Ce samedi 2 septembre, je prends l’avion pour Madrid. De Madrid, je me rendrais à Salamanque, en train ou en bus, je ne sais pas encore. Et lundi matin 4 septembre, je reprendrais la Via de la Plata là où je l’ai quittée, à Salamanque.
Chaque chemin est différent car chaque chemin s’inscrit dans un contexte différent. Ce qui est toujours d’égale intensité, c’est le besoin impérieux de partir, l’urgence de prendre le chemin.
A part le billet d’avion et la réservation d’une chambre à Madrid pour samedi soir, je n’ai rien péparé.
Mon mari et ma petite-fille sont repartis ce matin en voiture pour Paris. Une fois la maison rangée et la lessive lancée – il est 11h 25 – je prends le chemin, de chez moi, avec le pique-nique, pour ma première marche préparatoire. J’étrenne mon sac à dos neuf offert par mon mari pour Noël.
Je ne trouve pas ma casquette, j’en prends une autre. Je règle mes bâtons que j’oublie…Classique
Lenteur, douceur et bienveillance sont les mots qui me viennent à l’esprit en prenant le chemin. Ce ne sont pas des compétences acquises pour moi. Je ressens le besoin de les développer.
Je me fixe un objectif de 20 km. C’est beaucoup, car je n’ai pas marché depuis longtemps, mais je n’ai que 3,5 jours de préparation…
Il fait bon pour marcher, ni froid, ni chaud. Les maïs sont grillés sur pied. C’est la première fois que je vois ça. Ils n’ont pas supporté la canicule de la semaine dernière. Les tournesols brûlés se prosternent face au soleil, voilé aujourd’hui. Comment se fait la récolte des tournesols? En fait, je ne sais pas. La pluie s’invite. Je déballe ma cape, mes guêtres. C’est un vrai temps de pèlerin. Il faudrait que je ré-imperméabilise ma cape. Je le ferais à Madrid.
Je m’astreins à faire 10 km avant de m’arrêter pour manger. A la pause, je n’ai plus d’eau. Je n’en ai pas pris assez. La pause me fait du bien. Je reprends le chemin en sens inverse avec entrain. Que c’est long, le chemin n’en finit pas. Je rencontre un randonneur qui termine sa balade. Il a fait près de 50 km. Nous ne jouons pas dans la même cour. Je lui conseille le chemin de Compostelle, celui d’Arles passe tout près. « Je n’ai que 3 semaines de vacances »… »J’ai 4 gosses »… Et alors, lui ai-je répondu. Je suis sûre que l’idée va faire son chemin dans sa tête.
Ouf, je suis arrivée …Malgré la fatigue et les courbatures, je suis heureuse d’avoir mené à bien cette première étape de préparation. J’ai fait 21 km.
Du 12 au 15 juin, du lundi au jeudi, nous sommes parties à la mer avec les copines….En train
Les copines: 6 nanas de plus de 60 ans qui se sont connues au travail, il y a longtemps et qui une à une commencent une nouvelle vie. L’heure de la retraite a sonné, enfin presque, parce qu’avec la réforme de la retraite, il y a des faux départs qui restent en travers de la gorge…
Les copines: 6 nanas qui ont partagé le même milieu professionnel et qui à présent partagent leurs quotidiens, leurs désirs et leurs soucis. La bienveillance, le maître mot de l’amitié. De la chaleur à l’état pur.
Quatre jours entre copines, ce sont quatre jours d’échanges et de papotages. Tout y passe, maris, petits-enfants, parents vieillissants auprès desquels il faut être présents, santé. La santé, parlons-en! Nous n’avons plus 20 ans. Les articulations sont douloureuses, anti-douleurs, anti-inflammatoires, et même attelle pour toi Lilie. Le temps a passé, dans notre tête, nous avons toujours 20 ans, mais notre corps accuse le coup.
Les bouchons de champagne sautent. L’une fête son anniversaire – changement de dizaine. Un magnifique plateau de fruits de mer trône sur la table. Nous mangeons et nous buvons trop. Nous sommes tellement contentes d’être ensemble. Entre nous, c’est la confiance, nous pouvons dire ce qui nous traverse, sans avoir peur du jugement. Nous nous lâchons et nous rions.
Le lendemain, c’est à nouveau champagne, avec des petites terrines de la Perle des Dieux – un délice.
Promenade sur le bord de la plage, escapade à Honfleur…le temps, ponctué de pauses gourmandes et arrosées, passe à toute vitesse. Le temps nous fait la fête: il fait beau et pas trop chaud.
Le mercredi midi déjà, deux d’entre nous prennent le train pour rentrer sur Paris, réunion pour l’une, fatigue et douleur pour l’autre. Nous restons à 4, levons le pied sur l’alcool et les repas, continuons à profiter de notre séjour. Promenade sur la plage, promenade en bateau, glaces en terrasse. Le retour se profile.
Pour conclure, ces 4 jours ont été une pause bienvenue dans nos quotidiens parfois compliqués et pas toujours sereins. Une maison et des activités partagés, une écoute réciproque malgré nos différences de vie, de rythmes, d’envies, nous n’avons besoin de rien d’autre pour nous sentir bien.
Un lever de bonne heure pour une séance de respiration, des articles signées de Lilie en provenance de Minorque qui parlent du soleil et de la mer, une acceptation dans le groupe du square qui fait la gym tous les matins, un coup de fil à une copine avec une promesse de rendez-vous, la semaine commence sous les meilleurs auspices…
La séance de respiration, je l’ai faite toute seule, car les organisateurs n’ont pas été en mesure de démarrer zoom ce matin. mais je me suis levée, et je l’ai faite.
Hier nous avions les enfants et les petits enfants. Nous fêtions l’anniversaire des filles. En milieu d’après-midi, je me suis écroulée, épuisée. Je me suis m’allongée tandis que les enfants s’éparpillaient. Mon portable ne voulait plus se charger. Je me suis sentie tout d’un coup coupée du monde. Comment vivre sans portable? Profitant du calme revenu et de ma maison vide, avec l’aide un tuto, j’ai démonté mon portable, j’ai appuyé sur la batterie que je n’arrivais pas à enlever. Miracle, mon portable a accepté à nouveau de se charger, il devait y avoir un faux contact. La coque du portable était collée, je l’ai décollé, pas sûr que ce soit top pour le portable, tant pis. Pour autant, pas question de rejoindre les petits au square, sans doute au spectacle de cirque, je suis allée faire un tour de vélo. J’avais passé la journée enfermée, j’avais besoin de m’aérer un peu.
Acte 4. Un vétérinaire de Nyons plus humain que l’autre a reçu la brebis malade. Il est écœuré du comportement des autres vétérinaires qui n’ont même pas proposé une ordonnance d’antibiotique ou d’antiseptique. Hélas, la plaie est trop importante, possible qu’elle ne puisse plus s’alimenter. Il ne peut rien faire d’autre que d’abréger ses souffrances en la piquant. Il ne veut même pas être payé car il n’a pas pu soigner.
Fin de l’histoire.
Épilogue. Je n’arrive pas à m’en remettre. Je ne sais pas pourquoi. Cet être qui vivait au calme, sans stress, qui exceptionnellement n’était pas voué à la boucherie, qui avait la vie devant elle, paf le destin la frappe. Bref, je dois vraiment avoir un problème..je me créé mon désespoir de toute pièce .. C’est crétin de penser à ça. Vraiment quelle débile. Estime toi heureuse de ton sort et passe à autre chose.
Autre chose c’est ce soir, le corso de lavande à Valréas. Un monde fou. Attablés tout le long du parcours à manger des tacos, pizza ou hamburger, frittes. Heureusement nous avions trouvé un bar à vin à l’écart pour diner ! Dans l’enfilade, le long de la rue, une fête forraine. Churros, gauffres, barbapapa, et toujours frittes. Nous remontons le tout dans un sens puis dans l’autre pour trouver un endroit sympathique pour regarder le défilé des chars.
Au départ, un tracteur pulvérise en musique une brume de lavande. Outre que ça raffraichit, il fait encore plus de 30 degrés, ça embaume l’atmosphère. Ensuite, chaque char étant tiré par un tracteur, l’odeur de l’essence remplacera rapidement celle de la lavande ! Le corso déroule une dizaine de chars sur le thème des comedies musicales, entrecoupé de fanfares, de danseurs, de majorettes. Cats, le roi lion, le petit prince, la belle et la bête, Mary poppins, Saturday night fever, dracula, tous magnifiquement décorés de fleurs en papier de toutes les couleurs. Le défilé se termine par la reine du corso 2022, Miss corso autrement dit ! Une belle ambiance de carnaval.
Voilà comme tu dis Graine, de quoi occuper son esprit et son temps. Ne pas penser.
Parmi les bénévoles qui s’affairent à cadencer les départs des chars, une dame dynamique de 81 ans. Elle ne les fait pas, loin de là. Habillée d’un tee shirt de l’équipe organisatrice et d’un leggings, plaisantant avec les autres, elle n’y pense pas (sauf qu’elle en parle un peu quand même !). Voilà la seule porte de sortie: continuer à faire partie de la vie, tant qu’on le peut physiquement.
Ce mauvais temps va passer, comme les autres. Il est plus long, mais il passera. Et sinon, il faudra s’adapter. Comme chaque fois… Moins ça, moins ça, moins ça…On avance, comme disait mon père, sur une pente savonneuse !
La voix de Graine
Ton corso de lavande est magnifique, Lilie, ç’est une idée à retenir pour des prochains étés, de prochaines vacances dans le sud….
Pour ta petite brebis, en relisant ton blog il y a deux jours, son arrêt de mort était déjà signé, vous avez tout essayé mais la laisser souffrir parce que ne pouvant pas s’alimenter n’était pas la bonne solution. La petite brebis est au paradis des brebis. A l’exception de cet épisode malheureux et douloureux, ta petite brebis a eu une courte mais belle vie de brebis choyée et gâtée. D’autres connaissent la même fin, en pire sans doute si on en croit les reportages sur les abattoirs avec une vie bien plus rude. Je comprends que tu en sois toute retournée. Je pense qu’il en est de même pour ta cousine. Ta brebis a bien vécu de son vivant et maintenant, elle n’est plus là, ni pour vivre, ni pour souffrir. Point final. Pour être heureuses, vivons au présent, Lilie! Suivre le mouvement, en espérant se laisser entraîner par la vie, et par les projets des autres, en attendant que nos propres projets émergent. Pour l’instant, comme moi, tu as un coup de mou.
Je pense qu’il faut savoir accepter nos coups de mous. De toute manière, nous n’avons pas le choix. Très bientôt, les graines vont te remettre en selle!
L’été chaud continue sa route. Ici, depuis vendredi, c’est la fête de l’ail. Nous y allons bien sûr. Le midi, il y a moins de monde que d’habitude, sans doute à cause de la chaleur. Nous mangeons notre soupe à l’ail offerte par le Comité des fêtes. Le kir est offert aussi. Nous allons glaner ça et là dans les stands de quoi compléter notre repas. Mon mari opte pour les escargots et moi pour la truffade avec salade. Comme chez toi, Lilie, beaucoup de frites et/ou de pommes de terre sous toutes les formes. Ce n’est pas ce qu’on peut appeler une nourriture équilibrée. Sans que nous l’attendions vraiment, ma copine nous rejoint et passons la journée ensemble, à l’ombre bien sûr, en recherchant sur les sites des maisons dans le sud…
J’ai envie de bouger tout de même. Cela fait deux jours que je ne fais plus ren, ni vélo d’appartement, ni marche, pour reposer mes jambes. J’en ai ras le bol. Le samedi, nous allons marcher dans la montagne noire le long de la rigole de la montagne qui alimente le canal du midi. C’est fascinant cette histoire du canal du midi avec ses lacs et ses rigoles pour l’alimenter. C’est Riquet qui en a eu l’iniative. Il fait frais et les chemins sont très faciles. Après le pique-nique, je fais mes 8 km le long de la rigole. Je suis satisfaite. Le soir, les jambes font mal et j’ai du mal à marcher, mais au moins, je sais pourquoi. La soirée se termine avec des amis à manger de la charcuterie, des frites et du fromage, en musique bien sûr. C’est la clôture de la fête de l’ail 2022.
Comme il me manque ce temps où je vous voyais chaque jour. Où l’on se retrouvait devant un café, un repas ou dans un bureau. Comme autrefois nos camarades d’école dont on se séparait seulement pour mieux se retrouver après les vacances. Comme une classe qui durerait plus de 30 ans. Et puis, l’une après l’autre, vous avez quitté l’école. Bien sûr que nous nous voyons de temps en temps, mais comme il me manque ce temps où l’on se voyait chaque jour. Comme j’aimerais qu’il revienne.
Les feuilles du calendrier se sont envolées. 2022, nous sommes en 2022. 2022 est là, avec ses rayons de soleil, sa douceur, sa pandémie et ses promesses. Quelles promesses? Ma tête est embrumée. Elle bourdonne, les bruits extérieurs m’arrivent assourdis. Mes épaules sont courbaturées. A priori, ce n’est pas le Covid. J’ai seulement un gros rhume que m’a gentiment donné mon petit fils.
La pandémie bat son plein, pertube les relations sociales, la vie quotidienne, le corps médical, les soignants. La rue s’est à nouveau masquée. Difficile de rencontrer un sourire, un regard derrière ces visages fermés. La 3ième dose se généralise. A quand la quatrième? Le passe sanitaire ne va pas tarder à se transformer en passe vaccinal. Les non vaccinés résistent, s’énervent, deviennent agressifs… Notre président Emmanuel Macron, dans une interview de ce début d’année, dit « avoir très envie d’emmerder les non-vaccinés ». Cette pandémie nous pourrit la vie, nous épuise, nous oppose les uns aux autres, nous confine.
Sur la toile, les voeux s’échangent: whatsapp, sms, mail. Tout à la fois formalité liée à la tradition, politesse et envie réelle de garder ou de renouer le lien. Comment démêler le vrai du faux! Clairement, coincée dans mon appartement parisien, les contacts physiques me manquent. Je m’ennuie.
Le 1er janvier, j’avais prévu de passer un moment avec les résidents de la maison d’handicapés où je suis bénévole. Pas de chance, quatre d’entre eux ont attrapé le COVID. Même un appel Whatsapp n’a pas été possible. J’ai déposé une boîte de chocolats. Une astronaute m’a ouvert la porte et a pris la boîte. J’espère qu’ils ont pu en manger. Je n’ai aucune nouvelle. J’espère qu’ils vont bien.
Les projets de ce début d’année tardent à venir. Où sont les bonnes résolutions? Des sorties copines sont planifiées. Une escapade est prévue avec mon mari fin février en Andalousie.
En mars il y aura les élections. Pour qui voter? En qui croire? J’ai une pensée pour les jeunes. Comment peuvent-ils avoir envie d’aller voter?
En attendant des jours meilleurs, je vous souhaite une bonne année. Les petits bonheurs ne vont pas être faciles à dénicher tant le terrain paraît miné. Mais ne baissons pas les bras devant la difficulté. Au contraire, levons nous pour franchir l’obstacle vaillamment et avec le sourire! Le printemps va revenir. Il revient toujours.
Hier matin j’avais 10 ans. Trop réfléchie déjà. Je me disais, demain matin je vais me réveiller, j’aurai 60 ans. La journée est passée. Ce matin j’ai 60 ans. Je ne réalise pas encore. Mon âme, mon corps ne peuvent pas avoir un tel âge. Il serait facile de dire comme beaucoup le font, moi l’âge, ça m’est égal, je n’y pense pas. Moi j’y pense. Au temps qui s’amenuise, aux jours qui défilent sans pouvoir les arrêter, sans même se rendre compte qu’ils sont déjà passés, aux douleurs qui arrivent, que je refuse.
Le temps est maussade, comme mon humeur. Il pleut, le ciel est bas, sans lumière.
C’est dit. Ce jour là n’est pas à fêter.
Mon mari l’entend différemment. Il m’emmène, la veille, passer la soirée et la nuit dans un bel hôtel spa. Pour créer un joli souvenir. Passer le cap en douceur, dans l’eau chaude et les bulles. Il sait que j’aime ça. Quelle jolie attention. Pas loin de chez nous et pourtant une impression d’être partis en week-end.
Le lendemain, après un bon petit déjeuner et une séance de piscine, nous rentrons à la maison. Les enfants ont préparé le repas. Que je crois.
A la maison, surprise. Tous mes amis les plus proches sont là. Toutes les Graines, quelles cachottières, je les au vues vendredi dernier et pas une n’a gaffé, bravo. Ma soeur venue de loin, mes amis, mes enfants, mes petits enfants. Alors cette journée que je craignais s’est changée en fête, musique, chaleur, amour. Tellement d’amour autour de moi. Oui, je ne suis plus seule. Cette journée restera belle dans mon cœur. Merci mille fois mon mari d’avoir tout organisé et d’être toujours à mes côtés, merci les Graines d’être toujours là pour moi.
Voilà, Graine, j’ai mis un peu de temps pour venir relier ma voix à la tienne. Ces derniers mois ont été difficiles et les larmes me montent trop facilement aux yeux en ce moment. En plus, j’avais cassé le site…. Cette journée précieuse, votre présence, vont m’aider à remonter la pente, je l’espère, je le souhaite.
Ta voix ne fait plus écho à la mienne, Lilie, ta voix, nos échanges me manquent.
Les voisins font la fête: pendaison de crémaillère, les murs résonnent. Cela fait drôle après un mois passé dans des endroits déserts.
Paris, j’ai retrouvé Paris, j’ai retrouvé la ville. Hier soir, quand je suis rentrée après avoir été m’occuper de petit fils, j’ai croisé une queue de personnes qui faisait plus de 200 mètres. La réalité confirma mon intuition. La queue était devant un lieu de distribution d’aide alimentaire. « DURABLE » était qualifié le lieu. Je ne sais pas trop ce que signifie « durable » pour un tel lieu. Vu la longueur de la queue, on peut penser que c’est ce qu’il y a de mieux. Les gens dans la queue ressemblaient à des gens ordinaires, beaucoup de gens assez jeunes.
Je ne suis pas allée rejoindre les graines aujourd’hui. Trop de choses à faire et surtout je ne voulais pas rater ma visite à la maison des handicapés.
Cet après-midi, avec les handicapés, nous avons chanté: Claude François, Joe Dassin…Ils étaient contents. Après, j’ai participé à la création de leur nouveau tableau d’affichage des dates anniversaires.Le personnel est débordé. Il y a des absences pour des raisons médicales. Odile, ma copine n’était pas là. Elle était sortie pour aller voir sa Maman. Je l’ai aperçue quand je repartais. Elle fait une dépression saisonnière.
Ma petite fille dort à la maison ce soir, comme les deux derniers soirs.
Je reprends peu à peu mon quotidien parisien: Mamie en garde des petits, bénévole. Hier, pour dépanner ma belle-fille, j’ai laissé tomber mon cours d’arts plastiques. Mais j’ai bien précisé que c’était une exception.
Me voici à peine rentrée que déjà le quotidien me happe à nouveau. Lessive, administratif, marché, aller chercher la petite à l’école, préparer le repas, courir au théâtre, repartir garder le petit..
Mon mari m’a accueillie hier soir à mon retour très chaleureusement. Il avait préparé un bon repas: soupe et quiche. Il restait du vin du week-end. Je me suis posée. Je me suis régalée. Je suis heureuse d’être rentrée chez moi.
il y a quelques jours, je quittais le chemin. En début d’après-midi, j’ai quitté l’espagne. Et me voici à présent dans le TGV en route vers Paris. La parenthèse ouverte se referme. Je vais reprendre ma vie, jusqu’à ce que j’éprouve à nouveau ce besoin impérieux d’ouvrir une nouvelle parenthèse.
Qu’elle m’a fait du bien cette escapade! L’arrivée à Séville, le départ sur le chemin, le soleil, la chaleur, les rencontres, les ampoules, la recherche des hébergements, la solitude, les départs de nuit, la bière fraîche, le vide, la nature, la meseta, la pluie, le vin blanc, les nuits courtes …Et enfin Salamanque, la pension tout près du centre, les visites, la lessive, les pinchos. la journée de bus pour rejoindre San Sebastian, les retrouvailles avec ma copine du Camino del Norte, la visite de San Sebastian..Tout est passé si vite. Le train roule et me ramène à Paris, près de ma famille et de mes proches, mon mari, mes petits, mes copines. Je suis contente de rentrer, mais dans le fond de mon cœur, je garde comme un trésor rare ces moments précieux de vie, allégés des soucis du quotidiens, centrés sur la marche et sur la satisfaction des besoins essentiels: manger, boire, dormir, échanger, ressentir.
Dans le train entre San Sebastian et Hendaye, une espagnole, Karina, entame la conversation. Elle me rassure sur le trajet, je lui parle du chemin. Elle me dit plus tard, je travaille je lui dis maintenant, par petits bouts, je lui montre des photos.
A la sortie du train, à Hendaye, je fois montrer mon passe sanitaire. Je l’avais oublié celui-là. Ça n’existe pas en Espagne…
À Salamanque, j’ai acheté quelques cartes postales, que je n’ai pas envoyées.
Les sentiments qui me traversent s’imbriquent les uns dans dans les autres, quand ils ne s’opposent pas: la joie de rentrer teintée d’une légère tristesse à l’idée de fermer la parenthèse. Sur le chemin, les relations sont simples et vraies. Nous avons peu. Nous partageons ce que nous avons. Nous sommes uniquement des pélerins, tous à la même enseigne. Le statut social, l’âge, la condition physique, le sexe n’ont guère d’importance. Nous partageons le même objectif, celui d’avancer d’étape en étape, en ménageant nos forces et en subvenant à nos besoins essentiels. Nous avons tous le sentiment d’appartenir à une même famille. Et Dieu dans tout ça? A l’exception d’un couple italien hyper catho et hyper rigide, la religion a été peu présente sur mon chemin cette année. Au départ je me suis mise sous la protection de Dieu, à ma manière, et j’ai fait tamponner ma crédencial dans des hauts lieux religieux…Je n’ai pas vu plus de dévotion chez mes compagnons de route. A l’inscription dans une auberge, une hospitalière nous a demandé quelle était notre motivation pour faire le chemin. Mes deux compagnons ont indiqué « tourisme » pour l’un, « culturel » pour l’autre. Pour ma part, j’ai indiqué « spirituel ». Indiquer un autre motif me paraît du déni. Il y a tout de même des moyens plus efficaces et plus confortables pour visiter et s’enrichir culturellement parlant!
Un dimanche en Espagne, loin des miens. Je passe l’après-midi à faire la sieste. Je commence à ressentir la fatigue de la marche quotidienne, la lassitude des chemins qui se ressemblent, du sac qu’il faut à nouveau remettre sur le dos après une nuit médiocre dans un hébergement chaque jour différent. J’ai eu les miens au téléphone et sur whatsapp. Mon fils et son petit, ma fille et sa petite et mon mari bien sûr. Les petits me réclament. Ils me manquent. Je peine à échanger avec mes grands. Que se dire. Mon quotidien ici est tellement différent de ce que je vis à Paris, de la vie à Paris. Marcher, mais pourquoi?
Mon retour se profile. Réendosser mon rôle de mamie, d’épouse, de femme au foyer, c’est pour très bientôt. Prendre un peu l’air m’a fait un bien fou. Il faut savoir partir, mais il faut savoir revenir, en gardant cet air du large, cette légèreté nécessaire au pélerin, ce regard élargi sur le monde et sur la vie. Ici la légèreté vient du dénuement. Pour toute maison, nous avons notre sac sur le dos. Il y a peu. Et si tout le reste était superflu? Chaque jour, je lave mes vêtements pour les remettre le jour suivant. Ma trousse de toilette est quasiment vide et je m’en moque. Il me suffit d’avoir un.peu se savon pour me laver et laver mon linge.
Manger, dormir, marcher, regarder, échanger, rêver…des jours entiers centrés sur la satisfaction de ces besoins essentiels, un luxe dans nos quotidiens qui débordent, de biens de consommation, d’activités..
Ta voix me manque, Lilie. J’espère que tu profites bien de tes vacances. Nous partageons la chaleur et le soleil de l’Europe du sud. Il paraît qu’il a fait très chaud à Paris également.
Dans la chaleur de l’Andalousie, les nuits sont courtes et entrecoupées de veilles. J’ai le temps de penser. Je repasse ma journée de marche, nos échanges à l’étape ou sur le chemin. Il y a chez nous tous ce besoin de se dire, de se confronter à l’autre. L’une récemment à la retraite fait une formation de shiatsu. L’autre, notre doyen de 80 ans nous parle de ses petits-fils qui ont quasiment l’âge de nos enfants, de ces semi-conquêtes qu’il a eues lors de ses multiples précédents chemins. Est-il veuf? Pour l’instant, aucun mot sur le sujet. Quand il évoque sa femme, c’est dans un passé qui ne semble plus faire partie de son quotidien. Chacun dit et se tait, c’est selon. Nous parlons et nous écoutons. Nous nous écoutons avec bienveillance, malgré le barrage de la langue.
Hier après-midi, nous sommes allés à la piscine, la piscine du village. La caissière de la piscine était mal entendante, elle m’a demandé d’enlever mon masque pour pouvoir lire sur mes lèvres. C’était dimanche, il y avait ĺà les enfants, les familles…
Pendant ce temps, fille et petite fille étaient à Disney, mari, fils et petit fils partageaient le repas dominical, les graines continuaient leurs échanges à distance…
À l’entrée du village, un ouvrage en hommage aux femmes sculpté sur ses 4 côtés.
8 h 05 – je suis devant la porte d’embarquement. Au guichet d’enregistrement des bagages, l’employée me dit: « Je vous ai déjà vue la semaine dernière , je reconnais la coquille ». Non, la semaine dernière, je n’étais pas là, c’était une autre pèlerine. Mais, ça signifie que je ne serais pas seule sur ce chemin!
Ça y est, je suis partie. Je suis contente de partir. Mon sac fait 8,5 kg sans l’eau et les quelques bricoles que j’ai sur moi. La légèreté m’enivre. Nous nous encombrons de tant choses au quotidien alors que nous avons besoin de si peu. Ça marche pour le matériel, mais c’est vrai aussi pour le reste. Je pars faire une cure de désintoxication du trop plein. Dans les boutiques de l’aéroport, je me suis tout de même alourdie d’un stick solaire pour les zones sensibles.
Bon voyage, Lilie, profite bien de tes vacances à la mer. Partir ailleurs fait du bien. L’ethymologie de vacances met en avant le vide…
La voix de Lilie
Mettons nous en vacances, soyons vacantes. Vidons tous les tiroirs qui nous encombrent. Tu es partie aujourd’hui vers ton chemin, je change de blog moi aussi demain pour découvrir la Sardaigne toute une semaine. Contrairement à toi, ma valise est bien pleine, je ne sais plus trop m’alléger. Je l’ai fait dans une autre vie, lorsque ma valise tenait sur le flanc d’une moto. Maintenant, le luxe d’une grande valise me permet de me mettre à l’aise. Demain je verrai enfin la mer. La mienne, celle de mon enfance, la méditerranée. En attendant je m’affaire à essayer de ne rien oublier. La dernière fois c’était le chargeur de ma brosse à dent, qu’est-ce que ce sera cette fois ci ?
Je n’ai rien préparé pour ce voyage, même pas idée de ce qu’il y a à voir. Juste acheté un guide et rempli la tonne de formulaire imposée par les mesures sanitaires. Je pars le cerveau vide. Étymologie comme tu dis.
Obligatoirement, la journée est courte et chargée.
Ce matin, je fais un créneau de travail de 3 heures à ma coop. Ça m’occupe la tête et les mains. Aujourd’hui, mon mari est resté à la maison, il télétravaille, ce qui nous permet de déjeuner ensemble.
Cet après-midi, j’ai rendez-vous chez mon dentiste qui consulte à côté de mon ancien travail, pas du tout à côté de chez moi. Curieux, j’arrive en retard, mais vu que je suis partie trop tard…Ma dent perdue a repris sa place. C’est magique.
Pendant la pause déjeuner, j’avais prévu de faire plein de choses…Je n’ai rien fait, j’avais besoin de me poser.
Je viens de recevoir un coup de fil du président de mon association jacquaire qui me souhaitait un beau chemin. Ça m’a touché.
Je ne vais pas te laisser, Lilie, de temps à autre, je viendrais continuer nos échanges. Je reprends le blog « les chemins dEloîse » pour partager sur le chemin. J’essaierais d’être plus réservée et discrète que je l’ai été en 2018, pour éviter de mauvaises interprétations.
Pour mon blog sur le chemin, mon public sera composé de ma petite fille, des handicapés que je visite le vendredi après-midi et bien sûr de tous mes proches qui s’intéressent à mon périple. Me fixer un public cible me permet de me centrer sur un objectif de lisibilité, de clarté et de niveau d’implication personnelle. Je vais essayer de me mettre à la portée de mon 1er public.
Ce soir, je dois vérifier mes papiers surtout. Pour le reste, je me débrouillerais. Je ne pars pas en plein désert.
La voix de Lilie
Te voilà sur le départ Graine. Le moment charnière, pas encore partie et déjà la tête sur le chemin. Je suivrai le blog et tes clins d’oeil peut-être ici de temps en temps.
Comme toi, un départ se profile. Quelques jours pour pêcher les derniers rayons d’été et surtout pour voir la mer. Je ne l’ai pas vue cette année, elle me manque. La mer m’apaise. Je peux rester le soir à écouter le bruit des vagues qui vont et viennent mourir sur la plage. Le doux bruit du sable, ou le roulement des galets. Seules vacances ailleurs de l’année.
En attendant, aujourd’hui c’était journée petite fille. Visite d’une ferme pédagogique le matin, jeux dans le jardin l’ après-midi. Petite fille nous mène par le bout du nez avec ses exigences et son sourire craquant.
J-2 par rapport à mon départ en Espagne. Le départ se profile, le sac est prêt. Le corps, la tête, tout s’apaise et se met en place après les frayeurs et les désordres qui m’ont perturbée ces dernières semaines. En préparation de mon vol pour l’Espagne, je suis en train de remplir un formulaire qui me questionne sur ma santé. Le compte à rebours a commencé.
Aujourd’hui, je garde ma petite fille une grande partie de la journée. Entre deux occupations, je fais un premier découpage de mon chemin en étapes, repère les hébergements ouverts et le mode de réservation, balaye les points d’intérêt majeur…C’est la première fois que je prépare autant. Habituellement, pour marcher sur le chemin en espagne, je ne prévois rien, ce n’est pas nécessaire, mais là, en temps de Covid…
Petite fille a préparé son cartable et sa trousse. Ma fille a tout marqué comme l’école le lui a demandé, y compris les crayons. Mes enfants se moquaient jadis de notre manie de tout marquer. Ce n’était pas une initiative personnelle, juste une recommandation de l’école que nous avions respectée, ce qui a permis à nos enfants de conserver leurs affaires….
Ce soir, nous allons dîner à la pizzeria qui réouvre aujourd’hui après les congés. Le soleil nous accompagne, même si la fraîcheur revient ce soir. Une bonne pizza, c’est toujours sympa.
Demain matin, j’ai un créneau de travail à ma coop. Demain après-midi, j’ai rendez-vous chez mon dentiste pour qu’il me remette une dent qui est partie…
La voix de Lilie
Une escapade ce midi pour aller déjeuner avec mon mari et une amie tout près de son travail, et tout loin du mien ! Voilà un avantage au télétravail. Pouvoir s’absenter entre midi et deux et repasser en mode privé.
Et puis travailler sa journée et prendre le temps de faire quelques courses et/ou préparer le repas du soir.
Le soir mes enfants viennent dîner avec leurs enfants. Pour la première fois, tous mes petits enfants sont réunis à la maison. Nous demarrons la soirée dehors tant que le temps le permet, puis une fois la fraîcheur du soir arrivée, nous rentrons dîner à l’intérieur. Les petits courent partout, s’amusent, rient, crient. Nous avions oublié pendant ces vacances ces ambiances bruyantes, le salon déménagé, les jouets partout. Le tout petit se repose malgré tout ce chari vari, puis le bruit le rattrape et il fatigue un peu. J’espère qu’il va arriver à bien redormir cette nuit. En attendant il nous regarde, en tout cas il essaie, avec ses petits yeux grands ouverts. Il est attendrissant.
Après leur départ, le silence revient. Qu’est-ce que ça fait du bien. Nous rangeons la maison. Salon détruit par les petits, cuisine ravagée par les grands. Il est temps d’aller se coucher.
Est-ce que l’hiver est de retour? À voir le ciel et l’état du sol quand j’ouvre la fenêtre pour aérer, on dirait bien! Je ne vais pas me plaindre, dans quelques jours, je risque d’avoir trop chaud…Ça va me faire du bien de prendre du rab de soleil.
Je me lève tôt ce matin. J’ai prévu une séance de yoga, respiration, méditation. Malgré ça, la journée est difficile, je me traîne un peu. Est-ce dû au jogging d’hier, à la météo, au traitement anti-démangeaisons, aux démangeaisons toujours d’actualité malgré une légère amélioration, je ne sais pas et quelle importance…
Je m’occupe de la petite aujourd’hui. Elle aussi est fatiguée et vite contrariée. Sur le Sudoku, elle m’écrit les chiffres à l’envers, mais pas moyen de la faire corriger. En bonne intelligence, nous faisons jour tranquille. Je ne lui demande pas grand chose et en échange, elle me laisse de grands moments de pause. Notre activité majeure est d’aller au square. Nous aurions pu aller à l’escalade, mais ce n’était pas son choix. Elle n’arrive pas à se suspendre aux anneaux. Ça ne lui plaît pas du tout.
Nous nous réconcilions en faisant la quiche. La cuisine, ça, c’est une valeur sûre!
La voix de Lilie
Reprise de la semaine. C’est toujours difficile de se remettre aux exercices imposés. Je traine. Je tente une séance cardio d’un niveau visiblement trop élevé pour moi. Je dois baisser le rythme, même m’arrêter à certains moments. Je n’arrive pas à me dire que je baisse, que je me dégrade et pourtant tout me le montre. Les douleurs ça et là, les rides, les taches sur la peau qui flétrit, la voix qui déraille, les mots qui fuient, la concentration aux oubliettes, la prise de poids, le moral en berne. Si l’intérieur est à l’image de l’extérieur, je crains le pire.
Après ce constat, difficile de se mettre au travail. Je picore des activités personnelles pendant les heures de travail, une pincée de ménage, une once de repassage.
Les tâches à faire s’amoncèlent dans mon bloc note. Pour les enfants, pour la maison, pour la succession de mon père. Tout est lourd, chronophage. Penser à tout. Jusqu’à s’oublier.
Pendant que tu recevras ton tout petit, Lilie, j’accueillerais ma fille pour lui fêter son anniversaire – 35 ans. Comme le temps passe! La famille est si présente dans notre vie. parents, enfants, petits-enfants, frères et soeurs, une grande partie de notre vie de femme leur est consacrée. Et je ne parle pas du mari, omniprésent!
Ce matin, jogging, cela fait un siècle que je n’ai pas couru. Nos déjeunons à trois, mon mari, moi et la petite tandis que ma fille profite des activités Wecandoo de son dernier anniversaire. Cet après-midi, elle fabrique un terrarium.
Après la sieste – indispensable parce que je suis vannée – je me mets à la préparation du repas anniversaire pour ma grande. Bien évidemment, cela me prend l’après-midi. Une fête d’anniversaire bien tranquille avec champagne et petits plats maison.
Ce soir, nous gardons la petite pour dormir. Je l’aurais demain également.
Plein de bonheur, Lilie, avec ton petit bout et ses parents.
La voix de Lilie
Un dimanche en famille pour moi aussi. 4 générations autour de la table, un chat, un chien. Je prépare un bon repas pour mon petit monde. Bb a 10 jours. Je le berce dans mes bras et je lui parle, de lui, qu’il va grandir, qu’il va apprendre à se servir de tout son corps, qu’on est tous là pour lui, pour faire en sorte qu’il soit bien, qu’on l’aime immensément. Il me regarde, il m’écoute. Il me décroche un sourire extraordinaire. Je fonds totalement. Ces petits sont incroyables pour nous retourner le cœur.
Je suis totalement habituée à son petit visage si particulier.
Dans l’après-midi on va faire une promenade autour de chez nous avec le landau. Bb dort profondément. On croise un ami de mon autre fils. Visiblement il sait car il félicite les parents mais il ne regarde pas trop dans le landau. Je me demande ce que pourraient dire des personnes qui ne seraient pas au courant.
Un samedi au radar aujourd’hui. J’ai très peu dormi la nuit dernière, à cause des démangeaisons bien sûr, mais aussi du café tardif avec vous, les copines. Ça me faisait plaisir de le boire avec vous, mais je n’aurais pas dû. J’ai profité de cette veille nocturne pour travailler sur mon blog du chemin.
Ce matin, une bonne nouvelle: mes démangeaisons ne viennent pas de punaises de lit, ni d’un autre parasite, la dermatologue me l’a affirmé. C’est un soulagement pour moi. Elle me donne un traitement pour calmer les démangeaisons sans me donner vraiment un diagnostic. Elle m’assure qu’elle n’est pas inquiète, que ça devrait passer rapidement. Moi qui m’était allégée au maximum, je vais devoir tout de même emmener quelques produits sur le chemin.
A 13 h, j’ai rendez-vous avec l’ostéopathe. Je mets le paquet pour partir en forme! Pour elle, c’est encore le foie qui ferait des siennes. Décidément! En fin de séance, elle me conseille de faire de la sophrologie pour mieux gérer mes émotions. Elle est un peu directe et rentre-dedans, mai j’aime bien cette ostéopathe. Elle a raison. Il faut que j’arrête de me mettre la rate au court bouillon dès que j’ai une contrariété ou que je sors de mon périmètre de confort!
L’après-midi, je fais la sieste sur la canapé. J’en ai bien besoin. En fin d’après-midi, avec mon mari, nous vidons et désinfectons nos placards de cuisines à la recherche de mites alimentaires que nous ne trouvons pas vraiment. Il me semble avoir vu une mite voler. Et également, deux larves sur le mur…Avec toutes ces histoires de parasites, je commence à devenir parano.
Ce soir un pad thaï au restaurant thaï d’à côté, histoire de mettre le nez dehors. Nous devons cependant manger dedans car il bruine légèrement. Nous avons eu de la chance hier soir d’avoir eu un temps acceptable.
La voix de Lilie
L’ordonnance pour Graine:
Special detox du foie à la provençale: le matin à jeun, un grand bol de tisane faite avec un brin de romarin (ou quelques feuilles sèches) dans un bol d’eau frémissante. Pendant 2 à 3 semaines.
Pour les mites alimentaires, une seule possibilité à ma connaissance, le papier pheromone collant. Ça m’est arrivé une fois, elles venaient de noix véreuses et s’étaient insinuées partout où elles avaient pu trouver un accès.
Un zeste d’amitié, un soupçon d’amour. A prendre à volonté.
Fin de l’ordonnance, début d’un nouveau chemin.
J’ai vu mon tout petit aujourd’hui, je m’habitue à son petit visage si particulier. Je capte son regard. Il suit le mien, peut-être mes lunettes qui brillent attirent son regard. Demain il viendra à la maison pour la première fois. Je suis tellement contente.
Une journée importante aujourd’hui, c’est l’anniversaire de ma fille. Importante aussi parce que ce soir, nous sortons entre copines, entre filles.
Après avoir souhaité son anniversaire à ma fille, sur la messagerie, je saisis mes textes d’hier soir, puis je me reconnecte à mon blog du chemin. Il n’est pas très fun. Je préfère le nôtre, même s’il est loin d’être parfait. Je reprends la main difficilement, tente une nouvelle mise en page. Il me reste bien peu de jours pour le rendre capable d’accueillir un nouveau chemin. Je vais voir ce que je peux faire…pourquoi je m’y mets si tard? Parce que jusqu’à il y a peu, je ne pensais pas écrire de blog spécifique. Échaudée par un retour d’expérience difficile en 2018, je ne voulais pas publier quoi que ce soit sur le chemin au-delà d’un cercle très restreint. Mais, il y a ma petite fille, mes amis les handicapés. Pour moi le chemin, c’est une expérience de vie solitaire, mais aussi une envie de partage.
Cet après-midi, je l’ai passé avec mes amis les handicapés, comme tous les vendredi. Je leur ai parlé du blog. Ça me plaît de partager avec eux.
Et ce soir les copines!
La voix de Lilie
Un départ, des retrouvailles, une journée haute en émotions.
