine dernière , je reconnais la coquille ». Non, la semaine dernière, je n’étais pas là, c’était une autre pèlerine. Mais, ça signifie que je ne serais pas seule sur ce chemin!
Ça y est, je suis partie. Je suis contente de partir. Mon sac fait 8,5 kg sans l’eau et les quelques bricoles que j’ai sur moi. La légèreté m’enivre. Nous nous encombrons de tant choses au quotidien alors que nous avons besoin de si peu. Ça marche pour le matériel, mais c’est vrai aussi pour le reste. Je pars faire une cure de désintoxication du trop plein. Dans les boutiques de l’aéroport, je me suis tout de même alourdie d’un stick solaire pour les zones sensibles.
Bon voyage, Lilie, profite bien de tes vacances à la mer. Partir ailleurs fait du bien. L’ethymologie de vacances met en avant le vide…
La voix de Lilie
Mettons nous en vacances, soyons vacantes. Vidons tous les tiroirs qui nous encombrent. Tu es partie aujourd’hui vers ton chemin, je change de blog moi aussi demain pour découvrir la Sardaigne toute une semaine. Contrairement à toi, ma valise est bien pleine, je ne sais plus trop m’alléger. Je l’ai fait dans une autre vie, lorsque ma valise tenait sur le flanc d’une moto. Maintenant, le luxe d’une grande valise me permet de me mettre à l’aise. Demain je verrai enfin la mer. La mienne, celle de mon enfance, la méditerranée. En attendant je m’affaire à essayer de ne rien oublier. La dernière fois c’était le chargeur de ma brosse à dent, qu’est-ce que ce sera cette fois ci ?
Je n’ai rien préparé pour ce voyage, même pas idée de ce qu’il y a à voir. Juste acheté un guide et rempli la tonne de formulaire imposée par les mesures sanitaires. Je pars le cerveau vide. Étymologie comme tu dis.
Obligatoirement, la journée est courte et chargée.
Ce matin, je fais un créneau de travail de 3 heures à ma coop. Ça m’occupe la tête et les mains. Aujourd’hui, mon mari est resté à la maison, il télétravaille, ce qui nous permet de déjeuner ensemble.
Cet après-midi, j’ai rendez-vous chez mon dentiste qui consulte à côté de mon ancien travail, pas du tout à côté de chez moi. Curieux, j’arrive en retard, mais vu que je suis partie trop tard…Ma dent perdue a repris sa place. C’est magique.
Pendant la pause déjeuner, j’avais prévu de faire plein de choses…Je n’ai rien fait, j’avais besoin de me poser.
Je viens de recevoir un coup de fil du président de mon association jacquaire qui me souhaitait un beau chemin. Ça m’a touché.
Je ne vais pas te laisser, Lilie, de temps à autre, je viendrais continuer nos échanges. Je reprends le blog « les chemins dEloîse » pour partager sur le chemin. J’essaierais d’être plus réservée et discrète que je l’ai été en 2018, pour éviter de mauvaises interprétations.
Pour mon blog sur le chemin, mon public sera composé de ma petite fille, des handicapés que je visite le vendredi après-midi et bien sûr de tous mes proches qui s’intéressent à mon périple. Me fixer un public cible me permet de me centrer sur un objectif de lisibilité, de clarté et de niveau d’implication personnelle. Je vais essayer de me mettre à la portée de mon 1er public.
Ce soir, je dois vérifier mes papiers surtout. Pour le reste, je me débrouillerais. Je ne pars pas en plein désert.
La voix de Lilie
Te voilà sur le départ Graine. Le moment charnière, pas encore partie et déjà la tête sur le chemin. Je suivrai le blog et tes clins d’oeil peut-être ici de temps en temps.
Comme toi, un départ se profile. Quelques jours pour pêcher les derniers rayons d’été et surtout pour voir la mer. Je ne l’ai pas vue cette année, elle me manque. La mer m’apaise. Je peux rester le soir à écouter le bruit des vagues qui vont et viennent mourir sur la plage. Le doux bruit du sable, ou le roulement des galets. Seules vacances ailleurs de l’année.
En attendant, aujourd’hui c’était journée petite fille. Visite d’une ferme pédagogique le matin, jeux dans le jardin l’ après-midi. Petite fille nous mène par le bout du nez avec ses exigences et son sourire craquant.
J-2 par rapport à mon départ en Espagne. Le départ se profile, le sac est prêt. Le corps, la tête, tout s’apaise et se met en place après les frayeurs et les désordres qui m’ont perturbée ces dernières semaines. En préparation de mon vol pour l’Espagne, je suis en train de remplir un formulaire qui me questionne sur ma santé. Le compte à rebours a commencé.
Aujourd’hui, je garde ma petite fille une grande partie de la journée. Entre deux occupations, je fais un premier découpage de mon chemin en étapes, repère les hébergements ouverts et le mode de réservation, balaye les points d’intérêt majeur…C’est la première fois que je prépare autant. Habituellement, pour marcher sur le chemin en espagne, je ne prévois rien, ce n’est pas nécessaire, mais là, en temps de Covid…
Petite fille a préparé son cartable et sa trousse. Ma fille a tout marqué comme l’école le lui a demandé, y compris les crayons. Mes enfants se moquaient jadis de notre manie de tout marquer. Ce n’était pas une initiative personnelle, juste une recommandation de l’école que nous avions respectée, ce qui a permis à nos enfants de conserver leurs affaires….
Ce soir, nous allons dîner à la pizzeria qui réouvre aujourd’hui après les congés. Le soleil nous accompagne, même si la fraîcheur revient ce soir. Une bonne pizza, c’est toujours sympa.
Demain matin, j’ai un créneau de travail à ma coop. Demain après-midi, j’ai rendez-vous chez mon dentiste pour qu’il me remette une dent qui est partie…
La voix de Lilie
Une escapade ce midi pour aller déjeuner avec mon mari et une amie tout près de son travail, et tout loin du mien ! Voilà un avantage au télétravail. Pouvoir s’absenter entre midi et deux et repasser en mode privé.
Et puis travailler sa journée et prendre le temps de faire quelques courses et/ou préparer le repas du soir.
Le soir mes enfants viennent dîner avec leurs enfants. Pour la première fois, tous mes petits enfants sont réunis à la maison. Nous demarrons la soirée dehors tant que le temps le permet, puis une fois la fraîcheur du soir arrivée, nous rentrons dîner à l’intérieur. Les petits courent partout, s’amusent, rient, crient. Nous avions oublié pendant ces vacances ces ambiances bruyantes, le salon déménagé, les jouets partout. Le tout petit se repose malgré tout ce chari vari, puis le bruit le rattrape et il fatigue un peu. J’espère qu’il va arriver à bien redormir cette nuit. En attendant il nous regarde, en tout cas il essaie, avec ses petits yeux grands ouverts. Il est attendrissant.
Après leur départ, le silence revient. Qu’est-ce que ça fait du bien. Nous rangeons la maison. Salon détruit par les petits, cuisine ravagée par les grands. Il est temps d’aller se coucher.
Est-ce que l’hiver est de retour? À voir le ciel et l’état du sol quand j’ouvre la fenêtre pour aérer, on dirait bien! Je ne vais pas me plaindre, dans quelques jours, je risque d’avoir trop chaud…Ça va me faire du bien de prendre du rab de soleil.
Je me lève tôt ce matin. J’ai prévu une séance de yoga, respiration, méditation. Malgré ça, la journée est difficile, je me traîne un peu. Est-ce dû au jogging d’hier, à la météo, au traitement anti-démangeaisons, aux démangeaisons toujours d’actualité malgré une légère amélioration, je ne sais pas et quelle importance…
Je m’occupe de la petite aujourd’hui. Elle aussi est fatiguée et vite contrariée. Sur le Sudoku, elle m’écrit les chiffres à l’envers, mais pas moyen de la faire corriger. En bonne intelligence, nous faisons jour tranquille. Je ne lui demande pas grand chose et en échange, elle me laisse de grands moments de pause. Notre activité majeure est d’aller au square. Nous aurions pu aller à l’escalade, mais ce n’était pas son choix. Elle n’arrive pas à se suspendre aux anneaux. Ça ne lui plaît pas du tout.
Nous nous réconcilions en faisant la quiche. La cuisine, ça, c’est une valeur sûre!
La voix de Lilie
Reprise de la semaine. C’est toujours difficile de se remettre aux exercices imposés. Je traine. Je tente une séance cardio d’un niveau visiblement trop élevé pour moi. Je dois baisser le rythme, même m’arrêter à certains moments. Je n’arrive pas à me dire que je baisse, que je me dégrade et pourtant tout me le montre. Les douleurs ça et là, les rides, les taches sur la peau qui flétrit, la voix qui déraille, les mots qui fuient, la concentration aux oubliettes, la prise de poids, le moral en berne. Si l’intérieur est à l’image de l’extérieur, je crains le pire.
Après ce constat, difficile de se mettre au travail. Je picore des activités personnelles pendant les heures de travail, une pincée de ménage, une once de repassage.
Les tâches à faire s’amoncèlent dans mon bloc note. Pour les enfants, pour la maison, pour la succession de mon père. Tout est lourd, chronophage. Penser à tout. Jusqu’à s’oublier.
Pendant que tu recevras ton tout petit, Lilie, j’accueillerais ma fille pour lui fêter son anniversaire – 35 ans. Comme le temps passe! La famille est si présente dans notre vie. parents, enfants, petits-enfants, frères et soeurs, une grande partie de notre vie de femme leur est consacrée. Et je ne parle pas du mari, omniprésent!
Ce matin, jogging, cela fait un siècle que je n’ai pas couru. Nos déjeunons à trois, mon mari, moi et la petite tandis que ma fille profite des activités Wecandoo de son dernier anniversaire. Cet après-midi, elle fabrique un terrarium.
Après la sieste – indispensable parce que je suis vannée – je me mets à la préparation du repas anniversaire pour ma grande. Bien évidemment, cela me prend l’après-midi. Une fête d’anniversaire bien tranquille avec champagne et petits plats maison.
Ce soir, nous gardons la petite pour dormir. Je l’aurais demain également.
Plein de bonheur, Lilie, avec ton petit bout et ses parents.
La voix de Lilie
Un dimanche en famille pour moi aussi. 4 générations autour de la table, un chat, un chien. Je prépare un bon repas pour mon petit monde. Bb a 10 jours. Je le berce dans mes bras et je lui parle, de lui, qu’il va grandir, qu’il va apprendre à se servir de tout son corps, qu’on est tous là pour lui, pour faire en sorte qu’il soit bien, qu’on l’aime immensément. Il me regarde, il m’écoute. Il me décroche un sourire extraordinaire. Je fonds totalement. Ces petits sont incroyables pour nous retourner le cœur.
Je suis totalement habituée à son petit visage si particulier.
Dans l’après-midi on va faire une promenade autour de chez nous avec le landau. Bb dort profondément. On croise un ami de mon autre fils. Visiblement il sait car il félicite les parents mais il ne regarde pas trop dans le landau. Je me demande ce que pourraient dire des personnes qui ne seraient pas au courant.
Un samedi au radar aujourd’hui. J’ai très peu dormi la nuit dernière, à cause des démangeaisons bien sûr, mais aussi du café tardif avec vous, les copines. Ça me faisait plaisir de le boire avec vous, mais je n’aurais pas dû. J’ai profité de cette veille nocturne pour travailler sur mon blog du chemin.
Ce matin, une bonne nouvelle: mes démangeaisons ne viennent pas de punaises de lit, ni d’un autre parasite, la dermatologue me l’a affirmé. C’est un soulagement pour moi. Elle me donne un traitement pour calmer les démangeaisons sans me donner vraiment un diagnostic. Elle m’assure qu’elle n’est pas inquiète, que ça devrait passer rapidement. Moi qui m’était allégée au maximum, je vais devoir tout de même emmener quelques produits sur le chemin.
A 13 h, j’ai rendez-vous avec l’ostéopathe. Je mets le paquet pour partir en forme! Pour elle, c’est encore le foie qui ferait des siennes. Décidément! En fin de séance, elle me conseille de faire de la sophrologie pour mieux gérer mes émotions. Elle est un peu directe et rentre-dedans, mai j’aime bien cette ostéopathe. Elle a raison. Il faut que j’arrête de me mettre la rate au court bouillon dès que j’ai une contrariété ou que je sors de mon périmètre de confort!
L’après-midi, je fais la sieste sur la canapé. J’en ai bien besoin. En fin d’après-midi, avec mon mari, nous vidons et désinfectons nos placards de cuisines à la recherche de mites alimentaires que nous ne trouvons pas vraiment. Il me semble avoir vu une mite voler. Et également, deux larves sur le mur…Avec toutes ces histoires de parasites, je commence à devenir parano.
Ce soir un pad thaï au restaurant thaï d’à côté, histoire de mettre le nez dehors. Nous devons cependant manger dedans car il bruine légèrement. Nous avons eu de la chance hier soir d’avoir eu un temps acceptable.
La voix de Lilie
L’ordonnance pour Graine:
Special detox du foie à la provençale: le matin à jeun, un grand bol de tisane faite avec un brin de romarin (ou quelques feuilles sèches) dans un bol d’eau frémissante. Pendant 2 à 3 semaines.
Pour les mites alimentaires, une seule possibilité à ma connaissance, le papier pheromone collant. Ça m’est arrivé une fois, elles venaient de noix véreuses et s’étaient insinuées partout où elles avaient pu trouver un accès.
Un zeste d’amitié, un soupçon d’amour. A prendre à volonté.
Fin de l’ordonnance, début d’un nouveau chemin.
J’ai vu mon tout petit aujourd’hui, je m’habitue à son petit visage si particulier. Je capte son regard. Il suit le mien, peut-être mes lunettes qui brillent attirent son regard. Demain il viendra à la maison pour la première fois. Je suis tellement contente.
Une journée importante aujourd’hui, c’est l’anniversaire de ma fille. Importante aussi parce que ce soir, nous sortons entre copines, entre filles.
Après avoir souhaité son anniversaire à ma fille, sur la messagerie, je saisis mes textes d’hier soir, puis je me reconnecte à mon blog du chemin. Il n’est pas très fun. Je préfère le nôtre, même s’il est loin d’être parfait. Je reprends la main difficilement, tente une nouvelle mise en page. Il me reste bien peu de jours pour le rendre capable d’accueillir un nouveau chemin. Je vais voir ce que je peux faire…pourquoi je m’y mets si tard? Parce que jusqu’à il y a peu, je ne pensais pas écrire de blog spécifique. Échaudée par un retour d’expérience difficile en 2018, je ne voulais pas publier quoi que ce soit sur le chemin au-delà d’un cercle très restreint. Mais, il y a ma petite fille, mes amis les handicapés. Pour moi le chemin, c’est une expérience de vie solitaire, mais aussi une envie de partage.
Cet après-midi, je l’ai passé avec mes amis les handicapés, comme tous les vendredi. Je leur ai parlé du blog. Ça me plaît de partager avec eux.
Et ce soir les copines!
La voix de Lilie
Un départ, des retrouvailles, une journée haute en émotions.
Mon frère repart dans son île. Il est heureux là bas, plus qu’ici. Il est triste de nous quitter mais heureux de rentrer chez lui, ce chez lui qu’il a construit depuis 2 ans au bout du monde. Moi je suis seulement triste. La parenthèse dorée de cet été entre frère et sœurs dans notre maison d’enfance s’achève terminal 2E à roissy. Déjà fini. Le temps passe trop vite maintenant, à peine arrivé, déjà parti. A peine 50 ans, déjà 60….
Heureusement ce soir, presque toutes les graines se retrouvent pour passer la soirée. Les graines ont choisi un bar d’été, éphémère comme on dit aujourd’hui, dans le parc floral. Banquettes, chaises, chaises longues, baraques à tapas, sangria. Nous sommes ravies de nous retrouver et chacune raconte ses vacances, ses sorties, ses petits. Les joies, les bobos à l’âme, nous sommes à l’écoute les unes des autres. Que ça fait du bien de se retrouver.
Dans le parc, pas très loin du bar, un orchestre joue du jazz. Pour ne pas le perturber la musique s’écoute au casque que chacun peu mettre sur ses oreilles. Concept bizarre. Certains dansent sur la piste dans un silence absolu. Vers 22h, le concert de jazz se termine et commence la soirée musicale. Nous dansons un moment jusqu’à ce le rap nous ramène vers notre table où nous reprenons nos discussions jusqu’au moment de repartir et d’attraper un des deniers rer. Tiens, il y a longtemps que je ne l’avais pris.
Aujourd’hui j’ai enfin pu rencontrer mon dernier petit fils. Il est si petit. Sur les photos il paraissait trop grand, trop gros, comme un bébé de 6 mois. Là je vois un tout petit, comme je les aime, abandonné dans mes bras. De jolies petites oreilles, des mains fines avec de tous petits ongles au bout. Il est tranquille, ne pleure que quand il a faim. Il vient de si loin, d’un désir si fort et d’une aventure incroyable. Ses parents sont déjà fous de lui. Un troisième petit enfant pour moi, que je vais aimer infiniment comme les 2 premiers.
Dans son visage, sa bouche m’impressionne, je sais qu’il va bien et qu’il n’en souffre pas, mais c’est quand même impressionnant et ça me fait mal pour lui. La bouche est importante dans notre regard sur l’autre. Elle porte les sentiments, miroir de nos ressentis, elle dessine l’expression. Il n’aura pas le temps de souffrir du regard des autres et j’espère que mon fils et sa femme n’auront pas à souffrir non plus du regard des inconnus sur leur bébé différent.
Il nous faudra attendre 6 mois pour découvrir son vrai visage.
La voix de Graine
Aujourd’hui, le gris est revenu, ça faisait longtemps…
Ce matin, j’ai rendez-vous chez le médecin pour trouver une réponse à mes démangeaisons. La réponse ne me plaît pas. Le médecin soupçonne des puces de lit. Je sors sans aucun traitement. J’ai rendez-vous samedi matin avec un dermatologue pour confirmer le diagnostic. La réponse ne me plaît pas pour de multiples raisons. La première, c’est comment m’en débarasser si la maison en est infestée? Je dois prévenir le centre où je les aurais vraisemblablement attrapées. Mon mari, mes petits, est-ce que je ne les ai pas contaminés? Pour mon médecin, je les ai laissées là bas, les bébètes, mais, clairement, si le diagnostic est confirmé, je vais partir du principe que la maison est infestée et ma famille potentiellement impactée. Mieux vaut en rire et se retrousser les manches, même si ce n’est pas drôle, que faire d’autre?
Cet après-midi, j’ai rendez-vous pour mes papiers d’identité, à la mairie du XIième. Mes pré-demandes sont scannées. Renouveler mes deux pièces d’identité ne me prend pas plus de 15 minutes. Aucune resaisie n’est nécessaire. Ici, c’est Paris tout de même! J’ai une pensée pour toi, Lilie, qui a tant galéré pour tes papiers. Ce doit être la faute de l’Informatique…
A mon retour, nous avons la visite de la Mamie de notre petit fils, l’autre Mamie, celle du Mali. Elle vient récupérer des affaires qui étaient restées chez mon fils. Mon mari fait une pause dans son télétravail et nous partageons une bière avec quelques crackers bio. Nous papotons un moment. Elle est déçue de l’accueil fait par sa fille, la Maman du petit. Elle le vit mal. Je sais que c’est réciproque, ma belle-fille est remontée contre sa Maman qui ne s’occupe pas assez du petit à son sens. Inconsciemment ou consciemment, elle lui en veut de ne pas être plus présente. Mère et fille sont toutes les deux dans un moment difficile. Ma belle-fille est débordée, mon fils travaille tout le temps, la nuit surtout, et le jour, il dort. La charge mentale, la pression, la pandémie, le travail épisodique…Comme beaucoup de femmes avant elle, elle met en avant le soin et le bien être de son enfant au détriment de sa vie professionnelle. Une Maman qui devient Mamie avec des filles qui quittent une après l’autre le foyer – sur quatre, il n’en reste plus qu’une au Mali à présent – une fille qui assume seule son rôle de Maman et trouve lourde la charge de ce petit, adorable certes, mais combient accaparant, la distance entre l’une et l’autre, tous ces éléments ne facilitent pas la communication mère/fille. Le temps, je pense, permettra à l’une et l’autre de se repositionner, de prendre leurs marques, d’accepter, de réagir…
En fin d’après-midi, je fais mon yoga. Ma web-cam ne fonctionne pas. Je suis le cours sans visage et sans voix. Qu’importe, je fais mon activité physique.C’est plus que nécéssaire. Je suis nouée de partout.
Ce soir, après avoir gribouillé trois phrases sur le blog, je fais un atelier d’écriture avec ma copine qui occupe ma maison à la campagne .
Je suis tellement contente, Lilie, que tu aies pu serrer ton petit fils dans tes bras. Au vu de tout l’amour qui lui est donné à ce petit, je ne m’inquiète pas pour son futur. Quelques soient les difficultés à venir, il rayonnera, j’en suis sûre et se moquera bien du regard des autres.
Tu as raison, Lilie, la vie nous use et nous gnognote. Peut-être est-ce pour cela que je me sens de plus en plus en incapacité de faire les choses, parce qu’on nous en demande toujours plus. Et si encore, c’était pour nous faire avancer, pour nous donner du sens, mais non, c’est toujours sans intérêt – pour nous, du moins – et abscons.
Aujourd’hui, malgré une nuit exécrable, je m’active avec plaisir. Le soleil me fait du bien. Il me stimule. C’est un vraie belle journée de soleil, avec une belle lumière qui donnent envie de vivre.
Je commence par un message aux Graines, je fais la lessive, je reprends la préparation de mon sac, je passe au marché, fait un détour par l’appartement de ma fille pour y déposer un courrier….
Avant le déjeuner, je me fais une grande séance de yoga, respiration, méditation, qui me détend et me redonne de l’énergie. Je me questionne, « sachant quel bien ça me fait et combien j’en ai besoin pour juguler mon stress, pourquoi n’ai -je pas repris le yoga plus tôt »? Il y a des moments , c’est comme ça, on sait ce qu’on devrait faire, mais on ne le fait pas…
Préparer le repas du soir et aussi la ratatouille pour demain, l’après-midi passe aussi vite que le matin. Je n’ai pas épuisée ma « To do list ». Mais mon sac est quasiment fait. Il pèse 7,5 kg. Je suis fière de moi.
La voix de Lilie
J’ai peu dormi cette nuit, 5h tout au plus. Du coup, un café avalé avec mon fils, il part, je me recouche un peu sur le canapé. Difficile de démarrer. Toute la journée je m’éparpille, dans mes pensées, dans mes actions, dans mes idées. Il me semble qu’à force de passer du temps sur les écrans à swapper d’un sujet à l’autre, le cerveau finit par fonctionner de la même façon en automatique. J’essaie de lister tout ce que j’ai à faire, en même temps je reponds à un mail ou deux, je réfléchis aux repas à prévoir, aux courses, finalement je reviens à ma liste, et j’ai oublié ce que je veux écrire.
Cette semaine je passe mes après midi chez ma fille pour garder son chat en télétravaillant. C’est tranquille, on se retrouve toutes les deux, elle se love sur mon cahier pour bien montrer qu’elle prend la place et que je dois m’occuper d’elle. Elle ronronne, je me concentre sur l’écran, c’est apaisant. Bien plus qu’un flex office…
Bb est rentré ce soir chez lui avec ses parents. J’ai préparé un plat pour eux pour ce soir, mais j’ai compris qu’ils veulent rester seuls. Je passerai demain faire sa connaissance.
Aujourd’hui, je passe à nouveau la journée avec ma petite fille. C’est une grande à présent, 6 ans déjà. Elle est de plus en plus autonome. Elle joue et s’occupe toute seule. Elle se rend compte qu’elle va devoir faire seule de plus en plus. Alors de temps en temps, elle fait le bébé, une manière de réclamer l’attention. Je me souviens, quand ma fille a su lire, elle a continué à demander sa lecture du soir jusqu’à ce que son petit frère ait acquis une autonomie en lecture. Elle avait besoin de ce moment privilégié, de son moment à elle.
Le 2 septembre, jour de départ pour l’Espagne pour moi, ma petite fille rentrera au cours préparatoire, la grande école, pour apprendre à lire et à écrire.
La journée passe vite. Petit déjeuner, jeux au square, déjeuner…Dans l’après-midi, je dépose la petite chez son Papa qui squatte un appartement de copains pas très loin de chez nous. Nous sommes contents de nous retrouver seuls, ce soir, mon mari et moi, chez nous, pour nous occuper de nous.
Être parent, c’est se sentir mal quand nos enfants vont mal, se sentir mieux quand nos enfants vont mieux…Mais nous ne devons pas oublier de vivre pour nous. Sinon, qui le fera?
La voix de Lilie
S’occuper de nous, tu as raison. S’il nous reste un peu de temps. Grignoté par le travail, encore un peu pour moi, par les enfants – garder les petits, le chien, le chat, aller faire une course pour eux, s’inquiéter, se rassurer – et surtout grignoté par la société qui nous demande de faire- et souvent refaire- le travail des salariés qu’ils n’ont plus: remplir les formulaires, suivre les dossiers, payer, subir les erreurs de traitement. Que reste-t-il ? Une miette de lecture, un zeste d’écriture. Encore, sans vraiment se poser. Plus le temps passe plus il me semble court, une journée ne dure qu’un instant, le temps de s’éveiller il est l’heure de se coucher. Aujourd’hui qu’ai-je bien pu faire pour moi ? Un peu de sport et le moment d’une douche. Heureusement il y a le bonheur de faire pour les autres, un repas pris à deux, un gateau pour mon fils qui rentrera tard, un lit dans sa chambre d’enfant.
J’ecris assise sur une chaise, dans la cuisine pour charger mon téléphone en même temps. A mes pieds, mon chat qui ne me quitte jamais, allongée par terre car je suis comme toujours assise de travers et il n’y a plus de place sur la chaise; son ronronnement m’apaise. Dès que je regagnerai le canapé, elle viendra se lover sur mon ventre et quémander des caresses.
Après une nuit hachée menu – les démangeaisons me réveillent et me tiennent en éveil une partie de la nuit – je me lève tard, mon mari est déjà sur le pas de la porte, près à partir pour le boulot. Je déjeune calmement en tête à tête avec moi-même. Ma petite fille dort encore. Elle apparaît soudain dans la cuisine, la mine réjouie. C’est son anniversaire aujourd’hui. Je suis la première à le lui fêter. Je lui prépare son bol de lait aux céréales. Au petit-déjeuner, c’est ce qu’elle préfère.
Hier soir, nous avons lu un livre sur les châteaux forts. Ce matin, je lui propose une visite du château de Vincennes. Ce n’est pas loin. Cela fait un bail que j’ai envie de visiter le château de Vincennes et sa Sainte Chapelle, et pour le coup, à l’origine, c’est un château fort. C’est entendu, nous partons en visite cet après-midi. Ce matin, c’est quartier libre.
Nous mangeons de bonne heure, puis direction Vincennes. Nous nous inscrivons à une visite guidée. C’est un guide, tout de rose vêtu. Je découvre Charles V, Charles le Sage qui a été un artisan majeur du château de Vincennes. Le premier homme important de Vincennes est Louis IX ou St Louis, qui rendait la justice à Vincennes…La visite est passionnante. J’apprends beaucoup, mais en histoire, mes lacunes sont tellement importantes que je vais tout oublier. Le guide tient compte des enfants, montre des illustrations, explique… La petite s’intéresse et suit vaillamment. Cette escapade à Vincennes nous prend une grande partie de l’après-midi. La petite revient avec une couronne.
Nous rentrons rapidement. Nous avons le gâteau d’anniversaire à faire. Le papa de la petite nous rejoint et nous faisons le gâteau tous ensemble.
C’est ma fille qui nous reçoit pour l’anniversaire de sa fille. Elle met les petits plats dans les grands, fait son maximum. Entourée de ses parents et de ses grand-parents, la petite est heureuse. Elle rentre chez nous dans les bras de son Papa, qui se sauve à son tour. Nous avons laissé ma fille seule avec son chien. La petite dort chez nous ce soir. Son Papa ne pouvait pas la garder.
Je termine cette journée satisfaite. Ma peau irritable et irritée ne m’a pas empêchée d’offrir une belle journée d’anniversaire à ma petite fille. Je me suis aussi résolue à prendre rendez-vous chez le médecin. Je ne peux pas partir sur le chemin sans avoir un vrai diagnostic, et pourquoi pas un traitement.
La voix de Lilie
Bon anniversaire petite fille, la joie d’avoir un an de plus quand on est enfant, la joie de se savoir grandie. Bientôt la grande rentrée, c’est un bel âge. On garde déjà des souvenirs de cet âge là, ceux qui nous ont marqué en bien ou en mal. Une belle journée d’anniversaire, une belle visite de château, une couronne de reine. Notre rôle de leur offrir de beaux souvenirs. Une belle idée que cette visite, moi non plus je ne l’ai jamais faite, je garde l’idée pour dans un an ou 2.
La reprise du télétravail se fait en douceur. Le mois d’août est bien entamé, mais la plupart des salariés sont encore en congés. Dont une grande partie des responsables.
La journée est bien meilleure qu’hier, mon fils va mieux, il a retrouvé le moral, sont bébé se porte comme un charme. Un dernier examen, espérons demain, et ils pourront enfin rentrer. Du coup moi aussi je vais mieux, l’angoisse desserre son étreinte. Ce soir je dormirai mieux.
C’est très angoissant d’être en milieu hospitalier. A tout vérifier on finit par trouver des problèmes qui sans ça seraient passés inaperçus. Mes enfants ne sont pas allés en néonat, peut-être avaient ils des problèmes, personne n’en a rien su et tout le monde s’en est bien porté. Bien sûr c’est leur rôle de tout vérifier, donc il faut prendre son mal en patience.
Un dimanche sous le signe des petits-enfants. Nous avons petit-fils jusqu’au déjeuner et petite fille à partir de 17 h.
Entre les deux, nous déjeunons et nous faisons la pause.
Je me traîne. Je n’ai toujours pas résolu mes problèmes de démangeaisons. Je pense que j’ai rajouté une allergie au problème initial. Comment un problème mineur peut entraîner un mal être et une gêne à ce point, c’est difficile à concevoir. Mais c’est un fait. Cela me pourrit le jour et la nuit.
Petif fils est câlin et mignon. Je fais la grasse matinée avec lui jusqu’à 9 h 30. Je n’ai pas le courage de le sortir au square. Nous restons jouer à l’intérieur. Et comme ses parents ne sont toujours pas là en fin de matinée, je lui prépare le repas de midi. Je me remémore nos départs en vacances avec les deux petits. C’était le bon temps, nous étions jeunes et plein d’entrain, mais quel boulot pour réussir à lever le camp, tout préparer, laisser la maison propre.
Ma petite fille était avec son Papa aujourd’hui, elle réclamait sa Mamie. Demain, c’est son anniversaire. Six ans, déjà. C’est avec moi qu’elle veut faire son gâteau d’anniversaire. Par contre, c’est ma fille qui fera le repas. J’ai besoin de me ménager.
Je n’aime pas ces jours où je manque d’entrain. Avoir mes petits enfants m’oblige à m’activer malgré tout, mais c’est dur! Ce soir, c’est la pleine lune, pour de vrai cette fois. Je voudrais bien qu’elle m’amène un peu de répit rapport à mes bobos.
La voix de Lilie
Je nous trouve tristes chacune. Mal à avancer. Qu’est-ce qui nous ronge ? Qu’est-ce qui nous manque ? Un petit coup de fil nous fait du bien.
Je m’inquiète. Je ne suis pas sereine. Tellement de tristesse cette année. Comme le temps, la vie est grise. J’attends mon fils, j’ai besoin de le sentir près de moi pour lui redonner confiance. C’est dur de ne pas pouvoir les accompagner dans cette naissance. Dur de l’écouter de loin, dur d’attendre des nouvelles, dur de détecter son ressenti dans ses messages. Dur de le sentir angoissé sans pouvoir rien faire.
Aujourd’hui, c’est un samedi de chassé-croisé entre nos enfants. Ma fille rentre avec sa petite en fin d’après-midi. Mon fils part demain matin. Ce midi, nous déjeunons avec mon fils et sa famille. Puis mon fils part travailler tandis que ma belle-fille prépare les valises. Tu devines facilement, Lilie, qui garde le petit. Mon fils viendra le récupérer demain matin au moment de partir. Je suis contente de l’avoir. Il va me manquer ce petit. Je ne vais pas le revoir avant mon retour du chemin.
Après le déjeuner, nous partons en balade avec la poussette, histoire que le petit fasse sa sieste. Et mon mari a repéré un jean qu’il veut acheter. Le petit se réveille sur notre trajet de retour, une fois l’achat effectué. Nous faisons la pause goûter Place des Vosges. Les parisiens sont rentrés. Les rues sont à nouveau animées et remplies de monde. La semaine prochaine, ce sera pire.
Une fois le goûter pris, je me dépêche de rentrer. Je dois acheter des glaces et préparer le repas.
Quand j’arrive, les filles sont déjà au pied de l’immeuble. Mon.mari ne tarde pas. Les cousins sont contents de se retrouver.
Le jeu, le repas, le bain entre cousins, la phase de préparation au sommeil…La routine. Je ne suis pas contre un endormissement rapide. La nuit dernière, j’ai passé une mauvaise nuit. J’espère que les produits vendus par la pharmacienne en traitement des mycoses vont améliorer la prochaine.
La voix de Lilie
Ce matin le soleil fait une petite apparition qui me permet de garder le moral. Je fais une seance de stretch, la première depuis un mois. L’idée est de se reprendre en main avant mon départ en Sardaigne dans 15 jours. Alimentation, boisson, sport. Vaste programme.
Je prends mon café dehors puis je me mets au jardinage pendant que mon mari tond la pelouse. Rattraper un mois d’absence. Je taille les rosiers, désherbe dans mes plantations, traite le buis qui s’est encore fait attaqué par les chenilles. La clématite fait grise mine, je ne sais pas si je la sauverai.
L’après-midi on s’occupe du chat de notre fille en vacances. Et le soir, dîner chez ma belle mère.
Bb va bien, mon fils envoi des photos et nous faisons même notre première vidéo. C’est émouvant de le voir bouger, je languis de pouvoir le toucher.
Je passe le détail des lessives, rangement de valise, brossage de mon chat. Cette première journée de retour très occupée et en même temps l’euphorie des vacances ensoleillées qui retombe. Je repars dans 15 jours, je dois supporter le gris jusque là, et qui sait peut-être fera t il beau.
Au réveil les nouvelles sont bonnes, Bb a bien dormi et n’a plus de tuyaux branché. Il s’alimente seul, petite dose par petites doses. Ça fait du bien après la journée d’angoisse que nous avons vécu hier. Les parents peuvent commencer à profiter du bonheur de cette naissance. Mon fils a envoyé des photos. En cette période covid, voilà notre seul lien avec notre petit fils. Pour les autres naissance, nous nous étions tous précipités à la maternité, là il faut attendre leur sortie pour le voir et le prendre dans nos bras. Une naissance, ça va, mais pour le reste quelle période inhumaine. Les malades, les mourants se retrouvent abandonnés à leur sort dans les hôpitaux avec très peu ou pas de visites. Comment accélérer la guérison dans ces conditions où l’on rajoute la, souffrance morale à la souffrance physique.
Après une bonne heure de détente dans le spa, départ pour la maison. Je profite du trajet pour appeler amies, famille, et prendre des nouvelles des uns et des autres. Le trajet passe plus vite ainsi. Mon fils envoie des photos et des discussions démarrent sur whatsapp.
A notre arrivée, je fonce dans le jardin où mes plantations du printemps ont disparues sous les hautes herbes. En attendant que mon fils finisse le ménage de son mois de célibat, j’arrache les herbes pour retrouver mes fleurs. Certaines ont bien pris, d’autres ont disparu. Le mauvais temps et le manque d’entretien ont abîmé beaucoup de plantes. Je suis triste pour elles. En même temps ici, je veux dire chez moi, rien ne pousse ou presque. Un mois de vacances et tout est moitié mort. La vigne si belle l’an dernier est jaunâtre, les raisins atrophiés, le buis mangé par les chenilles, la clématite mourante, les boutures de rosiers mangées par les bêtes. Dedans, le manque d’eau a eu raison de quelques boutures. Bref. J’arrive à peine et ça me dégoute. Pourtant il fait beau, ce qui est déjà très bien.
Je m’occupe de mon chat qui a également souffert d’un manque d’entretien… Elle est heureuse de me voir, me fait plein de calin. Je la brosse et lui coupe toutes les bourres de poils qu’elle a sur le dos. Ça fait un trou mais que faire, c’est inextricable. Elle a des boutons d’allergies, je lui remets du produit à puce. Je verrai demain pour traiter mieux. Je vais la laisser tranquille pour ce soir.
Nous partons ensuite pour aller embrasser notre fils en bas de la clinique. Nous discutons un moment des 2 journées intenses qu’ils viennent de vivre. Puis nous repartons en passant par la pizzeria du quartier pour manger un morceau avant de rentrer.
Je refais le lit, une machine tourne, je fais les comptes et je termine ma journée en regardant un reportage sur le groupe Queen. C’est la première fois depuis 5 semaines que je regarde la télévision. Je vais continuer à faire à minima. Sans actualités, moins de stress, moins d’angoisse. Vivre à son rythme, en accord avec soi même, sans faire de mal à personne.
La voix de Graine
Bébé est né. Il va bien et il s’alimente bien. Qu’y a t’il de plus important? La vie est belle, Lilie. Assurément, ton absence a nui à la bonne santé de ta maison, de ton jardin, de ton chat. Mais comment faire? Tu as été absente longtemps, tu ne pouvais pas être à deux endroits à la fois. J’imagine que tu espérais mieux du gardien des lieux…
Quand je retrouve ma maison à la campagne, j’ai souvent des mauvaises surprises. Sans aucun doute, un lieu de vie a besoin de présence, de soin et d’amour, tout comme nous, mais nous sommes bien obligés d’établir des priorités…
Ce vendredi, je démarre par le ménage, je termine le nettoyage de mes vitres et enfin je sors faire quelques courses en préparation de mon départ et aussi quelques courses alimentaires.
Cet après-midi, je vais passer un moment dans ma résidence d’handicapés. Ici aussi, ça sent les vacances. La télévision est allumée, les activités sont a minima. Pas de sortie prévue, nous sommes trop peu nombreux. Je montre des photos de mes petits et de mes vacances. Eux me montrent des photos de leur sortie à Thoiry. Une employée prépare la valise d’un résident. Certains d’entre eux ont la chance de partir en vacances, mais c’est loin d’être le cas de tous.
Une nouvelle résidente est arrivée. Elle remplace un résident qui est parti dans un autre établissement du même groupe. La nouvelle résidente est jeune, bien plus jeune que la majorité des résidents du centre. Elle a de beaux yeux clairs et une mine enjouée. Plus mobile, plus autonome, elle amène un coup de jeune au groupe. Ma résidente favorite n’est pas là. Elle est allée voir sa Maman atteinte d’Alzeihmer à la maison de retraite.
Nous jouons au ballon, sortons sur la terrasse profiter du soleil. Je tente une lecture, mais ça ne prend pas vraiment…
Ce soir nous sommes invités chez ma copine. Elle et son mari vont partir dimanche ou lundi pour le tarn où ils vont habiter chez nous à la campagne. Notre maison est une vieille maison avec des installations qui ne sont pas sécures. Je ne suis qu’à moitié rassurée, mais je suis contente que la maison puisse accueillir des occupants. Une maison, c’est fait pour ça. Ce n’est pas fait pour rester vide.
Quand nous rentrons de notre soirée, la lune, pleine nous accompagne tout au long du parcours. Je réalise avec plaisir qu’aujourd’hui, j’ai fait tous mes trajets à vélo. Ma tendinite de De Quervain n’est plus qu’un mauvais souvenir. Quelle chance! Par contre, j’ai attrapé un « je ne sais quoi » qui me fait me gratter. C’est insupportable et ça commence à durer. Pourquoi faut-il qu’il y ait toujours un grain de sable qui nous pourrit le quotidien!
Pour changer, aujourd’hui, le ciel est gris…Rassures-toi Lilie, un week-end ensoleillé, incluant le vendredi, s’annonce. Le soleil sera là pour accueillir ton petit qui va bien finir par arriver!
Aujourd’hui, je garde mon petit-fils. Ma belle-fille me l’amène un peu avant midi. En prévision, j’ai préparé le repas à l’avance pour être entièrement disponible pour lui. Mon mari est là aussi, il télétravaille. S’occuper de petit-fils, c’est du plein temps. Il déménage. Sa première activité est de rapatrier au salon ses jouets favoris: le camion, la machine à laver, le cheval à bascule qu’il appelle le bateau, le chariot pousseur. Il connaît bien la maison, il a ses repères. Il dit au revoir à sa mère déjà tout occupé à jouer.
Nous passons à table. Il ne mange guère. Mais le bidon a déjà l’air bien replet. Ce n’est pas la peine de s’inquiéter. Le petit déjeuner a dû être tardif ou copieux ou les deux à la fois. Dans sa chambre, il veut aller dans son lit, il adore. Sauf que c’est juste pour jouer à dire coucou, à se cacher. J’espère toujours qu’il va s’endormir d’un coup, mais ce n’est pas son genre. Après le lit, nous nous mettons au dessin. Je scotche sur le parquet une grande feuille (format raisin) récupérée de mes premiers travaux à l’atelier Martenot – du recyclage utile. Mon petit choisit ses couleurs, trace des traits, fait des cercles, fait des points. C’est étonnant de le voir faire. Ça dure un temps, puis il faut passer à autre chose. Je vois bien qu’il est fatigué. Je lui propose la poussette et la balade. Il n’est pas long à s’endormir. Comme il ne fait pas chaud, je le couvre et je le laisse dormir au square. Quand le square commence à se remplir d’enfants qui ont fini leur sieste, je rentre pour qu’il continue à dormir. Raté, il se réveille sitôt la porte de l’appartement franchie.
Nous prenons le goûter, petit-fils n’est toujours pas affamé, puis nous repartons au square pour jouer cette fois-ci. Depuis quinze jours, il a pris de l’assurance. Il gère très bien le tobbogan à présent. Il se tient pour monter, prend le temps de s’asseoir avant de glisser. Il avise une petite fille qu’il croit reconnaître, l’appelle, lui touche les cheveux, tente de lui faire un câlin.. Il n’arrête pas. J’ai du mal à dialoguer avec ma fille au téléphone et à le surveiller en même temps. Heureusement, mon mari a fini sa journée. Il vient me seconder.
C’est déjà la soirée. Le soleil arrive enfin, il est temps! Le président de mon association jacquaire m’appelle. Ce matin, je suis rentrée en conversation avec une journaliste du pélerin qui organise des conférences sur le chemin de St Jacques, en relation avec notre association. Je me suis portée volontaire pour participer à une table ronde sur le sujet « comment raconter son chemin ». Elle cherchait un bloggueur.
La voix de Lilie
Les valises sont bouclées, ne rien oublier des papiers pour traiter de loin, un regard sur la maison. Je suis triste de partir. Heureusement je vais retrouver mes enfants et ce tout petit qui va arriver.
Première étape de la route à Lyon dans un hôtel avec spa extérieur où l’on a nos habitudes. Cela fait quelques années que nous l’avons découvert et noys adorons nous y arrêter. Une bonne baignade dans les vasques extérieures avant d’aller dîner en ville. Ce soir ce sera la brasserie Georges. Tres vieille institution créée par un alsacien brasseur de bière. Bière et choucroutes pour ceux qui aiment et pour les autres, dont moi, toutes les spécialités lyonnaises et quelques classique de brasserie. Le restaurant est très vaste, très haut de plafond, ambiance Chartier. On y mange bien. Après le repas on serait bien allé promener mais nous sommes inquiet sans nouvelle de notre fils depuis 2 heures.
Nous rentrons à l’hôtel.
Petit fils numéro 3 est né ce soir. Il va bien mais il a besoin de soin en néonat. Nous avons finalement notre fils en fin de soirée pour nous rassurer.
Chaque soir elle grossit, chaque soir je la regarde traverser la fenêtre. Elle met moins d’une heure à passer d’un côté à l’autre. Je ne pensais pas qu’elle voyageait ausdi vite. Ici on peut dormir fenêtre grande ouverte et j’adore cette sensation de respirer dehors lorsque je m’endors. C’est le dernier soir où je peux en profiter, demain nous repartons vers le nord avec une escale à Lyon. Je connais l’hôtel, on ne dort pas le nez au vent.
Le mistral s’est levé depuis 2 jours, et aujourd’hui il est particulièrement fort. La piscine à perdu 5 degrés et personne n’a envie de s’y baigner, les cigales ont arrêté de chanter. On sent que l’été fait une pause et qu’il est temps de rentrer. J’angoisse un peu de laisser la maison car elle a toujours été habitée, puis je pense à ta maison Graine, et je me rassure en sachant que tu la retrouves toujours en bon état. Mon neveu n’est pas loin, ma sœur pas trop non plus. Ainsi va la vie. Son créateur, son père, mon père est parti.
Ce midi nous avons déjeuné mon frère, mon mari, ma mère et moi dans une brasserie de la ville. Puis nous sommes allés prendre le café à la maison. C’est la première fois que ma mère y revient depuis son déménagement il y a 20 ans. C’est émouvant pour elle de revoir ces lieux, de découvrir des endroits qui n’ont pas changé, d’autres aménagés différemment, du mobilier inconnu. Nous ne voulions pas repartir avant de l’avoir amenée.
Ce soir, dernier repas chez ma cousine avec son fils et sa femme, mon frère, mon neveu, mon mari. Une belle brochette familiale pour une plancha party. Le temps s’écoule vite. Je sais qu’il faut rentrer. Je n’ai juste pas envie.
Côté bb, les choses bougent un peu. Ils ont intégré la maternité suite à la perte des eaux. Mais toujours aucune contraction 2 jours après le terme.
Le temps de cet article, la lune est à mi parcours de la fenêtre. Il me reste encore du temps pour l’admirer.
La voix de Graine
Ce matin, je me lève sur un jour gris, une journée vide. Des choses à faire, j’en ai plein, mais il n’est pas question de remplir la journée de choses insignifiantes et sans intérêt. Mon moral n’y survivrait pas. Je sors pour m’aérer, j’achète le pain. Je me fixe comme objectif de ma journée de préparer mon sac pour partir. C’est une tâche concrète, une manière pour moi de me mettre dans les starting block du départ .
Un coup de fil de ma copine, et je prends mon vélo pour aller faire une balade avec elle autour du Port de l’Arsenal. Nous parlons de nous, de l’été, de nos activités estivales. Elle revient d’un séjour sur l’île de Batz avec des adolescents. Un séjour fatigant, mais riche.
Je rentre tard, déjeune sur le pouce. Et je me mets à la préparation de mon sac. Je veux partir légère, éviter d’emporter « je ne sais quoi » pour « le cas où ». Je pèse mon sac, il fait 6,5 kg. Je suis contente de moi, mais je dois rajouter tout de même de la crème pour les pieds notamment et quelques autres choses incontournables. Mais c’est comme quand je peins, je dois apprendre à m’arrêter, ne pas me perdre dans une multiplicité d’objets hétéroclites qui pourraient s’avérer utiles si …Le coupe-vent, la doudoune, la couverture de survie font d’ores et déjà partie des objets exclus.
Ce soir, j’ai rendez-vous avec deux graines. Nous allons dîner dehors, avec les conjoints. Ici, pas de lune à observer. Depuis ce matin, le ciel reste obstinément gris. Cependant, il ne fait pas froid. Nous mangeons dehors, Cour St Emilion, côté jardin. C’est bon et les serveurs sont sympathiques. Un désagrément cependant, proche de nous, il y a une plaque de métal mobile qui résonne et bouge en faisant un bruit épouvantable dès qu’un vélo ou une voiture passe dessus. La ville c’est comme ça, même côté jardin, il faut faire avec le bruit.
Après un début de matinée frisquet, mais ensoleillé, la grisaille revient …décidément, cet été est pourri à Paris. Le soleil n’est vraiment pas généreux en région parisienne.
Ce matin, j’ai mon créneau de travail à ma coop. La coop est à l’image de Paris cette semaine, rues désertes, vitrines baissées. Dans ma coop, ce matin, aucune livraison n’est prévue, il n’y a ni pain ni oeufs, les rayons fruits et légumes sont quasiment vides, les clients sont absents. C’est la première fois que je me retrouve désoeuvrée dans un créneau de travail. J’en profite pour aiguiser ma curiosité et repérer des produits que je ne connais pas. Je renvoie un message sur whatsapp à ma fille pour remplacer le MMS que lui ai envoyé hier soir et qu’elle ne peut pas lire avec son forfait minimaliste.
Une petite pluie fine m’accompagne à la sortie du magasin. Ce midi, je prends le temps de déjeuner. Puis j’appelle mon fils. En arrière plan, j’aperçois petit fils qui râle. Il doit avoir grand faim. Fille et petite fille répondent à mon message en m’envoyant plein de petits coeurs et plein d’amour. Les filles rentrent de vacances samedi.
Au téléphone, les graines se succèdent. Nous reprenons le fil de nos conversations. Se voir avant qu’elles repartent, c’est essentiel. Le téléphone, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant tout de même. Tu vas rentrer, Lilie, elles vont repartir, et puis ce sera mon tour…Comme des fourmis, nous nous affairons, gesticulons, besognons, chacune avec nos occupations, préoccupations, contraintes, loisirs aussi, une liberté de bouger que n’ont jamais eue la plupart de nos amies afghanes. Et celles qui l’ont eue un jour ne l’auront plus demain assurément.
J’appelle ma soeur, très occupée car elle a sa fille en vacances. Je nettoie mes vitres. Je fais de la crème d’ail. J’imprime ma liste en vue de préparer mon sac…Je m’active avec entrain, le temps passe vite.
Dans le Var, la forêt, la nature brûlent. Comme en Grèce, il y a un mois, comme au Maroc. Est-ce réellement dû au dérèglement climatique? Comment savoir? Une jeune fille de 13 ans se jette à l’eau pour sauver un jeune enfant tombé à l’eau. Elle veut devenir infirmière et pompier. Je pense à toi, Lilie. Ce type de nouvelles me plaît et me rassure. Il y a toujours eu des gens bien, courageux, généreux et il y en aura toujours.
Et pour toi, Lilie, il y a ce bébé qui arrive et ton fils qui s’apprête à devenir Papa.
La voix de Lilie
Il fait nuit, la demie lune brille de tous ses feux dans le ciel. Depuis plusieurs jours, ou plutôt plusieurs nuits je la regarde traverser le ciel. Elle grossit peu à peu, sera pleine dans quelques jours lorsque je serai rentrée chez moi. En attendant, elle semble tout proche tellement sa lumière est forte. C’est une lune au périgée. Je peux presque voir les cratères dessinés sur sa surface. Comme un oeil dans ce ciel noir, un oeil qui regarde la terre avec bienveillance, elle m’accompagne dans la nuit. Fenêtre ouverte, couchée dans mon lit, je la regarde veiller sur moi et traverser insidieusement ma fenêtre de gauche à droite. Tout à l’heure elle sortira de mon champ de vision. Est-ce elle ou moi qui promène dans la nuit ? Qui tourne autour de qui ? Le ciel est très noir, mais cette immense demie lune crée un halo de lumière intense, une lampe. Ma lampe de chevet.
Elle sera pleine le 22. D’ici là, bb sera-t-il né ? Bb joue les prolongations. Terme dépassé depuis hier. Surveillance rapprochée maintenant.
Aujourd’hui je suis passée voir petit fils et petite fille qui sont en vacances près d’ici. Ils se jettent dans mes bras, c’est adorable. Petite fille commence à parler. Ça change de petit fils qui ne disait pas un mot à presque 3 ans ! Elle dévore le melon (qu’elle nomme gateau) quand il en suçotte à peine un morceau. Petit fils ne mange aucun fruit cru depuis sa naissance. Cette année il a croqué un morceau de pêche. Un seul. Alléluia ! Ces deux petits me font fondre d’amour.
En dehors de ça, j’ai imprimé tous les justificatifs demandés et envoyés toutes les lettres suite au dc de mon père. J’ai bien compris que j’allais devoir m’en occuper. Bah, je suis l’aînée on va dire….
Aujourd’hui, c’est le retour du gris. Mais il n’est pas question que je me laisse envahir par la grisaille. Malgré une envie molle, encouragée par mon mari, je prends mon sac à dos, et je pars pour une randonnée de préparation dans le bois de Vincennes.
Je prends mon temps. Je pars un peu tard.
Les talibans de retour en Afghanistan, le tremblement de terre en Haïti, le rapatriement en métropole des antillais en réanimation pour cause de Covid….L’actualité n’est pas vraiment gaie, pour ceux qui la reçoivent, mais c’est pire pour ceux qui sont concernés. Je pense aux femmes afghanes. Elles ne vont pas être à la fête. Question bonnes nouvelles, c’est le calme plat.
Il fait un temps agréable pour marcher. La température a chuté de 10° depuis hier. J’ai même droit à quelques petites averses fines qui m’obligent à ouvrir ma cape de pluie et à la ranger aussitôt. Je marche sans conviction et sans beaucoup d’entrain, mais je marche, c’est l’essentiel.
Pour rentrer, je fais un crochet par le fin fond du 20ième près de la Porte des Lilas pour retirer un colis qui vient d’être livré, une nouvelle pédale pour ma machine à coudre. C’est le mois d’août, les points de livraison se font rares.
Je rentre tard, très tard. J’ai faim et et je n’ai pas envie de me faire à manger. Je mange sur le pouce, en regardant la suite de la mini série que nous avons regardé hier soir « Enigme de Flatey « . La série se passe en Islande. Je ne suis jamais allée en Islande. J’ai envie d’y aller. C’est un pays sûr, peu peuplé, avec une nature magnifique.
En fin d’après-midi, repassage, cuisine, il faut bien reprendre le rythme du quotidien.
La voix de Lilie
Le vent s’est levé et la température a chuté ici aussi de 10 degrés. Le soleil brille encore. La semaine commence par le vidage d’une armoire dans le garage. Autrefois cette armoire trônait dans la chambre de mes parents, elle abritait leurs vêtements, un tiroir au milieu contenait des boutons de manchette et boites à bijoux. Aujourd’hui elle n’a plus de pieds et git ainsi dans le garage. A l’intérieur point de bijoux et encore moins de boutons de manchette, ça ne se fait plus, seulement un ramassis vêtements de travail, vestes de pompiers bleux de chantiers, kimonos de judo, casquettes, ceintures, draps que l’on emballe pour le secours populaire. Encore faudra-t-il les emmener sachant que l’on repart bientôt.
J’ai réservé notre hôtel spa à Lyon pour jeudi soir, signe de notre prochain retour sur la région parisienne. Je n’ai pas envie, l’idée de la grisaille me terrifie. Je sais bien qu’il faut rentrer mais je n’arrive pas à me réjouir de revoir ma maison. Je suis bien ici. J’ai eu la chance cette année de pouvoir rester très longtemps ici, grâce si l’on puit dire, à la maladie de mon père.
Le soir nous sommes invités chez des amis que nous connaissons depuis des décennies. Nous avons vu naître et grandir nos enfants, nous parlons de nos petits enfants. Nous vivons les mêmes étapes de vie. Vie qui passe de plus en plus vite, bobos en tout genre qui commencent à se manifester ça et là.
Ils ont deux poules en liberté dans leur jardin. Elles animent, mettent de la vie à les regarder picorer ça et là, et leur donne 2 oeufs chaque jour. De plus en plus de gens ont leur propre poules, je me demande si l’idée n’est pas à suivre pour mon jardin.
Un dimanche d’Août, chaud et tranquille, à la maison, sans les enfants. La chaleur rend le temps immobile. Aujourd’hui, nous vivons au ralenti.
Ce matin, mon mari va courir, moi, je range mes affaires, je lance les lessives, je reprends possession de mon espace de vie habituel. Pas de peinture ce matin, ni de croquis, ni de dessin.
C’est mon mari qui fait la cuisine pendant que je termine mon rangement. Au ralenti, le jour s’étire sans bruit. En fin d’après-midi, je ressens le besoin de bouger. Aller acheter le pain, regarder le programme du cinéma d’à côté, arroser les plantes de de ma fille…j’ai surtout besoin d’aller dehors pour prendre l’air, marcher, et pourquoi pas boire un verre. Il fait chaud, lourd, le temps tourne à l’orage. Nous nous posons sur une terrasse. Le passe sanitaire, ici, ne nous est pas réclamé. Autres lieux, autres moeurs, je ne sais que penser.
Je repense à cette semaine que je viens de passer. Une parenthèse de beauté, de création, de partage. Et entre deux, des plongeons dans une mer magnifique. Une vraie cure de jouvence. Partir m’a fait du bien. J’ai repris confiance en moi, en ma capacité de bouger, de faire. Je me sens plus forte. En quelque sorte, ce séjour sur la côte d’azur et ce voyage aller/retour, seule, m’ont préparée à mon départ en Espagne. Et c’était plus que nécessaire. Espérons que je vais pouvoir conserver cette énergie intacte jusqu’à mon départ. Cette coupure a fait du bien à notre couple aussi. Nous sommes contents de nous retrouver. Nous nous sommes manqués, et le manque fait du bien.
Profite bien de ton séjour dans le sud, Lilie.
La voix de Lilie
Il fait encore très très chaud aujourd’hui, aussi nous fonctionnons tous au ralenti. Le rangement prévu aujourd’hui sera pour demain. La piscine nous attire, l’eau y est tellement bonne et raffraichissante. Je me baigne plusieurs fois, longtemps. Des allers retours. Je suis à la place de mon père. Il aimait tellement se baigner. Jusqu’au tous derniers jours il a pris son bain quotidien. Je ne réalise toujours pas qu’il est mort. Mort. Un de ces mots que l’on n’ose plus employer, comme aveugle, sourd. Mort. Pour toujours. Une nouvelle étape de vie qui s’ouvre devant moi. La maison que l’on va bientôt fermer. Qui veut la vendre, qui veut la garder. Pour la première fois de son histoire, elle restera sans être habitée. Comment cela va-t-il se passer ?
Ce soir ma fille et celle de mon frère viennent dîner à la maison avec leurs maris. J’ai préparé une ratatouille avec les légumes offerts par le voisin ce matin. Les hommes font cuire la viande au barbecue. Vers 22h, un feu d’artifice est tiré en ville sur les bords de la rivière. Nous le regardons tous ensemble depuis le chemin qui mène à la maison. J’adore les feux d’artifices depuis toujours et cette année je n’ai pas encore pu en voir un seul. Alors même de loin, je savoure. D’être ensemble sur ce chemin à regarder ce spectacle me remplit de bonheur. Cette nuit, une demi lune promène dans le ciel. Nous la contemplons tous au moment de se quitter. Les filles repartent continuer leurs vacances chacune sur son lieu de villégiature, je reverrai ma fille chez nous dans deux semaines.
Mon nouveau petit fils se fait toujours attendre. Le terme officiel est demain. Dans la famille on accouche toujours en avance, du coup c’est troublant de voir une grossesse aller si loin. Bébé est bien au chaud. Mon fils continue son apprentissage de la patience, il attend, chaque jour qui passe. A partir de demain, les choses vont forcément bouger.
Aujourd’hui, c’est le départ. Tristesse de se quitter, envie de se retrouver chez soi, fatigue d’un séjour dense et chaleureux, dans tous les sens du terme, tout se mêle dans nos têtes et nos corps.
Après le petit déjeuner, nous décrochons nos œuvres, nous nous disons au revoir, nous bouclons les valises, rendons les clés. Chacune part de son côté. Quelques unes d’entre nous restons déjeuner au centre, histoire de se simplifier la vie. Je ne prends l’avion qu’à 20h. Jusqu’à Nice, nous faisons voyage à deux. Après avoir déposé nos bagages à la consigne, nous allons boire un verre avenue Jean Medecin. Nous devons montrer le passé sanitaire. C’est une première pour moi. Nous croisons une manifestation contre le passe sanitaire. C’est gentillet et tranquille, une promenade bruyante sous le soleil qui brûle aujourd’hui. A Paris, les manifs me font peur, il y a trop de monde. Ici, l’ambiance est bon enfant. Nous ne nous sentons pas en danger. Nous remontons la manifestation à contre courant jusqu’à la place Massena sans aucune difficulté. Puis Nice oblige, nous nous dirigeons vers la promenade des Anglais, histoire de voir la mer…
Remonter à la gare pour prendre la valise, laisser la copine attendre son train et me voici seule avec mon bagage, je marche vers la plage. Je vais dire au revoir à la mer.
j’achète un pain bagnat pour ce soir, et retourne me poser sur la promenade des Anglais. Je retrouve la manifestation dans mon dos face à la promenade. La plage est bondée. Non, je ne vais pas me baigner. C’est trop compliqué aujourd’hui. Pour bien faire, nous aurions pu y aller ce matin. je suis assise à l’ombre en surplomb de la mer, arrosée régulièrement par une brume rafraîchissante. J’attends tout en rêvassant. C’est bien de n’avoir rien à faire. Sur la mer, des voiles de parachute ascensionnel tirées par des bateaux colorent le ciel de rouge, de bleu, de jaune…
La voix de Lilie
Rentre bien Graine, fait bon voyage. Lapsus révélateur que de montrer son passé sanitaire ! Notre passé était bien plus sain que notre présent. Pas de douleurs dans notre jeunesse, pas de pandémie non plus.
Ce matin je suis allée à la poste faire le transfert du courrier de mon père vers mon adresse. Un miracle, j’avais tous les papiers nécessaires avec moi. Je crois que je commence à avoir de bons reflexes ! Dans cette poste, c’est le conseiller qui vient vers vous pour vous demander ce dont vous avez besoin. Il ne reste pas derrière son comptoir, il (en l’occurrence elle) vous accompagne pour remplir ou signer les documents. Je trouve cette approche très agréable. En espérant pour les conseillers qu’il n’y ait pas trop de clients mécontents ou violents. J’ai posté mes 5 premières lettres, il m’en reste 6 ou 7 dont je n’ai pas pu imprimer les justificatifs à joindre.
Après ce travail du matin, place à la détente. La baignade est indispensable, chaleur oblige, il fait 37 degrés, puis nous partons en voiture (toujours chaleur oblige) pour le mont ventoux. 1910 mètres, 10 degrés de moins au thermomètre, voilà qui fait du bien. De la haut, le paysage est grandiose. La chaleur rend l’atmosphère presque brumeuse. Je repère tout en bas les villages que nous avons traversés dans notre randonnée il y a 3 jours.
Au retour nous nous lançons dans la recherche d’un endroit oublié depuis très longtemps. Nous mettons notre persévérance à l’épreuve. Notre couple fonctionne mal dans cet exercice. Je ne veux pas lâcher, mon mari s’agace parce qu’il ne trouve pas assez vite. Enfin après avoir tourné une bonne demie heure, l’endroit est retrouvé. Nous sommes heureux et mon mari est très fier d’y être arrivé. La persévérance paie. J’aimerais que cet expérience nous serve pour retrouver l’envie de faire des choses ensemble malgré les embûches que l’on peut rencontrer. Aujourd’hui, la moindre anicroche nous fait renoncer et ça me désole.
Il fait très très chaud aujourd’hui. La canicule est prévue pour 4 à 5 jours. Les nuits sont trop chaudes pour bien dormir. Même toutes fenêtres ouvertes, un mince filet d’air frôle mes jambes de temps en temps. Je me suis endormie tard, je me lève tôt.
Le voisin nous a donné des oeufs frais, et chaque matin je me fais un œuf coque avec des mouillettes au petit déjeuner. C’est délicieux, pour commencer la journée.
Avec cette chaleur, je passe beaucoup de temps dans l’eau ou au bord de la piscine. Je lis une revue ou 2. 2008, l’élection de Barack Obama, 40 pages spéciales, 1987, Isabelle Adjani dément les rumeurs de sida. Des publicités pour des voitures depuis bien longtemps parties à la casse ou des téléphones portables dernier cri, aux oubliettes. On devrait lire plus souvent ces anciennes revues qui montrent combien ses produits vantés sont dépassés et comprendre combien le seront aussi ceux vantés aujourd’hui.
Ce soir il y a un spectacle sur la place de la mairie. Nous avons réservé une table de 6 au restaurant sur cette même place pour faire diner spectacle. Au programme, un show de 2h30 sur les chansons des années 80, 90. Cette musique a le don de mettre l’ambiance et de donner la pêche. Malgré la chaleur, je vais danser un moment pour profiter pleinement de la musique. Je ne peux pas rester assise comme le font beaucoup de spectateurs. Cette musique se danse. Ensuite évidemment je suis en nage et je bois des litres d’eau. Nous rentrons vers 1h du matin. Le ciel est dégagé, je guette un moment les étoiles filantes, mais non, je ne vois rien. Peut-être aussi que ma vue a baissé.
Ce soir je pense beaucoup à mon père. Certaines images ont du mal à partir de ma mémoire. Je sens quelquefois sa présence. J’aurais aimé qu’il me dise qu’il nous laisse sa maison, je me serais sentie plus légitime, mais il n’était pas du genre à parler. Il n’a rien dit pendant tout ce temps où il s’est vu descendre vers la fin. Je sais ce que j’aurais à faire et à dire à mes enfants le moment venu si j’en ai le temps. Peut-être même que je l’écrirai d’avance, au cas où. Quelles idées bizarres avant de dormir. Sûr que ça va faire de l’insomnie ça.
La voix de Graine
Dernier jour de stage, j’en profite. Je m’installe dans le parc pour peindre sur une feuille emn format demi-raisin. C’est si beau ici.
il y a le bleu du ciel et de la mer, les pins parasols, les cyprès, les oliviers, les orangers, les agaves, les laurier-roses…Ce n’est pas en région parisienne que je vais retrouver ces couleurs, dominantes vert et bleu, avec quelques soupçons d’oranger, de rose, de rouge, et des gris aussi. J’aime les gris quand ils sont lumineux comme ici. Une dernière fois, je veux m’en mettre plein la tête. C’est compliqué de peindre dehors. Le soleil tourne sans arrêt, et se mettre à l’ombre est indispensable. Le soleil cogne fort ici encore plus aujourd’hui. La chaleur est écrasante.
Après le petit déjeuner, nous avons fait le choix des oeuvres pour l’exposition de ce soir avec notre professeur. Ce matin, et en début d’après-midi, elle fait l’accrochage avec l’aide de quelques-uns pendant que les autres, dont moi, dessinons ou peignons encore.
Une fois l’accrochage terminé, nous descendons à la plage toutes les deux, mon professeur et moi. La baignade nous rafraîchit, nous fait du bien. Nous remontons vite car nous avons rendez-vous au théâtre du centre avec le directeur. Il il nous explique la création du centre et du théâtre. Il nous parle du fondateur, Jean Moreau, de Jean Cocteau qui est l’initiateur et le concepteur du théâtre. Tous deux hellénistes éclairés, hommes de culture portés par leur envie d’éduquer et de faire progresser les jeunes, ont conçu et construit ce lieu magique. A écouter le directeur, nous sommes une majorité de seniors, question de jauge, les adolescents ne sont pas présents. Initialement, le centre a été crée pour favoriser la rencontre, le partage et l’éducation des jeunes. En fait, quand nous apprenons, nous restons jeunes.
Après le théâtre, nous nous rendons â la cantine où a lieu le vernissage. Du rosé et du jus de fruit nous accueillent. L’une d’entre nous fait un discours. Nos œuvres sont là, exposées sur le mur du fond de la cantine, au dessus des dessins inspirés de Cocteau.
Après le repas du soir, nous repartons au théatre assister à la représentation des stagiaires de l’atelier théâtre » La dispute » de Marivaux.
Après le spectacle, à nouveau, nous repartons en direction de la plage avec quelques uns. Je me contente de me mouiller les pieds, et en les écoutant nager, j’écris mon blog qui,comme le sable et l’eau sous mes pieds, glisse et s’évapore. Je n’ai pas dû publier correctement…A refaire, mais pas ce soir, il est vraiment trop tard et je suis épuisée de cette journée riche. Comme toi Lilie, les nuits sont courtes ici; il fait tellement chaud.
Ce matin, je fais des petits formats à l’encre. Le résultat n’est pas extraordinaire, mais j’y prends plaisir. Toujours sur un fond de musique.
A midi, il fait très lourd et l’orage menace. En fait, il pleuvra trois gouttes. Après le repas, avant de me poser un moment dans ma chambre, je brieffe mes deux copines qui sont parties ce matin à la gare de Monaco pour modifier un horaire de train. Je leur ai pris du papier et de l’encre pour qu’elles puissent travailler pendant la pause.
Cet après-midi, nous attaquons les arbres et les écorces ….pas tout à fait une réussite pour moi. Alors, je m’attaque à la « tête de chien », nom qui rocher qui surplombe Le Cap d’Ail. Cela fait plusieurs jours que je louche dessus.
La journée se termine par la baignade. En 3 jours, c’est devenu le rituel du soir, après le petit rosé du repas. Nous sommes entre filles. Que font les filles quand elles marchent, elles papotent, de tout et de rien, de leur vie, des enfants, de leurs envies…
A côté de moi, des jeunes stagiaires, des ados, j’espère qu’ils ne vont pas faire la fête cette nuit. Ce sont des musiciens. Ils viennent de tous les pays.
Promis, tu verras mes œuvres Lilie, mais j’attends la séance « retouche » de demain matin. Demain soir, nous exposons à la cantine du centre! Un grand jour pour la célébrité à venir…
La voix de Lilie
Même format de journée qu’hier. Télétravail le matin, temps libre l’après-midi. Je passe à la mairie pour récupérer des certificats de naissances, je fais la liste des papiers qu’il me faut joindre aux courriers à envoyer.
Une des agences immobilières vient nous rendre la première estimation de la maison. Moi qui ai l’habitude des tarifs en région parisienne, je suis estomaquée. Ma maison en carton pâte vaut deux fois plus cher que cette grande maison en dur avec un immense terrain et une piscine. Il est vrai qu’il y a beaucoup à faire pour la remettre au goût du jour. Quand même, la qualité n’est rien à côté de la valeur du site lui même.
Le soir, ma fille vient avec toute sa belle famille et nous passons une très belle soirée. Petite fille se baigne avec moi, elle adore l’eau. Petit fils a peur. Il ne s’approche pas de la piscine. Les enfants jouent avec des jouets que j’ai repéré dans les armoires cette semaine. Les grands profitent de cette chaude soirée d’été, barbecue bien arrosé au programme du soir.
Je suis heureuse de voir la maison revivre, même si j’ai encore quelquefois l’impression d’être une usurpatrice. Je me sens bien en province au soleil. Je me prépare doucement à l’idée de rentrer la semaine prochaine. Très doucement. Très difficilement.
C’est déjà mercredi, comme le temps file vite quand le soleil brille et les activités prenantes…
Aujourd’hui, au programme, peinture sur grand format – format raisin – ou demi raisin, je ne sais plus. L’installation prend une plombe. Notre professeur nous a déniché des chevalets et des supports. Il faut trouver sa place, aller chercher le chevalet, l’installer…Et quand on veut se mettre au travail, le soleil a déjà tourné. Deux possibilités, soit on s’accroche à sa vue, on se déplace à l’ombre mais on passe son temps à faire des va et vient pour retrouver le modèle, soit on change de vue…Mais le soleil tourne vite. Le grand format est prévu la matinée, il me prend la journée, et pourtant, je fais du rab pendant la pause de midi.
Mais aujourd’hui, je suis contente car j’arrive vraiment à me mettre dans ma peinture. J’y suis à fond. Comme je suis sur un passage, je vois passer du monde. Ils s’arrêtent, discutent, me prennent en photo. Côté son, il y a tout à côté l’atelier théâtre qui répète puis en fin d’après-midi un nouveau groupe d’ados musiciens. Entre la nature sublime, le soleil, le ciel bleu, la musique et les papotages avec ceux qui passent, la journée est dense, mais bien agréable. Nous peignons à la gouache. C’est non polluant et ça se nettoie très facilement.
Après le repas du soir, c’est descente à la plage et baignade sous un beau croissant de lune pour quasiment tout le groupe. Avec notre bain d’hier soir, nous avons fait des adeptes.
Une journée bien remplie qui se termine. Demain sera un autre jour. Courage pour le travail, Lilie, profite du soleil et de la piscine.
La voix de Lilie
Un ami de mon père passe ce matin et nous apporte des croissants pour le petit déjeuner. C’est vraiment très gentil de sa part. Ce type est extraordinaire, je le connais depuis toute petite, le le vois toujours pareil. Bavard, enjoué, mille choses à faire et à raconter. Depuis toujours il dort 3h par nuit. Il doit occuper tout le reste du temps. Il a bien eu comme toutes les personnes de son âge son lot de maladies mais il les raconte vite fait comme des anecdotes entre deux activités plus palpitantes. Hier il a fait une soupe au pistou pour 15 personnes et 100kg de tomates en coulis, bocaux, stérilisation. Alors ce matin il se repose, il est venu nous rendre visite comme il le faisait pour mon père. J’aime ces personnes très âgées qui restent dans la vie, dans le mouvement.
Je laisse tout ce petit monde pour aller faire ma demi journée de travail chez ma mère. Elle est contente que je passe chaque matin. Pour elle, c’est coiffure à domicile ce matin. Elle sort très peu, quelques courses chaque jour, elle s’est retirée dans son appartement. Elle ne veut plus marcher, mal aux pieds, ne supporte ni le chaud ni le froid ni le vent ni la pluie. Elle voudrait qu’on l’emmène avec nous, mais que faire dans ses conditions ? Contempler l’horizon sans bouger un jour de tiède printemps.
Il fait très très chaud aujourd’hui, je regagne mon bord de piscine en début d’après-midi. Le soir nous voulons aller diner dans la ville d’à côté où il y a plein de petits restaurants. Hélas c’est jour de marché nocturne, il y a foule, les restaurants sont bondés et dans chacun d’entre eux des musiciens et des chanteurs mettent l’ambiance. Trop de bruit, trop de monde pour nous. Nous repartons bredouille. Sur la route du retour, nous nous arrêtons dans une guinguette. Il est 21h30. Trop tard, le service est fini. Horaires de province. Nous rentrons à la maison dîner sur le pouce en admirant les étoiles. Demain ce sera la nuit des étoiles filantes. Ce soir le ciel est bien dégagé, pourtant je n’ en aperçois aucune. Comme toi Graine je revasse devant ce joli croissant de lune.
J’espère bientôt voir tes œuvres, l’idée de peindre devant des gens m’impressionne, je n’oserais pas moi. Tu fais toujours de ces trucs toi alors. Tu es très forte !
Soleil voilé et chaleur…sur la méditerranée, ailleurs c’est encore bien froid et humide. A partir de demain, « la goutte froide » en a fini avec la France et va sévir ailleurs. Il est prévu qu’il fasse chaud et lourd à peu près partout pendant plusieurs jours. Je ne sais pas ce qu’il en est de la canicule dans les pays de l’Europe du sud. Ma fille qui est en vacances dans le nord de l’Italie a très chaud.
Ce matin, je me réveille à 4 h, l’effet vin blanc d’hier soir sans doute. Une cigale est entrée dans la chambre par le vasistas. Elle n’arrive pas à sortir. J’ouvre tout en grand, mais ça dure. Et je ne me rendors pas.
Aujourd’hui, il fait presque trop chaud pour dessiner et peindre. Le tablier de protection, indispensable pour la peinture, tient chaud. Nous cherchons tous l’ombre.
Après le repas, je tente la sieste, qui ne vient pas bien sûr. Il fait trop chaud. Je n’ai pourtant pas le courage de descendre à la plage.
Nous reprenons l’atelier à 16 h. Il fait toujours aussi chaud et lourd. Je peine à m’y mettre. A ne pas respecter les consignes, je gagne un gage: une bouteille de rosé à acheter!
Après le repas du soir, direction la plage. Il n’y a plus personne, se baigner est un régal. L’exercice me fait du bien. Au retour, j’ai ma petite-fille au téléphone…
La voix de Lilie
A partir d’aujourd’hui et jusqu’à vendredi, je dois travailler. Trop dur pour moi. Je pose tous les après midi. Cette année incroyable m’aura au moins offert ça. 3 mois dans le sud au soleil, du printemps à l’été. Depuis le 14 juillet, je n’ai travaillé que 2 jours. Bien sûr il y a eu des moments très durs, mais aussi le soleil et cette impression d’être tout le temps en vacances. Libre. Sans quotidien. Sans réfléchir à quoi manger, à quoi faire pour se distraire. Tout est tellement plus, simple lorsqu’il fait beau. Une terrasse à l’ombre, une promenade, un peu de musique, une rivière, une piscine pour se raffraichir. Rester dehors en permanence, bouquiner une vielle revue à l’ombre d’un arbre. Voir les uns les autres passer, discuter un peu, se baigner.
Aujourd’hui c’est aussi le jour où des agents immobiliers viennent estimer la maison. Il y a 3 semaines mon père y vivait et voilà que nous devons déjà sauter dans une nouvelle réalité tellement improbable. Quelquefois je me demande si je rêve tellement cette réalité me semble impossible à admettre. Tout va tellement vite. Il est là, il n’est plus là. Tout ce qu’il possédait est resté sans lui et soit disant nous appartient. Comment intégrer ça après les mois que je viens de vivre.avec lui. Je reste en phase de sidération je crois. Est-ce que le temps peut s’arrêter une seconde que je puisse regarder le paysage ?
Dessin ce matin et cet après-midi, baignade à 14 h (1/2 h pour descendre à la plage, 1/2 h pour remonter), concert à 18 h 30 à Monaco, resto à 21 h 30 ce soir…
je revis…Déjà, il y a le soleil, généreux. Il y a le cadre, paradisiaque. Il y a l’environnement, magique, il y a la stimulation des copines…
Ce matin, je dessine sur un fond de violon – les jeunes s’entraînent, préparent leur concert. Que rêver de mieux. Pour autant, cela ne me rend pas meilleure en dessin, mais qu’importe.
Après le repas de midi, je suis tentée par une sieste. Mais les copines voudraient bien descendre à la plage…et je connais le chemin que notre professeur m’a montré hier..alors je descends me baigner.
Un peu de dessin entre deux, puis en fin d’après-midi, nous ne résistons pas à l’envie de voir le spectacle que nous avons vu hier soir au théatre du centre ,à Monaco sur le Rocher, face à la mer au théâtre du fort St Antoiñe. L’envie, le désir, ce moteur qui stimule et qui fait avancer. Pour aller à Monaco en fin d’après-midi, nous avons pris un sentier qui descend raide, puis 2 bus. Nous étions à l’heure pour le concert. Au retour, nous sommes rentrées en bus. Je me sens revivre.
La voix de Lilie
Incroyable ce que le soleil peut nous mettre en joie. Un zeste de copines, de distraction et hop, le moral est au plus haut.
Ce matin départ pour une grande randonnée dans les baronnies, sous la face nord du mont ventoux. L’endroit est magnifique, le chemin serpente et nous emmène au village de Brantes, perché au dessus des gorges du Toulourenc. Le village, tout en ruelles escarpées et en escaliers de pierre offre une vue sur la vallée du Toulourenc au fond et sur le Ventoux en face. Au dessous du village, le petit cimetière dessine un cercle autour de son église. Puis des escaliers descendent jusqu’au bord de la rivière. Il est l’heure de déjeuner lorsque le chemin rejoint la route pour 2km de bitume. Zut. Heureusement dans un virage, la route se rapproche de la rivière et nous trouvons un joli coin au bord de l’eau pour pique niquer. Le chemin monte dans la pieraille pour retrouver le col où la voiture est garée. Il fait très chaud, il est 14h, je viens de manger et la pente est raide. Je ne sais ce quel est le facteur le plus déterminant ou s’ils se sont rajoutés. Je n’arrive plus à avancer. Je me sens mal. Limite syncope. Ai je perdu la forme ? Suis-je malade ? L’angoisse m’envahit. Le cœur ? Je fais de multiples pauses, je m’assoie, je bois, je regarde l’avancement sur la carte, j’évalue le reste à monter. Enfin après de multiples arrêts, j’arrive en haut. La forme revient instantanément et je finis la randonnée tranquillement. Je ne suis pas contente de moi. Est-ce que je vieillis ? Ai je le cœur malade ? Est-ce que je pourrais encore monter lorsqu’il fait moins chaud ?
Le soir nous allons retrouver nos petits enfants qui sont en vacances tout près de chez nous. Je suis si heureuse de retrouver mon petit poussinet et ma poupette. Elle se jette à mon cou et ses grands yeux bleus et ses petits bras tendus vers moi me font fondre. Petit fils me montre la maison et passe un moment dans mes bras, il commence à peser bien lourd, mais c’est si bon de l’avoir encore un peu, que je prends sur moi. Aie demain le dos….
Lever à 5 h, départ pour l’aéroport à 6 h, enregistrement à 7 h 45, décollage à 8 h 15, atterrissage à 9 h 40. Mon petit sac est humide…l’éludril, mon désinfectant pour les dents a coulé. Passage aux toilettes dès l’arrivée pour rincer tous les produits, enfermer la trousse coupable. J’en profite pour me déshabiller, il fait 25 °, ça change de Paris. Il n’y a presque plus personne devant l’arrivée des bagages…ma valise arrive. Ouf A présent, direction la gare St Augustin. La zone aéroportuaire, ce n’est pas fun, mais il fait beau. Des travaux partout. Je suis obligée de demander ma route pour trouver la gare. La gare est fermée et 2 automates sur 3 ne fonctionnent pas. Il y a la queue devant l’unique automate. L’automate n’est pas convivial, je tâtonne, je ne trouve pas la gare que je cherche, la queue s’allonge, je me sens bête. Tant pis, j’indique la gare suivante. Habituellement, je ne suis pas très futée et le manque de sommeil n’arrange rien. Hier soir, je ne trouvais pas le sommeil, l’excitation du voyage sans doute. De fil en aiguille, le trajet pour rejoindre le centre me prend plus de temps que prévu! J’arrive au centre vers 12 h 30 après quelques montées de marche. Cap d’Ail est à flanc de montagne. La gare est en bas, le centre où je fais le stage est en haut. J’arrive en nage, mais j’y suis et malgré l’heure tardive je peux déjeuner sur place. Il fait soleil et Je suis en vacances.
S’installer sans sa chambre, aller chercher sur le compte de la sécu le certificat de vaccination qui va bien qui va bien, prendre une douche et se poser…
L’arrivée d’une nouvelle particpante est l’occasion de descendre au centre ville, minuscule, de prendre un verre pendant que la dernière arrivée déjeune, de descendre sur la plage prendre un bain. Le bain fait du bien, l’eau est bonne même s’il y a du vent et des vagues.
Après la descente,, il faut remonter…Je suis vannée. Les participantes arrivent, s’installent, prennent leurs marques.
Le site est magnifique. Ce soir, les jeunes en stage la semaine dernière font un concert dans le théâtre Jean Cocteau du centre. Le théâtre, avec vue sur la mer, a été décoré par Jean Cocteau, restauré par notre professeur d’Arts plastiques.
Vite se coucher pour être en forme demain pour bien démarrer le stage.
La voix de Lilie
Bravo pour ce voyage réussi malgré quelques couacs. Tu vois bien que tu n’es pas si nulle que ça Graine. La plupart d’entre nous, les femmes, avons tendance à nous croire incapables de faire les choses seules. Surtout celles comme nous mariées depuis longtemps. La vie à deux nous fait oublier que l’on peut fonctionner seule. Puis on s’imagine ne plus savoir faire et on n’ose de moins en moins. Pourtant toi, qui marche seule très loin, très longtemps, tu devrais te sentir forte. Maintenant que te voilà arrivée à bon port, passe de bonnes vacances et profite bien de ton stage.
De mon côté, le soleil étant revenu, petite marche (à deux) le matin pour se dégourdir un peu les jambes et tenter de limiter la casse au niveau du poids. Les repas ici sont trop longs, trop riches, trop arrosés. Lorsque nous mangeons en compagnie, nous avons tendance à manger plus. A la campagne, dans son quartier, l’anonymat n’est pas de mise, tout se sait. Pendant notre marche, nous croisons une vieille tante, puis un cousin. Qui pourront raconter que nous marchons le matin.
Le midi nous partons déjeuner avec ma mère et mon frère dans une guinguette au bord de l’Ardèche. Brochette, frittes, glace au menu. Puis nous restons un moment sur la plage, à regarder la rivière. Comme chaque fois, je m’ennuie. Je ne sais quoi dire, de quoi parler. Il me semble que je me renferme de plus en plus. Je ne sais plus trouver de sujet de conversation, je n’ai rien à raconter. Je ne trouve rien d’intéressant à dire. Peut-être que ma vie est trop terne pour en tirer quelque chose qui puisse intéresser les autres. Peut-être que rien ne m’intéresse plus et donc je n’ai plus rien à dire. Je somnole sur ma serviette de plage en réfléchissant à ça. Ma mère est à côté de moi. Je devrais en être heureuse pourtant je reste sur mes gardes. Je crains ses sautes d’humeur. Je suis triste de ne pas pouvoir être plus proche d’elle.
Pendant que tu savoures ce temps précieux dans la maison de ton enfance avec ton frère et ta soeur, je prépare activement mon départ pour mon stage.
Aujourd’hui, c’est ménage, lessives, marché, impression des documents de voyage, valises, en préparation de mon départ tôt demain matin. Pas le temps de me poser, mais qu’importe, demain je pars. Cette escapade me fait déjà du bien, un avant goût de mon chemin de Compostelle. Cela fait un an et demi que ne nous sommes quasiment pas lâchés, mon mari et moi. J’ai vraiment besoin d’air. J’ai besoin aussi de vérifier que je suis capable de voyager seule et d’arriver à bon port.
Dans l’après-midi, ma professeure d’Arts Plastiques m’appelle pour me donner quelques indications complémentaires. « C’est gentil », lui dis-je, « tu t’occupes de nous comme si nous étions des ados… »Ceci dit, ses tuyaux sont sympas et utiles, ils m’offrent des alternatives pour arriver au centre en terme de transport. Je déjeunerais peut-être avec elle et d’autres articipants déjà arrivés demain midi. Mais, je ne veux pas m’engager plus. Je verrais demain selon mon envie et ma forme – demain matin, le réveil est programmé pour 5 h!
Dehors, soleil, temps gris, averses, orages violents alternent. Impossible de laisser les fenêtres ouvertes. Curieux mois d’août. Tandis que les « gouttes froides » se succèdent sur une grande partie de la France, sur l’Allemagne et la Belgique, entraînant des inondations, les pays plus au sud sud souffrent de canicule et sont ravagés par des incendies dévastateurs.
Ce soir, j’ai préparé une soupe à l’ail. C’est la première fois que je me lance. Le résultat n’est pas assuré.
La voix de Lilie
Tu nous avais proposé de participer à ce stage avec toi. Et j’aurais volontiers accepté si ce n’était la période où mon petit fils doit naître. Ce doit être bien agréable d’allier vacances et cours de dessin. J’espère que tu vas enrichir notre galerie avec tes créations du moment. Tu auras aussi une belle lumière, à Nice il fera beau cette semaine.
Ici aujourd’hui il pleut. Qu’à cela ne tienne, nous avons des tonnes de papier à trier. Je m’y colle pendant que mon frère et mon mari rangent ou plutôt vident les armoires dans une des chambres. Je mets de côté les papiers utiles, et de l’autre les anciens qui ne nous serviront certainement pas. Tout cela nous prend toute la matinée. A la fin, je suis vidée comme si j’avais fait une journée de travail. Je suis contente car enfin tous les papiers sont triés. Il reste encore tellement de choses à faire que j’ai l’impression de ne pas avancer. Alors une petite étape, ça fait du bien.
L’après-midi, la pluie a redoublé d’intensité. Nous flanons en prenant le café. Après-midi détente. Puis nous partons faire quelques courses pour remplir un peu le frigo. Ce sera notre seule activité.
Nous prenons l’apéritif et le repas sous l’abri au bord de la piscine. Le temps s’est remis au beau. Le ciel offre des teintes rosées magnifiques en ce début de soirée.
Vendredi, fin de la semaine. Je ne l’ai pas vue passer celle-là. Entre ma randonnée lundi et mon petit zou le reste de la semaine, le temps s’est envolé. Même le temps incertain et maussade ne m’a pas beaucoup dérangé, comme quoi le ressenti modifie notre perception du temps, autant espace que météo…
Hier soir, petit-fils a vraiment été long s’endormir. Pour décompresser, je me suis couchée tard. J’aurais bien traîné au lit ce matin, mais pour ne pas être prise de vitesse, je m’active dès le réveil. Petit-fils me laisse le temps de faire l’essentiel, ce qui me permet de me consacrer entièrement à lui quand il se réveille, un peu avant 8 h. Sa maman commence à lui manquer. Dès que je ne suis plus dans son angle de vision, il me cherche et me réclame.
Ce matin, nous collons des gommettes, puis nous sortons en poussette faire un tour et acheter des crayons de couleur. Je n’en ai plus pour son âge. Pour le square, c’est râpé, une petite pluie fine s’est mise à tomber. Et petit fils fait un petit somme, toujours ça de gagné.