Mon frère repart dans son île. Il est heureux là bas, plus qu’ici. Il est triste de nous quitter mais heureux de rentrer chez lui, ce chez lui qu’il a construit depuis 2 ans au bout du monde. Moi je suis seulement triste. La parenthèse dorée de cet été entre frère et sœurs dans notre maison d’enfance s’achève terminal 2E à roissy. Déjà fini. Le temps passe trop vite maintenant, à peine arrivé, déjà parti. A peine 50 ans, déjà 60….
Heureusement ce soir, presque toutes les graines se retrouvent pour passer la soirée. Les graines ont choisi un bar d’été, éphémère comme on dit aujourd’hui, dans le parc floral. Banquettes, chaises, chaises longues, baraques à tapas, sangria. Nous sommes ravies de nous retrouver et chacune raconte ses vacances, ses sorties, ses petits. Les joies, les bobos à l’âme, nous sommes à l’écoute les unes des autres. Que ça fait du bien de se retrouver.
Dans le parc, pas très loin du bar, un orchestre joue du jazz. Pour ne pas le perturber la musique s’écoute au casque que chacun peu mettre sur ses oreilles. Concept bizarre. Certains dansent sur la piste dans un silence absolu. Vers 22h, le concert de jazz se termine et commence la soirée musicale. Nous dansons un moment jusqu’à ce le rap nous ramène vers notre table où nous reprenons nos discussions jusqu’au moment de repartir et d’attraper un des deniers rer. Tiens, il y a longtemps que je ne l’avais pris.
Aujourd’hui j’ai enfin pu rencontrer mon dernier petit fils. Il est si petit. Sur les photos il paraissait trop grand, trop gros, comme un bébé de 6 mois. Là je vois un tout petit, comme je les aime, abandonné dans mes bras. De jolies petites oreilles, des mains fines avec de tous petits ongles au bout. Il est tranquille, ne pleure que quand il a faim. Il vient de si loin, d’un désir si fort et d’une aventure incroyable. Ses parents sont déjà fous de lui. Un troisième petit enfant pour moi, que je vais aimer infiniment comme les 2 premiers.
Dans son visage, sa bouche m’impressionne, je sais qu’il va bien et qu’il n’en souffre pas, mais c’est quand même impressionnant et ça me fait mal pour lui. La bouche est importante dans notre regard sur l’autre. Elle porte les sentiments, miroir de nos ressentis, elle dessine l’expression. Il n’aura pas le temps de souffrir du regard des autres et j’espère que mon fils et sa femme n’auront pas à souffrir non plus du regard des inconnus sur leur bébé différent.
Il nous faudra attendre 6 mois pour découvrir son vrai visage.
La voix de Graine
Aujourd’hui, le gris est revenu, ça faisait longtemps…
Ce matin, j’ai rendez-vous chez le médecin pour trouver une réponse à mes démangeaisons. La réponse ne me plaît pas. Le médecin soupçonne des puces de lit. Je sors sans aucun traitement. J’ai rendez-vous samedi matin avec un dermatologue pour confirmer le diagnostic. La réponse ne me plaît pas pour de multiples raisons. La première, c’est comment m’en débarasser si la maison en est infestée? Je dois prévenir le centre où je les aurais vraisemblablement attrapées. Mon mari, mes petits, est-ce que je ne les ai pas contaminés? Pour mon médecin, je les ai laissées là bas, les bébètes, mais, clairement, si le diagnostic est confirmé, je vais partir du principe que la maison est infestée et ma famille potentiellement impactée. Mieux vaut en rire et se retrousser les manches, même si ce n’est pas drôle, que faire d’autre?
Cet après-midi, j’ai rendez-vous pour mes papiers d’identité, à la mairie du XIième. Mes pré-demandes sont scannées. Renouveler mes deux pièces d’identité ne me prend pas plus de 15 minutes. Aucune resaisie n’est nécessaire. Ici, c’est Paris tout de même! J’ai une pensée pour toi, Lilie, qui a tant galéré pour tes papiers. Ce doit être la faute de l’Informatique…
A mon retour, nous avons la visite de la Mamie de notre petit fils, l’autre Mamie, celle du Mali. Elle vient récupérer des affaires qui étaient restées chez mon fils. Mon mari fait une pause dans son télétravail et nous partageons une bière avec quelques crackers bio. Nous papotons un moment. Elle est déçue de l’accueil fait par sa fille, la Maman du petit. Elle le vit mal. Je sais que c’est réciproque, ma belle-fille est remontée contre sa Maman qui ne s’occupe pas assez du petit à son sens. Inconsciemment ou consciemment, elle lui en veut de ne pas être plus présente. Mère et fille sont toutes les deux dans un moment difficile. Ma belle-fille est débordée, mon fils travaille tout le temps, la nuit surtout, et le jour, il dort. La charge mentale, la pression, la pandémie, le travail épisodique…Comme beaucoup de femmes avant elle, elle met en avant le soin et le bien être de son enfant au détriment de sa vie professionnelle. Une Maman qui devient Mamie avec des filles qui quittent une après l’autre le foyer – sur quatre, il n’en reste plus qu’une au Mali à présent – une fille qui assume seule son rôle de Maman et trouve lourde la charge de ce petit, adorable certes, mais combient accaparant, la distance entre l’une et l’autre, tous ces éléments ne facilitent pas la communication mère/fille. Le temps, je pense, permettra à l’une et l’autre de se repositionner, de prendre leurs marques, d’accepter, de réagir…
En fin d’après-midi, je fais mon yoga. Ma web-cam ne fonctionne pas. Je suis le cours sans visage et sans voix. Qu’importe, je fais mon activité physique.C’est plus que nécéssaire. Je suis nouée de partout.
Ce soir, après avoir gribouillé trois phrases sur le blog, je fais un atelier d’écriture avec ma copine qui occupe ma maison à la campagne .
Je suis tellement contente, Lilie, que tu aies pu serrer ton petit fils dans tes bras. Au vu de tout l’amour qui lui est donné à ce petit, je ne m’inquiète pas pour son futur. Quelques soient les difficultés à venir, il rayonnera, j’en suis sûre et se moquera bien du regard des autres.
Tu as raison, Lilie, la vie nous use et nous gnognote. Peut-être est-ce pour cela que je me sens de plus en plus en incapacité de faire les choses, parce qu’on nous en demande toujours plus. Et si encore, c’était pour nous faire avancer, pour nous donner du sens, mais non, c’est toujours sans intérêt – pour nous, du moins – et abscons.
Aujourd’hui, malgré une nuit exécrable, je m’active avec plaisir. Le soleil me fait du bien. Il me stimule. C’est un vraie belle journée de soleil, avec une belle lumière qui donnent envie de vivre.
Je commence par un message aux Graines, je fais la lessive, je reprends la préparation de mon sac, je passe au marché, fait un détour par l’appartement de ma fille pour y déposer un courrier….
Avant le déjeuner, je me fais une grande séance de yoga, respiration, méditation, qui me détend et me redonne de l’énergie. Je me questionne, « sachant quel bien ça me fait et combien j’en ai besoin pour juguler mon stress, pourquoi n’ai -je pas repris le yoga plus tôt »? Il y a des moments , c’est comme ça, on sait ce qu’on devrait faire, mais on ne le fait pas…
Préparer le repas du soir et aussi la ratatouille pour demain, l’après-midi passe aussi vite que le matin. Je n’ai pas épuisée ma « To do list ». Mais mon sac est quasiment fait. Il pèse 7,5 kg. Je suis fière de moi.
La voix de Lilie
J’ai peu dormi cette nuit, 5h tout au plus. Du coup, un café avalé avec mon fils, il part, je me recouche un peu sur le canapé. Difficile de démarrer. Toute la journée je m’éparpille, dans mes pensées, dans mes actions, dans mes idées. Il me semble qu’à force de passer du temps sur les écrans à swapper d’un sujet à l’autre, le cerveau finit par fonctionner de la même façon en automatique. J’essaie de lister tout ce que j’ai à faire, en même temps je reponds à un mail ou deux, je réfléchis aux repas à prévoir, aux courses, finalement je reviens à ma liste, et j’ai oublié ce que je veux écrire.
Cette semaine je passe mes après midi chez ma fille pour garder son chat en télétravaillant. C’est tranquille, on se retrouve toutes les deux, elle se love sur mon cahier pour bien montrer qu’elle prend la place et que je dois m’occuper d’elle. Elle ronronne, je me concentre sur l’écran, c’est apaisant. Bien plus qu’un flex office…
Bb est rentré ce soir chez lui avec ses parents. J’ai préparé un plat pour eux pour ce soir, mais j’ai compris qu’ils veulent rester seuls. Je passerai demain faire sa connaissance.
Aujourd’hui, je passe à nouveau la journée avec ma petite fille. C’est une grande à présent, 6 ans déjà. Elle est de plus en plus autonome. Elle joue et s’occupe toute seule. Elle se rend compte qu’elle va devoir faire seule de plus en plus. Alors de temps en temps, elle fait le bébé, une manière de réclamer l’attention. Je me souviens, quand ma fille a su lire, elle a continué à demander sa lecture du soir jusqu’à ce que son petit frère ait acquis une autonomie en lecture. Elle avait besoin de ce moment privilégié, de son moment à elle.
Le 2 septembre, jour de départ pour l’Espagne pour moi, ma petite fille rentrera au cours préparatoire, la grande école, pour apprendre à lire et à écrire.
La journée passe vite. Petit déjeuner, jeux au square, déjeuner…Dans l’après-midi, je dépose la petite chez son Papa qui squatte un appartement de copains pas très loin de chez nous. Nous sommes contents de nous retrouver seuls, ce soir, mon mari et moi, chez nous, pour nous occuper de nous.
Être parent, c’est se sentir mal quand nos enfants vont mal, se sentir mieux quand nos enfants vont mieux…Mais nous ne devons pas oublier de vivre pour nous. Sinon, qui le fera?
La voix de Lilie
S’occuper de nous, tu as raison. S’il nous reste un peu de temps. Grignoté par le travail, encore un peu pour moi, par les enfants – garder les petits, le chien, le chat, aller faire une course pour eux, s’inquiéter, se rassurer – et surtout grignoté par la société qui nous demande de faire- et souvent refaire- le travail des salariés qu’ils n’ont plus: remplir les formulaires, suivre les dossiers, payer, subir les erreurs de traitement. Que reste-t-il ? Une miette de lecture, un zeste d’écriture. Encore, sans vraiment se poser. Plus le temps passe plus il me semble court, une journée ne dure qu’un instant, le temps de s’éveiller il est l’heure de se coucher. Aujourd’hui qu’ai-je bien pu faire pour moi ? Un peu de sport et le moment d’une douche. Heureusement il y a le bonheur de faire pour les autres, un repas pris à deux, un gateau pour mon fils qui rentrera tard, un lit dans sa chambre d’enfant.
J’ecris assise sur une chaise, dans la cuisine pour charger mon téléphone en même temps. A mes pieds, mon chat qui ne me quitte jamais, allongée par terre car je suis comme toujours assise de travers et il n’y a plus de place sur la chaise; son ronronnement m’apaise. Dès que je regagnerai le canapé, elle viendra se lover sur mon ventre et quémander des caresses.
Après une nuit hachée menu – les démangeaisons me réveillent et me tiennent en éveil une partie de la nuit – je me lève tard, mon mari est déjà sur le pas de la porte, près à partir pour le boulot. Je déjeune calmement en tête à tête avec moi-même. Ma petite fille dort encore. Elle apparaît soudain dans la cuisine, la mine réjouie. C’est son anniversaire aujourd’hui. Je suis la première à le lui fêter. Je lui prépare son bol de lait aux céréales. Au petit-déjeuner, c’est ce qu’elle préfère.
Hier soir, nous avons lu un livre sur les châteaux forts. Ce matin, je lui propose une visite du château de Vincennes. Ce n’est pas loin. Cela fait un bail que j’ai envie de visiter le château de Vincennes et sa Sainte Chapelle, et pour le coup, à l’origine, c’est un château fort. C’est entendu, nous partons en visite cet après-midi. Ce matin, c’est quartier libre.
Nous mangeons de bonne heure, puis direction Vincennes. Nous nous inscrivons à une visite guidée. C’est un guide, tout de rose vêtu. Je découvre Charles V, Charles le Sage qui a été un artisan majeur du château de Vincennes. Le premier homme important de Vincennes est Louis IX ou St Louis, qui rendait la justice à Vincennes…La visite est passionnante. J’apprends beaucoup, mais en histoire, mes lacunes sont tellement importantes que je vais tout oublier. Le guide tient compte des enfants, montre des illustrations, explique… La petite s’intéresse et suit vaillamment. Cette escapade à Vincennes nous prend une grande partie de l’après-midi. La petite revient avec une couronne.
Nous rentrons rapidement. Nous avons le gâteau d’anniversaire à faire. Le papa de la petite nous rejoint et nous faisons le gâteau tous ensemble.
C’est ma fille qui nous reçoit pour l’anniversaire de sa fille. Elle met les petits plats dans les grands, fait son maximum. Entourée de ses parents et de ses grand-parents, la petite est heureuse. Elle rentre chez nous dans les bras de son Papa, qui se sauve à son tour. Nous avons laissé ma fille seule avec son chien. La petite dort chez nous ce soir. Son Papa ne pouvait pas la garder.
Je termine cette journée satisfaite. Ma peau irritable et irritée ne m’a pas empêchée d’offrir une belle journée d’anniversaire à ma petite fille. Je me suis aussi résolue à prendre rendez-vous chez le médecin. Je ne peux pas partir sur le chemin sans avoir un vrai diagnostic, et pourquoi pas un traitement.
La voix de Lilie
Bon anniversaire petite fille, la joie d’avoir un an de plus quand on est enfant, la joie de se savoir grandie. Bientôt la grande rentrée, c’est un bel âge. On garde déjà des souvenirs de cet âge là, ceux qui nous ont marqué en bien ou en mal. Une belle journée d’anniversaire, une belle visite de château, une couronne de reine. Notre rôle de leur offrir de beaux souvenirs. Une belle idée que cette visite, moi non plus je ne l’ai jamais faite, je garde l’idée pour dans un an ou 2.
La reprise du télétravail se fait en douceur. Le mois d’août est bien entamé, mais la plupart des salariés sont encore en congés. Dont une grande partie des responsables.
La journée est bien meilleure qu’hier, mon fils va mieux, il a retrouvé le moral, sont bébé se porte comme un charme. Un dernier examen, espérons demain, et ils pourront enfin rentrer. Du coup moi aussi je vais mieux, l’angoisse desserre son étreinte. Ce soir je dormirai mieux.
C’est très angoissant d’être en milieu hospitalier. A tout vérifier on finit par trouver des problèmes qui sans ça seraient passés inaperçus. Mes enfants ne sont pas allés en néonat, peut-être avaient ils des problèmes, personne n’en a rien su et tout le monde s’en est bien porté. Bien sûr c’est leur rôle de tout vérifier, donc il faut prendre son mal en patience.
Un dimanche sous le signe des petits-enfants. Nous avons petit-fils jusqu’au déjeuner et petite fille à partir de 17 h.
Entre les deux, nous déjeunons et nous faisons la pause.
Je me traîne. Je n’ai toujours pas résolu mes problèmes de démangeaisons. Je pense que j’ai rajouté une allergie au problème initial. Comment un problème mineur peut entraîner un mal être et une gêne à ce point, c’est difficile à concevoir. Mais c’est un fait. Cela me pourrit le jour et la nuit.
Petif fils est câlin et mignon. Je fais la grasse matinée avec lui jusqu’à 9 h 30. Je n’ai pas le courage de le sortir au square. Nous restons jouer à l’intérieur. Et comme ses parents ne sont toujours pas là en fin de matinée, je lui prépare le repas de midi. Je me remémore nos départs en vacances avec les deux petits. C’était le bon temps, nous étions jeunes et plein d’entrain, mais quel boulot pour réussir à lever le camp, tout préparer, laisser la maison propre.
Ma petite fille était avec son Papa aujourd’hui, elle réclamait sa Mamie. Demain, c’est son anniversaire. Six ans, déjà. C’est avec moi qu’elle veut faire son gâteau d’anniversaire. Par contre, c’est ma fille qui fera le repas. J’ai besoin de me ménager.
Je n’aime pas ces jours où je manque d’entrain. Avoir mes petits enfants m’oblige à m’activer malgré tout, mais c’est dur! Ce soir, c’est la pleine lune, pour de vrai cette fois. Je voudrais bien qu’elle m’amène un peu de répit rapport à mes bobos.
La voix de Lilie
Je nous trouve tristes chacune. Mal à avancer. Qu’est-ce qui nous ronge ? Qu’est-ce qui nous manque ? Un petit coup de fil nous fait du bien.
Je m’inquiète. Je ne suis pas sereine. Tellement de tristesse cette année. Comme le temps, la vie est grise. J’attends mon fils, j’ai besoin de le sentir près de moi pour lui redonner confiance. C’est dur de ne pas pouvoir les accompagner dans cette naissance. Dur de l’écouter de loin, dur d’attendre des nouvelles, dur de détecter son ressenti dans ses messages. Dur de le sentir angoissé sans pouvoir rien faire.
Aujourd’hui, c’est un samedi de chassé-croisé entre nos enfants. Ma fille rentre avec sa petite en fin d’après-midi. Mon fils part demain matin. Ce midi, nous déjeunons avec mon fils et sa famille. Puis mon fils part travailler tandis que ma belle-fille prépare les valises. Tu devines facilement, Lilie, qui garde le petit. Mon fils viendra le récupérer demain matin au moment de partir. Je suis contente de l’avoir. Il va me manquer ce petit. Je ne vais pas le revoir avant mon retour du chemin.
Après le déjeuner, nous partons en balade avec la poussette, histoire que le petit fasse sa sieste. Et mon mari a repéré un jean qu’il veut acheter. Le petit se réveille sur notre trajet de retour, une fois l’achat effectué. Nous faisons la pause goûter Place des Vosges. Les parisiens sont rentrés. Les rues sont à nouveau animées et remplies de monde. La semaine prochaine, ce sera pire.
Une fois le goûter pris, je me dépêche de rentrer. Je dois acheter des glaces et préparer le repas.
Quand j’arrive, les filles sont déjà au pied de l’immeuble. Mon.mari ne tarde pas. Les cousins sont contents de se retrouver.
Le jeu, le repas, le bain entre cousins, la phase de préparation au sommeil…La routine. Je ne suis pas contre un endormissement rapide. La nuit dernière, j’ai passé une mauvaise nuit. J’espère que les produits vendus par la pharmacienne en traitement des mycoses vont améliorer la prochaine.
La voix de Lilie
Ce matin le soleil fait une petite apparition qui me permet de garder le moral. Je fais une seance de stretch, la première depuis un mois. L’idée est de se reprendre en main avant mon départ en Sardaigne dans 15 jours. Alimentation, boisson, sport. Vaste programme.
Je prends mon café dehors puis je me mets au jardinage pendant que mon mari tond la pelouse. Rattraper un mois d’absence. Je taille les rosiers, désherbe dans mes plantations, traite le buis qui s’est encore fait attaqué par les chenilles. La clématite fait grise mine, je ne sais pas si je la sauverai.
L’après-midi on s’occupe du chat de notre fille en vacances. Et le soir, dîner chez ma belle mère.
Bb va bien, mon fils envoi des photos et nous faisons même notre première vidéo. C’est émouvant de le voir bouger, je languis de pouvoir le toucher.
Je passe le détail des lessives, rangement de valise, brossage de mon chat. Cette première journée de retour très occupée et en même temps l’euphorie des vacances ensoleillées qui retombe. Je repars dans 15 jours, je dois supporter le gris jusque là, et qui sait peut-être fera t il beau.
Au réveil les nouvelles sont bonnes, Bb a bien dormi et n’a plus de tuyaux branché. Il s’alimente seul, petite dose par petites doses. Ça fait du bien après la journée d’angoisse que nous avons vécu hier. Les parents peuvent commencer à profiter du bonheur de cette naissance. Mon fils a envoyé des photos. En cette période covid, voilà notre seul lien avec notre petit fils. Pour les autres naissance, nous nous étions tous précipités à la maternité, là il faut attendre leur sortie pour le voir et le prendre dans nos bras. Une naissance, ça va, mais pour le reste quelle période inhumaine. Les malades, les mourants se retrouvent abandonnés à leur sort dans les hôpitaux avec très peu ou pas de visites. Comment accélérer la guérison dans ces conditions où l’on rajoute la, souffrance morale à la souffrance physique.
Après une bonne heure de détente dans le spa, départ pour la maison. Je profite du trajet pour appeler amies, famille, et prendre des nouvelles des uns et des autres. Le trajet passe plus vite ainsi. Mon fils envoie des photos et des discussions démarrent sur whatsapp.
A notre arrivée, je fonce dans le jardin où mes plantations du printemps ont disparues sous les hautes herbes. En attendant que mon fils finisse le ménage de son mois de célibat, j’arrache les herbes pour retrouver mes fleurs. Certaines ont bien pris, d’autres ont disparu. Le mauvais temps et le manque d’entretien ont abîmé beaucoup de plantes. Je suis triste pour elles. En même temps ici, je veux dire chez moi, rien ne pousse ou presque. Un mois de vacances et tout est moitié mort. La vigne si belle l’an dernier est jaunâtre, les raisins atrophiés, le buis mangé par les chenilles, la clématite mourante, les boutures de rosiers mangées par les bêtes. Dedans, le manque d’eau a eu raison de quelques boutures. Bref. J’arrive à peine et ça me dégoute. Pourtant il fait beau, ce qui est déjà très bien.
Je m’occupe de mon chat qui a également souffert d’un manque d’entretien… Elle est heureuse de me voir, me fait plein de calin. Je la brosse et lui coupe toutes les bourres de poils qu’elle a sur le dos. Ça fait un trou mais que faire, c’est inextricable. Elle a des boutons d’allergies, je lui remets du produit à puce. Je verrai demain pour traiter mieux. Je vais la laisser tranquille pour ce soir.
Nous partons ensuite pour aller embrasser notre fils en bas de la clinique. Nous discutons un moment des 2 journées intenses qu’ils viennent de vivre. Puis nous repartons en passant par la pizzeria du quartier pour manger un morceau avant de rentrer.
Je refais le lit, une machine tourne, je fais les comptes et je termine ma journée en regardant un reportage sur le groupe Queen. C’est la première fois depuis 5 semaines que je regarde la télévision. Je vais continuer à faire à minima. Sans actualités, moins de stress, moins d’angoisse. Vivre à son rythme, en accord avec soi même, sans faire de mal à personne.
La voix de Graine
Bébé est né. Il va bien et il s’alimente bien. Qu’y a t’il de plus important? La vie est belle, Lilie. Assurément, ton absence a nui à la bonne santé de ta maison, de ton jardin, de ton chat. Mais comment faire? Tu as été absente longtemps, tu ne pouvais pas être à deux endroits à la fois. J’imagine que tu espérais mieux du gardien des lieux…
Quand je retrouve ma maison à la campagne, j’ai souvent des mauvaises surprises. Sans aucun doute, un lieu de vie a besoin de présence, de soin et d’amour, tout comme nous, mais nous sommes bien obligés d’établir des priorités…
Ce vendredi, je démarre par le ménage, je termine le nettoyage de mes vitres et enfin je sors faire quelques courses en préparation de mon départ et aussi quelques courses alimentaires.
Cet après-midi, je vais passer un moment dans ma résidence d’handicapés. Ici aussi, ça sent les vacances. La télévision est allumée, les activités sont a minima. Pas de sortie prévue, nous sommes trop peu nombreux. Je montre des photos de mes petits et de mes vacances. Eux me montrent des photos de leur sortie à Thoiry. Une employée prépare la valise d’un résident. Certains d’entre eux ont la chance de partir en vacances, mais c’est loin d’être le cas de tous.
Une nouvelle résidente est arrivée. Elle remplace un résident qui est parti dans un autre établissement du même groupe. La nouvelle résidente est jeune, bien plus jeune que la majorité des résidents du centre. Elle a de beaux yeux clairs et une mine enjouée. Plus mobile, plus autonome, elle amène un coup de jeune au groupe. Ma résidente favorite n’est pas là. Elle est allée voir sa Maman atteinte d’Alzeihmer à la maison de retraite.
Nous jouons au ballon, sortons sur la terrasse profiter du soleil. Je tente une lecture, mais ça ne prend pas vraiment…
Ce soir nous sommes invités chez ma copine. Elle et son mari vont partir dimanche ou lundi pour le tarn où ils vont habiter chez nous à la campagne. Notre maison est une vieille maison avec des installations qui ne sont pas sécures. Je ne suis qu’à moitié rassurée, mais je suis contente que la maison puisse accueillir des occupants. Une maison, c’est fait pour ça. Ce n’est pas fait pour rester vide.
Quand nous rentrons de notre soirée, la lune, pleine nous accompagne tout au long du parcours. Je réalise avec plaisir qu’aujourd’hui, j’ai fait tous mes trajets à vélo. Ma tendinite de De Quervain n’est plus qu’un mauvais souvenir. Quelle chance! Par contre, j’ai attrapé un « je ne sais quoi » qui me fait me gratter. C’est insupportable et ça commence à durer. Pourquoi faut-il qu’il y ait toujours un grain de sable qui nous pourrit le quotidien!
Pour changer, aujourd’hui, le ciel est gris…Rassures-toi Lilie, un week-end ensoleillé, incluant le vendredi, s’annonce. Le soleil sera là pour accueillir ton petit qui va bien finir par arriver!
Aujourd’hui, je garde mon petit-fils. Ma belle-fille me l’amène un peu avant midi. En prévision, j’ai préparé le repas à l’avance pour être entièrement disponible pour lui. Mon mari est là aussi, il télétravaille. S’occuper de petit-fils, c’est du plein temps. Il déménage. Sa première activité est de rapatrier au salon ses jouets favoris: le camion, la machine à laver, le cheval à bascule qu’il appelle le bateau, le chariot pousseur. Il connaît bien la maison, il a ses repères. Il dit au revoir à sa mère déjà tout occupé à jouer.
Nous passons à table. Il ne mange guère. Mais le bidon a déjà l’air bien replet. Ce n’est pas la peine de s’inquiéter. Le petit déjeuner a dû être tardif ou copieux ou les deux à la fois. Dans sa chambre, il veut aller dans son lit, il adore. Sauf que c’est juste pour jouer à dire coucou, à se cacher. J’espère toujours qu’il va s’endormir d’un coup, mais ce n’est pas son genre. Après le lit, nous nous mettons au dessin. Je scotche sur le parquet une grande feuille (format raisin) récupérée de mes premiers travaux à l’atelier Martenot – du recyclage utile. Mon petit choisit ses couleurs, trace des traits, fait des cercles, fait des points. C’est étonnant de le voir faire. Ça dure un temps, puis il faut passer à autre chose. Je vois bien qu’il est fatigué. Je lui propose la poussette et la balade. Il n’est pas long à s’endormir. Comme il ne fait pas chaud, je le couvre et je le laisse dormir au square. Quand le square commence à se remplir d’enfants qui ont fini leur sieste, je rentre pour qu’il continue à dormir. Raté, il se réveille sitôt la porte de l’appartement franchie.
Nous prenons le goûter, petit-fils n’est toujours pas affamé, puis nous repartons au square pour jouer cette fois-ci. Depuis quinze jours, il a pris de l’assurance. Il gère très bien le tobbogan à présent. Il se tient pour monter, prend le temps de s’asseoir avant de glisser. Il avise une petite fille qu’il croit reconnaître, l’appelle, lui touche les cheveux, tente de lui faire un câlin.. Il n’arrête pas. J’ai du mal à dialoguer avec ma fille au téléphone et à le surveiller en même temps. Heureusement, mon mari a fini sa journée. Il vient me seconder.
C’est déjà la soirée. Le soleil arrive enfin, il est temps! Le président de mon association jacquaire m’appelle. Ce matin, je suis rentrée en conversation avec une journaliste du pélerin qui organise des conférences sur le chemin de St Jacques, en relation avec notre association. Je me suis portée volontaire pour participer à une table ronde sur le sujet « comment raconter son chemin ». Elle cherchait un bloggueur.
La voix de Lilie
Les valises sont bouclées, ne rien oublier des papiers pour traiter de loin, un regard sur la maison. Je suis triste de partir. Heureusement je vais retrouver mes enfants et ce tout petit qui va arriver.
Première étape de la route à Lyon dans un hôtel avec spa extérieur où l’on a nos habitudes. Cela fait quelques années que nous l’avons découvert et noys adorons nous y arrêter. Une bonne baignade dans les vasques extérieures avant d’aller dîner en ville. Ce soir ce sera la brasserie Georges. Tres vieille institution créée par un alsacien brasseur de bière. Bière et choucroutes pour ceux qui aiment et pour les autres, dont moi, toutes les spécialités lyonnaises et quelques classique de brasserie. Le restaurant est très vaste, très haut de plafond, ambiance Chartier. On y mange bien. Après le repas on serait bien allé promener mais nous sommes inquiet sans nouvelle de notre fils depuis 2 heures.
Nous rentrons à l’hôtel.
Petit fils numéro 3 est né ce soir. Il va bien mais il a besoin de soin en néonat. Nous avons finalement notre fils en fin de soirée pour nous rassurer.
Chaque soir elle grossit, chaque soir je la regarde traverser la fenêtre. Elle met moins d’une heure à passer d’un côté à l’autre. Je ne pensais pas qu’elle voyageait ausdi vite. Ici on peut dormir fenêtre grande ouverte et j’adore cette sensation de respirer dehors lorsque je m’endors. C’est le dernier soir où je peux en profiter, demain nous repartons vers le nord avec une escale à Lyon. Je connais l’hôtel, on ne dort pas le nez au vent.
Le mistral s’est levé depuis 2 jours, et aujourd’hui il est particulièrement fort. La piscine à perdu 5 degrés et personne n’a envie de s’y baigner, les cigales ont arrêté de chanter. On sent que l’été fait une pause et qu’il est temps de rentrer. J’angoisse un peu de laisser la maison car elle a toujours été habitée, puis je pense à ta maison Graine, et je me rassure en sachant que tu la retrouves toujours en bon état. Mon neveu n’est pas loin, ma sœur pas trop non plus. Ainsi va la vie. Son créateur, son père, mon père est parti.
Ce midi nous avons déjeuné mon frère, mon mari, ma mère et moi dans une brasserie de la ville. Puis nous sommes allés prendre le café à la maison. C’est la première fois que ma mère y revient depuis son déménagement il y a 20 ans. C’est émouvant pour elle de revoir ces lieux, de découvrir des endroits qui n’ont pas changé, d’autres aménagés différemment, du mobilier inconnu. Nous ne voulions pas repartir avant de l’avoir amenée.
Ce soir, dernier repas chez ma cousine avec son fils et sa femme, mon frère, mon neveu, mon mari. Une belle brochette familiale pour une plancha party. Le temps s’écoule vite. Je sais qu’il faut rentrer. Je n’ai juste pas envie.
Côté bb, les choses bougent un peu. Ils ont intégré la maternité suite à la perte des eaux. Mais toujours aucune contraction 2 jours après le terme.
Le temps de cet article, la lune est à mi parcours de la fenêtre. Il me reste encore du temps pour l’admirer.
La voix de Graine
Ce matin, je me lève sur un jour gris, une journée vide. Des choses à faire, j’en ai plein, mais il n’est pas question de remplir la journée de choses insignifiantes et sans intérêt. Mon moral n’y survivrait pas. Je sors pour m’aérer, j’achète le pain. Je me fixe comme objectif de ma journée de préparer mon sac pour partir. C’est une tâche concrète, une manière pour moi de me mettre dans les starting block du départ .
Un coup de fil de ma copine, et je prends mon vélo pour aller faire une balade avec elle autour du Port de l’Arsenal. Nous parlons de nous, de l’été, de nos activités estivales. Elle revient d’un séjour sur l’île de Batz avec des adolescents. Un séjour fatigant, mais riche.
Je rentre tard, déjeune sur le pouce. Et je me mets à la préparation de mon sac. Je veux partir légère, éviter d’emporter « je ne sais quoi » pour « le cas où ». Je pèse mon sac, il fait 6,5 kg. Je suis contente de moi, mais je dois rajouter tout de même de la crème pour les pieds notamment et quelques autres choses incontournables. Mais c’est comme quand je peins, je dois apprendre à m’arrêter, ne pas me perdre dans une multiplicité d’objets hétéroclites qui pourraient s’avérer utiles si …Le coupe-vent, la doudoune, la couverture de survie font d’ores et déjà partie des objets exclus.
Ce soir, j’ai rendez-vous avec deux graines. Nous allons dîner dehors, avec les conjoints. Ici, pas de lune à observer. Depuis ce matin, le ciel reste obstinément gris. Cependant, il ne fait pas froid. Nous mangeons dehors, Cour St Emilion, côté jardin. C’est bon et les serveurs sont sympathiques. Un désagrément cependant, proche de nous, il y a une plaque de métal mobile qui résonne et bouge en faisant un bruit épouvantable dès qu’un vélo ou une voiture passe dessus. La ville c’est comme ça, même côté jardin, il faut faire avec le bruit.
Après un début de matinée frisquet, mais ensoleillé, la grisaille revient …décidément, cet été est pourri à Paris. Le soleil n’est vraiment pas généreux en région parisienne.
Ce matin, j’ai mon créneau de travail à ma coop. La coop est à l’image de Paris cette semaine, rues désertes, vitrines baissées. Dans ma coop, ce matin, aucune livraison n’est prévue, il n’y a ni pain ni oeufs, les rayons fruits et légumes sont quasiment vides, les clients sont absents. C’est la première fois que je me retrouve désoeuvrée dans un créneau de travail. J’en profite pour aiguiser ma curiosité et repérer des produits que je ne connais pas. Je renvoie un message sur whatsapp à ma fille pour remplacer le MMS que lui ai envoyé hier soir et qu’elle ne peut pas lire avec son forfait minimaliste.
Une petite pluie fine m’accompagne à la sortie du magasin. Ce midi, je prends le temps de déjeuner. Puis j’appelle mon fils. En arrière plan, j’aperçois petit fils qui râle. Il doit avoir grand faim. Fille et petite fille répondent à mon message en m’envoyant plein de petits coeurs et plein d’amour. Les filles rentrent de vacances samedi.
Au téléphone, les graines se succèdent. Nous reprenons le fil de nos conversations. Se voir avant qu’elles repartent, c’est essentiel. Le téléphone, c’est bien, mais ce n’est pas suffisant tout de même. Tu vas rentrer, Lilie, elles vont repartir, et puis ce sera mon tour…Comme des fourmis, nous nous affairons, gesticulons, besognons, chacune avec nos occupations, préoccupations, contraintes, loisirs aussi, une liberté de bouger que n’ont jamais eue la plupart de nos amies afghanes. Et celles qui l’ont eue un jour ne l’auront plus demain assurément.
J’appelle ma soeur, très occupée car elle a sa fille en vacances. Je nettoie mes vitres. Je fais de la crème d’ail. J’imprime ma liste en vue de préparer mon sac…Je m’active avec entrain, le temps passe vite.
Dans le Var, la forêt, la nature brûlent. Comme en Grèce, il y a un mois, comme au Maroc. Est-ce réellement dû au dérèglement climatique? Comment savoir? Une jeune fille de 13 ans se jette à l’eau pour sauver un jeune enfant tombé à l’eau. Elle veut devenir infirmière et pompier. Je pense à toi, Lilie. Ce type de nouvelles me plaît et me rassure. Il y a toujours eu des gens bien, courageux, généreux et il y en aura toujours.
Et pour toi, Lilie, il y a ce bébé qui arrive et ton fils qui s’apprête à devenir Papa.
La voix de Lilie
Il fait nuit, la demie lune brille de tous ses feux dans le ciel. Depuis plusieurs jours, ou plutôt plusieurs nuits je la regarde traverser le ciel. Elle grossit peu à peu, sera pleine dans quelques jours lorsque je serai rentrée chez moi. En attendant, elle semble tout proche tellement sa lumière est forte. C’est une lune au périgée. Je peux presque voir les cratères dessinés sur sa surface. Comme un oeil dans ce ciel noir, un oeil qui regarde la terre avec bienveillance, elle m’accompagne dans la nuit. Fenêtre ouverte, couchée dans mon lit, je la regarde veiller sur moi et traverser insidieusement ma fenêtre de gauche à droite. Tout à l’heure elle sortira de mon champ de vision. Est-ce elle ou moi qui promène dans la nuit ? Qui tourne autour de qui ? Le ciel est très noir, mais cette immense demie lune crée un halo de lumière intense, une lampe. Ma lampe de chevet.
Elle sera pleine le 22. D’ici là, bb sera-t-il né ? Bb joue les prolongations. Terme dépassé depuis hier. Surveillance rapprochée maintenant.
Aujourd’hui je suis passée voir petit fils et petite fille qui sont en vacances près d’ici. Ils se jettent dans mes bras, c’est adorable. Petite fille commence à parler. Ça change de petit fils qui ne disait pas un mot à presque 3 ans ! Elle dévore le melon (qu’elle nomme gateau) quand il en suçotte à peine un morceau. Petit fils ne mange aucun fruit cru depuis sa naissance. Cette année il a croqué un morceau de pêche. Un seul. Alléluia ! Ces deux petits me font fondre d’amour.
En dehors de ça, j’ai imprimé tous les justificatifs demandés et envoyés toutes les lettres suite au dc de mon père. J’ai bien compris que j’allais devoir m’en occuper. Bah, je suis l’aînée on va dire….
Aujourd’hui, c’est le retour du gris. Mais il n’est pas question que je me laisse envahir par la grisaille. Malgré une envie molle, encouragée par mon mari, je prends mon sac à dos, et je pars pour une randonnée de préparation dans le bois de Vincennes.
Je prends mon temps. Je pars un peu tard.
Les talibans de retour en Afghanistan, le tremblement de terre en Haïti, le rapatriement en métropole des antillais en réanimation pour cause de Covid….L’actualité n’est pas vraiment gaie, pour ceux qui la reçoivent, mais c’est pire pour ceux qui sont concernés. Je pense aux femmes afghanes. Elles ne vont pas être à la fête. Question bonnes nouvelles, c’est le calme plat.
Il fait un temps agréable pour marcher. La température a chuté de 10° depuis hier. J’ai même droit à quelques petites averses fines qui m’obligent à ouvrir ma cape de pluie et à la ranger aussitôt. Je marche sans conviction et sans beaucoup d’entrain, mais je marche, c’est l’essentiel.
Pour rentrer, je fais un crochet par le fin fond du 20ième près de la Porte des Lilas pour retirer un colis qui vient d’être livré, une nouvelle pédale pour ma machine à coudre. C’est le mois d’août, les points de livraison se font rares.
Je rentre tard, très tard. J’ai faim et et je n’ai pas envie de me faire à manger. Je mange sur le pouce, en regardant la suite de la mini série que nous avons regardé hier soir « Enigme de Flatey « . La série se passe en Islande. Je ne suis jamais allée en Islande. J’ai envie d’y aller. C’est un pays sûr, peu peuplé, avec une nature magnifique.
En fin d’après-midi, repassage, cuisine, il faut bien reprendre le rythme du quotidien.
La voix de Lilie
Le vent s’est levé et la température a chuté ici aussi de 10 degrés. Le soleil brille encore. La semaine commence par le vidage d’une armoire dans le garage. Autrefois cette armoire trônait dans la chambre de mes parents, elle abritait leurs vêtements, un tiroir au milieu contenait des boutons de manchette et boites à bijoux. Aujourd’hui elle n’a plus de pieds et git ainsi dans le garage. A l’intérieur point de bijoux et encore moins de boutons de manchette, ça ne se fait plus, seulement un ramassis vêtements de travail, vestes de pompiers bleux de chantiers, kimonos de judo, casquettes, ceintures, draps que l’on emballe pour le secours populaire. Encore faudra-t-il les emmener sachant que l’on repart bientôt.
J’ai réservé notre hôtel spa à Lyon pour jeudi soir, signe de notre prochain retour sur la région parisienne. Je n’ai pas envie, l’idée de la grisaille me terrifie. Je sais bien qu’il faut rentrer mais je n’arrive pas à me réjouir de revoir ma maison. Je suis bien ici. J’ai eu la chance cette année de pouvoir rester très longtemps ici, grâce si l’on puit dire, à la maladie de mon père.
Le soir nous sommes invités chez des amis que nous connaissons depuis des décennies. Nous avons vu naître et grandir nos enfants, nous parlons de nos petits enfants. Nous vivons les mêmes étapes de vie. Vie qui passe de plus en plus vite, bobos en tout genre qui commencent à se manifester ça et là.
Ils ont deux poules en liberté dans leur jardin. Elles animent, mettent de la vie à les regarder picorer ça et là, et leur donne 2 oeufs chaque jour. De plus en plus de gens ont leur propre poules, je me demande si l’idée n’est pas à suivre pour mon jardin.
Un dimanche d’Août, chaud et tranquille, à la maison, sans les enfants. La chaleur rend le temps immobile. Aujourd’hui, nous vivons au ralenti.
Ce matin, mon mari va courir, moi, je range mes affaires, je lance les lessives, je reprends possession de mon espace de vie habituel. Pas de peinture ce matin, ni de croquis, ni de dessin.
C’est mon mari qui fait la cuisine pendant que je termine mon rangement. Au ralenti, le jour s’étire sans bruit. En fin d’après-midi, je ressens le besoin de bouger. Aller acheter le pain, regarder le programme du cinéma d’à côté, arroser les plantes de de ma fille…j’ai surtout besoin d’aller dehors pour prendre l’air, marcher, et pourquoi pas boire un verre. Il fait chaud, lourd, le temps tourne à l’orage. Nous nous posons sur une terrasse. Le passe sanitaire, ici, ne nous est pas réclamé. Autres lieux, autres moeurs, je ne sais que penser.
Je repense à cette semaine que je viens de passer. Une parenthèse de beauté, de création, de partage. Et entre deux, des plongeons dans une mer magnifique. Une vraie cure de jouvence. Partir m’a fait du bien. J’ai repris confiance en moi, en ma capacité de bouger, de faire. Je me sens plus forte. En quelque sorte, ce séjour sur la côte d’azur et ce voyage aller/retour, seule, m’ont préparée à mon départ en Espagne. Et c’était plus que nécessaire. Espérons que je vais pouvoir conserver cette énergie intacte jusqu’à mon départ. Cette coupure a fait du bien à notre couple aussi. Nous sommes contents de nous retrouver. Nous nous sommes manqués, et le manque fait du bien.
Profite bien de ton séjour dans le sud, Lilie.
La voix de Lilie
Il fait encore très très chaud aujourd’hui, aussi nous fonctionnons tous au ralenti. Le rangement prévu aujourd’hui sera pour demain. La piscine nous attire, l’eau y est tellement bonne et raffraichissante. Je me baigne plusieurs fois, longtemps. Des allers retours. Je suis à la place de mon père. Il aimait tellement se baigner. Jusqu’au tous derniers jours il a pris son bain quotidien. Je ne réalise toujours pas qu’il est mort. Mort. Un de ces mots que l’on n’ose plus employer, comme aveugle, sourd. Mort. Pour toujours. Une nouvelle étape de vie qui s’ouvre devant moi. La maison que l’on va bientôt fermer. Qui veut la vendre, qui veut la garder. Pour la première fois de son histoire, elle restera sans être habitée. Comment cela va-t-il se passer ?
Ce soir ma fille et celle de mon frère viennent dîner à la maison avec leurs maris. J’ai préparé une ratatouille avec les légumes offerts par le voisin ce matin. Les hommes font cuire la viande au barbecue. Vers 22h, un feu d’artifice est tiré en ville sur les bords de la rivière. Nous le regardons tous ensemble depuis le chemin qui mène à la maison. J’adore les feux d’artifices depuis toujours et cette année je n’ai pas encore pu en voir un seul. Alors même de loin, je savoure. D’être ensemble sur ce chemin à regarder ce spectacle me remplit de bonheur. Cette nuit, une demi lune promène dans le ciel. Nous la contemplons tous au moment de se quitter. Les filles repartent continuer leurs vacances chacune sur son lieu de villégiature, je reverrai ma fille chez nous dans deux semaines.
Mon nouveau petit fils se fait toujours attendre. Le terme officiel est demain. Dans la famille on accouche toujours en avance, du coup c’est troublant de voir une grossesse aller si loin. Bébé est bien au chaud. Mon fils continue son apprentissage de la patience, il attend, chaque jour qui passe. A partir de demain, les choses vont forcément bouger.
Aujourd’hui, c’est le départ. Tristesse de se quitter, envie de se retrouver chez soi, fatigue d’un séjour dense et chaleureux, dans tous les sens du terme, tout se mêle dans nos têtes et nos corps.
Après le petit déjeuner, nous décrochons nos œuvres, nous nous disons au revoir, nous bouclons les valises, rendons les clés. Chacune part de son côté. Quelques unes d’entre nous restons déjeuner au centre, histoire de se simplifier la vie. Je ne prends l’avion qu’à 20h. Jusqu’à Nice, nous faisons voyage à deux. Après avoir déposé nos bagages à la consigne, nous allons boire un verre avenue Jean Medecin. Nous devons montrer le passé sanitaire. C’est une première pour moi. Nous croisons une manifestation contre le passe sanitaire. C’est gentillet et tranquille, une promenade bruyante sous le soleil qui brûle aujourd’hui. A Paris, les manifs me font peur, il y a trop de monde. Ici, l’ambiance est bon enfant. Nous ne nous sentons pas en danger. Nous remontons la manifestation à contre courant jusqu’à la place Massena sans aucune difficulté. Puis Nice oblige, nous nous dirigeons vers la promenade des Anglais, histoire de voir la mer…
Remonter à la gare pour prendre la valise, laisser la copine attendre son train et me voici seule avec mon bagage, je marche vers la plage. Je vais dire au revoir à la mer.
j’achète un pain bagnat pour ce soir, et retourne me poser sur la promenade des Anglais. Je retrouve la manifestation dans mon dos face à la promenade. La plage est bondée. Non, je ne vais pas me baigner. C’est trop compliqué aujourd’hui. Pour bien faire, nous aurions pu y aller ce matin. je suis assise à l’ombre en surplomb de la mer, arrosée régulièrement par une brume rafraîchissante. J’attends tout en rêvassant. C’est bien de n’avoir rien à faire. Sur la mer, des voiles de parachute ascensionnel tirées par des bateaux colorent le ciel de rouge, de bleu, de jaune…
La voix de Lilie
Rentre bien Graine, fait bon voyage. Lapsus révélateur que de montrer son passé sanitaire ! Notre passé était bien plus sain que notre présent. Pas de douleurs dans notre jeunesse, pas de pandémie non plus.
Ce matin je suis allée à la poste faire le transfert du courrier de mon père vers mon adresse. Un miracle, j’avais tous les papiers nécessaires avec moi. Je crois que je commence à avoir de bons reflexes ! Dans cette poste, c’est le conseiller qui vient vers vous pour vous demander ce dont vous avez besoin. Il ne reste pas derrière son comptoir, il (en l’occurrence elle) vous accompagne pour remplir ou signer les documents. Je trouve cette approche très agréable. En espérant pour les conseillers qu’il n’y ait pas trop de clients mécontents ou violents. J’ai posté mes 5 premières lettres, il m’en reste 6 ou 7 dont je n’ai pas pu imprimer les justificatifs à joindre.
Après ce travail du matin, place à la détente. La baignade est indispensable, chaleur oblige, il fait 37 degrés, puis nous partons en voiture (toujours chaleur oblige) pour le mont ventoux. 1910 mètres, 10 degrés de moins au thermomètre, voilà qui fait du bien. De la haut, le paysage est grandiose. La chaleur rend l’atmosphère presque brumeuse. Je repère tout en bas les villages que nous avons traversés dans notre randonnée il y a 3 jours.
Au retour nous nous lançons dans la recherche d’un endroit oublié depuis très longtemps. Nous mettons notre persévérance à l’épreuve. Notre couple fonctionne mal dans cet exercice. Je ne veux pas lâcher, mon mari s’agace parce qu’il ne trouve pas assez vite. Enfin après avoir tourné une bonne demie heure, l’endroit est retrouvé. Nous sommes heureux et mon mari est très fier d’y être arrivé. La persévérance paie. J’aimerais que cet expérience nous serve pour retrouver l’envie de faire des choses ensemble malgré les embûches que l’on peut rencontrer. Aujourd’hui, la moindre anicroche nous fait renoncer et ça me désole.
Il fait très très chaud aujourd’hui. La canicule est prévue pour 4 à 5 jours. Les nuits sont trop chaudes pour bien dormir. Même toutes fenêtres ouvertes, un mince filet d’air frôle mes jambes de temps en temps. Je me suis endormie tard, je me lève tôt.
Le voisin nous a donné des oeufs frais, et chaque matin je me fais un œuf coque avec des mouillettes au petit déjeuner. C’est délicieux, pour commencer la journée.
Avec cette chaleur, je passe beaucoup de temps dans l’eau ou au bord de la piscine. Je lis une revue ou 2. 2008, l’élection de Barack Obama, 40 pages spéciales, 1987, Isabelle Adjani dément les rumeurs de sida. Des publicités pour des voitures depuis bien longtemps parties à la casse ou des téléphones portables dernier cri, aux oubliettes. On devrait lire plus souvent ces anciennes revues qui montrent combien ses produits vantés sont dépassés et comprendre combien le seront aussi ceux vantés aujourd’hui.
Ce soir il y a un spectacle sur la place de la mairie. Nous avons réservé une table de 6 au restaurant sur cette même place pour faire diner spectacle. Au programme, un show de 2h30 sur les chansons des années 80, 90. Cette musique a le don de mettre l’ambiance et de donner la pêche. Malgré la chaleur, je vais danser un moment pour profiter pleinement de la musique. Je ne peux pas rester assise comme le font beaucoup de spectateurs. Cette musique se danse. Ensuite évidemment je suis en nage et je bois des litres d’eau. Nous rentrons vers 1h du matin. Le ciel est dégagé, je guette un moment les étoiles filantes, mais non, je ne vois rien. Peut-être aussi que ma vue a baissé.
Ce soir je pense beaucoup à mon père. Certaines images ont du mal à partir de ma mémoire. Je sens quelquefois sa présence. J’aurais aimé qu’il me dise qu’il nous laisse sa maison, je me serais sentie plus légitime, mais il n’était pas du genre à parler. Il n’a rien dit pendant tout ce temps où il s’est vu descendre vers la fin. Je sais ce que j’aurais à faire et à dire à mes enfants le moment venu si j’en ai le temps. Peut-être même que je l’écrirai d’avance, au cas où. Quelles idées bizarres avant de dormir. Sûr que ça va faire de l’insomnie ça.
La voix de Graine
Dernier jour de stage, j’en profite. Je m’installe dans le parc pour peindre sur une feuille emn format demi-raisin. C’est si beau ici.
il y a le bleu du ciel et de la mer, les pins parasols, les cyprès, les oliviers, les orangers, les agaves, les laurier-roses…Ce n’est pas en région parisienne que je vais retrouver ces couleurs, dominantes vert et bleu, avec quelques soupçons d’oranger, de rose, de rouge, et des gris aussi. J’aime les gris quand ils sont lumineux comme ici. Une dernière fois, je veux m’en mettre plein la tête. C’est compliqué de peindre dehors. Le soleil tourne sans arrêt, et se mettre à l’ombre est indispensable. Le soleil cogne fort ici encore plus aujourd’hui. La chaleur est écrasante.
Après le petit déjeuner, nous avons fait le choix des oeuvres pour l’exposition de ce soir avec notre professeur. Ce matin, et en début d’après-midi, elle fait l’accrochage avec l’aide de quelques-uns pendant que les autres, dont moi, dessinons ou peignons encore.
Une fois l’accrochage terminé, nous descendons à la plage toutes les deux, mon professeur et moi. La baignade nous rafraîchit, nous fait du bien. Nous remontons vite car nous avons rendez-vous au théâtre du centre avec le directeur. Il il nous explique la création du centre et du théâtre. Il nous parle du fondateur, Jean Moreau, de Jean Cocteau qui est l’initiateur et le concepteur du théâtre. Tous deux hellénistes éclairés, hommes de culture portés par leur envie d’éduquer et de faire progresser les jeunes, ont conçu et construit ce lieu magique. A écouter le directeur, nous sommes une majorité de seniors, question de jauge, les adolescents ne sont pas présents. Initialement, le centre a été crée pour favoriser la rencontre, le partage et l’éducation des jeunes. En fait, quand nous apprenons, nous restons jeunes.
Après le théâtre, nous nous rendons â la cantine où a lieu le vernissage. Du rosé et du jus de fruit nous accueillent. L’une d’entre nous fait un discours. Nos œuvres sont là, exposées sur le mur du fond de la cantine, au dessus des dessins inspirés de Cocteau.
Après le repas du soir, nous repartons au théatre assister à la représentation des stagiaires de l’atelier théâtre » La dispute » de Marivaux.
Après le spectacle, à nouveau, nous repartons en direction de la plage avec quelques uns. Je me contente de me mouiller les pieds, et en les écoutant nager, j’écris mon blog qui,comme le sable et l’eau sous mes pieds, glisse et s’évapore. Je n’ai pas dû publier correctement…A refaire, mais pas ce soir, il est vraiment trop tard et je suis épuisée de cette journée riche. Comme toi Lilie, les nuits sont courtes ici; il fait tellement chaud.
Ce matin, je fais des petits formats à l’encre. Le résultat n’est pas extraordinaire, mais j’y prends plaisir. Toujours sur un fond de musique.
A midi, il fait très lourd et l’orage menace. En fait, il pleuvra trois gouttes. Après le repas, avant de me poser un moment dans ma chambre, je brieffe mes deux copines qui sont parties ce matin à la gare de Monaco pour modifier un horaire de train. Je leur ai pris du papier et de l’encre pour qu’elles puissent travailler pendant la pause.
Cet après-midi, nous attaquons les arbres et les écorces ….pas tout à fait une réussite pour moi. Alors, je m’attaque à la « tête de chien », nom qui rocher qui surplombe Le Cap d’Ail. Cela fait plusieurs jours que je louche dessus.
La journée se termine par la baignade. En 3 jours, c’est devenu le rituel du soir, après le petit rosé du repas. Nous sommes entre filles. Que font les filles quand elles marchent, elles papotent, de tout et de rien, de leur vie, des enfants, de leurs envies…
A côté de moi, des jeunes stagiaires, des ados, j’espère qu’ils ne vont pas faire la fête cette nuit. Ce sont des musiciens. Ils viennent de tous les pays.
Promis, tu verras mes œuvres Lilie, mais j’attends la séance « retouche » de demain matin. Demain soir, nous exposons à la cantine du centre! Un grand jour pour la célébrité à venir…
La voix de Lilie
Même format de journée qu’hier. Télétravail le matin, temps libre l’après-midi. Je passe à la mairie pour récupérer des certificats de naissances, je fais la liste des papiers qu’il me faut joindre aux courriers à envoyer.
Une des agences immobilières vient nous rendre la première estimation de la maison. Moi qui ai l’habitude des tarifs en région parisienne, je suis estomaquée. Ma maison en carton pâte vaut deux fois plus cher que cette grande maison en dur avec un immense terrain et une piscine. Il est vrai qu’il y a beaucoup à faire pour la remettre au goût du jour. Quand même, la qualité n’est rien à côté de la valeur du site lui même.
Le soir, ma fille vient avec toute sa belle famille et nous passons une très belle soirée. Petite fille se baigne avec moi, elle adore l’eau. Petit fils a peur. Il ne s’approche pas de la piscine. Les enfants jouent avec des jouets que j’ai repéré dans les armoires cette semaine. Les grands profitent de cette chaude soirée d’été, barbecue bien arrosé au programme du soir.
Je suis heureuse de voir la maison revivre, même si j’ai encore quelquefois l’impression d’être une usurpatrice. Je me sens bien en province au soleil. Je me prépare doucement à l’idée de rentrer la semaine prochaine. Très doucement. Très difficilement.
C’est déjà mercredi, comme le temps file vite quand le soleil brille et les activités prenantes…
Aujourd’hui, au programme, peinture sur grand format – format raisin – ou demi raisin, je ne sais plus. L’installation prend une plombe. Notre professeur nous a déniché des chevalets et des supports. Il faut trouver sa place, aller chercher le chevalet, l’installer…Et quand on veut se mettre au travail, le soleil a déjà tourné. Deux possibilités, soit on s’accroche à sa vue, on se déplace à l’ombre mais on passe son temps à faire des va et vient pour retrouver le modèle, soit on change de vue…Mais le soleil tourne vite. Le grand format est prévu la matinée, il me prend la journée, et pourtant, je fais du rab pendant la pause de midi.
Mais aujourd’hui, je suis contente car j’arrive vraiment à me mettre dans ma peinture. J’y suis à fond. Comme je suis sur un passage, je vois passer du monde. Ils s’arrêtent, discutent, me prennent en photo. Côté son, il y a tout à côté l’atelier théâtre qui répète puis en fin d’après-midi un nouveau groupe d’ados musiciens. Entre la nature sublime, le soleil, le ciel bleu, la musique et les papotages avec ceux qui passent, la journée est dense, mais bien agréable. Nous peignons à la gouache. C’est non polluant et ça se nettoie très facilement.
Après le repas du soir, c’est descente à la plage et baignade sous un beau croissant de lune pour quasiment tout le groupe. Avec notre bain d’hier soir, nous avons fait des adeptes.
Une journée bien remplie qui se termine. Demain sera un autre jour. Courage pour le travail, Lilie, profite du soleil et de la piscine.
La voix de Lilie
Un ami de mon père passe ce matin et nous apporte des croissants pour le petit déjeuner. C’est vraiment très gentil de sa part. Ce type est extraordinaire, je le connais depuis toute petite, le le vois toujours pareil. Bavard, enjoué, mille choses à faire et à raconter. Depuis toujours il dort 3h par nuit. Il doit occuper tout le reste du temps. Il a bien eu comme toutes les personnes de son âge son lot de maladies mais il les raconte vite fait comme des anecdotes entre deux activités plus palpitantes. Hier il a fait une soupe au pistou pour 15 personnes et 100kg de tomates en coulis, bocaux, stérilisation. Alors ce matin il se repose, il est venu nous rendre visite comme il le faisait pour mon père. J’aime ces personnes très âgées qui restent dans la vie, dans le mouvement.
Je laisse tout ce petit monde pour aller faire ma demi journée de travail chez ma mère. Elle est contente que je passe chaque matin. Pour elle, c’est coiffure à domicile ce matin. Elle sort très peu, quelques courses chaque jour, elle s’est retirée dans son appartement. Elle ne veut plus marcher, mal aux pieds, ne supporte ni le chaud ni le froid ni le vent ni la pluie. Elle voudrait qu’on l’emmène avec nous, mais que faire dans ses conditions ? Contempler l’horizon sans bouger un jour de tiède printemps.
Il fait très très chaud aujourd’hui, je regagne mon bord de piscine en début d’après-midi. Le soir nous voulons aller diner dans la ville d’à côté où il y a plein de petits restaurants. Hélas c’est jour de marché nocturne, il y a foule, les restaurants sont bondés et dans chacun d’entre eux des musiciens et des chanteurs mettent l’ambiance. Trop de bruit, trop de monde pour nous. Nous repartons bredouille. Sur la route du retour, nous nous arrêtons dans une guinguette. Il est 21h30. Trop tard, le service est fini. Horaires de province. Nous rentrons à la maison dîner sur le pouce en admirant les étoiles. Demain ce sera la nuit des étoiles filantes. Ce soir le ciel est bien dégagé, pourtant je n’ en aperçois aucune. Comme toi Graine je revasse devant ce joli croissant de lune.
J’espère bientôt voir tes œuvres, l’idée de peindre devant des gens m’impressionne, je n’oserais pas moi. Tu fais toujours de ces trucs toi alors. Tu es très forte !
Soleil voilé et chaleur…sur la méditerranée, ailleurs c’est encore bien froid et humide. A partir de demain, « la goutte froide » en a fini avec la France et va sévir ailleurs. Il est prévu qu’il fasse chaud et lourd à peu près partout pendant plusieurs jours. Je ne sais pas ce qu’il en est de la canicule dans les pays de l’Europe du sud. Ma fille qui est en vacances dans le nord de l’Italie a très chaud.
Ce matin, je me réveille à 4 h, l’effet vin blanc d’hier soir sans doute. Une cigale est entrée dans la chambre par le vasistas. Elle n’arrive pas à sortir. J’ouvre tout en grand, mais ça dure. Et je ne me rendors pas.
Aujourd’hui, il fait presque trop chaud pour dessiner et peindre. Le tablier de protection, indispensable pour la peinture, tient chaud. Nous cherchons tous l’ombre.
Après le repas, je tente la sieste, qui ne vient pas bien sûr. Il fait trop chaud. Je n’ai pourtant pas le courage de descendre à la plage.
Nous reprenons l’atelier à 16 h. Il fait toujours aussi chaud et lourd. Je peine à m’y mettre. A ne pas respecter les consignes, je gagne un gage: une bouteille de rosé à acheter!
Après le repas du soir, direction la plage. Il n’y a plus personne, se baigner est un régal. L’exercice me fait du bien. Au retour, j’ai ma petite-fille au téléphone…
La voix de Lilie
A partir d’aujourd’hui et jusqu’à vendredi, je dois travailler. Trop dur pour moi. Je pose tous les après midi. Cette année incroyable m’aura au moins offert ça. 3 mois dans le sud au soleil, du printemps à l’été. Depuis le 14 juillet, je n’ai travaillé que 2 jours. Bien sûr il y a eu des moments très durs, mais aussi le soleil et cette impression d’être tout le temps en vacances. Libre. Sans quotidien. Sans réfléchir à quoi manger, à quoi faire pour se distraire. Tout est tellement plus, simple lorsqu’il fait beau. Une terrasse à l’ombre, une promenade, un peu de musique, une rivière, une piscine pour se raffraichir. Rester dehors en permanence, bouquiner une vielle revue à l’ombre d’un arbre. Voir les uns les autres passer, discuter un peu, se baigner.
Aujourd’hui c’est aussi le jour où des agents immobiliers viennent estimer la maison. Il y a 3 semaines mon père y vivait et voilà que nous devons déjà sauter dans une nouvelle réalité tellement improbable. Quelquefois je me demande si je rêve tellement cette réalité me semble impossible à admettre. Tout va tellement vite. Il est là, il n’est plus là. Tout ce qu’il possédait est resté sans lui et soit disant nous appartient. Comment intégrer ça après les mois que je viens de vivre.avec lui. Je reste en phase de sidération je crois. Est-ce que le temps peut s’arrêter une seconde que je puisse regarder le paysage ?
Dessin ce matin et cet après-midi, baignade à 14 h (1/2 h pour descendre à la plage, 1/2 h pour remonter), concert à 18 h 30 à Monaco, resto à 21 h 30 ce soir…
je revis…Déjà, il y a le soleil, généreux. Il y a le cadre, paradisiaque. Il y a l’environnement, magique, il y a la stimulation des copines…
Ce matin, je dessine sur un fond de violon – les jeunes s’entraînent, préparent leur concert. Que rêver de mieux. Pour autant, cela ne me rend pas meilleure en dessin, mais qu’importe.
Après le repas de midi, je suis tentée par une sieste. Mais les copines voudraient bien descendre à la plage…et je connais le chemin que notre professeur m’a montré hier..alors je descends me baigner.
Un peu de dessin entre deux, puis en fin d’après-midi, nous ne résistons pas à l’envie de voir le spectacle que nous avons vu hier soir au théatre du centre ,à Monaco sur le Rocher, face à la mer au théâtre du fort St Antoiñe. L’envie, le désir, ce moteur qui stimule et qui fait avancer. Pour aller à Monaco en fin d’après-midi, nous avons pris un sentier qui descend raide, puis 2 bus. Nous étions à l’heure pour le concert. Au retour, nous sommes rentrées en bus. Je me sens revivre.
La voix de Lilie
Incroyable ce que le soleil peut nous mettre en joie. Un zeste de copines, de distraction et hop, le moral est au plus haut.
Ce matin départ pour une grande randonnée dans les baronnies, sous la face nord du mont ventoux. L’endroit est magnifique, le chemin serpente et nous emmène au village de Brantes, perché au dessus des gorges du Toulourenc. Le village, tout en ruelles escarpées et en escaliers de pierre offre une vue sur la vallée du Toulourenc au fond et sur le Ventoux en face. Au dessous du village, le petit cimetière dessine un cercle autour de son église. Puis des escaliers descendent jusqu’au bord de la rivière. Il est l’heure de déjeuner lorsque le chemin rejoint la route pour 2km de bitume. Zut. Heureusement dans un virage, la route se rapproche de la rivière et nous trouvons un joli coin au bord de l’eau pour pique niquer. Le chemin monte dans la pieraille pour retrouver le col où la voiture est garée. Il fait très chaud, il est 14h, je viens de manger et la pente est raide. Je ne sais ce quel est le facteur le plus déterminant ou s’ils se sont rajoutés. Je n’arrive plus à avancer. Je me sens mal. Limite syncope. Ai je perdu la forme ? Suis-je malade ? L’angoisse m’envahit. Le cœur ? Je fais de multiples pauses, je m’assoie, je bois, je regarde l’avancement sur la carte, j’évalue le reste à monter. Enfin après de multiples arrêts, j’arrive en haut. La forme revient instantanément et je finis la randonnée tranquillement. Je ne suis pas contente de moi. Est-ce que je vieillis ? Ai je le cœur malade ? Est-ce que je pourrais encore monter lorsqu’il fait moins chaud ?
Le soir nous allons retrouver nos petits enfants qui sont en vacances tout près de chez nous. Je suis si heureuse de retrouver mon petit poussinet et ma poupette. Elle se jette à mon cou et ses grands yeux bleus et ses petits bras tendus vers moi me font fondre. Petit fils me montre la maison et passe un moment dans mes bras, il commence à peser bien lourd, mais c’est si bon de l’avoir encore un peu, que je prends sur moi. Aie demain le dos….
Lever à 5 h, départ pour l’aéroport à 6 h, enregistrement à 7 h 45, décollage à 8 h 15, atterrissage à 9 h 40. Mon petit sac est humide…l’éludril, mon désinfectant pour les dents a coulé. Passage aux toilettes dès l’arrivée pour rincer tous les produits, enfermer la trousse coupable. J’en profite pour me déshabiller, il fait 25 °, ça change de Paris. Il n’y a presque plus personne devant l’arrivée des bagages…ma valise arrive. Ouf A présent, direction la gare St Augustin. La zone aéroportuaire, ce n’est pas fun, mais il fait beau. Des travaux partout. Je suis obligée de demander ma route pour trouver la gare. La gare est fermée et 2 automates sur 3 ne fonctionnent pas. Il y a la queue devant l’unique automate. L’automate n’est pas convivial, je tâtonne, je ne trouve pas la gare que je cherche, la queue s’allonge, je me sens bête. Tant pis, j’indique la gare suivante. Habituellement, je ne suis pas très futée et le manque de sommeil n’arrange rien. Hier soir, je ne trouvais pas le sommeil, l’excitation du voyage sans doute. De fil en aiguille, le trajet pour rejoindre le centre me prend plus de temps que prévu! J’arrive au centre vers 12 h 30 après quelques montées de marche. Cap d’Ail est à flanc de montagne. La gare est en bas, le centre où je fais le stage est en haut. J’arrive en nage, mais j’y suis et malgré l’heure tardive je peux déjeuner sur place. Il fait soleil et Je suis en vacances.
S’installer sans sa chambre, aller chercher sur le compte de la sécu le certificat de vaccination qui va bien qui va bien, prendre une douche et se poser…
L’arrivée d’une nouvelle particpante est l’occasion de descendre au centre ville, minuscule, de prendre un verre pendant que la dernière arrivée déjeune, de descendre sur la plage prendre un bain. Le bain fait du bien, l’eau est bonne même s’il y a du vent et des vagues.
Après la descente,, il faut remonter…Je suis vannée. Les participantes arrivent, s’installent, prennent leurs marques.
Le site est magnifique. Ce soir, les jeunes en stage la semaine dernière font un concert dans le théâtre Jean Cocteau du centre. Le théâtre, avec vue sur la mer, a été décoré par Jean Cocteau, restauré par notre professeur d’Arts plastiques.
Vite se coucher pour être en forme demain pour bien démarrer le stage.
La voix de Lilie
Bravo pour ce voyage réussi malgré quelques couacs. Tu vois bien que tu n’es pas si nulle que ça Graine. La plupart d’entre nous, les femmes, avons tendance à nous croire incapables de faire les choses seules. Surtout celles comme nous mariées depuis longtemps. La vie à deux nous fait oublier que l’on peut fonctionner seule. Puis on s’imagine ne plus savoir faire et on n’ose de moins en moins. Pourtant toi, qui marche seule très loin, très longtemps, tu devrais te sentir forte. Maintenant que te voilà arrivée à bon port, passe de bonnes vacances et profite bien de ton stage.
De mon côté, le soleil étant revenu, petite marche (à deux) le matin pour se dégourdir un peu les jambes et tenter de limiter la casse au niveau du poids. Les repas ici sont trop longs, trop riches, trop arrosés. Lorsque nous mangeons en compagnie, nous avons tendance à manger plus. A la campagne, dans son quartier, l’anonymat n’est pas de mise, tout se sait. Pendant notre marche, nous croisons une vieille tante, puis un cousin. Qui pourront raconter que nous marchons le matin.
Le midi nous partons déjeuner avec ma mère et mon frère dans une guinguette au bord de l’Ardèche. Brochette, frittes, glace au menu. Puis nous restons un moment sur la plage, à regarder la rivière. Comme chaque fois, je m’ennuie. Je ne sais quoi dire, de quoi parler. Il me semble que je me renferme de plus en plus. Je ne sais plus trouver de sujet de conversation, je n’ai rien à raconter. Je ne trouve rien d’intéressant à dire. Peut-être que ma vie est trop terne pour en tirer quelque chose qui puisse intéresser les autres. Peut-être que rien ne m’intéresse plus et donc je n’ai plus rien à dire. Je somnole sur ma serviette de plage en réfléchissant à ça. Ma mère est à côté de moi. Je devrais en être heureuse pourtant je reste sur mes gardes. Je crains ses sautes d’humeur. Je suis triste de ne pas pouvoir être plus proche d’elle.
Pendant que tu savoures ce temps précieux dans la maison de ton enfance avec ton frère et ta soeur, je prépare activement mon départ pour mon stage.
Aujourd’hui, c’est ménage, lessives, marché, impression des documents de voyage, valises, en préparation de mon départ tôt demain matin. Pas le temps de me poser, mais qu’importe, demain je pars. Cette escapade me fait déjà du bien, un avant goût de mon chemin de Compostelle. Cela fait un an et demi que ne nous sommes quasiment pas lâchés, mon mari et moi. J’ai vraiment besoin d’air. J’ai besoin aussi de vérifier que je suis capable de voyager seule et d’arriver à bon port.
Dans l’après-midi, ma professeure d’Arts Plastiques m’appelle pour me donner quelques indications complémentaires. « C’est gentil », lui dis-je, « tu t’occupes de nous comme si nous étions des ados… »Ceci dit, ses tuyaux sont sympas et utiles, ils m’offrent des alternatives pour arriver au centre en terme de transport. Je déjeunerais peut-être avec elle et d’autres articipants déjà arrivés demain midi. Mais, je ne veux pas m’engager plus. Je verrais demain selon mon envie et ma forme – demain matin, le réveil est programmé pour 5 h!
Dehors, soleil, temps gris, averses, orages violents alternent. Impossible de laisser les fenêtres ouvertes. Curieux mois d’août. Tandis que les « gouttes froides » se succèdent sur une grande partie de la France, sur l’Allemagne et la Belgique, entraînant des inondations, les pays plus au sud sud souffrent de canicule et sont ravagés par des incendies dévastateurs.
Ce soir, j’ai préparé une soupe à l’ail. C’est la première fois que je me lance. Le résultat n’est pas assuré.
La voix de Lilie
Tu nous avais proposé de participer à ce stage avec toi. Et j’aurais volontiers accepté si ce n’était la période où mon petit fils doit naître. Ce doit être bien agréable d’allier vacances et cours de dessin. J’espère que tu vas enrichir notre galerie avec tes créations du moment. Tu auras aussi une belle lumière, à Nice il fera beau cette semaine.
Ici aujourd’hui il pleut. Qu’à cela ne tienne, nous avons des tonnes de papier à trier. Je m’y colle pendant que mon frère et mon mari rangent ou plutôt vident les armoires dans une des chambres. Je mets de côté les papiers utiles, et de l’autre les anciens qui ne nous serviront certainement pas. Tout cela nous prend toute la matinée. A la fin, je suis vidée comme si j’avais fait une journée de travail. Je suis contente car enfin tous les papiers sont triés. Il reste encore tellement de choses à faire que j’ai l’impression de ne pas avancer. Alors une petite étape, ça fait du bien.
L’après-midi, la pluie a redoublé d’intensité. Nous flanons en prenant le café. Après-midi détente. Puis nous partons faire quelques courses pour remplir un peu le frigo. Ce sera notre seule activité.
Nous prenons l’apéritif et le repas sous l’abri au bord de la piscine. Le temps s’est remis au beau. Le ciel offre des teintes rosées magnifiques en ce début de soirée.
Vendredi, fin de la semaine. Je ne l’ai pas vue passer celle-là. Entre ma randonnée lundi et mon petit zou le reste de la semaine, le temps s’est envolé. Même le temps incertain et maussade ne m’a pas beaucoup dérangé, comme quoi le ressenti modifie notre perception du temps, autant espace que météo…
Hier soir, petit-fils a vraiment été long s’endormir. Pour décompresser, je me suis couchée tard. J’aurais bien traîné au lit ce matin, mais pour ne pas être prise de vitesse, je m’active dès le réveil. Petit-fils me laisse le temps de faire l’essentiel, ce qui me permet de me consacrer entièrement à lui quand il se réveille, un peu avant 8 h. Sa maman commence à lui manquer. Dès que je ne suis plus dans son angle de vision, il me cherche et me réclame.
Ce matin, nous collons des gommettes, puis nous sortons en poussette faire un tour et acheter des crayons de couleur. Je n’en ai plus pour son âge. Pour le square, c’est râpé, une petite pluie fine s’est mise à tomber. Et petit fils fait un petit somme, toujours ça de gagné.
Ce midi, le repas est vite prêt. J’ai fait simple. Hier, j’ai trop galéré. Et petit fils se régale. Comme hier, nous terminons par la glace. Pour lui, il me reste un petit cône au chocolat. On peut dire qu’il apprécie, il en met partout…
L’après-midi est courte. Après le repas, nous jouons. Aux bulles de savon, aux ballons que je viens de gonfler… Quand il commence à s’énerver pour tout et n’importe quoi, je l’emmène en promenade, puis je me pose dans le square d’à côté. Il s’endort immédiatement et se réveille au retour. Sa maman vient le chercher à 16 h 30, pile l’heure prévue.
Ce soir, je retrouve ma tranquilité, et j’aperçois déjà, caché derrière la fatigue de ces derniers jours, l’ennui qui pointe son nez. Pourtant, je ne vais pas avoir le temps de m’ennuyer les prochains jours. Demain, je prépare mon sac et dimanche matin, je décolle à la première heure pour Nice. Je vais enfin prendre de vraies vacances avec du vrai soleil mais aussi de vraies journées de dessin et peinture. Vais-je être à la hauteur? Toujours cette question qui me taraude! Je n’ai pourtant rien à prouver à qui que ce soit.
La voix de Lilie
Hier soir, le sommeil m’a pris d’un coup et je suis tombée comme une masse. Ce matin je me réveille un peu plus tard que ces derniers jours. Après le petit-déjeuner, nous démarrons nos devoirs de vacances du jour. Ecrire les courriers pour les divers organismes. Une matinée plus tard, les courriers sont prêts. Ils faudra trouver comment les imprimer et ajouter les pièces justificatives, différentes pour chacun, avant de les poster.
Nous filons ensuite déjeuner tous les 3 chez ma mère. Mon mari reste pour garder la maison et surtout pour rester tranquille au calme.
Le reste de l’après-midi se passe au bord de la piscine à farnienter. Chacun son magazine, dix ou quinze an d’âge, dans lesquels nous relisons les potins et articles de l’époque avec le recul des années écoulées. En fin d’après-midi je dépose ma sœur à la gare, elle rentre chez elle ce week-end. Moi je n’ai pas envie de rentrer chez moi. Il fait si beau ici, les cigales chantent, on se laisse porter par la douce chaleur de l’air, on passe notre temps dehors, on profite de la piscine.
Cette semaine avec mon frère et ma soeur dans la maison de notre enfance, sans autre occupant que nous a une saveur particulière. Il n’y en aura peut-être plus d’autres, alors je savoure.
Aujourd’hui, je suis encore Mamie à temps plein. Seul changement, mon mari télétravaille. En théorie, c’est plus simple. En théorie seulement!
Petit fils fait son premier réveil vers 6 h 20. Je lui fais son biberon sans bien me rendre compte de l’heure. Il le prend avec nous, au lit. Et quand je réalise qu’il est bien tôt, nous nous rendormons, tous. Je reste au lit jusqu’à son 2ième réveil, à 8 h 30. Mon mari part en balade juste avant son télétravail. Je lui laisse le petit quelques minutes, le temps de prendre ma douche.
Ce midi, comme mon mari est là, j’ai prévu de faire une ratatouille avec du rôti de porc. Pas simple avec un petit loulou à suivre de près. Pour le découpage des légumes, ça le fait à peu près, mais pour la cuisson, c’est une autre histoire. Surtout que petit fils est un fan de la cuisine. Pas question qu’il joue tranquillement au salon. Je suis obligée de solliciter mon mari pour qu’il s’en occupe un peu. Mais bien sûr, petit fils est très mécontent.
Après avoir tout mis le repas en route, nous sortons avec la trottinette. Une première, la trottinette. C’est celle que sa cousine a utilisée de l’âge de 16 mois jusqu’à dernièrement. Petit fils a du mal à poser ses pieds sur le cale pied. Il les pose par terre ou sur les roues. Il faut que je regarde s’il n’y a pas un réglage de hauteur à faire. Ceci dit, c’est un apprentissage pour lui aussi.
Cet après-midi, je le sors en poussette au moment de la sieste. Il s’endort au bout de trois pâtés de maison. Pour ne pas rater le cirque, je ne voulais pas qu’il s’endorme à la maison. Nous nous posons dans un square. Je lis tandis que petit fils dort. Tout compte fait, le temps qu’il fait me convient bien. Il fait relativement beau, pas trop chaud, même un peu frais parfois. Pour un Paris au mois d’août, ce n’est pas si mal. On peut respirer au moins.
A 16 h 30, nous sommes au square. Nous prenons le goûter en face du cirque. C’est un tout petit cirque destiné aux enfants, des clowns surtout. Et quelques autres numéros, un de manipulation de lasso, un autre avec la fée Clochette qui fabrique des bulles de savon..Petit fils est fasciné. Par le bruit, par les autres enfants qui jouent, par les barbes à papa énormes… Nous partons à l’entracte. 1 h assis, c’est déjà beaucoup pour lui. Tant pis, nous ne verrons pas le numéro spécial Reine des Neiges.
Beaucoup d’énervement ce soir et l’endormissement est difficile. Je suis vannée, et pourtant, demain soir, c’est sûr, le petit va nous manquer.
Courage, Lilie, le départ d’un parent s’accompagne d’une kyrielle de tâches tout aussi délicates et peu engageantes les unes que les autres. Tu as cette chance inouïe, que j’ai eue aussi, de ne pas être seule. Même si c’est toi qui, sauf erreur de ma part, joue les chefs de file.
La voix de Lilie
Pour la première fois depuis bien longtemps je me réveille tard et surtout reposée. Ma sœur a apporté une pogne de roman avec des pralines, gâteau madeleine de Proust familial. Nous la dévorons avec appétit au petit déjeuner que nous prenons tous ensemble sous l’abri piscine. Le temps s’est remis au beau, ici le gris ne dure jamais bien longtemps.
Dans la matinée nous nous remettons à nos devoirs de vacances. Faire des papiers. Il nous manque toujours quelque chose, une adresse, un code, un document. On n’avance pas vraiment. Une fois le dossier complété, ma sœur passe chez le notaire et mon frère à la mairie. De mon côté je passe à la phase déblayage de la maison. Pièce par pièce nous devons séparer le grain de l’ivraie comme on disait autrefois.