Ce midi, le repas est vite prêt. J’ai fait simple. Hier, j’ai trop galéré. Et petit fils se régale. Comme hier, nous terminons par la glace. Pour lui, il me reste un petit cône au chocolat. On peut dire qu’il apprécie, il en met partout…
L’après-midi est courte. Après le repas, nous jouons. Aux bulles de savon, aux ballons que je viens de gonfler… Quand il commence à s’énerver pour tout et n’importe quoi, je l’emmène en promenade, puis je me pose dans le square d’à côté. Il s’endort immédiatement et se réveille au retour. Sa maman vient le chercher à 16 h 30, pile l’heure prévue.
Ce soir, je retrouve ma tranquilité, et j’aperçois déjà, caché derrière la fatigue de ces derniers jours, l’ennui qui pointe son nez. Pourtant, je ne vais pas avoir le temps de m’ennuyer les prochains jours. Demain, je prépare mon sac et dimanche matin, je décolle à la première heure pour Nice. Je vais enfin prendre de vraies vacances avec du vrai soleil mais aussi de vraies journées de dessin et peinture. Vais-je être à la hauteur? Toujours cette question qui me taraude! Je n’ai pourtant rien à prouver à qui que ce soit.
La voix de Lilie
Hier soir, le sommeil m’a pris d’un coup et je suis tombée comme une masse. Ce matin je me réveille un peu plus tard que ces derniers jours. Après le petit-déjeuner, nous démarrons nos devoirs de vacances du jour. Ecrire les courriers pour les divers organismes. Une matinée plus tard, les courriers sont prêts. Ils faudra trouver comment les imprimer et ajouter les pièces justificatives, différentes pour chacun, avant de les poster.
Nous filons ensuite déjeuner tous les 3 chez ma mère. Mon mari reste pour garder la maison et surtout pour rester tranquille au calme.
Le reste de l’après-midi se passe au bord de la piscine à farnienter. Chacun son magazine, dix ou quinze an d’âge, dans lesquels nous relisons les potins et articles de l’époque avec le recul des années écoulées. En fin d’après-midi je dépose ma sœur à la gare, elle rentre chez elle ce week-end. Moi je n’ai pas envie de rentrer chez moi. Il fait si beau ici, les cigales chantent, on se laisse porter par la douce chaleur de l’air, on passe notre temps dehors, on profite de la piscine.
Cette semaine avec mon frère et ma soeur dans la maison de notre enfance, sans autre occupant que nous a une saveur particulière. Il n’y en aura peut-être plus d’autres, alors je savoure.
Aujourd’hui, je suis encore Mamie à temps plein. Seul changement, mon mari télétravaille. En théorie, c’est plus simple. En théorie seulement!
Petit fils fait son premier réveil vers 6 h 20. Je lui fais son biberon sans bien me rendre compte de l’heure. Il le prend avec nous, au lit. Et quand je réalise qu’il est bien tôt, nous nous rendormons, tous. Je reste au lit jusqu’à son 2ième réveil, à 8 h 30. Mon mari part en balade juste avant son télétravail. Je lui laisse le petit quelques minutes, le temps de prendre ma douche.
Ce midi, comme mon mari est là, j’ai prévu de faire une ratatouille avec du rôti de porc. Pas simple avec un petit loulou à suivre de près. Pour le découpage des légumes, ça le fait à peu près, mais pour la cuisson, c’est une autre histoire. Surtout que petit fils est un fan de la cuisine. Pas question qu’il joue tranquillement au salon. Je suis obligée de solliciter mon mari pour qu’il s’en occupe un peu. Mais bien sûr, petit fils est très mécontent.
Après avoir tout mis le repas en route, nous sortons avec la trottinette. Une première, la trottinette. C’est celle que sa cousine a utilisée de l’âge de 16 mois jusqu’à dernièrement. Petit fils a du mal à poser ses pieds sur le cale pied. Il les pose par terre ou sur les roues. Il faut que je regarde s’il n’y a pas un réglage de hauteur à faire. Ceci dit, c’est un apprentissage pour lui aussi.
Cet après-midi, je le sors en poussette au moment de la sieste. Il s’endort au bout de trois pâtés de maison. Pour ne pas rater le cirque, je ne voulais pas qu’il s’endorme à la maison. Nous nous posons dans un square. Je lis tandis que petit fils dort. Tout compte fait, le temps qu’il fait me convient bien. Il fait relativement beau, pas trop chaud, même un peu frais parfois. Pour un Paris au mois d’août, ce n’est pas si mal. On peut respirer au moins.
A 16 h 30, nous sommes au square. Nous prenons le goûter en face du cirque. C’est un tout petit cirque destiné aux enfants, des clowns surtout. Et quelques autres numéros, un de manipulation de lasso, un autre avec la fée Clochette qui fabrique des bulles de savon..Petit fils est fasciné. Par le bruit, par les autres enfants qui jouent, par les barbes à papa énormes… Nous partons à l’entracte. 1 h assis, c’est déjà beaucoup pour lui. Tant pis, nous ne verrons pas le numéro spécial Reine des Neiges.
Beaucoup d’énervement ce soir et l’endormissement est difficile. Je suis vannée, et pourtant, demain soir, c’est sûr, le petit va nous manquer.
Courage, Lilie, le départ d’un parent s’accompagne d’une kyrielle de tâches tout aussi délicates et peu engageantes les unes que les autres. Tu as cette chance inouïe, que j’ai eue aussi, de ne pas être seule. Même si c’est toi qui, sauf erreur de ma part, joue les chefs de file.
La voix de Lilie
Pour la première fois depuis bien longtemps je me réveille tard et surtout reposée. Ma sœur a apporté une pogne de roman avec des pralines, gâteau madeleine de Proust familial. Nous la dévorons avec appétit au petit déjeuner que nous prenons tous ensemble sous l’abri piscine. Le temps s’est remis au beau, ici le gris ne dure jamais bien longtemps.
Dans la matinée nous nous remettons à nos devoirs de vacances. Faire des papiers. Il nous manque toujours quelque chose, une adresse, un code, un document. On n’avance pas vraiment. Une fois le dossier complété, ma sœur passe chez le notaire et mon frère à la mairie. De mon côté je passe à la phase déblayage de la maison. Pièce par pièce nous devons séparer le grain de l’ivraie comme on disait autrefois.
Nous decidons de prendre l’après-midi pour nous détendre. J’ai repéré une randonnée dans des crevasses près de Grignan, 10km sans grande difficulté. Nous partons mon mari, ma, sœur et moi. La partie crevasses est très dépaysante, on se croirait dans la jungle, bien loin d’ici. Ensuite la randonnée passe au dessus des crevasses et la vue sur la plaine, le château de Grignan et les collines au fond est magnifique. La randonnée continue ensuite dans les champs de lavande, coupés maintenant, ce doit être magnifique fin juin lorsqu’elle est en fleur. Nous glanons quelques fleurs oubliées par les cueilleuses (automatiques à n’en pas douter) que nous passons sur nos bras. Le parfum est intense. Rien a voir avec celui de mes pauvres plans en région parisienne. Puis la randonnée serpente dans une forêt de chênes, blancs et verts, garrigue de thym, lavande sauvage, genévrier.
Après la balade, nous partons à Grignan pour prendre un verre avant de rentrer. Il y a beaucoup de touristes car Grignan est réputée par son château et sa dame de Grignan fille de madame de Sévigné. Le château est parfaitement conservé et sert d’écrin pour des manifestations et spectacles vivants tout l’été. Il se visite le reste de l’année.
Nous rentrons ensuite à la maison pour une soirée en famille.
Ta voix à nouveau Lilie. Ça me fait plaisir de t’entendre. Pour moi, il ya la vie d’aprèsCovid, pour toi, il y a maintenant la vie d’après le départ de mon père, qui prend le pas sur le reste. Même si tu ne vivais pas avec ton père, il était là, comme un marqueur du temps, comme un témoin. Maintenant, il n’est plus. Il te faudra du temps encore pour t’habituer. Est-ce qu’on s’habitue d’ailleurs à l’absence de ceux qu’on a aimés?
En dehors de la minute de philosophie qui me prend à l’instant, ma journée d’aujourd’hui est une journée de Mamie.
Petit-fils nous a fait une nuit complète. Il est en forme. Ce matin, nous faisons un tour au marché, puis nous allons jouer au square. Nous rentrons en fin de matinée, c’est déjà l’heure de faire le repas. Petit fils ne fait pas trop honneur au repas. Le goûter du matin était sans doute de trop. Mais tout de même, il réclame un dessert. Il a aperçu les petits suisses dans le frigo. Et il aime.
Après le repas, il a besoin d’une sieste. Mais, comment faire? J’appelle mon fils, le Papa, qui n’est pas encore parti travailler. Petit-fils reprend la pêche puis s’énerve à nouveau, réclame de monter dans sa poussette…J’ai besoin d’une pause, je le laisse ralouiller sans intervenir. Quelques minutes plus tard, je le retrouve endormi au travers de la poussette. Il ne me reste plus qu’à le prendre délicatement, à le poser doucement sur une couverture au milieu du salon, et voilà un bébé qui fait la sieste. Une sieste qui dure 3 h 30. Je voulais l’amener au cirque. C’est râpé pour aujourd’hui. J’essaierais demain. Il a même zappé le goûter cet après midi.
Pendant sa sieste, j’ai le temps de faire le ménage des photos dans mon portable et de faire la quiche pour ce soir. Nous sortons en toute fin d’après-midi au square avec mon mari. La journée est passée vite aujourdhui.
Le bain, le repas, le jeu …et bientôt le dodo. Je suis plus en confiance ce soir. Nous prenons nos repères tous les deux.
La voix de Lilie
Ce matin l’objectif est d’enclencher les démarches pour mettre notre mère à l’abri financièrement. Elle n’avait qu’une pension alimentaire, elle doit recevoir la reversion maintenant. Il faut retrouver les codes de mon père et créer les comptes client de ma mère. 2h rien que pour ça. Devant le nombre d’informations qui sont demandées, je pars chez ma mère remplir le dossier en ligne. Encore 2h. Le monde d’aujourd’hui est ainsi fait, que nous nous substituons aux salariés pour faire les saisies et monter les dossiers. 4h, et ce n’est pas terminé. Il manque des actes de naissance, demandés aussi en ligne mais qui seront envoyés par courrier. Allez comprendre la logique… 4h, non payées, un salarié en moins par dossier. Pauvre France, qui cherche des cotisations sociales et met ses salariés au chomage…
Pendant ce temps, mon frère crée un fichier partagé pour lister et suivre l’ensemble des démarches. La tâche est immense, la France est procédurière et rien n’est centralisé.
Je suis vannée lorsque je rentre à la maison. La nuit dernière je ne sais pas ce qui s’est passé, impossible de dormir. Je me suis endormie vers 4h, levée à 8. Alors cet après-midi en rentrant, direction le lit pour une sieste d’une heure. Je fais très rarement la sieste, mais là, je m’assoupis. Le réveil est difficile, mal au cœur, bouche pateuse, je déteste. Il me faut quelques heures pour me remettre.
Le soir nous commandons des pizzas que nous mangeons mon frère, mon mari et moi sur la terrasse. La soirée s’étire entre 2 souvenirs, des idées qui émergent pour le futur, et nous la terminons sous un orage terrifiant, au sec sous l’abri piscine, à sursauter à chaque coup de tonnerre et à regarder les tombes d’eau se déverser sur les dalles de la terrasse et dans la piscine.
Aujourd’hui, je suis une Mamie opérationnelle. Je garde petit fils. Ma belle fille me l’amène vers 9 h. Elle reviendra le chercher vendredi en fin d’après-midi. Mon mari est parti travailler au bureau. Nous voici donc partis pour une journée à deux voix. Petit-fils s’exprime de plus en plus. « Et voilà, c’est bon » (au sens, c’est ok), « deux, quatre, six », il compte….
Ce matin, le temps est à peu près correct, je l’emmène en poussette pour faire quelques courses. Il s’endort et ne se réveille qu’une heure et demie plus tard, quasiment au moment de rentrer.
C’est vite l’heure de manger. Le menu est simple ce midi: Melon, coquillettes et jambon, avec du fromage bien sûr. C’est notre journée d’adaptation. Je préfère passer plus de temps à jouer avec lui qu’à faire la cuisine. Pour la sieste, je n’insiste pas car il a beaucoup dormi ce matin.
Nous partons pour le square. Le petit cirque Gontellis est en train de s’installer. Les prochains jours, il y aura spectacle à 17 h avec la Pat’patrouille et les clowns Patate et Chocolat, un spectacle pour enfants. Petit fils est encore bien jeune, mais je vais essayer de l’amener.
Au square, petit fils joue, se fait une copine et la pluie se met à tomber…Juste une pluie pour faire semblant, mais tout est mouillé. Nous rentrons en faisant un grand tour. Il s’endort et se réveille au retour à la maison lorsque je tente de le déshabiller.
S’occuper d’un petit est épuisant car les activités durent peu. Il faut sans arrêt innover. Comme la sieste lui manque un peu, je mets un fond musical, des comptines africaines pour faire temps calme. Je ne tente pas de nouvelle sortie car le temps est incertain.
Mon mari est content de retrouver son petit-fils à la maison. Il lui donne le bain tandis que je prépare le repas. C’est un vrai petit singe. Il nous imite dans nos mimiques et nos façons de faire.
La voix de Lilie
Ce matin un besoin viscéral de faire place nette dans la maison nous prend tous les trois. Vider les salles de bain des bibelots et autres flacons infâmes, les tiroirs des montagnes d’objets étéroclytes qui s’y trouvent pèle mêle. On remplit des grands sacs poubelles de toutes ces choses sans valeur que l’on garde parce qu’on ne jette rien. La maison en est pleine à craquer. Notre tâche est immense avant de voir émerger ce qui a de la valeur.
Encore quelques visites aujourd’hui, mais globalement nous sommes plus tranquilles. Nous avons rendez-vous à la banque pour initier le processus de succession, le notaire est déjà choisi.
Le soir nous dinons en petit comité sur la terrasse, une soirée plus calme, bienvenue après ces quelques jours chargés en émotions.
Mon père était quelqu’un de particulier qui n’a pas été exemplaire loin de là. Mon frère reste avec encore beaucoup de rancœur. Il n’a pas fait ce travail de pardon qui rend les relations plus sereines. Je l’écoute dire, ou plutôt cracher ce qui lui reste sur le cœur. Et ce soir, en me couchant, là, tout de suite, j’en ai assez. Demain je veux passer à autre chose. Demain, on continuera les démarches, le rangement de la maison. En se projetant sur l’avenir. Je ne veux plus entendre de mauvaises choses sur mon père. Personne n’est parfait. Mais il me touchait dans ces derniers temps, l’homme de 80 n’est pas l’homme de 30.
Je sens arriver le contre coup de ces mois terribles que je viens de passer. Lorsque toute l’énergie a été déployée pour aider, soutenir, aller, venir et que le soufflé retombe. Ce soir, je pleure dans mon lit. Ma chambre d’enfant me semble étrangère, il n’y a plus d’âme dans la maison.
Ce matin, je me sens en forme. Je décide de partir pour une marche préparatoire. J’accompagne mon mari sur son trajet pour le travail, puis je me dirige vers le bois de Vincennes. En arrivant sur le lac Daumesnil, je croise des pompiers qui courent et mes pensées s’envolent vers toi, Lilie. C’est bien cette idée de donner à une association lors des obsèques d’un proche pour marquer sa sympathie. C’est plus durable que les fleurs. Je ne savais que ton Papa était pompier aussi. J’espère que tu as beau temps. Pour accompagner quelqu’un qui part, je trouve ça sympa le soleil, ça réchauffe le coeur et le corps de ceux qui restent.
Cette fois-ci, à partir du lac Daumesnil, je fais une excursion dans les îles de Reuilly et de Bercy qui sont au milieu du lac. Nous y étions allées, l’année dernière, avec deux graines, je ne ne me souviens plus en quelle saison, fin d’automne, je pense. Je ne rencontre pas grand monde, sauf de grands troupeaux d’oies. Je m’en suis déjà aperçue la semaine dernière, les oies sont beaucoup trop nombreuses. Les chemins sont jonchés de fientes, malgré les nettoyages. Il y a aussi des cygnes, des poules d’eaux, des paons dont un blanc et une femelle. Par contre, Je ne vois plus les beaux canards à cou orange que nous avions admirés l’année dernière.
A faible distance de moi, une dame marche, d’un bon pas avec ses bâtons et son coach. Mon mari m’a dit et répété qu’il ne voulait pas être mon coach pour mon chemin de Compostelle. Alors, moi, je marche seule, ce qui me va bien, me permet de laisser aller mes pensées là où elles veulent aller. La marche solitaire est un vrai baromètre de l’état mental. La semaine dernière, j’avais du mal à lâcher mon portable. Aujourd’hui, je me sens plus cool. Je me laisse aller dans l’instant qui passe. J’hume l’odeur de l’herbe coupée. Les jardiniers sont en train de tailler les pelouses. J’oublie, le Covid, ses vaccinations et ses réfractaires, ses contraintes et son passe sanitaire.
A vouloir faire une petite incursion dans St Maurice, je me perds et je me retrouve à traverser un bras de la Marne…Curieux me dis-je…et je reconnecte mon GPS pour me remettre dans la bonne direction. Je me perds vite. Je n’ai aucun sens de l’orientation. Sur le chemin, c’est pareil, heureusement qu’il est bien balisé. L’essentiel est de ne pas faire fausse route trop longtemps.
Je retrouve les abords de l’hippodrome, le bord du lac de la Gravelle où la seule pêche autorisée est la pêche à la mouche fouettée (!), avec permis bien sûr. Je traverse l’arboretum, l’arrêt toilettes est toujours le bienvenu. Enfin, je me dirige vers le lac des Minimes pour ma 2ième pause: Jus d’orange et crêpe achetés à l’estaminet à côté du restaurant de la Porte jaune.
Après cette 2ième et dernière pause, c’est le moment de rentrer, direction la cartoucherie, le parc floral, le chateau de Vincennes, la boulangerie de la rue des Pyrénées et la maison. Je suis contente de rentrer. Les épaules tirent un peu, mais je me sens bien moins fatiguée que la semaine dernière. Le désengorgement du foie et de vésicule biliaire ont dû faire effet.
Il me reste l’après-midi pour buller et faire les menues tâches courantes qui m’incombent. Demain matin, ma belle-fille m’amène petit-fils et je vais le garder jusqu’à vendredi soir, nuits incluses.
La voix de Lilie
Mon frère vient de vous retracer le parcours de papa, je vais vous lire un petit mot pour dire qui il était. Papa, Peut-être que ce qui te caractérise le plus, c’est ton Independance. Ce besoin de faire ce que tu veux 45 quand tu veux. Ce besoin de ne rien demander aux autres. Jusqu’à l’extrême limite, où tu y as été obligé par la force des choses. Mais aussi ton ingéniosité, comme lorsque d’une vielle machine à laver tu avais fait un stérilisateu 1er à bocaux, ou plus joueur lorsque tu faisais rouler la voiture au gaz, la bonbonne dans le coffre. Ton humour, comme lorsque tu avais installé un combiné de téléphone, avec sonnerie, dans la 4L pour faire croire qu’il y avait 45 un vrai téléphone dans la voiture, les chansons idiotes et un peu irrespectueuses que l’on chantait. Tes passions. Je te revois toujours dans ton garage. Si ce n’est ta pièce préférée de la villa (on l’appelait comme ça), en tout cas, celle que tu utilisais le plus. Toujours en train de bricoler quelque chose ou sur une voiture. Tes vielles voitures, celle que tu as achetée, celle que tu as refaite, celles que tu as abandonnées en route faute de pièces. Quelques années à chiner dans les vielles fermes alentour pour trouver des carcasses, des moteurs. Ta fierté de les faire rouler, encore aujourd’hui. Et bien sûr, tes collections. Des journaux, de l’illustration à paris match, des fers à repasser, des moulins à cafés et dernière en date, des capsules de champagne. Toutes prétexte à des promenades dans les brocantes. Tes lectures, sur la guerre, surtout celle de 14 et la recherche, fructueuse, de ton oncle Arsène.
Tu as tout batti de tes mains, avec quelques aides parfois, ta maison (je te revois construire le trottoir, avec meno il me semble), ta piscine (avec Pierre Henri) dans laquelle tu te baignais chaque jour en été et jusqu’à il y a encore quelques jours et tu y étais très attaché.
Si je te regarde, je te vois, allongé sur ton canapé, les jambes repliées, en train de faire des mots croisés.
Je ne pensais pas que tu puisses partir si vite, tu étais tellement en forme jusqu’à l’an dernier. Tu faisais tellement plus jeune que ton age, souple encore comme un jeune homme. Je suis heureuse d’avoir pu t’accompagner jusqu’au bout avec ma sœur et l’aide de ta petite fille. Tu as fermé tes beaux yeux bleus, dort bien Papa.
Pendant que toi, Lilie, tu t’apprêtes un dire un au revoir formel à ton Papa en famille, les antillais et martiniquais se préparent à un nouveau confinement à partir de ce soir, et moi je me remets doucement de mes désordres internes en préparant le repas dominical .
Pas de jogging ce matin, je me contente d’une grosse heure de marche dans le quartier. Je vais jusqu’au marché de St Mandé pour acheter des fruits et de la salade. Au retour, j’identifie un nouveau lieu éphémère « wonderland » tout près de chez nous. A découvrir dès que possible, mais il n’ouvre qu’à partir de midi.
Ce midi, mon fils vient manger avec sa famille. Le repas est simple et c’est tant mieux, car les enfants n’ont pas faim; ils se sont gavés de pain au chocolat avant de venir. Vu que mon appétit n’est pas revenu à la normale, cela ne me touche guère et ça m’évite d’avoir à justifier mon manque d’appétit.
A 15 h 30, les enfants sont partis et nous voici à nouveau tranquilles en train de buller en regardant les JO. Sur la vitrine d’un agent immobilier, j’ai découvert ce matin un texte de Jean d’Ormesson » le train de la vie ». Je recherche sur Internet ce texte qui m’a touchée au point d’avoir envie de le partager avec les graines.
En fin d’après-midi, je tire mon mari par la manche pour aller faire un tour à notre fameux « wonderland » voisin. Ce n’est pas le luxe, c’est juste un lieu où prendre un verre qui jouxte la petite ceinture. Quelques jeux pour les enfants, un squate park, des tables de ping-pong fabriquées avec des palettes, quelques stands de restauration, avec un maximum de mobilier en palettes…Il y a aussi quelques animations dont un cours de yoga le dimanche midi…Je trouve bien d’utiliser ces friches pour créer des lieux de convivialité. Vu les matériaux utilisés, ce lieu n’a pas coûté bien cher. J’ai vu que le dernier week-end de septembre, ils fêtent les 50 ans de Greenpeace.
A Paris, il fait toujours aussi beau, un temps d’avril ou de mai, tout au plus. Une chance, nous n’avons pas eu de pluie depuis mercredi dernier. Mais côté température, ce n’est vraiment pas ça. On a du mal à croire qu’on est au coeur de l’été.
Aujourd’hui, le temps maussade ne me fruste pas plus que ça. Je me lève fatiguée et barbouillée. Je passe une grande partie de la journée au lit et je dors. Ce matin, je tente une sortie pour aller faire le marché pour acheter mes légumes notamment. Demain, nous avons fiston et sa famille.
En fin d’après-midi, j’ai rendez-vous chez l’ostéopathe. Initialement, c’était le haut du dos qui devait être à l’ordre du jour. Mais au vu de mes déboires digestifs, elle s’occupe du foie et de la vésicule biliaire en appuyant sur les points de shiatsu. Troubles émotionnels me dit-elle en conclusion.
Pour ce soir, mon mari m’a préparé de la soupe. Et après, au lit, comme les poules…
Comme chaque matin je me réveille vers 7h. Le réveil est réglé sur 8h, mais impossible de me rendormir. Depuis que je suis ici, je n’arrive plus à dormir tard comme avant. Même en me couchant à des heures indues. Alors je me lève, je me prépare et je pars télétravailler le matin.
Mon corps accuse le coup des traumatismes psychologiques de la semaine dernière. Toutes ces images qui me hantent. D’autres traumatismes vont suivre. S’immiscer dans l’intimité de son parent en ouvrant tous les tiroirs, les armoires. Regarder ses photos, ses papiers. Pourtant il faut bien le faire pour trouver les informations dont nous avons besoin et plus tard pour vider la maison.
Les formalités d’obsèques sont règlées, nous avons eu du mal à trouver comment habiller mon père. Depuis plusieurs années il ne mettait plus que des tee-shirts défraîchis et des joggings. Les pompes funèbres l’ont ramené dans la cours de sa maison avant de le déposer en chambre funéraire. Mon frère, ma soeur et y moi sommes allés le en fin de journée pour le voir. Il ne se ressemble plus. C’est vraiment fini.
Entre deux formalités, nous prenons le temps de nous baigner et de nous détendre un peu en famille. Neveu, nièce, cousine, bébé passent. Il y a des rires, des larmes.
Le soir nous dinons tous ensemble, mon frère et deux de ses enfants, ma sœur et sa fille, mon mari et moi. Nous évoquons nos souvenirs d’enfance, bons et mauvais. Nous finissons la soirée en cherchant des photos de mon père pour les mettre à côté de lui. Cela me donne des bouffées d’angoisse de rentrer dans son intimité sans lui. De regarder le contenu des armoires, des bureaux. On part de sa vie en laissant tout tel quel comme si on allait revenir. Tout est là. Sauf lui. Ce n’est rien de dire « on n’emporte rien avec soi », on est venu au monde sans rien, on repart sans rien.
La voix de Graine
Tes nuits sont courtes, Lilie, c’est le moins qu’on puisse puisse dire. Mais tu vis un moment tragique et important. Ce n’est pas rien de voir partir son parent. On a idée qu’on connaît ses parents, mais dans les faits, nous en connaissons des facettes. Quoiqu’on ait vécu avec eux, une partie de leur intimité nous reste étrangère.
Lorsque mon père a fait son AVC, il nous a fallu vider sa maison car il était en location et son état était irréversible. Il n’est mort que quatre ans plus tard, mais suite à son AVC, il était très diminué. Il n’était plus le même. Nous avons fait le tri de ses affaires avec ma soeur. Il gardait tout. Je suis tombée sur des lettres que je n’aurais pas dû lire. J’ai gardé ses agendas et des papiers, dans l’idée d’écrire un jour. Je ne pense que ce jour arrivera. C’est trop difficile. Il faudra bien que je me résolve à brûler ces papiers.
Aujourd’hui, ce n’est pas la forme, je me traîne. J’ai enchaîné quelques jours assez actifs, et voilà, je dois me poser à nouveau. Je fais le minimum, les tâches courantes. Mon mari est à la maison, il télétravaille.
Cet après-midi, je ne vais pas rendre visite à mes handicapés. Il y a une fête à l’établissement pour le départ d’un résident. Je les laisse entre eux. Je profite du temps libéré pour vider mon portable. Je suis loin d’en avoir fini, il y a du monde, mais je dois absolumment le faire avant mon départ sur le chemin en septembre.
En fin début de soirée, mon mari me propose d’aller manger une pizza. J’accepte sans enthousiasme, mais je me dis qu’une sortie ne peut pas me faire du mal. Je ne finis pas ma pizza et pourtant c’est trop. Mon estomac se révolte dès notre retour à la maison. J’aurais dû m’écouter davantage. A 21 h, je suis au lit.
Prend bien soin de toi Lilie. Sois à l’écoute de ta fatigue et de tes ressentis. Bientôt, tu seras à nouveau Mamie…
Comme tu le dis, Lilie, nous sommes chacune sur notre chemin et nos chemins cet été sont bien divergents. Seule l’amité nous unit et le fil de ce blog. J’ai une pensée pour toi, Lilie, qui traverse un moment bien difficile.
Ce matin, je me réveille en n’ayant pas assez dormi, habituel lorsque petit-fils passe la nuit à la maison. Lui a plutôt bien dormi. Il s’est réveillé vers 2h parce qu’il avait soif. Et il s’est rendormi, dans notre lit. Mon mari et moi ne sommes plus habitués à ces nuits en pointillés. Une fois réveillés, repartir dans le sommeil n’est plus aussi immédiat qu’autrefois. Qu’importe, je suis ravie que notre petit ait dormi à la maison.
Il se réveille à 8 h. Je le prépare pour partir à la crèche. Il est facile et coopératif sauf quand je refuse de lui donner les ustensiles de cuisine qu’il réclame. Il s’assied par terre et râle en signe de mécontement. Pas question que je cède car c’est l’heure de partir à la crèche. Je me prépare à prendre le bus, mais devant l’attente, j’y vais à pied. 35 bonnes minutes de marche d’un bon pas, en montée. Un vrai démarrage de journée. J’aurais dû être en avance, mais je suis pile à l’heure limite. Il est 10 h. Petit fils ne veut pas me lâcher, je galère pour plier la poussette et je me fais aider par une employée.
Pour rentrer, je prends le bus. J’ai assez marché pour ce matin et je suis un peu pressée. J’attends un graine pour ce midi. Nous devons aller rôder du côté de Chateau-Rouge cet après-midi. De plus, ce que j’avais zappé, mon mari a rendez-vous chez son dentiste en début d’après-midi pour se faire poser un implant. C’est pratique, le télétravail, ça permet de mieux gérer les contraintes personnelles, quand la hiérachie est d’accord.
Après le repas, nous prenons le métro direction Barbes pour monter sur Château Rouge. C’est l’Afrique noire ici, sans passe sanitaire ni billet d’avion. Nous découvrons. C’est la première fois que nous venons dans le quartier. Mon mari est déjà venu avec ma copine africaine pour y manger un plat africain. Aujourd’hui, nous venons pour acheter les ingrédients nécessaires pour faire les plats africains que ma copine a prévu de concocter pour fêter l’anniversaire de son fils. Pour être sûres d’acquérir les bons produits, nous questionnons les clientes, les commerçants. Les boutiques sont pleines à craquer, la distanciation reste approximative, mais toutes et tous portent le masque. Ma copine assiste à une négociation épique de poissons surgelés, congélateur grand ouvert. A l’issue de la palabre, c’est apparemment la cliente qui a gain de cause. Comme c’est curieux, ma copine fait l’impasse sur le poisson fumé qu’elle avait envisagé d’acheter.
Après avoir arpenté les commerces africains, nous nous dirigeons vers le quartier tamoul entre les métros Louis Blanc et La Chapelle. Rue Pajol, nous découvrons le temple hindouiste dédié à Ganesh, le Dieu éléphant. Nous n’osons pas rentrer. Les épiceries tamoul sont impeccablement rangées et sentent bon. C’est trop tentant. Mais comme dans le quartier africain, les produits sont pour nous, pour la plupart, inconnus, exotiques. Nous nous arrêtons dans un petit estaminet pour prendre un thé à la cardamone. Et nous avons un thé au lait, peut-être à la cardamone…
Une journée bien remplie qui se termine. J’ai commencé à distribuer des têtes et des gousses d’ail. Nous en avons glanées beaucoup! Mon mari a un magnifique morceau de fer tout neuf dans la bouche. Et ce soir, normalement, je dois écrire avec ma copine si elle ne m’oublie pas.
La voix de Lilie
Tu remplis tes journées Graine. N’oublie pas de te poser un peu de temps en temps si tu veux être en forme pour ta marche.
J’ai fait de drôles de rêves sur le matin. Ma nièce me disait qu’on a enfin trouvé le mal qui ronge mon père. C’est un cancer de l’oreille interne. Je me demande où j’ai été cherché ça. Peut être parce que je disais que l’organe attaqué ne devait plus fonctionner et mon père est sourd. Puis une graine oubliée qui nous montrait ses trophées gagnés au golf. Dans la boite 3 bouchons de bouteilles de plongée en guise de trophée.
Je me lève. L’hôpital n’a pas appelé. Mon père doit être encore en train de dormir. Je me prépare pour aller travailler. Puis l’hôpital appelle. Mon père est parti cette nuit, tranquillement, dans ce sommeil irreversible. Nous partons directement pour le voir une dernière fois dans sa chambre.
Quel mystère que la mort. Son corps chaud et vivant s’est vidé de lui, figé, durci. Il était là, il n’est plus là. Je n’aurais jamais cru qu’il puisse mourir. Mon père, si fort, devenu l’ombre de lui même, disparu. J’ai du mal à le croire. Pourtant je suis soulagée de ne plus voir cette décrépitude des jours derniers. De ne plus avoir chaque soir à le quitter pour le retrouver dans ce tunnel de fin de vie. C’est fait. La vie s’est arrêtée. Mon père est un souvenir. Un souvenir d’enfance, de jeunesse, de vieillesse. Je revois ses yeux bleux pâles, uniques, son regard qui nous cherchait à la fin, qui se révulsait pour partir dans les limbes, son regard qui pouvait être froid et même glacial et pourtant magnifique.
Ce soir la maison devient la notre. Et l’on mesure avec ma sœur, l’immensité de la tâche qui nous attend. Des armoires partout. Pleines à craquer de vêtements jetés pèle mêle, des objets de toutes sortes, partout. Difficile de rentrer dans l’intimité de son parent. De fouiller sans se sentir illégitime.
Il n’a pas su dire qu’il nous aimait. Le saura-t-on jamais.
Aujourd’hui, le soleil est revenu, enfin. C’est un soleil timide et capricieux, mais tout de même, il y a de la lumière et ça fait du bien.
Pour marcher, le temps est idéal, ni trop chaud, ni trop froid et surtout pas de pluie. Je pars de la maison vers 8 h 20, en même temps que mon mari. Je fais un bout de chemin avec lui – depuis des années, il fait à pied le trajet pour se rendre au boulot. Puis je sors de Paris et je rejoins le bois de Vincennes. Je connais le bois par cœur. Malgré tout, je me perds…et je me retrouve car j’ai quelques points de repère. De toute manière, comment se perdre aujourd’hui avec le GPS. Lac Daumesnil, hippodrome, arboretum – je revois la pelouse où nous avons pique-niqué au printemps dernier. L’herbe a bien poussé depuis! Je fais une pause au jardin tropical. C’est un endroit que j’aime bien. Il est hors du temps et de l’espace. Un exotisme désuet, des bâtiments en ruine, une évocation de l’ailleurs.
De retour sur Paris, je fais un détour par le marché. Pour la plupart, mes commerçants ne sont pas là, le marché est vide, les parisiens sont ailleurs sur les plages ou à la campagne.
je suis contente de rentrer. Je suis vannée. Mon objectif était de faire 20 km. J’en ai fait 19,5. Les 1ers kilomètres ont été durs. Je passais mon temps à regarder l’heure sur mon portable. Les derniers kilomètres ont été durs également car je manque d’entraînement.
En fin d’après-midi, après mon rendez-vous chez la coiffeuse, je vais chercher petit-fils à la crèche. Il dort chez nous ce soir.
Nous sommes contents d’avoir petit fils à la maison. Malgré notre absence d’un mois, il nous retrouve comme si nous nous étions quittés hier. Il parle de plus en plus. Nous ne comprenons pas tout. Il a toujours aussi bon appétit. Le passage à l’étape dodo est comme d’habitude la phase la plus délicate. Ce soir, nous décidons d’être patients et ça fonctionne.
Je suis contente, Lilie, de retrouver ta voix, et triste de l’épreuve que tu traverses. Je te remercie de partager ce moment difficile et intime. Sans l’intime, nous ne sommes que des carcasses composés d’os et de chairs flasques. L’intime, c’est le vivant, l’humain en nous , ce qui nous fait vibrer, rire, ou pleurer, selon les circonstances. Poser des mots, c’est se poser aussi, pour prendre un peu de recul.
La voix de Lilie
C’est vrai que cet été nos voix se répondent pendant que nos vécus sont tellement dissemblables. Toi en vacances et dans tes projets de pèlerinage, moi dans l’accompagnement de mon père. J’aime te lire le soir pour sentir la vie autour et voyager avec toi. Un chemin va bientôt s’arrêter, un autre commencera, ainsi va la vie.
Ce matin nous sommes appelés par l’hôpital. Il faut partir en urgence. Le voir une dernière fois. Il dort lorsque nous arrivons, ma sœur, mon mari et moi. Notre présence le réveille. Le bleu de ses yeux se fond, son regard se perd. Nous parlons autour de lui car il aime nous entendre. Ma sœur lui lit quelques pages d’un livre. Il est temps de se dire au revoir, il a envie de dormir. Nous lui souhaitons bonne nuit et de faire de beaux rêves. Nous l’aidons à boire un peu d’eau, il veut le faire seul. Puis il referme un peu les yeux. L’infirmière vient poser la perfusion de sédatif. Il ne se réveillera plus. Toute la journée nous écoutons sa respiration, régulière, lente. Chacune de ses apnées nous donne un coup au cœur. Comme chaque soir, en partant, nous lui souhaitons bonne nuit et nous lui disons à demain.
C’est très dur cet ascenseur émotionnel, chaque soir est le dernier et chaque jour il est encore là. Seulement demain, il respirera peut-être mais il ne sera plus avec nous.
Il est possible qu’il attende son fils qui arrive demain soir.
Nous rentrons, sonnés par cette journée. Ma cousine et mon beau frère ont fait le repas. Nous dînons tous ensemble avant d’aller nous coucher. Il nous faut garder quelques forces pour les jours qui viennent.
Ta voix ne fait plus écho à la mienne, Lilie, mais je comprends, pas de souci. Il y a des moments où le présent exige. Prendre soin de ton Papa, de toi et de ta famille est ta priorité. C’est tout à fait légitime. Ta voix reprendra sa place lorsqu’elle le pourra, lorsqu’elle le voudra.
Depuis notre retour sur Paris, la pluie n’a pas cessé. Nous sommes toujours entre deux averses. Parapluie et imperméable sont indispensables.
Ce matin, je fais mon créneau de travail à la coop. Nous sommes 4, trois femmes et un homme. Les procédures ont légèrement évoluées. A la caisse, l’hygiaphone est parti. Peut-être vat’il revenir très vite? Et ce n’est plus le client qui pèse les légumes, mais le caissier ou la caissière. Pas de livraison ce matin. Je m’occupe de trier les fruits et les légumes qui s’abîment vite en cette saison. Si les produits sont trop abimés, on les sort du stock. S’ils sont encore consommables, on met une affichette avec indication d’une remise.
Comme nous avons un peu de temps et pas de tâches urgentes, je prépare le café.
La plus jeune d’entre nous a entrepris de nettoyer et de ranger un rayon. Le seul homme de la troupe se propose de l’aider, jusqu’à ce que la petite jeune soit réquisitionnée par un nouvel arrivant pour une formation, ou autre, je ne sais pas, et notre homme se retouve seul à ranger le rayon… Rien de méchant dans tout ça. Cela m’amuse. La jeunesse attire. Quoi de plus normal.
Je rentre déjeuner et je me pose. Comme hier, je suis seule aujourd’hui.
Je ressors sous la pluie pour faire quelques courses de surgelés et prendre rendez-vous chez la coiffeuse de mon mari, la mienne est en congés.
Je prépare mes affaires pour demain. Demain, je vais randonner dans le bois de Vincennes pour me préparer au Chemin de Compostelle. En faisant le tri de mes affaires, je m’aperçois que ma carte d’identité est périmée depuis le 7 juillet. Et mon passeport est périmé également, depuis le 11 juillet. Une légère sueur froide… Depuis 2014, la validité de la carte d’identité est prolongée de 5 ans, mais certains pays européens n’en tiennent pas compte. Inutile de rêver. Je ne suis pas en mesure de refaire mes papiers d’ici le 2 septembre, date de mon départ en Espagne. Sur le site du ministère des affaires étrangères, je trouve et j’imprime un papier qui, joint à ma carte d’identité, pourrait m’être utile. Dans la foulée, je prends rendez-vous pour refaire mon passeport et je fais ma demande en ligne.
Ce soir, mon mari a rendez-vous chez sa coiffeuse. J’en profite pour faire un peu de gym.
La voix de Lilie
La nuit s’est déroulée sans appel téléphonique. Mon père est toujours en vie ce matin.
Nous avons rendez-vous avec ma nièce et mon neveu pour un petit déjeuner en terrasse. Croissants, café crème, soleil, chaleur et bébé à câliner. J’adore ces moments. Je ne ressens aucune envie de rentrer chez moi, encore moins en sachant le temps qu’il y fait. Après le petit déjeuner, je pars chez ma mère. Phase télétravail.
Ma sœur nous rejoins ce midi, puis nous récupérons ma cousine pour partir tous les quatre à l’hôpital. Min père est encore pire qu’hier. Il ne mange plus. Parle dans un souffle si court que l’on a beaucoup de mal à comprendre. En même temps, il regarde les jeux olympiques à la télévision et les épreuves de judo, sport qu’il a pratiqué à haut niveau, le sorte de sa léthargie. Il s’éveille, se passionne toujours. Puis il repart dans le sommeil. Il ne peut plus avaler de cachet, tout passe par la perf. La morphine et l’oxygène ont été augmentés. Ses yeux perdent leur couleur, son regard se voile. Il s’endort. Il nous souhaite bonne nuit. Pour toujours ?
Nous repartons en pleurant ma soeur et moi. Nous allons prendre un verre pour nous remettre un peu de tout ce que l’on vient de vivre, puis nous rentrons manger à la maison de notre père. Ma nièce nous rejoint pour passer la soirée. Nous évoquons nos souvenirs dans cette maison, elle enfant, nous adultes, avant que l’on en soit tous éloignés par une belle mère peu encline à nous recevoir.
Tu vois, Graine, l’écho a repris. A la fois besoin de l’écrire, à la fois besoin d’effacer les images. Reprend ton rythme, ta vie de citadine Graine, et j’espère que le temps sera meilleur pour ton entraînement compostelle. Bonne marche. Garde bon moral.
Ce n’est pas grave. J’ai à faire à l’interieur. Mon mari est parti au bureau. Je peux avancer à mon rythme, zapper la préparation d’un repas formel. Ranger les sacs, me mettre à jour d’un point de vue administratif, faire les courses…Rien de bien passionnant, mais il faut le faire sans attendre.
Je vérifie mon emploi du temps de la semaine. Oh surprise, je m’aperçois que j’ai réservé une visite pour une exposition au Musée Jacquemart ce soir. C’est un peintre, pointilliste ou néo-impressionniste, Paul Signac. Aujourd’hui, c’est le dernier jour.
Je voulais y aller avec mon mari, mais fin juin, il avait temporisé. S’il voulait venir ce soir, ce ne serait pas possible sauf à faire un test en préalable, car il n’a pas eu sa deuxième injection de vaccin! Je me rends compte à quel point la situation par rapport au Covid a évolué depuis fin juin, et pas vraiment dans le bon sens. Je croise les doigts pour que la vaccination soit la vraie bonne solution, parce que, si ce n’est pas le cas, on n’est pas sorti de l’auberge. Et si la vaccination est la vraie solution, on fait comment pour vacciner les trois quart de la population mondiale?
Entre deux épisodes de courses, j’appelle une Graine. C’est cool d’appeler les copines, on est tout de suite sur la même longueur d’onde. Ça fait chaud au cœur .
Je cuisine une ratatouille pour ce soir avant de partir au musée, en métro, car en vélo avec la pluie, ce n’est pas possible. Signac, c’est le peintre de la couleur. J’aime ce qu’il fait. Même seule, ça me fait du bien de voir une exposition.
La voix de Lilie
Ce matin je télétravaille depuis chez ma mère. Cette semaine je vais partager mes journées en 2: télétravail le matin, hôpital l’après midi. C’est compliqué de se concentrer sur le travail dans des conditions pareilles, mais si l’entreprise ou plutôt ma responsable le permet, faisons le job.
Côté hôpital, c’est la douche froide. Après un week-end plutôt bien, mon père repart vers le bas. Le médecin me demande les souhaits de la famille. Je suis sous le choc. En même temps je vois bien que ce corps décharné, ce souffle si pénible, cette incapacité à se mouvoir et à se nourrir ne peut pas conduire à autre chose qu’à la fin. C’est tellement triste de voir cette déchéance du corps. Je lui passe son fils, c’est peut être la dernière fois si son corps lache avant que son fils arrive. Il reste 3 jours. Pourra-t-il tenir ? J’appelle ma sœur qui décide de revenir demain. Je reste à côté de lui. Sa respiration s’arrête, repart. A chaque fois, une bouffée d’angoisse monte en moi.
Au moment du repas, il souhaite s’assoir au bord du lit pour manger seul un peu de purée. C’est tellement d’effort pour y arriver que j’éclate en sanglots. Je lui dis que c’est trop difficile de le voir comme ça. Lui se concentre pour continuer une cuillère ou deux. Je le quitte vers 20h. Je n’ai pas le courage de rester la nuit, seule, avec lui dans cet état. Je rentre le coeur lourd. Est-ce que je le reverrai demain ?
Ce soir à Bollène, lors des polymusicales, il y a un spectacle cabaret. Pour se détendre de tout ce stress, nous y allons mon mari et moi.
Je me couche, que fait il ? Est-ce qu’il respire toujours ?
Aujourd’hui, c’est le retour sur Paris, en voiture. Partis à 10 h 30, nous arrivons à 20 h 15. Ce ne sont pas les pauses gourmandes qui nous ont ralenties, mais un gros bouchon en dessous d’Orléans, à cause d’un accident. Côté météo, nous essuyons quelques orages, mais rien de bien méchant.
Pendant notre séjour à la campagne, nous avons assisté à la récolte de l’ail, aux moissons. Les tournesols encore petits et tout verts à notre arrivée sont maintenant arrivés à maturité. Ils sont en fleurs, des fleurs jaune soleil qui éclairent la campagne. Je regrette de ne pas avoir pris plus de temps pour les admirer. A la campagne, j’aime voir le glissement du temps qui passe en modifiant au passage le paysage au jour le jour. Comme un peintre qui jouerait avec ses pinceaux.
Si d’un point de vue circulation, le voyage se passe sans encombre, au niveau de l’ambiance dans la voiture, c’est une autre histoire. Mon mari a passé les vacances à râler, se plaindre et pleurnicher. Trop, c’est trop, il fallait que ça sorte pour faire baisser la pression avant le retour at home.
C’est fin juillet, Paris s’est vidé. Nous voici rentrés, la maison est propre, mais le frigo est vide. Qu’importe, je ferais les courses demain.
Profite de la campagne, de ta famille, de l’été, Lilie. Prend bien soin de ton Papa.
La voix de Lilie
Bon retour chez toi Graine avec dans le cœur ta maison et ta campagne. Cette année est compliquée pour tout le monde, nous aussi nous étions en train de canaliser la pression. C’est difficile de vivre longtemps à deux. D’accepter de faire des concessions sans trouver son compte. Besoin aussi de vivre un peu pour soi, pour se ressourcer.
Aujourd’hui notre journée a été sur le modèle de celle d’hier. Le matin à la maison. Mon mari a été nous chercher des croissants, c’est dimanche tout de même, puis nous aérons toute la maison pour enlever cette odeur de renfermé à la citronnelle qui nous dérange. Après un repas frugal, nous repartons pour l’hôpital.
Mon père fait la sieste lorsque nous arrivons avec ma sœur. Nous le laissons dormir, le sommeil c’est sacré pour lui, encore plus en ces moments de souffrance. A son réveil vers 16h, il est assez bien. Mange une glace en pot, demande à regarder les jeux olympiques à la télé. En avançant dans la journée, la fatigue se fait sentir, il respire plus difficilement, parle dans un souffle, somnole. Nous le quittons à la fin de l’heure des visites. Chaque au revoir me fend le cœur.
Sans parler de la culpabilité. Fallait il appeler le samu ? Soudainement ce dimanche soir, alors qu’il était dans son lit tranquille, je viens le voir et je l’arrache à sa maison, à sa compagne. Il n’a pas dit au revoir à sa maison, et je sais maintenant qu’il ne la reverra certainement plus. Il voudrait rentrer et je ne suis pas capable de m’en occuper pour accéder à sa demande, il est bien trop malade. Pas plus que mes frères et sœurs du reste, mais je me sens coupable. Coupable de prendre les décisions à sa place, de devoir souvent parler pour lui, de le voir dépendant de moi.
Ce soir nous nous arrêtons mon mari et moi à Orange pour décompresser le temps d’un repas à l’extérieur avant de rentrer.
Dernier jour de campagne… un peu gris ce matin, mais le soleil ne tarde pas à pointer son nez. En fait, il n’y a eu ni orage ni pluie cette nuit. Par contre, la chaleur n’est plus aussi étouffante. C’est agréable. Mon mari va courir. Je m’occupe. A quoi, je ne sais pas vraiment. Je m’occupe. Il y a toujours tant à faire dans la maison et nous partons demain.
En fin de matinée, nous appelons fiston et son petit, puis nous allons faire nos adieux au village. Comme à chaque fois, nous sommes tristes de partir.
Notre fille va encore profiter de la maison une semaine. Après le déjeuner, nous checkons avec elle ce qu’elle devra faire pour fermer la maison. L’après-midi passe tout aussi vite que la matinée…sans rien faire de bien extraordinaire. Même pas une sortie. Envie de profiter de la maison encore un peu. Mon dos se rappelle à moi et m’oblige à me poser. J’ai voulu trop en faire. Faire le sac, ranger un peu et c’est déjà l’heure de partir au resto pour notre dernière soirée.
Ce sont des filles, trois filles qui sont sur scène. Carla Bruni, du folk …C’est sympa. Demain soir, nous serons à Paris. Terminés les petits apéro concerts de village.
La voix de Lilie
Une nuit courte et agitée, pleine de rêves curieux où tous les personnages évoqués dans la journée s’entremêlent, se comportent de manière étrange ou ressemblent à ce qu’on voudrait qu’ils soient. Ce matin, nous trainons, mon mari, ma soeur et moi dans la maison et prenons notre café près de la piscine. La maison a vécu 20 ans sans nous, les pièces sont identiques, jamais refaites, le mobilier et les multitudes de bibelots viennent d’ailleurs. Les notres sont partis avec ma mère. Difficile de reprendre pied, on sent une présence dans la maison, et même son odeur n’est plus celle de mon enfance. En fin de matinée nous partons déjeuner rapidement chez notre mère avant de partir pour l’hôpital.
Mon père est légèrement mieux aujourd’hui. Il mange un peu de compote et de confiture. C’est la première fois qu’il mange depuis une semaine.
Cette déchéance de l’être humain que le corps abandonne alors que l’esprit reste intact me terrifie. Des situations à oublier, des visions à effacer. Y arriverai-je jamais ?
Mon neveu est venu avec nous aujourd’hui, et pour nous remettre de notre stress nous decidons d’aller diner à l’isle sur la sorgue au bord des canaux. Ma sœur réserve dans une guinguette qui s’avère être à l’extérieur du village au bord de la sorgue dans un endroit magnifique et tranquille où nous n’étions jamais venu. La cuisine maison est faite à base de produits locaux. Loin de la foule des restaurants de la ville, nous passons une très bonne soirée avant de repartir dormir à la maison.
Ce matin, nos amis repartent, vers 9 h. Ils vont avoir chaud, heureusement, leur voiture est climatisée comme quasiment toutes les voitures aujourd’hui. Ma fille a rendez-vous au garage, pour une révision en principe. Je la suis à quelques minutes et je la ramène pour sa journée de télétravail. Sitôt rentrée, je repars. J’ai rendez-vous pour un massage à Castres, un moment détente, un moment pour moi. Le masseur prend son temps. Il voit que j’en ai plein le dos, il me chouchoute. Cela fait déjà plusieurs fois que je vais le voir. Il est à l’écoute. Il me fait du bien.
Je rentre pour le déjeuner. Sur l’insistance de mon mari, nous mangeons dehors. Il fait déjà chaud, très chaud. C’est une chaleur orageuse difficile à supporter. Temps d’orage, énervées, les mouches attaquent.
Après le repas, je prends le café et je me repose à l’intérieur pendant que les télétravailleurs bossent. Entre deux pauses, je réserve pour ce soir le repas et le spectacle dans notre café au village, celui-là même où nous étions l’autre après-midi pour la répétition d’un concert. Il reste trois places pour le spectacle et deux places pour le repas. Nous aurons deux repas sur trois? Tant pis, j’ai envie de profiter du beau temps et de sortir.
Des mises à jour à effectuer sur mon site jacquaire, de l’ail à trier, l’après-midi passe vite.
Ce soir, c’est un groupe franco brésilien qui assure le spectacle. Sur les rythmes brésiliens, nous passons une super soirée. Le repas est bon et diététique et nous avons bien chacun notre repas. Les vacances se terminent. Demain, c’est notre dernier jour de campagne. Cette nuit, nous allons avoir l’orage, c’est sûr.
J’ai une pensée pour toi Lilie, et à cet été bien particulier que tu vis.
La voix de Lilie
J’ai dormi dans ma chambre de petite fille. La maison est pleine de mon père. Des meubles anciens très laids à mon goût ont remplacé ceux de ma jeunesse. Les odeurs ne sont plus les mêmes. Je retrouve mes marques mais je ne suis pas tout à fait chez moi comme avant. La maison me semble presque hostile. J’ai l’impression de ne pas avoir tout à fait le droit d’être là.
Ma sœur me rejoint et après un déjeuner rapide chez ma mère puis une baignade rapide pour nous raffraichir chez mon père, nous partons pour l’hôpital où notre père a été transféré. Les soins y seront meilleurs car plus spécialisés. Ma sœur est très choquée par l’état de mon père. Il demande à ce qu’on ne fasse plus de traitement. Il n’y en a pas en fait, que de l’antidouleur. Chaque fois que je vois son corps dans cet état continuer à vivre malgré tout, je me demande pourquoi. Pourquoi continuer à fonctionner lorsque les fonctions de vie ne sont plus possibles, pourquoi tant de douleurs, tant de temps. Qui orchestre cette torture ?
Nous finissons la journée par un diner improvisé chez ma nièce. Elle a installé un coin cosy dans son jardin, allumée la piscine pour le décor. Nous passons un agréable moment en sa compagnie puis nous rentrons à la maison familiale.
Ma sœur pleure dans la voiture, elle décharge le trop plein d’émotions. Moi c’était hier. Ce soir j’essaie d’être plus calme. Sauf la nuit… Je sais qu’il va partir, je ne sais pas quand. Cette nuit, demain ? Quelle importance. Ce sont ses mots pour dire qu’il ne s’est pas rasé hier. Lorsque nous sommes sorties de la chambre il nous a demandé si on allait revenir demain.
Qui aurait dit à le voir tellement en forme l’an dernier que nous allions vivre une telle année…. L’été meurtrier.
Profite de tes derniers jours de vacances Graine, du soleil, de la chaleur. Emmagasine des souvenirs pour te tenir le cœur au chaud.
Chaque jour il sombre davantage. Chaque jour je pense que ça ne peut pas être pire, chaque jour ça l’est. Son corps se détraque de tous côtés. Ses pieds et mains sont froids. Il n’est presque plus là. Son regard bleu se voile. Pourtant il ne dit rien ou pas grand chose, ne serre pas ma main. C’est peut-être le dernier jour où je le vois en presque vie. Ou pas.
Ce soir je rentre dormir chez lui, dans ma maison d’enfance, dans ma chambre. Après 20 ans. Ils ne sont plus là, lui à l’hôpital, elle partie avec ses enfants. Curieuse sensation, d’usurper ce lieu qui pourtant a été mien tant d’années.
Toute cette souffrance me terrifie. Cette fin qui n’en finit pas de venir me ramène à ma propre fin. Voir ce corps décharné et douloureux me panique. C’est lui qui m’a faite, je suis faite comme lui. Et je ne veux pas de cette souffrance, pas voir mon corps se déliter. Qui décide ?
La voix de Graine
Aujourd’hui, il va faire chaud, très chaud. Dès 9 h 30, je pars courir avec le copain de mon mari pendant que ce dernier télétravaille et que l’épouse se prépare. Une heure d’un petit footing avant la grosse chaleur. Comme d’habitude, nous courrons sur le chemin du train, à l’ombre pratiquement tout le temps. Un point d’eau nous permet de nous rafraîchir.
Après le jogging pépère, c’est seulement la 2ième fois que je cours depuis que nous sommes à la campagne, le copain me coache pour les étirements post course. Je me laisse coacher avec plaisir. Je complète son coaching de quelques mouvements d’assouplissement sur lesquels il m’accompagne volontiers. Pendant ce temps, son épouse épluche l’ail qu’il a glané hier.
Une petite virée au village pour quelques courses au village avec Madame, je rentre finir de préparer le repas, et c’est déjà l’heure de passer à table.
Après déjeuner, la chaleur est au max. Mon mari et ma fille au télétravail, mes amis à la sieste, je me pose et je me repose. Ce soir, sur proposition de mon beau-frère, nous avons réservé un apéro concert dans les vignes. En préparation de cette grande sortie, nous faisons relâche cet après-midi.
La soirée est belle.La musique est très sympa. Du hot swing. Sur ma droite, la lune quasiment pleine éclaire un gigantesque pin. Pour le repas, cela tient plus du pique-nique que de la gastronomie, mais qu’importe, d’autant plus que le vin est bon.
La valeur n’attend pas le nombre des années. La valeur marchande pour certains. Mon père m’avait proposé de me servir de sa voiture. Ainsi donc, je la prends pour me déplacer et aller le voir. J’adore cette petite voiture. Sa compagne me fait remarquer qu’elle est aussi à elle. Intérêt et principal, foi de carte grise ! Je lui propose de n’utiliser que la moitié appartenant à mon père ! D’autant qu’elle ne conduit plus depuis 7 ans, me dit elle. Cet après-midi je peux aller voir mon père. Elle, ses enfants l’emmènent chez eux puis certainement en hepad plus ou moins provisoire. Je propose à son fils de l’emmener voir mon père car ce sera peut être la dernière fois. Elle reste une heure, sur les 3 autorisées puis décide de repartir. Nous avons fait notre BA. Ils ont pu se dire, ou pas, au revoir. Je rentre à mon tour dans la chambre. Mon père est au bout du bout. Il en a marre. Maigre, douloureux, épuisé. Plus maigre encore, il ne peut plus manger. Il est sous perfusion et sous oxygène. Il a du mal à parler, à dormir, à respirer. Il me dicte quelques consignes pour après. Il sait bien que la fin est proche. Au moment de partir, il me dit : et puis tu laisseras la voiture à ma compagne. Mesquinerie quand tu nous tiens ! Je lui réponds que bien entendu je lui laisserai (son bien précieux), par contre, dans l’état où elle est, elle ne prendra plus jamais le volant ! Peut-être est-ce donc la chose importante qu’elle a trouvé à lui dire en ce dernier jour. Voilà pourquoi j’ai toujours (ad…) détesté cette femme vénale.
Je repars sonnée par la vision de l’état de mon père. Heureusement mon beau frère m’invite pour une soirée tapas en terrasse dans une jolie ville voisine. Nous passons une agréable soirée à discuter de tout et de rien, du temps qui passe, de notre jeunesse et ses folies, des souvenirs effacés, de la vie de la mort. J’aime ces moments qui sortent du cadre, moi seule, lui seul, nous n’avions jamais eu d’occasions de rester comme ça.
Demain mon mari me rejoint. Cette semaine solitaire est passée si vite. J’aurais aimé un peu plus de temps…
La voix de Graine
Oui, les personnes ne se bonifient pas toute avec l’âge. C’est comme le vin…Les bons sont encore meilleurs et les mauvais sont pires. C’est un constat que j’ai déjà fait à maintes reprises. Je compatis, Lilie. Je suis triste pour toi et pour ton Papa. Tu vas être contente de retrouver ton mari. L’accompagnement d’un proche en fin de vie n’est pas simple, et sa compagne s’est désistée!
Aujourd’hui, pour moi, c’est relâche, partielle du moins. Mon mari a emmené ses amis en balade. J’ai une partie de la journée pour moi. Bien sur, il faut faire les courses, préparer les repas, contacter mon dentiste. Mais je fais tout à mon rythme. Après le déjeuner, je fais une grosse pause en mettant au chaud le côté gauche de mon dos qui est encore douloureux.
Je prends le temps d’appeler les copines. L’une est en train de passer la frontière italienne. La 2ième est en train de se chercher des lunettes de soleil. La 3ième est occupée, elle me rappelle plus tard. Je me déculpabilise. Comme moi, le quotidien ou les vacances grignotent leur temps. Le plus tard pour moi n’existe pas, le téléphone ne passe pas. Ce n’est pas grave, nous nous rappellerons une autre fois. Et toi, Lilie, je n’ose pas t’appeler, par peur de te déranger.
Je prends des nouvelles de mon frère. Quand il vient à la maison, je lui fais prendre un bain, il adore. Quelqu’un m’a questionné l’autre jour au sujet de la sonde. Il a une sonde urinaire. Ses reins ne fonctionnent plus comme il faut. Moi, je ne suis pas du corps médical. Je ne m’étais jamais posée la question. Elle est pertinente. Je questionne l’animatrice qui va se renseigner. A priori, ce n’est pas incompatible, mais il y a une procédure à respecter. Mon frère commence à perdre son autonomie. Il ne peut pas faire grand chose. C’est bien dommage qu’il ne puisse pas profiter de bains dans son établissement. Et en plus, l’animatrice me dit qu’il y a une balnéo. Je pousse une porte qui me plaît. Si je peux un tout petit peu améliorer le quotidien de mon frère …
Ce soir, repas sur la terrasse, et ensuite, entre filles, nous jouons au labyrinthe tandis que les garçons vont glaner l’ail dans la nuit tombante.
Je suis réveillée par un appel de mon père. Il est malheureux, tout seul. Les visites toujours interdites malgré la vaccination. Je ne sais comment le consoler. Il n’y a rien à dire. Son état est stationnaire.
Je décide de faire un jogging pour aller de chez ma mère à chez lui en faisant le grand tour que nous faisions enfants pendant les soirées d’été. J’ai pris mes affaires dans un sac à dos, serviette, maillot, papiers et bouteille d’eau. Je n’ai pas l’habitude de courir chargée comme ça et il fait déjà très chaud. Je cours difficilement. Au bout de 20mn, je m’arrête pour boire, puis je repars. J’insiste mais le corps ne suit pas. Je m’arrête un peu plus loin, à bout. J’ai fait moins de 4km, une misère. Je bois encore un coup et je finis en marchant. Trop fatiguée, lasse, faible.
Arrivée chez mon père je prends un bon bain dans la piscine pour me raffraichir et retrouver de l’énergie. Puis je rentre chez ma mère pour le déjeuner en marchant.
Je retourne en voiture en début d’après-midi pour me poser tranquille au bord de la piscine. J’en profite pour passer quelques coup de fil. Je mets trop longtemps à me décider à appeler mes amis. Je laisse passer les jours, les semaines. Lassitude. J’ai décidé de faire au jour le jour. Tranquillement.
Je finis l’après-midi chez ma cousine. J’ai juste changé de bord de piscine !
J’ai pu avoir mon père plusieurs fois aujourd’hui et même lui passer sa compagne. Le médecin m’a donné des nouvelles peu rassurantes. Seule bonne nouvelle, les visites rouvrent, je pourrais aller le voir demain.
La voix de Graine
J’espère que tu vas pouvoir rendre visite à ton Papa dès demain, Lilie et tu pourras lui remonter le moral pour faire face au mal qui le fait souffrir. C’est normal que tu n’aies pas d’énergie pour appeler tes amis. Tu donnes tout ce que tu as pour ta famille. Les ami-(e)-s aussi peuvent prendre leur téléphone….
De mon côté, je ne me confronte pas à des situations aussi exigeantes en terme d’énergie. Pourtant, je ne trouve pas la force ni pour appeler les amis, ni pour courir d’ailleurs. Le quotidien m’épuise et j’ai toujours cette douleur dans le haut du dos à gauche. De temps à autre, il faut accepter de vivre au jour le jour. Le corps réclame un répit. Côté moral, la lassitude n’aide pas. Que faire d’autre qu’accepter de lâcher, de se reposer avant de repartir le plus vaillamment possible.
Ce matin, mon mari va courir. Je gère l’administratif et aussi la mise à jour du site jacquaire. Cela fait quinze jours que je ne me suis occupée ni de l’un ni de l’autre. Mon mari rentré et douché, je l’envoie faire les courses. Nous avons du monde ce soir, un couple d’amis à lui, quasiment de la famille. Ils connaissent la maison. Ils sont venus plusieurs fois. Mais là, ils vont rester plusieurs jours, avec nous. Cela fait beaucoup pour moi: la fille, le chien, les amis, ma petite fille qui va rentrer un de ces jours avec son papa…A partir de jeudi, mon mari reprend le télétravail, pour deux jours. Le week-end à suivre, nous remontons at home.
Dans l’après-midi, une faisons la pause gourmande: glace et bière, dans notre café favori, au village. Des musiciens sont en train de répéter pour le concert du soir. Un moment agréable avant de se remettre aux fourneaux. Il fait chaud, très chaud, mais les matins restent frais, ce qui est sympa.
Recevoir les amis, être une hôtesse agréable, ce n’est pas toujours évident pour moi. Les amis ont à peu près notre âge. Je me rends compte à quel point eux aussi ont besoin de se poser. Il ont des problèmes de santé. Pour elle, un problème de poids, et actuellement un excema qui lui recouvre entièrement le corps. Ce dernier lui provoque des démangeaisons permanentes. Le diagnostic est posé. Pour la cause, cela pourrait provenir du confinement! Pour lui, c’est le diabète. Il a décidé d’arrêter l’alcool. C’est une sage décision. Notre repas s’éternise. La soirée est fraîche. Soudain, sous la langue, je sens rouler une de mes dents. C’est une dent sur pivot qui est sortie de la gencive…
Je ne lis ton article que ce soir Lilie…J’espère que les nouvelles sont meilleures aujourd’hui pour ton Papa. Difficile période que celle où nos parents commencent à fléchir dangereusement.
Mon quotidien est plus pépère, même ennuyeux parfois. Après la nuque, c’est le haut du dos à gauche qui me fait mal. Des contractures. Le moral qui résonne dans le corps.
Ce matin, nous partons sur Castres pour la révision de la voiture. En attendant la fin de la révision, sans voiture, nous déambulons dans le centre commercial et achetons quelques menus bricoles dont nous avons besoin.
Ce soir, ma soeur vient dîner avec mon beau-frère. Comme d’habitude, je traîne et je me mets bien tard à l’ouvrage. Je fais des farcis. Végétariens et non végétariens. Mon mari prépare une tarte avec les mirabelles que nous avons ramassées il y a trois jours.
Nous dînons dehors en nous protégeant comme nous pouvons des moustiques et autres insectes volants. La journée a été chaude, même très chaude, trop chaude pour déjeuner dehors ce midi. La soirée est fraîche. Il fait bon dehors.
La voix de Lilie
Les visites ne sont pas autorisées dans l’hôpital où se trouve mon père. Je trouve cette situation inhumaine. Et contreproductif pour le malade qui doit se battre seul. Pourquoi se faire vacciner si l’on ne peut pas en tirer d’avantages ? Pourquoi peut on refuser de se faire vacciner mais pas refuser les tests pcr ? Mon père est seul. Je l’appelle, il voudrait nous voir…. Sa voix est un peu meilleure qu’hier mais ce n’est pas la sienne. C’est celle de son père, mon grand-père que j’entends. Hier son visage n’était plus le sien non plus, la machoire tendue. Une vision mortuaire qui m’a choquée. Nous espérons un transfert rapide vers Avignon où les visites sont autorisées et où il sera dans un service spécialisé. Il souffre d’une grave déshydratation et manque d’oxygène. Il ne se sent pas mieux qu’hier, même si je trouve qu’il s’exprime mieux. Ce qui est certain c’est qu’il ne pourra plus vivre chez lui où il n’a aucune assistance. A-t-il quitté sa maison pour toujours ? Lui a-t-il fait ses adieux ? Je ne sais pas, il est parti si vite hier.
Avec ma sœur nous avons ouvert le garage et sorti sa voiture. Sa compagne nous fait bien comprendre que la voiture est aussi la sienne. Donc je prends la moitié de la voiture de mon père et sa moitié pour me déplacer. C’est inconcevable pour nous de prendre sa voiture. Jamais il ne nous aurait laissé sa voiture auparavant. Là il me l’a proposée. Autres temps, autres mœurs..
Mon enfance me passe par la tête. La maison. Mon père jeune. Cet endroit familier dont nous sommes privés depuis le départ de ma mère. Que je réinvestis peu à peu. Je fais des rêves étranges, je me réveille croyant qu’il est parti dans la nuit. Non, ce n’est pas aujourd’hui. Il est encore un peu là. Il y a encore un peu d’espoir. Si peu, mais pourquoi pas y croire encore.
Un soleil de plus en plus généreux…aujourd’hui. Nous avons prévu une sortie nature. Mon mari s’est chargé d’en trouver le lieu.
Le petit déjeuner pris, je prépare le pique-nique, fonce acheter des légumes et du pain. En préalable, nous faisons un petit détour par le vide-grenier d’un village voisin où nous achetons trois babioles dont un pied de lampe. Puis nous nous dirigeons vers le Sidobre au sud est du département pour notre randonnée pique-nique. Le Sidobre est un massif granitique. Ici, nous sommes en terre protestante. La randonnée est bien agréable. Elle nous emmène d’un hameau à l’autre. Quelques chaos granitiques, des cabanes de bergers, des abreuvoirs, des sentiers dallés. Nous traversons des forêts de hêtres, de chênes, de chataîgniers, et de grandes étendues herbeuses. Du dénivelé bien sûr, mais raisonnablement.
En fin d’après-midi, nous rentrons en passant par le salon des minéraux qui se tient jusqu’à ce soir dans une petite ville proche…
Une journée bien remplie qui me réconcilie avec la vie et l’envie. Ce matin, j’en voulais à la terre entière et plus particulièrement à ceux qui étaient à proximité.
Pour bien clore la journée, après une bière bien méritée, je repars glaner de l’ail dans le champ tout proche tandis que mon mari prépare le repas. Chacun son tour. Quant à ma fille, elle passe souvent son tour.
La voix de Lilie
Une journée toute en contraste.
C’est l’anniversaire de ma mère aujourd’hui. Il y eu des années où nous étions une grande famille réunie autour d’elle ce jour là. Puis les petits enfants ont grandi, puis les pièces rapportées se sont désolidarisées. Aujourd’hui nous ne sommes que 4, plus deux adolescents et un bébé. Le bébé occupe les conversations, les ados s’ennuient comme tous les ados.
Il fait très chaud avec un peu de vent, la journée s’étire. Dans l’après-midi nous profitons de la piscine pour nous raffraichir un peu. Enfin une ambiance d’été.
Nous repartons et vers 19h je passe voir mon père. Son état est catastrophique. Méconnaissable. Maigre. Il peine à respirer, ne peut plus parler. L’infirmière me conseille d’appeler le samu, et avec l’aval de mon père, je le fais. Ma sœur et ma nièce nous rejoignent. L’ambulance arrive une heure plus tard et mon père part seul car nous n’avons pas le droit de le suivre.
Nous restons là, les bras ballants, un peu choquées.
Ce soir, nous étions invitées au restaurant et à regarder un spectacle en extérieur. Nous avions annulé. Finalement, le timing nous permet d’y aller. Ce sera bon pour notre moral, et nous ne devons appeler l’hôpital que dans 3 heures. Alors nous dinons toutes les trois ensemble et nous profitons du spectacle. Je l’ai déjà vu il y a quelques années en salle et j’avais adoré. En extérieur, avec le vent et la distance, le son est mauvais et gâche la prestation. Dommage pour ceux qui ne connaissent pas.
L’hôpital ne donne aucun renseignement dans la, soirée. Ma nièce obtiendra quelques informations dans la nuit. Ce qui est certain c’est que le maintien à domicile n’est plus possible. Les semaines qui viennent vont être cruciales. En bon ou en mauvais.
Nous nous couchons ma sœur et moi dans la petite chambre chez ma mère. Impossible de dormir. On repasse des souvenirs d’enfance. La maison. Mon rêve: dormir dans ma chambre d’enfant et me lever en étant à nouveau chez moi dans la maison, comme lorsque j’étais petite.
Un soleil de plus en plus présent…Pour autant, peut-être ai-je pris un coup de froid? J’ai la nuque et le haut du dos douloureux, au point de me réveiller la nuit. Bref, je me lève avec une petite forme.
En fin de matinée, notre fille va marcher avec son chien, nous restons « at home ». Aller acheter le pain à la boulangerie et porter nos déchets verts à la déchèterie vont suffire à occuper notre matinée.
Après le déjeuner, nous avons notre fils en ligne, avec le petit. C’est sympa de leur parler. Il fait toujours moche à Paris.
Cet après-midi, nous bougeons, direction Lisle sur Tarn. Tout d’abord, un petit tour chez Emmaus d’où nous ramenons trois bricoles puis visite de la petite ville. Un ancien port fluvial, pour le pastel notamment. Devant l’église, séance de photos pour un mariage. Peu de monde. Tous ont le masque accroché au bras ou poussé sur le menton. Quelle tristesse ce monde masqué.
Nous visitons le musée Lafage qui rend hommage au dessinateur et graveur du même nom. Cet artiste a vécu au XVIIième siècle. C’est sympa, d’autant qu’il y a une exposition temporaire sur un graveur japonais et sa fille qui fait du kirigami – papier découpé. Après quelques courses, nous rentrons au bercail. Ce soir, c’est pizza. J’ai réservé en fin de matinée. En prime, nous avons droit à un concert de rock. Si les graines étaient là, nous serions parties danser…
La voix de Lilie
Ce matin, mise en jambe avec la rentrée du bois pour l’hiver. Ça me rappelle ma jeunesse, lorsque nous nous chauffions à la cheminée faute de radiateurs électriques assez puissants. Après une heure de travail, les filles lâchent l’affaire pour se préparer. Au programme du jour, balade et restaurant dans le Vercors.
Nous partons ma mère, ma soeur, ma nièce et une copine, et moi. 5 filles en vadrouille. Plutôt roadtrip parce que ma mère ne marche presque plus.
Le ciel est toujours très sombre, le soleil fait quelques apparitions et offre des traits de lumière qui éclairent les montagnes au loin. C’est un automne où il fait chaud… Nous nous arrêtons à Pont en royans dans un restaurant qui domine la bourne qui passe en contrebas. Avec ce temps gris, l’endroit ressemble assez aux bords de marne.
Après le repas, nous marchons un peu pour admirer le village et la rivière. Elle est tellement haute que la passerelle est submergée, l’eau passe par dessus et tombe en cascade. Quelques touristes s’aventurent à traverser malgré le courant, certains avec leur chien. Un père inconscient laisse sa fillette y faire quelques pas. Nous regardons, effrayées. Il y a un tel courant, qu’une personne qui glisse serait emportée à coup sûr. Je laisse ma mère et ma sœur pour partir admirer la cascade au bout du village. Trop loin pour ma mère, ma sœur en profite pour aller récupérer et rapprocher la voiture.
Puis nous repartons prendre un verre à la Guinguette du pêcheur. C’est un endroit magnifique au milieu des monts du Vercors que nous aimons beaucoup. Les filles s’amusent à faire des photos panoramiques, les vieilles que nous sommes tentons de les imiter sans succès. Les photos sont hideuses mais nous rions comme des folles.
Une belle escapade. La journée se termine par une soirée sur la terrasse chez ma, sœur. Le soleil fait enfin son apparition, les moustiques aussi. C’est l’été. Enfin.
L’expression « ça tombe à l’eau » prend tout son sens cette année. Tout ce qu’on fait habituellement l’été est noyé. Tient, il y a même un champignon qui a poussé dans le jardin. Pourtant un léger mieux aujourd’hui. Le ciel s’est ouvert par endroit et un peu de ciel bleu est apparu. La température monte légèrement, nous avons même entendu quelques cigales chanter sur les bords de l’Isère.
Pour continuer à croire en cet été qui va arriver, peut-être demain, peut-être plus tard, qui le sait, j’aide ma sœur à nettoyer la piscine. La pluie et le manque de baigneurs pour brasser l’eau destabilisent son fragile équilibre et des algues vertes tapissent le fond et les côtés. Pendant que ma sœur travaille et que ma mère se repose, je désherbe autour. Voilà, l’endroit est prêt pour les vacances.
Après quelques courses en ville, nous prenons l’apéritif sur la terrasse. Puis le temps le permettant, nous mangeons dehors. Une petite veste s’impose, mais elle permet aussi de faire barrière aux moustiques qui n’attendent que la chaleur pour faire un festin des bras et jambes découverts.
La voix de Graine
Ce matin, le temps est comme hier, couvert, mais sans pluie. Et de temps à autre, le soleil pointe son nez.
Je réveille mon frère doucement. Nous avons une virée prévue avec les voisins du côté de Cordes, je ne dois pas trop traîner. Toilette, bain, petit déjeuner, mon frère prend ses aises et cela me fait plaisir. Je ne le prends pas si souvent. Installé dans le fauteuil, il n’a pas trop envie de bouger; il serait bien resté un peu plus longtemps à la maison. Je lui vole une petite heure de bien être, mais de toute manière, je ne le garde jamais plus de 24 h. Après, c’est trop pour moi et pour mon entourage.
Nous déposons mon frère dans son centre en fin de matinée. C’est presque sur notre trajet. Nous en profitons pour cueillir des mirabelles aux abords du parking. Nous sommes invités à déjeuner chez le frère de notre voisine. Nous arriverons au delà de midi, mais j’avais prévenu. Avec mon frère, je ne pouvais pas faire plus vite.
Une maison de rêve dans une campagne luxuriante, un repas délicieux. Nos hôtes sont agréables et charmants. Après le déjeuner, nous partons pour une balade, à la recherche des sarcophages. Après les sarcophages, les dolmens. Après les dolmens, la cabane de berger. Nous déambulons à travers des forêts de chênes de causses. Malgré l’insistance de ma voisine, ils ne nous livrent pas leurs lieux à cèpes à tête de nègre. Ils en ont ramassé ces derniers jours, beaucoup, des dizaines de kilos, mais nous n’en saurons pas plus. Nous ne verrons pas non plus les sarcophages qu’ils ont sur leur terrain. C’est trop loin. Nous sommes ici chez des propriétaires terriens. A l’issue du partage entre frères et soeurs, ils ont hérité d’une trentaine d’hectares, des bois de feuillus surtout, dont ils doivent gérer la coupe. Des préoccupations qui nous dépaysent. Nous n’avons pas les mêmes. A marcher, nous avons chaud. Ce n’est pas la grande chaleur, mais nous bénéficions tout de même de soleil de temps à autre. Et les cigales s’en donnent déjà à coeur joie.
Nous partageons un dernier verre avec leur fille et son compagnon, avant de repartir chez nous manger les cèpes qu’ils nous ont donnés. Chez les voisins, la soirée s’étire jusqu’à tard dans la nuit.
En fin de matinée, je vais chercher mon frère et je l’amène à la maison. Comme d’habitude, il est content de me voir et de sortir du centre. Nous arrivons pour le déjeuner. Le repas est quasiment prêt. Je m’en suis occupée avant de partir.
Le soleil fait son apparition en début d’après-midi, juste pour prendre le café. Nous n’y croyions plus. Tu vas avoir du beau temps Lilie, de quoi recharger les batteries pour faire face. Nous les femmes, nous devons toujours faire face…Les premières lignes, c’est nous!
Une après-midi avec mon frère, c’est cool. Il ne fait rien, juste quelques borborygmes en pliant ses journaux. Moi, je prends le soleil dans ma cour et je joue. En bonus, il fait beau.
Un peu plus tard, je m’active: Rappeler les copines qui ont cherché à me joindre, avancer dans le rangement de mon buffet, vidé pour les travaux, passer voir mes voisins et enfin me remettre aux fourneaux pour le repas du soir.
Juste après le repas, mon frère va se coucher. Une soirée cool juste pour moi.
La voix de Lilie
Il fait encore bien gris ce matin, mais pas de pluie. Je pars courir pour me remettre un peu en forme. Je cours jusqu’à l’entrée d’une voie verte que ma sœur m’a montré hier, sur le côté le vercors s’élève sombre dans la brume. Je rentre par l’autre côté en faisant une boucle. J’essaie de m’y remettre un peu car cette année j’ai un peu négligé le jogging, ces derniers mois j’ai négligé aussi les séances de sport, ma forme et mes formes s’en ressentent.
Nous vivons cette journée chacun à son rythme. Ma sœur est partie travailler, ma mère passe de la télévision au fauteuil et du fauteuil à la cuisine, les ados se lèvent tard et jouent sur leurs téléphones, je me détends et je prends mon temps pour faire les choses.
En début d’après-midi, ma nièce fait des madeleines sous les directives de ma mère. Nous les grignotterons tout l’après-midi… Puis nous allons faire quelques courses entre filles et nous rentrons. Ce sera notre seule activité de la journée !
La pluie a repris. Nous regardons la piscine verdie, la table de jardin mouillée. Cet été automne est d’une tristesse infinie. Le soleil est attendu d’ici un jour ou 2. De toute façon, dimanche je pars encore plus au sud.
Un 14 juillet sous la pluie…Nous ne pouvions pas y échapper. Cependant, nous ne souffrons pas de la pluie car nous passons la journée au Musée, A Rodez. En y allant, nous déposons petite fille et son Papa à la gare d’Albi.
Notre 1er musée, le musée Soulages. Pierre Soulages est ruthénois. C’est ainsi qu’on appelle les personnes nées à Rodez. Il a 101 ans. Sa femme, Colette, a fêté ses 100 ans au mois de mars. C’est des rares peintres célèbres de son vivant. Sa célébrité ne date pas d’hier. Elle a plus de 70 ans. La ville de Rodez lui a fait construire un superbe musée qui met en valeur ses recherches et ses oeuvres. Il a inventé l’outrenoir. L’outrenoir, le noir au delà du noir.
Après la peinture, nous prenons la direction du musée d’histoire et d’archéologie de Rodez, le musée Fenaille, pour y voir notamment les statues menhir. Les statues menhir datent de 2 à 3000 ans avant JC. Ce sont des pierres plantées (ou menhirs) qui représentent des personnages, gravés ou sculptés. Ce dernier musée n’est pas très grand. Il balaye en trois étages les périodes du néolithique jusqu’au moyen âge. D’un point de vue historique, Rodez est vraiment une ville intéressante. Entre deux averses, nous voyons pointer quelques rayons de soleil, mais cela ne dure pas. Pour rentrer, la pluie nous accompagne à nouveau.
Te voici à nouveau en route vers le sud, Lilie, pour t’occuper de ton Papa. Le retour du soleil est prévu pour la mi-juillet. Un peu de soleil va nous faire du bien à tous. Espérons que la canicule va attendre un peu.
La voix de Lilie
Le ciel est si bas ce matin que nous nous contentons d’entendre les avions du défilé du 14 juillet passer au dessus de la maison en rentrant à leur base sans les voir. Seuls 3 avions de chasse volant plus bas que les autres apparaissent entre les nuages. C’est notre distraction favorite chaque 14 juillet. Regarder les avions sortir de la télévision pour passer au dessus de chez nous.
Aujourd’hui je repars dans le midi. En train. Toute la France est sous la pluie. Sauf l’extrême sud est et je ne vais pas jusque là. Pas un trait de ciel bleu, pas un rayon de soleil. Du gris et de la pluie sur tout le trajet. Il fait sombre. Le train est complet et peu de place pour les bagages. Les valises des uns et des autres restent posées dans le couloir. Il faut les enjamber pour pouvoir se déplacer. Une femme seule voyage avec ses 3 enfants. 2 valises et une poussette dans le couloir. Je n’ai jamais vu ça. Le confort du passager ne doit pas être la priorité de la sncf. Rentabilité quand tu nous tient….
Je retrouve ma sœur et ma mère à l’arrivée du train. Après une petite pause, nous partons faire un tour dans les magasins, seule occupation possible avec ce temps. Avec un arrêt incontournable dans la boutique lindt pour y prendre un bon chocolat chaud. Nous sommes en plein été, il fait 16 degrés, nous avons revêtu les kways, le parapluie, chaussettes, chaussures fermées. Quelle année particulière. Le réchauffement de la planète, ce n’est pas pour maintenant.
Ce soir, c’est la fête au village. C’est quand même le 14 juillet. La pluie s’est arrêtée. Nous partons avec ma sœur écouter l’orchestre local et prendre un verre à la buvette. Citron, gingembre, miel, menthe. Un cocktail étonnant. Un moment tranquille pour discuter toutes les deux.
L’année 2021 est une année difficile pour tous, à cause du COVID et de ses conséquences notamment. Alors quand le mauvais temps s’en mêle en juillet, que dire, c’est le pompon. Au village, ils ont dû annuler le feu d’artifice qui devait avoir lieu ce soir. Il fait trop mauvais.
Si en plus, comme chez toi, des soucis de santé apparaissent dans la famille, il faut être solide pour ne pas se faire avaler par le gris. J’aime le gris comme couleur. Il fait chanter les couleurs vives, à condition qu’il y ait de la lumière. Il n’y a qu’à voir un ciel d’orage. Mais trop, c’est trop. Du gris sans lumière, c’est terne, c’est déprimant, juste de la grisaille.
De la pluie sans discontinuer à la campagne. La campagne sous la pluie, ce n’est pas top. En plus, il fait froid. Dès qu’il y a un rayon de soleil, il fait chaud, mais le rayon de soleil est rare ces jours-ci.
Au vu du temps et de notre frigo désespérement vide, aujourd’hui, nous optons pour les courses et le bricolage. C’est sympa de faire les grandes surfaces ou les magasins de bricolage dans notre campagne, il y a beaucoup moins de monde qu’en région parisienne. Après le déjeuner, je m’installe sur un fauteuil. Je joue en regardant un téléfilm américain complètement sans intérêt. Je régresse. Je passe l’après-midi dans mon fauteuil pendant que mon mari bricole.
En fin d’après-midi, nous repartons dans une autre direction pour un complément de courses tant alimentaires que bricolage. Sur le conseil du quincailler de la petite ville d’à côté, nous passons voir un brocanteur qui nous trouve une pince pour l’installation de notre plafonnier dans la cuisine.
En rentrant, je prépare la soupe. Vu le temps, elle s’impose. Je prépare également une grosse sauce tomate. Et de la pâte à crêpes.
Petite fille a passé la journée avec son Papa. Ils sont allés à la piscine, couverte. Ce soir, rebelote. Nous faisons une nouvelle partie de labyrinthe. Et comme d’habitude, je perds…Mon ex-beau fils a trouvé un lieu où se poser avec sa fille. Demain, il part du côté de Narbonne.
La voix de Lilie
A peine le temps d’aller récupérer, enfin, nos cartes d’identité à la mairie de la ville voisine et de faire faire un tour de manège à petit fils, que la pluie se met à tomber sans discontinuer. Des trombes d’eau. La rue à côté de chez nous est totalement inondée, l’eau est même rentrée dans 2 maisons. Le ciel est noir. Il faut allumer les lumières dans la maison. Toutes les activités extérieures pour les enfants sont annulées. Nous optons nous aussi pour les courses et la visite des centres commerciaux avec petit fils. Pour les courses, petit fils a compris le principe: on regarde, on prend ce qui nous plaît et on met dans le caddie. Pourquoi est-ce qu’on le limite dans ses choix ? Nous repartons avec 2 voitures, 1 livre et un cahier de vacances ! Il ne connaît pas encore la finalité du passage en caisse !
En début d’après-midi, sieste obligatoire. Petit fils a peu dormi et ce soir il rentre chez lui où il retrouvera ses autres grands parents. Je veux qu’il soit en forme, et de toute manière, il n’y a rien d’interessant à faire aujourd’hui. Il monte avec ses voitures, je lui lit une histoire, et au dodo.
Après la sieste, un dessin animé en collant des images de foot (petit fils a déjà la panoplie du psg…) et déjà sa mère vient le récupérer. Comme je pars demain, je ne le reverrai pas avant un a deux mois, selon. Sûr qu’il va me manquer, et ma poupette aussi…
Après son départ, je commence à faire ma valise. Je dois descendre ta tente pour ma sœur. Impossible de rentrer mes affaires dans la petite valise, et de toute manière cela me ferait trop de sacs à porter entre la valise, le sac ordinateur, la tente et min sac à main. J’opte pour ma grande valise, avec tout à l’intérieur. Je n’aurai qu’elle à rouler et la tente à porter sur le dos.
Il a tellement plu aujourd’hui que des marres se font jour dans le jardin. Mes plantations sont inondées. Fils aîné vient manger ce soir et il ne peut même pas sortir son chien dans le jardin, il doit l’emmener sur le béton du parc derrière chez nous. Nous parlons du bb à venir, sa présence se fait de plus en plus concrète. Dans un mois il devrait être né. La soirée peut s’éterniser, les feux d’artifices sont annulés pour la plupart. Pourtant, on entend au loin le bruit caractéristique. Un feu est tiré. Mais, devant qui ? Qui a eu le courage ce soir de braver la pluie à 23h ? Pas nous en tout cas. Trop humide. Trop froid. Trop ras le bol de ce temps. Cette année, ce sera sans feu d’artifice.