Nous decidons de prendre l’après-midi pour nous détendre. J’ai repéré une randonnée dans des crevasses près de Grignan, 10km sans grande difficulté. Nous partons mon mari, ma, sœur et moi. La partie crevasses est très dépaysante, on se croirait dans la jungle, bien loin d’ici. Ensuite la randonnée passe au dessus des crevasses et la vue sur la plaine, le château de Grignan et les collines au fond est magnifique. La randonnée continue ensuite dans les champs de lavande, coupés maintenant, ce doit être magnifique fin juin lorsqu’elle est en fleur. Nous glanons quelques fleurs oubliées par les cueilleuses (automatiques à n’en pas douter) que nous passons sur nos bras. Le parfum est intense. Rien a voir avec celui de mes pauvres plans en région parisienne. Puis la randonnée serpente dans une forêt de chênes, blancs et verts, garrigue de thym, lavande sauvage, genévrier.
Après la balade, nous partons à Grignan pour prendre un verre avant de rentrer. Il y a beaucoup de touristes car Grignan est réputée par son château et sa dame de Grignan fille de madame de Sévigné. Le château est parfaitement conservé et sert d’écrin pour des manifestations et spectacles vivants tout l’été. Il se visite le reste de l’année.
Nous rentrons ensuite à la maison pour une soirée en famille.
Ta voix à nouveau Lilie. Ça me fait plaisir de t’entendre. Pour moi, il ya la vie d’aprèsCovid, pour toi, il y a maintenant la vie d’après le départ de mon père, qui prend le pas sur le reste. Même si tu ne vivais pas avec ton père, il était là, comme un marqueur du temps, comme un témoin. Maintenant, il n’est plus. Il te faudra du temps encore pour t’habituer. Est-ce qu’on s’habitue d’ailleurs à l’absence de ceux qu’on a aimés?
En dehors de la minute de philosophie qui me prend à l’instant, ma journée d’aujourd’hui est une journée de Mamie.
Petit-fils nous a fait une nuit complète. Il est en forme. Ce matin, nous faisons un tour au marché, puis nous allons jouer au square. Nous rentrons en fin de matinée, c’est déjà l’heure de faire le repas. Petit fils ne fait pas trop honneur au repas. Le goûter du matin était sans doute de trop. Mais tout de même, il réclame un dessert. Il a aperçu les petits suisses dans le frigo. Et il aime.
Après le repas, il a besoin d’une sieste. Mais, comment faire? J’appelle mon fils, le Papa, qui n’est pas encore parti travailler. Petit-fils reprend la pêche puis s’énerve à nouveau, réclame de monter dans sa poussette…J’ai besoin d’une pause, je le laisse ralouiller sans intervenir. Quelques minutes plus tard, je le retrouve endormi au travers de la poussette. Il ne me reste plus qu’à le prendre délicatement, à le poser doucement sur une couverture au milieu du salon, et voilà un bébé qui fait la sieste. Une sieste qui dure 3 h 30. Je voulais l’amener au cirque. C’est râpé pour aujourd’hui. J’essaierais demain. Il a même zappé le goûter cet après midi.
Pendant sa sieste, j’ai le temps de faire le ménage des photos dans mon portable et de faire la quiche pour ce soir. Nous sortons en toute fin d’après-midi au square avec mon mari. La journée est passée vite aujourdhui.
Le bain, le repas, le jeu …et bientôt le dodo. Je suis plus en confiance ce soir. Nous prenons nos repères tous les deux.
La voix de Lilie
Ce matin l’objectif est d’enclencher les démarches pour mettre notre mère à l’abri financièrement. Elle n’avait qu’une pension alimentaire, elle doit recevoir la reversion maintenant. Il faut retrouver les codes de mon père et créer les comptes client de ma mère. 2h rien que pour ça. Devant le nombre d’informations qui sont demandées, je pars chez ma mère remplir le dossier en ligne. Encore 2h. Le monde d’aujourd’hui est ainsi fait, que nous nous substituons aux salariés pour faire les saisies et monter les dossiers. 4h, et ce n’est pas terminé. Il manque des actes de naissance, demandés aussi en ligne mais qui seront envoyés par courrier. Allez comprendre la logique… 4h, non payées, un salarié en moins par dossier. Pauvre France, qui cherche des cotisations sociales et met ses salariés au chomage…
Pendant ce temps, mon frère crée un fichier partagé pour lister et suivre l’ensemble des démarches. La tâche est immense, la France est procédurière et rien n’est centralisé.
Je suis vannée lorsque je rentre à la maison. La nuit dernière je ne sais pas ce qui s’est passé, impossible de dormir. Je me suis endormie vers 4h, levée à 8. Alors cet après-midi en rentrant, direction le lit pour une sieste d’une heure. Je fais très rarement la sieste, mais là, je m’assoupis. Le réveil est difficile, mal au cœur, bouche pateuse, je déteste. Il me faut quelques heures pour me remettre.
Le soir nous commandons des pizzas que nous mangeons mon frère, mon mari et moi sur la terrasse. La soirée s’étire entre 2 souvenirs, des idées qui émergent pour le futur, et nous la terminons sous un orage terrifiant, au sec sous l’abri piscine, à sursauter à chaque coup de tonnerre et à regarder les tombes d’eau se déverser sur les dalles de la terrasse et dans la piscine.
Aujourd’hui, je suis une Mamie opérationnelle. Je garde petit fils. Ma belle fille me l’amène vers 9 h. Elle reviendra le chercher vendredi en fin d’après-midi. Mon mari est parti travailler au bureau. Nous voici donc partis pour une journée à deux voix. Petit-fils s’exprime de plus en plus. « Et voilà, c’est bon » (au sens, c’est ok), « deux, quatre, six », il compte….
Ce matin, le temps est à peu près correct, je l’emmène en poussette pour faire quelques courses. Il s’endort et ne se réveille qu’une heure et demie plus tard, quasiment au moment de rentrer.
C’est vite l’heure de manger. Le menu est simple ce midi: Melon, coquillettes et jambon, avec du fromage bien sûr. C’est notre journée d’adaptation. Je préfère passer plus de temps à jouer avec lui qu’à faire la cuisine. Pour la sieste, je n’insiste pas car il a beaucoup dormi ce matin.
Nous partons pour le square. Le petit cirque Gontellis est en train de s’installer. Les prochains jours, il y aura spectacle à 17 h avec la Pat’patrouille et les clowns Patate et Chocolat, un spectacle pour enfants. Petit fils est encore bien jeune, mais je vais essayer de l’amener.
Au square, petit fils joue, se fait une copine et la pluie se met à tomber…Juste une pluie pour faire semblant, mais tout est mouillé. Nous rentrons en faisant un grand tour. Il s’endort et se réveille au retour à la maison lorsque je tente de le déshabiller.
S’occuper d’un petit est épuisant car les activités durent peu. Il faut sans arrêt innover. Comme la sieste lui manque un peu, je mets un fond musical, des comptines africaines pour faire temps calme. Je ne tente pas de nouvelle sortie car le temps est incertain.
Mon mari est content de retrouver son petit-fils à la maison. Il lui donne le bain tandis que je prépare le repas. C’est un vrai petit singe. Il nous imite dans nos mimiques et nos façons de faire.
La voix de Lilie
Ce matin un besoin viscéral de faire place nette dans la maison nous prend tous les trois. Vider les salles de bain des bibelots et autres flacons infâmes, les tiroirs des montagnes d’objets étéroclytes qui s’y trouvent pèle mêle. On remplit des grands sacs poubelles de toutes ces choses sans valeur que l’on garde parce qu’on ne jette rien. La maison en est pleine à craquer. Notre tâche est immense avant de voir émerger ce qui a de la valeur.
Encore quelques visites aujourd’hui, mais globalement nous sommes plus tranquilles. Nous avons rendez-vous à la banque pour initier le processus de succession, le notaire est déjà choisi.
Le soir nous dinons en petit comité sur la terrasse, une soirée plus calme, bienvenue après ces quelques jours chargés en émotions.
Mon père était quelqu’un de particulier qui n’a pas été exemplaire loin de là. Mon frère reste avec encore beaucoup de rancœur. Il n’a pas fait ce travail de pardon qui rend les relations plus sereines. Je l’écoute dire, ou plutôt cracher ce qui lui reste sur le cœur. Et ce soir, en me couchant, là, tout de suite, j’en ai assez. Demain je veux passer à autre chose. Demain, on continuera les démarches, le rangement de la maison. En se projetant sur l’avenir. Je ne veux plus entendre de mauvaises choses sur mon père. Personne n’est parfait. Mais il me touchait dans ces derniers temps, l’homme de 80 n’est pas l’homme de 30.
Je sens arriver le contre coup de ces mois terribles que je viens de passer. Lorsque toute l’énergie a été déployée pour aider, soutenir, aller, venir et que le soufflé retombe. Ce soir, je pleure dans mon lit. Ma chambre d’enfant me semble étrangère, il n’y a plus d’âme dans la maison.
Ce matin, je me sens en forme. Je décide de partir pour une marche préparatoire. J’accompagne mon mari sur son trajet pour le travail, puis je me dirige vers le bois de Vincennes. En arrivant sur le lac Daumesnil, je croise des pompiers qui courent et mes pensées s’envolent vers toi, Lilie. C’est bien cette idée de donner à une association lors des obsèques d’un proche pour marquer sa sympathie. C’est plus durable que les fleurs. Je ne savais que ton Papa était pompier aussi. J’espère que tu as beau temps. Pour accompagner quelqu’un qui part, je trouve ça sympa le soleil, ça réchauffe le coeur et le corps de ceux qui restent.
Cette fois-ci, à partir du lac Daumesnil, je fais une excursion dans les îles de Reuilly et de Bercy qui sont au milieu du lac. Nous y étions allées, l’année dernière, avec deux graines, je ne ne me souviens plus en quelle saison, fin d’automne, je pense. Je ne rencontre pas grand monde, sauf de grands troupeaux d’oies. Je m’en suis déjà aperçue la semaine dernière, les oies sont beaucoup trop nombreuses. Les chemins sont jonchés de fientes, malgré les nettoyages. Il y a aussi des cygnes, des poules d’eaux, des paons dont un blanc et une femelle. Par contre, Je ne vois plus les beaux canards à cou orange que nous avions admirés l’année dernière.
A faible distance de moi, une dame marche, d’un bon pas avec ses bâtons et son coach. Mon mari m’a dit et répété qu’il ne voulait pas être mon coach pour mon chemin de Compostelle. Alors, moi, je marche seule, ce qui me va bien, me permet de laisser aller mes pensées là où elles veulent aller. La marche solitaire est un vrai baromètre de l’état mental. La semaine dernière, j’avais du mal à lâcher mon portable. Aujourd’hui, je me sens plus cool. Je me laisse aller dans l’instant qui passe. J’hume l’odeur de l’herbe coupée. Les jardiniers sont en train de tailler les pelouses. J’oublie, le Covid, ses vaccinations et ses réfractaires, ses contraintes et son passe sanitaire.
A vouloir faire une petite incursion dans St Maurice, je me perds et je me retrouve à traverser un bras de la Marne…Curieux me dis-je…et je reconnecte mon GPS pour me remettre dans la bonne direction. Je me perds vite. Je n’ai aucun sens de l’orientation. Sur le chemin, c’est pareil, heureusement qu’il est bien balisé. L’essentiel est de ne pas faire fausse route trop longtemps.
Je retrouve les abords de l’hippodrome, le bord du lac de la Gravelle où la seule pêche autorisée est la pêche à la mouche fouettée (!), avec permis bien sûr. Je traverse l’arboretum, l’arrêt toilettes est toujours le bienvenu. Enfin, je me dirige vers le lac des Minimes pour ma 2ième pause: Jus d’orange et crêpe achetés à l’estaminet à côté du restaurant de la Porte jaune.
Après cette 2ième et dernière pause, c’est le moment de rentrer, direction la cartoucherie, le parc floral, le chateau de Vincennes, la boulangerie de la rue des Pyrénées et la maison. Je suis contente de rentrer. Les épaules tirent un peu, mais je me sens bien moins fatiguée que la semaine dernière. Le désengorgement du foie et de vésicule biliaire ont dû faire effet.
Il me reste l’après-midi pour buller et faire les menues tâches courantes qui m’incombent. Demain matin, ma belle-fille m’amène petit-fils et je vais le garder jusqu’à vendredi soir, nuits incluses.
La voix de Lilie
Mon frère vient de vous retracer le parcours de papa, je vais vous lire un petit mot pour dire qui il était. Papa, Peut-être que ce qui te caractérise le plus, c’est ton Independance. Ce besoin de faire ce que tu veux 45 quand tu veux. Ce besoin de ne rien demander aux autres. Jusqu’à l’extrême limite, où tu y as été obligé par la force des choses. Mais aussi ton ingéniosité, comme lorsque d’une vielle machine à laver tu avais fait un stérilisateu 1er à bocaux, ou plus joueur lorsque tu faisais rouler la voiture au gaz, la bonbonne dans le coffre. Ton humour, comme lorsque tu avais installé un combiné de téléphone, avec sonnerie, dans la 4L pour faire croire qu’il y avait 45 un vrai téléphone dans la voiture, les chansons idiotes et un peu irrespectueuses que l’on chantait. Tes passions. Je te revois toujours dans ton garage. Si ce n’est ta pièce préférée de la villa (on l’appelait comme ça), en tout cas, celle que tu utilisais le plus. Toujours en train de bricoler quelque chose ou sur une voiture. Tes vielles voitures, celle que tu as achetée, celle que tu as refaite, celles que tu as abandonnées en route faute de pièces. Quelques années à chiner dans les vielles fermes alentour pour trouver des carcasses, des moteurs. Ta fierté de les faire rouler, encore aujourd’hui. Et bien sûr, tes collections. Des journaux, de l’illustration à paris match, des fers à repasser, des moulins à cafés et dernière en date, des capsules de champagne. Toutes prétexte à des promenades dans les brocantes. Tes lectures, sur la guerre, surtout celle de 14 et la recherche, fructueuse, de ton oncle Arsène.
Tu as tout batti de tes mains, avec quelques aides parfois, ta maison (je te revois construire le trottoir, avec meno il me semble), ta piscine (avec Pierre Henri) dans laquelle tu te baignais chaque jour en été et jusqu’à il y a encore quelques jours et tu y étais très attaché.
Si je te regarde, je te vois, allongé sur ton canapé, les jambes repliées, en train de faire des mots croisés.
Je ne pensais pas que tu puisses partir si vite, tu étais tellement en forme jusqu’à l’an dernier. Tu faisais tellement plus jeune que ton age, souple encore comme un jeune homme. Je suis heureuse d’avoir pu t’accompagner jusqu’au bout avec ma sœur et l’aide de ta petite fille. Tu as fermé tes beaux yeux bleus, dort bien Papa.
Pendant que toi, Lilie, tu t’apprêtes un dire un au revoir formel à ton Papa en famille, les antillais et martiniquais se préparent à un nouveau confinement à partir de ce soir, et moi je me remets doucement de mes désordres internes en préparant le repas dominical .
Pas de jogging ce matin, je me contente d’une grosse heure de marche dans le quartier. Je vais jusqu’au marché de St Mandé pour acheter des fruits et de la salade. Au retour, j’identifie un nouveau lieu éphémère « wonderland » tout près de chez nous. A découvrir dès que possible, mais il n’ouvre qu’à partir de midi.
Ce midi, mon fils vient manger avec sa famille. Le repas est simple et c’est tant mieux, car les enfants n’ont pas faim; ils se sont gavés de pain au chocolat avant de venir. Vu que mon appétit n’est pas revenu à la normale, cela ne me touche guère et ça m’évite d’avoir à justifier mon manque d’appétit.
A 15 h 30, les enfants sont partis et nous voici à nouveau tranquilles en train de buller en regardant les JO. Sur la vitrine d’un agent immobilier, j’ai découvert ce matin un texte de Jean d’Ormesson » le train de la vie ». Je recherche sur Internet ce texte qui m’a touchée au point d’avoir envie de le partager avec les graines.
En fin d’après-midi, je tire mon mari par la manche pour aller faire un tour à notre fameux « wonderland » voisin. Ce n’est pas le luxe, c’est juste un lieu où prendre un verre qui jouxte la petite ceinture. Quelques jeux pour les enfants, un squate park, des tables de ping-pong fabriquées avec des palettes, quelques stands de restauration, avec un maximum de mobilier en palettes…Il y a aussi quelques animations dont un cours de yoga le dimanche midi…Je trouve bien d’utiliser ces friches pour créer des lieux de convivialité. Vu les matériaux utilisés, ce lieu n’a pas coûté bien cher. J’ai vu que le dernier week-end de septembre, ils fêtent les 50 ans de Greenpeace.
A Paris, il fait toujours aussi beau, un temps d’avril ou de mai, tout au plus. Une chance, nous n’avons pas eu de pluie depuis mercredi dernier. Mais côté température, ce n’est vraiment pas ça. On a du mal à croire qu’on est au coeur de l’été.
Aujourd’hui, le temps maussade ne me fruste pas plus que ça. Je me lève fatiguée et barbouillée. Je passe une grande partie de la journée au lit et je dors. Ce matin, je tente une sortie pour aller faire le marché pour acheter mes légumes notamment. Demain, nous avons fiston et sa famille.
En fin d’après-midi, j’ai rendez-vous chez l’ostéopathe. Initialement, c’était le haut du dos qui devait être à l’ordre du jour. Mais au vu de mes déboires digestifs, elle s’occupe du foie et de la vésicule biliaire en appuyant sur les points de shiatsu. Troubles émotionnels me dit-elle en conclusion.
Pour ce soir, mon mari m’a préparé de la soupe. Et après, au lit, comme les poules…
Comme chaque matin je me réveille vers 7h. Le réveil est réglé sur 8h, mais impossible de me rendormir. Depuis que je suis ici, je n’arrive plus à dormir tard comme avant. Même en me couchant à des heures indues. Alors je me lève, je me prépare et je pars télétravailler le matin.
Mon corps accuse le coup des traumatismes psychologiques de la semaine dernière. Toutes ces images qui me hantent. D’autres traumatismes vont suivre. S’immiscer dans l’intimité de son parent en ouvrant tous les tiroirs, les armoires. Regarder ses photos, ses papiers. Pourtant il faut bien le faire pour trouver les informations dont nous avons besoin et plus tard pour vider la maison.
Les formalités d’obsèques sont règlées, nous avons eu du mal à trouver comment habiller mon père. Depuis plusieurs années il ne mettait plus que des tee-shirts défraîchis et des joggings. Les pompes funèbres l’ont ramené dans la cours de sa maison avant de le déposer en chambre funéraire. Mon frère, ma soeur et y moi sommes allés le en fin de journée pour le voir. Il ne se ressemble plus. C’est vraiment fini.
Entre deux formalités, nous prenons le temps de nous baigner et de nous détendre un peu en famille. Neveu, nièce, cousine, bébé passent. Il y a des rires, des larmes.
Le soir nous dinons tous ensemble, mon frère et deux de ses enfants, ma sœur et sa fille, mon mari et moi. Nous évoquons nos souvenirs d’enfance, bons et mauvais. Nous finissons la soirée en cherchant des photos de mon père pour les mettre à côté de lui. Cela me donne des bouffées d’angoisse de rentrer dans son intimité sans lui. De regarder le contenu des armoires, des bureaux. On part de sa vie en laissant tout tel quel comme si on allait revenir. Tout est là. Sauf lui. Ce n’est rien de dire « on n’emporte rien avec soi », on est venu au monde sans rien, on repart sans rien.
La voix de Graine
Tes nuits sont courtes, Lilie, c’est le moins qu’on puisse puisse dire. Mais tu vis un moment tragique et important. Ce n’est pas rien de voir partir son parent. On a idée qu’on connaît ses parents, mais dans les faits, nous en connaissons des facettes. Quoiqu’on ait vécu avec eux, une partie de leur intimité nous reste étrangère.
Lorsque mon père a fait son AVC, il nous a fallu vider sa maison car il était en location et son état était irréversible. Il n’est mort que quatre ans plus tard, mais suite à son AVC, il était très diminué. Il n’était plus le même. Nous avons fait le tri de ses affaires avec ma soeur. Il gardait tout. Je suis tombée sur des lettres que je n’aurais pas dû lire. J’ai gardé ses agendas et des papiers, dans l’idée d’écrire un jour. Je ne pense que ce jour arrivera. C’est trop difficile. Il faudra bien que je me résolve à brûler ces papiers.
Aujourd’hui, ce n’est pas la forme, je me traîne. J’ai enchaîné quelques jours assez actifs, et voilà, je dois me poser à nouveau. Je fais le minimum, les tâches courantes. Mon mari est à la maison, il télétravaille.
Cet après-midi, je ne vais pas rendre visite à mes handicapés. Il y a une fête à l’établissement pour le départ d’un résident. Je les laisse entre eux. Je profite du temps libéré pour vider mon portable. Je suis loin d’en avoir fini, il y a du monde, mais je dois absolumment le faire avant mon départ sur le chemin en septembre.
En fin début de soirée, mon mari me propose d’aller manger une pizza. J’accepte sans enthousiasme, mais je me dis qu’une sortie ne peut pas me faire du mal. Je ne finis pas ma pizza et pourtant c’est trop. Mon estomac se révolte dès notre retour à la maison. J’aurais dû m’écouter davantage. A 21 h, je suis au lit.
Prend bien soin de toi Lilie. Sois à l’écoute de ta fatigue et de tes ressentis. Bientôt, tu seras à nouveau Mamie…
Comme tu le dis, Lilie, nous sommes chacune sur notre chemin et nos chemins cet été sont bien divergents. Seule l’amité nous unit et le fil de ce blog. J’ai une pensée pour toi, Lilie, qui traverse un moment bien difficile.
Ce matin, je me réveille en n’ayant pas assez dormi, habituel lorsque petit-fils passe la nuit à la maison. Lui a plutôt bien dormi. Il s’est réveillé vers 2h parce qu’il avait soif. Et il s’est rendormi, dans notre lit. Mon mari et moi ne sommes plus habitués à ces nuits en pointillés. Une fois réveillés, repartir dans le sommeil n’est plus aussi immédiat qu’autrefois. Qu’importe, je suis ravie que notre petit ait dormi à la maison.
Il se réveille à 8 h. Je le prépare pour partir à la crèche. Il est facile et coopératif sauf quand je refuse de lui donner les ustensiles de cuisine qu’il réclame. Il s’assied par terre et râle en signe de mécontement. Pas question que je cède car c’est l’heure de partir à la crèche. Je me prépare à prendre le bus, mais devant l’attente, j’y vais à pied. 35 bonnes minutes de marche d’un bon pas, en montée. Un vrai démarrage de journée. J’aurais dû être en avance, mais je suis pile à l’heure limite. Il est 10 h. Petit fils ne veut pas me lâcher, je galère pour plier la poussette et je me fais aider par une employée.
Pour rentrer, je prends le bus. J’ai assez marché pour ce matin et je suis un peu pressée. J’attends un graine pour ce midi. Nous devons aller rôder du côté de Chateau-Rouge cet après-midi. De plus, ce que j’avais zappé, mon mari a rendez-vous chez son dentiste en début d’après-midi pour se faire poser un implant. C’est pratique, le télétravail, ça permet de mieux gérer les contraintes personnelles, quand la hiérachie est d’accord.
Après le repas, nous prenons le métro direction Barbes pour monter sur Château Rouge. C’est l’Afrique noire ici, sans passe sanitaire ni billet d’avion. Nous découvrons. C’est la première fois que nous venons dans le quartier. Mon mari est déjà venu avec ma copine africaine pour y manger un plat africain. Aujourd’hui, nous venons pour acheter les ingrédients nécessaires pour faire les plats africains que ma copine a prévu de concocter pour fêter l’anniversaire de son fils. Pour être sûres d’acquérir les bons produits, nous questionnons les clientes, les commerçants. Les boutiques sont pleines à craquer, la distanciation reste approximative, mais toutes et tous portent le masque. Ma copine assiste à une négociation épique de poissons surgelés, congélateur grand ouvert. A l’issue de la palabre, c’est apparemment la cliente qui a gain de cause. Comme c’est curieux, ma copine fait l’impasse sur le poisson fumé qu’elle avait envisagé d’acheter.
Après avoir arpenté les commerces africains, nous nous dirigeons vers le quartier tamoul entre les métros Louis Blanc et La Chapelle. Rue Pajol, nous découvrons le temple hindouiste dédié à Ganesh, le Dieu éléphant. Nous n’osons pas rentrer. Les épiceries tamoul sont impeccablement rangées et sentent bon. C’est trop tentant. Mais comme dans le quartier africain, les produits sont pour nous, pour la plupart, inconnus, exotiques. Nous nous arrêtons dans un petit estaminet pour prendre un thé à la cardamone. Et nous avons un thé au lait, peut-être à la cardamone…
Une journée bien remplie qui se termine. J’ai commencé à distribuer des têtes et des gousses d’ail. Nous en avons glanées beaucoup! Mon mari a un magnifique morceau de fer tout neuf dans la bouche. Et ce soir, normalement, je dois écrire avec ma copine si elle ne m’oublie pas.
La voix de Lilie
Tu remplis tes journées Graine. N’oublie pas de te poser un peu de temps en temps si tu veux être en forme pour ta marche.
J’ai fait de drôles de rêves sur le matin. Ma nièce me disait qu’on a enfin trouvé le mal qui ronge mon père. C’est un cancer de l’oreille interne. Je me demande où j’ai été cherché ça. Peut être parce que je disais que l’organe attaqué ne devait plus fonctionner et mon père est sourd. Puis une graine oubliée qui nous montrait ses trophées gagnés au golf. Dans la boite 3 bouchons de bouteilles de plongée en guise de trophée.
Je me lève. L’hôpital n’a pas appelé. Mon père doit être encore en train de dormir. Je me prépare pour aller travailler. Puis l’hôpital appelle. Mon père est parti cette nuit, tranquillement, dans ce sommeil irreversible. Nous partons directement pour le voir une dernière fois dans sa chambre.
Quel mystère que la mort. Son corps chaud et vivant s’est vidé de lui, figé, durci. Il était là, il n’est plus là. Je n’aurais jamais cru qu’il puisse mourir. Mon père, si fort, devenu l’ombre de lui même, disparu. J’ai du mal à le croire. Pourtant je suis soulagée de ne plus voir cette décrépitude des jours derniers. De ne plus avoir chaque soir à le quitter pour le retrouver dans ce tunnel de fin de vie. C’est fait. La vie s’est arrêtée. Mon père est un souvenir. Un souvenir d’enfance, de jeunesse, de vieillesse. Je revois ses yeux bleux pâles, uniques, son regard qui nous cherchait à la fin, qui se révulsait pour partir dans les limbes, son regard qui pouvait être froid et même glacial et pourtant magnifique.
Ce soir la maison devient la notre. Et l’on mesure avec ma sœur, l’immensité de la tâche qui nous attend. Des armoires partout. Pleines à craquer de vêtements jetés pèle mêle, des objets de toutes sortes, partout. Difficile de rentrer dans l’intimité de son parent. De fouiller sans se sentir illégitime.
Il n’a pas su dire qu’il nous aimait. Le saura-t-on jamais.
Aujourd’hui, le soleil est revenu, enfin. C’est un soleil timide et capricieux, mais tout de même, il y a de la lumière et ça fait du bien.
Pour marcher, le temps est idéal, ni trop chaud, ni trop froid et surtout pas de pluie. Je pars de la maison vers 8 h 20, en même temps que mon mari. Je fais un bout de chemin avec lui – depuis des années, il fait à pied le trajet pour se rendre au boulot. Puis je sors de Paris et je rejoins le bois de Vincennes. Je connais le bois par cœur. Malgré tout, je me perds…et je me retrouve car j’ai quelques points de repère. De toute manière, comment se perdre aujourd’hui avec le GPS. Lac Daumesnil, hippodrome, arboretum – je revois la pelouse où nous avons pique-niqué au printemps dernier. L’herbe a bien poussé depuis! Je fais une pause au jardin tropical. C’est un endroit que j’aime bien. Il est hors du temps et de l’espace. Un exotisme désuet, des bâtiments en ruine, une évocation de l’ailleurs.
De retour sur Paris, je fais un détour par le marché. Pour la plupart, mes commerçants ne sont pas là, le marché est vide, les parisiens sont ailleurs sur les plages ou à la campagne.
je suis contente de rentrer. Je suis vannée. Mon objectif était de faire 20 km. J’en ai fait 19,5. Les 1ers kilomètres ont été durs. Je passais mon temps à regarder l’heure sur mon portable. Les derniers kilomètres ont été durs également car je manque d’entraînement.
En fin d’après-midi, après mon rendez-vous chez la coiffeuse, je vais chercher petit-fils à la crèche. Il dort chez nous ce soir.
Nous sommes contents d’avoir petit fils à la maison. Malgré notre absence d’un mois, il nous retrouve comme si nous nous étions quittés hier. Il parle de plus en plus. Nous ne comprenons pas tout. Il a toujours aussi bon appétit. Le passage à l’étape dodo est comme d’habitude la phase la plus délicate. Ce soir, nous décidons d’être patients et ça fonctionne.
Je suis contente, Lilie, de retrouver ta voix, et triste de l’épreuve que tu traverses. Je te remercie de partager ce moment difficile et intime. Sans l’intime, nous ne sommes que des carcasses composés d’os et de chairs flasques. L’intime, c’est le vivant, l’humain en nous , ce qui nous fait vibrer, rire, ou pleurer, selon les circonstances. Poser des mots, c’est se poser aussi, pour prendre un peu de recul.
La voix de Lilie
C’est vrai que cet été nos voix se répondent pendant que nos vécus sont tellement dissemblables. Toi en vacances et dans tes projets de pèlerinage, moi dans l’accompagnement de mon père. J’aime te lire le soir pour sentir la vie autour et voyager avec toi. Un chemin va bientôt s’arrêter, un autre commencera, ainsi va la vie.
Ce matin nous sommes appelés par l’hôpital. Il faut partir en urgence. Le voir une dernière fois. Il dort lorsque nous arrivons, ma sœur, mon mari et moi. Notre présence le réveille. Le bleu de ses yeux se fond, son regard se perd. Nous parlons autour de lui car il aime nous entendre. Ma sœur lui lit quelques pages d’un livre. Il est temps de se dire au revoir, il a envie de dormir. Nous lui souhaitons bonne nuit et de faire de beaux rêves. Nous l’aidons à boire un peu d’eau, il veut le faire seul. Puis il referme un peu les yeux. L’infirmière vient poser la perfusion de sédatif. Il ne se réveillera plus. Toute la journée nous écoutons sa respiration, régulière, lente. Chacune de ses apnées nous donne un coup au cœur. Comme chaque soir, en partant, nous lui souhaitons bonne nuit et nous lui disons à demain.
C’est très dur cet ascenseur émotionnel, chaque soir est le dernier et chaque jour il est encore là. Seulement demain, il respirera peut-être mais il ne sera plus avec nous.
Il est possible qu’il attende son fils qui arrive demain soir.
Nous rentrons, sonnés par cette journée. Ma cousine et mon beau frère ont fait le repas. Nous dînons tous ensemble avant d’aller nous coucher. Il nous faut garder quelques forces pour les jours qui viennent.
Ta voix ne fait plus écho à la mienne, Lilie, mais je comprends, pas de souci. Il y a des moments où le présent exige. Prendre soin de ton Papa, de toi et de ta famille est ta priorité. C’est tout à fait légitime. Ta voix reprendra sa place lorsqu’elle le pourra, lorsqu’elle le voudra.
Depuis notre retour sur Paris, la pluie n’a pas cessé. Nous sommes toujours entre deux averses. Parapluie et imperméable sont indispensables.
Ce matin, je fais mon créneau de travail à la coop. Nous sommes 4, trois femmes et un homme. Les procédures ont légèrement évoluées. A la caisse, l’hygiaphone est parti. Peut-être vat’il revenir très vite? Et ce n’est plus le client qui pèse les légumes, mais le caissier ou la caissière. Pas de livraison ce matin. Je m’occupe de trier les fruits et les légumes qui s’abîment vite en cette saison. Si les produits sont trop abimés, on les sort du stock. S’ils sont encore consommables, on met une affichette avec indication d’une remise.
Comme nous avons un peu de temps et pas de tâches urgentes, je prépare le café.
La plus jeune d’entre nous a entrepris de nettoyer et de ranger un rayon. Le seul homme de la troupe se propose de l’aider, jusqu’à ce que la petite jeune soit réquisitionnée par un nouvel arrivant pour une formation, ou autre, je ne sais pas, et notre homme se retouve seul à ranger le rayon… Rien de méchant dans tout ça. Cela m’amuse. La jeunesse attire. Quoi de plus normal.
Je rentre déjeuner et je me pose. Comme hier, je suis seule aujourd’hui.
Je ressors sous la pluie pour faire quelques courses de surgelés et prendre rendez-vous chez la coiffeuse de mon mari, la mienne est en congés.
Je prépare mes affaires pour demain. Demain, je vais randonner dans le bois de Vincennes pour me préparer au Chemin de Compostelle. En faisant le tri de mes affaires, je m’aperçois que ma carte d’identité est périmée depuis le 7 juillet. Et mon passeport est périmé également, depuis le 11 juillet. Une légère sueur froide… Depuis 2014, la validité de la carte d’identité est prolongée de 5 ans, mais certains pays européens n’en tiennent pas compte. Inutile de rêver. Je ne suis pas en mesure de refaire mes papiers d’ici le 2 septembre, date de mon départ en Espagne. Sur le site du ministère des affaires étrangères, je trouve et j’imprime un papier qui, joint à ma carte d’identité, pourrait m’être utile. Dans la foulée, je prends rendez-vous pour refaire mon passeport et je fais ma demande en ligne.
Ce soir, mon mari a rendez-vous chez sa coiffeuse. J’en profite pour faire un peu de gym.
La voix de Lilie
La nuit s’est déroulée sans appel téléphonique. Mon père est toujours en vie ce matin.
Nous avons rendez-vous avec ma nièce et mon neveu pour un petit déjeuner en terrasse. Croissants, café crème, soleil, chaleur et bébé à câliner. J’adore ces moments. Je ne ressens aucune envie de rentrer chez moi, encore moins en sachant le temps qu’il y fait. Après le petit déjeuner, je pars chez ma mère. Phase télétravail.
Ma sœur nous rejoins ce midi, puis nous récupérons ma cousine pour partir tous les quatre à l’hôpital. Min père est encore pire qu’hier. Il ne mange plus. Parle dans un souffle si court que l’on a beaucoup de mal à comprendre. En même temps, il regarde les jeux olympiques à la télévision et les épreuves de judo, sport qu’il a pratiqué à haut niveau, le sorte de sa léthargie. Il s’éveille, se passionne toujours. Puis il repart dans le sommeil. Il ne peut plus avaler de cachet, tout passe par la perf. La morphine et l’oxygène ont été augmentés. Ses yeux perdent leur couleur, son regard se voile. Il s’endort. Il nous souhaite bonne nuit. Pour toujours ?
Nous repartons en pleurant ma soeur et moi. Nous allons prendre un verre pour nous remettre un peu de tout ce que l’on vient de vivre, puis nous rentrons manger à la maison de notre père. Ma nièce nous rejoint pour passer la soirée. Nous évoquons nos souvenirs dans cette maison, elle enfant, nous adultes, avant que l’on en soit tous éloignés par une belle mère peu encline à nous recevoir.
Tu vois, Graine, l’écho a repris. A la fois besoin de l’écrire, à la fois besoin d’effacer les images. Reprend ton rythme, ta vie de citadine Graine, et j’espère que le temps sera meilleur pour ton entraînement compostelle. Bonne marche. Garde bon moral.
Ce n’est pas grave. J’ai à faire à l’interieur. Mon mari est parti au bureau. Je peux avancer à mon rythme, zapper la préparation d’un repas formel. Ranger les sacs, me mettre à jour d’un point de vue administratif, faire les courses…Rien de bien passionnant, mais il faut le faire sans attendre.
Je vérifie mon emploi du temps de la semaine. Oh surprise, je m’aperçois que j’ai réservé une visite pour une exposition au Musée Jacquemart ce soir. C’est un peintre, pointilliste ou néo-impressionniste, Paul Signac. Aujourd’hui, c’est le dernier jour.
Je voulais y aller avec mon mari, mais fin juin, il avait temporisé. S’il voulait venir ce soir, ce ne serait pas possible sauf à faire un test en préalable, car il n’a pas eu sa deuxième injection de vaccin! Je me rends compte à quel point la situation par rapport au Covid a évolué depuis fin juin, et pas vraiment dans le bon sens. Je croise les doigts pour que la vaccination soit la vraie bonne solution, parce que, si ce n’est pas le cas, on n’est pas sorti de l’auberge. Et si la vaccination est la vraie solution, on fait comment pour vacciner les trois quart de la population mondiale?
Entre deux épisodes de courses, j’appelle une Graine. C’est cool d’appeler les copines, on est tout de suite sur la même longueur d’onde. Ça fait chaud au cœur .
Je cuisine une ratatouille pour ce soir avant de partir au musée, en métro, car en vélo avec la pluie, ce n’est pas possible. Signac, c’est le peintre de la couleur. J’aime ce qu’il fait. Même seule, ça me fait du bien de voir une exposition.
La voix de Lilie
Ce matin je télétravaille depuis chez ma mère. Cette semaine je vais partager mes journées en 2: télétravail le matin, hôpital l’après midi. C’est compliqué de se concentrer sur le travail dans des conditions pareilles, mais si l’entreprise ou plutôt ma responsable le permet, faisons le job.
Côté hôpital, c’est la douche froide. Après un week-end plutôt bien, mon père repart vers le bas. Le médecin me demande les souhaits de la famille. Je suis sous le choc. En même temps je vois bien que ce corps décharné, ce souffle si pénible, cette incapacité à se mouvoir et à se nourrir ne peut pas conduire à autre chose qu’à la fin. C’est tellement triste de voir cette déchéance du corps. Je lui passe son fils, c’est peut être la dernière fois si son corps lache avant que son fils arrive. Il reste 3 jours. Pourra-t-il tenir ? J’appelle ma sœur qui décide de revenir demain. Je reste à côté de lui. Sa respiration s’arrête, repart. A chaque fois, une bouffée d’angoisse monte en moi.
Au moment du repas, il souhaite s’assoir au bord du lit pour manger seul un peu de purée. C’est tellement d’effort pour y arriver que j’éclate en sanglots. Je lui dis que c’est trop difficile de le voir comme ça. Lui se concentre pour continuer une cuillère ou deux. Je le quitte vers 20h. Je n’ai pas le courage de rester la nuit, seule, avec lui dans cet état. Je rentre le coeur lourd. Est-ce que je le reverrai demain ?
Ce soir à Bollène, lors des polymusicales, il y a un spectacle cabaret. Pour se détendre de tout ce stress, nous y allons mon mari et moi.
Je me couche, que fait il ? Est-ce qu’il respire toujours ?
Aujourd’hui, c’est le retour sur Paris, en voiture. Partis à 10 h 30, nous arrivons à 20 h 15. Ce ne sont pas les pauses gourmandes qui nous ont ralenties, mais un gros bouchon en dessous d’Orléans, à cause d’un accident. Côté météo, nous essuyons quelques orages, mais rien de bien méchant.
Pendant notre séjour à la campagne, nous avons assisté à la récolte de l’ail, aux moissons. Les tournesols encore petits et tout verts à notre arrivée sont maintenant arrivés à maturité. Ils sont en fleurs, des fleurs jaune soleil qui éclairent la campagne. Je regrette de ne pas avoir pris plus de temps pour les admirer. A la campagne, j’aime voir le glissement du temps qui passe en modifiant au passage le paysage au jour le jour. Comme un peintre qui jouerait avec ses pinceaux.
Si d’un point de vue circulation, le voyage se passe sans encombre, au niveau de l’ambiance dans la voiture, c’est une autre histoire. Mon mari a passé les vacances à râler, se plaindre et pleurnicher. Trop, c’est trop, il fallait que ça sorte pour faire baisser la pression avant le retour at home.
C’est fin juillet, Paris s’est vidé. Nous voici rentrés, la maison est propre, mais le frigo est vide. Qu’importe, je ferais les courses demain.
Profite de la campagne, de ta famille, de l’été, Lilie. Prend bien soin de ton Papa.
La voix de Lilie
Bon retour chez toi Graine avec dans le cœur ta maison et ta campagne. Cette année est compliquée pour tout le monde, nous aussi nous étions en train de canaliser la pression. C’est difficile de vivre longtemps à deux. D’accepter de faire des concessions sans trouver son compte. Besoin aussi de vivre un peu pour soi, pour se ressourcer.
Aujourd’hui notre journée a été sur le modèle de celle d’hier. Le matin à la maison. Mon mari a été nous chercher des croissants, c’est dimanche tout de même, puis nous aérons toute la maison pour enlever cette odeur de renfermé à la citronnelle qui nous dérange. Après un repas frugal, nous repartons pour l’hôpital.