Il y a des journées comme ça, des journées galère. Ça commence en milieu de matinée, par une petite pluie fine, qui nous confine à l’intérieur. Ça se poursuit par un trajet sous la pluie jusqu’à l’aéroport de Toulouse, via la gare de train de Toulouse pour récupérer mon ex-gendre et le mettre dans l’avion, direction Stockholm. Et ça se poursuit par un retour, à la campagne deux heures plus tard, avec petite fille et son papa, sous la pluie, toujours. L’avion est parti sans eux. Le passeport de petite fille est périmé. Les autorités sur place n’ont pas voulu les laisser partir, malgré une jurisprudence, un arrêté…Le passeport est périmé depuis plus d’un an. L’année dernière, ils ont pu partir. Cette année, ils sont restés. Cette fois, c’est sûr, ma fille va y penser à renouveler le passeport de sa fille.
Sur le chemin du retour, nous faisons le crochet par un parc de loisirs couvert pour que la petite puisse jouer et profiter de sa journée tout de même. Elle est contente que son Papa soit là. A l’aéroport, je lui ai acheté une revue avec des jeux sur le thème des Pyjamax. C’est elle qui a choisi. Ça l’occupe bien pendant le trajet du retour.
Le frigo est quasi vide et c’est lundi. Ce soir, c’est à nouveau un menu pâtes avec sauce tomate maison et champignons. Et du chou fleur aussi que ma fille a fait cuire en nous attendant.
Pour terminer cette journée bien étrange, je propose une partie de labyrinthe. C’est petite-fille qui gagne. De quoi nous réconcilier avec le jeu et avec la vie. Ben quoi, contrariété bien sûr, mais tout le monde est sain et sauf. Les plus malheureux dans l’histoire sont sans doute les parents de notre ex-beau fils qui attendaient leur fils et leur petite fille avec impatience. Les lits étaient déjà faits, le repas en cours de préparation…Au final, j’ai dû faire un lit et préparer à manger pour tous, avec l’aide de mon mari et de ma fille. Demain sera un autre jour.
La voix de Lilie
Depuis mon lit ce matin, j’entends la pluie qui tombe. Cette année est un enfer pour moi. De la tristesse à tous les étages. Et ce gris qui n’en finit pas. Bientôt mi juillet et pas un jour d’été. Depuis que nous gardons nos petits enfants, c’est l’automne.
Alors activités d’automne avec petit fils aujourd’hui. Peinture pour démarrer la journée, puis cinéma. La petite séance de 11h, dédiée aux tous petits. Mini film de 40mn, déjà largement au dessus du délai de concentration de petit fils. Il faut dire que c’est une première pour lui, alors il regarde partout. A la sortie, nous traversons le Disney village. Toutes les boutiques sont fermées avant 15h, 17h pour certaines. Je n’ai jamais vu ça. Il est vrai que le parc vient à peine de rouvrir après un sommeil de plus d’un an, le village lui aussi s’éveille doucement. Nous déjeunons au fast food de cette nourriture toujours aussi détestable. Petit fils adore déjà. Marketing quand tu nous tiens.
En début d’après-midi, rendez vous medical, spécial fille. Impossible de trouver un spécialiste. Ils ne prennent plus de nouveaux patients. C’est une généraliste qui a fait une formation dans la, spécialité , mais pas l’internat. Je ne savais même pas que ça existait. Elle a choisi de faire ça par envie d’aider les femmes. Elle fait les consultations simples et si problème, elle oriente. De façon générale, il me semble que le soin en France a bien regressé. Il n’y a plus vraiment d’écoute. Lorsqu’on parvient, parfois après des mois d’attente, à rencontrer un spécialiste, il nous expédie sans explication. Douleurs ? Normal à votre âge.
Il tombe des cordes cet après-midi. Le ciel est si sombre qu’on doit allumer les lumières. On fait le tour des jeux. Puzzles, dominos, mémori. Petit fils s’endort pour une sieste tardive. Du coup, le soir il regarde un film d’animation avec nous et il se couche plud tard. Dans mon lit, nouvelle habitude.
Mon père est allé en consultation à l’hôpital avec ma nièce. La biopsie n’a toujours rien révélé de connu. Les prélèvements vont être envoyés à Marseille. Toujours pas de traitement. Ma nièce l’a trouvé encore maigri et affaibli. Au téléphone, sa voix est enrouée, il dit qu’il a du mal à respirer. Je le verrai la semaine prochaine.
Un dimanche de plein soleil à la campagne. Le bleu, la chaleur du dehors qui résonnent à l’intérieur. C’est dimanche. Nous démarrons la journée en douceur. Mon mari va courir, ma fille va faire du vélo. Je reste avec la petite. Une petite balade avec mes voisins de gauche, la mise en route de la cuisine, une sortie courses dès le retour des sportifs, le temps passe vite. Dès son arrivée, la petite fille des voisins d’à côté est venue chercher ma petite fille pour jouer.
Après la sieste de la petite voisine, les petites partent à la piscine d’à coté avec ma voisine et ma fille. Je me mets à la cuisine. Nous avons invité les voisins pour ce soir. Avec les petites, nous sommes 8. Il y a le bébé aussi, de 5 mois, que je ne compte pas. La journée a été très chaude. La soirée est agréable.
Les éclairs font leur apparition avant même que nous ayons fini de débarrasser la table…Une 1/2 h plus tard, c’est l’orage. Je me dépêche de rentrer le linge.
La journée se termine devant la séance des tirs aux buts de la finale de la coupe d’Europe de football 2020…
La voix de Lilie
Les petits enfants ont bien dormi, et malgré un sommeil léger avec un oeil et une oreille toute prête au cas où, je me réveille reposée. Petite fille appelle, petit fils dort encore. Avec les deux, difficile de faire des activités adaptées. A part le bac à sable. Quoi que, petite fille commence à griffonner sur une feuille.
Leur mère vient déjeuner ce midi. Entre deux jeux, je prépare le repas. Nous arrivons à manger dehors. Le temps est gris, quelques trouées de bleu et il fait bon. C’est tellement agréable de pouvoir être dehors. Cet été, nous avons tellement peu d’occasion que nous n’avons même pas installé le salon de jardin correctement. Le jaccuzzi est vide. La piscine gonflable des petits remisée au garage depuis l’an dernier.
Après leur départ, je me relance dans mes fuseaux de lavande. Avec ce genre d’activité, le temps passe vite. Il est l’heure d’appeler ma mère, dimanche soir oblige.
Petite fille apprend à parler. A son âge, elle ne comprends que les phrases positives. J’essaie de lui parler sans utiliser ce « pas » si pratique dans mes tournures de phrases. Je m’aperçois que la négation est une solution de facilité qui supprime la moitié du vocabulaire.
Ne cours pas, marche. C’est pas bon, c’est mauvais. C’est pas beau, c’est laid. Bref, une tendance à la négation à limiter au maximum.
Quand on est en vacances, un jour de week-end se distingue peu d’un jour de semaine, mais pour ma fille qui télétravaille, c’est grasse matinée jusqu’à 10 h. Et petite fille se lève aussi à 10 h. Mère et fille sont synchro. Il est vrai que nous sommes rentrés bien tard hier soir. Un ciel étoilé magnifique nous accueille à la maison, malgré cela, nous nous sommes précipités au lit. Les grands avaient bu un peu trop de vin. Petite fille avait abusé du bain.
Ce matin, on se la joue cool. Il est prévu de voir la petite fille de nos voisins aujourd’hui ou demain, mais nous n’avons pas de nouvelles. Comme il fait beau, nous décidons de partir nous baigner dans un lac. Ce n’est pas ce qui manque par ici, les lacs pour la baignade. Sur le conseil des voisins, nous optons pour le lac des Montagnes. Cest un bon choix. Il fait frais, le lieu est agréable et tranquille. La dernière fois que je suis venue ici, mon fils avait l’âge de ma petite fille, et nous avions déjeuné avec mon père dans un restaurant près du lac. Mon père avait commandé un cassoulet. Il avait trouvé des morceaux de verre au milieu des haricots. Le bocal avait dû casser!
Comme nous sommes partis tard, nous commençons par le pique-nique, puis direction la plage pour le bain. Pour ma part, je reste sur la berge et ma fille aussi. Nous sommes dans la Montagne noire à 700 m d’altitude.
Après le bain, le goûter, crêpe et glace, nous nous dirigeons vers le parcours d’accrobranche qui est tout à côté. Pas de chance, j’ai mis une robe, et du coup, je zappe aussi l’accrobranche. Mon mari et ma petite fille sont équipés de baudriers et de mousquetons. Les voilà partis, avec ma fille nous les encourageons de la voix. Ils passent successivent d’échelles de cordes aux tyroliennes. C’est un parcours pour les petits, mais il est relativement long et assez difficile. Je suis épatée de voir ma petite fille faire. Même pas peur. Elle se débrouille très bien avec le parcours et l’utilisation de son matériel. Juste un petit fléchissement en fin de parcours: les deux dernières tyroliennes son haut perchées et elle est fatiguée. Mais pas question d’arrêter. Mon mari s’est râpé le doigt. Je ne me moque pas. Je ne suis pas sûre que j’aurais fait mieux.
Nous rentrons tard. Une pizza nous fait bien envie, mais non, ce n’est pas possible, nous aurions dû réserver…Nous nous contentons de pâtes à la maison, que tout le monde mange avec très bon appétit.
La voix de Lilie
Ici c’est toujours l’automne. Il fait gris, il pleut, il pleut, il fait gris. Comme dans ma tête. Il fait gris. Je n’arrive plus à avancer. Moi aussi j’ai mal partout. Epaule depuis 5 ans, hanche, genou, doigt. Je pense que ça vient des cachets que je prends contre le cholestérol. Déjà 3 fois que je change de traitement, rien n’y fait. Il me semble aujourd’hui que les médecins ne s’occupent pas de la douleur. Petite ou grande, on reste avec. Trouver le bon spécialiste est un parcours du combattant. Quelquefois, pas toujours, un diagnostic est posé. Pour autant, aucun soin efficace n’est proposé. Alors, comme nos mères avant nous, et nos grands mères, nous souffrirons. Plus ou moins en silence. Ce corps qui se désagrège de plus en plus me désespère. Devoir subir sa tyrannie jusqu’à l’ultime souffrance m’effraie au plus haut point. Pour tenter de freiner dans la descente, je fais des seances de streching. En ce moment, j’ai peu de temps pour moi alors les séances s’espacent.
Aujourd’hui j’ai acheté du ruban pour faire un fuseau avec les brins de la lavande du jardin. Je l’ai fait avec mon souvenir de petite fille, lorsque ma grand-mère m’apprenait. Ses fuseaux étaient toujours magnifiques, le mien un peu biscornu. Les gestes reviennent, il manque une ou deux astuces oubliées. Un petit tour sur Internet fera l’affaire. On y trouve tout, même les gestes d’autrefois. Pour autant, je suis assez fière de moi. Même si la lavande est moins odorante que celle du midi, je suis contente, et je l’ai pendu dans mon armoire. C’est un redoutable anti mites.
En dehors de ce moment de grâce, cette journée n’a été que grisaille, dedans, dehors.
Ce soir, les petits dorment à la maison. Les parents sont de sortie. Petite fille dans le petit lit, petit fils avec moi. J’écris ce blog comme une voleuse, dans le noir, petit fils endormi à côté.
Il fait très beau aujourd’hui. Une belle journée d’été. Lorsque je me lève, une odeur de pain grillé et de café monte de la cuisine. Petit fils se réveille à mes côtés et nous descendons tous les deux. La table est joliment mise pour un petit déjeuner sur la terrasse.
Je me reveille, petit fils à côté de moi, dort encore. Il fait gris, comme tous les jours en ce moment. Je passe un polaire, en juillet. Petit fils se réveille et nous descendons tous les deux. La maison est encore dans le noir. J’ouvre les volets et je fais le petit déjeuner.
Nous nous lançons dans la peinture, il reste une heure avant que je regagne l’étage pour télétravailler. Fils revient déjeuner ce midi.
Après le temps calme, nous partons voir une exposition pour les enfants, puis nous passons une heure dans un parc. Petit fils se défoule dans les toboggans et apprend à grimper sur des ponts suspendus.
Hier, lorsque j’ai taillé un arbuste fleuri dont une branche dépassait, petit fils a voulu récupérer la branche pour l’offrir à sa mère. Hier soir nous l’avons mise dans l’eau car les jolies fleurs jaunes commencaient à faner. Ce soir, les fleurs sont toutes passées. Petit fils est déçu. Nous faisons un autre bouquet avec des roses rouges et une nouvelle branche de fleurs jaunes. Il est très fier de l’offrir à sa mère lorsqu’elle vient le chercher.
Après son départ, nous prenons un apéritif bien mérité sur la terrasse. Nous prévoyons enfin notre semaine de vacances. L’idée a muri cette semaine, il reste à réserver les hôtels, prévoir les trajets. Puis nous préparons ensemble un petit plat pour le dîner. Les soirées d’été sont propices à rester plus longtemps dehors pour bavarder.
Après son départ. Télé pour l’un, balade pour l’autre. Je réserve mes billets de train pour descendre dans ma famille.
La voix de Graine
C’est l’été ici, enfin, à la campagne. Pas une grosse chaleur ce matin, mais le ciel est uniformément bleu. Nous faisons une matinée cool. Je passe du vinaigre entre les pavés de ma cour pour faire mourir les mauvaises herbes. Toujours un pincement au coeur en pensant aux mauvaises herbes. Celles qu’on ne veut pas, qu’on rejette, qu’on détruit. On décide qui doit vivre et qui doit mourir. Et du coup, les mauvaises herbes sont plus résistantes, plus vivaces, plus envahissantes. Question de survie. Il y a quelques jours, sur la plage de Polille, il y avait une exposition photo sur les bateaux qui repêchent les réfugiés en Méditérranée. Des nouveaux nés qui ont vu le jour sur les bateaux, les sourires des africains sauvés…
En fin de matinée, nous partons faire les courses au village. Aujourd’hui, c’est jour de marché. Un grand mot pour quatre commerçants qui se battent en duel sur la place…Mais ici aussi, au marché, le masque est de rigueur. Nous achètons des légumes, des fruits, du poisson, de la viande, du pain. Nous faisons un petit tour à l’épicerie pour compléter.
Après le déjeuner, que nous prenons dehors, je nettoie mes vitres au rez de chaussée. Je ne suis pas contente de moi, car, malgré mes recherches sur internet, mes vitres ne sont pas bien nettes. Il y a des traces partout. Tant pis, c’est fait. Il me reste juste deux fenêtres à terminer. Je les nettoierais demain. Il est temps de partir, direction Albi. Nous allons nous baigner à la piscine chez ma soeur.
Ma sœur n’a pas la frite. Elle a mal au dos. Elle a mal au bras. C’est pour ça que nous ne nous sommes pas précipités chez elle dès notre arrivée. Mais tout de même, j’ai envie de la voir et c’est réciproque. Je suis inquiète pour elle. Son moral en prend un coup. Elle ne peut plus faire de randonnées et doit se contenter de petites marches sur terrain plat. Pour faire les gestes du quotidien, elle doit sans arrêt solliciter son mari. Ce n’est pas drôle. Bien sur, elle hésite à prendre les anti-inflammatoires, recule l’infiltration qui lui soulagerait le bras. Son toubib n’est pas très empathique. Depuis peu, le diagnostic est posé. C’est de l’arthrose au niveau des vertèbres cervicales. Et les douleurs du dos provoquent une tension, d’où l’inflammation à l’épaule.
Malgré tout, nous passons une bonne après-midi et une bonne soirée en famille. Petite-fille prend deux bains à la piscine avec son Papy, tandis que je discute avec ma sœur. Après son télétravail, ma fille nous rejoint. Il fait beau. Les moustiques attaquent. C’est l’été. La saison des grillades et du rosé bien frais.
Courage, Lilie, les vacances arrivent, et avec le sud, le soleil plus généreux. Profite bien de tes petits-enfants.
Encore une journée maussade, il n’y aura pas de piscine aujourd’hui, il fait trop frais. Nous optons pour une balade jusqu’à la passerelle de Mazamet qui enjambe l’Arnette et le musée du jouet d’Hautpoul. Je prépare le pique-nique pendant que mon mari va courir. Nous partons tard – ce n’est pas grave car le musée du jouet n’ouvre qu’à 14 h. C’est juste que ma fille télétravaille et aimerait bien plus de calme pour ses réunions!
Le site n’est qu’à 30 km de chez nous. Mais surprise, pour accéder à la passerelle à partir du parking, il faut faire 2 km de marche, en montée. Qu’à cela ne tienne, il ne fait pas trop chaud, la marche va nous réchauffer. Sur le parcours, une exposition de photos. Et la voici, la passerelle. Toute fine et aérienne. Avec le vent, elle bouge légèrement. Il faut juste ne pas regarder dessous. Nous traversons sans encombre et nous nous retrouvons dans un vieux village qui date du Vième siècle. Ce fut plus tard un site cathare, tenu par Simon de Montfort. Il reste quelques ruines d’un château médiéval, des boutiques de créateurs, beaucoup plus récentes et un bar pour se restaurer sommairement. Nous pique-niquons à la sortie du village, puis nous nous offrons une crèpe au bar. Avec un café bien sûr.
Le musée du jouet se trouve dans le même village, mais en contrebas. Qu’à cela ne tienne. Un petit sentier qui descend nous y amène. Nous y passons l’après-midi. Un régal. Toute une présentation de la montagne noire, sa faune, sa flore, ses arbres, l’industrie du bois…, et surtout plein de maisons de poupées, de jouets en bois du monde entier. Une exposition magnifique. C’est mon mari qui s’occupe de la petite. J’ai un coup de mou, le vaccin sans doute et je dois m’asseoir.
En final de l’exposition, une salle de jeux, des jeux anciens en bois. Nous passons deux heures à jouer. La petite se fait des copains. Pas la moindre pause. Elle est à fond. J’ai peur pour le retour.
Mais non, pas de souci, le retour se passe comme l’aller, sans problème, si ce n’est un petit caillou qui s’est introduit dans sa chaussure et qui la gêne. Nous sommes presque arrivés au parking, nous nous arrêtons tout de même pour enlever ce vilain caillou et repartir vaillamment. Pour une fois, la petite revendique l’envie de faire la pause. C’est rare.
De retour à la maison, je prépare le repas du soir, la ratatouille est au menu. Il fait beau à présent. Nous mangeons dehors. Après le repas, je débroussaille ma bordure externe car il risque de faire très chaud les prochains jours. Puis j’étends ma lessive.
La voix de Lilie
Petit fils arrive vers 8h30 et à 9h nous sommes déjà en pleine peinture, découpages, collages. Il faut dire que je télétravaille ce matin alors je dois tetminer les activités avant 10h. Mon mari prend la suite et l’emmène faire les courses car le frigo est un désert. Mon fils vient déjeuner à la maison ce midi. Le temps est instable, il faut attendre le dernier moment pour opter pour un repas sur la terrasse.
Après le repas, je remonte télétravailler pendant le « temps calme » bercé par le tour de France. Une heure plus tard, petit fils toque à ma porte. Oncle et grand-père dorment devant le tour, lui non… On enchaine les jeux, intérieurs (puzzle, jeux de société), extérieurs (sable, trampoline ,balançoire vélo) jusqu’à l’heure du goûter. Il commence à pleuvoir au moment où nous partons aux jeux gonflables. Heureusement ce n’est qu’une petite averse. Comme hier, il y a beaucoup de monde et petit fils passe d’un jeu à l’autre. Je ne le quitte pas des yeux.
A 18h, nous assistons à un spectacle de rue. Petit fils est fasciné par les acrobates qui montent sur une perche aussi aisément qu’on le ferait sur un escalier. Ils sont 2 à jongler avec des haches, à s’envoyer des morceaux de pommes dans la bouche et à virevolter sur cette perche de plusieurs mètres de haut. Petit fils est bon public, il rit, s’extasie. J’adore le regarder vivre ce moment.
Au retour, il prend un bon bain avant le repas.
Ce soir il reste dormir à la maison. Il y a un moment qu’il n’a pas dormi hors de chez lui. Il veut rentrer dormir dans sa maison. Sauf que sa maison est vide, fille en profite pour sortir. Ce soir, il pleure, ça me crève le cœur. Il ne veut pas dormir dans son lit, il veut dormir dans le mien. Alors je me couche avec lui et je bouquine. Il finit par s’endormir et moi par écrire cet article !
Les horaires des grands mères s’allongent au fur et à mesure que le petit enfant grandit….
Le jour des enfants, Lilie! Tu en as eu combien aujourd’hui, un ou deux? Tout en travaillant, bien sûr, je ne sais pas comment tu fais. Moi je retrouve ma vie à la campagne, et mes filles. En fin de matinée, mon mari emmène la petite à la pêche. Je vais faire les courses et je fais la cuisine. Bon respect de la répartition des tâches homme/femme, mais ça me va bien, tout compte fait.
Cet après-midi, petite fille regarde un Astérix en gigotant sans arrêt- jamais assise sur le fauteuil – curieux temps calme, mon mari est reparti pêcher, moi, je me pose et je bloggue un petit coup. Hier soir, pas moyen, je n’avais pas d’internet.
En fin d’après-midi, je vais me faire vacciner au village, à la pharmacie. C’est ma 2ième injection. Dans 15 jours, je pourrais circuler en Europe, sans test. Si rien ne change d’ici là, si le variant delta ne chamboule pas tout l’équilibre précaire retrouvé aujourd’hui. En chemin, je remets ma petite fille aux bons soins de mon mari. Après la pêche, il l’emmènera aux jeux qui sont tout à côté. Ma fille n’est pas en congés, elle télétravaille.
Après la vaccination, je reviens préparer le repas du soir…
Un temps incertain aujourd’hui, mais malgré tout agréable. Il nous a permis de manger dehors ce midi. Ce soir, par contre, il fait plus frais. Nous décidons de manger à l’intérieur. Bien vu, une petite pluie commence à tomber.
C’est moi qui m’occupe de la toilette de la petite et la prépare pour la nuit, en mode vacances. Dans le bain, elle prend ses barbies et tout son temps.
La voix de Lilie
Heureuse de te savoir de retour. Dans le blog et dans ta maison ! Elles sont toutes pareilles ces maisons, il y a toujours à faire. L’indispensable avec toutes les réparations impromptues et le superflu avec toutes les idées que l’on peut avoir pour changer un peu le quotidien, pousser les murs, repeindre, réaménager. Ou ne plus rien faire et mourir à petit feu.
Aujourd’hui, 2 petits. J’ai pris ma journée, car comme tu dis, trop c’est trop. Le temps est variable ici aussi. Il nous laisse jouer au sable humide, monter jusqu’aux toboggans puis noie les jeux gonflables avant l’ouverture du parc… On essaie de passer entre les gouttes.
Pour le temps calme. Comment dire. Le jardinier de la copropriété a décidé de tailler la haie la plus proche de chez nous entre 13 et 15h. Petite fille fait la sieste dans le brouhaha de la tronçonneuse. Déjà il y a un an mon mari avait été leur demander de changer d’horaire. Je crois qu’il y est retourné aujourd’hui. Grosse colère. Pendant ce temps je jardine avec petit fils. J’ai décidé de planter une allée de fleurs rampantes le long de la terrasse. Il m’aide, se lasse, revient, repart. Passe de papy à mamie, de dedans à dehors, du sable à la terre. Temps calme.
La sieste, si on peut appeler ça comme ça, terminée la pluie se met à tomber. Il faut temporiser et rester à l’intérieur. Je déniche un vieux clavier électronique et les enfants s’amusent à jouer de la musique et à danser. Voilà une activité, comme le bac à sable, qu’ils peuvent faire ensemble. Il y a bien quelques couacs, coups bas et autres chamailleries de frère et sœur, mais ça reste gérable. Petite fille pique bien quelques crises lorsqu’elle n’arrive pas à faire ce qu’elle veut toute seule. Petit fils reste imperturbable dans son jeu.
Après la pluie, séparation des enfants et des grands parents. Chacun le sien. Papy reste à la maison avec petite fille. Mamie part avec petit fils au parc de jeux gonflables. Toute la ville s’y retrouve. Les enfants s’amusent, les parents discutent entre eux. Après 2 heures de ce régime, nous rentrons.
Les enfants sont fatigués, le repas est vite expédié pour que tout le monde rentre chez soi dormir. D’ailleurs à peine arrivés déjà couchés et endormis.
Demain petit fils sera seul à la maison, ce sera plus cool.
Pour la première fois depuis un mois, je prends le temps de faire une séance de gym. Mon choix se porte sur le streching. J’en ai besoin. Je me sens toute nouée, mal partout. Les étirements me détendent. Il faut que je trouve un moment chaque jour pour les faire, mais j’ai du mal à m’y mettre après ma journée ou lorsque je ne suis pas chez moi.
Ce midi nous avons été rapporter notre machine à riz qui ne fonctionne plus. Il y a à peine 5 mois que nous l’avons achetée. J’ai choisi une marque Française, fabriquée en France… La précédente machine, achetée pour presque rien dans un déstockage, avait duré plus de 10 ans. Que penser…
Ce soir, c’est le ballon d’eau chaude qui nous lâche. Bah, la période est électroménagèrement difficile.
Après le travail nous partons marcher une heure en forêt pour nous remettre en jambe. Le temps nous le permet. En forêt est un bien grand mot car nius devons rester dans les grandes allées, le reste des chemins ou des sous bois est bien trop boueux.
A partir de demain, les petits viennent à la maison. 2 ou 1 selon les jours. Jusqu’au 14 juillet. Le rythme va être élevé ! J’ai cherché, et noté des endroits où les emmener pour les distraire. L’été, les villes alentour propose des villes-plages, Emerainville plage, pontault plage…. Bref, on devrait trouver notre bonheur si le temps le permet.
Ensuite nous partirons. Ou je. Nous sommes incapables d’organiser un temps de vacances. De nous poser ensemble pour en parler. Nous avons repris nos mauvaises habitudes. Soirée télé, téléphone. Pas de projet. Pas d’idée. Pas d’envie. Pas de joie. Pas de rire. Juste des contraintes. Penser, faire et ne pas dire.
Tu vois Graine, tu es en vacances, tu vas mieux, je suis rentrée, c’est moi qui plonge. Je pense à notre village. On y est bien, au soleil sur les terrasses, la vue est magnifique. L’horizon sur les collines, le soleil couchant. On a bien choisi, on a mis le temps, mais vraiment, on a bien choisi. Notre village est merveilleux.
La voix de Graine
Notre village est magnifique, Lilie, nous y mettons le temps, mais nous allons le trouver, avant qu’il ne soit trop tard!
Aujourd’hui, nous rentrons de la mer. Un dernier bain à la plage du Racou au bout ouest d’Argeles, puis direction la campagne en mode touriste. Nous faisons un détour par la haute vallée de l’aude. Des petites routes qui tournent sans arrêt. Nous dépassons deux chateaux cathares: Queribus, Peyrepertuse, sans les visiter, avant d’arriver sur Rennes le Château. Le GPS me perd, signe que Rennes le Château est une destination bien spéciale. C’est là que l’abbé Saunières aurait trouvé un trésor qui lui a permis de restaurer son église. D’où vient ce trésor? Templiers, Cathare, Wisigoths, Blanche de Castille…Il y a plein d’autres pistes toutes aussi fantaisistes les unes que les autres. Il n’y a aucun fondement scientifique à ces hypothèses. La piste d’enrichissement la plus plausible reste le trafic de messes et d’intentions. L’abbé Saunière est parti dans la tombe avec son secret. Rennes le Chateau est devenu un lieu ésotérique très prisé des anglo-saxons. Ce n’est pas un village pour nous, Lillie, trop foldingue.
Après une pause goûter à Alet Les bains, nous partons pour notre dernière étape vers la campagne via Limoux et Castelnaudary. Alet les Bains est un village médiéval authentique. Les restes d’une abbaye en ruine en témoignent. C’était aussi une ville thermale qui possédait une usine d’embouteillage des eaux. Tout est fermé. Comme beaucoup d’autres, la haute vallée de l’aude est une région qui se meurt. Les anglais s’y étaient installés en masse. Ils ont veilli. A présent, avec le Brexit, les anglais préfèrent rester chez eux.
Nous voici enfin chez nous. Préparer un repas rapide, faire le lit pour les filles, ranger les affaires et au moment où je me prépare à faire la pause, le disjoncteur saute en privant d’électricité la moitié de la maison. Notre installation électrique est sommaire dans certaines parties de la maison. De l’eau s’est infiltrée à un mauvais endroit. Mon mari hurle, mon cerveau se bloque. Il va se coucher, j’attends les filles qui vont arriver tard, à partir d’1 h du matin. Il va bien falloir remédier à tout ça en faisant intervenir un électricien. Notre installation n’est pas encore sécure. Petit à petit, nous mettons de l’ordre, réparons, rectifions, mais il reste beaucoup à faire. Nous avons l’impression que ça n’en finira jamais, il y a tellement de choses à revoir.
Les filles arrivent enfin. Je commençais à piquer du nez. La petite me saute dans les bras. Je suis contente qu’elles soient là. Soudain, j’ai un flash. Je sais comment intervenir pour remettre l’électricité un peu partout, sans prendre de risque bien sûr. Quand mon cerveau fonctionne, tout devient plus facile. Je peux donc aller dormir, en toute sérénité.
Le soleil est revenu. Aujourd’hui, nous nous dirigeons vers Port Vendres que nous avons traversé de nuit, il y a 2 jours. Port Vendres est un.port de commerce avec l’international, et aussi un port de pêche. Pas du tout une ville touristique comme sa proche voisine Collioure. Nous partons à pied à la découverte des caps, sur le sentier du littoral en direction de Banyuls. J’aime ces sentiers de bord de côtes, qui sautillent de cap en cap, enjambant des criques ou des anses toutes plus belles les unes que les autres. Certaines ne sont accessibles qu’en bateau. Quelle chance de pouvoir s’approcher d’une crique en bateau. La certitude d’avoir une baignade bien tranquille. Mon mari me dit qu’il aurait pu passer son permis bateau pendant son service militaire. Il était à Cassis. Il ne l’a pas fait. Dommage. Peut-être pourrions-nous le passer, lui au moins? Il aime la mer, il aime la pêche…
Nous avons amené la canne à pêche à la mer. Il ne s’en est pas servi. La pêche, ça prend du temps. Il faut choisir entre la pêche et une autre activité. C’est à lui de voir.
Nous nous baignons dans une crique avant de revenir sur Port Vendres en bus. Très commode ce bus à 1 € qui relie toutes les petites villes de la côte des Pyrénées orientales. Cela nous permet de continuer la visite de Port Vendres. Il y a bien sûr quelques touristes, mais ce n’est pas la foule. Ici, nous pouvons nous promener sans.masque.
En fin de soirée, nous nous posons dans un resto bien sympa, conseillé par les pêcheurs locaux. Le poisson est frais et bon.
Au retour, un dernier bain. Le soleil se couche dans notre dos, sur la montagne.
Prend bien soin de toi Lilie. Ce que tu dis est vrai. Le temps où quelqu’un va se préoccuper de tout faire pour nous faire plaisir est révolu. C’est à nous de nous occuper de nous. Ce n’est pas de l’égoïsme, c’est une nécessité si nous voulons être capables de nous occuper des autres.
La voix de Lilie
La pluie, toujours la pluie.
Petite fille est réveillée par son oncle qui part travailler. Il ne sait pas faire doucement. Qu’elle soit là ou pas, aucune différence pour lui. Sa vie est réglée au millimètre, rien ne peut la faire bouger.
Donc tout le monde est réveillé. Petite fille a le réveil difficile. Comme sa grand mère… Elle refuse tout, les bras, le biberon, la tétine. Seule solution, poser le biberon au coin du lit et partir. Ça ira mieux tout à l’heure.
Je télétravaille pendant que mon mari et sa mère s’occupent d’elle. Je les rejoins le midi pour un menu enfant général.
Je profite un peu d’elle, puis je monte la coucher pour la sieste. Elle chantonne et danse toute seule entre 2 jeux. J’adore son babillage et sa détermination à faire seule les choses plus ou moins difficiles, voire impossibles pour son âge. Au fil des années, on perd cette capacité à tenter les choses nouvelles jusqu’à y arriver. On se repose sur ces acquis, la nouveauté fait peur. On arrête de se mettre en danger. Elle, elle tente tout. J’espère qu’elle gardera longtemps cette capacité. Que l’éducation actuelle lui permettra de la conserver, quand la notre nous a brisé les ailes. Qu’elle pourra toujours faire ce qu’elle veut faire, qu’elle gardera sa confiance en elle pour ne pas se limiter elle-même.
Le gris en couleur dominante… Jusqu’ici, nous eu grand beau temps, pas grave s’il fait un peu plus gris et un peu plus frais aujourd’hui. Nous partons pour le site des orgues. Nos cheminées de fées à nous, les français. C’est étonnant, cette érosion par l’eau qui produit ces grandes dames à chapeaux. Des siècles pour en arriver là. Il ne doit pas faire bon traîner par ici en temps d’orage. C’est violent et destructeur. La visite est courte, elle ne prend pas plus d’une heure, et se termine avec un peu de pluie. Cela tombe bien. C’est l’heure de déjeuner Direction Castenou, un village médiéval, avec son château tout en haut.
Le déjeuner catalan est délicieux même s’il traîne un peu en longueur. Nous grimpons visiter le château qui date du Xième siècle. Il vient de réouvrir en 2021 après des années de travaux et pour l’occasion, c’est gratuit. En prime, une conférence sur les vicomtes de Castelnou. Erudit, le conservateur, son exposé est complet et savant…pas du tout dans un objectif de vulgarisation. Pour résumer, au Xième siècle, ce n’était pas plus facile qu’aujourd’hui de se faire une place au soleil, même pour un vicomte. Ils avaient tous les dents longues. Les femmes? On les utilisait pour étendre son pouvoir…
Nous terminons notre journée par Elne. Un coup d’oeil à la maternité suisse – qui a permis a beaucoup de femmes réfugiées espagnoles d’accoucher en toute sécurité. Utilisée aussi pendant la guerre de 39/40. Ellle était sous la responsabilité de la croix-rouge suisse, d’où son nom. Une balade dans le centre historique de la ville avant de rentrer. Le nom d’Elne vient d’Hélène, la mère de l’empereur Constantin.
Pas de baignade aujourd’hui. Trop frais, trop gris.
La voix de Lilie
Il pleut, il pleut, trouée de bleu, pluie, orage. Un temps d’automne. Nos amis partent. Place à la famille. Petite fille, belle mère, beau frère. Bref, beaucoup d’occupation de femme d’intérieur, ce que je ne suis pas. Pendant la sieste de la petite, les hommes regardent du sport à la télé, les femmes s’ennuient.
Impossible de sortir vraiment cet après-midi à cause de l’instabilité du temps. Nous jouons avec la petite, quelques fois un peu sur la terrasse pour un repli rapide à l’intérieur lorsque ça mouille.
Mini puce est de plus en plus intrépide, elle veut descendre les escaliers en se jetant dedans et sans qu’on la tienne. Exercice périlleux totalement interdit. Bataille rangée pour la tenir ou la porter. Elle est fascinée par les fermetures des sangles de sa poussette ou de sa table à langer. Elle passe des heures à boucler les sangles, nous demander de les rouvrir pour recommencer. Elle saute de joie lorsqu’on vient rouvrir les boucles. Elle a bien dû se pincer une fois ou deux car elle décale sa main bien précisément lorsqu’elle actionne la fermeture. Moi aussi ça me fascine de la voir faire. Elle commence à parler, imite nos intonations et nos phrases. Quelques mots sont compréhensibles. Elle est plus espiègle et plus indépendante que son frère. Elle veut tout faire toute seule. Manger, dans l’ensemble, ça prend du temps mais elle y arrive. Mettre ses chaussures, impossible à son âge, elle s’énerve puis finalement trouve la, solution de mettre nos chaussures qui sont plus grandes et bien plus facile à enfiler.
Le dimanche se termine. Nous n’avons pas vraiment eu de temps pour nous. Mardi sera l’unique jour de la semaine prochaine où nous serons seuls. Les vacances scolaires arrivent et avec elles les renforts papy mamizz.
Il y a un mois que je n’ai pas eu 30mn à moi pour faire du sport. Père, mère, enfants, petits enfants, familles, chacun prend sa part et vit sa vie. Moi je ne trouve plus la mienne. Est-ce de l’égoïsme ? De la survie ? Ça commence à me prendre vraiment la tête.
Lorsque j’étais petite, ma grand-mère m’adorait. J’étais sa préférée. Elle faisait tout pour me faire plaisir. Je n’ai jamais retrouvé cette sensation. D’etre l’unique. Je sais que je ne dois pas la chercher. Elle ne reviendra plus.
Le temps est incertain aujourd’hui. Il fait doux, gris, de temps en temps une trouée de bleu dans le ciel. Nous décidons de braver la météo en déjeunant dehors. Repas d’été, après tout, même si l’impression est plutôt automnale, on est en été. Ratatouille, patates nouvelles, brochettes.
On a du mal à profiter de l’extérieur tellement les avions sont bruyants et nombreux aujourd’hui. Infernaux. Nos discussions à table tournent autour de ça. Autrement dit, ils nous pourrissent la journée.
Le soir nous rejoignons les graines qui participent à un gala de danse. 2 graines dansent, 3 graines spectatrices, 2 maris et 1 enfant. Nous sommes heureuses comme chaque fois de nous retrouver. Après le gala, nous partons au restaurant tous ensemble finir la soirée. Nous dinons en terrasse, il fait bon, les discussions vont bon train. Une averse tropicale nous fait prendre le dessert à l’intérieur. Nous faisons la fermeture, trop de choses à nous dire.
Ce soir, il ne manquait que toi, Graine, pour être au complet. C’est bien plus compliqué de se retrouver toutes ensemble depuis vos retraites !
La voix de Graine
Je suis contente de vous savoir toutes ensemble ce soir, les graines! Bien sûr, vous me manquez! Mais explorer l’ailleurs, c’est aussi important pour se renouveler, sentir d’autres parfums , goûter d’autres saveurs…
Ce matin, c’est le parfum et le goût du vin dans une cave au dessus de Banyuls, visite de la cave puis dégustation de Banyuls et de Collioure. Ici, les vignobles sont en pente sur des terrains schisteux. Ils dégringolent de la montagne jusqu’à la mer. Les anciens ont construit des murets perpendiculairement à la pente pour retenir la terre et des rigoles dans le sens de la pente pour évacuer l’eau et irriguer.
Pour nous baigner, sur les conseils de la caissière de la cave, nous remontons en direction de Port Vendre sur le site de Paulille. C’est un site protégé créé sur le lieu d’une ancienne usine de dynamite qui a fermé ses portes en 1984. C’est étonnant. Triste aussi. Beaucoup de gens sont morts. Manipuler de la nitroglycérine n’est pas anodin. La plage de l’usine, à l’abri d’une crique est belle et tranquille. Sur le site, un atelier de réparation de barques catalanes a également vu le jour. Sa vocation est d’aider les jeunes à se construire ou reconstruire en mettant en valeur le patrimoine.
L’après-midi, nous poussons jusqu’au Cap Cerbère. J’ai toujours été fascinée par les frontières, ces limites créées de toute pièce et pourtant bien réelles entre pays. Lieu des trafics, des passages clandestins, chemins de liberté pour ceux qui fuient leurs pays…Changement de normes et de règles entre pays. L’écartement des rails n’était pas le même entre les différents pays. A Cerbère, les transbordeuses vidaient les trains espagnols pour charger les trains français…1ère grève des transbordeuses en 1905. Elles ont eu gain de cause.
Départ de notre campagne, direction la Catalogne. Nous traversons la montagne noire, sombre, peu éclairée, comme son nom l’indique. Sur l’autre versant, les Corbières, nous accueillent avec des vignobles et un paysage méditerranéen. Nous faisons un petit crochet par l’abbaye cistercienne de Fontfroide. Rachetée au début du siècle par un particulier, l’abbaye n’accueille plus de moines, mais des concerts, des expositions. C’est un bâtiment magnifique, avec un jardin « remarquable ». Elle héberge également un domaine viticole.
Nous arrivons dans notre lieu de villégiature en milieu d’après-midi. Argeles plage est une destination de vacances très populaire. Plus de 70 campings. Notre location ressemble au lieu. Pas d’une grande classe. Mais la mer est à 300 m. C’est bien. Nous passons à l’office de tourisme, prenons notre 1er bain de mer de l’année, repérons les lieux…
Ce matin, nous sommes sur le pont de bonne heure. A 9 h, nous cheminons déjà sur le sentier du littoral, direction Collioure.
Nous prenons un 1er bain dans une crique avant l’arrivée à Collioure. Après un déjeuner léger à l’ombre, nous partons pour une balade peinture à travers la petite ville, sur les traces de Matisse & Derain. 1905, la naissance du fauvisme. Il fait beau, chaud. Petit désagrément, le masque est obligatoire dans toutes les rues. Nous nous exécutons, mais nous sommes presque les seuls.
Une visite de l’atelier de préparation des anchois, suivie d’une glace face à la mer, il est temps de rentrer, en bus. A la descente du bus, un dernier bain de mer pour se rafraîchir. Encore une journée bien remplie.
La voix de Lilie
Bonne initiative l’article sur 2 jours, Graine. Tu compatis à ma difficulté de garder le rythme journalier dans la multitude de tâches qui me sont tombées dessus depuis mon retour !
Après notre arrivée tardive de mardi suivie d’un mercredi à garder les 2 petits, jeudi devait être consacré à la remise en route de la maison et du jardin et aussi à souffler un peu. Que je croyais.
Lavage, étendage pour démarrer. Puis je pars courir. Il y a plus de 2 mois que je n’ai pas couru et un mois avec 0 sport. Il est temps de s’y remettre. La balance vire au rouge, moi à l’angoisse de la prise de poids. Je suis heureuse de courir. Impossible d’aller en forêt, l’orage de la, semaine dernière a fait tomber des arbres entiers, et les pluies de ces dernières semaines rendent les chemins trop boueux. J’étrenne mes nouvelles chaussures de courses, seul achat vestimentaire, s’il on peut dire, de l’année.
Déjeuner sur le pouce et nous voilà partis pour les courses de premières nécessités (terme à la mode en cette période covid). Au milieu des courses un appel d’un couple d’amis qui nous rappellent leur venue pour ce soir…..Branle bas de combat. Courses pour les repas, ménage chambre, salle de bain, refaire le lit. On avait zappé.
En plus ils arrivent avec une chienne qui déteste les chats. Nous voilà à jongler entre le haut et le bas de la maison le jour, entre dehors et dedans la nuit pour éviter un croisement. Mon chat est vieux, je ne veux pas que la peur lui fasse un coup au cœur.
Le lendemain, vendredi est à peine plus calme. Re lessive, faire cuire les légumes pour le repas de la petite ce midi. Je prends le petit-déjeuner avec tout le monde, petite fille arrive, mon mari la garde ce matin et je monte télétravailler.
A midi, mon mari part chez le coiffeur, je m’occupe du repas de la petite. Elle essaie de manger seule. Avec sa petite fourchette elle pique les morceaux, avec sa cuillère elle arrive un peu à attraper du yaourt. Elle met du temps, mais elle est heureuse de le faire seule. De façon générale elle veut tout faire elle-même. Quand elle n’y arrive pas, elle est très colère. Elle baragouine quelques mots, et essaie d’imposer sa volonté. Un sacré personnage, ce petit bout de femme.
En fin d’après-midi, je vais faire ma deuxième vaccination. Ça y est, j’ai le passeport. J’espère que cela m’évitera le test dans le nez pour partir en Sardaigne en septembre. Auquel cas, j’aurai échappé à ce test.
En soirée nous partons sur Paris retrouver notre Graine tout juste arrivée de son île. Champagne dans sa chambre d’hôtel, repas au restaurant dans bercy village. Il fait bon ce soir, nous pouvons flaner dehors. J’espère que ça va durer, j’ai besoin de dehors.
Tu peux être fière de toi, Lilie. Tu as fait ce qu’il fallait pour ton Papa, tu as profité du soleil et du grand air. Quand on veut s’occuper des siens, être en forme, c’est essentiel. Comme toi, j’espère que ton père va retrouver une autonomie suffisante pour rester chez lui. Tu as dû bien profiter de tes petits aujourd’hui. Ils ont certainement changé, appris plein de trucs, depuis la dernière fois où tu les as eus, surtout la petite.
Pour moi aujourd’hui, c’est journée grand ménage. Demain, nous partons à la mer, dans les Pyrénées orientales. A notre retour, les filles arrivent, avec le chien. Après les différentes tranches de travaux que nous avons eues depuis deux ans, la poussière s’est infiltrée un peu partout, le nettoyage n’est pas du luxe, c’est une nécessité.
Ce midi, nous déjeunons dehors, puis je m’installe sur un transat pour lire et faire la sieste. Le temps s’y prête. Une alternance de soleil et de nuages. Une température agréable. En plein été, c’est rare de pouvoir manger dehors le midi. Il fait trop chaud. Le soleil brûle, même avec un parasol.
Malgré mon travail acharné, je n’ai pas réussi à finir le nettoyage des vitres. Tant pis, je finirais quand les filles seront là.
Mon mari a rangé son ordinateur. Il est en vacances pour 3 semaines. Nous allons boire une bière au village pour arroser ça.
La voix de Lilie
Un temps d’une tristesse infinie. Plus de déjeuner au soleil, plus d’envie de faire quoi que ce soit, plus d’énergie.
Pourtant sur le pont dès le matin. Les petits sont là aujourd’hui. Ils nous sautent dans les bras tellement ils sont heureux de nous voir. Ça fait chaud au cœur. Oui ils ont bien grandi pendant ces 3 semaines. La petite est de plus en plus agile et de plus en plus intrépide. Elle escalade chaises et tables, mange seule, commence à parler. On capte quelques mots, pour le reste elle exprime très bien ce qu’elle veut ou ne veut pas ! Son frère articule de mieux en mieux, il est plein de vie et d’imagination.
Aujourd’hui il colle et range des cartes dans un livre, colorie, peint, fait des gateaux (et les mange), bref en 2 temps 3 mouvements la salle à manger ressemble à un centre de loisir. Et les animateurs sont épuisés ! Entre deux averses nous sortons pour aérer tout le monde.
Après leur départ, nous faisons un peu de jardinage. Après 3 semaines, de la chaleur au début puis beaucoup de plue, le jardin ressemble à un jardin tropical. La vigne a envahi le passage, il faut couper des tiges de plus de 3 mètres de long. La clématite fait la tête. Quelque chose ne lui plaît pas. Le chaud ? La pluie ? Le manque d’accroche ? Je lui installe un nouveau tuteur. Espérons. Les rosiers ont fait leurs roses pendant mon absence, je ne peut que couper les fruits.
La soirée se termine comme avant les vacances, devant la télévision. Hélas. Plus d’envie de faire.
A ton tour Graine, le soleil, le rosé, les terrasses. Profite, profite.
Aujourd’hui, première marche de préparation pour mon escapade sur le chemin de Compostelle prévue en septembre.
Je pars vers 14 h. J’avance droit vers la montagne noire, vers le sud. « El camino de la vida ». Le chemin pour moi, c’est bien ça, un chemin à l’image de la vie, avec ses moments difficiles et ses moments de bonheur intense. Marcher, seule, avancer droit devant. La solitude de la marche est exigeante, déroutante. Dans la tête, les pensées défilent. Parfois, elles portent, parfois, elles plombent. Il y a les paysages, la météo, les rencontres…
Côté météo, le temps est idéal. Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid. Un peu de vent et d’air, pas de pluie. Je croise des marcheurs, des cyclotouristes avec leurs sacoches pleines, des cyclistes. Un bonjour échangé, rien de plus.
Le départ est difficile. Je résiste à l’envie de regarder sans arrêt mon portable. Le chemin du train, le chemin des droits de l’homme sur lequel je marche est balisé. Il y a des bornes tous les kilomètres.
Je croise un écureuil, puis un autre lorsque je fais ma pause au bout de 12 km, avant de faire demi-tour. Je profite de la pause pour m’excuser auprès de la secrétaire de mon association jacquaire. Ce matin, j’avais prévu une réunion sur le site, mais au vu des retours négatifs, je ne savais plus quoi faire. La secrétaire s’est retrouvée seule face à la caméra, à essayer de m’appeler sans succès puisque le portable ne passe pas. Pas cool, je lui devais des excuses.
Respirer, regarder les champs de part et d’autre, du blé, du tournesol qui n’a pas encore ses fleurs, du maïs, de l’ail. Repérer les arbres et les arbustes sur le bord du chemin: chênes, noyers, robiniers, genêts, noisetiers, cerisiers, lilas, frênes…Reprendre contact avec la nature m’apaise et me recentre. Je n’ai plus besoin de mon portable pour avancer. Juste accepter l’instant présent, le vivre et attendre l’instant suivant. La marche me réconcilie avec l’éphémère et l’impermanence des choses.
Je rentre vannée, avec des ampoules, mais heureuse d’avoir fait le 1er pas pour me mettre en bonne condition physique pour partir. Mon mari vient à ma rencontre à vélo. Ce soir, c’est lui qui prépare la table.
La voix de Lilie
Chassé-croisé Graine. Tu es partie, je rentre. Journée transhumance, le terme est bien choisi.
La matinée démarre de façon totalement inattendue. Les brebis ont disparu de l’enclos. Après avoir cherché dans tous les recoins du terrain, on les retrouve sous le préau où ma cousine gare sa voiture. Notre présence les effraie. Elles sont toutes jeunes et arrivées d’hier, elles ne nous connaissent pas. Nous essayons de les ramener vers le terrain, elles dévorent les fleurs du jardin, le paillasson devant la porte. Elles essaient de rentrer dans la maison, elles devaient avoir l’habitude d’être abritées la nuit. Nous jouons les bergers pour le remettre dans leur enclos.
Après un peu de ménage, nous bouclons enfin les valises. Clap de retour. Il fait 27 degrés, soleil. La route est encombrée de camions car nous sommes en semaine. Pendant le trajet, mon père appelle pour dire qu’il est bien rentré. Maintenant nous allons voir s’il peut reprendre sa vie en main et si la maladie va se traiter ou pas. Voilà qui va conditionner le futur proche et moyen.
Après 6 heures de route et deux petits arrêts, nous arrivons à bond port. Il fait gris, le sol est mouillé, 17 degrés.
J’ai passé 3 semaines dehors, à l’air, pris mes repas sur les terrasses chez ma cousine, mon père, ma nièce, ou aux restaurants, passé du temps au soleil et au bord des piscines. C’est difficile d’être obligée de rester à l’intérieur à cause du mauvais temps. La lumière s’est éteinte. Il fait sombre dans la maison.
Je vais retrouver mes petits demain. Mes soleils suffiront ils a éclairer mon âme.
Aujourd’hui, c’est notre première journée à la campagne. Il a beaucoup plu depuis le mois de mai. Tout est bien vert. Il n’y a pas de fruits cette année. Les cerises ont gelé. Pas d’abricots non plus. Hier soir, nous voyons passer la voisine avec des toutes petites pommes vertes dans un seau qu’elle amène à ses chevaux. J’ai cru que c’était des choux de Bruxelles. Curieux en cette saison.
Arracher les mauvaises herbes, aller faire les courses, ranger nos affaires, faire un peu de ménage, aller saluer les voisins et en profiter pour boire un verre, le temps passe vite à la campagne.
Notre petite voisine passe devant notre cour avec ses deux petits. Son bébé de deux mois a une bronchite qui fait suite à une bronchriolite la semaine dernière. Aux urgences, il l’ont mis sous oxygène. À le voir aussi rond et aussi costaud, on n’imagine pas un bébé malade. Et pourtant! C’est sa soeur qui lui a ramené des maladies, qu’elle a attrapées chez la nourrice.
Cet après-midi, le beau temps revient. Ça fait du bien. Je fais la lessive.
La voix de Lilie
Le sud de la France semble le seul épargné par le mauvais temps. 3 semaines de soleil et d’été ont doré ma peau et remonté mon moral. Les fruits et légumes d’été arrivent. Il y a bien eu cet épisode de gel ici aussi, mais certaines variétés y ont échappé. La production d’abricot de ma petite cousine est en pleine cueillette. Ma mère et ma cousine ont fait des confitures et des compotes. Le reste nous les mangeons, murs à point. Nous prenons tous nos repas dehors: grillades, légumes grillés, salades, fruits.
J’ai profité de ces 3 semaines pour faire une cure de romarin. C’est un très bon detox pour le foie. Le pied de romarin de ma cousine est si envahissant que nous l’avons taillé de moitié. Je l’ai fait sécher et effeuillé, il est prêt à être utilisé. Bien sûr il sera moins parfumé que le frais, mais c’est mieux que rien et mieux que ducro. Et c’est bio !
Demain nous allons reprendre le chemin de la maison et j’appréhende déjà la grisaille et la pluie.
J’ai laissé mon père à l’hôpital, il sort demain. La mission que je m’étais donnée d’aller au bout de la recherche de sa maladie est presque achevée. Presque. J’aurais aimé le ramener chez lui. Il manque 1 journée. Mais mon mari veut remonter car nous gardons la petite mercredi. Si j’avais eu la présence d’esprit de demander à ma fille de changer avec le jeudi, mais je ne l’ai pas eu. Mon cerveau a trop de choses à penser. Il a disjoncté je crois. Donc demain, c’est une ambulance qui le ramène. De toute façon c’est sans fin, car ensuite il reviendra dans 10 jours, puis une ou 2 semaines après, puis il faut trouver un Kine, puis appeler une autre ambulance, l’infirmière….. Donc je rentre. Je l’aiderai de chez moi et je reviendrai vers le 20 juillet. Je verrai bien s’il peut recommencer à vivre en autonomie chez lui.
Pour nous aujourd’hui, c’est jour de transhumance. Le départ en vacances. Nous nous transportons de Paris jusqu’à la campagne, en voiture, pour prendre l’air. Nous avons prévu d’y passer 4 semaines avec une escapade à la mer entre deux. La vraie transhumance, celle des bouchons et et des queues interminables, ce sera à partir de la semaine prochaine, quand les petits seront en vacances. Bien heureusement, ce n’est plus pour nous.
Nous avons de la pluie, mais heureusement pas d’orage. Un faisons un trajet sans encombre. Nous nous arrêtons pour boire un coup et manger la pizza au village avant de nous installer dans la maison. Aucune mauvaise surprise cette fois-ci. L’herbe a poussé dans la cour, bien sûr, mais nous avons l’habitude. Cela me fera de l’occupation pour demain. Mon mari n’est pas tout à fait en vacances. En préalable, il a trois jours de télétravail.
Après nous être installés, nous partons faire un petit tour dans la campagne. La nuit tombe. Il bruine. Rien ne nous arrête. Nous mettons le Kway, prenons le parapluie. La récolte de l’ail a démarré. Nous glanons quelques gousses qui n’ont pas été ramassées.
Profite bien de ton Papa, Lilie, et d’Avignon qui est une bien belle ville, quoique chaude en été.
La voix de Lilie
Ce matin, cap sur le palais des papes. Avant la visite, nous prenons un café face à cet immense édifice construit pour abriter la papauté de 1535 à 1594. Le masque est obligatoire pour la visite. Les visiteurs sont comptés. Et fouillés. Covid. Attentats… Passés les contrôles, on nous distribue des tablettes audioguide. Finies les visites guidées, les anecdotes d’un amoureux du lieu. Chacun le même parcours, les mêmes phrases. Encore un métier perdu. Le palais des papes se prépare pour le festival qui démarre dans 2 semaines. La cours d’honneur est transformée en scène et gradins pour les futurs spectacles. Nous cheminons entre cours, escaliers, salles, jardins, chambres, galeries. Plafond en voute, en poutres, mur de pierres ou peints. Le palais vieux de Clément V, le palais neuf de Clement VI. L’édifice est immense, seule une petite partie est ouverte aux visiteurs.
En sortant nous allons jusqu’au pont d’Avigon, on y danse, on y danse. Pont Saint Benezet, traduction provençale de Saint Benoît. Le site a été bien restauré et il est devenu payant. Ce pont enjambait le Rhône et les royaumes. Celui du roi, celui du comte de Provence. A chaque crue du Rhône, il était partiellement détruit. Il coûtait une fortune en entretien. Il a finalement été abandonné. Il n’en reste qu’une petite partie et deux chapelles.
Après toutes ces visites, il est temps de déjeuner. Ma nièce nous rejoins avec son mari et leur bébé. Nous déjeunons en terrasse à l’ombre d’un grand ficus. Le temps passe vite lorsque nous sommes ensemble. Déjà il est l’heure pour moi d’aller retrouver mon père à l’hôpital.
Il se lève aujourd’hui, en trainant la valise reliée à son drain. Quelle misère de le voir si maigre dans cette robe d’hôpital se trainer avec cette valise. 25 ans nous sépare, c’est si peu maintenant.
Le soir nous allons manger dans une guinguette au bord du Rhône. Parenthèse tranquille.
Oui, trouver un lieu où il fait bon vivre, c’est ça qu’il me faut, c’est ça qu’il nous faut, avec la nature à proximité, de la lumière, des amitiés, des liens humains, à créer ou à consolider. Dans cet environnement favorable, les activités, elles viendront d’elles-mêmes.
Même si cela reste une utopie, toutes ensemble, ce serait super! Qui sait si nous n’arriverons pas à le réaliser un jour. Il suffirait d’une étincelle…Pourquoi s’interdire de rêver et de réaliser nos rêves? Sans attendre, le temps passe tellement vite.
Aujourd’hui, c’est un samedi qui n’est pas ordinaire. Demain, nous levons le camp, direction la campagne. J’ai proposé aux enfants de manger ensemble ce midi, à l’extérieur. Initialement, c’était une proposition de brunch qui s’est transformé en repas classique. La belle-famille de mon fils est à Paris depuis quelques jours. Bien sûr, ils sont de la partie. Avec les petits, nous sommes 10. Malgré la pluie, nous mangeons dehors, à l’abri. Les enfants peuvent jouer et courir. Pas de bruit de voitures. Un repas à la bonne franquette qui s’éternise, mais qui s’en plaindra?
Je n’ai pas de courses à faire aujourd’hui, mais je dois faire le ménage, la lessive, vider le réfrigérateur et préparer le pique-nique pour la route.
Pour partir, je passe à la librairie m’acheter un livre. Celui qui a gagné le prix du livre Inter » Un jour, ce sera vide » de Hugo Lindenberg. Dans ce livre, le narrateur est un enfant. Rien que pour cela, le livre m’intéresse.
Tu vas pouvoir retrouver ton Papa, Lilie, aujourd’hui? Peut-être va-t’il pouvoir rentrer chez lui?
La voix de Lilie
Après une matinée passée chez ma cousine à préparer notre valise et à récupérer quelques affaires pour mon père , nous partons pour Avignon. J’ai réservé 2 nuits d’hôtel pour joindre l’utile à l’agréable. L’utile car je pourrai rendre visite à mon père à l’hôpital, l’agréable car nous pourrons profiter de l’hôtel et de sa piscine, et aussi aller flaner dans Avignon.
Pendant que je vais voir mon père – visites autorisées de 16 à 19h, une seule personne par jour. Masque obligatoire pour le visiteur dans la chambre. Je n’ai pas vu cette consigne, je me fais rappeler à l’ordre par l’infirmière. Pas plus que l’heure de sortie à 18h qu’elle m’annonce comme étant la règle. Le covid a bon dos, je crois. En tout cas les pauvres malades n’ont que 2 h par jour pour voir un membre de leur famille, et ça c’est bien triste.
L’hôtel est tout proche, je rentre à pied en fin d’après-midi.
Le soir, après un dernier bain dans la piscine de l’hôtel, nous partons faire un tour en ville. Je suis restée 2 ans à faire mes études à Avignon. J’ai traversé la ville de part en part plusieurs fois par semaine pour relier 2 sites de la fac. Et je ne reconnais presque rien. Un axe principal. Une place. Les monuments. La ville s’est étalée hors bien plus loin qu’autrefois. Une promenade remplace les parkings le long des remparts. A l’intérieur, des zones piétonnes, des placettes et beaucoup de restaurants petits ou grands ou l’on peut manger dehors. La vieille ville est très vivante avec des musiciens ça et là qui jouent dans les rues. La place du palais des papes est envahie par les terrasses de restaurants. Une ville du sud,qui vit dehors les 3/4 de l’année et qui mériterait un rafraîchissement !
Après avoir flané dans les rues et ruelles, nous optons pour un petit restaurant le long de la rivière où autrefois officiaient les teinturiers. Puis sur le chemin du retour, nous dégustons 2 boules de glace.
Ce matin, je fais à nouveau un créneau à ma coop, de 9 h à 12 h. J’ai mis le paquet cette semaine pour ne pas perdre le fil et ne pas avoir à geler mon compte. La coop, ça compte pour moi. Je dois m’y investir davantage, même j’hésite encore à franchir ce cap. Ce matin, je vérifie les dates des produits frais, je déstocke les périmés, je tiens la caisse. C’est important de varier les postes pour se sentir à l’aise dans son créneau. Pour chaque tâche, il y a un tuto. Pour fermer ma caisse, j’ai dû vérifier le tuto.
Cet après-midi, dans mon établissement d’handicapés, nous regardons les photos que je leur ai prises. Nous faisons une sélection. Je dois terminer le cadre. Ensuite, j’imprimerais les photos, et je positionnerais les photos dans le cadre avec eux.
Avant de rentrer, je m’arrête une heure à l’atelier d’arts plastiques pour m’occuper de mes coquelicots. Ce n’est pas fini. Tant pis, je continuerais au retour des congés.
Ce soir, après le repas, je fais le tour du quartier pour repérer un lieu où partager un brunch demain midi. La journée a été encore un peu grise aujourd’hui, mais le soleil revient. Les terrasses sont pleines à craquer. Toujours pas de lune à admirer! Un brunch le samedi, ce n’est pas possible dans le quartier. Tant pis pour le brunch, ce sera un resto.
La voix de Lilie
La vie a repris son rythme d’antan. S’arrêter en chemin pour prendre un verre en terrasse. Remercier en offrant un restaurant. Seuls les masques en intérieur de magasin nous rappellent cette incroyable épopée que nous venons de traverser.
Ici c’est l’été, le ciel est bleu, l’air est doux. Et ça change tout. Je suis bien ici, ma maison ne me manque pas. Juste mes petits. Je crois que j’aimerais revivre ici. L’idée de repartir dans le gris m’effraie. Heureusement cet été, je vais beaucoup bouger.
Je comprends ton malaise Graine. Le gris, le quotidien, le manque d’activité parfois. Tu as besoin de remplir tes journées sinon tu te sens mal. Tu as besoin d’air, de terre, de nature. Si on se trouvait toutes un endroit au calme et au soleil à partager ? Une maison Graines. Avant le village. Avant l’hepad !
Je vais bientôt rentrer chez moi, j’espère qu’on pourra toutes se voir, ce sera plus facile pour moi.
Avant d’aller télétravailler chez ma mère, je passe vite fait chez mon père pour vérifier si les poules du voisin ont bien été sorties et si la compagne de min père va bien. Une fois tout ça sous contrôle, je repars chez ma mère pour la matinée. Je télétravaille dans la salle à manger car il n’y a pas de bureau. Ce n’est pas pratique. Il faudra que je vois comment m’installer ailleurs. Après le déjeuner je reviens chez ma cousine et je pique une tête dans la piscine avant de me remettre au travail. Cet après-midi, réunions sur réunions. Je ne m’ intéresse plus. C’est terrible et terrifiant. Ma tête et surtout mon intérêt sont ailleurs. Je n’arrive pas à me remotiver. D’autres choses m’intéresse mais plus ces projets d’entreprise. Je n’arrive plus à y déceler ce qui pourrait m’apporter quelque chose.
Le soir nous allons diner chez mon cousin. Sa fille vient aussi d’avoir un bébé, il est heureux d’être enfin grand-père à plus de 70 ans ! Avec sa femme ils vivent en quasi autarcie alimentaire. Potager, oliviers, vignes, tisanes, miel. Et un cochon partagé pour le jambon, les saucissons et même quelques patés maison. Ne manquent que les poules, le fromage et un peu de viande. Ils vivent dans un petit village, dans une maison avec vue sur le mont ventoux. S’ils n’écoutent pas les informations, ils peuvent être au paradis. Pas de violence.
Ce soir la lune est pleine. Elle se lève, majestueuse, juste à côté du mont ventoux. La vue est à couper le souffle. Nous essayons tous de prendre une photo. Hélas nos téléphones ne rendent pas la beauté que nos yeux peuvent capter. Alors nous regardons longtemps pour admirer ce spectacle de la nature.
mde
La voix de Graine
Il y a des jours où je voudrais rester muette.
Une journée qui commence sans entrain, sans envie, sans désir malgré un démarrage matinal: yoga, respiration, méditation. A 10 h, je suis sur le canapé à écouter de la musique des années 80. La loose. J’ai des choses à faire, mais pas envie de les faire. Et là, je ne suis plus dans la sphère professionnelle, mais bien dans la sphère privée! Que faire pour contrer cet ennui et ce désintérêt pour le quotidien? Partir, changer d’air, cela devient urgent…
A 11 h, le coup de fil de ma copine me tire de ma torpeur. Elle me propose une balade, que j’accepte bien sûr.
En fin d’après-midi, j’enchaîne sur mon atelier d’Arts plastiques. Sur le chemin, je fais un détour pour aller voir l’exposition d’Arts plastiques qui est en cours au Ministère des Finances. Quelques-uns d’entre nous exposent. A l’atelier, mon champ de coquelicots avance péniblement. Il peine avec moi. Mais, ce soir, c’est la fête. Après l’atelier, nous allons manger tous ensemble dans un restaurant du quartier. C’est un restaurant libanais. Je passe une bonne soirée. Je rentre à 23 h 30. Depuis combien de temps cela ne m’était pas arrivé? J’ai oublié.
Je ne vois pas la lune à Paris. Le temps est couvert.
Ce soir coupe d’europe de foot 2020 à 21 h: France – Portugal. Les français sont déjà qualifiés pour les 8ième de finale, mais tout de même, il doivent gagner! Je pense que les portugais ont un raisonnement symétrique. La compétition, dans toute sa splendeur. Je ne suis pas contre la compétition, même entre nations, à condition que cela reste du jeu, du sport, et que cela donne du plaisir aux joueurs et aux spectateurs. Tout ce qui fait du bien est bon à prendre.
En allant à la danse, nous nous sommes racontées des blagues toutes les deux avec la petite, pour rire, pour pouffer de rire. Elle aime, elle joue, elle invente des histoires à dormir debout. Le jeu, c’est naturel pour les enfants. Nous, les adultes, nous ne savons plus rire, jouer…Nous sommes sérieux et tristes. Comment retrouver son âme et son coeur d’enfant? Comment retrouver la joie de vivre?
Demain, la petite fait sa sortie de fin d’année demain. Sa classe part à France Miniature. Elle est toute excitée de sa sortie. Je suis contente pour elle. Ils auraient dû partir en classe de découverte au mois de mai. Annulé, en raison du Covid.
Sa passion actuellement, ce sont les insectes. Elle est allée le week-end dernier au Muséum d’histoire naturelle de Lille où elle a découvert les mygales. Avant de sortir du muséum, elle a voulu les revoir. Des poils partout, toute velues les mygales, vivantes, dans des bocaux. Ce matin à l’école, elle est allée déranger des cloportes cachées sous une pierre avec ses copines. A nouveau, j’ai des recherches à faire, la durée de vie des cloportes par exemple. Au fait, la durée de vie d’un moucheron, c’est 7 jours.
Mon mari a prévu d’emmener la petite à la pêche quand nous serons à la campagne. Il s’est renseigné sur les droits d’accès. Pour elle, c’est 5 euros pour une année et pour pêcher où elle veut. Et pour le matériel, pas de souci. Mon fils avait sa canne à pêche.
Ce soir, je regarde le foot, d’un oeil et d’une oreille distraits.
La voix de Lilie
Journée tricolore aujourd’hui. En 3 phases ou en 3 couleurs.
Levée aux aurores pour emmener mon père en consultations à l’hôpital. Après la première consultation, ma nièce nous accueille chez elle. Nous profitons de la fraîcheur de la maison, de la piscine et surtout de son tout petit bébé. Presque 2 mois, déjà un beau bébé. Avec ses crises de fin d’après-midi qui rendent ses parents impuissants à le calmer. Apprentissage de part et d’autre. En fin d’après-midi 2ème consultation et hospitalisation pour mon père. C’est mon mari qui assure la crise de 17h…ma nièce m’accompagne à l’hôpital. Je laisse mon père dans sa chambre avec son immonde plateau repas. Je reviendrai après son opération, dans 3 jours. Les visites sont encore très limitées à cause du covid. J’ai de la peine et l’impression de l’abandonner dans cette chambre. Pourtant j’ai fait beaucoup et je dois travailler demain et après demain. Toujours cette culpabilité mal placée.
Au retour de l’hôpital ma nièce nous invite à partager une pizza en regardant le match. Bb d’est endormi en écharpe après sa tétée. Il y a bien longtemps que je n’ai vu un match de foot. Je sais qu’il faut ce genre de spectacle pour galvaniser les foules et tenter de canaliser les énergies qui autrement pourraient se transformer en violence, mais personnellement je déteste la compétition et de façon générale l’idée de faire des perdants. Je préfère de loin la co construction. Construire, créer, innover, en équipe ou seul face à soi même. Hélas nos sociétés sont batties sur de la concurrence acharnée.
Souvent mes idées diffèrent du commun des mortels.
C’est pareil pour la pêche. Pêcher pour manger un poisson, c’est inévitable. Mais la vie d’un animal n’est ni un jeu ni un sport. Il faut bien l’expliquer aux enfants. On ne torture pas un animal quel qu’il soit. Le malheur du poisson est de ne pas avoir de cordes vocales. Imaginons pêcher un chien qui hurlerait lorsque l’hameçon lui perce le palais et s’étoufferait sous nos yeux lorsqu’on le noierait dans un seau. Voilà le sort du poisson muet. Alors à ceux qui, au lieu de le manger, relachent le poisson après l’avoir à demi étouffé, la gueule massacrée par l’hameçon, je dis : prenez conscience de la souffrance infligée.
De la pluie aujourd’hui sur Paris, et 10 degrés de moins qu’hier.
La dernière semaine avant les vacances, c’est toujours pour moi la semaine la plus longue. J’ai hâte de retrouver ma campagne.
Merci, Lilie, de m’avoir fait partager la fête de la musique dans la ville de ton enfance. Pas de sortie pour nous hier soir. Pour mon mari, c’est dentiste, et pour moi, c’est retour maison après m’être occupée de la petite. Paris, c’est trop grand, trop impersonnel. Il y a trop de monde. Je n’ai plus envie de me mêler à la foule. Et la pandémie ne fait qu’accentuer mon manque d’envie.
Ce matin, j’ai rendez-vous pour un créneau de travail à ma coop. Le créneau du matin, de 7 h à 9 h m’oblige à me lever tôt. Nous sommes deux, deux femmes. Le travail ne manque pas: réceptionner les légumes, ranger le pain, trier les légumes, déstocker les denrées périmées…Travailler à ma coop me fait toujours du bien. Je me sens utile, vivante, vaillante.
Après quelques courses et un café avec mon mari au retour à la maison, je repars. Cette fois-ci pour compléter mon équipement de randonnée: sac de couchage, gourde, frontale…J’en profite pour acheter aussi quelques bricoles pour nos vacances: un sac isotherme pour le pique-nique, une thermos…
Je rentre pour préparer le repas. C’est moi, la femme au foyer. Cet après-midi, j’appelle les copines. L’une répond, l’autre non, puis je me mets aux retouches de ma dernière peinture. Je n’ai pas beaucoup de patience. J’améliore ou je dégrade, c’est selon. Difficile de savoir. En tout cas, je dois terminer et ranger mes affaires de peinture.
Je me suis engagée à faire un cadre pour mettre des photos des handicapés que je vais voir le vendredi. Je m’attelle à la tâche, en mode brouillon. Pour moi, le plus dur, c’est toujours de démarrer, et de terminer aussi.
La voix de Lilie
Un orage terrible au milieu de la nuit a vidé tous les nuages. Ce matin le ciel est redevenu bleu. Pour la première fois cette année j’entends les cigales chanter. L’été est arrivé. Tout au moins, là, dans le sud. Ici, je me sens bien. L’air est doux, tout est facile, il n’y a pas trop de monde. Ma maison ne me manque pas. Juste mes enfants et mes tous petits.
Le télétravail entrecoupé de bain de soleil et de piscine, ça me va.
Le soir nous allons manger chez mon père. Ma mère prépare quelque fois de bons petits plats pour lui et avec connivence nous disons que c’est ma cousine ou moi qui cuisine. Lorsqu’il sera seul je lui avouerai la supercherie. Donc ce soir, « j’ai » cuisiné un bon gratin de courgette. Pain frais tout juste sorti du four, picodon et verre de vin rouge.
Nous allons ensuite coucher les poules du voisin qui est en vacances cette semaine. Mon père m’avoue être tombé ce matin en allant leur ouvrir le poulailler. Il ne s’est rien cassé, un miracle.
Demain nous allons à l’hôpital. Mon père évoque sa peur d’une intervention sur les vertèbres. Depuis toujours c’est sa hantise. Pas de chance que la maladie l’ait attaqué justement à cet endroit. Je fais du mieux que je peux pour le rassurer. Il faut faire confiance aux médecins, nous n’avons pas d’autre choix lorsque nous sommes malades. Il me fait peine. Il est si maigre maintenant.
Pour moi, avant tout, c’est lundi. Lessive, rangement. Je m’occupe de mon site jacquaire: Faire l’état des lieux financier, contacter l’équipe, proposer une réunion de travail…. J’achète les fournitures pour mon stage d’arts plastiques du mois d’août. J’achète un téléphone pour la campagne. De menues tâches sur un fond d’ennui. Il fait lourd. Le temps est gris. J’achète un ticket pour une exposition de peinture fin juillet sur Paris – Signac – au musée Jacquemart. J’aurais bien voulu y aller cette semaine, mais c’est complet. Je devrais faire des retouches sur ma dernière peinture, mais je n’y arrive pas. Je suis molle. Je manque d’énergie. Je m’ennuie. Vivement les vacances et le changement d’air.
En fin d’après-midi, je rejoins ma fille à l’école de sa fille. Elle a réunion à l’école primaire où est inscrite la petite. Eh oui, en septembre prochain, ma petite fille rentre au CP. Ils grandissent trop vite, les petits. Ils se construisent, prennent leurs marques, nous échappent. Rien à dire à ça, c’est dans l’ordre des choses. Quand je croise des nourrissons dans leur poussette, je m’aperçois que mon tout petit est déjà bien grand.
Ton père n’est pas gratifiant Lilie, c’est sûr. Le mien ne l’était pas non plus, notamment sur ce que je faisais côté pratique: cuisine, ménage…tâches qui me coûtaient pourtant. J’apprenais les qualités qu’il me reconnaissait par mes sœurs, bien entendu, ce qui engendrait des jalousies…Ce manque de bienveillance et de reconnaissance est générationnel, je pense. On ne félicite pas ses enfants. Ce qu’ils font est un dû. Mon père a changé sur la fin de sa vie. Il n’était toujours pas plus gratifiant sur les aspects pratiques de mon soutien – ça devait même l’énerver que je vérifie son frigo et ses placards, mais par contre il était touché et m’était reconnaissant pour ma présence.
La voix de Lilie
Merci Graine de pour le partage de cet expérience avec ton père. Ça me rassure. Nous ferons mieux pour nos enfants j’espère. Comme nous le faisons déjà, les aimer et le leur dire. Leur montrer que nous sommes fiers des belles personnes qu’ils sont.
J’ai repris le télétravail aujourd’hui. De chez ma cousine le matin, de chez ma mère l’après-midi. Et après ça je suis allée piquer une tête dans la piscine de mon père. Autrefois je disais chez moi…
Cet article porte le titre de fête de la musique, alors faisons honneur à cette fête du 1er jour de l’été. La ville à été barricadée pour la soirée. De gros blocs de béton empêchent toute intrusion de camion. Car il y a le covid, et il y a aussi ce souvenir et ces menaces d’attentats. Nous faisons la fête malgré tout, mais le temps de l’insouciance est derrière nous. On se protège, de tout. Pourtant ce soir, nous circulons en ville sans masques et le couvre feu est levé pour la première fois depuis tant de mois. Nous nous sentons libérés. Comme sortant d’un long sommeil. Ce soir la ville nous offre un parcours avec différents styles de musique au fil des places. Pour commencer, nous avons réservé une table en terrasse sur la place de la mairie. A cet endroit un groupe de trois musiciens joue du jazz manouche. Après une heure d’écoute nous partons vers la rue principale où se trouve un groupe de rock. 4 musiciens, dont un jeune très prometteur car excellent musicien et chanteur. Ils mettent une belle ambiance et nous restons longtemps à les écouter. Puis nous repartons vers un groupe de jazz soi disant new orléans. Plutôt fanfare dirons nous. Du coup on ne s’attarde pas et on retourne sur nos pas: rock puis jaze manouche en repartant. Il est déjà presque minuit lorsque nous reprenons la voiture pour rentrer nous coucher. Juste avant l’arrivée, un dernier spot de musique. Un groupe avec une chanteuse, l’ensemble plutôt âgé, joue des chansons des années 80. On écoute un peu et on rentre.
Nous avons fait honneur à la fête de la musique. L’an dernier elle a été très limitée et nous n’avons pas pu y participer. Cette année, je profite à fond de ma ville. Je la redécouvre. Vivante. Il faut dire qu’elle sort d’un long cauchemar de 12 ans de front national…. Sans faire de politique..
Nous passons notre dimanche en tête à tête, alors que le confinement est terminé, et qui plus est, le jour de la fête des Pères! Avec tous ces derniers confinements, nous avons perdu et l’envie et l’habitude d’inviter des amis. Notre périmètre relationnel s’est retréci. Il se réduit aux enfants, petits enfants, quelques copines dont les graines si précieuses et c’est à peu près tout. C’est un constat que je fais avec un peu d’amertume. J’aime la convivialité d’un repas entre amis.
Faute d’avoir les enfants, je prépare le repas pour mon mari. De toute manière, les enfants seraient venus manger, j’aurais tout de même préparé. En faisant la cuisine, je pense à mon père, et à mon beau-père à qui je souhaite une bonne fête. Mon père aimait ces moments d’anniversaire ou de fête partagés. L’occasion d’ouvrir une bonne bouteille, de bien manger.
Après le repas, nous partons à pied pour la place Dauphine qui se trouve sur l’île de la Cité. Je n’y étais jamais allée. Nous découvrons une place en triangle bien tranquille face à l’arrière du Palais de justice. Des bistrots chics tout autour de la place et des gens qui jouent aux boules, principalement des filles, des jeunes.
Nous nous posons pour boire un coup et profiter de cet espace bien agréable. Pas de voitures, juste le bruit sourd des conversations des tables voisines et les éclats de voix des boulistes qui s’interpellent et rient. C’est rare à Paris. Je suis contente d’avoir vu cet endroit, même s’il n’y a pas de plaque pour marquer la maison de Simone Signoret et Yves Montand qui ont vécu longtemps sur cette place.
En rentrant, nous faisons un léger crochet par la Sainte Chapelle que je n’ai jamais visitée. 1200 vitraux. C’est impressionnant. Louis IX – Saint Louis a fait construire la Saint Chapelle pour abriter des reliques qu’il avait fait venir de Jérusalem. Au Moyen-Âge, chaque ville, chaque abbaye voulait ses reliques. A l’abbatiale de Conques, ils ont même missionné un moine pour qu’il aille piquer des reliques ailleurs. Les pélerins d’autrefois, qui venaient se prosterner devant les reliques, ce sont nos touristes d’aujourd’hui. Mais devant quoi se prosterne-t’on aujourd’hui? Qu’est ce qui attire le touriste?
Aujourd’hui, le touriste prend des photos, beaucoup de photos, avec son portable principalement. Les photos meurent et disparaissent bien souvent avec le portable.
Ce soir, l’orage, encore.
La voix de Lilie
C’est la fête des pères et mon mari se retrouve sans ses enfants. Un sms, un coup de fil, un oubli. Mon père n’a jamais été très fêtes ni anniversaires, surtout ceux des autres qui n’ont pas de réalité pour lui. Il y a bien des années que je n’ai pas été chez mon père un jour de fête des pères. Le déjeuner se déroule comme ceux des jours précédents et sûrement ceux des jours qui suivront. Je fais le repas, il déjeune, il part à la sieste. Très peu de mots. Le café lui déplaît, trop allongé à son goût, il le jette par terre sur la terrasse. Mon mari est horrifié par ce comportement. Moi je suis blasée depuis longtemps. Pas de remerciements ni de compliments directs. Il ne sait rien exprimer. Il les dit par téléphone à ma sœur qui me les répète. Au moins je sais qu’il apprécie le geste.
Le temps est à l’orage, le ciel est gris et noir par endroit. Après un grand moment d’hésitation, nous décidons d’aller marcher dans la colline toute proche. 8km. C’est une reprise, cela fait plus de 6 mois que mon mari ne pouvait plus marcher. Nous sommes très heureux d’avoir réussi sans douleur. J’espère que nous allons pouvoir recommencer à marcher, j’aimerai tellement arriver à faire le chemin de Stevenson… 2 ans de report déjà. Cette marche m’a fait du bien car j’avais besoin de détente après tous ces jours de tension. La semaine va être difficile entre télétravail et hopital. Un peu de tranquillité est bienvenue.
Au retour, nous passons un moment à la piscine car même si le temps est gris, il fait encore très chaud. Les enfants de mon petit cousin viennent se baigner avec nous. Le petit garçon commence à nager seul, il faut bien le surveiller, la petite fille essaie d’apprendre à plonger. Puis le petit garçon s’attelle à déterrer un os de dynosaure pendant que la petite fille joue au ballon avec moi. Moment de fraîcheur dans tous les sens du terme.
Ce matin, j’ai le CA de mon association jacquaire. Contre toute attente, j’ai un accès internet. En fait, le secrétariat de l’association se trouve juste au dessus de la salle où nous nous réunissons. Enfin, une bonne nouvelle: Nous avons un feu vert de principe pour faire évoluer le site. Je dois tout de même faire le bilan financier de ce que ça a coûté , un budget de ce que cela va nous coûter pour les évolutions à court terme, un budget de ce que cela va nous coûter de manière récurrente. Personne ne me l’a vraiment demandé, mais ça me paraît la moindre des choses. L’état des lieux que j’ai présenté aujourd’hui n’avait aucun volet financier. J’ai honte.
Après le repas, la pause, puis je regarde distraitement le match France Hongrie en jouant au solitaire. Mon mari est parti faire les courses. Ce matin, c’est lui qui a gardé petit-fils. Il a trouvé ça dur.
Ce soir, nous tentons le restaurant coréen. Un exotisme à notre portée, sans risque, sauf celui de ne pas aimer. Nous remplissons un cahier avec nos coordonnées. Pour nous prévenir, au cas où.
Pour tout dire, c’est trop agréable de pouvoir enlever le masque à l’extérieur. On peut enfin respirer.
La voix de Lilie
Accalmie sur le front de l’état de mon père aujourd’hui. Je pense qu’il s’est trompé dans ses médicaments hier et que ça l’a mis à terre. Il faut dire que cette maison est une vraie pharmacie. Les prescriptions changent presque chaque jour et il y a également les médicaments de sa compagne. L’infirmière qui doit vérifier la prise des médicaments ne fait pas, son job. Elle leur fait confiance lorsqu’ils disent savoir remplir le pilulier, lorsqu’ils lui disent de ne plus venir le soir. Sauf que la compagne n’ a pas toute sa tête et elle regarde, range, dérange les boites, les ordonnances et donne elle même les pilules à mon père. Je convoque l’infirmière pour un recadrage de la mission. Ça me rappelle les bons moments du management…
Pendant la sieste, je vais chez ma mère et nous nous plongeons dans la boîte de photos anciennes de sa famille. Une belle boîte en bois lustrée par le temps qui appartenait déjà à ma grand mère et qui sais-je avant elle. Les photos d’une génération vivait en noir et blanc et celles de la génération qui vivait en sépia. J’ai encore du mal aujourd’hui à imaginer la jeunesse de ma mère en couleur, la guerre en couleur. Nous sommes la seule génération à avoir cette sensation, depuis tout est en couleur.
C’est comme la musique. Tenez, nous qui sommes des années 80, imaginez danser et s’amuser sur des chansons des années 40. C’est pourtant ce que font nos jeunes de maintenant lorsqu’ils dansent sur les chansons des années 80.
Le stockage et l’accès facile aux données estompent les générations. Pourtant avec le cloud, plus de boite en bois pour les photos de famille….
No stress, Lilie, tu es en vacances à présent…C’est vrai qu’on se met souvent en pilotage automatique car il y a trop de choses à penser et à faire et pas que des choses passionantes… Idéalement, soyons présents aux moments heureux car ce sont nos madeleines pour demain.
Encore une journée d’orage aujourd’hui sur Paris, orage que nous prenons cet après-midi quand nous sommes en train de rentrer suite à notre promenade avec nos polyhandicapées. J’espère qu’elles n’ont pas pris froid. Nous étions allés boire un coup sur les quais de seine. L’orage menaçait. Nous sommes repartis 5 mn trop tard. Nous avons bien trouvé un abri sous un immeuble, mais il pleuvait très fort et le vent poussait la pluie…Une mésaventure. Peut-être une madeleine pour elles aussi. Elles avaient l’air ravies.
Ce soir, nous avons petit-fils. Les parents sont de sortie. C’est mon mari qui l’endort. Il s’en tire très bien, mais, il est déjà 23 h. Le petit est content de venir chez nous. Il nous fait la fête, sort toutes les casseroles. C’est lui le chef d’orchestre en quelque sorte. Et nous, on profite, de sa joie de vivre et de son dynamisme.
Demain, j’ai un CA de mon association jacquaire. Je dois faire un point sur le site, sans accès internet. Je sens bien que ça va être facile de mobiliser les troupes.
La voix de Lilie
Une journée difficile. Mon père ne va pas bien du tout. Il ne peut plus se lever ni manger. Il ne supporte plus ses médicaments. C’est inquiétant. Très. Ma nièce m’aide beaucoup et peut être devrons nous l’hospitaliser plus tôt que prévu. Nous déciderons demain matin en fonction de son état.
Le matin j’ai reporté mes congés d’une semaine car je pensais que les prochains jours allaient être calmes. Je ne sais pas si ça va être le cas ni comment je vais gérer… Ça devient compliqué et je me demande quand je pourrai rentrer chez moi.
J’assiste impuissante à la déchéance de mon père. Lui sportif, bricoleur, indépendant, flétrit un peu plus chaque jour. Ses beaux yeux bleu ciel, sa voix persistent dans ce corps douloureux qui lui échappe. Il ne parle pas. Rien à dire. La souffrance prend toute la place. Je fais du mieux que je peux.
Bas les masques depuis aujourd’hui, à l’exterieur. Le port du masque reste obligatoire dans les transports, dans les magasins, dans les endroits publics. Et c’est là où ça se complique. Il faut toujours prévoir d’en avoir un dans son sac ou dans ses poches, comme on prévoit un paquet de mouchoirs. Ce soir, au moment de prendre le métro, pas moyen de trouver mon masque. Heureusement que je n’étais pas seule, j’ai pu être dépannée.
Ce matin, je suis allée faire un don de sang. Plus de 65 ans, j’ai droit à une procédure spéciale. Je dois être interrogée par un médecin. L’infirmière ne me suffit plus. Dans quelques années, je ne pourrais plus donner. Le médecin, âgé, qui me reçoit, me dit à quoi a servi mon dernier don qui date de début février. Quatre patients en ont bénéficié. C’est gratifiant. Ils ont fait beaucoup de progrès dans la traçabilité des dons et dans leur utilisation, pour des raisons sanitaires bien sûr.
A midi, repas libanais – des mezzé – en plein Paris, avec une graine. La vie reprend son cours, comme tu dis Lilie. Notre vie d’avant.
Après la canicule d’hier, la nuit dernière et ce soir, c’est l’orage. Violent.
La voix de Lilie
Incapable de me souvenir de la queue d’un bout de ce que j’ai fait ce 17 juin… Juste que le temps est maussade et lourd, sans pluie. Laisser le temps aux souvenirs de remonter à la surface. Manque de concentration. Lorsqu’on s’occupe de tout mécaniquement, le cerveau n’enregistre pas ou tout au moins ne stocke pas. On nous dit toujours d’être là, chaque moment en pleine conscience. En réalité, combien de moment arrive-t-on à être là ? Si peu dans une journée.
Donc, ce matin après le petit déjeuner, en ce moment je faire une cure de tisane de romarin à jeun pour detoxifier le foie, donc après cette tisane et un bon café je me lance dans une recette de croutons que m’a donné ma sœur. Le temps d’une chose l’autre, me voilà en retard pour aller chez mon père. Je ne veux pas rater la venue du pisciniste.
Mon père ne va pas fort. Il se lève quand même pour déjeuner. Sa santé décline de jour en jour.