Mon père fait la sieste lorsque nous arrivons avec ma sœur. Nous le laissons dormir, le sommeil c’est sacré pour lui, encore plus en ces moments de souffrance. A son réveil vers 16h, il est assez bien. Mange une glace en pot, demande à regarder les jeux olympiques à la télé. En avançant dans la journée, la fatigue se fait sentir, il respire plus difficilement, parle dans un souffle, somnole. Nous le quittons à la fin de l’heure des visites. Chaque au revoir me fend le cœur.
Sans parler de la culpabilité. Fallait il appeler le samu ? Soudainement ce dimanche soir, alors qu’il était dans son lit tranquille, je viens le voir et je l’arrache à sa maison, à sa compagne. Il n’a pas dit au revoir à sa maison, et je sais maintenant qu’il ne la reverra certainement plus. Il voudrait rentrer et je ne suis pas capable de m’en occuper pour accéder à sa demande, il est bien trop malade. Pas plus que mes frères et sœurs du reste, mais je me sens coupable. Coupable de prendre les décisions à sa place, de devoir souvent parler pour lui, de le voir dépendant de moi.
Ce soir nous nous arrêtons mon mari et moi à Orange pour décompresser le temps d’un repas à l’extérieur avant de rentrer.
Dernier jour de campagne… un peu gris ce matin, mais le soleil ne tarde pas à pointer son nez. En fait, il n’y a eu ni orage ni pluie cette nuit. Par contre, la chaleur n’est plus aussi étouffante. C’est agréable. Mon mari va courir. Je m’occupe. A quoi, je ne sais pas vraiment. Je m’occupe. Il y a toujours tant à faire dans la maison et nous partons demain.
En fin de matinée, nous appelons fiston et son petit, puis nous allons faire nos adieux au village. Comme à chaque fois, nous sommes tristes de partir.
Notre fille va encore profiter de la maison une semaine. Après le déjeuner, nous checkons avec elle ce qu’elle devra faire pour fermer la maison. L’après-midi passe tout aussi vite que la matinée…sans rien faire de bien extraordinaire. Même pas une sortie. Envie de profiter de la maison encore un peu. Mon dos se rappelle à moi et m’oblige à me poser. J’ai voulu trop en faire. Faire le sac, ranger un peu et c’est déjà l’heure de partir au resto pour notre dernière soirée.
Ce sont des filles, trois filles qui sont sur scène. Carla Bruni, du folk …C’est sympa. Demain soir, nous serons à Paris. Terminés les petits apéro concerts de village.
La voix de Lilie
Une nuit courte et agitée, pleine de rêves curieux où tous les personnages évoqués dans la journée s’entremêlent, se comportent de manière étrange ou ressemblent à ce qu’on voudrait qu’ils soient. Ce matin, nous trainons, mon mari, ma soeur et moi dans la maison et prenons notre café près de la piscine. La maison a vécu 20 ans sans nous, les pièces sont identiques, jamais refaites, le mobilier et les multitudes de bibelots viennent d’ailleurs. Les notres sont partis avec ma mère. Difficile de reprendre pied, on sent une présence dans la maison, et même son odeur n’est plus celle de mon enfance. En fin de matinée nous partons déjeuner rapidement chez notre mère avant de partir pour l’hôpital.
Mon père est légèrement mieux aujourd’hui. Il mange un peu de compote et de confiture. C’est la première fois qu’il mange depuis une semaine.
Cette déchéance de l’être humain que le corps abandonne alors que l’esprit reste intact me terrifie. Des situations à oublier, des visions à effacer. Y arriverai-je jamais ?
Mon neveu est venu avec nous aujourd’hui, et pour nous remettre de notre stress nous decidons d’aller diner à l’isle sur la sorgue au bord des canaux. Ma sœur réserve dans une guinguette qui s’avère être à l’extérieur du village au bord de la sorgue dans un endroit magnifique et tranquille où nous n’étions jamais venu. La cuisine maison est faite à base de produits locaux. Loin de la foule des restaurants de la ville, nous passons une très bonne soirée avant de repartir dormir à la maison.
Ce matin, nos amis repartent, vers 9 h. Ils vont avoir chaud, heureusement, leur voiture est climatisée comme quasiment toutes les voitures aujourd’hui. Ma fille a rendez-vous au garage, pour une révision en principe. Je la suis à quelques minutes et je la ramène pour sa journée de télétravail. Sitôt rentrée, je repars. J’ai rendez-vous pour un massage à Castres, un moment détente, un moment pour moi. Le masseur prend son temps. Il voit que j’en ai plein le dos, il me chouchoute. Cela fait déjà plusieurs fois que je vais le voir. Il est à l’écoute. Il me fait du bien.
Je rentre pour le déjeuner. Sur l’insistance de mon mari, nous mangeons dehors. Il fait déjà chaud, très chaud. C’est une chaleur orageuse difficile à supporter. Temps d’orage, énervées, les mouches attaquent.
Après le repas, je prends le café et je me repose à l’intérieur pendant que les télétravailleurs bossent. Entre deux pauses, je réserve pour ce soir le repas et le spectacle dans notre café au village, celui-là même où nous étions l’autre après-midi pour la répétition d’un concert. Il reste trois places pour le spectacle et deux places pour le repas. Nous aurons deux repas sur trois? Tant pis, j’ai envie de profiter du beau temps et de sortir.
Des mises à jour à effectuer sur mon site jacquaire, de l’ail à trier, l’après-midi passe vite.
Ce soir, c’est un groupe franco brésilien qui assure le spectacle. Sur les rythmes brésiliens, nous passons une super soirée. Le repas est bon et diététique et nous avons bien chacun notre repas. Les vacances se terminent. Demain, c’est notre dernier jour de campagne. Cette nuit, nous allons avoir l’orage, c’est sûr.
J’ai une pensée pour toi Lilie, et à cet été bien particulier que tu vis.
La voix de Lilie
J’ai dormi dans ma chambre de petite fille. La maison est pleine de mon père. Des meubles anciens très laids à mon goût ont remplacé ceux de ma jeunesse. Les odeurs ne sont plus les mêmes. Je retrouve mes marques mais je ne suis pas tout à fait chez moi comme avant. La maison me semble presque hostile. J’ai l’impression de ne pas avoir tout à fait le droit d’être là.
Ma sœur me rejoint et après un déjeuner rapide chez ma mère puis une baignade rapide pour nous raffraichir chez mon père, nous partons pour l’hôpital où notre père a été transféré. Les soins y seront meilleurs car plus spécialisés. Ma sœur est très choquée par l’état de mon père. Il demande à ce qu’on ne fasse plus de traitement. Il n’y en a pas en fait, que de l’antidouleur. Chaque fois que je vois son corps dans cet état continuer à vivre malgré tout, je me demande pourquoi. Pourquoi continuer à fonctionner lorsque les fonctions de vie ne sont plus possibles, pourquoi tant de douleurs, tant de temps. Qui orchestre cette torture ?
Nous finissons la journée par un diner improvisé chez ma nièce. Elle a installé un coin cosy dans son jardin, allumée la piscine pour le décor. Nous passons un agréable moment en sa compagnie puis nous rentrons à la maison familiale.
Ma sœur pleure dans la voiture, elle décharge le trop plein d’émotions. Moi c’était hier. Ce soir j’essaie d’être plus calme. Sauf la nuit… Je sais qu’il va partir, je ne sais pas quand. Cette nuit, demain ? Quelle importance. Ce sont ses mots pour dire qu’il ne s’est pas rasé hier. Lorsque nous sommes sorties de la chambre il nous a demandé si on allait revenir demain.
Qui aurait dit à le voir tellement en forme l’an dernier que nous allions vivre une telle année…. L’été meurtrier.
Profite de tes derniers jours de vacances Graine, du soleil, de la chaleur. Emmagasine des souvenirs pour te tenir le cœur au chaud.
Chaque jour il sombre davantage. Chaque jour je pense que ça ne peut pas être pire, chaque jour ça l’est. Son corps se détraque de tous côtés. Ses pieds et mains sont froids. Il n’est presque plus là. Son regard bleu se voile. Pourtant il ne dit rien ou pas grand chose, ne serre pas ma main. C’est peut-être le dernier jour où je le vois en presque vie. Ou pas.
Ce soir je rentre dormir chez lui, dans ma maison d’enfance, dans ma chambre. Après 20 ans. Ils ne sont plus là, lui à l’hôpital, elle partie avec ses enfants. Curieuse sensation, d’usurper ce lieu qui pourtant a été mien tant d’années.
Toute cette souffrance me terrifie. Cette fin qui n’en finit pas de venir me ramène à ma propre fin. Voir ce corps décharné et douloureux me panique. C’est lui qui m’a faite, je suis faite comme lui. Et je ne veux pas de cette souffrance, pas voir mon corps se déliter. Qui décide ?
La voix de Graine
Aujourd’hui, il va faire chaud, très chaud. Dès 9 h 30, je pars courir avec le copain de mon mari pendant que ce dernier télétravaille et que l’épouse se prépare. Une heure d’un petit footing avant la grosse chaleur. Comme d’habitude, nous courrons sur le chemin du train, à l’ombre pratiquement tout le temps. Un point d’eau nous permet de nous rafraîchir.
Après le jogging pépère, c’est seulement la 2ième fois que je cours depuis que nous sommes à la campagne, le copain me coache pour les étirements post course. Je me laisse coacher avec plaisir. Je complète son coaching de quelques mouvements d’assouplissement sur lesquels il m’accompagne volontiers. Pendant ce temps, son épouse épluche l’ail qu’il a glané hier.
Une petite virée au village pour quelques courses au village avec Madame, je rentre finir de préparer le repas, et c’est déjà l’heure de passer à table.
Après déjeuner, la chaleur est au max. Mon mari et ma fille au télétravail, mes amis à la sieste, je me pose et je me repose. Ce soir, sur proposition de mon beau-frère, nous avons réservé un apéro concert dans les vignes. En préparation de cette grande sortie, nous faisons relâche cet après-midi.
La soirée est belle.La musique est très sympa. Du hot swing. Sur ma droite, la lune quasiment pleine éclaire un gigantesque pin. Pour le repas, cela tient plus du pique-nique que de la gastronomie, mais qu’importe, d’autant plus que le vin est bon.
La valeur n’attend pas le nombre des années. La valeur marchande pour certains. Mon père m’avait proposé de me servir de sa voiture. Ainsi donc, je la prends pour me déplacer et aller le voir. J’adore cette petite voiture. Sa compagne me fait remarquer qu’elle est aussi à elle. Intérêt et principal, foi de carte grise ! Je lui propose de n’utiliser que la moitié appartenant à mon père ! D’autant qu’elle ne conduit plus depuis 7 ans, me dit elle. Cet après-midi je peux aller voir mon père. Elle, ses enfants l’emmènent chez eux puis certainement en hepad plus ou moins provisoire. Je propose à son fils de l’emmener voir mon père car ce sera peut être la dernière fois. Elle reste une heure, sur les 3 autorisées puis décide de repartir. Nous avons fait notre BA. Ils ont pu se dire, ou pas, au revoir. Je rentre à mon tour dans la chambre. Mon père est au bout du bout. Il en a marre. Maigre, douloureux, épuisé. Plus maigre encore, il ne peut plus manger. Il est sous perfusion et sous oxygène. Il a du mal à parler, à dormir, à respirer. Il me dicte quelques consignes pour après. Il sait bien que la fin est proche. Au moment de partir, il me dit : et puis tu laisseras la voiture à ma compagne. Mesquinerie quand tu nous tiens ! Je lui réponds que bien entendu je lui laisserai (son bien précieux), par contre, dans l’état où elle est, elle ne prendra plus jamais le volant ! Peut-être est-ce donc la chose importante qu’elle a trouvé à lui dire en ce dernier jour. Voilà pourquoi j’ai toujours (ad…) détesté cette femme vénale.
Je repars sonnée par la vision de l’état de mon père. Heureusement mon beau frère m’invite pour une soirée tapas en terrasse dans une jolie ville voisine. Nous passons une agréable soirée à discuter de tout et de rien, du temps qui passe, de notre jeunesse et ses folies, des souvenirs effacés, de la vie de la mort. J’aime ces moments qui sortent du cadre, moi seule, lui seul, nous n’avions jamais eu d’occasions de rester comme ça.
Demain mon mari me rejoint. Cette semaine solitaire est passée si vite. J’aurais aimé un peu plus de temps…
La voix de Graine
Oui, les personnes ne se bonifient pas toute avec l’âge. C’est comme le vin…Les bons sont encore meilleurs et les mauvais sont pires. C’est un constat que j’ai déjà fait à maintes reprises. Je compatis, Lilie. Je suis triste pour toi et pour ton Papa. Tu vas être contente de retrouver ton mari. L’accompagnement d’un proche en fin de vie n’est pas simple, et sa compagne s’est désistée!
Aujourd’hui, pour moi, c’est relâche, partielle du moins. Mon mari a emmené ses amis en balade. J’ai une partie de la journée pour moi. Bien sur, il faut faire les courses, préparer les repas, contacter mon dentiste. Mais je fais tout à mon rythme. Après le déjeuner, je fais une grosse pause en mettant au chaud le côté gauche de mon dos qui est encore douloureux.
Je prends le temps d’appeler les copines. L’une est en train de passer la frontière italienne. La 2ième est en train de se chercher des lunettes de soleil. La 3ième est occupée, elle me rappelle plus tard. Je me déculpabilise. Comme moi, le quotidien ou les vacances grignotent leur temps. Le plus tard pour moi n’existe pas, le téléphone ne passe pas. Ce n’est pas grave, nous nous rappellerons une autre fois. Et toi, Lilie, je n’ose pas t’appeler, par peur de te déranger.
Je prends des nouvelles de mon frère. Quand il vient à la maison, je lui fais prendre un bain, il adore. Quelqu’un m’a questionné l’autre jour au sujet de la sonde. Il a une sonde urinaire. Ses reins ne fonctionnent plus comme il faut. Moi, je ne suis pas du corps médical. Je ne m’étais jamais posée la question. Elle est pertinente. Je questionne l’animatrice qui va se renseigner. A priori, ce n’est pas incompatible, mais il y a une procédure à respecter. Mon frère commence à perdre son autonomie. Il ne peut pas faire grand chose. C’est bien dommage qu’il ne puisse pas profiter de bains dans son établissement. Et en plus, l’animatrice me dit qu’il y a une balnéo. Je pousse une porte qui me plaît. Si je peux un tout petit peu améliorer le quotidien de mon frère …
Ce soir, repas sur la terrasse, et ensuite, entre filles, nous jouons au labyrinthe tandis que les garçons vont glaner l’ail dans la nuit tombante.
Je suis réveillée par un appel de mon père. Il est malheureux, tout seul. Les visites toujours interdites malgré la vaccination. Je ne sais comment le consoler. Il n’y a rien à dire. Son état est stationnaire.
Je décide de faire un jogging pour aller de chez ma mère à chez lui en faisant le grand tour que nous faisions enfants pendant les soirées d’été. J’ai pris mes affaires dans un sac à dos, serviette, maillot, papiers et bouteille d’eau. Je n’ai pas l’habitude de courir chargée comme ça et il fait déjà très chaud. Je cours difficilement. Au bout de 20mn, je m’arrête pour boire, puis je repars. J’insiste mais le corps ne suit pas. Je m’arrête un peu plus loin, à bout. J’ai fait moins de 4km, une misère. Je bois encore un coup et je finis en marchant. Trop fatiguée, lasse, faible.
Arrivée chez mon père je prends un bon bain dans la piscine pour me raffraichir et retrouver de l’énergie. Puis je rentre chez ma mère pour le déjeuner en marchant.
Je retourne en voiture en début d’après-midi pour me poser tranquille au bord de la piscine. J’en profite pour passer quelques coup de fil. Je mets trop longtemps à me décider à appeler mes amis. Je laisse passer les jours, les semaines. Lassitude. J’ai décidé de faire au jour le jour. Tranquillement.
Je finis l’après-midi chez ma cousine. J’ai juste changé de bord de piscine !
J’ai pu avoir mon père plusieurs fois aujourd’hui et même lui passer sa compagne. Le médecin m’a donné des nouvelles peu rassurantes. Seule bonne nouvelle, les visites rouvrent, je pourrais aller le voir demain.
La voix de Graine
J’espère que tu vas pouvoir rendre visite à ton Papa dès demain, Lilie et tu pourras lui remonter le moral pour faire face au mal qui le fait souffrir. C’est normal que tu n’aies pas d’énergie pour appeler tes amis. Tu donnes tout ce que tu as pour ta famille. Les ami-(e)-s aussi peuvent prendre leur téléphone….
De mon côté, je ne me confronte pas à des situations aussi exigeantes en terme d’énergie. Pourtant, je ne trouve pas la force ni pour appeler les amis, ni pour courir d’ailleurs. Le quotidien m’épuise et j’ai toujours cette douleur dans le haut du dos à gauche. De temps à autre, il faut accepter de vivre au jour le jour. Le corps réclame un répit. Côté moral, la lassitude n’aide pas. Que faire d’autre qu’accepter de lâcher, de se reposer avant de repartir le plus vaillamment possible.
Ce matin, mon mari va courir. Je gère l’administratif et aussi la mise à jour du site jacquaire. Cela fait quinze jours que je ne me suis occupée ni de l’un ni de l’autre. Mon mari rentré et douché, je l’envoie faire les courses. Nous avons du monde ce soir, un couple d’amis à lui, quasiment de la famille. Ils connaissent la maison. Ils sont venus plusieurs fois. Mais là, ils vont rester plusieurs jours, avec nous. Cela fait beaucoup pour moi: la fille, le chien, les amis, ma petite fille qui va rentrer un de ces jours avec son papa…A partir de jeudi, mon mari reprend le télétravail, pour deux jours. Le week-end à suivre, nous remontons at home.
Dans l’après-midi, une faisons la pause gourmande: glace et bière, dans notre café favori, au village. Des musiciens sont en train de répéter pour le concert du soir. Un moment agréable avant de se remettre aux fourneaux. Il fait chaud, très chaud, mais les matins restent frais, ce qui est sympa.
Recevoir les amis, être une hôtesse agréable, ce n’est pas toujours évident pour moi. Les amis ont à peu près notre âge. Je me rends compte à quel point eux aussi ont besoin de se poser. Il ont des problèmes de santé. Pour elle, un problème de poids, et actuellement un excema qui lui recouvre entièrement le corps. Ce dernier lui provoque des démangeaisons permanentes. Le diagnostic est posé. Pour la cause, cela pourrait provenir du confinement! Pour lui, c’est le diabète. Il a décidé d’arrêter l’alcool. C’est une sage décision. Notre repas s’éternise. La soirée est fraîche. Soudain, sous la langue, je sens rouler une de mes dents. C’est une dent sur pivot qui est sortie de la gencive…
Je ne lis ton article que ce soir Lilie…J’espère que les nouvelles sont meilleures aujourd’hui pour ton Papa. Difficile période que celle où nos parents commencent à fléchir dangereusement.
Mon quotidien est plus pépère, même ennuyeux parfois. Après la nuque, c’est le haut du dos à gauche qui me fait mal. Des contractures. Le moral qui résonne dans le corps.
Ce matin, nous partons sur Castres pour la révision de la voiture. En attendant la fin de la révision, sans voiture, nous déambulons dans le centre commercial et achetons quelques menus bricoles dont nous avons besoin.
Ce soir, ma soeur vient dîner avec mon beau-frère. Comme d’habitude, je traîne et je me mets bien tard à l’ouvrage. Je fais des farcis. Végétariens et non végétariens. Mon mari prépare une tarte avec les mirabelles que nous avons ramassées il y a trois jours.
Nous dînons dehors en nous protégeant comme nous pouvons des moustiques et autres insectes volants. La journée a été chaude, même très chaude, trop chaude pour déjeuner dehors ce midi. La soirée est fraîche. Il fait bon dehors.
La voix de Lilie
Les visites ne sont pas autorisées dans l’hôpital où se trouve mon père. Je trouve cette situation inhumaine. Et contreproductif pour le malade qui doit se battre seul. Pourquoi se faire vacciner si l’on ne peut pas en tirer d’avantages ? Pourquoi peut on refuser de se faire vacciner mais pas refuser les tests pcr ? Mon père est seul. Je l’appelle, il voudrait nous voir…. Sa voix est un peu meilleure qu’hier mais ce n’est pas la sienne. C’est celle de son père, mon grand-père que j’entends. Hier son visage n’était plus le sien non plus, la machoire tendue. Une vision mortuaire qui m’a choquée. Nous espérons un transfert rapide vers Avignon où les visites sont autorisées et où il sera dans un service spécialisé. Il souffre d’une grave déshydratation et manque d’oxygène. Il ne se sent pas mieux qu’hier, même si je trouve qu’il s’exprime mieux. Ce qui est certain c’est qu’il ne pourra plus vivre chez lui où il n’a aucune assistance. A-t-il quitté sa maison pour toujours ? Lui a-t-il fait ses adieux ? Je ne sais pas, il est parti si vite hier.
Avec ma sœur nous avons ouvert le garage et sorti sa voiture. Sa compagne nous fait bien comprendre que la voiture est aussi la sienne. Donc je prends la moitié de la voiture de mon père et sa moitié pour me déplacer. C’est inconcevable pour nous de prendre sa voiture. Jamais il ne nous aurait laissé sa voiture auparavant. Là il me l’a proposée. Autres temps, autres mœurs..
Mon enfance me passe par la tête. La maison. Mon père jeune. Cet endroit familier dont nous sommes privés depuis le départ de ma mère. Que je réinvestis peu à peu. Je fais des rêves étranges, je me réveille croyant qu’il est parti dans la nuit. Non, ce n’est pas aujourd’hui. Il est encore un peu là. Il y a encore un peu d’espoir. Si peu, mais pourquoi pas y croire encore.
Un soleil de plus en plus généreux…aujourd’hui. Nous avons prévu une sortie nature. Mon mari s’est chargé d’en trouver le lieu.
Le petit déjeuner pris, je prépare le pique-nique, fonce acheter des légumes et du pain. En préalable, nous faisons un petit détour par le vide-grenier d’un village voisin où nous achetons trois babioles dont un pied de lampe. Puis nous nous dirigeons vers le Sidobre au sud est du département pour notre randonnée pique-nique. Le Sidobre est un massif granitique. Ici, nous sommes en terre protestante. La randonnée est bien agréable. Elle nous emmène d’un hameau à l’autre. Quelques chaos granitiques, des cabanes de bergers, des abreuvoirs, des sentiers dallés. Nous traversons des forêts de hêtres, de chênes, de chataîgniers, et de grandes étendues herbeuses. Du dénivelé bien sûr, mais raisonnablement.
En fin d’après-midi, nous rentrons en passant par le salon des minéraux qui se tient jusqu’à ce soir dans une petite ville proche…
Une journée bien remplie qui me réconcilie avec la vie et l’envie. Ce matin, j’en voulais à la terre entière et plus particulièrement à ceux qui étaient à proximité.
Pour bien clore la journée, après une bière bien méritée, je repars glaner de l’ail dans le champ tout proche tandis que mon mari prépare le repas. Chacun son tour. Quant à ma fille, elle passe souvent son tour.
La voix de Lilie
Une journée toute en contraste.
C’est l’anniversaire de ma mère aujourd’hui. Il y eu des années où nous étions une grande famille réunie autour d’elle ce jour là. Puis les petits enfants ont grandi, puis les pièces rapportées se sont désolidarisées. Aujourd’hui nous ne sommes que 4, plus deux adolescents et un bébé. Le bébé occupe les conversations, les ados s’ennuient comme tous les ados.
Il fait très chaud avec un peu de vent, la journée s’étire. Dans l’après-midi nous profitons de la piscine pour nous raffraichir un peu. Enfin une ambiance d’été.
Nous repartons et vers 19h je passe voir mon père. Son état est catastrophique. Méconnaissable. Maigre. Il peine à respirer, ne peut plus parler. L’infirmière me conseille d’appeler le samu, et avec l’aval de mon père, je le fais. Ma sœur et ma nièce nous rejoignent. L’ambulance arrive une heure plus tard et mon père part seul car nous n’avons pas le droit de le suivre.
Nous restons là, les bras ballants, un peu choquées.
Ce soir, nous étions invitées au restaurant et à regarder un spectacle en extérieur. Nous avions annulé. Finalement, le timing nous permet d’y aller. Ce sera bon pour notre moral, et nous ne devons appeler l’hôpital que dans 3 heures. Alors nous dinons toutes les trois ensemble et nous profitons du spectacle. Je l’ai déjà vu il y a quelques années en salle et j’avais adoré. En extérieur, avec le vent et la distance, le son est mauvais et gâche la prestation. Dommage pour ceux qui ne connaissent pas.
L’hôpital ne donne aucun renseignement dans la, soirée. Ma nièce obtiendra quelques informations dans la nuit. Ce qui est certain c’est que le maintien à domicile n’est plus possible. Les semaines qui viennent vont être cruciales. En bon ou en mauvais.
Nous nous couchons ma sœur et moi dans la petite chambre chez ma mère. Impossible de dormir. On repasse des souvenirs d’enfance. La maison. Mon rêve: dormir dans ma chambre d’enfant et me lever en étant à nouveau chez moi dans la maison, comme lorsque j’étais petite.
Un soleil de plus en plus présent…Pour autant, peut-être ai-je pris un coup de froid? J’ai la nuque et le haut du dos douloureux, au point de me réveiller la nuit. Bref, je me lève avec une petite forme.
En fin de matinée, notre fille va marcher avec son chien, nous restons « at home ». Aller acheter le pain à la boulangerie et porter nos déchets verts à la déchèterie vont suffire à occuper notre matinée.
Après le déjeuner, nous avons notre fils en ligne, avec le petit. C’est sympa de leur parler. Il fait toujours moche à Paris.
Cet après-midi, nous bougeons, direction Lisle sur Tarn. Tout d’abord, un petit tour chez Emmaus d’où nous ramenons trois bricoles puis visite de la petite ville. Un ancien port fluvial, pour le pastel notamment. Devant l’église, séance de photos pour un mariage. Peu de monde. Tous ont le masque accroché au bras ou poussé sur le menton. Quelle tristesse ce monde masqué.
Nous visitons le musée Lafage qui rend hommage au dessinateur et graveur du même nom. Cet artiste a vécu au XVIIième siècle. C’est sympa, d’autant qu’il y a une exposition temporaire sur un graveur japonais et sa fille qui fait du kirigami – papier découpé. Après quelques courses, nous rentrons au bercail. Ce soir, c’est pizza. J’ai réservé en fin de matinée. En prime, nous avons droit à un concert de rock. Si les graines étaient là, nous serions parties danser…
La voix de Lilie
Ce matin, mise en jambe avec la rentrée du bois pour l’hiver. Ça me rappelle ma jeunesse, lorsque nous nous chauffions à la cheminée faute de radiateurs électriques assez puissants. Après une heure de travail, les filles lâchent l’affaire pour se préparer. Au programme du jour, balade et restaurant dans le Vercors.
Nous partons ma mère, ma soeur, ma nièce et une copine, et moi. 5 filles en vadrouille. Plutôt roadtrip parce que ma mère ne marche presque plus.
Le ciel est toujours très sombre, le soleil fait quelques apparitions et offre des traits de lumière qui éclairent les montagnes au loin. C’est un automne où il fait chaud… Nous nous arrêtons à Pont en royans dans un restaurant qui domine la bourne qui passe en contrebas. Avec ce temps gris, l’endroit ressemble assez aux bords de marne.
Après le repas, nous marchons un peu pour admirer le village et la rivière. Elle est tellement haute que la passerelle est submergée, l’eau passe par dessus et tombe en cascade. Quelques touristes s’aventurent à traverser malgré le courant, certains avec leur chien. Un père inconscient laisse sa fillette y faire quelques pas. Nous regardons, effrayées. Il y a un tel courant, qu’une personne qui glisse serait emportée à coup sûr. Je laisse ma mère et ma sœur pour partir admirer la cascade au bout du village. Trop loin pour ma mère, ma sœur en profite pour aller récupérer et rapprocher la voiture.
Puis nous repartons prendre un verre à la Guinguette du pêcheur. C’est un endroit magnifique au milieu des monts du Vercors que nous aimons beaucoup. Les filles s’amusent à faire des photos panoramiques, les vieilles que nous sommes tentons de les imiter sans succès. Les photos sont hideuses mais nous rions comme des folles.
Une belle escapade. La journée se termine par une soirée sur la terrasse chez ma, sœur. Le soleil fait enfin son apparition, les moustiques aussi. C’est l’été. Enfin.
L’expression « ça tombe à l’eau » prend tout son sens cette année. Tout ce qu’on fait habituellement l’été est noyé. Tient, il y a même un champignon qui a poussé dans le jardin. Pourtant un léger mieux aujourd’hui. Le ciel s’est ouvert par endroit et un peu de ciel bleu est apparu. La température monte légèrement, nous avons même entendu quelques cigales chanter sur les bords de l’Isère.
Pour continuer à croire en cet été qui va arriver, peut-être demain, peut-être plus tard, qui le sait, j’aide ma sœur à nettoyer la piscine. La pluie et le manque de baigneurs pour brasser l’eau destabilisent son fragile équilibre et des algues vertes tapissent le fond et les côtés. Pendant que ma sœur travaille et que ma mère se repose, je désherbe autour. Voilà, l’endroit est prêt pour les vacances.
Après quelques courses en ville, nous prenons l’apéritif sur la terrasse. Puis le temps le permettant, nous mangeons dehors. Une petite veste s’impose, mais elle permet aussi de faire barrière aux moustiques qui n’attendent que la chaleur pour faire un festin des bras et jambes découverts.
La voix de Graine
Ce matin, le temps est comme hier, couvert, mais sans pluie. Et de temps à autre, le soleil pointe son nez.
Je réveille mon frère doucement. Nous avons une virée prévue avec les voisins du côté de Cordes, je ne dois pas trop traîner. Toilette, bain, petit déjeuner, mon frère prend ses aises et cela me fait plaisir. Je ne le prends pas si souvent. Installé dans le fauteuil, il n’a pas trop envie de bouger; il serait bien resté un peu plus longtemps à la maison. Je lui vole une petite heure de bien être, mais de toute manière, je ne le garde jamais plus de 24 h. Après, c’est trop pour moi et pour mon entourage.
Nous déposons mon frère dans son centre en fin de matinée. C’est presque sur notre trajet. Nous en profitons pour cueillir des mirabelles aux abords du parking. Nous sommes invités à déjeuner chez le frère de notre voisine. Nous arriverons au delà de midi, mais j’avais prévenu. Avec mon frère, je ne pouvais pas faire plus vite.
Une maison de rêve dans une campagne luxuriante, un repas délicieux. Nos hôtes sont agréables et charmants. Après le déjeuner, nous partons pour une balade, à la recherche des sarcophages. Après les sarcophages, les dolmens. Après les dolmens, la cabane de berger. Nous déambulons à travers des forêts de chênes de causses. Malgré l’insistance de ma voisine, ils ne nous livrent pas leurs lieux à cèpes à tête de nègre. Ils en ont ramassé ces derniers jours, beaucoup, des dizaines de kilos, mais nous n’en saurons pas plus. Nous ne verrons pas non plus les sarcophages qu’ils ont sur leur terrain. C’est trop loin. Nous sommes ici chez des propriétaires terriens. A l’issue du partage entre frères et soeurs, ils ont hérité d’une trentaine d’hectares, des bois de feuillus surtout, dont ils doivent gérer la coupe. Des préoccupations qui nous dépaysent. Nous n’avons pas les mêmes. A marcher, nous avons chaud. Ce n’est pas la grande chaleur, mais nous bénéficions tout de même de soleil de temps à autre. Et les cigales s’en donnent déjà à coeur joie.
Nous partageons un dernier verre avec leur fille et son compagnon, avant de repartir chez nous manger les cèpes qu’ils nous ont donnés. Chez les voisins, la soirée s’étire jusqu’à tard dans la nuit.
En fin de matinée, je vais chercher mon frère et je l’amène à la maison. Comme d’habitude, il est content de me voir et de sortir du centre. Nous arrivons pour le déjeuner. Le repas est quasiment prêt. Je m’en suis occupée avant de partir.
Le soleil fait son apparition en début d’après-midi, juste pour prendre le café. Nous n’y croyions plus. Tu vas avoir du beau temps Lilie, de quoi recharger les batteries pour faire face. Nous les femmes, nous devons toujours faire face…Les premières lignes, c’est nous!
Une après-midi avec mon frère, c’est cool. Il ne fait rien, juste quelques borborygmes en pliant ses journaux. Moi, je prends le soleil dans ma cour et je joue. En bonus, il fait beau.
Un peu plus tard, je m’active: Rappeler les copines qui ont cherché à me joindre, avancer dans le rangement de mon buffet, vidé pour les travaux, passer voir mes voisins et enfin me remettre aux fourneaux pour le repas du soir.
Juste après le repas, mon frère va se coucher. Une soirée cool juste pour moi.
La voix de Lilie
Il fait encore bien gris ce matin, mais pas de pluie. Je pars courir pour me remettre un peu en forme. Je cours jusqu’à l’entrée d’une voie verte que ma sœur m’a montré hier, sur le côté le vercors s’élève sombre dans la brume. Je rentre par l’autre côté en faisant une boucle. J’essaie de m’y remettre un peu car cette année j’ai un peu négligé le jogging, ces derniers mois j’ai négligé aussi les séances de sport, ma forme et mes formes s’en ressentent.
Nous vivons cette journée chacun à son rythme. Ma sœur est partie travailler, ma mère passe de la télévision au fauteuil et du fauteuil à la cuisine, les ados se lèvent tard et jouent sur leurs téléphones, je me détends et je prends mon temps pour faire les choses.
En début d’après-midi, ma nièce fait des madeleines sous les directives de ma mère. Nous les grignotterons tout l’après-midi… Puis nous allons faire quelques courses entre filles et nous rentrons. Ce sera notre seule activité de la journée !
La pluie a repris. Nous regardons la piscine verdie, la table de jardin mouillée. Cet été automne est d’une tristesse infinie. Le soleil est attendu d’ici un jour ou 2. De toute façon, dimanche je pars encore plus au sud.
Un 14 juillet sous la pluie…Nous ne pouvions pas y échapper. Cependant, nous ne souffrons pas de la pluie car nous passons la journée au Musée, A Rodez. En y allant, nous déposons petite fille et son Papa à la gare d’Albi.
Notre 1er musée, le musée Soulages. Pierre Soulages est ruthénois. C’est ainsi qu’on appelle les personnes nées à Rodez. Il a 101 ans. Sa femme, Colette, a fêté ses 100 ans au mois de mars. C’est des rares peintres célèbres de son vivant. Sa célébrité ne date pas d’hier. Elle a plus de 70 ans. La ville de Rodez lui a fait construire un superbe musée qui met en valeur ses recherches et ses oeuvres. Il a inventé l’outrenoir. L’outrenoir, le noir au delà du noir.
Après la peinture, nous prenons la direction du musée d’histoire et d’archéologie de Rodez, le musée Fenaille, pour y voir notamment les statues menhir. Les statues menhir datent de 2 à 3000 ans avant JC. Ce sont des pierres plantées (ou menhirs) qui représentent des personnages, gravés ou sculptés. Ce dernier musée n’est pas très grand. Il balaye en trois étages les périodes du néolithique jusqu’au moyen âge. D’un point de vue historique, Rodez est vraiment une ville intéressante. Entre deux averses, nous voyons pointer quelques rayons de soleil, mais cela ne dure pas. Pour rentrer, la pluie nous accompagne à nouveau.
Te voici à nouveau en route vers le sud, Lilie, pour t’occuper de ton Papa. Le retour du soleil est prévu pour la mi-juillet. Un peu de soleil va nous faire du bien à tous. Espérons que la canicule va attendre un peu.
La voix de Lilie
Le ciel est si bas ce matin que nous nous contentons d’entendre les avions du défilé du 14 juillet passer au dessus de la maison en rentrant à leur base sans les voir. Seuls 3 avions de chasse volant plus bas que les autres apparaissent entre les nuages. C’est notre distraction favorite chaque 14 juillet. Regarder les avions sortir de la télévision pour passer au dessus de chez nous.
Aujourd’hui je repars dans le midi. En train. Toute la France est sous la pluie. Sauf l’extrême sud est et je ne vais pas jusque là. Pas un trait de ciel bleu, pas un rayon de soleil. Du gris et de la pluie sur tout le trajet. Il fait sombre. Le train est complet et peu de place pour les bagages. Les valises des uns et des autres restent posées dans le couloir. Il faut les enjamber pour pouvoir se déplacer. Une femme seule voyage avec ses 3 enfants. 2 valises et une poussette dans le couloir. Je n’ai jamais vu ça. Le confort du passager ne doit pas être la priorité de la sncf. Rentabilité quand tu nous tient….
Je retrouve ma sœur et ma mère à l’arrivée du train. Après une petite pause, nous partons faire un tour dans les magasins, seule occupation possible avec ce temps. Avec un arrêt incontournable dans la boutique lindt pour y prendre un bon chocolat chaud. Nous sommes en plein été, il fait 16 degrés, nous avons revêtu les kways, le parapluie, chaussettes, chaussures fermées. Quelle année particulière. Le réchauffement de la planète, ce n’est pas pour maintenant.
Ce soir, c’est la fête au village. C’est quand même le 14 juillet. La pluie s’est arrêtée. Nous partons avec ma sœur écouter l’orchestre local et prendre un verre à la buvette. Citron, gingembre, miel, menthe. Un cocktail étonnant. Un moment tranquille pour discuter toutes les deux.
L’année 2021 est une année difficile pour tous, à cause du COVID et de ses conséquences notamment. Alors quand le mauvais temps s’en mêle en juillet, que dire, c’est le pompon. Au village, ils ont dû annuler le feu d’artifice qui devait avoir lieu ce soir. Il fait trop mauvais.
Si en plus, comme chez toi, des soucis de santé apparaissent dans la famille, il faut être solide pour ne pas se faire avaler par le gris. J’aime le gris comme couleur. Il fait chanter les couleurs vives, à condition qu’il y ait de la lumière. Il n’y a qu’à voir un ciel d’orage. Mais trop, c’est trop. Du gris sans lumière, c’est terne, c’est déprimant, juste de la grisaille.
De la pluie sans discontinuer à la campagne. La campagne sous la pluie, ce n’est pas top. En plus, il fait froid. Dès qu’il y a un rayon de soleil, il fait chaud, mais le rayon de soleil est rare ces jours-ci.
Au vu du temps et de notre frigo désespérement vide, aujourd’hui, nous optons pour les courses et le bricolage. C’est sympa de faire les grandes surfaces ou les magasins de bricolage dans notre campagne, il y a beaucoup moins de monde qu’en région parisienne. Après le déjeuner, je m’installe sur un fauteuil. Je joue en regardant un téléfilm américain complètement sans intérêt. Je régresse. Je passe l’après-midi dans mon fauteuil pendant que mon mari bricole.
En fin d’après-midi, nous repartons dans une autre direction pour un complément de courses tant alimentaires que bricolage. Sur le conseil du quincailler de la petite ville d’à côté, nous passons voir un brocanteur qui nous trouve une pince pour l’installation de notre plafonnier dans la cuisine.
En rentrant, je prépare la soupe. Vu le temps, elle s’impose. Je prépare également une grosse sauce tomate. Et de la pâte à crêpes.
Petite fille a passé la journée avec son Papa. Ils sont allés à la piscine, couverte. Ce soir, rebelote. Nous faisons une nouvelle partie de labyrinthe. Et comme d’habitude, je perds…Mon ex-beau fils a trouvé un lieu où se poser avec sa fille. Demain, il part du côté de Narbonne.
La voix de Lilie
A peine le temps d’aller récupérer, enfin, nos cartes d’identité à la mairie de la ville voisine et de faire faire un tour de manège à petit fils, que la pluie se met à tomber sans discontinuer. Des trombes d’eau. La rue à côté de chez nous est totalement inondée, l’eau est même rentrée dans 2 maisons. Le ciel est noir. Il faut allumer les lumières dans la maison. Toutes les activités extérieures pour les enfants sont annulées. Nous optons nous aussi pour les courses et la visite des centres commerciaux avec petit fils. Pour les courses, petit fils a compris le principe: on regarde, on prend ce qui nous plaît et on met dans le caddie. Pourquoi est-ce qu’on le limite dans ses choix ? Nous repartons avec 2 voitures, 1 livre et un cahier de vacances ! Il ne connaît pas encore la finalité du passage en caisse !