Pendant sa sieste, je vais faire un tour chez ma mère pour voir ma nièce. Elles sont en train de faire des madeleines, l’appartement embaume. A peines sorties du four, 3 madeleines disparaissent dans notre estomac ! J’en rapporte un peu chez mon père et chez ma cousine.
Heureusement le soir, un peu de détente chez ma cousine. Je coupe le romarin qui déborde sur son allée et je met le tout à sécher. Je pourrais faire des sauces et des tisanes jusqu’à la fin de mes jours avec tout ce que j’ai ramassé ! Sûr que je vais me faire aider.
Une chaleur de plein été proche de la canicule. Aujourd’hui, c’est le jour des enfants. Marcher sur les trottoirs en plein soleil avec la petite est une épreuve. Elle a chaud. Moi aussi. Nous avançons à la vitesse d’escargots prêts à passer à la marmite.
Aller la chercher à l’école, l’amener à la danse, aller goûter au square. Elle est contente de venir chez Papy, Mamie le mercredi. Nous avons nos habitudes, nos repères. Une petite glace le midi. La lecture d’un livre par Papy après le repas. Trois petits dessins animés à suivre. Après, c’est selon son envie, soit on joue ensemble, soit elle joue seule, soit on dessine. Son nouveau hobbie, c’est de ramasser des insectes ou autres petits animaux: fourmis, moucherons, mouches, escargots. Ce matin, elle est sortie de l’école avec une fourmi blessée sur une feuille. Nous avons regardé un couple de chiens sur une terrasse, la fourmi a glissé de la feuille, pas moyen de la retrouver. C’est petit, une fourmi. Je suis confrontée à des questions difficiles: la durée de vie d’un moucheron. Un oeuf de mouche met combien de temps pour éclore…
J’apprends en fin d’après-midi que le port du masque ne sera plus obligatoire à compter de demain et que le couvre-feu sera supprimé à compter du 20 juin. Je suis contente que l’épidémie régresse. La situation est meilleure en France, mais qu’en est-il dans le reste du monde?
Ce soir avec ma fille, nous calons les vacances d’été. Il nous manque encore des billes du côté du fiston. Il est prévu que nous gardions le petit quelques jours. Je ne tiens pas à le garder à la campagne, sutout seule. Il est trop petit. Et la maison à la campagne est trop grande et trop peu sécure.
La voix de Lilie
Il fait excessivement chaud aujourd’hui. On se croirait en plein été caniculaire. Il y a 2 semaines nous avions froid, maintenant trop chaud. Le thermomètre est complètement déréglé…
La matinée est consacrée à emmener mon père pour une consultation à l’hôpital. Rien n’est fait pour les personnes malades. Elles attendent comme les autres dans la salle d’attente sur des fauteuils inconfortables. Je suppose que si elles souffrent trop, on pourrait demander un brancard, mais rien n’est moins sûr. Le médecin a déjà du retard, il est 10h30. Qu’est-ce que ce sera ce soir…
Pendant que nous attendons, nous voyons arriver mon cousin qui accompagne un vieil ami de la famille. Ils ont rendez-vous avec le même médecin juste après nous. Même jour. Même heure. Même lieu. Incroyable. La salle devient une réunion de famille improvisée. Le temps passe plus vite comme ça. Après notre consultation, nous allons voir un anesthésiste dans une autre aile de l’hôpital, puis nous regagnons les ascenseurs pour ressortir. Devant l’ascenseur, mon cousin et notre ami qui ont suivi un autre parcours qui s’achève comme le notre au même moment devant le même ascenseur. Si nous avions voulu le faire, nous n’aurions peut-être pas réussi !
La matinée a été longue, nous rentrons vers 14h. Un déjeuner rapide et nous passons au temps calme comme disent les jeunes parents. La chaleur est étouffante, heureusement nous avons les piscines pour nous raffraichir.
Le soir, nous partons manger dans un guinguette au bord de l’Ardèche avec ma mère. Pas de jaloux. Nous portons les masques pour la dernière fois en extérieur. Un sentiment de libération m’envahit. Le masque restera dans le sac pour les intérieurs mais nous pourrons à nouveau marcher le nez au vent et croiser des visages. Fin du couvre feu dimanche. La vie d’avant. Nous n’avions pas conscience de notre liberté de mouvement. Maintenant nous savons. Et j’espère que nous sauront apprécier et protéger cette nouvelle vie.
Le thermomètre grimpe et mon moral aussi. Tant mieux.
Ce midi, je vais marcher avec ma copine du côté de Bastille. En y allant, à pied, je ne peux pas m’empêcher de rentrer dans une boutique. J’ai besoin d’acheter des vêtements. J’essaye un short, mais je ne peux pas acheter car je suis partie sans un sou. La vendeuse me le réserve. Je repasse en fin d’après midi pour l’acheter. Je complète par un tee-shirt et un haut de maillot de bain. Voilà, je suis prête pour partir en vacances.
Une bière en terrasse avec mon mari qui m’a rejoint. Le bonheur. Les tables sont déjà alignées face aux écrans de télévision. Ce soir, à 21 h, c’est le match France-Allemagne. L’euro 2020!
Après le repas, j’écoute le journal télévisé. Menacées de disparition il y a peu, les cigognes sont de retour. 90 % d’entre elles mourraient électrocutées dans les lignes à haute tension ou tuées par des chasseurs sur leur itinéraire de migration. Des systèmes d’effarouchement ont été installés dans les corridors de vols. En Alsace, de 29 couples d’échâssiers en 1980, on est passé à 1000 couples aujourd’hui! Les hommes ont gagné la bataille! Comme quoi, quand on veut….Si on a gagné celle-là, on peut en gagner plein d’autres. Il s’agit de le vouloir vraiment.
La voix de Lilie
La chaleur augmente jour après jour. Il faut rechercher la fraîcheur dans les boutiques, les piscines. Tous les volets sont fermés, on pourrait croire que ce matin tout le monde est resté au lit. La ville est engourdie. Dans les cyprès au fond du jardin une cigale essaie de chanter. Elle crisse, s’arrête, repart. On dirait un moteur qui ne veut pas démarrer. C’est la première que j’entends cette année. Les cigales commencent en général à chanter mi juin. Elles marquent l’arrivée de l’été et nous accompagnent jusqu’au début de l’automne. Elles ne chantent qu’au dessus d’une certaine température. Après 7 ans passés sous terre, elles ne vivent qu’un été à l’air libre.
Ce matin je vais chez la médecin de mon père pour lui faire remplir un certificat nécessaire à un dossier. En sortant nous allons prendre un petit crème en terrasse. Il y a des aides pour maintenir les personnes âgées plus ou moins dépendantes chez elle. Mais c’est un dédale de dossiers à faire, et ça prend des mois. Je me demande comment peuvent faire les personnes isolées. Le temps de monter le dossier, la personne peut être morte de faim…. Tout est compliqué. Avec les procédures en place par exemple, une personne qui ne peut plus se déplacer ou qui ne sait plus téléphoner ne peut plus faire refaire ses papiers d’identité. Et sans papier valide certaines opérations sont impossibles. En France, aujourd’hui, le vieillir à domicile est compliqué. Les enfants sont souvent loin et travaillent, l’internet a remplacé le contact humain et perdu nos anciens, l’aide n’est pas réactive et met du temps à s’adapter à la demande. Voilà bien un sujet à creuser pour qui veut s’investir dans la qualité de vie des personnes très âgées.
Après le répas, une petite heure de détente à l’ombre d’un arbre, et un bain frais pour me raffraichir. Ensuite je vais passer deux heures chez ma mère qui reste cloîtrée chez elle toute la journée. Trop chaud.
En fin d’après-midi, j’aide mon père à préparer un sac au cas où, car demain matin nous allons voir un chirurgien à l’hôpital.
Il est tard maintenant, il fait encore très chaud, la nuit va être moite.
Ce matin, je me lève sans aucune difficulté pour mon enchaînement destiné à me rendre zen: yoga, respiration, méditation. Puis j’enchaîne avec un point de suivi sur mon site jacquaire en prévision du CA qui a lieu samedi. Au final, je passe quasiment la journée sur mon site jacquaire.
Entre deux mails, je prends le temps de fêter les deux anniversaires du jour.
Il fait chaud. Les murs m’oppressent. J’étouffe. Après le repas du soir, je méchappe sur la coulée verte, pour respirer un peu. Avec ses terrasses qui débordent, Paris prend des allures de gros village méridional.
Je compte les jours qui me restent avant le départ pour ma campagne. Même pas deux semaines. Une poignée de jours à peine.
L’odeur entêtante des tilleuls chatouille mes narines. 21 h 15: c’est la fermeture des parcs. Je dois rentrer.
La voix de Lilie
Le vent est tombé, il va faire très chaud aujourd’hui, plus de 30 degrés. Je ne saurais dire ce que j’ai fait ce matin qu’il est déjà l’heure de déjeuner. Nous nous installons ma mère, ma cousine, mon mari et moi en terrasse. Cette brasserie existe depuis des décennies. Au départ c’était un bar, maintenant on peut aussi y manger. Je n’y étais jamais allée. Enfant, nous ne sortions jamais boire ou manger en ville. C’était une autre époque, le restaurant était réservé aux grandes occasions et choisi dans un lieu plus prestigieux que le trottoir de la ville. Plus tard, la ville vivait plus à l’intérieur de ses remparts, j’ai souvent pris un verre sur la place de la mairie. Depuis quelques années, la ville s’étale sur l’extérieur. Les immondes enseignes des chaines de magasins ont donné naissance à un nouveau quartier et vidé la ville de ses rues commerçantes. L’intérieur est un désert. Rues vides, places vides. Aujourd’hui la ville essaie de renaître en surfant sur les bons produits locaux, la douceur de vivre et l’attrait de la provence. Bien sûr les maraîchers ont pratiquement tous disparu, pour faire le change et parfaire la carte postale, on peut trouver ça et là des champs de lavandes. Ils ont remplacé les vergers de pêchers de mon enfance.
Après le repas, nous partons à pied jusque chez mon père. Tout le monde dort. Moment idéal pour une bonne baignade et une séance de bronzage. Une fois sa sieste terminée, je trouve mon père un peu mieux qu’hier. Comme la belle famille est toujours sur place, nous en profitons pour nous échapper.
En fin d’après-midi nous partons pour un village voisin que j’aime beaucoup, situé en haut d’une colline. Nous prenons un verre dans un bar extérieur, sur des canapés douillet, abrités du soleil par un immense platane. Moments de détentes bienvenus après toutes ses journées à passer de l’un à l’autre de mes parents et à essayer de faire au mieux. Quelques heures juste pour nous.
Un dimanche d’été presque normal. Le soleil est chaud, très chaud, mais il y a de l’air, aussi c’est agréable. S’il n’y avait ce masque à porter dès qu’on pointe le nez dehors, nous oublierions la pandémie. J’aime ces journées chaudes où la chaleur écrase le bruit. Comme nous sommes dimanche, il y a peu de circulation. Ne survolent que les aigus, les cris des enfants dans le square d’à côté, le chant des oiseaux. Dans les faits, le début de l’été sur le calendrier, c’est dans 8 jours. J’attends les vacances et notre descente dans le sud avec impatience. Plus que quinze jours à attendre.
Cette nuit, notre petit loulou nous laisse vraiment dormir. Ile se réveille à 7 h et après avoir pris son biberon, il se rendort entre mon mari et moi jusqu’à 9 h 40. Une vraie grasse matinée. Nous prenons le déjeuner au lit avec le petit sur les genoux qui grignote sa tartine. Cela ne lui paraît pas étrange de déjeuner au lit. Il doit avoir l’habitude. La présence du petit nous fait du bien. Il nous décentre et nous apaise.
Pendant que mon mari fait son jogging, je vais au square. Deux allers-retours. La 1ère fois, quand nous nous posons au square, il nous manque une chaussure, alors nous repartons, puis nous revenons.
Ce midi, c’est mon mari qui fait la cuisine. Moi, je m’occupe du petit.
A déjeuner, nous avons les filles. Les cousins s’en donnent à coeur joie. C’est beau de les voir rire aux éclats.
Pour les petits, la fin de l’après-midi se passe dans la baignoire au milieu des bulles de savon. Une nouvelle bonne séance de rigolade entre cousins.
Un dimanche qui fait la sieste au soleil, ça fait du bien. Demain, c’est lundi.
La voix de Lilie
Le mistral s’est levé dans la nuit, il siffle dans les arbres, claque les portes, s’apaise, repart à l’assaut. Depuis mon lit, je l’écoute se déchaîner à l’extérieur. C’est un peu comme s’il y avait quelqu’un, là dehors, qui s’énerve, se calme, se met à hurler. Eole. Le mistral est le compagnon de la vallée du Rhône. Mistral veut dire maître, le maître des vents. On dit qu’il souffle par paquets de 3 jours, 3 6 9 etc… J’espère que ce ne sera que 3. L’hiver il vous glace les sangs, l’été il envole les chapeaux et rafraîchit l’atmosphère brûlante. Dans tous les cas, il énerve. Se déplacer est une lutte au corps avec lui, gare à celui qui ouvre sa portière de voiture dos à lui. Depuis toute petite, j’aime l’écouter s’époumonner dehors lorsque je suis bien au chaud dans mon lit. Son sifflement me berce, Eole est dehors, je ne suis pas seule.
Aujourd’hui, ce sera donc une journée venteuse.
Ma sœur est venue voir mon père, mais il est très fatigué et dors beaucoup. Il n’a plus de muscles, sa peau flotte sur ses os. Nous avons apporté un gâteau qu’il mange avec appétit, puis il se recouche. Nous sommes trop nombreux et il n’entend plus rien de nos conversations. Tout ce monde le fatigue beaucoup. Elle repart inquiète.
Malgré une journée bien chargée, nous avons pris le temps de prendre un verre rien que toutes les deux pour nous détendre avant le repas chez notre mère et l’après-midi chez notre père.
Eh oui, le couvre-feu est toujours là, mais à 23 h, ça permet tout de même de prendre le temps.
Je suis contente, Lilie, que tu puisses graver tous ces souvenirs de ton enfance, de l’enfance de tes parents dans ta tête et dans le blog. De vraies madeleines pour les temps à venir. Pour moi, les souvenirs d’antan s’estompent. Juste des flashs de temps à autre.
Ici, aujourd’hui, c’est journée petit-fils. Les parents ne nous l’ont amené que ce matin car il est malade. Ils ont passé une partie de la nuit de mercredi à jeudi aux urgences. De l’asthme du nourrisson, conséquence d’une bronchiolite. Ventoline 5 fois par jour, avec un appareil de torture: un long tube avec une ventouse à appliquer autour de la bouche et du nez. Quand il voit arriver le tube, le petit fait non, non, non. Ceci dit, un bébé malade, ça n’a rien à voir avec un adulte malade. Il joue, il mange, il dort. En fait tout va bien. Si ce n’est cette toux et cette respiration un peu difficile.
Après le repas, nous partons voir une exposition en plein Paris à la fondation Taylor. Une exposition de gravure à laquelle participe une membre de notre atelier d’Arts plastiques. C’est une jeune femme qui fait de la gravure, des eaux-fortes, son métier. Elle s’est inscrite dans notre atelier pour des raisons pratiques, mais clairement, nous ne jouons pas dans la même cour. Nous faisons le trajet aller en métro, le retour à pied. Une manifestation à Paris encore aujourd’hui. Des forces de police partout. Avec le petit, nous faisons tout pour sortir du périmètre potentiel de la manifestation. C’est bien trop dangereux. Sur le trajet du retour, nous faisons une halte au square pour goûter et pour jouer. Mon loulou adore le tobbogan. Nous nous régalons de le voir faire, mais difficile de prendre des photos, car nous ne pouvons pas le lâcher. Il est encore petit. Il y a beaucoup de monde et il est un peu kamikaze.
Ce soir, pour l’endormir, je m’en sors un peu mieux que d’habitude. Peut-être est-il un peu plus fatigué? Mais, ne crions pas victoire, la nuit n’est pas terminée!
La voix de Lilie
Levée aux aurores pour attendre le pisciniste qui ne vient pas. C’est rageant. Il n’a pas noté, il a oublié. Il viendra finalement à 14h30. Le principal c’est que la piscine sera bien entretenue cette année sans que mon père ne s’en occupe. Cher, mais idéal quand on ne peut plus faire soi même. De toute manière mon père ne dépense rien et l’argent est aussi fait pour se faciliter la vie.
A midi, la belle famille arrive pour 3 jours. Ça nous fait de la distraction et nous allons pouvoir souffler un peu. Ils sont chez eux dans ma maison, font la lessive, dorment sur place. Moi je n’ai plus dormi dans la maison depuis que ma mère l’a quittée il y a 21 ans. Trop compliqué d’y voir une autre femme s’y sentir chez elle. Un jour, elle m’a fait visiter les nouveaux aménagements et en me montrant ma chambre, elle a dit que c’était la chambre d’amis. Ben non, c’est ma chambre…
Après une baignade salutaire car il fait très chaud, je pars passer une heure ou 2 chez ma mère. Elle ne sort plus de son appartement. Trop chaud, trop froid, trop de vent, trop de pluie, trop tôt, trop tard. Pour moi c’est impossible de rester enfermée par ce beau temps. Après 2h, je repars à pied rejoindre ma cousine et mon mari. 2km, il fait beau et encore très chaud en cette fin d’après-midi. Je flâne. Profite de ce temps rien qu’à moi.
Je sais que cette accalmie va être de courte durée. La semaine prochaine sera décisive. Mon père maigrit de jour en jour. Se fatigue très vite. La douleur est sous contrôle mais les médicaments le rendent vaseux et l’empêchent de vivre normalement. Il en a déjà marre. Que dire.
Aujourd’hui, je m’active. Après une bonne nuit de sommeil, c’est plus facile.
Faire le ménage. Préparer mes réunions sur le site jacquaire. Contacter la graphiste. lmprimer des photos pour mes handicapés et aussi imprimer mon champ de coquelicots. Hier soir, en début de mon atelier d’Arts plastiques, mon portable s’est éteint faute de charge. Plus aucun modèle pour peindre mon champ de coquelicots …J’ai été obligée d’imaginer. Un bon exercice, mais ce n’est pas facile pour moi.
A midi, je prépare les filets de maquereaux à la rubharbe. Je ne suis pas avare de gingembre. C’est bon et c’est facile à faire. L’acidité de la rubharbe se marie bien avec le maquereau qui est un poisson fort. Le gingembre relève le tout. Normalement, j’aurais dû servir le plat avec une vinaigrette à la sauce soja. J’ai fait l’impasse, mon mari aurait trouvé ça trop gras, trop riche, trop!
Deux heures chez mes handicapés cet après-midi. On fait la valise d’Odile pour le départ en vacances de cet été, en juillet, deux semaines avec l’association des paralysés de France et une semaine avec sa soeur.
Sur le chemin du retour, je m’arrête une heure à mon atelier d’Arts Plastiques, qui est à côté de la maison d’accueil spécialisée, pour avancer mon champ de coquelicots. C’est loin d’être fini, mais j’avance. La couleur de mes coquelicots me plaît.
Ce soir, c’est pizza. Après le blog, la séance de repassage m’attend.
La voix de Lilie
Au delà des lieux que l’on quitte, des personnes qui partent à tout jamais, il y a les bruits familiers qu’on ne retrouvera plus. Le bruit du portail du garage, de la porte de la buanderie, de l’interrupteur. Celui de la porte d’entrée au garage. Des portes en verre quand on les ouvre. Tous ces bruits ont bercé mon enfance et perdurent encore aujourd’hui. Tant que je pourrai ouvrir ces portes. Tant que je pourrai entrer dans la maison.
Aujourd’hui nous avons fait le marché. Aujourd’hui vendredi. Depuis toujours le marché de Bollène était le lundi. La mairesse précédente a jugé bon de le déménager de lieu et de jour. Exit la place de la mairie et son ancienne halle, bonjour la place du pont neuf et ses platanes. Exit le lundi, bonjour le vendredi. Sauf que les commerçants sont depuis toujours sur le marché de Pierrelatte à 15km le vendredi. Bilan, la moitié moins d’exposants.
Je fais un peu de cuisine et nous déjeunons avec mon père. Après le repas et un peu de repos au bord de la piscine, nous partons à pied jusqu’à la ville par les berges du Lez. Il fait très chaud. L’objectif est d’essayer de marcher une heure par jour et de voir si le tendon de mon mari lui permet de recommencer la randonnée. Au retour je prends un bon bain dans la piscine pour me raffraichir.
Le soir, nous embarquons ma mère et ma cousine pour aller manger dans un restaurant à Goudargues. Goudargues est un village au bord de la ceze qui est devenu très touristique grâce à ces canaux qui en font une petite Venise et la garde fraîche même en plein été. Il y a plein de petits retaurants sur les berges des canaux. Mais au delà de cet aspect touristique, c’est également le village où habitait la tante de ma mère et où ma mère a passé toutes ses vacances étant enfant puis jeune fille. Du coup elle se remémore des anecdotes pendant le repas et pendant notre balade digestive. Nous terminons la soirée en montant au village de Cornillon, perché sur une colline qui domine la vallée de la ceze et le village de Goudargues. Un belvédère nous permet d’admirer la vue et les lumières du village en bas. La nuit est tombée, il est plus de 22h, il est temps de repartir. Nous l’avions un instant oublié, nous étions libres ce soir, pourtant il est encore là. Le couvre feu.
Après une mauvaise nuit, j’ai le moral en dent de scie aujourd’hui. Je n’ai même pas eu le courage de me lever pour faire ma respiration. J’ai honte d’être aussi peu vaillante.
Ce matin, je m’occupe de mon site jacquaire et je réussis, enfin, à mener à peu près à bien la refonte d’une page. Il y a un CA à la fin de la semaine prochaine. Nous allons faire un état des lieux du site et parler des évolutions envisagées. Pour préparer le CA, j’ai planifié deux réunions, une en visio, une en présentiel. Maintenant que le confinement n’est plus d’actualité, c’est plus difficile de réunir des gens, même retraités, même bénévoles.
Pour essayer de récupérer un peu d’énergie, je marche beaucoup. Je fais du vélo aussi.
Ce matin, balade avec ma copine de l’atelier d’écriture entre Bastille et le Jardin des Plantes, en passant par les quais de Seine bien sûr. Nous parlons de nos maris. Il sont tous les 2 de signe scorpion, et ils ont aussi bien d’autres points communs. Nous parlons de nous. Nous parlons de l’association. Nous regardons la Seine, les roses, pestons contre les vélos qui empruntent les quais réservés aux piétons.
Cet après-midi, je vais à mon atelier d’Arts plastiques peindre mes coquelicots. A pieds aller/ retour.
Il fait chaud. En cette belle soirée, les parisiens sont attablés, dehors. Les terrasses se sont agrandies, débordent, traversent les rues, dévalent les trottoirs. Il y a certainement aussi quelques personnes à l’intérieur. Les nounours qui gardaient les restaurants vides se sont aussi installés en terrasse, pour séparer les tables…
La voix de Lilie
L’été s’est installé dans le midi. 35 degrés, pas de vent. Une journée calme.
Je passe la matinée avec ma mère pendant que min mari prépare le repas chez ma cousine. Nous irons tous les 3 déjeuner chez mon père. Brochettes, haricots verts et pommes de terre sautées. Fromage, parts de gâteau. Et bien entendu, un rosé bien frais.
Après le repas, nous astiquons la cuisine d’été pendant que mon père et sa compagne se reposent. Frotter, aspirer, laver, c’est un sport efficace, courbatures assurées demain. Je me souviens du temps où ma mère habitait cette maison et où nous venions passer les vacances d’été. J’ai souvent nettoyé cette cuisine autrefois. C’est ma mère qui en avait choisi l’implantation et le mobilier. La, suivante a disposé pléthore de bibelots anciens qui lui donne un air mi campagnard mi brocante. Chargé.
La piscine a fini de se remplir. La cascade est arrêtée. Je prends le premier bain de l’année. L’eau est fraiche et douce car aucun produit n’a encore été ajouté. Je bronze en séchant. Le temps de ma jeunesse me frôle. Je suis arrivée dans cette maison à 3 ans. La piscine a été construite quand j’avais 20 ans, à la place du jardin. J’aimerais que cette maison reste à nous pour toujours, mais je crains d’être la seule à le vouloir…..
Aujourd’hui, c’est la journée des enfants. Je manque d’enthousiasme. Je me traîne. Je me sens molle et flasque. Il fait chaud et lourd. Après le repas, la petite fait tomber une statuette que nous avions ramené du Cambodge en se prenant la porte du salon. Elle pleure, elle s’est fait mal. Nous mettons de la glace. La statuette part à la poubelle, la destination des objets cassés.
Pendant le cours de danse de la petite, j’appelle la compagne de chemin espagnole qui m’a contactée hier. La connexion sur whatsapp est mauvaise, mais je suis contente de la voir, de lui parler. C’est pour moi un encouragement à partir sur le chemin. Elle et son mari ont vraiment été des compagnons de voyage bienveillants, chaleureux et drôles sur le « camino del Norte » en 2018. Je suis vraiment contente qu’elle ait repris contact.
En fin d’après-midi, j’ai mon cours de yoga, en ligne. C’est le dernier. Les cours reprennent en salle. Il en restera quelques-uns en ligne, mais les horaires ne me conviennent pas. Il va falloir que je revoie mon emploi du temps.
A compter de la semaine prochaine, mon mari va reprendre le chemin du bureau au moins deux jours par semaine. Le télétravail va se réduire. En septembre, il n’aura plus droit qu’à 2 jours de télétravail maximum.
Prend tous les bons moments que tu peux, Lilie. Les bons moments, on peut les décider. Les mauvais, ils nous tombent dessus sans qu’on puisse les éviter. Au mieux, les préparer, peut-être.
La voix de Lilie
9 juin. Dans une ancienne vie je m’étais mariée le 9 juin. Une belle journée, mon père conduisait sa vieille voiture. Il était plus jeune que moi aujourd’hui. Maintenant il disparaît peu à peu, ses jambes sont plus maigres que les miennes.
Il fait très chaud aujourd’hui, moins de brise, plus lourd. J’aime la lumière, la douceur de l’air. Tout me paraît plus facile ici. Ce matin j’ai été à la clinique récupérer le scanner de mon père et prendre des informations. Toujours pas de diagnostic, juste que ce n’est pas bon, sans savoir d’où ça vient. Prochain examen dans une semaine. Nous déjeunons avec lui.
L’après-midi, j’écosse des fèves en discutant avec ma cousine. C’est agréable d’occuper ses mains et en même temps de parler de tout et de rien. Ça détend.
Nous repassons chez mon père en fin d’après-midi. Il descend au bord de la piscine qui se remplit toujours lentement mais sûrement. Je pense qu’elle sera pleine demain soir. Il s’est trempé un peu dedans aujourd’hui malgré la fraîcheur de cette eau tout juste sortie du robinet. Il n’a pas osé nager de peur de refroidir son dos. L’an dernier je l’avais filmé en train de se baigner. Il ne faisait pas son âge. Cet année, il rétrécit, ses cheveux semblent moins épiais, mais il garde son regard bleu pâle.
Le soir nous allons manger, mon mari et moi, dans un restaurant sur la place de la mairie. Pour se détendre et se retrouver à 2. Après le repas, nous faisons un petit tour à pied jusqu’à l’ancien hôpital dans lequel je suis née. Retour à la source. Dans les années 80 il est devenu une maison de retraite. Ma grand-mère y a fini ses jours. Dans une chambre d’hôpital avec un lit, un lavabo et une table de nuit d’hôpital avec dessus une photo de nous. C’était triste. Un mouroir. Finir ses jours sans plus un seul de ses objets, de ce qui a faitcsa vie. Elle y a passé 5 années. Aujourd’hui l’hôpital est à l’abandon, l’hepad a été reconstruit plus loin. J’espère que les pensionnaires y sont mieux installés et traités qu’à l’époque de ma grand mère. Quel dommage pour ce magnifique bâtiment, en plein centre ville. L’herbe pousse dans la cour, les grilles rouillent. J’espère que la mairie va trouver comment le faire revivre.
Merci Lilie de ton soutien. Ton séjour dans le sud te permettra, c’est sûr, de profiter de la campagne et de ta famille entre deux exercices imposés…Tu vas y arriver. Surtout, garde un peu d’énergie pour toi et repose-toi.
Ce matin, lever à 6 h 1/4. Je reprends aujourd’hui mes créneaux de travail à ma coop. J’avais dû geler mon compte suite à mon départ dans le sud car je ne pouvais plus remplir mes obligations. Ce matin, nous ne sommes que 2 sur le créneau, et il y a beaucoup de travail. Je quitte la coop contente, avec ce sentiment d’avoir été utile, d’avoir fait ma part de travail. Depuis mon retour, cela m’a manqué de ne pas pouvoir y aller.
Cet après-midi, je vais faire des croquis au jardin botanique avec deux graines. Il fait beau. J’y vais en vélo. Mon niveau de dessin et de croquis est toujours aussi nul, mais je prends l’air, je suis en bonne compagnie, je dessine, et l’environnement est beau. Que demander de plus!
Devant le jardin, en attendant les copines, j’ai un message d’une espagnole avec qui j’ai fait une partie du « Camino del Norte » en 2018. Rien ne pouvait me faire plus plaisir. Elle vient de prendre sa retraite et elle s’est mise à apprendre le français. Sûr que je vais prendre mon téléphone et l’appeler.
Bref, une journée qui me réconcilie avec la vie. J’espère que pour toi aussi, Lilie, la journée a été positive.
Dans sa tournée d’été à la campagne, notre président Emmanuel Macron, s’est fait gifler aujourd’hui dans la Drôme. Demain, les salles de restaurant ré-ouvrent.
La voix de Lilie
Il fait beau et chaud aujourd’hui. Avec un léger mistral qui donne un peu de fraîcheur. Il n’y a pas à dire dans le midi l’air est plus doux que dans le nord. On peut prendre le petit-déjeuner sur la terrasse au soleil. On sort les shorts et les tee-shirts. L’air caresse la peau et les os apprécient.
Le matin nous allons voir mon père. Toujours pas de diagnostic et toujours pas de nouvelles du médecin. Mon père est très affaibli, amaigri, fatigué. Las d’attendre. Il voudrait savoir pour être pris en charge et soigné. Il n’imagine pas ne pas être soigné. Sa douleur est sous contrôle mais les médicaments lui font un peu tourner la tête et lui donnent des nausées. Déjà qu’il ne mangeait plus grand chose. Dans l’après-midi son médecin appelle pour lui donner un rendez-vous de consultation chez un spécialiste à l’hôpital dans 8 jours. Il en a marre d’attendre, de faire des examens. Je lui dis que pourtant il est bien chez lui, qu’on ne sait pas ce que sera la suite. Il fatigue vite, 30 minutes en bas à l’ombre et il part se rallonger.
Il remplit sa piscine. L’eau s’écoule doucement. Il adore se baigner, c’est son plaisir et malgré la maladie, il veut remplir sa piscine. Il me semble que c’est peut-être la dernière fois. J’écoute l’eau tomber dans le bassin comme une rivière dévale une montagne. Elle marque le temps, la vie se remplit aussi et quand on arrive tout en haut du bassin l’eau passe par dessus bord. Est-ce vraiment le début de la fin ?
Quand j’étais petite fille, j’avais déjà deviné que l’on perdait tous ceux qu’on aimaient. La vie m’a offert le maximum de temps. Pourtant l’heure approche maintenant et mes parents deviendront souvenirs, ma maison d’enfant deviendra souvenirs. L’heure des épreuves sonne à la porte. La petite fille que je suis restée doit partir et je dois me tourner dans l’autre sens pour regarder la vie qui me succède.
Journée au radar. Normal après une nuit quasi blanche. Trop de pression, trop de tension, j’ai tellement peur du clash avec mon mari! A la fin, ce n’est pas tenable d’être toujours sur le qui vive, de ne pas oser dire, de ne pas oser faire, de ne pas oser vivre. Je n’en peux plus. Cela me gâche ces journées de lumière que j’aime tant. Le quotidien pèse une tonne.
Ce matin, de bonne heure, comme tous les lundis, mon enchaînement habituel: Yoga, respiration, méditation. Ma tête est ailleurs, mon corps est raide, mes pensées sautent dans tous les sens et même à contresens.
Dès que je peux, je me mets à la peinture. Juste des retouches. La couleur m’apaise lorsque je suis à cran. C’est mon carré de chocolat noir.
Sortir faire les courses, faire la cuisine, la lessive…Il y a de quoi faire dans une maison. C’est ce qu’il me faut. Pour moi, rester inactive est le pire des remèdes. Je me coucherais tôt ce soir.
Après le repas, je bulle en écoutant l’émission « La terre au carré » sur France Inter. Le thème du jour: « L’archéologie du genre à la recherche de la domination masculine ». Pour résumer, les archélogues tentent de trouver l’origine de la domination des hommes sur les femmes. C’est une femme qui parle. Elle a écrit un bouquin. Ce que j’ai compris, c’est la capacité des femmes à enfanter qui provoquerait chez l’homme ce besoin de dominer …Pas vraiment de conclusion, juste des conjectures. Ce que j’ai appris et qui est drôle, c’est que les archéologues tatônnent pour déterminer le sexe d’un squelette du néolithique, et potentiellement se trompent.
J’appelle mon fils. J’appelle ma soeur. Je m’occupe de mon site jacquaire.
La journée s’étire gentiment. Il fait vraiment beau. C’est agréable.
La voix de Lilie
La vie à 2 cascade comme un fleuve qui descend d’une montagne en roulant sous les pierres. Des rapides, des tourbillons, des eaux calmes parfois entre 2 sauts. Quelques fois on se demande bien comment sortir la tête de l’eau. S’accorder toute une vie est un exercice bien compliqué. Les femmes sont plus fortes, plus réfléchies, les hommes plus langoureux et plus vite satisfaits. Nous portons la charge mentale quand ils exécutent. Avec le temps nos envies divergent, l’un de tranquillité, l’autre de mouvement. Les hommes deviennent plus dépendants. On perd l’envie de faire plaisir à l’autre, par lassitude, flemme, par sens unique, que sais-je. Comment adapter encore le couple pour qu’il persiste ? Que chacun trouve sa place sans imposer sa vision à l’autre ? Vaste sujet. Tu as besoin de ces escapades Graine, c’est vital pour toi. Le besoin de t’avoir près de lui heurte ton besoin de moments de solitude. J’espère que ça va aller pour vous 2.
De mon côté, départ vers chez mes parents pour m’occuper de mon père. Peut être arriverai-je à avoir un diagnostic dans les 2 ou 3 semaines que je vais passer ici.
Je suis fatiguée après ces dernières semaines à me débattre entre les médecins et mon père. Ma tension ce matin était très basse, j’ai mal au dos, des aphtes, des boutons…. Et les nerfs à fleur de nerf !
Et enfin repas en terrasse sur les bords de la Marne suivi d’une balade, avec les copines. Les salutations au soleil pour éviter la pluie ont apparemment fait effet.
Une journée comme je les aime, qui sort de l’ordinaire, qui redonne goût à la vie.
La voix de Lilie
Notre dernier repas au restaurant remonte à si longtemps qu’il nous faut bien 10mn de réflexion intense pour en retrouver l’endroit et la date. Aujourd’hui le temps est un peu frais pour la saison mais il ne pleut pas et nous pouvons manger tranquillement en terrasse toutes ensemble avec nos maris. Les graines arrivent une par une, on s’installe devant un apéritif. On prend le temps de parler de tas de sujets comme à notre habitude. Le service est un peu long, il y a beaucoup de monde et le rythme doit être difficile à reprendre après un arrêt aussi long. Aucune importance, le nombre de sujets à aborder est inépuisable.
Après le repas, en promenant sur les bords de marne nous tombons sur notre futur domaine. 4 maisons en construction sur un terrain face à la marne. A vendre. Nos esprits ne font qu’un tour, voilà notre village. Nous entrons même sur le chantier pour voir de plus près. Cette idée lancée en l’air un soir de grande imagination de viendra-t-elle un jour réalité ? Qui peut le dire ? Nous prenons quand même le no de téléphone pour appeler par curiosité. Et nous laissons divaguer nos esprits sur le sujet. Château à rénover, village abandonné, terrain à batir, tout y passe. Sachant que notre capacité à rénover est inversement proportionnelle à notre imagination !
Au retour, nous prenons un verre en terrasse pour finir cette belle journée. Quel plaisir de se retrouver. Ça donne des forces, de la joie. Moi qui travaille encore, je vois mouns souvent les graines, elles me manquent vite.
S’occuper de soi, c’est essentiel. Qui donc s’en occupera sinon. Une femme, c’est un chef d’orchestre. Si elle n’est pas en état de jouer la partition, c’est toute la famille élargie qui en pâtit. Le sport, le yoga, l’ostéopathie, la méditation, l’esthétique…tout ce qui permet d’aller bien est bon à prendre. Ne pas sous-estimer non plus le rire, la détente, les copines, la danse…
Vendredi, j’avais rendez-vous dans un institut de beauté rue de la Paix pour un soin du visage. Le luxe. Un vrai moment plaisir. Cadeau d’anniversaire de mon mari que j’ai pleinement apprécié.
Pour moi, une journée de samedi tranquille avec une grande balade de chez nous au jardin des Plantes en passant par la Bastille à l’aller et par notre pizzeria favorite au retour. Beaucoup de monde dans les rues, sur les terrasses des bars et des restaurants, des queues devant les magasins de chaussures, de lunettes, de sous-vêtements. Sur les quais, à nouveau, des gens qui dansent, de la musique. Ça fait du bien de voir Paris animé à nouveau. Vraiment du bien.
Pas d’enfants aujourd’hui, ni demain. C’est cool d’être tranquilles, de pouvoir buller un peu. Petit nuage au tableau, nous butons dans la réservation de quelques jours à la mer cet été. Restons zen. Nous trouverons bien d’ici juillet..
La voix de Lilie
Aujourd’hui toute la famille est invitée pour les 30 ans de ma belle fille. L’occasion aussi pour nous de voir notre nouveau petit fils pousser. L’anniversaire se déroule chez les parents de ma belle fille. Toute sa famille est là, plus quelques amis. Nous sommes bien peu parmi tout ce monde. Je me souviens que pour mes 30 ans j’avais aussi toute ma famille et invité mes beaux parents. Pourtant je n’ai pas l’impression qu’ils se soient trouvés bien seuls ce jour-là. Ils étaient installés au milieu de ma famille et de ce qu’ils m’en ont dit, ils en ont gardé un bon souvenir. Nous, nous avons un peu de mal. C’est difficile de s’intégrer dans un groupe très soudé. Je ne sais pas trop de quoi parler, je ne suis pas une grande communicante, mon mari non plus. Retrouver les codes pour parler à des personnes que l’on ne connaît pas. Le temps, le travail, les enfants, le covid. Heureusement les petits sont là et nous aidons beaucoup notre fille en les surveillant tour à tour. Nos enfants sont tous de la partie, je suis heureuse de les voir ensemble. Je passe du temps à les regarder, profiter de ce moment qui m’ait offert.
Il ne fait pas beau pour un jour de juin, quelque fois, une veste est même nécessaire, Heureusement il ne pleut pas et nous pouvons passer toute la journée dehors. Les gestes barrières sont très limites, il y a beaucoup de relâchement de ce côté là avec l’avancée des vaccinations et le recul de la pandémie. Advienne que pourra….
Nous avons passé une bonne journée, familiale, dans la joie de vivre. Une partie de campagne, avec de la musique, un buffet, des jeunes qui s’amusent et se jettent à l’eau tout habillés. Peut-être aussi beaucoup d’alcool.
Le coquelicot, c’est la fleur du soleil. S’il y a une fleur éphémère, c’est bien celle-là. Impossible de la cueillir, elle est déjà fanée. Mais quelle lumière, quel éclat, quelle couleur, quelle délicatesse. Tes photos sont magnifiques, Lilie. Je vais les utiliser pour ma peinture, si tu me le permets.
Des journaux, j’en ai souvent écrits moi aussi. Quand ma mère était malade, en train de mourir je veux dire, de son cancer, j’ai beaucoup écrit. Le jour où j’ai quitté ma campagne pour aller vivre ailleurs, j’ai tout brûlé, comme si toute cette souffrance pouvait partir en fumée!
J’aime ce journal tout à la fois intime et partagé. Je m’y suis attachée moi aussi. Poser et dire le quotidien, les états d’âme, les humeurs, les blessures, les joies, les soucis, les envies…
Cet après-midi, dans la chambre d’Odile, j’ai chanté. Joe Dassin: Les champs Elysées, les petits pains au chocolat, l’été indien. Nous regardions un livre de photos sur Paris. L’arc de triomphe, les champs Elysées… et Joe Dassin est arrivé, aves ses chansons légères qui ont accompagné notre adolescence. Ma meilleure copine de l’époque, mon amie d’enfance aimait beaucoup Joe Dassin. Moi, j’étais plutôt Gérard Lenormand.
La voix de Lilie
Bien sûr que tu peux utiliser mes photos, je serai très honorée de les voir en peinture. Quand j’étais petite je faisais des petites bonnes femmes en coquelicot. En grande robe de soirée avec la fleur en corolle, en robe et capeline avec le bouton. Puis je les habillais en robe jaune avec un bouton d’or, en blanc avec une fleur des champs. Toute une garde robe fleurie. Nous n’avions pas la télé, les smartphones n’étaient pas nés, nous avions la nature.
Ce soir en regardant un film, je me suis rendue compte que j’ai oublié d’aller hier au cours de sculpture. Je n’ai pas repris le rythmne, 6 mois de confinement et l’habitude de ne pas sortir le soir. Je suis énervée car c’était certainement mon dernier cours pour cette année car je vais peut-être partir chez mes parents. Toujours ce cerveau surchargé de trucs utiles ou inutiles et qui en arrive à oublier des choses importantes, plus ou moins importantes. L’autre soir, avant de monter me coucher, je devais arrêter l’alarme de mon téléphone. Il charge de nuit à côté de moi et je ne voulais pas que ça réveille petite fille qui dormait à la maison. Le lendemain matin, j’ai entendu sonner le téléphone. Je l’ai retrouvé en bas, dans la cuisine, avec l’écran de modification de l’alarme ouvert, mais pas validé. Je suis incapable de savoir comment j’ai pu commencer à modifier l’alarme et laisser tout en plan au milieu du parcours. Qu’est-ce qui a pu happer mon cerveau ou tout mon être au point de me faire oublier ce que j’étais en train de faire ? Souvent ça me fait peur.
Ce soir je suis allée me faire chouchouter chez l’ostéopathe. Je suis bloquée de partout, point de sciatique, épaule, articulations douloureuses. Stress ou médicaments contre le cholestérol. Commençons par gérer le stress, se detoxifier le foie et avec un peu de chance trouver un rendez vous lundi avec le médecin pour changer de médicament.
Aujourd’hui, je poursuis mon déconfinement. J’ai rendez-vous à la permanence avec mes deux compères de l’association jacquaire qui sont en charge avec moi de la mise à jour du site. Cette fois-ci, c’est moi qui les forme. Pour être plus modeste, je leur montre ce que je sais faire et dont ils peuvent avoir besoin. Ils sont contents. De faire ensemble en échangeant, en se voyant, c’est tout de même plus sympa qu’en visio. Sur certains points, je tâtonne, je cafouille. Le site ne réagit pas tout à fait comme le nôtre. Et le fait d’être bridé par un cadre et une feuille de style très stricts sur lesquels nous n’avons pas la main, ce n’est pas du tout évident.
Je déjeune d’un sandwich au jardin du Luxembourg en compagnie d’un de mes collègues de travail du matin. Nous parlons du chemin. Il a fait celui que j’envisage de faire en septembre avant la pandémie, partiellement avec sa fille. En sortant du parc, je louche sur les affiches d’expositions de peinture. A quand la prochaine exposition?
Cette matinée conviviale m’a fait du bien. Elle m’a permis de me sortir de mes problèmatiques personnelles, de penser à autre chose.
En ce début d’après-midi, la chaleur est étouffante. Il fait très lourd.
En fin d’après-midi, mon cours d’Arts plastiques. J’ai acheté une toile que j’ai recouvert de Gesso, puis barbouillé d’une première couche de peinture acrylique. Je veux peindre un champ de coquelicots. A l’huile. En partant d’une photo que m’a envoyée ma petite soeur.
Courage, Lilie. Je vois que tu as pris les choses en main: télétravail à la campagne, démarches administratives… Ton père sait qu’il est dans de bonnes mains. Assurément, il a plus confiance en toi que dans les médecins. Et il a bien raison.
La voix de Lilie
Télétravail, téléphone, petit fils et pizza chez ma fille. Voici en style bloc note, un résumé de ma journée.