En début d’après-midi, sieste obligatoire. Petit fils a peu dormi et ce soir il rentre chez lui où il retrouvera ses autres grands parents. Je veux qu’il soit en forme, et de toute manière, il n’y a rien d’interessant à faire aujourd’hui. Il monte avec ses voitures, je lui lit une histoire, et au dodo.
Après la sieste, un dessin animé en collant des images de foot (petit fils a déjà la panoplie du psg…) et déjà sa mère vient le récupérer. Comme je pars demain, je ne le reverrai pas avant un a deux mois, selon. Sûr qu’il va me manquer, et ma poupette aussi…
Après son départ, je commence à faire ma valise. Je dois descendre ta tente pour ma sœur. Impossible de rentrer mes affaires dans la petite valise, et de toute manière cela me ferait trop de sacs à porter entre la valise, le sac ordinateur, la tente et min sac à main. J’opte pour ma grande valise, avec tout à l’intérieur. Je n’aurai qu’elle à rouler et la tente à porter sur le dos.
Il a tellement plu aujourd’hui que des marres se font jour dans le jardin. Mes plantations sont inondées. Fils aîné vient manger ce soir et il ne peut même pas sortir son chien dans le jardin, il doit l’emmener sur le béton du parc derrière chez nous. Nous parlons du bb à venir, sa présence se fait de plus en plus concrète. Dans un mois il devrait être né. La soirée peut s’éterniser, les feux d’artifices sont annulés pour la plupart. Pourtant, on entend au loin le bruit caractéristique. Un feu est tiré. Mais, devant qui ? Qui a eu le courage ce soir de braver la pluie à 23h ? Pas nous en tout cas. Trop humide. Trop froid. Trop ras le bol de ce temps. Cette année, ce sera sans feu d’artifice.
Il y a des journées comme ça, des journées galère. Ça commence en milieu de matinée, par une petite pluie fine, qui nous confine à l’intérieur. Ça se poursuit par un trajet sous la pluie jusqu’à l’aéroport de Toulouse, via la gare de train de Toulouse pour récupérer mon ex-gendre et le mettre dans l’avion, direction Stockholm. Et ça se poursuit par un retour, à la campagne deux heures plus tard, avec petite fille et son papa, sous la pluie, toujours. L’avion est parti sans eux. Le passeport de petite fille est périmé. Les autorités sur place n’ont pas voulu les laisser partir, malgré une jurisprudence, un arrêté…Le passeport est périmé depuis plus d’un an. L’année dernière, ils ont pu partir. Cette année, ils sont restés. Cette fois, c’est sûr, ma fille va y penser à renouveler le passeport de sa fille.
Sur le chemin du retour, nous faisons le crochet par un parc de loisirs couvert pour que la petite puisse jouer et profiter de sa journée tout de même. Elle est contente que son Papa soit là. A l’aéroport, je lui ai acheté une revue avec des jeux sur le thème des Pyjamax. C’est elle qui a choisi. Ça l’occupe bien pendant le trajet du retour.
Le frigo est quasi vide et c’est lundi. Ce soir, c’est à nouveau un menu pâtes avec sauce tomate maison et champignons. Et du chou fleur aussi que ma fille a fait cuire en nous attendant.
Pour terminer cette journée bien étrange, je propose une partie de labyrinthe. C’est petite-fille qui gagne. De quoi nous réconcilier avec le jeu et avec la vie. Ben quoi, contrariété bien sûr, mais tout le monde est sain et sauf. Les plus malheureux dans l’histoire sont sans doute les parents de notre ex-beau fils qui attendaient leur fils et leur petite fille avec impatience. Les lits étaient déjà faits, le repas en cours de préparation…Au final, j’ai dû faire un lit et préparer à manger pour tous, avec l’aide de mon mari et de ma fille. Demain sera un autre jour.
La voix de Lilie
Depuis mon lit ce matin, j’entends la pluie qui tombe. Cette année est un enfer pour moi. De la tristesse à tous les étages. Et ce gris qui n’en finit pas. Bientôt mi juillet et pas un jour d’été. Depuis que nous gardons nos petits enfants, c’est l’automne.
Alors activités d’automne avec petit fils aujourd’hui. Peinture pour démarrer la journée, puis cinéma. La petite séance de 11h, dédiée aux tous petits. Mini film de 40mn, déjà largement au dessus du délai de concentration de petit fils. Il faut dire que c’est une première pour lui, alors il regarde partout. A la sortie, nous traversons le Disney village. Toutes les boutiques sont fermées avant 15h, 17h pour certaines. Je n’ai jamais vu ça. Il est vrai que le parc vient à peine de rouvrir après un sommeil de plus d’un an, le village lui aussi s’éveille doucement. Nous déjeunons au fast food de cette nourriture toujours aussi détestable. Petit fils adore déjà. Marketing quand tu nous tiens.
En début d’après-midi, rendez vous medical, spécial fille. Impossible de trouver un spécialiste. Ils ne prennent plus de nouveaux patients. C’est une généraliste qui a fait une formation dans la, spécialité , mais pas l’internat. Je ne savais même pas que ça existait. Elle a choisi de faire ça par envie d’aider les femmes. Elle fait les consultations simples et si problème, elle oriente. De façon générale, il me semble que le soin en France a bien regressé. Il n’y a plus vraiment d’écoute. Lorsqu’on parvient, parfois après des mois d’attente, à rencontrer un spécialiste, il nous expédie sans explication. Douleurs ? Normal à votre âge.
Il tombe des cordes cet après-midi. Le ciel est si sombre qu’on doit allumer les lumières. On fait le tour des jeux. Puzzles, dominos, mémori. Petit fils s’endort pour une sieste tardive. Du coup, le soir il regarde un film d’animation avec nous et il se couche plud tard. Dans mon lit, nouvelle habitude.
Mon père est allé en consultation à l’hôpital avec ma nièce. La biopsie n’a toujours rien révélé de connu. Les prélèvements vont être envoyés à Marseille. Toujours pas de traitement. Ma nièce l’a trouvé encore maigri et affaibli. Au téléphone, sa voix est enrouée, il dit qu’il a du mal à respirer. Je le verrai la semaine prochaine.
Un dimanche de plein soleil à la campagne. Le bleu, la chaleur du dehors qui résonnent à l’intérieur. C’est dimanche. Nous démarrons la journée en douceur. Mon mari va courir, ma fille va faire du vélo. Je reste avec la petite. Une petite balade avec mes voisins de gauche, la mise en route de la cuisine, une sortie courses dès le retour des sportifs, le temps passe vite. Dès son arrivée, la petite fille des voisins d’à côté est venue chercher ma petite fille pour jouer.
Après la sieste de la petite voisine, les petites partent à la piscine d’à coté avec ma voisine et ma fille. Je me mets à la cuisine. Nous avons invité les voisins pour ce soir. Avec les petites, nous sommes 8. Il y a le bébé aussi, de 5 mois, que je ne compte pas. La journée a été très chaude. La soirée est agréable.
Les éclairs font leur apparition avant même que nous ayons fini de débarrasser la table…Une 1/2 h plus tard, c’est l’orage. Je me dépêche de rentrer le linge.
La journée se termine devant la séance des tirs aux buts de la finale de la coupe d’Europe de football 2020…
La voix de Lilie
Les petits enfants ont bien dormi, et malgré un sommeil léger avec un oeil et une oreille toute prête au cas où, je me réveille reposée. Petite fille appelle, petit fils dort encore. Avec les deux, difficile de faire des activités adaptées. A part le bac à sable. Quoi que, petite fille commence à griffonner sur une feuille.
Leur mère vient déjeuner ce midi. Entre deux jeux, je prépare le repas. Nous arrivons à manger dehors. Le temps est gris, quelques trouées de bleu et il fait bon. C’est tellement agréable de pouvoir être dehors. Cet été, nous avons tellement peu d’occasion que nous n’avons même pas installé le salon de jardin correctement. Le jaccuzzi est vide. La piscine gonflable des petits remisée au garage depuis l’an dernier.
Après leur départ, je me relance dans mes fuseaux de lavande. Avec ce genre d’activité, le temps passe vite. Il est l’heure d’appeler ma mère, dimanche soir oblige.
Petite fille apprend à parler. A son âge, elle ne comprends que les phrases positives. J’essaie de lui parler sans utiliser ce « pas » si pratique dans mes tournures de phrases. Je m’aperçois que la négation est une solution de facilité qui supprime la moitié du vocabulaire.
Ne cours pas, marche. C’est pas bon, c’est mauvais. C’est pas beau, c’est laid. Bref, une tendance à la négation à limiter au maximum.
Quand on est en vacances, un jour de week-end se distingue peu d’un jour de semaine, mais pour ma fille qui télétravaille, c’est grasse matinée jusqu’à 10 h. Et petite fille se lève aussi à 10 h. Mère et fille sont synchro. Il est vrai que nous sommes rentrés bien tard hier soir. Un ciel étoilé magnifique nous accueille à la maison, malgré cela, nous nous sommes précipités au lit. Les grands avaient bu un peu trop de vin. Petite fille avait abusé du bain.
Ce matin, on se la joue cool. Il est prévu de voir la petite fille de nos voisins aujourd’hui ou demain, mais nous n’avons pas de nouvelles. Comme il fait beau, nous décidons de partir nous baigner dans un lac. Ce n’est pas ce qui manque par ici, les lacs pour la baignade. Sur le conseil des voisins, nous optons pour le lac des Montagnes. Cest un bon choix. Il fait frais, le lieu est agréable et tranquille. La dernière fois que je suis venue ici, mon fils avait l’âge de ma petite fille, et nous avions déjeuné avec mon père dans un restaurant près du lac. Mon père avait commandé un cassoulet. Il avait trouvé des morceaux de verre au milieu des haricots. Le bocal avait dû casser!
Comme nous sommes partis tard, nous commençons par le pique-nique, puis direction la plage pour le bain. Pour ma part, je reste sur la berge et ma fille aussi. Nous sommes dans la Montagne noire à 700 m d’altitude.
Après le bain, le goûter, crêpe et glace, nous nous dirigeons vers le parcours d’accrobranche qui est tout à côté. Pas de chance, j’ai mis une robe, et du coup, je zappe aussi l’accrobranche. Mon mari et ma petite fille sont équipés de baudriers et de mousquetons. Les voilà partis, avec ma fille nous les encourageons de la voix. Ils passent successivent d’échelles de cordes aux tyroliennes. C’est un parcours pour les petits, mais il est relativement long et assez difficile. Je suis épatée de voir ma petite fille faire. Même pas peur. Elle se débrouille très bien avec le parcours et l’utilisation de son matériel. Juste un petit fléchissement en fin de parcours: les deux dernières tyroliennes son haut perchées et elle est fatiguée. Mais pas question d’arrêter. Mon mari s’est râpé le doigt. Je ne me moque pas. Je ne suis pas sûre que j’aurais fait mieux.
Nous rentrons tard. Une pizza nous fait bien envie, mais non, ce n’est pas possible, nous aurions dû réserver…Nous nous contentons de pâtes à la maison, que tout le monde mange avec très bon appétit.
La voix de Lilie
Ici c’est toujours l’automne. Il fait gris, il pleut, il pleut, il fait gris. Comme dans ma tête. Il fait gris. Je n’arrive plus à avancer. Moi aussi j’ai mal partout. Epaule depuis 5 ans, hanche, genou, doigt. Je pense que ça vient des cachets que je prends contre le cholestérol. Déjà 3 fois que je change de traitement, rien n’y fait. Il me semble aujourd’hui que les médecins ne s’occupent pas de la douleur. Petite ou grande, on reste avec. Trouver le bon spécialiste est un parcours du combattant. Quelquefois, pas toujours, un diagnostic est posé. Pour autant, aucun soin efficace n’est proposé. Alors, comme nos mères avant nous, et nos grands mères, nous souffrirons. Plus ou moins en silence. Ce corps qui se désagrège de plus en plus me désespère. Devoir subir sa tyrannie jusqu’à l’ultime souffrance m’effraie au plus haut point. Pour tenter de freiner dans la descente, je fais des seances de streching. En ce moment, j’ai peu de temps pour moi alors les séances s’espacent.
Aujourd’hui j’ai acheté du ruban pour faire un fuseau avec les brins de la lavande du jardin. Je l’ai fait avec mon souvenir de petite fille, lorsque ma grand-mère m’apprenait. Ses fuseaux étaient toujours magnifiques, le mien un peu biscornu. Les gestes reviennent, il manque une ou deux astuces oubliées. Un petit tour sur Internet fera l’affaire. On y trouve tout, même les gestes d’autrefois. Pour autant, je suis assez fière de moi. Même si la lavande est moins odorante que celle du midi, je suis contente, et je l’ai pendu dans mon armoire. C’est un redoutable anti mites.
En dehors de ce moment de grâce, cette journée n’a été que grisaille, dedans, dehors.
Ce soir, les petits dorment à la maison. Les parents sont de sortie. Petite fille dans le petit lit, petit fils avec moi. J’écris ce blog comme une voleuse, dans le noir, petit fils endormi à côté.
Il fait très beau aujourd’hui. Une belle journée d’été. Lorsque je me lève, une odeur de pain grillé et de café monte de la cuisine. Petit fils se réveille à mes côtés et nous descendons tous les deux. La table est joliment mise pour un petit déjeuner sur la terrasse.
Je me reveille, petit fils à côté de moi, dort encore. Il fait gris, comme tous les jours en ce moment. Je passe un polaire, en juillet. Petit fils se réveille et nous descendons tous les deux. La maison est encore dans le noir. J’ouvre les volets et je fais le petit déjeuner.
Nous nous lançons dans la peinture, il reste une heure avant que je regagne l’étage pour télétravailler. Fils revient déjeuner ce midi.
Après le temps calme, nous partons voir une exposition pour les enfants, puis nous passons une heure dans un parc. Petit fils se défoule dans les toboggans et apprend à grimper sur des ponts suspendus.
Hier, lorsque j’ai taillé un arbuste fleuri dont une branche dépassait, petit fils a voulu récupérer la branche pour l’offrir à sa mère. Hier soir nous l’avons mise dans l’eau car les jolies fleurs jaunes commencaient à faner. Ce soir, les fleurs sont toutes passées. Petit fils est déçu. Nous faisons un autre bouquet avec des roses rouges et une nouvelle branche de fleurs jaunes. Il est très fier de l’offrir à sa mère lorsqu’elle vient le chercher.
Après son départ, nous prenons un apéritif bien mérité sur la terrasse. Nous prévoyons enfin notre semaine de vacances. L’idée a muri cette semaine, il reste à réserver les hôtels, prévoir les trajets. Puis nous préparons ensemble un petit plat pour le dîner. Les soirées d’été sont propices à rester plus longtemps dehors pour bavarder.
Après son départ. Télé pour l’un, balade pour l’autre. Je réserve mes billets de train pour descendre dans ma famille.
La voix de Graine
C’est l’été ici, enfin, à la campagne. Pas une grosse chaleur ce matin, mais le ciel est uniformément bleu. Nous faisons une matinée cool. Je passe du vinaigre entre les pavés de ma cour pour faire mourir les mauvaises herbes. Toujours un pincement au coeur en pensant aux mauvaises herbes. Celles qu’on ne veut pas, qu’on rejette, qu’on détruit. On décide qui doit vivre et qui doit mourir. Et du coup, les mauvaises herbes sont plus résistantes, plus vivaces, plus envahissantes. Question de survie. Il y a quelques jours, sur la plage de Polille, il y avait une exposition photo sur les bateaux qui repêchent les réfugiés en Méditérranée. Des nouveaux nés qui ont vu le jour sur les bateaux, les sourires des africains sauvés…
En fin de matinée, nous partons faire les courses au village. Aujourd’hui, c’est jour de marché. Un grand mot pour quatre commerçants qui se battent en duel sur la place…Mais ici aussi, au marché, le masque est de rigueur. Nous achètons des légumes, des fruits, du poisson, de la viande, du pain. Nous faisons un petit tour à l’épicerie pour compléter.
Après le déjeuner, que nous prenons dehors, je nettoie mes vitres au rez de chaussée. Je ne suis pas contente de moi, car, malgré mes recherches sur internet, mes vitres ne sont pas bien nettes. Il y a des traces partout. Tant pis, c’est fait. Il me reste juste deux fenêtres à terminer. Je les nettoierais demain. Il est temps de partir, direction Albi. Nous allons nous baigner à la piscine chez ma soeur.
Ma sœur n’a pas la frite. Elle a mal au dos. Elle a mal au bras. C’est pour ça que nous ne nous sommes pas précipités chez elle dès notre arrivée. Mais tout de même, j’ai envie de la voir et c’est réciproque. Je suis inquiète pour elle. Son moral en prend un coup. Elle ne peut plus faire de randonnées et doit se contenter de petites marches sur terrain plat. Pour faire les gestes du quotidien, elle doit sans arrêt solliciter son mari. Ce n’est pas drôle. Bien sur, elle hésite à prendre les anti-inflammatoires, recule l’infiltration qui lui soulagerait le bras. Son toubib n’est pas très empathique. Depuis peu, le diagnostic est posé. C’est de l’arthrose au niveau des vertèbres cervicales. Et les douleurs du dos provoquent une tension, d’où l’inflammation à l’épaule.
Malgré tout, nous passons une bonne après-midi et une bonne soirée en famille. Petite-fille prend deux bains à la piscine avec son Papy, tandis que je discute avec ma sœur. Après son télétravail, ma fille nous rejoint. Il fait beau. Les moustiques attaquent. C’est l’été. La saison des grillades et du rosé bien frais.
Courage, Lilie, les vacances arrivent, et avec le sud, le soleil plus généreux. Profite bien de tes petits-enfants.
Encore une journée maussade, il n’y aura pas de piscine aujourd’hui, il fait trop frais. Nous optons pour une balade jusqu’à la passerelle de Mazamet qui enjambe l’Arnette et le musée du jouet d’Hautpoul. Je prépare le pique-nique pendant que mon mari va courir. Nous partons tard – ce n’est pas grave car le musée du jouet n’ouvre qu’à 14 h. C’est juste que ma fille télétravaille et aimerait bien plus de calme pour ses réunions!
Le site n’est qu’à 30 km de chez nous. Mais surprise, pour accéder à la passerelle à partir du parking, il faut faire 2 km de marche, en montée. Qu’à cela ne tienne, il ne fait pas trop chaud, la marche va nous réchauffer. Sur le parcours, une exposition de photos. Et la voici, la passerelle. Toute fine et aérienne. Avec le vent, elle bouge légèrement. Il faut juste ne pas regarder dessous. Nous traversons sans encombre et nous nous retrouvons dans un vieux village qui date du Vième siècle. Ce fut plus tard un site cathare, tenu par Simon de Montfort. Il reste quelques ruines d’un château médiéval, des boutiques de créateurs, beaucoup plus récentes et un bar pour se restaurer sommairement. Nous pique-niquons à la sortie du village, puis nous nous offrons une crèpe au bar. Avec un café bien sûr.
Le musée du jouet se trouve dans le même village, mais en contrebas. Qu’à cela ne tienne. Un petit sentier qui descend nous y amène. Nous y passons l’après-midi. Un régal. Toute une présentation de la montagne noire, sa faune, sa flore, ses arbres, l’industrie du bois…, et surtout plein de maisons de poupées, de jouets en bois du monde entier. Une exposition magnifique. C’est mon mari qui s’occupe de la petite. J’ai un coup de mou, le vaccin sans doute et je dois m’asseoir.
En final de l’exposition, une salle de jeux, des jeux anciens en bois. Nous passons deux heures à jouer. La petite se fait des copains. Pas la moindre pause. Elle est à fond. J’ai peur pour le retour.
Mais non, pas de souci, le retour se passe comme l’aller, sans problème, si ce n’est un petit caillou qui s’est introduit dans sa chaussure et qui la gêne. Nous sommes presque arrivés au parking, nous nous arrêtons tout de même pour enlever ce vilain caillou et repartir vaillamment. Pour une fois, la petite revendique l’envie de faire la pause. C’est rare.
De retour à la maison, je prépare le repas du soir, la ratatouille est au menu. Il fait beau à présent. Nous mangeons dehors. Après le repas, je débroussaille ma bordure externe car il risque de faire très chaud les prochains jours. Puis j’étends ma lessive.
La voix de Lilie
Petit fils arrive vers 8h30 et à 9h nous sommes déjà en pleine peinture, découpages, collages. Il faut dire que je télétravaille ce matin alors je dois tetminer les activités avant 10h. Mon mari prend la suite et l’emmène faire les courses car le frigo est un désert. Mon fils vient déjeuner à la maison ce midi. Le temps est instable, il faut attendre le dernier moment pour opter pour un repas sur la terrasse.
Après le repas, je remonte télétravailler pendant le « temps calme » bercé par le tour de France. Une heure plus tard, petit fils toque à ma porte. Oncle et grand-père dorment devant le tour, lui non… On enchaine les jeux, intérieurs (puzzle, jeux de société), extérieurs (sable, trampoline ,balançoire vélo) jusqu’à l’heure du goûter. Il commence à pleuvoir au moment où nous partons aux jeux gonflables. Heureusement ce n’est qu’une petite averse. Comme hier, il y a beaucoup de monde et petit fils passe d’un jeu à l’autre. Je ne le quitte pas des yeux.
A 18h, nous assistons à un spectacle de rue. Petit fils est fasciné par les acrobates qui montent sur une perche aussi aisément qu’on le ferait sur un escalier. Ils sont 2 à jongler avec des haches, à s’envoyer des morceaux de pommes dans la bouche et à virevolter sur cette perche de plusieurs mètres de haut. Petit fils est bon public, il rit, s’extasie. J’adore le regarder vivre ce moment.
Au retour, il prend un bon bain avant le repas.
Ce soir il reste dormir à la maison. Il y a un moment qu’il n’a pas dormi hors de chez lui. Il veut rentrer dormir dans sa maison. Sauf que sa maison est vide, fille en profite pour sortir. Ce soir, il pleure, ça me crève le cœur. Il ne veut pas dormir dans son lit, il veut dormir dans le mien. Alors je me couche avec lui et je bouquine. Il finit par s’endormir et moi par écrire cet article !
Les horaires des grands mères s’allongent au fur et à mesure que le petit enfant grandit….
Le jour des enfants, Lilie! Tu en as eu combien aujourd’hui, un ou deux? Tout en travaillant, bien sûr, je ne sais pas comment tu fais. Moi je retrouve ma vie à la campagne, et mes filles. En fin de matinée, mon mari emmène la petite à la pêche. Je vais faire les courses et je fais la cuisine. Bon respect de la répartition des tâches homme/femme, mais ça me va bien, tout compte fait.
Cet après-midi, petite fille regarde un Astérix en gigotant sans arrêt- jamais assise sur le fauteuil – curieux temps calme, mon mari est reparti pêcher, moi, je me pose et je bloggue un petit coup. Hier soir, pas moyen, je n’avais pas d’internet.
En fin d’après-midi, je vais me faire vacciner au village, à la pharmacie. C’est ma 2ième injection. Dans 15 jours, je pourrais circuler en Europe, sans test. Si rien ne change d’ici là, si le variant delta ne chamboule pas tout l’équilibre précaire retrouvé aujourd’hui. En chemin, je remets ma petite fille aux bons soins de mon mari. Après la pêche, il l’emmènera aux jeux qui sont tout à côté. Ma fille n’est pas en congés, elle télétravaille.
Après la vaccination, je reviens préparer le repas du soir…
Un temps incertain aujourd’hui, mais malgré tout agréable. Il nous a permis de manger dehors ce midi. Ce soir, par contre, il fait plus frais. Nous décidons de manger à l’intérieur. Bien vu, une petite pluie commence à tomber.
C’est moi qui m’occupe de la toilette de la petite et la prépare pour la nuit, en mode vacances. Dans le bain, elle prend ses barbies et tout son temps.
La voix de Lilie
Heureuse de te savoir de retour. Dans le blog et dans ta maison ! Elles sont toutes pareilles ces maisons, il y a toujours à faire. L’indispensable avec toutes les réparations impromptues et le superflu avec toutes les idées que l’on peut avoir pour changer un peu le quotidien, pousser les murs, repeindre, réaménager. Ou ne plus rien faire et mourir à petit feu.
Aujourd’hui, 2 petits. J’ai pris ma journée, car comme tu dis, trop c’est trop. Le temps est variable ici aussi. Il nous laisse jouer au sable humide, monter jusqu’aux toboggans puis noie les jeux gonflables avant l’ouverture du parc… On essaie de passer entre les gouttes.
Pour le temps calme. Comment dire. Le jardinier de la copropriété a décidé de tailler la haie la plus proche de chez nous entre 13 et 15h. Petite fille fait la sieste dans le brouhaha de la tronçonneuse. Déjà il y a un an mon mari avait été leur demander de changer d’horaire. Je crois qu’il y est retourné aujourd’hui. Grosse colère. Pendant ce temps je jardine avec petit fils. J’ai décidé de planter une allée de fleurs rampantes le long de la terrasse. Il m’aide, se lasse, revient, repart. Passe de papy à mamie, de dedans à dehors, du sable à la terre. Temps calme.
La sieste, si on peut appeler ça comme ça, terminée la pluie se met à tomber. Il faut temporiser et rester à l’intérieur. Je déniche un vieux clavier électronique et les enfants s’amusent à jouer de la musique et à danser. Voilà une activité, comme le bac à sable, qu’ils peuvent faire ensemble. Il y a bien quelques couacs, coups bas et autres chamailleries de frère et sœur, mais ça reste gérable. Petite fille pique bien quelques crises lorsqu’elle n’arrive pas à faire ce qu’elle veut toute seule. Petit fils reste imperturbable dans son jeu.
Après la pluie, séparation des enfants et des grands parents. Chacun le sien. Papy reste à la maison avec petite fille. Mamie part avec petit fils au parc de jeux gonflables. Toute la ville s’y retrouve. Les enfants s’amusent, les parents discutent entre eux. Après 2 heures de ce régime, nous rentrons.
Les enfants sont fatigués, le repas est vite expédié pour que tout le monde rentre chez soi dormir. D’ailleurs à peine arrivés déjà couchés et endormis.
Demain petit fils sera seul à la maison, ce sera plus cool.
Pour la première fois depuis un mois, je prends le temps de faire une séance de gym. Mon choix se porte sur le streching. J’en ai besoin. Je me sens toute nouée, mal partout. Les étirements me détendent. Il faut que je trouve un moment chaque jour pour les faire, mais j’ai du mal à m’y mettre après ma journée ou lorsque je ne suis pas chez moi.
Ce midi nous avons été rapporter notre machine à riz qui ne fonctionne plus. Il y a à peine 5 mois que nous l’avons achetée. J’ai choisi une marque Française, fabriquée en France… La précédente machine, achetée pour presque rien dans un déstockage, avait duré plus de 10 ans. Que penser…
Ce soir, c’est le ballon d’eau chaude qui nous lâche. Bah, la période est électroménagèrement difficile.
Après le travail nous partons marcher une heure en forêt pour nous remettre en jambe. Le temps nous le permet. En forêt est un bien grand mot car nius devons rester dans les grandes allées, le reste des chemins ou des sous bois est bien trop boueux.
A partir de demain, les petits viennent à la maison. 2 ou 1 selon les jours. Jusqu’au 14 juillet. Le rythme va être élevé ! J’ai cherché, et noté des endroits où les emmener pour les distraire. L’été, les villes alentour propose des villes-plages, Emerainville plage, pontault plage…. Bref, on devrait trouver notre bonheur si le temps le permet.
Ensuite nous partirons. Ou je. Nous sommes incapables d’organiser un temps de vacances. De nous poser ensemble pour en parler. Nous avons repris nos mauvaises habitudes. Soirée télé, téléphone. Pas de projet. Pas d’idée. Pas d’envie. Pas de joie. Pas de rire. Juste des contraintes. Penser, faire et ne pas dire.
Tu vois Graine, tu es en vacances, tu vas mieux, je suis rentrée, c’est moi qui plonge. Je pense à notre village. On y est bien, au soleil sur les terrasses, la vue est magnifique. L’horizon sur les collines, le soleil couchant. On a bien choisi, on a mis le temps, mais vraiment, on a bien choisi. Notre village est merveilleux.
La voix de Graine
Notre village est magnifique, Lilie, nous y mettons le temps, mais nous allons le trouver, avant qu’il ne soit trop tard!
Aujourd’hui, nous rentrons de la mer. Un dernier bain à la plage du Racou au bout ouest d’Argeles, puis direction la campagne en mode touriste. Nous faisons un détour par la haute vallée de l’aude. Des petites routes qui tournent sans arrêt. Nous dépassons deux chateaux cathares: Queribus, Peyrepertuse, sans les visiter, avant d’arriver sur Rennes le Château. Le GPS me perd, signe que Rennes le Château est une destination bien spéciale. C’est là que l’abbé Saunières aurait trouvé un trésor qui lui a permis de restaurer son église. D’où vient ce trésor? Templiers, Cathare, Wisigoths, Blanche de Castille…Il y a plein d’autres pistes toutes aussi fantaisistes les unes que les autres. Il n’y a aucun fondement scientifique à ces hypothèses. La piste d’enrichissement la plus plausible reste le trafic de messes et d’intentions. L’abbé Saunière est parti dans la tombe avec son secret. Rennes le Chateau est devenu un lieu ésotérique très prisé des anglo-saxons. Ce n’est pas un village pour nous, Lillie, trop foldingue.
Après une pause goûter à Alet Les bains, nous partons pour notre dernière étape vers la campagne via Limoux et Castelnaudary. Alet les Bains est un village médiéval authentique. Les restes d’une abbaye en ruine en témoignent. C’était aussi une ville thermale qui possédait une usine d’embouteillage des eaux. Tout est fermé. Comme beaucoup d’autres, la haute vallée de l’aude est une région qui se meurt. Les anglais s’y étaient installés en masse. Ils ont veilli. A présent, avec le Brexit, les anglais préfèrent rester chez eux.
Nous voici enfin chez nous. Préparer un repas rapide, faire le lit pour les filles, ranger les affaires et au moment où je me prépare à faire la pause, le disjoncteur saute en privant d’électricité la moitié de la maison. Notre installation électrique est sommaire dans certaines parties de la maison. De l’eau s’est infiltrée à un mauvais endroit. Mon mari hurle, mon cerveau se bloque. Il va se coucher, j’attends les filles qui vont arriver tard, à partir d’1 h du matin. Il va bien falloir remédier à tout ça en faisant intervenir un électricien. Notre installation n’est pas encore sécure. Petit à petit, nous mettons de l’ordre, réparons, rectifions, mais il reste beaucoup à faire. Nous avons l’impression que ça n’en finira jamais, il y a tellement de choses à revoir.
Les filles arrivent enfin. Je commençais à piquer du nez. La petite me saute dans les bras. Je suis contente qu’elles soient là. Soudain, j’ai un flash. Je sais comment intervenir pour remettre l’électricité un peu partout, sans prendre de risque bien sûr. Quand mon cerveau fonctionne, tout devient plus facile. Je peux donc aller dormir, en toute sérénité.
Le soleil est revenu. Aujourd’hui, nous nous dirigeons vers Port Vendres que nous avons traversé de nuit, il y a 2 jours. Port Vendres est un.port de commerce avec l’international, et aussi un port de pêche. Pas du tout une ville touristique comme sa proche voisine Collioure. Nous partons à pied à la découverte des caps, sur le sentier du littoral en direction de Banyuls. J’aime ces sentiers de bord de côtes, qui sautillent de cap en cap, enjambant des criques ou des anses toutes plus belles les unes que les autres. Certaines ne sont accessibles qu’en bateau. Quelle chance de pouvoir s’approcher d’une crique en bateau. La certitude d’avoir une baignade bien tranquille. Mon mari me dit qu’il aurait pu passer son permis bateau pendant son service militaire. Il était à Cassis. Il ne l’a pas fait. Dommage. Peut-être pourrions-nous le passer, lui au moins? Il aime la mer, il aime la pêche…
Nous avons amené la canne à pêche à la mer. Il ne s’en est pas servi. La pêche, ça prend du temps. Il faut choisir entre la pêche et une autre activité. C’est à lui de voir.
Nous nous baignons dans une crique avant de revenir sur Port Vendres en bus. Très commode ce bus à 1 € qui relie toutes les petites villes de la côte des Pyrénées orientales. Cela nous permet de continuer la visite de Port Vendres. Il y a bien sûr quelques touristes, mais ce n’est pas la foule. Ici, nous pouvons nous promener sans.masque.
En fin de soirée, nous nous posons dans un resto bien sympa, conseillé par les pêcheurs locaux. Le poisson est frais et bon.
Au retour, un dernier bain. Le soleil se couche dans notre dos, sur la montagne.
Prend bien soin de toi Lilie. Ce que tu dis est vrai. Le temps où quelqu’un va se préoccuper de tout faire pour nous faire plaisir est révolu. C’est à nous de nous occuper de nous. Ce n’est pas de l’égoïsme, c’est une nécessité si nous voulons être capables de nous occuper des autres.
La voix de Lilie
La pluie, toujours la pluie.
Petite fille est réveillée par son oncle qui part travailler. Il ne sait pas faire doucement. Qu’elle soit là ou pas, aucune différence pour lui. Sa vie est réglée au millimètre, rien ne peut la faire bouger.
Donc tout le monde est réveillé. Petite fille a le réveil difficile. Comme sa grand mère… Elle refuse tout, les bras, le biberon, la tétine. Seule solution, poser le biberon au coin du lit et partir. Ça ira mieux tout à l’heure.
Je télétravaille pendant que mon mari et sa mère s’occupent d’elle. Je les rejoins le midi pour un menu enfant général.
Je profite un peu d’elle, puis je monte la coucher pour la sieste. Elle chantonne et danse toute seule entre 2 jeux. J’adore son babillage et sa détermination à faire seule les choses plus ou moins difficiles, voire impossibles pour son âge. Au fil des années, on perd cette capacité à tenter les choses nouvelles jusqu’à y arriver. On se repose sur ces acquis, la nouveauté fait peur. On arrête de se mettre en danger. Elle, elle tente tout. J’espère qu’elle gardera longtemps cette capacité. Que l’éducation actuelle lui permettra de la conserver, quand la notre nous a brisé les ailes. Qu’elle pourra toujours faire ce qu’elle veut faire, qu’elle gardera sa confiance en elle pour ne pas se limiter elle-même.
Le gris en couleur dominante… Jusqu’ici, nous eu grand beau temps, pas grave s’il fait un peu plus gris et un peu plus frais aujourd’hui. Nous partons pour le site des orgues. Nos cheminées de fées à nous, les français. C’est étonnant, cette érosion par l’eau qui produit ces grandes dames à chapeaux. Des siècles pour en arriver là. Il ne doit pas faire bon traîner par ici en temps d’orage. C’est violent et destructeur. La visite est courte, elle ne prend pas plus d’une heure, et se termine avec un peu de pluie. Cela tombe bien. C’est l’heure de déjeuner Direction Castenou, un village médiéval, avec son château tout en haut.
Le déjeuner catalan est délicieux même s’il traîne un peu en longueur. Nous grimpons visiter le château qui date du Xième siècle. Il vient de réouvrir en 2021 après des années de travaux et pour l’occasion, c’est gratuit. En prime, une conférence sur les vicomtes de Castelnou. Erudit, le conservateur, son exposé est complet et savant…pas du tout dans un objectif de vulgarisation. Pour résumer, au Xième siècle, ce n’était pas plus facile qu’aujourd’hui de se faire une place au soleil, même pour un vicomte. Ils avaient tous les dents longues. Les femmes? On les utilisait pour étendre son pouvoir…
Nous terminons notre journée par Elne. Un coup d’oeil à la maternité suisse – qui a permis a beaucoup de femmes réfugiées espagnoles d’accoucher en toute sécurité. Utilisée aussi pendant la guerre de 39/40. Ellle était sous la responsabilité de la croix-rouge suisse, d’où son nom. Une balade dans le centre historique de la ville avant de rentrer. Le nom d’Elne vient d’Hélène, la mère de l’empereur Constantin.
Pas de baignade aujourd’hui. Trop frais, trop gris.
La voix de Lilie
Il pleut, il pleut, trouée de bleu, pluie, orage. Un temps d’automne. Nos amis partent. Place à la famille. Petite fille, belle mère, beau frère. Bref, beaucoup d’occupation de femme d’intérieur, ce que je ne suis pas. Pendant la sieste de la petite, les hommes regardent du sport à la télé, les femmes s’ennuient.
Impossible de sortir vraiment cet après-midi à cause de l’instabilité du temps. Nous jouons avec la petite, quelques fois un peu sur la terrasse pour un repli rapide à l’intérieur lorsque ça mouille.
Mini puce est de plus en plus intrépide, elle veut descendre les escaliers en se jetant dedans et sans qu’on la tienne. Exercice périlleux totalement interdit. Bataille rangée pour la tenir ou la porter. Elle est fascinée par les fermetures des sangles de sa poussette ou de sa table à langer. Elle passe des heures à boucler les sangles, nous demander de les rouvrir pour recommencer. Elle saute de joie lorsqu’on vient rouvrir les boucles. Elle a bien dû se pincer une fois ou deux car elle décale sa main bien précisément lorsqu’elle actionne la fermeture. Moi aussi ça me fascine de la voir faire. Elle commence à parler, imite nos intonations et nos phrases. Quelques mots sont compréhensibles. Elle est plus espiègle et plus indépendante que son frère. Elle veut tout faire toute seule. Manger, dans l’ensemble, ça prend du temps mais elle y arrive. Mettre ses chaussures, impossible à son âge, elle s’énerve puis finalement trouve la, solution de mettre nos chaussures qui sont plus grandes et bien plus facile à enfiler.
Le dimanche se termine. Nous n’avons pas vraiment eu de temps pour nous. Mardi sera l’unique jour de la semaine prochaine où nous serons seuls. Les vacances scolaires arrivent et avec elles les renforts papy mamizz.
Il y a un mois que je n’ai pas eu 30mn à moi pour faire du sport. Père, mère, enfants, petits enfants, familles, chacun prend sa part et vit sa vie. Moi je ne trouve plus la mienne. Est-ce de l’égoïsme ? De la survie ? Ça commence à me prendre vraiment la tête.
Lorsque j’étais petite, ma grand-mère m’adorait. J’étais sa préférée. Elle faisait tout pour me faire plaisir. Je n’ai jamais retrouvé cette sensation. D’etre l’unique. Je sais que je ne dois pas la chercher. Elle ne reviendra plus.
Le temps est incertain aujourd’hui. Il fait doux, gris, de temps en temps une trouée de bleu dans le ciel. Nous décidons de braver la météo en déjeunant dehors. Repas d’été, après tout, même si l’impression est plutôt automnale, on est en été. Ratatouille, patates nouvelles, brochettes.
On a du mal à profiter de l’extérieur tellement les avions sont bruyants et nombreux aujourd’hui. Infernaux. Nos discussions à table tournent autour de ça. Autrement dit, ils nous pourrissent la journée.
Le soir nous rejoignons les graines qui participent à un gala de danse. 2 graines dansent, 3 graines spectatrices, 2 maris et 1 enfant. Nous sommes heureuses comme chaque fois de nous retrouver. Après le gala, nous partons au restaurant tous ensemble finir la soirée. Nous dinons en terrasse, il fait bon, les discussions vont bon train. Une averse tropicale nous fait prendre le dessert à l’intérieur. Nous faisons la fermeture, trop de choses à nous dire.
Ce soir, il ne manquait que toi, Graine, pour être au complet. C’est bien plus compliqué de se retrouver toutes ensemble depuis vos retraites !
La voix de Graine
Je suis contente de vous savoir toutes ensemble ce soir, les graines! Bien sûr, vous me manquez! Mais explorer l’ailleurs, c’est aussi important pour se renouveler, sentir d’autres parfums , goûter d’autres saveurs…
Ce matin, c’est le parfum et le goût du vin dans une cave au dessus de Banyuls, visite de la cave puis dégustation de Banyuls et de Collioure. Ici, les vignobles sont en pente sur des terrains schisteux. Ils dégringolent de la montagne jusqu’à la mer. Les anciens ont construit des murets perpendiculairement à la pente pour retenir la terre et des rigoles dans le sens de la pente pour évacuer l’eau et irriguer.