Petite, j’ai commencé plusieurs fois un journal. Que j’ai tenu quelques jours. Il me reste dans mon tiroir de souvenirs quelques extraits, 10 jours à 12 ans, 15 jours a 16, 1 mois à 18. Et quelques agendas, 1 page, 1 semaine, remplis en mode steno comme je viens de le faire. Malgré qu’il n’y ait que des faits, rien qu’à les feuilleter j’arrive à capter mon état d’esprit de l’époque. Et j’en conclus que j’écrivais chaque fois que j’allais mal, sans écrire que j’allais mal.
J’ai eu des périodes où j’ai eu envie d’écrire toute ma vie. Je voulais noter le plus de souvenirs possibles. Par peur d’oublier ? Pour mes enfants ? J’ai souvent commencé, jamais continué. Pourtant je sais combien on oublie de sa vie. Certaines photos nous montrent même des situations que l’on a vécues et totalement oubliées.
Finalement ce blog a ce mérite de poser nos ressentis et aussi notre vie sur un support. C’est certainement pour cette raison que je ne veux plus l’arrêter.
Comme toi Graine, j’ai été enchantée de voir la beauté des champs de coquelicots un peu partout cette année. Avantage, s’il en est un, de ce printemps pluvieux.
Comme tu le dis Lilie, Organiser ses vacances, c’est sympa, quand ça se passe bien. Mais là, le terrain est miné, la situation explosive. Surtout, garder son calme. Je suis contente que tu puisses envisager de télétravailler depuis la région de ton enfance. Ce sera plus facile pour prendre soin de ton Papa.
Il fait très lourd aujourd’hui. Comme c’est mercredi, je garde petite-fille. Elle est fatiguée. C’est un peu difficile. Elle n’aime pas la chaleur. Les enfants sont comme nous, ils ont leurs bons jours et leurs mauvais jours.
Mais au moins, de la garder, c’est une diversion qui nous fait du bien, qui nous aère, à mon mari et à moi.
La voix de Lilie
C’est la journée petite fille aujourd’hui ici aussi. Elle a très bien dormi et nous aussi par ricochet. Il fait beau et nous l’emmènons promener dans des allées piétonnes ombragées jusqu’à l’orée d’une forêt. Elle adore marcher. Je pousse la poussette vide, elle la pousse de temps en temps avec moi. Je la regarde trottiner. Elle m’émeut. C’est tellement beau un petit enfant qui trottine le nez en l’air, les bras dansants, les yeux petites jambes qui tricottent, partent trop vite pour elle. Je ne me lasse pas. Je voudrais graver ces images pour toujours dans ma tête. Hélas j’ai pensé ça aussi du temps de ma fille et l’image est partie. Comme le dis si bien Renaud, le temps est assassin et emporte avec lui le rire des enfants. J’ai pris des photos.
Mon père m’appelle plusieurs fois. Le médecin lui fait refaire tous les examens. Il n’en peut plus. Ne comprend plus. Il décharge sur moi tout ce qu’il ne peut pas dire au médecin faute de l’avoir. C’est toujours la secrétaire qui l’appelle. Je suis impuissante à régler le problème. 6 mois d’examen, beaucoup de souffrance et pas de diagnostic. Incroyable à notre époque, dans notre pays…. Je pense y aller en début de semaine prochaine. On navigue à vue en ce moment.
Le soir nous mangeons avec les enfants et petits enfants sur la terrasse pour la première fois de l’année. Le repas est animé, les petits sont fatigués de leur journée…nous aussi !
Le reste de la soirée est consacré à chercher des informations sur les aides pour le maintien à domicile. A première vue les ressources prises en compte ne déduisent pas la pension que mon père verse à ma mère. Mais ajoutent celles de sa nouvelle compagne. Pas de moins donc, que du plus. Du coup il n’a droit à rien alors qu’ils ne sont même pas imposables. Incroyable. Je me suis connectée sur l’agirc arco, sur une complémentaire, sur la caisse de retraite. Chacun son jargon. Des dizaines de liens incompréhensibles au profane. On dirait que tout est fait pour ne pas réussir à obtenir des aides. D’où l’intérêt certainement de passer par une assistante sociale pour ceux qui ont le temps d’y aller. Moi, je me noie. France, ta paperasserie te tue. Je n’ai plus de temps pour moi, mon dos me fait terriblement souffrir, peut-être une sciatique, peut-être les médicaments anti cholestérol. Je n’en saurai rien, mon médecin est en congé jusqu’à lundi et moi je pars…
La préparation des vacances. C’est un sujet toujours épineux à la maison. En temps de Covid, c’est pire.
Fin juin, début juillet, nous descendons à la campagne, en principe. Pas ou très peu de télétravail possible pour mon mari. Trois semaines de congés pour lui. Retour sur Paris vers la fin juillet. Je remonterais avec mon mari ou pas. C’est selon, si le petite est en vacances avec nous et si ma fille télétravaille dans le sud, je resterais peut-être un peu avec elle. De la campagne, nous partirons quelques jours ailleurs, à la mer, propose mon mari. Il en marre d’aller dans les pyrénées. Je vais le laisser trouver quelque chose.
J’ai réservé mon billet d’avion pour Séville pour début septembre. J’ai posé une option pour un aller/retour à Nice pour faire un stage d’Arts plastiques au Cap d’Ail mi Août.
A la maison, j’ai la soupe à la grimace.
Dimanche, déjeuner en terrasse avec les graines et leurs conjoints. Ça va faire du bien!
La voix de Lilie
Que c’est chouette d’organiser ses vacances. De mon côté j’organise plutôt les rendez-vous médicaux de mon père et j’obtiens un feu vert pour télétravailler depuis la province si je dois aller le voir. Tout cela prend beaucoup de temps. Plusieurs appels à plusieurs personnes. Aujourd’hui c’est ma cousine qui l’emmène. Ce week-end sa belle fille sera sur place. Après ce sera certainement mon tour de descendre. Cet été va être compliqué. Avec deux étincelles de bonheur pour la naissance de notre petit fils et notre voyage en sardaigne. Le reste des congés ce sera ma ville natale. J’espère que nous arriverons à faire un saut ou 2, seuls zu bord de la mer.
Aujourd’hui, le cours de dessin a repris. Il reste 4 cours dans une année qui n’en a compté que 7 ou 8…et je ne suis pas certaine de pouvoir y retourner. En tout cas ce soir, ça me fait une bulle d’air. De vidage de cerveau. Je me concentre pour essayer de dessiner. C’est très difficile pour moi. Je n’ai pas le regard et pas le tracé. Pourtant j’essaie, j’insiste et ça me fait du bien.
Il a fait si moche jusqu’à présent, il y a eu tant de mauvaises nouvelles, de difficultés que j’ai l’impression d’être dans un trou noir. Je n’ai pas du tout l’impression que la saison des vacances approche.
Un lundi de soleil assombri par l’annonce du décès d’un ancien collègue. Il avait eu récemment une greffe du cœur. Voir le nom de ses collègues qu’on a quitté il n’y a pas si longtemps sur la liste des absents définitifs, c’est déroutant, triste, difficile. Cela nous questionne. A quand notre tour ou celui de nos proches? Ce jour viendra, bien sûr, mais, rien ne presse tout de même.
L’éphémère de la vie nous rattrape. Pas de temps à perdre. Il faut vivre maintenant ce que nous avons à vivre. Demain, ce sera trop tard. Pas question de laisser passer nos urgences.
Le soleil fait du bien. Ce matin, en partant chez le dentiste, je récupère dans la boîte aux lettres le guide pour le chemin de Compostelle que j’envisage de faire en septembre, la Via de la plata. Ce chemin part de Séville et rejoint St Jacques au bout de 1000 km. C’est une traversée de l’Espagne du Sud au Nord. Je ne ferais pas la totalité. J’envisage d’en faire la moitié. J’irais jusqu’à Salamanque. Une petite boule au ventre à l’idée de partir une nouvelle fois, seule, sur les chemins. Mais l’envie de partir est la plus forte. Plus forte que la peur.
Mon mari voulait m’accompagner, mais trop loin, trop espagnol, trop peur du Covid, trop long, trop compliqué… Il a raison, trop, c’est trop. Une nouvelle fois, je partirais seule. J’aime ce tête à tête avec moi-même, avec la nature, avec les autres pélerins. Sur ce chemin, il y aura peu de français, mais, ça aussi, ça me plaît. Ainsi, le dépaysement est complet.
J’ai besoin de me confronter à mes limites. J’ai besoin d’air. J’ai besoin d’espace. Je n’ai pas, Lilie, comme toi, des obligations par rapport à mes parents. Ils ne sont plus. Mes enfants, bien sûr, me réquisitionnent, mais un mois, c’est vite passé. Ils sauront faire sans moi. Le plus difficile, c’est pour mon mari. Pour autant, je suis convaincue que c’est bénéfique pour nous deux. Pour le moment, ça grince.
La voix de Lilie
Une belle journée nous est offerte aujourd’hui. Une journée d’été bienvenue après toute cette grisaille et cette froideur. Nous pouvons enfin déjeuner dehors. Prendre l’air. Est-ce que la vie nous offrira aussi une embellie après toutes ces mauvaises nouvelles ?
En février nous sommes entrés dans le signe chinois du boeuf. C’est mon signe. Il revient tous les 12 ans. Depuis cette date, les mauvaises nouvelles affluent. J’aimerais bien que ça s’arrête. Je finis par avoir peur de la suite. Je n’ai pas de projet comme toi Graine pour me tenir debout. Pour l’instant je navigue à vue dans toutes mes obligations. De salariée, de fille, de mère, de femme. Qui suis je vraiment en dehors de ces masques ? Ce soir j’ai entendu une métaphore de poupées russes. Lorsqu’on ouvre chaque poupée, celle de la salariée, puis celle de la fille, celle de la mère, celle de la femme, est ce que l’on trouve enfin la toute petite poupée au fond ? Ou a-t-elle disparu dans les autres ? En ce moment la petite poupée n’a pas le temps d’exister.
Cette année semble plus difficile à vivre que l’an dernier. Le confinement commence à se faire sentir. La société devient de plus en plus violente. Les gens fragiles saturent, deviennent fous. Les autres fatiguent, deviennent tristes. Heureusement la jeunesse se relève vite et retrouve ses marques, bars, restaurants, magasins pris d’assaut. Aujourd’hui nous sommes allés au cinéma, nous étions 5 dans la salle. Le chemin va être long pour retrouver la sérénité.
J’ai longtemps détesté ce jour. Ce jour de la mère dévouée, parfaite. Je ne me suis jamais reconnue dans cette image d’Epinal. Peut-être aussi parce qu’être cette mère exemplaire, ça voulait dire qu’on n’était plus rien d’autre. Ecartelée entre le boulot, les enfants, le mari, que restait-il, comme temps pour être soi, pour fréquenter ses amies, sortir… De toute manière, dès qu’un jour précis est posé pour honorer une cause ou une personne, c’est qu’il y a anguille sous roche. La journée des handicapées, la journée des femmes, et j’en passe. Avec l’âge, je m’assagis. C’est sûr que j’ai moins de pression en tant que maman qu’il y a 20 ans.
La fête des mères aujourd’hui, c’est un beau bouquet de pivoines rose pâle de la part de ma fille. Mon fils, nada. Il n’a pas eu le temps. C’est mon mari qui a préparé le repas en grande partie. J’ai eu le plaisir d’avoir mes enfants et mes petits enfants pour le déjeuner, et la coiffeuse est passée ce matin pour me faire une nouvelle tête. Je suis donc une Maman heureuse et plus du tout rebelle. Avec le temps, tout s’arrange. Au tour de ma fille et de ma belle-fille d’expérimenter ce rôle de mère sans y perdre leur âme, leurs envies, leurs amies.
La voix de Lilie
Inversement j’ai longtemps aimé ce jour où mes enfants se réunissaient autour de moi avec ou sans cadeau, ce n’est pas l’important. Leur présence ce jour-là m’importait. Et savoir qu’ils s’étaient entendu pour m’offrir un petit quelque chose me faisait chaud au cœur. Mais cette année je sens qu’il est temps de passer le flambeau. Celle qui est mère, qui en a la responsabilité, le souci, le travail, c’est ma fille et bientôt ma belle fille. Il est temps de s’effacer de ce rôle de mère et de me contenter d’être leur soutien quand ils en ont besoin.
C’était un beau dimanche ensoleillé, les enfants étaient presque tous là, les petits enfants se sont égaillés dans le jardin. Nous avons déjeuné et passé toute la journée dehors, au soleil. Ma fille a même pris un coup de soleil. Une belle journée, tous ensemble. 3 générations de mères et une petite fille qui le deviendra peut-être un jour. Le bonheur.
Puis ce soir, un homme armé a tué une femme et blessé deux hommes, juste au dessus de chez nous. Comment imaginer que des armes soient en possession de personnes qui peuvent vous croiser dans la rue ? D’hommes alcoolisés, pervers ou simplement cruels. Où sommes nous en sécurité ? Pourquoi, et surtout comment, se procurer une arme est devenu monnaie courante ?
Enfin un week-end qui s’annonce sous le signe du soleil! Cela fait du bien. Profites-en, Lilie, tu en as besoin. Ça ne soulagera pas ton Papa, mais si tu veux l’aider au mieux, tu te dois d’être en forme.
Aujourd’hui, nous avons petit-fils. Annoncé à 9 h, il arrive à 10 h. Il est malade. Il a attrapé la maladie pieds-mains-bouche. De la fièvre, des petites vésicules dans la bouche, et partout sur le corps. C’est bénin, mais c’est très contagieux. J’espère que nous ne l’avons pas attrapé!
Appétit en berne, ce n’est pas notre petit-fils habituel. Îl joue, comme tous les petits qui sont malades, mais il est fatigué. Pour ce qui est de dormir, c’est une autre histoire. Ce matin, je l’amène voir le manège avant de faire mon marché. Il s’endort. Et se réveille dès que je réintègre l’appartement.
Après le repas, devant notre impuissance à l’endormir, rebelotte, nous reprenons la poussette. Et effectivemnent, il s’endort. 3/4 h de sieste, c’est peu, mais mieux que rien. En fin d’après-midi, nous ressortons une nouvelle fois. Il s’endort à nouveau, avant l’arrivée de Maman. Contrairement à ce qui était prévu, nous ne le garderons pas cette nuit. Sa Maman veut s’en occuper, même si ça signifie qu’elle risque de passer une nouvelle nuit difficile. Ce que c’est d’être parent.
La voix de Lilie
C’est curieux, ce doit être dans l’air, petit fils a eu la même maladie la semaine dernière. Une chance, il ne l’a pas passée à sa sœur.
Le beau temps donne des envies de dehors. J’ai décidé de replanter en terre la clématite offerte par une graine qui s’acclimate à sa future place depuis un mois. J’espère qu’elle se plaira. L’après-midi nous allons acheter un trampoline pour faire la surprise à petit fils qui vient demain. 2h dans le jardin au grand air pour le monter. On est content du résultat et surtout fiers d’avoir réussi.
Quelques courses et le début de la préparation du repas de demain que déjà sonne la fin de la journée.
Le vendredi, c’est la fin de la semaine de travail pour ceux qui sont en activité, et un changement de rythme aussi pour ceux qui ne travaillent plus. Le week-end, c’est le moment de faire autre chose, de voir amis, enfants, famille, de sortir quoi. Ce que nous faisons a minima depuis tellement de temps.
Pour moi aujourd’hui, c’est la poursuite du déconfinement. Première pizza à l’extérieur ce soir. Qu’est ce que c’est bon une pizza en terrasse avec un verre de vin! Et en plus, il fait beau.
La journée passe vite: ménage et courses ce matin, car nous gardons petit-fils ce week-end. Cet après-midi, je vais rendre visite à mes handicapés. Odile est triste. Le nouveau chef de service, arrivé depuis deux mois à peine, est parti. Sans vraiment dire ce qui n’allait pas pour lui. Si les résidents sont tristes, les employés sont inquiets. Le responsable de service précédent était là depuis trente ans, je crois. Ceci explique certainement cela.
Comble de malchance, pas question de sortir aujourd’hui, car il n’y a pas assez de personnel. Le protocole n’autorise pas la sortie d’un bénévole seul avec un résident. Nous sortons sur la terrasse. Il fait chaud, mais au moins nous sommes dehors. Des plantations de fraises et de tomates. Tiens, un chien. Il y a beaucoup d’humanité dans ce lieu d’accueil. Peut-être cela peut dérouter certains et plaire à d’autres. La personnalité de l’ancien responsable de service y est pour beaucoup, je pense.
Je parle à Odile de la fête des Mamans, du Louvre, de l’île St Louis où sa Maman habitait. La prochaine fois, je lui amènerais un livre d’artiste, catalogue de musée ou autre. Pour voir si elle connaît, si elle apprécie. Avant de partir, je lui demande si elle veut voir des photos. Elle m’en indique une. Avec une des employés, j’apprends que c’est sa grand-mère. Elle n’était pas commode, il paraît, dit l’employée. Elle avait son caractère. Odile jette la tête en arrière en éclatant de rire. « Dieu ne doit pas s’ennuyer avec elle », lui dis-je et elle repart à rire de plus belle! Son éclat de rire me surprend et me fait plaisir. Combien de ressources et d’émotions insoupconnées chez elle? Comme moi, comme nous!
Ce soir, j’ai rendez-vous pour un atelier d’écriture avec ma copine.
La voix de Lilie
C’est la fin d’une semaine de travail démarrée un jeudi. J’ai la tête ailleurs. Passe beaucoup de temps à appeler ma sœur, ma nièce, le médecin, mon père. La situation est complexe. La souffrance toujours là. Les médicaments de plus en plus forts calment à peine. Mal mystérieux sans véritable diagnostic. La médecine reste une science humaine, pas une science exacte. Cela me fait peur pour mon propre avenir. La souffrance est une chose que je ne veux pas subir et voir comment elle est, actuellement encore, mal gérée par le corps médical est effrayant.
J’essaie de me détendre le soir en m’abrutissant de jeux sur mon téléphone. Anesthésie du cerveau. Perte des repères.
Aujourd’hui, le beau temps est revenu sur Paris. Les terrasses débordent de mines réjouies et de verres bien remplis. Les masques sont absents. Qui aurait l’idée de boire un verre avec un masque?
Moi, de mon côté, je déconfine. Je profite d’un rendez-vous pour une mammographie à l’autre bout de Paris pour manger en terrasse, au soleil. Un croque-madame. En prime, j’ai droit à des frites et de la salade. J’aime. C’est mon menu rapide favori quand je suis en vadrouille. Pour rester raisonnable, je bois de l’eau. Sur la lancée, je regarde les boutiques et je craque pour un tee-shirt de couleur. Premier achat de vêtement depuis …longtemps.
En fin d’après-midi, je reprends mon activité d’Arts plastiques. Je n’ai pas pu y aller la semaine dernière car je gardais mon petit-fils. Presque un retour à la normale. Je dessine des coquelicots. Laborieux. La mise en route est toujours longue chez moi. Je suis contente de retrouver les copines, de parler d’autre chose que du menu du déjeuner ou du dîner.
Mon moral avait bien besoin de cette journée qui me permet de renouer avec des habitudes agréables. Merci aussi à la chance et à l’honnêteté des gens qui m’ont permis de récupérer mon sac à main que j’avais laissé dans un magasin, par terre? dans le rayon? Assurément, j’avais la tête ailleurs.
La voix de Lilie
Assurément humains sont les gens ! 😜 La tête très ailleurs, il va falloir mieux se concentrer. Nous avons perdu certains repères, aller dans les magasins en est un, se fondre dans la foule un autre. Hier j’ai refusé d’aller acheter à manger dans un supermarché car il y avait trop de monde. Il me semblait voir une fourmilière. Alors nous avons trouvé une terrasse dans un village tout proche et déjeuner d’une pizza. Depuis plus d’un an, nous n’avons fréquenté que des petites structures, rapidement pour les courses de premières nécessité. Alors prendre le temps d’essayer un vêtement, et l’achat prend la place du sac oublié.
Aujourd’hui j’ai recommencé le télétravail mais le coeur et surtout la tête n’y sont pas. J’appelle plusieurs fois le médecin de mon père , sans réponse. Je délègue à ma sœur pour demain. Moi je n’en peux plus.
A midi nous partons à la mairie de la ville voisine. Nous avons rendez-vous avec mon mari pour refaire nos cartes d’identité. Il y a un mois, j’ai fait la pré-demande sur internet. Cela consiste à recopier dans un formulaire tout ce qu’il y a sur la carte d’identité. Plus téléphone et email. Ensuite j’ai pris ce rendez-vous, pas disponibilité avant un mois. Nous y sommes. 13h25. La porte coulissante s’ouvre. Je fais un pas à l’intérieur. Une femme me renvoie dehors sans ménagement, ni bonjour ni formule de politesse. Ce n’est pas ouvert. A 13h30 elle nous fait entrer et nous installe à son bureau. Elle me demande de lui envoyer par mail les pré-demandes….. Puis elle resaissit tout…. Puis elle imprime, colle les photos, emprunte des 8 doigts. Signez en bas, avec votre propre stylo noir covid obluge. Signer le recépissé. Vous recevrez un sms dans un mois pour venir chercher vos cartes. C’est tout bon, vous pouvez y aller. 35 minutes sont passées. Au loin depuis un autre bureau, une dame nous lance un « au revoir monsieur, Dame, bonne journée ». Je lui rend la politesse. J’ai l’impression qu’elle l’a fait exprès pour viser sa collègue qui n’a pas décroché ni bonjour ni au revoir !
Je suis toujours étonnée de la lourdeur de ces processus. Pourquoi remplir une pré-demande si le document n’est pas pre-rempli et si même elle ne peut le retrouver sans un envoi de mail… Bref.
Il me semble que la France se désintègre à grande vitesse. Ou c’est moi qui vieillit, je ne suis plus adaptée. Quand même. Trop de process, trop de normes ont installé une grande complexité néfaste. Et induit des dépenses inutiles qui grevent les budgets et empêchent de fonctionner. Bientôt le blocage ?
Courage Lilie, tu as cette chance inouie d’avoir encore tes deux parents, et qui plus est, ont toute leur tête. Mais tu payes le prix fort. T’en occuper alors que tu es toujours en activité, ce n’est pas rien. D’autant que, je confirme, tout est compliqué, de contacter un médecin, de se diriger dans le dédale des démarches administratives…Ma chance à moi, c’est que je n’étais pas seule. Je pouvais partager avec ma petite sœur. Nous nous sommes épaulées l’une l’autre. Dis toi bien que tu fais ce que tu peux. Tu as le droit de vivre aussi ta vie à côté.
Mon père ne réclamait jamais. Il m’a plusieurs fois remercié pour ce que je faisais pour lui. Il m’était sincèrement reconnaissant de ce temps que je lui consacrais. Il m’a dit plusieurs fois. » Je n’ai pas fait pour mes parents ce que tu fais pour moi ». Quand je me remémore la fin de sa vie, à tout ce que j’aurais pu faire, peut-être, et que je n’ai pas fait, je me souviens de ses mots. Et j’accepte de ne pas avoir fait plus. Ce que j’ai pu faire, c’est aussi grâce à mon mari, qui a accepté ce temps dédié à mon père, qui m’a soutenue.
Mes parents me manquent. C’est dur d’être en première ligne. A part les copines, il n’y a plus personne à qui on peut dire « Je n’en peux plus ». Il faut sans arrêt garder la tête haute, regarder devant et avancer. Heureux temps de l’enfance où nous avons le droit d’avoir peur, d’avoir mal, d’avoir besoin d’un proche pour nous réconforter.
Ma petite fille qui court dans les flaques, qui joue avec le sable mouillé, qui dessine, qui se précipite sous la table , une fois son repas terminé pour s’accrocher à mes pieds, histoire de capter l’attention tout de même. J’aime sa fraîcheur, son enthousiasme, son effervescence, sa curiosité, sa créativité, son énergie. Comment faire pour retrouver un peu de ces qualités qui m’échappent dans les grains du temps qui passe?
La voix de Lilie
Le temps est venu de rentrer chez moi. Je ne suis pas sereine. Beaucoup de choses à faire d’ici tout en travaillant. Les activités reprennent et déjà je me demande si j’ai vraiment envie d’y aller. Tant de choses à m’occuper par ailleurs et si peu de temps disponible. Chaque démarche demande de s’y reprendre à plusieurs fois car il manque toujours quelque chose ou les personnes ne sont pas joignables. Tout est lourd.
Heureusement moi aussi j’ai une petite sœur et nous nous épaulons. Mais elle a un travail difficile, elle sort à petit pas d’un burn out et elle a encore ses enfants à orienter dans leurs études. Elle aussi fait ce qu’elle peu. Nous avons aussi un frère qui se prélasse dans sa nouvelle vie au bout du monde. Pas de parents, pas d’enfants, pas de travail. Que du bonheur.
Demain j’appellerai le spécialiste pour lui rappeler de faire ce qu’il m’a promis de faire aujourd’hui et qu’il n’a certainement pas fait puisqu’il devait me donner le résultat. Et je recommencerai encore et encore. En travaillant. Mon esprit est occupé à tout ça, comment reprendre le travail ?
Quelquefois je me demande si je vis véritablement ma vie. Ou si l’extérieur m’impose une vie. En ce moment aucun choix ne vient de moi. Le travail, les parents, les papiers, la maison, sans parler du confinement. Que me reste-t’il ? Qui décide de tout ce qui arrive et dans quel ordre ? Vaste sujet. Qui juge bon de faire souffrir ou d’emporter d’un coup ?
Aujourd’hui, malgré le temps maussade, je poursuis mon déconfinement. Visite d’une exposition dans une gallerie sur l’invitation d’une copine de mon atelier d’Arts plastiques. Une graine m’y rejoint. C’est agréable de se retrouver. C’est agréable de voir une exposition. C’est agréable de flâner dans Paris. C’est agréable de boire un verre en terrasse. De menus plaisirs qui font du bien. Nous prenons plaisir à échanger. Nous parlons des personnes âgées qu’il faut prendre en charge, même si elles refusent. Nous parlons aussi des enfants, des petits enfants, de la vie. Des discussions de femmes, de filles, de Mamans.
Je rentre à pied chez moi. Le temps est bien tristounet, mais il ne pleut pas.
Ce matin, j’ai esquissé un dessin, sorti les affaires de peinture, mais pas moyen d’aller plus loin. Ce soir, après le repas, je vais préparer ma palette et mettre de la couleur.
La voix de Lilie
C’est compliqué de prendre en charge un parent quand on travaille et qu’on habite loin. Tu es passé par là Graine, moi je découvre.
La province et son manque de médecin. L’objectif est d’avoir une ordonnance de renouvellement de médicaments et de demander au généraliste d’appeler le centre hospitalier. Depuis 4 jours, je passe chaque matin au secrétariat : elle note sur son cahier, le médecin est parti en centre de vaccination les 2 1ers jours, elle me rappellera dès qu’elle aura le message. Elle ne rappelle pas. Je repasse. Re cahier, re pas d’appel. Le 4ème jour, j’insiste car je vais devoir repartir. L’assistante obtient l’ordonnance. Impossible de voir, le médecin, elle est surbookée. Pourtant elle connaît le dossier, elle sait que ce n’est pas un rhume.
Côté aide à domicile, un dédale de démarches, un vocabulaire abscons. Il faut envoyer un dossier à la caisse de retraite. Laquelle ? Où trouver les papiers ? Pour obtenir quoi ? Je suis dépassée. Comment font les personnes seules ?
C’est ça la France dont on vante le système de santé et de solidarité ? On laisse souffrir des gens parce qu’on n’a pas les moyens d’avoir assez de médecins. Il faut des mois pour monter un dossier d’aide.
En passant, les repas prévus de samedi à lundi n’ont pas été livrés. Congés avec oubli de remplacement. Mardi, ils ont trouvé les personnes âgées mortes de faim. Une chance, nous étions là ce week-end…
Du coup, j’ai un peu honte de penser à sortir ou m’amuser. Mon père pleurait lorsque je suis partie.
Retrouver le dehors malgré le temps incertain. C’est le programme d’aujourd’hui. Une bonne nuit, une séance de respiration, une séance de méditation, un jogging…et je refais surface.
Si je laisse faire, la vie avec mon mari est ennuyeuse et triste. C’est dur à dire, mais c’est la vérité. Oui, comme tu dis Lilie, mêmes besoins chez beaucoup de femmes: envie d’escapade, envie de rire, envie de revivre. Besoin de se sentir vivantes tout simplement dans le temps qui nous reste quand nous nous sommes occupées des personnes qui nous entourent. En fait, nous devons apprendre à être égoïstes, à garder un peu de temps et d’énergie pour nous, pour nous permettre de sortir la tête de l’eau dès que c’est possible.
Cet après-midi, une sortie est prévue. Et ça me fait du bien au moral. J’ai passé du temps ce matin à chercher. Nous optons pour le cinéma « Adieu les cons ». Même si porter le masque au cinéma, ce n’est pas top, nous passons un bon moment. Après le cinéma, je réclame ma terrasse et ma bière que j’obtiens .
Ce matin, ma petite-fille est allée au musée du Louvre avec sa Maman. Elle a adoré. Elle est pressée de nous raconter au téléphone tout ce qu’elle a vu: La Joconde, les momies, les sphinx, la statue de Jules César. A 11 ans, ma fille écrivait dans ses rédactions qu’elle détestait les musées où ses parents l’obligeaient à aller…Ma petite fille a 5 ans. Que dira-t’elle dans 6 ans? Comme le temps passe vite!
La voix de Lilie
Ce matin nous finissons de nettoyer la piscine chez mon père. Au karsher pour enlever le calcaire après avoir enlevé les algues hier à l’épuisette. Hier nous étions 5 pour le faire, aujourd’hui 2. Voilà une bonne séance de sport ! Nous sommes contents du résultat. Il ne restera plus qu’à la mettre en eau lorsque mon père le décidera.
Ma cousine a préparé un couscous pour midi et nous la retrouvons après notre décapage de piscine. Il fait beau et chaud. Nous mangeons sur la terrasse. Qu’est-ce que c’est agréable de prendre l’air.
Dans l’après-midi nous allons faire un tour dans les villages alentour pour nous détendre de toute la pression de ces derniers jours. Nous trouvons une terrasse pour prendre une boisson et se poser un peu. Petits bonheurs simples que nous retrouvons. A Paris c’est plus difficile de profiter car le temps ne veut pas déconfiner… Ici la douceur de l’air le permet, même si je n’ai jamais connu de mois de mai aussi frais dans le midi. D’ailleurs les herbes sont vertes et hautes, des champs entiers de coquelicots bien nourris s’offrent à nos regards. Jamais je n’ai vu autant de vert en cette saison.
C’est vrai, Graine que nous devons trouver nous même comment nous distraire, où sortir, où partir. Nos hommes n’éprouvent pas (ou plus) l’envie de mettre de l’imprévu dans notre quotidien, de nous montrer qu’ils pensent à nous faire plaisir. Nos hommes sont là, près de nous et nous secondent lorsque nous sommes dans le besoin, c’est déjà beaucoup. Ne soyons pas trop exigeantes. Alors à nous d’oublier ce rêve et de trouver en nous les ressources pour nous offrir ce qui nous manque et nous épauler les unes les autres. Les rires, la nouveauté, les surprises, les petites attentions, les petits cadeaux, les projets, sont peut-être réservés aux jeunes couples. Et aux groupes d’amies de tous âges !
Aujourd’hui, c’est dimanche. Les enfants viennent manger, avec les petits. Mon mari part faire les courses puis part faire son jogging. Pas de jogging pour moi: je m’abstiens. Je me concentre sur la préparation du plat: du veau Marengo.
Malgré la fatigue, le repas de famille me fait du bien. Les enfants et petits enfants ont bon appétit. L’ambiance est détendue. Cela fait pas mal de temps que ne nous étions pas retrouvés tous ensemble. Les petits sont complices. Les grands papotent. Et moi j’écoute et je m’active. Avec les enfants, nous évoquons les souvenirs aussi. Le début de l’école primaire. Le temps passe si vite.
En fin d’après-midi, je pars faire une grand balade sur la coulée verte, seule. Il fait beau. Rare, ces derniers jours. Pour m’y rendre, je passe devant les terrasses où les parisiens profitent du dehors et du temps agréable. Sur la coulée verte, beaucoup de rosiers grimpants, des rosiers non grimpants, des iris magnifiques, des rhododendrons…Je rentre en passant devant le cinéma du quartier. Ce serait bien, une séance de cinéma. La dernière date de …je ne sais même plus, le printemps dernier peut-être! Un musée, ce ne serait pas mal non plus. A planifier dès demain.
En rentrant, je prends le temps d’une méditation. J’en ai bien besoin.
La voix de Lilie
Dimanche. Il fait beau, alors entre deux espaces temps parentaux, nous prenons un café en terrasse, ma soeur et moi. Envie d’escapade, envie de rire, envie de revivre. Mêmes besoins. Finalement toutes les femmes se ressemblent. Ou alors on ne connaît qu’une sorte de femme. Les terrasses de ma ville sont prises d’assaut avec cette douceur soudaine.
Dans l’après-midi nous allons nettoyer la piscine de mon père. Nous retrouvons la fille de sa compagne et son mari. L’objectif de cette rencontre est de prévoir ensemble l’avenir de ce couple âgé qui dégringole peu à peu vers la dépendance. C’est difficile pour eux comme pour nous. Décider pour son père, imposer quelque fois, bousculer leur quotidien. Lorsque celui qui vous a élevé et guidé se retrouve à dépendre de vous. Je me mets à sa place aussi. Surtout rester chez soi le plus longtemps possible. Toutes les démarches nous incombent, ils ne sont plus capables. Il faut dire aussi que tout est complexe en France… Je vais avoir encore une semaine compliquée.
Je suis épuisée entre un père qui diminue et une mère qui demande beaucoup plus que je ne peux donner.
Alors avant le repas du soir, après avoir raccompagné ma soeur à la gare, on prend un peu de temps mon mari et moi pour boire un verre en terrasse. C’est tellement agréable de pouvoir le faire à nouveau.
Retrouve le moral Graine, lorsque je rentrerai une échappée filles sera la bienvenue. Pour le dernier film vu au cinéma, pour ma part, c’est celui que nous avions vu ensemble sur le chemin de stevenson. Il me reste des billets périmés cause confinement. Il faudra que je regarde s’ils sont quand même utilisables…
Cette semaine, les activités reprennent, hélas je ne suis pas rentrée pour y aller. Peut-être la semaine prochaine….
Conditionnée. Au point de m’essuyer les pieds sur le paillasson lorsque je sors. Le seul fait de poser les pieds dessus, et hop on frotte machinalement.
Il me semble en ce moment fonctionner en pilotage automatique. Je pose les clefs, le téléphone. Je ne me souviens plus ni où ni quand. Le corps effectue des tâches sans contrôle du cerveau. J’ai du mal à accepter ce manque de concentration. Trop d’écrans, trop de choses à penser ? Ou seulement la vieillesse qui arrive et fait des trous dans les neurones ?
A la boulangerie ce midi, un couple devant moi vient chercher du pain pour 16 personnes. Anecdote sans conséquence habituellement, sauf que cette année, 16 personnes qui se retrouvent ce n’est pas courant. Une chance, ils me laissent une baguette !
La ville a repris ses couleurs, les terrasses sont bondées. Il faut dire qu’il fait doux ici et le soleil joue à cache cache avec les nuages. La vie a repris son cours, je me demande où était caché tout ce monde avant le 19. Chacun chez soi.
Lorsque vous revenez dans votre ville de naissance où habitent encore vos parents, vous faites un bon en enfance.
La voix de Graine
Une journée qui commence à 6 h 30 avec un biberon et un petit chou qui vient dormir avec nous. Il a réveillé sa cousine qui accepte de jouer gentiment dans sa chambre. Nous grappillons 2 h de somnolence au lit. Le petit s’est rendormi. Il se réveille à 9 h quand j’essaie de le remettre dans son lit. La cousine en a marre d’attendre le réveil du petit!
Quand ma fille passe chercher sa fille, le petit croit que c’est sa Maman qui vient le chercher. Déception! Quelques minutes, il repart à jouer comme si de rien n’était. Après le départ de la petite – il y a activité « musique » le samedi matin – je tente une escapade avec le petit en profitant de la sortie de mon mari pour va faire les courses. Une petite bruine me décourage de passer au square. Tout sera mouillé. Ce n’est pas cool. A défaut, nous allons voir le manège d’à côté, puis nous faisons le tour du marché, histoire de prendre l’air.
Je prépare le pistou au cerfeuil avec petit-fils sur les genoux tandis que Papy passe l’aspirateur. Avec des raviolis et du poisson frais, le repas est vite prêt. Papa appelle. Ils arrivent, les parents. Nous ne les attendons pas pour manger. Ils auront droit au 2ème service.
Ma fille nous dépose la petite en début d’après-midi. Elle va visiter des maisons…La petite préfère rester avec son cousin. Cousin qui repart avec ses parents un peu plus tard… Affalés sur le canapé, nous nous posons et nous regardons « Kirikou et la sorcière » avec la petite. J’ai casté Youtube sur la télé avec mon portable. Le son est assez moyen avec quelques micro-coupures. Mais c’est agréable tout de même. Je joue au solitaire en parallèle. Je me sens vidée.
Puis, Papy joue avec sa petite fille au « Qui est-ce ». Je soutiens la petite en coloriant un dessin géométrique improbable. Je suis vannée. Je n’arrive toujours pas à bouger. Ma fille repasse prendre sa petite. Je ne la retiens pas. Je n’ai plus aucune énergie, même pas celle de sortir pour aller grignoter quelque chose dehors. En plus, il fait moche.
Je me laisse aspirer par les idées noires et les tâches ménagères. Demain, les enfants viennent manger. Mon mari questionne « Qu’est-ce qu’on fait à manger demain? ».J’aimerais avoir des questions autres du style « Où sortons-nous manger ce soir? » , « si on allait au cinéma? »Mais ça ne viendra pas. Ce n’est pas le style de la maison. Je ne trouve même pas l’énergie pour ouvrir le blog. Le jeu de solitaire en boucle en regardant la rétrospective sur la Star Academy. Aujourd’hui, c’étaient les obsèques de la Mamie de nos voisins à la campagne. Un très vieille dame qui n’allait pas bien du tout. Mes voisins sont de religion protestante. Je ne sais pas comment exprimer ma sympathie. A priori, les fleurs ne sont pas de mise. J’enverrais une carte de condoléances, plus tard.
Me reposer, décompresser, sortir et rire. Pas d’autre recette pour voir la vie en rose. La ville m’étouffe.
Les grilles du restaurant sont entrebaillées pour laisser la place à une table qui sert de comptoir de commande. Personne ne rentre dans la salle. Depuis plusieurs mois, ce restaurant ne sert que des menus à emporter. Chaque jour son plat. Le vendredi c’est couscous. On apporte ses propres gamelles, ou bien ses assiettes et ils les remplissent. C’est surprenant comme façon de faire, et en même temps plus écologique que des barquettes en carton qui finissent directement à la poubelle. Ils n’ont pas encore réouvert la terrasse, la formule fonctionne bien. Peut-être attendent-ils la réouverture complète. A 14h, on tire la table et les grilles se referment jusqu’au soir.
Jamais on n’aurait imaginé les restaurants fonctionner comme on a pu les voir cette année. Les normes ont volé en éclat. Est-ce que demain les consommateurs auront le choix dans les restaurants entre un déjeuner sur place ou à emporter ? Est-ce que les normes redeviendront plus strictes ? Concurrence, sanitaire et tout ce qui peut bloquer plus ou moins utilement l’inventivité.
Une année surprenante, inventive. Un nouveau chemin de vie.
La voix de Graine
Froid et averses même si les températures grimpent, un peu. Nous sommes au mois de mai tout de même! De ce côté là, la vie d’après ressemble beaucoup à la précédente.
Ce matin, mon mari se fait vacciner – Azra Zeneca et moi je bois mon 1er café en terrasse. 1er pas dans la vie d’après. Le café est bon. Le serveur est agréable et il m’amène un verre d’eau sans que je le lui demande. C’est au retour de la crèche où j’ai déposé petit fils, en retard, puis galéré pour plier la poussette – un appel rassurant aux parents pour avoir les explications! Je redécouvre la vie avec un petit. C’est épuisant et exigeant. Les derniers 3/4 de la nuit, il les a passé dans notre lit, le chanapan. Heureusement qu’il est craquant.
Je découvre ses parents, mon fils, mon tout petit devenu grand, Papa à son tour. Et ma belle-fille, Maman Poule jusqu’au bout des ongles, vernis. Quand je vais chercher le petit à la crèche, en fin d’après-midi, après mon passage dans la maison d’accueil des handicapés, un coup de téléphone. Ce sont les parents qui veulent leur petit, lui parler. Il les reconnaît, leur fait coucou, envoie des bisous sans faire de drame.
Pour ouvrir la poussette, même combat que le matin. Heureusement, un Papa qui est là dans l’entrée m’aide. Je me décourage d’être aussi maladroite. Pour autant, ça ne m’avance pas plus. Je prends le bus car il commence à être tard et le temps est menaçant. Dans le bus, le petit chante, la la la…Il est heureux de vivre, mon petit bonhomme.
Ce soir, nous avons les deux cousins. Elle fait le pitre et lui rit aux éclats. Ils prennent le bain ensemble. Ma petite fille tombe de sommeil. Et lui joue comme si de rien n’était. Aucun signe de fatigue. Il n’est vraiment pas prêt à aller se coucher. C’est une soirée pyjama. Il en profite, il ne veut rien lâcher. Quand ma petite fille vient pour lui dire bonsoir, il lui mord le ventre pour lui faire un câlin. Il a l’affection mordante. Il faut se méfier et ne pas le laissser faire.
C’est mon mari qui l’endort, ce soir. Aux alentour de 23 h.
Impossible de me résoudre à abandonner ce journal. Il y a tant de chose à dire. Même si ce blog est plus intermittant que le précédent, il nous permettra d’y consigner encore, nos humeurs, notre vision du monde, nos ressentis. Se savoir proche aussi.
Alors j’ai tout préparé – à nos plumes, quand on veut, comme on veut.
La voix de Graine
Merci Lilie. Comme tu dis, impossible de se résoudre à fermer ce journal. Laissons-nous le temps d’explorer l’après, de tenter des jours avec et des jours sans. Donnons-nous le temps de réapprendre à vivre « normalement » . Et de poursuivre ce blog, ou pas.
Pour moi, aujourd’hui, c’est journée petit fils. Dès qu’il arrive à la maison, il s’accroche aux basques de sa Maman et la réclame en boucle. Il sait que ses parents vont partir. Malgré tout, leur départ et la journée se passent bien. De temps à autre, il va jusqu’à la porte en disant »Maman » et je lui répète que Maman est partie en vacances et qu’elle va revenir, demain. Repas, sieste, promenade, jeux au square, jeux avec Papy à son retour du bureau. Je suis contente d’avoir mon petit-fils. C’est l’occasion pour moi de retrouver avec lui une complicité que j’ai perdue. Il a beaucoup changé pendant ces 6 semaines. Et surtout, il a vécu 24 h sur 24 avec sa Maman. A présent, il mange tout seul. Il se débrouille bien, autant avec la cuillère qu’avec les doigts. En tout cas, il a bon appétit. Son vocabulaire s’enrichit de jour en jour. Ses mimiques aussi.
C’est le soir que c’est difficile. Son heure de sommeil: entre 22 h 30 et 23 h. Dur pour nous qui n’avons pas l’habitude. Cela fait des longues journées.
La voix de Lilie
Ce matin je refais à pied le chemin que je faisais petite fille pour rentrer de l’école. Je marchais avec ma cousine. Ou plutôt nous sautions les bras croisés ensemble dans le dos. Et nous nous racontions des histoires drôles de l’autre. L’autre fait ceci, l’autre fait cela. Ce n’était pas toto, c’était l’autre. Pas de nom, pas de sexe, pas de visage. L’autre, qui nous faisait rire aux éclats le long du chemin. Cinquante ans sont passés. Oui 50. Un chiffre énorme. Nous passions devant le gymnase qui a peu changé, puis en face du cimetière, qui s’est étendu sur 3 fois sa longueur… Il reste un petit terrain avant la première maison, pour l’étendre une dernière fois. Le murier, plus vieux que moi est toujours là. Après le croisement, à gauche les ronces à mûres ont disparu, comme le petit filet d’eau sur lequel nageaient les araignées d’eau et naissaient les têtards que l’on entend, si on prête l’oreille, gargouiller en souterrain. Et voilà la maison de mon enfance en vue. J’en profite pour prendre une photo ou 2. Je suis contente de ma balade, il fait soleil, je suis bien. Un peu plus jeune le temps d’un trajet. Nostalgie, quand tu nous tiens.