Pour nous baigner, sur les conseils de la caissière de la cave, nous remontons en direction de Port Vendre sur le site de Paulille. C’est un site protégé créé sur le lieu d’une ancienne usine de dynamite qui a fermé ses portes en 1984. C’est étonnant. Triste aussi. Beaucoup de gens sont morts. Manipuler de la nitroglycérine n’est pas anodin. La plage de l’usine, à l’abri d’une crique est belle et tranquille. Sur le site, un atelier de réparation de barques catalanes a également vu le jour. Sa vocation est d’aider les jeunes à se construire ou reconstruire en mettant en valeur le patrimoine.
L’après-midi, nous poussons jusqu’au Cap Cerbère. J’ai toujours été fascinée par les frontières, ces limites créées de toute pièce et pourtant bien réelles entre pays. Lieu des trafics, des passages clandestins, chemins de liberté pour ceux qui fuient leurs pays…Changement de normes et de règles entre pays. L’écartement des rails n’était pas le même entre les différents pays. A Cerbère, les transbordeuses vidaient les trains espagnols pour charger les trains français…1ère grève des transbordeuses en 1905. Elles ont eu gain de cause.
Départ de notre campagne, direction la Catalogne. Nous traversons la montagne noire, sombre, peu éclairée, comme son nom l’indique. Sur l’autre versant, les Corbières, nous accueillent avec des vignobles et un paysage méditerranéen. Nous faisons un petit crochet par l’abbaye cistercienne de Fontfroide. Rachetée au début du siècle par un particulier, l’abbaye n’accueille plus de moines, mais des concerts, des expositions. C’est un bâtiment magnifique, avec un jardin « remarquable ». Elle héberge également un domaine viticole.
Nous arrivons dans notre lieu de villégiature en milieu d’après-midi. Argeles plage est une destination de vacances très populaire. Plus de 70 campings. Notre location ressemble au lieu. Pas d’une grande classe. Mais la mer est à 300 m. C’est bien. Nous passons à l’office de tourisme, prenons notre 1er bain de mer de l’année, repérons les lieux…
Ce matin, nous sommes sur le pont de bonne heure. A 9 h, nous cheminons déjà sur le sentier du littoral, direction Collioure.
Nous prenons un 1er bain dans une crique avant l’arrivée à Collioure. Après un déjeuner léger à l’ombre, nous partons pour une balade peinture à travers la petite ville, sur les traces de Matisse & Derain. 1905, la naissance du fauvisme. Il fait beau, chaud. Petit désagrément, le masque est obligatoire dans toutes les rues. Nous nous exécutons, mais nous sommes presque les seuls.
Une visite de l’atelier de préparation des anchois, suivie d’une glace face à la mer, il est temps de rentrer, en bus. A la descente du bus, un dernier bain de mer pour se rafraîchir. Encore une journée bien remplie.
La voix de Lilie
Bonne initiative l’article sur 2 jours, Graine. Tu compatis à ma difficulté de garder le rythme journalier dans la multitude de tâches qui me sont tombées dessus depuis mon retour !
Après notre arrivée tardive de mardi suivie d’un mercredi à garder les 2 petits, jeudi devait être consacré à la remise en route de la maison et du jardin et aussi à souffler un peu. Que je croyais.
Lavage, étendage pour démarrer. Puis je pars courir. Il y a plus de 2 mois que je n’ai pas couru et un mois avec 0 sport. Il est temps de s’y remettre. La balance vire au rouge, moi à l’angoisse de la prise de poids. Je suis heureuse de courir. Impossible d’aller en forêt, l’orage de la, semaine dernière a fait tomber des arbres entiers, et les pluies de ces dernières semaines rendent les chemins trop boueux. J’étrenne mes nouvelles chaussures de courses, seul achat vestimentaire, s’il on peut dire, de l’année.
Déjeuner sur le pouce et nous voilà partis pour les courses de premières nécessités (terme à la mode en cette période covid). Au milieu des courses un appel d’un couple d’amis qui nous rappellent leur venue pour ce soir…..Branle bas de combat. Courses pour les repas, ménage chambre, salle de bain, refaire le lit. On avait zappé.
En plus ils arrivent avec une chienne qui déteste les chats. Nous voilà à jongler entre le haut et le bas de la maison le jour, entre dehors et dedans la nuit pour éviter un croisement. Mon chat est vieux, je ne veux pas que la peur lui fasse un coup au cœur.
Le lendemain, vendredi est à peine plus calme. Re lessive, faire cuire les légumes pour le repas de la petite ce midi. Je prends le petit-déjeuner avec tout le monde, petite fille arrive, mon mari la garde ce matin et je monte télétravailler.
A midi, mon mari part chez le coiffeur, je m’occupe du repas de la petite. Elle essaie de manger seule. Avec sa petite fourchette elle pique les morceaux, avec sa cuillère elle arrive un peu à attraper du yaourt. Elle met du temps, mais elle est heureuse de le faire seule. De façon générale elle veut tout faire elle-même. Quand elle n’y arrive pas, elle est très colère. Elle baragouine quelques mots, et essaie d’imposer sa volonté. Un sacré personnage, ce petit bout de femme.
En fin d’après-midi, je vais faire ma deuxième vaccination. Ça y est, j’ai le passeport. J’espère que cela m’évitera le test dans le nez pour partir en Sardaigne en septembre. Auquel cas, j’aurai échappé à ce test.
En soirée nous partons sur Paris retrouver notre Graine tout juste arrivée de son île. Champagne dans sa chambre d’hôtel, repas au restaurant dans bercy village. Il fait bon ce soir, nous pouvons flaner dehors. J’espère que ça va durer, j’ai besoin de dehors.
Tu peux être fière de toi, Lilie. Tu as fait ce qu’il fallait pour ton Papa, tu as profité du soleil et du grand air. Quand on veut s’occuper des siens, être en forme, c’est essentiel. Comme toi, j’espère que ton père va retrouver une autonomie suffisante pour rester chez lui. Tu as dû bien profiter de tes petits aujourd’hui. Ils ont certainement changé, appris plein de trucs, depuis la dernière fois où tu les as eus, surtout la petite.
Pour moi aujourd’hui, c’est journée grand ménage. Demain, nous partons à la mer, dans les Pyrénées orientales. A notre retour, les filles arrivent, avec le chien. Après les différentes tranches de travaux que nous avons eues depuis deux ans, la poussière s’est infiltrée un peu partout, le nettoyage n’est pas du luxe, c’est une nécessité.
Ce midi, nous déjeunons dehors, puis je m’installe sur un transat pour lire et faire la sieste. Le temps s’y prête. Une alternance de soleil et de nuages. Une température agréable. En plein été, c’est rare de pouvoir manger dehors le midi. Il fait trop chaud. Le soleil brûle, même avec un parasol.
Malgré mon travail acharné, je n’ai pas réussi à finir le nettoyage des vitres. Tant pis, je finirais quand les filles seront là.
Mon mari a rangé son ordinateur. Il est en vacances pour 3 semaines. Nous allons boire une bière au village pour arroser ça.
La voix de Lilie
Un temps d’une tristesse infinie. Plus de déjeuner au soleil, plus d’envie de faire quoi que ce soit, plus d’énergie.
Pourtant sur le pont dès le matin. Les petits sont là aujourd’hui. Ils nous sautent dans les bras tellement ils sont heureux de nous voir. Ça fait chaud au cœur. Oui ils ont bien grandi pendant ces 3 semaines. La petite est de plus en plus agile et de plus en plus intrépide. Elle escalade chaises et tables, mange seule, commence à parler. On capte quelques mots, pour le reste elle exprime très bien ce qu’elle veut ou ne veut pas ! Son frère articule de mieux en mieux, il est plein de vie et d’imagination.
Aujourd’hui il colle et range des cartes dans un livre, colorie, peint, fait des gateaux (et les mange), bref en 2 temps 3 mouvements la salle à manger ressemble à un centre de loisir. Et les animateurs sont épuisés ! Entre deux averses nous sortons pour aérer tout le monde.
Après leur départ, nous faisons un peu de jardinage. Après 3 semaines, de la chaleur au début puis beaucoup de plue, le jardin ressemble à un jardin tropical. La vigne a envahi le passage, il faut couper des tiges de plus de 3 mètres de long. La clématite fait la tête. Quelque chose ne lui plaît pas. Le chaud ? La pluie ? Le manque d’accroche ? Je lui installe un nouveau tuteur. Espérons. Les rosiers ont fait leurs roses pendant mon absence, je ne peut que couper les fruits.
La soirée se termine comme avant les vacances, devant la télévision. Hélas. Plus d’envie de faire.
A ton tour Graine, le soleil, le rosé, les terrasses. Profite, profite.
Aujourd’hui, première marche de préparation pour mon escapade sur le chemin de Compostelle prévue en septembre.
Je pars vers 14 h. J’avance droit vers la montagne noire, vers le sud. « El camino de la vida ». Le chemin pour moi, c’est bien ça, un chemin à l’image de la vie, avec ses moments difficiles et ses moments de bonheur intense. Marcher, seule, avancer droit devant. La solitude de la marche est exigeante, déroutante. Dans la tête, les pensées défilent. Parfois, elles portent, parfois, elles plombent. Il y a les paysages, la météo, les rencontres…
Côté météo, le temps est idéal. Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid. Un peu de vent et d’air, pas de pluie. Je croise des marcheurs, des cyclotouristes avec leurs sacoches pleines, des cyclistes. Un bonjour échangé, rien de plus.
Le départ est difficile. Je résiste à l’envie de regarder sans arrêt mon portable. Le chemin du train, le chemin des droits de l’homme sur lequel je marche est balisé. Il y a des bornes tous les kilomètres.
Je croise un écureuil, puis un autre lorsque je fais ma pause au bout de 12 km, avant de faire demi-tour. Je profite de la pause pour m’excuser auprès de la secrétaire de mon association jacquaire. Ce matin, j’avais prévu une réunion sur le site, mais au vu des retours négatifs, je ne savais plus quoi faire. La secrétaire s’est retrouvée seule face à la caméra, à essayer de m’appeler sans succès puisque le portable ne passe pas. Pas cool, je lui devais des excuses.
Respirer, regarder les champs de part et d’autre, du blé, du tournesol qui n’a pas encore ses fleurs, du maïs, de l’ail. Repérer les arbres et les arbustes sur le bord du chemin: chênes, noyers, robiniers, genêts, noisetiers, cerisiers, lilas, frênes…Reprendre contact avec la nature m’apaise et me recentre. Je n’ai plus besoin de mon portable pour avancer. Juste accepter l’instant présent, le vivre et attendre l’instant suivant. La marche me réconcilie avec l’éphémère et l’impermanence des choses.
Je rentre vannée, avec des ampoules, mais heureuse d’avoir fait le 1er pas pour me mettre en bonne condition physique pour partir. Mon mari vient à ma rencontre à vélo. Ce soir, c’est lui qui prépare la table.
La voix de Lilie
Chassé-croisé Graine. Tu es partie, je rentre. Journée transhumance, le terme est bien choisi.
La matinée démarre de façon totalement inattendue. Les brebis ont disparu de l’enclos. Après avoir cherché dans tous les recoins du terrain, on les retrouve sous le préau où ma cousine gare sa voiture. Notre présence les effraie. Elles sont toutes jeunes et arrivées d’hier, elles ne nous connaissent pas. Nous essayons de les ramener vers le terrain, elles dévorent les fleurs du jardin, le paillasson devant la porte. Elles essaient de rentrer dans la maison, elles devaient avoir l’habitude d’être abritées la nuit. Nous jouons les bergers pour le remettre dans leur enclos.
Après un peu de ménage, nous bouclons enfin les valises. Clap de retour. Il fait 27 degrés, soleil. La route est encombrée de camions car nous sommes en semaine. Pendant le trajet, mon père appelle pour dire qu’il est bien rentré. Maintenant nous allons voir s’il peut reprendre sa vie en main et si la maladie va se traiter ou pas. Voilà qui va conditionner le futur proche et moyen.
Après 6 heures de route et deux petits arrêts, nous arrivons à bond port. Il fait gris, le sol est mouillé, 17 degrés.
J’ai passé 3 semaines dehors, à l’air, pris mes repas sur les terrasses chez ma cousine, mon père, ma nièce, ou aux restaurants, passé du temps au soleil et au bord des piscines. C’est difficile d’être obligée de rester à l’intérieur à cause du mauvais temps. La lumière s’est éteinte. Il fait sombre dans la maison.
Je vais retrouver mes petits demain. Mes soleils suffiront ils a éclairer mon âme.
Aujourd’hui, c’est notre première journée à la campagne. Il a beaucoup plu depuis le mois de mai. Tout est bien vert. Il n’y a pas de fruits cette année. Les cerises ont gelé. Pas d’abricots non plus. Hier soir, nous voyons passer la voisine avec des toutes petites pommes vertes dans un seau qu’elle amène à ses chevaux. J’ai cru que c’était des choux de Bruxelles. Curieux en cette saison.
Arracher les mauvaises herbes, aller faire les courses, ranger nos affaires, faire un peu de ménage, aller saluer les voisins et en profiter pour boire un verre, le temps passe vite à la campagne.
Notre petite voisine passe devant notre cour avec ses deux petits. Son bébé de deux mois a une bronchite qui fait suite à une bronchriolite la semaine dernière. Aux urgences, il l’ont mis sous oxygène. À le voir aussi rond et aussi costaud, on n’imagine pas un bébé malade. Et pourtant! C’est sa soeur qui lui a ramené des maladies, qu’elle a attrapées chez la nourrice.
Cet après-midi, le beau temps revient. Ça fait du bien. Je fais la lessive.
La voix de Lilie
Le sud de la France semble le seul épargné par le mauvais temps. 3 semaines de soleil et d’été ont doré ma peau et remonté mon moral. Les fruits et légumes d’été arrivent. Il y a bien eu cet épisode de gel ici aussi, mais certaines variétés y ont échappé. La production d’abricot de ma petite cousine est en pleine cueillette. Ma mère et ma cousine ont fait des confitures et des compotes. Le reste nous les mangeons, murs à point. Nous prenons tous nos repas dehors: grillades, légumes grillés, salades, fruits.
J’ai profité de ces 3 semaines pour faire une cure de romarin. C’est un très bon detox pour le foie. Le pied de romarin de ma cousine est si envahissant que nous l’avons taillé de moitié. Je l’ai fait sécher et effeuillé, il est prêt à être utilisé. Bien sûr il sera moins parfumé que le frais, mais c’est mieux que rien et mieux que ducro. Et c’est bio !
Demain nous allons reprendre le chemin de la maison et j’appréhende déjà la grisaille et la pluie.
J’ai laissé mon père à l’hôpital, il sort demain. La mission que je m’étais donnée d’aller au bout de la recherche de sa maladie est presque achevée. Presque. J’aurais aimé le ramener chez lui. Il manque 1 journée. Mais mon mari veut remonter car nous gardons la petite mercredi. Si j’avais eu la présence d’esprit de demander à ma fille de changer avec le jeudi, mais je ne l’ai pas eu. Mon cerveau a trop de choses à penser. Il a disjoncté je crois. Donc demain, c’est une ambulance qui le ramène. De toute façon c’est sans fin, car ensuite il reviendra dans 10 jours, puis une ou 2 semaines après, puis il faut trouver un Kine, puis appeler une autre ambulance, l’infirmière….. Donc je rentre. Je l’aiderai de chez moi et je reviendrai vers le 20 juillet. Je verrai bien s’il peut recommencer à vivre en autonomie chez lui.
Pour nous aujourd’hui, c’est jour de transhumance. Le départ en vacances. Nous nous transportons de Paris jusqu’à la campagne, en voiture, pour prendre l’air. Nous avons prévu d’y passer 4 semaines avec une escapade à la mer entre deux. La vraie transhumance, celle des bouchons et et des queues interminables, ce sera à partir de la semaine prochaine, quand les petits seront en vacances. Bien heureusement, ce n’est plus pour nous.
Nous avons de la pluie, mais heureusement pas d’orage. Un faisons un trajet sans encombre. Nous nous arrêtons pour boire un coup et manger la pizza au village avant de nous installer dans la maison. Aucune mauvaise surprise cette fois-ci. L’herbe a poussé dans la cour, bien sûr, mais nous avons l’habitude. Cela me fera de l’occupation pour demain. Mon mari n’est pas tout à fait en vacances. En préalable, il a trois jours de télétravail.
Après nous être installés, nous partons faire un petit tour dans la campagne. La nuit tombe. Il bruine. Rien ne nous arrête. Nous mettons le Kway, prenons le parapluie. La récolte de l’ail a démarré. Nous glanons quelques gousses qui n’ont pas été ramassées.
Profite bien de ton Papa, Lilie, et d’Avignon qui est une bien belle ville, quoique chaude en été.
La voix de Lilie
Ce matin, cap sur le palais des papes. Avant la visite, nous prenons un café face à cet immense édifice construit pour abriter la papauté de 1535 à 1594. Le masque est obligatoire pour la visite. Les visiteurs sont comptés. Et fouillés. Covid. Attentats… Passés les contrôles, on nous distribue des tablettes audioguide. Finies les visites guidées, les anecdotes d’un amoureux du lieu. Chacun le même parcours, les mêmes phrases. Encore un métier perdu. Le palais des papes se prépare pour le festival qui démarre dans 2 semaines. La cours d’honneur est transformée en scène et gradins pour les futurs spectacles. Nous cheminons entre cours, escaliers, salles, jardins, chambres, galeries. Plafond en voute, en poutres, mur de pierres ou peints. Le palais vieux de Clément V, le palais neuf de Clement VI. L’édifice est immense, seule une petite partie est ouverte aux visiteurs.
En sortant nous allons jusqu’au pont d’Avigon, on y danse, on y danse. Pont Saint Benezet, traduction provençale de Saint Benoît. Le site a été bien restauré et il est devenu payant. Ce pont enjambait le Rhône et les royaumes. Celui du roi, celui du comte de Provence. A chaque crue du Rhône, il était partiellement détruit. Il coûtait une fortune en entretien. Il a finalement été abandonné. Il n’en reste qu’une petite partie et deux chapelles.
Après toutes ces visites, il est temps de déjeuner. Ma nièce nous rejoins avec son mari et leur bébé. Nous déjeunons en terrasse à l’ombre d’un grand ficus. Le temps passe vite lorsque nous sommes ensemble. Déjà il est l’heure pour moi d’aller retrouver mon père à l’hôpital.
Il se lève aujourd’hui, en trainant la valise reliée à son drain. Quelle misère de le voir si maigre dans cette robe d’hôpital se trainer avec cette valise. 25 ans nous sépare, c’est si peu maintenant.
Le soir nous allons manger dans une guinguette au bord du Rhône. Parenthèse tranquille.
Oui, trouver un lieu où il fait bon vivre, c’est ça qu’il me faut, c’est ça qu’il nous faut, avec la nature à proximité, de la lumière, des amitiés, des liens humains, à créer ou à consolider. Dans cet environnement favorable, les activités, elles viendront d’elles-mêmes.
Même si cela reste une utopie, toutes ensemble, ce serait super! Qui sait si nous n’arriverons pas à le réaliser un jour. Il suffirait d’une étincelle…Pourquoi s’interdire de rêver et de réaliser nos rêves? Sans attendre, le temps passe tellement vite.
Aujourd’hui, c’est un samedi qui n’est pas ordinaire. Demain, nous levons le camp, direction la campagne. J’ai proposé aux enfants de manger ensemble ce midi, à l’extérieur. Initialement, c’était une proposition de brunch qui s’est transformé en repas classique. La belle-famille de mon fils est à Paris depuis quelques jours. Bien sûr, ils sont de la partie. Avec les petits, nous sommes 10. Malgré la pluie, nous mangeons dehors, à l’abri. Les enfants peuvent jouer et courir. Pas de bruit de voitures. Un repas à la bonne franquette qui s’éternise, mais qui s’en plaindra?
Je n’ai pas de courses à faire aujourd’hui, mais je dois faire le ménage, la lessive, vider le réfrigérateur et préparer le pique-nique pour la route.
Pour partir, je passe à la librairie m’acheter un livre. Celui qui a gagné le prix du livre Inter » Un jour, ce sera vide » de Hugo Lindenberg. Dans ce livre, le narrateur est un enfant. Rien que pour cela, le livre m’intéresse.
Tu vas pouvoir retrouver ton Papa, Lilie, aujourd’hui? Peut-être va-t’il pouvoir rentrer chez lui?
La voix de Lilie
Après une matinée passée chez ma cousine à préparer notre valise et à récupérer quelques affaires pour mon père , nous partons pour Avignon. J’ai réservé 2 nuits d’hôtel pour joindre l’utile à l’agréable. L’utile car je pourrai rendre visite à mon père à l’hôpital, l’agréable car nous pourrons profiter de l’hôtel et de sa piscine, et aussi aller flaner dans Avignon.
Pendant que je vais voir mon père – visites autorisées de 16 à 19h, une seule personne par jour. Masque obligatoire pour le visiteur dans la chambre. Je n’ai pas vu cette consigne, je me fais rappeler à l’ordre par l’infirmière. Pas plus que l’heure de sortie à 18h qu’elle m’annonce comme étant la règle. Le covid a bon dos, je crois. En tout cas les pauvres malades n’ont que 2 h par jour pour voir un membre de leur famille, et ça c’est bien triste.
L’hôtel est tout proche, je rentre à pied en fin d’après-midi.
Le soir, après un dernier bain dans la piscine de l’hôtel, nous partons faire un tour en ville. Je suis restée 2 ans à faire mes études à Avignon. J’ai traversé la ville de part en part plusieurs fois par semaine pour relier 2 sites de la fac. Et je ne reconnais presque rien. Un axe principal. Une place. Les monuments. La ville s’est étalée hors bien plus loin qu’autrefois. Une promenade remplace les parkings le long des remparts. A l’intérieur, des zones piétonnes, des placettes et beaucoup de restaurants petits ou grands ou l’on peut manger dehors. La vieille ville est très vivante avec des musiciens ça et là qui jouent dans les rues. La place du palais des papes est envahie par les terrasses de restaurants. Une ville du sud,qui vit dehors les 3/4 de l’année et qui mériterait un rafraîchissement !
Après avoir flané dans les rues et ruelles, nous optons pour un petit restaurant le long de la rivière où autrefois officiaient les teinturiers. Puis sur le chemin du retour, nous dégustons 2 boules de glace.
Ce matin, je fais à nouveau un créneau à ma coop, de 9 h à 12 h. J’ai mis le paquet cette semaine pour ne pas perdre le fil et ne pas avoir à geler mon compte. La coop, ça compte pour moi. Je dois m’y investir davantage, même j’hésite encore à franchir ce cap. Ce matin, je vérifie les dates des produits frais, je déstocke les périmés, je tiens la caisse. C’est important de varier les postes pour se sentir à l’aise dans son créneau. Pour chaque tâche, il y a un tuto. Pour fermer ma caisse, j’ai dû vérifier le tuto.
Cet après-midi, dans mon établissement d’handicapés, nous regardons les photos que je leur ai prises. Nous faisons une sélection. Je dois terminer le cadre. Ensuite, j’imprimerais les photos, et je positionnerais les photos dans le cadre avec eux.
Avant de rentrer, je m’arrête une heure à l’atelier d’arts plastiques pour m’occuper de mes coquelicots. Ce n’est pas fini. Tant pis, je continuerais au retour des congés.
Ce soir, après le repas, je fais le tour du quartier pour repérer un lieu où partager un brunch demain midi. La journée a été encore un peu grise aujourd’hui, mais le soleil revient. Les terrasses sont pleines à craquer. Toujours pas de lune à admirer! Un brunch le samedi, ce n’est pas possible dans le quartier. Tant pis pour le brunch, ce sera un resto.
La voix de Lilie
La vie a repris son rythme d’antan. S’arrêter en chemin pour prendre un verre en terrasse. Remercier en offrant un restaurant. Seuls les masques en intérieur de magasin nous rappellent cette incroyable épopée que nous venons de traverser.
Ici c’est l’été, le ciel est bleu, l’air est doux. Et ça change tout. Je suis bien ici, ma maison ne me manque pas. Juste mes petits. Je crois que j’aimerais revivre ici. L’idée de repartir dans le gris m’effraie. Heureusement cet été, je vais beaucoup bouger.
Je comprends ton malaise Graine. Le gris, le quotidien, le manque d’activité parfois. Tu as besoin de remplir tes journées sinon tu te sens mal. Tu as besoin d’air, de terre, de nature. Si on se trouvait toutes un endroit au calme et au soleil à partager ? Une maison Graines. Avant le village. Avant l’hepad !
Je vais bientôt rentrer chez moi, j’espère qu’on pourra toutes se voir, ce sera plus facile pour moi.
Avant d’aller télétravailler chez ma mère, je passe vite fait chez mon père pour vérifier si les poules du voisin ont bien été sorties et si la compagne de min père va bien. Une fois tout ça sous contrôle, je repars chez ma mère pour la matinée. Je télétravaille dans la salle à manger car il n’y a pas de bureau. Ce n’est pas pratique. Il faudra que je vois comment m’installer ailleurs. Après le déjeuner je reviens chez ma cousine et je pique une tête dans la piscine avant de me remettre au travail. Cet après-midi, réunions sur réunions. Je ne m’ intéresse plus. C’est terrible et terrifiant. Ma tête et surtout mon intérêt sont ailleurs. Je n’arrive pas à me remotiver. D’autres choses m’intéresse mais plus ces projets d’entreprise. Je n’arrive plus à y déceler ce qui pourrait m’apporter quelque chose.
Le soir nous allons diner chez mon cousin. Sa fille vient aussi d’avoir un bébé, il est heureux d’être enfin grand-père à plus de 70 ans ! Avec sa femme ils vivent en quasi autarcie alimentaire. Potager, oliviers, vignes, tisanes, miel. Et un cochon partagé pour le jambon, les saucissons et même quelques patés maison. Ne manquent que les poules, le fromage et un peu de viande. Ils vivent dans un petit village, dans une maison avec vue sur le mont ventoux. S’ils n’écoutent pas les informations, ils peuvent être au paradis. Pas de violence.
Ce soir la lune est pleine. Elle se lève, majestueuse, juste à côté du mont ventoux. La vue est à couper le souffle. Nous essayons tous de prendre une photo. Hélas nos téléphones ne rendent pas la beauté que nos yeux peuvent capter. Alors nous regardons longtemps pour admirer ce spectacle de la nature.
mde
La voix de Graine
Il y a des jours où je voudrais rester muette.
Une journée qui commence sans entrain, sans envie, sans désir malgré un démarrage matinal: yoga, respiration, méditation. A 10 h, je suis sur le canapé à écouter de la musique des années 80. La loose. J’ai des choses à faire, mais pas envie de les faire. Et là, je ne suis plus dans la sphère professionnelle, mais bien dans la sphère privée! Que faire pour contrer cet ennui et ce désintérêt pour le quotidien? Partir, changer d’air, cela devient urgent…
A 11 h, le coup de fil de ma copine me tire de ma torpeur. Elle me propose une balade, que j’accepte bien sûr.
En fin d’après-midi, j’enchaîne sur mon atelier d’Arts plastiques. Sur le chemin, je fais un détour pour aller voir l’exposition d’Arts plastiques qui est en cours au Ministère des Finances. Quelques-uns d’entre nous exposent. A l’atelier, mon champ de coquelicots avance péniblement. Il peine avec moi. Mais, ce soir, c’est la fête. Après l’atelier, nous allons manger tous ensemble dans un restaurant du quartier. C’est un restaurant libanais. Je passe une bonne soirée. Je rentre à 23 h 30. Depuis combien de temps cela ne m’était pas arrivé? J’ai oublié.
Je ne vois pas la lune à Paris. Le temps est couvert.
Ce soir coupe d’europe de foot 2020 à 21 h: France – Portugal. Les français sont déjà qualifiés pour les 8ième de finale, mais tout de même, il doivent gagner! Je pense que les portugais ont un raisonnement symétrique. La compétition, dans toute sa splendeur. Je ne suis pas contre la compétition, même entre nations, à condition que cela reste du jeu, du sport, et que cela donne du plaisir aux joueurs et aux spectateurs. Tout ce qui fait du bien est bon à prendre.
En allant à la danse, nous nous sommes racontées des blagues toutes les deux avec la petite, pour rire, pour pouffer de rire. Elle aime, elle joue, elle invente des histoires à dormir debout. Le jeu, c’est naturel pour les enfants. Nous, les adultes, nous ne savons plus rire, jouer…Nous sommes sérieux et tristes. Comment retrouver son âme et son coeur d’enfant? Comment retrouver la joie de vivre?
Demain, la petite fait sa sortie de fin d’année demain. Sa classe part à France Miniature. Elle est toute excitée de sa sortie. Je suis contente pour elle. Ils auraient dû partir en classe de découverte au mois de mai. Annulé, en raison du Covid.
Sa passion actuellement, ce sont les insectes. Elle est allée le week-end dernier au Muséum d’histoire naturelle de Lille où elle a découvert les mygales. Avant de sortir du muséum, elle a voulu les revoir. Des poils partout, toute velues les mygales, vivantes, dans des bocaux. Ce matin à l’école, elle est allée déranger des cloportes cachées sous une pierre avec ses copines. A nouveau, j’ai des recherches à faire, la durée de vie des cloportes par exemple. Au fait, la durée de vie d’un moucheron, c’est 7 jours.
Mon mari a prévu d’emmener la petite à la pêche quand nous serons à la campagne. Il s’est renseigné sur les droits d’accès. Pour elle, c’est 5 euros pour une année et pour pêcher où elle veut. Et pour le matériel, pas de souci. Mon fils avait sa canne à pêche.
Ce soir, je regarde le foot, d’un oeil et d’une oreille distraits.
La voix de Lilie
Journée tricolore aujourd’hui. En 3 phases ou en 3 couleurs.
Levée aux aurores pour emmener mon père en consultations à l’hôpital. Après la première consultation, ma nièce nous accueille chez elle. Nous profitons de la fraîcheur de la maison, de la piscine et surtout de son tout petit bébé. Presque 2 mois, déjà un beau bébé. Avec ses crises de fin d’après-midi qui rendent ses parents impuissants à le calmer. Apprentissage de part et d’autre. En fin d’après-midi 2ème consultation et hospitalisation pour mon père. C’est mon mari qui assure la crise de 17h…ma nièce m’accompagne à l’hôpital. Je laisse mon père dans sa chambre avec son immonde plateau repas. Je reviendrai après son opération, dans 3 jours. Les visites sont encore très limitées à cause du covid. J’ai de la peine et l’impression de l’abandonner dans cette chambre. Pourtant j’ai fait beaucoup et je dois travailler demain et après demain. Toujours cette culpabilité mal placée.
Au retour de l’hôpital ma nièce nous invite à partager une pizza en regardant le match. Bb d’est endormi en écharpe après sa tétée. Il y a bien longtemps que je n’ai vu un match de foot. Je sais qu’il faut ce genre de spectacle pour galvaniser les foules et tenter de canaliser les énergies qui autrement pourraient se transformer en violence, mais personnellement je déteste la compétition et de façon générale l’idée de faire des perdants. Je préfère de loin la co construction. Construire, créer, innover, en équipe ou seul face à soi même. Hélas nos sociétés sont batties sur de la concurrence acharnée.
Souvent mes idées diffèrent du commun des mortels.
C’est pareil pour la pêche. Pêcher pour manger un poisson, c’est inévitable. Mais la vie d’un animal n’est ni un jeu ni un sport. Il faut bien l’expliquer aux enfants. On ne torture pas un animal quel qu’il soit. Le malheur du poisson est de ne pas avoir de cordes vocales. Imaginons pêcher un chien qui hurlerait lorsque l’hameçon lui perce le palais et s’étoufferait sous nos yeux lorsqu’on le noierait dans un seau. Voilà le sort du poisson muet. Alors à ceux qui, au lieu de le manger, relachent le poisson après l’avoir à demi étouffé, la gueule massacrée par l’hameçon, je dis : prenez conscience de la souffrance infligée.
De la pluie aujourd’hui sur Paris, et 10 degrés de moins qu’hier.
La dernière semaine avant les vacances, c’est toujours pour moi la semaine la plus longue. J’ai hâte de retrouver ma campagne.
Merci, Lilie, de m’avoir fait partager la fête de la musique dans la ville de ton enfance. Pas de sortie pour nous hier soir. Pour mon mari, c’est dentiste, et pour moi, c’est retour maison après m’être occupée de la petite. Paris, c’est trop grand, trop impersonnel. Il y a trop de monde. Je n’ai plus envie de me mêler à la foule. Et la pandémie ne fait qu’accentuer mon manque d’envie.
Ce matin, j’ai rendez-vous pour un créneau de travail à ma coop. Le créneau du matin, de 7 h à 9 h m’oblige à me lever tôt. Nous sommes deux, deux femmes. Le travail ne manque pas: réceptionner les légumes, ranger le pain, trier les légumes, déstocker les denrées périmées…Travailler à ma coop me fait toujours du bien. Je me sens utile, vivante, vaillante.
Après quelques courses et un café avec mon mari au retour à la maison, je repars. Cette fois-ci pour compléter mon équipement de randonnée: sac de couchage, gourde, frontale…J’en profite pour acheter aussi quelques bricoles pour nos vacances: un sac isotherme pour le pique-nique, une thermos…
Je rentre pour préparer le repas. C’est moi, la femme au foyer. Cet après-midi, j’appelle les copines. L’une répond, l’autre non, puis je me mets aux retouches de ma dernière peinture. Je n’ai pas beaucoup de patience. J’améliore ou je dégrade, c’est selon. Difficile de savoir. En tout cas, je dois terminer et ranger mes affaires de peinture.
Je me suis engagée à faire un cadre pour mettre des photos des handicapés que je vais voir le vendredi. Je m’attelle à la tâche, en mode brouillon. Pour moi, le plus dur, c’est toujours de démarrer, et de terminer aussi.
La voix de Lilie
Un orage terrible au milieu de la nuit a vidé tous les nuages. Ce matin le ciel est redevenu bleu. Pour la première fois cette année j’entends les cigales chanter. L’été est arrivé. Tout au moins, là, dans le sud. Ici, je me sens bien. L’air est doux, tout est facile, il n’y a pas trop de monde. Ma maison ne me manque pas. Juste mes enfants et mes tous petits.
Le télétravail entrecoupé de bain de soleil et de piscine, ça me va.
Le soir nous allons manger chez mon père. Ma mère prépare quelque fois de bons petits plats pour lui et avec connivence nous disons que c’est ma cousine ou moi qui cuisine. Lorsqu’il sera seul je lui avouerai la supercherie. Donc ce soir, « j’ai » cuisiné un bon gratin de courgette. Pain frais tout juste sorti du four, picodon et verre de vin rouge.
Nous allons ensuite coucher les poules du voisin qui est en vacances cette semaine. Mon père m’avoue être tombé ce matin en allant leur ouvrir le poulailler. Il ne s’est rien cassé, un miracle.
Demain nous allons à l’hôpital. Mon père évoque sa peur d’une intervention sur les vertèbres. Depuis toujours c’est sa hantise. Pas de chance que la maladie l’ait attaqué justement à cet endroit. Je fais du mieux que je peux pour le rassurer. Il faut faire confiance aux médecins, nous n’avons pas d’autre choix lorsque nous sommes malades. Il me fait peine. Il est si maigre maintenant.
Pour moi, avant tout, c’est lundi. Lessive, rangement. Je m’occupe de mon site jacquaire: Faire l’état des lieux financier, contacter l’équipe, proposer une réunion de travail…. J’achète les fournitures pour mon stage d’arts plastiques du mois d’août. J’achète un téléphone pour la campagne. De menues tâches sur un fond d’ennui. Il fait lourd. Le temps est gris. J’achète un ticket pour une exposition de peinture fin juillet sur Paris – Signac – au musée Jacquemart. J’aurais bien voulu y aller cette semaine, mais c’est complet. Je devrais faire des retouches sur ma dernière peinture, mais je n’y arrive pas. Je suis molle. Je manque d’énergie. Je m’ennuie. Vivement les vacances et le changement d’air.
En fin d’après-midi, je rejoins ma fille à l’école de sa fille. Elle a réunion à l’école primaire où est inscrite la petite. Eh oui, en septembre prochain, ma petite fille rentre au CP. Ils grandissent trop vite, les petits. Ils se construisent, prennent leurs marques, nous échappent. Rien à dire à ça, c’est dans l’ordre des choses. Quand je croise des nourrissons dans leur poussette, je m’aperçois que mon tout petit est déjà bien grand.
Ton père n’est pas gratifiant Lilie, c’est sûr. Le mien ne l’était pas non plus, notamment sur ce que je faisais côté pratique: cuisine, ménage…tâches qui me coûtaient pourtant. J’apprenais les qualités qu’il me reconnaissait par mes sœurs, bien entendu, ce qui engendrait des jalousies…Ce manque de bienveillance et de reconnaissance est générationnel, je pense. On ne félicite pas ses enfants. Ce qu’ils font est un dû. Mon père a changé sur la fin de sa vie. Il n’était toujours pas plus gratifiant sur les aspects pratiques de mon soutien – ça devait même l’énerver que je vérifie son frigo et ses placards, mais par contre il était touché et m’était reconnaissant pour ma présence.
La voix de Lilie
Merci Graine de pour le partage de cet expérience avec ton père. Ça me rassure. Nous ferons mieux pour nos enfants j’espère. Comme nous le faisons déjà, les aimer et le leur dire. Leur montrer que nous sommes fiers des belles personnes qu’ils sont.
J’ai repris le télétravail aujourd’hui. De chez ma cousine le matin, de chez ma mère l’après-midi. Et après ça je suis allée piquer une tête dans la piscine de mon père. Autrefois je disais chez moi…
Cet article porte le titre de fête de la musique, alors faisons honneur à cette fête du 1er jour de l’été. La ville à été barricadée pour la soirée. De gros blocs de béton empêchent toute intrusion de camion. Car il y a le covid, et il y a aussi ce souvenir et ces menaces d’attentats. Nous faisons la fête malgré tout, mais le temps de l’insouciance est derrière nous. On se protège, de tout. Pourtant ce soir, nous circulons en ville sans masques et le couvre feu est levé pour la première fois depuis tant de mois. Nous nous sentons libérés. Comme sortant d’un long sommeil. Ce soir la ville nous offre un parcours avec différents styles de musique au fil des places. Pour commencer, nous avons réservé une table en terrasse sur la place de la mairie. A cet endroit un groupe de trois musiciens joue du jazz manouche. Après une heure d’écoute nous partons vers la rue principale où se trouve un groupe de rock. 4 musiciens, dont un jeune très prometteur car excellent musicien et chanteur. Ils mettent une belle ambiance et nous restons longtemps à les écouter. Puis nous repartons vers un groupe de jazz soi disant new orléans. Plutôt fanfare dirons nous. Du coup on ne s’attarde pas et on retourne sur nos pas: rock puis jaze manouche en repartant. Il est déjà presque minuit lorsque nous reprenons la voiture pour rentrer nous coucher. Juste avant l’arrivée, un dernier spot de musique. Un groupe avec une chanteuse, l’ensemble plutôt âgé, joue des chansons des années 80. On écoute un peu et on rentre.
Nous avons fait honneur à la fête de la musique. L’an dernier elle a été très limitée et nous n’avons pas pu y participer. Cette année, je profite à fond de ma ville. Je la redécouvre. Vivante. Il faut dire qu’elle sort d’un long cauchemar de 12 ans de front national…. Sans faire de politique..
Nous passons notre dimanche en tête à tête, alors que le confinement est terminé, et qui plus est, le jour de la fête des Pères! Avec tous ces derniers confinements, nous avons perdu et l’envie et l’habitude d’inviter des amis. Notre périmètre relationnel s’est retréci. Il se réduit aux enfants, petits enfants, quelques copines dont les graines si précieuses et c’est à peu près tout. C’est un constat que je fais avec un peu d’amertume. J’aime la convivialité d’un repas entre amis.
Faute d’avoir les enfants, je prépare le repas pour mon mari. De toute manière, les enfants seraient venus manger, j’aurais tout de même préparé. En faisant la cuisine, je pense à mon père, et à mon beau-père à qui je souhaite une bonne fête. Mon père aimait ces moments d’anniversaire ou de fête partagés. L’occasion d’ouvrir une bonne bouteille, de bien manger.
Après le repas, nous partons à pied pour la place Dauphine qui se trouve sur l’île de la Cité. Je n’y étais jamais allée. Nous découvrons une place en triangle bien tranquille face à l’arrière du Palais de justice. Des bistrots chics tout autour de la place et des gens qui jouent aux boules, principalement des filles, des jeunes.
Nous nous posons pour boire un coup et profiter de cet espace bien agréable. Pas de voitures, juste le bruit sourd des conversations des tables voisines et les éclats de voix des boulistes qui s’interpellent et rient. C’est rare à Paris. Je suis contente d’avoir vu cet endroit, même s’il n’y a pas de plaque pour marquer la maison de Simone Signoret et Yves Montand qui ont vécu longtemps sur cette place.
En rentrant, nous faisons un léger crochet par la Sainte Chapelle que je n’ai jamais visitée. 1200 vitraux. C’est impressionnant. Louis IX – Saint Louis a fait construire la Saint Chapelle pour abriter des reliques qu’il avait fait venir de Jérusalem. Au Moyen-Âge, chaque ville, chaque abbaye voulait ses reliques. A l’abbatiale de Conques, ils ont même missionné un moine pour qu’il aille piquer des reliques ailleurs. Les pélerins d’autrefois, qui venaient se prosterner devant les reliques, ce sont nos touristes d’aujourd’hui. Mais devant quoi se prosterne-t’on aujourd’hui? Qu’est ce qui attire le touriste?
Aujourd’hui, le touriste prend des photos, beaucoup de photos, avec son portable principalement. Les photos meurent et disparaissent bien souvent avec le portable.
Ce soir, l’orage, encore.
La voix de Lilie
C’est la fête des pères et mon mari se retrouve sans ses enfants. Un sms, un coup de fil, un oubli. Mon père n’a jamais été très fêtes ni anniversaires, surtout ceux des autres qui n’ont pas de réalité pour lui. Il y a bien des années que je n’ai pas été chez mon père un jour de fête des pères. Le déjeuner se déroule comme ceux des jours précédents et sûrement ceux des jours qui suivront. Je fais le repas, il déjeune, il part à la sieste. Très peu de mots. Le café lui déplaît, trop allongé à son goût, il le jette par terre sur la terrasse. Mon mari est horrifié par ce comportement. Moi je suis blasée depuis longtemps. Pas de remerciements ni de compliments directs. Il ne sait rien exprimer. Il les dit par téléphone à ma sœur qui me les répète. Au moins je sais qu’il apprécie le geste.
Le temps est à l’orage, le ciel est gris et noir par endroit. Après un grand moment d’hésitation, nous décidons d’aller marcher dans la colline toute proche. 8km. C’est une reprise, cela fait plus de 6 mois que mon mari ne pouvait plus marcher. Nous sommes très heureux d’avoir réussi sans douleur. J’espère que nous allons pouvoir recommencer à marcher, j’aimerai tellement arriver à faire le chemin de Stevenson… 2 ans de report déjà. Cette marche m’a fait du bien car j’avais besoin de détente après tous ces jours de tension. La semaine va être difficile entre télétravail et hopital. Un peu de tranquillité est bienvenue.
Au retour, nous passons un moment à la piscine car même si le temps est gris, il fait encore très chaud. Les enfants de mon petit cousin viennent se baigner avec nous. Le petit garçon commence à nager seul, il faut bien le surveiller, la petite fille essaie d’apprendre à plonger. Puis le petit garçon s’attelle à déterrer un os de dynosaure pendant que la petite fille joue au ballon avec moi. Moment de fraîcheur dans tous les sens du terme.
Ce matin, j’ai le CA de mon association jacquaire. Contre toute attente, j’ai un accès internet. En fait, le secrétariat de l’association se trouve juste au dessus de la salle où nous nous réunissons. Enfin, une bonne nouvelle: Nous avons un feu vert de principe pour faire évoluer le site. Je dois tout de même faire le bilan financier de ce que ça a coûté , un budget de ce que cela va nous coûter pour les évolutions à court terme, un budget de ce que cela va nous coûter de manière récurrente. Personne ne me l’a vraiment demandé, mais ça me paraît la moindre des choses. L’état des lieux que j’ai présenté aujourd’hui n’avait aucun volet financier. J’ai honte.
Après le repas, la pause, puis je regarde distraitement le match France Hongrie en jouant au solitaire. Mon mari est parti faire les courses. Ce matin, c’est lui qui a gardé petit-fils. Il a trouvé ça dur.
Ce soir, nous tentons le restaurant coréen. Un exotisme à notre portée, sans risque, sauf celui de ne pas aimer. Nous remplissons un cahier avec nos coordonnées. Pour nous prévenir, au cas où.
Pour tout dire, c’est trop agréable de pouvoir enlever le masque à l’extérieur. On peut enfin respirer.
La voix de Lilie
Accalmie sur le front de l’état de mon père aujourd’hui. Je pense qu’il s’est trompé dans ses médicaments hier et que ça l’a mis à terre. Il faut dire que cette maison est une vraie pharmacie. Les prescriptions changent presque chaque jour et il y a également les médicaments de sa compagne. L’infirmière qui doit vérifier la prise des médicaments ne fait pas, son job. Elle leur fait confiance lorsqu’ils disent savoir remplir le pilulier, lorsqu’ils lui disent de ne plus venir le soir. Sauf que la compagne n’ a pas toute sa tête et elle regarde, range, dérange les boites, les ordonnances et donne elle même les pilules à mon père. Je convoque l’infirmière pour un recadrage de la mission. Ça me rappelle les bons moments du management…
Pendant la sieste, je vais chez ma mère et nous nous plongeons dans la boîte de photos anciennes de sa famille. Une belle boîte en bois lustrée par le temps qui appartenait déjà à ma grand mère et qui sais-je avant elle. Les photos d’une génération vivait en noir et blanc et celles de la génération qui vivait en sépia. J’ai encore du mal aujourd’hui à imaginer la jeunesse de ma mère en couleur, la guerre en couleur. Nous sommes la seule génération à avoir cette sensation, depuis tout est en couleur.
C’est comme la musique. Tenez, nous qui sommes des années 80, imaginez danser et s’amuser sur des chansons des années 40. C’est pourtant ce que font nos jeunes de maintenant lorsqu’ils dansent sur les chansons des années 80.
Le stockage et l’accès facile aux données estompent les générations. Pourtant avec le cloud, plus de boite en bois pour les photos de famille….
No stress, Lilie, tu es en vacances à présent…C’est vrai qu’on se met souvent en pilotage automatique car il y a trop de choses à penser et à faire et pas que des choses passionantes… Idéalement, soyons présents aux moments heureux car ce sont nos madeleines pour demain.
Encore une journée d’orage aujourd’hui sur Paris, orage que nous prenons cet après-midi quand nous sommes en train de rentrer suite à notre promenade avec nos polyhandicapées. J’espère qu’elles n’ont pas pris froid. Nous étions allés boire un coup sur les quais de seine. L’orage menaçait. Nous sommes repartis 5 mn trop tard. Nous avons bien trouvé un abri sous un immeuble, mais il pleuvait très fort et le vent poussait la pluie…Une mésaventure. Peut-être une madeleine pour elles aussi. Elles avaient l’air ravies.
Ce soir, nous avons petit-fils. Les parents sont de sortie. C’est mon mari qui l’endort. Il s’en tire très bien, mais, il est déjà 23 h. Le petit est content de venir chez nous. Il nous fait la fête, sort toutes les casseroles. C’est lui le chef d’orchestre en quelque sorte. Et nous, on profite, de sa joie de vivre et de son dynamisme.
Demain, j’ai un CA de mon association jacquaire. Je dois faire un point sur le site, sans accès internet. Je sens bien que ça va être facile de mobiliser les troupes.
La voix de Lilie
Une journée difficile. Mon père ne va pas bien du tout. Il ne peut plus se lever ni manger. Il ne supporte plus ses médicaments. C’est inquiétant. Très. Ma nièce m’aide beaucoup et peut être devrons nous l’hospitaliser plus tôt que prévu. Nous déciderons demain matin en fonction de son état.
Le matin j’ai reporté mes congés d’une semaine car je pensais que les prochains jours allaient être calmes. Je ne sais pas si ça va être le cas ni comment je vais gérer… Ça devient compliqué et je me demande quand je pourrai rentrer chez moi.
J’assiste impuissante à la déchéance de mon père. Lui sportif, bricoleur, indépendant, flétrit un peu plus chaque jour. Ses beaux yeux bleu ciel, sa voix persistent dans ce corps douloureux qui lui échappe. Il ne parle pas. Rien à dire. La souffrance prend toute la place. Je fais du mieux que je peux.
Bas les masques depuis aujourd’hui, à l’exterieur. Le port du masque reste obligatoire dans les transports, dans les magasins, dans les endroits publics. Et c’est là où ça se complique. Il faut toujours prévoir d’en avoir un dans son sac ou dans ses poches, comme on prévoit un paquet de mouchoirs. Ce soir, au moment de prendre le métro, pas moyen de trouver mon masque. Heureusement que je n’étais pas seule, j’ai pu être dépannée.
Ce matin, je suis allée faire un don de sang. Plus de 65 ans, j’ai droit à une procédure spéciale. Je dois être interrogée par un médecin. L’infirmière ne me suffit plus. Dans quelques années, je ne pourrais plus donner. Le médecin, âgé, qui me reçoit, me dit à quoi a servi mon dernier don qui date de début février. Quatre patients en ont bénéficié. C’est gratifiant. Ils ont fait beaucoup de progrès dans la traçabilité des dons et dans leur utilisation, pour des raisons sanitaires bien sûr.
A midi, repas libanais – des mezzé – en plein Paris, avec une graine. La vie reprend son cours, comme tu dis Lilie. Notre vie d’avant.
Après la canicule d’hier, la nuit dernière et ce soir, c’est l’orage. Violent.
La voix de Lilie
Incapable de me souvenir de la queue d’un bout de ce que j’ai fait ce 17 juin… Juste que le temps est maussade et lourd, sans pluie. Laisser le temps aux souvenirs de remonter à la surface. Manque de concentration. Lorsqu’on s’occupe de tout mécaniquement, le cerveau n’enregistre pas ou tout au moins ne stocke pas. On nous dit toujours d’être là, chaque moment en pleine conscience. En réalité, combien de moment arrive-t-on à être là ? Si peu dans une journée.
Donc, ce matin après le petit déjeuner, en ce moment je faire une cure de tisane de romarin à jeun pour detoxifier le foie, donc après cette tisane et un bon café je me lance dans une recette de croutons que m’a donné ma sœur. Le temps d’une chose l’autre, me voilà en retard pour aller chez mon père. Je ne veux pas rater la venue du pisciniste.
Mon père ne va pas fort. Il se lève quand même pour déjeuner. Sa santé décline de jour en jour.
Pendant sa sieste, je vais faire un tour chez ma mère pour voir ma nièce. Elles sont en train de faire des madeleines, l’appartement embaume. A peines sorties du four, 3 madeleines disparaissent dans notre estomac ! J’en rapporte un peu chez mon père et chez ma cousine.
Heureusement le soir, un peu de détente chez ma cousine. Je coupe le romarin qui déborde sur son allée et je met le tout à sécher. Je pourrais faire des sauces et des tisanes jusqu’à la fin de mes jours avec tout ce que j’ai ramassé ! Sûr que je vais me faire aider.
Une chaleur de plein été proche de la canicule. Aujourd’hui, c’est le jour des enfants. Marcher sur les trottoirs en plein soleil avec la petite est une épreuve. Elle a chaud. Moi aussi. Nous avançons à la vitesse d’escargots prêts à passer à la marmite.
Aller la chercher à l’école, l’amener à la danse, aller goûter au square. Elle est contente de venir chez Papy, Mamie le mercredi. Nous avons nos habitudes, nos repères. Une petite glace le midi. La lecture d’un livre par Papy après le repas. Trois petits dessins animés à suivre. Après, c’est selon son envie, soit on joue ensemble, soit elle joue seule, soit on dessine. Son nouveau hobbie, c’est de ramasser des insectes ou autres petits animaux: fourmis, moucherons, mouches, escargots. Ce matin, elle est sortie de l’école avec une fourmi blessée sur une feuille. Nous avons regardé un couple de chiens sur une terrasse, la fourmi a glissé de la feuille, pas moyen de la retrouver. C’est petit, une fourmi. Je suis confrontée à des questions difficiles: la durée de vie d’un moucheron. Un oeuf de mouche met combien de temps pour éclore…
J’apprends en fin d’après-midi que le port du masque ne sera plus obligatoire à compter de demain et que le couvre-feu sera supprimé à compter du 20 juin. Je suis contente que l’épidémie régresse. La situation est meilleure en France, mais qu’en est-il dans le reste du monde?
Ce soir avec ma fille, nous calons les vacances d’été. Il nous manque encore des billes du côté du fiston. Il est prévu que nous gardions le petit quelques jours. Je ne tiens pas à le garder à la campagne, sutout seule. Il est trop petit. Et la maison à la campagne est trop grande et trop peu sécure.
La voix de Lilie
Il fait excessivement chaud aujourd’hui. On se croirait en plein été caniculaire. Il y a 2 semaines nous avions froid, maintenant trop chaud. Le thermomètre est complètement déréglé…
La matinée est consacrée à emmener mon père pour une consultation à l’hôpital. Rien n’est fait pour les personnes malades. Elles attendent comme les autres dans la salle d’attente sur des fauteuils inconfortables. Je suppose que si elles souffrent trop, on pourrait demander un brancard, mais rien n’est moins sûr. Le médecin a déjà du retard, il est 10h30. Qu’est-ce que ce sera ce soir…
Pendant que nous attendons, nous voyons arriver mon cousin qui accompagne un vieil ami de la famille. Ils ont rendez-vous avec le même médecin juste après nous. Même jour. Même heure. Même lieu. Incroyable. La salle devient une réunion de famille improvisée. Le temps passe plus vite comme ça. Après notre consultation, nous allons voir un anesthésiste dans une autre aile de l’hôpital, puis nous regagnons les ascenseurs pour ressortir. Devant l’ascenseur, mon cousin et notre ami qui ont suivi un autre parcours qui s’achève comme le notre au même moment devant le même ascenseur. Si nous avions voulu le faire, nous n’aurions peut-être pas réussi !
La matinée a été longue, nous rentrons vers 14h. Un déjeuner rapide et nous passons au temps calme comme disent les jeunes parents. La chaleur est étouffante, heureusement nous avons les piscines pour nous raffraichir.
Le soir, nous partons manger dans un guinguette au bord de l’Ardèche avec ma mère. Pas de jaloux. Nous portons les masques pour la dernière fois en extérieur. Un sentiment de libération m’envahit. Le masque restera dans le sac pour les intérieurs mais nous pourrons à nouveau marcher le nez au vent et croiser des visages. Fin du couvre feu dimanche. La vie d’avant. Nous n’avions pas conscience de notre liberté de mouvement. Maintenant nous savons. Et j’espère que nous sauront apprécier et protéger cette nouvelle vie.
Le thermomètre grimpe et mon moral aussi. Tant mieux.
Ce midi, je vais marcher avec ma copine du côté de Bastille. En y allant, à pied, je ne peux pas m’empêcher de rentrer dans une boutique. J’ai besoin d’acheter des vêtements. J’essaye un short, mais je ne peux pas acheter car je suis partie sans un sou. La vendeuse me le réserve. Je repasse en fin d’après midi pour l’acheter. Je complète par un tee-shirt et un haut de maillot de bain. Voilà, je suis prête pour partir en vacances.
Une bière en terrasse avec mon mari qui m’a rejoint. Le bonheur. Les tables sont déjà alignées face aux écrans de télévision. Ce soir, à 21 h, c’est le match France-Allemagne. L’euro 2020!
Après le repas, j’écoute le journal télévisé. Menacées de disparition il y a peu, les cigognes sont de retour. 90 % d’entre elles mourraient électrocutées dans les lignes à haute tension ou tuées par des chasseurs sur leur itinéraire de migration. Des systèmes d’effarouchement ont été installés dans les corridors de vols. En Alsace, de 29 couples d’échâssiers en 1980, on est passé à 1000 couples aujourd’hui! Les hommes ont gagné la bataille! Comme quoi, quand on veut….Si on a gagné celle-là, on peut en gagner plein d’autres. Il s’agit de le vouloir vraiment.
La voix de Lilie
La chaleur augmente jour après jour. Il faut rechercher la fraîcheur dans les boutiques, les piscines. Tous les volets sont fermés, on pourrait croire que ce matin tout le monde est resté au lit. La ville est engourdie. Dans les cyprès au fond du jardin une cigale essaie de chanter. Elle crisse, s’arrête, repart. On dirait un moteur qui ne veut pas démarrer. C’est la première que j’entends cette année. Les cigales commencent en général à chanter mi juin. Elles marquent l’arrivée de l’été et nous accompagnent jusqu’au début de l’automne. Elles ne chantent qu’au dessus d’une certaine température. Après 7 ans passés sous terre, elles ne vivent qu’un été à l’air libre.
Ce matin je vais chez la médecin de mon père pour lui faire remplir un certificat nécessaire à un dossier. En sortant nous allons prendre un petit crème en terrasse. Il y a des aides pour maintenir les personnes âgées plus ou moins dépendantes chez elle. Mais c’est un dédale de dossiers à faire, et ça prend des mois. Je me demande comment peuvent faire les personnes isolées. Le temps de monter le dossier, la personne peut être morte de faim…. Tout est compliqué. Avec les procédures en place par exemple, une personne qui ne peut plus se déplacer ou qui ne sait plus téléphoner ne peut plus faire refaire ses papiers d’identité. Et sans papier valide certaines opérations sont impossibles. En France, aujourd’hui, le vieillir à domicile est compliqué. Les enfants sont souvent loin et travaillent, l’internet a remplacé le contact humain et perdu nos anciens, l’aide n’est pas réactive et met du temps à s’adapter à la demande. Voilà bien un sujet à creuser pour qui veut s’investir dans la qualité de vie des personnes très âgées.
Après le répas, une petite heure de détente à l’ombre d’un arbre, et un bain frais pour me raffraichir. Ensuite je vais passer deux heures chez ma mère qui reste cloîtrée chez elle toute la journée. Trop chaud.
En fin d’après-midi, j’aide mon père à préparer un sac au cas où, car demain matin nous allons voir un chirurgien à l’hôpital.
Il est tard maintenant, il fait encore très chaud, la nuit va être moite.
Ce matin, je me lève sans aucune difficulté pour mon enchaînement destiné à me rendre zen: yoga, respiration, méditation. Puis j’enchaîne avec un point de suivi sur mon site jacquaire en prévision du CA qui a lieu samedi. Au final, je passe quasiment la journée sur mon site jacquaire.
Entre deux mails, je prends le temps de fêter les deux anniversaires du jour.
Il fait chaud. Les murs m’oppressent. J’étouffe. Après le repas du soir, je méchappe sur la coulée verte, pour respirer un peu. Avec ses terrasses qui débordent, Paris prend des allures de gros village méridional.
Je compte les jours qui me restent avant le départ pour ma campagne. Même pas deux semaines. Une poignée de jours à peine.
L’odeur entêtante des tilleuls chatouille mes narines. 21 h 15: c’est la fermeture des parcs. Je dois rentrer.
La voix de Lilie
Le vent est tombé, il va faire très chaud aujourd’hui, plus de 30 degrés. Je ne saurais dire ce que j’ai fait ce matin qu’il est déjà l’heure de déjeuner. Nous nous installons ma mère, ma cousine, mon mari et moi en terrasse. Cette brasserie existe depuis des décennies. Au départ c’était un bar, maintenant on peut aussi y manger. Je n’y étais jamais allée. Enfant, nous ne sortions jamais boire ou manger en ville. C’était une autre époque, le restaurant était réservé aux grandes occasions et choisi dans un lieu plus prestigieux que le trottoir de la ville. Plus tard, la ville vivait plus à l’intérieur de ses remparts, j’ai souvent pris un verre sur la place de la mairie. Depuis quelques années, la ville s’étale sur l’extérieur. Les immondes enseignes des chaines de magasins ont donné naissance à un nouveau quartier et vidé la ville de ses rues commerçantes. L’intérieur est un désert. Rues vides, places vides. Aujourd’hui la ville essaie de renaître en surfant sur les bons produits locaux, la douceur de vivre et l’attrait de la provence. Bien sûr les maraîchers ont pratiquement tous disparu, pour faire le change et parfaire la carte postale, on peut trouver ça et là des champs de lavandes. Ils ont remplacé les vergers de pêchers de mon enfance.
Après le repas, nous partons à pied jusque chez mon père. Tout le monde dort. Moment idéal pour une bonne baignade et une séance de bronzage. Une fois sa sieste terminée, je trouve mon père un peu mieux qu’hier. Comme la belle famille est toujours sur place, nous en profitons pour nous échapper.
En fin d’après-midi nous partons pour un village voisin que j’aime beaucoup, situé en haut d’une colline. Nous prenons un verre dans un bar extérieur, sur des canapés douillet, abrités du soleil par un immense platane. Moments de détentes bienvenus après toutes ses journées à passer de l’un à l’autre de mes parents et à essayer de faire au mieux. Quelques heures juste pour nous.
Un dimanche d’été presque normal. Le soleil est chaud, très chaud, mais il y a de l’air, aussi c’est agréable. S’il n’y avait ce masque à porter dès qu’on pointe le nez dehors, nous oublierions la pandémie. J’aime ces journées chaudes où la chaleur écrase le bruit. Comme nous sommes dimanche, il y a peu de circulation. Ne survolent que les aigus, les cris des enfants dans le square d’à côté, le chant des oiseaux. Dans les faits, le début de l’été sur le calendrier, c’est dans 8 jours. J’attends les vacances et notre descente dans le sud avec impatience. Plus que quinze jours à attendre.
Cette nuit, notre petit loulou nous laisse vraiment dormir. Ile se réveille à 7 h et après avoir pris son biberon, il se rendort entre mon mari et moi jusqu’à 9 h 40. Une vraie grasse matinée. Nous prenons le déjeuner au lit avec le petit sur les genoux qui grignote sa tartine. Cela ne lui paraît pas étrange de déjeuner au lit. Il doit avoir l’habitude. La présence du petit nous fait du bien. Il nous décentre et nous apaise.
Pendant que mon mari fait son jogging, je vais au square. Deux allers-retours. La 1ère fois, quand nous nous posons au square, il nous manque une chaussure, alors nous repartons, puis nous revenons.
Ce midi, c’est mon mari qui fait la cuisine. Moi, je m’occupe du petit.
A déjeuner, nous avons les filles. Les cousins s’en donnent à coeur joie. C’est beau de les voir rire aux éclats.
Pour les petits, la fin de l’après-midi se passe dans la baignoire au milieu des bulles de savon. Une nouvelle bonne séance de rigolade entre cousins.
Un dimanche qui fait la sieste au soleil, ça fait du bien. Demain, c’est lundi.
La voix de Lilie
Le mistral s’est levé dans la nuit, il siffle dans les arbres, claque les portes, s’apaise, repart à l’assaut. Depuis mon lit, je l’écoute se déchaîner à l’extérieur. C’est un peu comme s’il y avait quelqu’un, là dehors, qui s’énerve, se calme, se met à hurler. Eole. Le mistral est le compagnon de la vallée du Rhône. Mistral veut dire maître, le maître des vents. On dit qu’il souffle par paquets de 3 jours, 3 6 9 etc… J’espère que ce ne sera que 3. L’hiver il vous glace les sangs, l’été il envole les chapeaux et rafraîchit l’atmosphère brûlante. Dans tous les cas, il énerve. Se déplacer est une lutte au corps avec lui, gare à celui qui ouvre sa portière de voiture dos à lui. Depuis toute petite, j’aime l’écouter s’époumonner dehors lorsque je suis bien au chaud dans mon lit. Son sifflement me berce, Eole est dehors, je ne suis pas seule.
Aujourd’hui, ce sera donc une journée venteuse.
Ma sœur est venue voir mon père, mais il est très fatigué et dors beaucoup. Il n’a plus de muscles, sa peau flotte sur ses os. Nous avons apporté un gâteau qu’il mange avec appétit, puis il se recouche. Nous sommes trop nombreux et il n’entend plus rien de nos conversations. Tout ce monde le fatigue beaucoup. Elle repart inquiète.
Malgré une journée bien chargée, nous avons pris le temps de prendre un verre rien que toutes les deux pour nous détendre avant le repas chez notre mère et l’après-midi chez notre père.
Eh oui, le couvre-feu est toujours là, mais à 23 h, ça permet tout de même de prendre le temps.
Je suis contente, Lilie, que tu puisses graver tous ces souvenirs de ton enfance, de l’enfance de tes parents dans ta tête et dans le blog. De vraies madeleines pour les temps à venir. Pour moi, les souvenirs d’antan s’estompent. Juste des flashs de temps à autre.
Ici, aujourd’hui, c’est journée petit-fils. Les parents ne nous l’ont amené que ce matin car il est malade. Ils ont passé une partie de la nuit de mercredi à jeudi aux urgences. De l’asthme du nourrisson, conséquence d’une bronchiolite. Ventoline 5 fois par jour, avec un appareil de torture: un long tube avec une ventouse à appliquer autour de la bouche et du nez. Quand il voit arriver le tube, le petit fait non, non, non. Ceci dit, un bébé malade, ça n’a rien à voir avec un adulte malade. Il joue, il mange, il dort. En fait tout va bien. Si ce n’est cette toux et cette respiration un peu difficile.
Après le repas, nous partons voir une exposition en plein Paris à la fondation Taylor. Une exposition de gravure à laquelle participe une membre de notre atelier d’Arts plastiques. C’est une jeune femme qui fait de la gravure, des eaux-fortes, son métier. Elle s’est inscrite dans notre atelier pour des raisons pratiques, mais clairement, nous ne jouons pas dans la même cour. Nous faisons le trajet aller en métro, le retour à pied. Une manifestation à Paris encore aujourd’hui. Des forces de police partout. Avec le petit, nous faisons tout pour sortir du périmètre potentiel de la manifestation. C’est bien trop dangereux. Sur le trajet du retour, nous faisons une halte au square pour goûter et pour jouer. Mon loulou adore le tobbogan. Nous nous régalons de le voir faire, mais difficile de prendre des photos, car nous ne pouvons pas le lâcher. Il est encore petit. Il y a beaucoup de monde et il est un peu kamikaze.
Ce soir, pour l’endormir, je m’en sors un peu mieux que d’habitude. Peut-être est-il un peu plus fatigué? Mais, ne crions pas victoire, la nuit n’est pas terminée!
La voix de Lilie
Levée aux aurores pour attendre le pisciniste qui ne vient pas. C’est rageant. Il n’a pas noté, il a oublié. Il viendra finalement à 14h30. Le principal c’est que la piscine sera bien entretenue cette année sans que mon père ne s’en occupe. Cher, mais idéal quand on ne peut plus faire soi même. De toute manière mon père ne dépense rien et l’argent est aussi fait pour se faciliter la vie.
A midi, la belle famille arrive pour 3 jours. Ça nous fait de la distraction et nous allons pouvoir souffler un peu. Ils sont chez eux dans ma maison, font la lessive, dorment sur place. Moi je n’ai plus dormi dans la maison depuis que ma mère l’a quittée il y a 21 ans. Trop compliqué d’y voir une autre femme s’y sentir chez elle. Un jour, elle m’a fait visiter les nouveaux aménagements et en me montrant ma chambre, elle a dit que c’était la chambre d’amis. Ben non, c’est ma chambre…
Après une baignade salutaire car il fait très chaud, je pars passer une heure ou 2 chez ma mère. Elle ne sort plus de son appartement. Trop chaud, trop froid, trop de vent, trop de pluie, trop tôt, trop tard. Pour moi c’est impossible de rester enfermée par ce beau temps. Après 2h, je repars à pied rejoindre ma cousine et mon mari. 2km, il fait beau et encore très chaud en cette fin d’après-midi. Je flâne. Profite de ce temps rien qu’à moi.
Je sais que cette accalmie va être de courte durée. La semaine prochaine sera décisive. Mon père maigrit de jour en jour. Se fatigue très vite. La douleur est sous contrôle mais les médicaments le rendent vaseux et l’empêchent de vivre normalement. Il en a déjà marre. Que dire.
Aujourd’hui, je m’active. Après une bonne nuit de sommeil, c’est plus facile.
Faire le ménage. Préparer mes réunions sur le site jacquaire. Contacter la graphiste. lmprimer des photos pour mes handicapés et aussi imprimer mon champ de coquelicots. Hier soir, en début de mon atelier d’Arts plastiques, mon portable s’est éteint faute de charge. Plus aucun modèle pour peindre mon champ de coquelicots …J’ai été obligée d’imaginer. Un bon exercice, mais ce n’est pas facile pour moi.
A midi, je prépare les filets de maquereaux à la rubharbe. Je ne suis pas avare de gingembre. C’est bon et c’est facile à faire. L’acidité de la rubharbe se marie bien avec le maquereau qui est un poisson fort. Le gingembre relève le tout. Normalement, j’aurais dû servir le plat avec une vinaigrette à la sauce soja. J’ai fait l’impasse, mon mari aurait trouvé ça trop gras, trop riche, trop!
Deux heures chez mes handicapés cet après-midi. On fait la valise d’Odile pour le départ en vacances de cet été, en juillet, deux semaines avec l’association des paralysés de France et une semaine avec sa soeur.
Sur le chemin du retour, je m’arrête une heure à mon atelier d’Arts Plastiques, qui est à côté de la maison d’accueil spécialisée, pour avancer mon champ de coquelicots. C’est loin d’être fini, mais j’avance. La couleur de mes coquelicots me plaît.
Ce soir, c’est pizza. Après le blog, la séance de repassage m’attend.
La voix de Lilie
Au delà des lieux que l’on quitte, des personnes qui partent à tout jamais, il y a les bruits familiers qu’on ne retrouvera plus. Le bruit du portail du garage, de la porte de la buanderie, de l’interrupteur. Celui de la porte d’entrée au garage. Des portes en verre quand on les ouvre. Tous ces bruits ont bercé mon enfance et perdurent encore aujourd’hui. Tant que je pourrai ouvrir ces portes. Tant que je pourrai entrer dans la maison.
Aujourd’hui nous avons fait le marché. Aujourd’hui vendredi. Depuis toujours le marché de Bollène était le lundi. La mairesse précédente a jugé bon de le déménager de lieu et de jour. Exit la place de la mairie et son ancienne halle, bonjour la place du pont neuf et ses platanes. Exit le lundi, bonjour le vendredi. Sauf que les commerçants sont depuis toujours sur le marché de Pierrelatte à 15km le vendredi. Bilan, la moitié moins d’exposants.
Je fais un peu de cuisine et nous déjeunons avec mon père. Après le repas et un peu de repos au bord de la piscine, nous partons à pied jusqu’à la ville par les berges du Lez. Il fait très chaud. L’objectif est d’essayer de marcher une heure par jour et de voir si le tendon de mon mari lui permet de recommencer la randonnée. Au retour je prends un bon bain dans la piscine pour me raffraichir.
Le soir, nous embarquons ma mère et ma cousine pour aller manger dans un restaurant à Goudargues. Goudargues est un village au bord de la ceze qui est devenu très touristique grâce à ces canaux qui en font une petite Venise et la garde fraîche même en plein été. Il y a plein de petits retaurants sur les berges des canaux. Mais au delà de cet aspect touristique, c’est également le village où habitait la tante de ma mère et où ma mère a passé toutes ses vacances étant enfant puis jeune fille. Du coup elle se remémore des anecdotes pendant le repas et pendant notre balade digestive. Nous terminons la soirée en montant au village de Cornillon, perché sur une colline qui domine la vallée de la ceze et le village de Goudargues. Un belvédère nous permet d’admirer la vue et les lumières du village en bas. La nuit est tombée, il est plus de 22h, il est temps de repartir. Nous l’avions un instant oublié, nous étions libres ce soir, pourtant il est encore là. Le couvre feu.
Après une mauvaise nuit, j’ai le moral en dent de scie aujourd’hui. Je n’ai même pas eu le courage de me lever pour faire ma respiration. J’ai honte d’être aussi peu vaillante.
Ce matin, je m’occupe de mon site jacquaire et je réussis, enfin, à mener à peu près à bien la refonte d’une page. Il y a un CA à la fin de la semaine prochaine. Nous allons faire un état des lieux du site et parler des évolutions envisagées. Pour préparer le CA, j’ai planifié deux réunions, une en visio, une en présentiel. Maintenant que le confinement n’est plus d’actualité, c’est plus difficile de réunir des gens, même retraités, même bénévoles.
Pour essayer de récupérer un peu d’énergie, je marche beaucoup. Je fais du vélo aussi.
Ce matin, balade avec ma copine de l’atelier d’écriture entre Bastille et le Jardin des Plantes, en passant par les quais de Seine bien sûr. Nous parlons de nos maris. Il sont tous les 2 de signe scorpion, et ils ont aussi bien d’autres points communs. Nous parlons de nous. Nous parlons de l’association. Nous regardons la Seine, les roses, pestons contre les vélos qui empruntent les quais réservés aux piétons.
Cet après-midi, je vais à mon atelier d’Arts plastiques peindre mes coquelicots. A pieds aller/ retour.
Il fait chaud. En cette belle soirée, les parisiens sont attablés, dehors. Les terrasses se sont agrandies, débordent, traversent les rues, dévalent les trottoirs. Il y a certainement aussi quelques personnes à l’intérieur. Les nounours qui gardaient les restaurants vides se sont aussi installés en terrasse, pour séparer les tables…
La voix de Lilie
L’été s’est installé dans le midi. 35 degrés, pas de vent. Une journée calme.
Je passe la matinée avec ma mère pendant que min mari prépare le repas chez ma cousine. Nous irons tous les 3 déjeuner chez mon père. Brochettes, haricots verts et pommes de terre sautées. Fromage, parts de gâteau. Et bien entendu, un rosé bien frais.
Après le repas, nous astiquons la cuisine d’été pendant que mon père et sa compagne se reposent. Frotter, aspirer, laver, c’est un sport efficace, courbatures assurées demain. Je me souviens du temps où ma mère habitait cette maison et où nous venions passer les vacances d’été. J’ai souvent nettoyé cette cuisine autrefois. C’est ma mère qui en avait choisi l’implantation et le mobilier. La, suivante a disposé pléthore de bibelots anciens qui lui donne un air mi campagnard mi brocante. Chargé.
La piscine a fini de se remplir. La cascade est arrêtée. Je prends le premier bain de l’année. L’eau est fraiche et douce car aucun produit n’a encore été ajouté. Je bronze en séchant. Le temps de ma jeunesse me frôle. Je suis arrivée dans cette maison à 3 ans. La piscine a été construite quand j’avais 20 ans, à la place du jardin. J’aimerais que cette maison reste à nous pour toujours, mais je crains d’être la seule à le vouloir…..
Aujourd’hui, c’est la journée des enfants. Je manque d’enthousiasme. Je me traîne. Je me sens molle et flasque. Il fait chaud et lourd. Après le repas, la petite fait tomber une statuette que nous avions ramené du Cambodge en se prenant la porte du salon. Elle pleure, elle s’est fait mal. Nous mettons de la glace. La statuette part à la poubelle, la destination des objets cassés.
Pendant le cours de danse de la petite, j’appelle la compagne de chemin espagnole qui m’a contactée hier. La connexion sur whatsapp est mauvaise, mais je suis contente de la voir, de lui parler. C’est pour moi un encouragement à partir sur le chemin. Elle et son mari ont vraiment été des compagnons de voyage bienveillants, chaleureux et drôles sur le « camino del Norte » en 2018. Je suis vraiment contente qu’elle ait repris contact.
En fin d’après-midi, j’ai mon cours de yoga, en ligne. C’est le dernier. Les cours reprennent en salle. Il en restera quelques-uns en ligne, mais les horaires ne me conviennent pas. Il va falloir que je revoie mon emploi du temps.
A compter de la semaine prochaine, mon mari va reprendre le chemin du bureau au moins deux jours par semaine. Le télétravail va se réduire. En septembre, il n’aura plus droit qu’à 2 jours de télétravail maximum.
Prend tous les bons moments que tu peux, Lilie. Les bons moments, on peut les décider. Les mauvais, ils nous tombent dessus sans qu’on puisse les éviter. Au mieux, les préparer, peut-être.
La voix de Lilie
9 juin. Dans une ancienne vie je m’étais mariée le 9 juin. Une belle journée, mon père conduisait sa vieille voiture. Il était plus jeune que moi aujourd’hui. Maintenant il disparaît peu à peu, ses jambes sont plus maigres que les miennes.
Il fait très chaud aujourd’hui, moins de brise, plus lourd. J’aime la lumière, la douceur de l’air. Tout me paraît plus facile ici. Ce matin j’ai été à la clinique récupérer le scanner de mon père et prendre des informations. Toujours pas de diagnostic, juste que ce n’est pas bon, sans savoir d’où ça vient. Prochain examen dans une semaine. Nous déjeunons avec lui.
L’après-midi, j’écosse des fèves en discutant avec ma cousine. C’est agréable d’occuper ses mains et en même temps de parler de tout et de rien. Ça détend.
Nous repassons chez mon père en fin d’après-midi. Il descend au bord de la piscine qui se remplit toujours lentement mais sûrement. Je pense qu’elle sera pleine demain soir. Il s’est trempé un peu dedans aujourd’hui malgré la fraîcheur de cette eau tout juste sortie du robinet. Il n’a pas osé nager de peur de refroidir son dos. L’an dernier je l’avais filmé en train de se baigner. Il ne faisait pas son âge. Cet année, il rétrécit, ses cheveux semblent moins épiais, mais il garde son regard bleu pâle.
Le soir nous allons manger, mon mari et moi, dans un restaurant sur la place de la mairie. Pour se détendre et se retrouver à 2. Après le repas, nous faisons un petit tour à pied jusqu’à l’ancien hôpital dans lequel je suis née. Retour à la source. Dans les années 80 il est devenu une maison de retraite. Ma grand-mère y a fini ses jours. Dans une chambre d’hôpital avec un lit, un lavabo et une table de nuit d’hôpital avec dessus une photo de nous. C’était triste. Un mouroir. Finir ses jours sans plus un seul de ses objets, de ce qui a faitcsa vie. Elle y a passé 5 années. Aujourd’hui l’hôpital est à l’abandon, l’hepad a été reconstruit plus loin. J’espère que les pensionnaires y sont mieux installés et traités qu’à l’époque de ma grand mère. Quel dommage pour ce magnifique bâtiment, en plein centre ville. L’herbe pousse dans la cour, les grilles rouillent. J’espère que la mairie va trouver comment le faire revivre.
Merci Lilie de ton soutien. Ton séjour dans le sud te permettra, c’est sûr, de profiter de la campagne et de ta famille entre deux exercices imposés…Tu vas y arriver. Surtout, garde un peu d’énergie pour toi et repose-toi.
Ce matin, lever à 6 h 1/4. Je reprends aujourd’hui mes créneaux de travail à ma coop. J’avais dû geler mon compte suite à mon départ dans le sud car je ne pouvais plus remplir mes obligations. Ce matin, nous ne sommes que 2 sur le créneau, et il y a beaucoup de travail. Je quitte la coop contente, avec ce sentiment d’avoir été utile, d’avoir fait ma part de travail. Depuis mon retour, cela m’a manqué de ne pas pouvoir y aller.
Cet après-midi, je vais faire des croquis au jardin botanique avec deux graines. Il fait beau. J’y vais en vélo. Mon niveau de dessin et de croquis est toujours aussi nul, mais je prends l’air, je suis en bonne compagnie, je dessine, et l’environnement est beau. Que demander de plus!
Devant le jardin, en attendant les copines, j’ai un message d’une espagnole avec qui j’ai fait une partie du « Camino del Norte » en 2018. Rien ne pouvait me faire plus plaisir. Elle vient de prendre sa retraite et elle s’est mise à apprendre le français. Sûr que je vais prendre mon téléphone et l’appeler.
Bref, une journée qui me réconcilie avec la vie. J’espère que pour toi aussi, Lilie, la journée a été positive.
Dans sa tournée d’été à la campagne, notre président Emmanuel Macron, s’est fait gifler aujourd’hui dans la Drôme. Demain, les salles de restaurant ré-ouvrent.
La voix de Lilie
Il fait beau et chaud aujourd’hui. Avec un léger mistral qui donne un peu de fraîcheur. Il n’y a pas à dire dans le midi l’air est plus doux que dans le nord. On peut prendre le petit-déjeuner sur la terrasse au soleil. On sort les shorts et les tee-shirts. L’air caresse la peau et les os apprécient.
Le matin nous allons voir mon père. Toujours pas de diagnostic et toujours pas de nouvelles du médecin. Mon père est très affaibli, amaigri, fatigué. Las d’attendre. Il voudrait savoir pour être pris en charge et soigné. Il n’imagine pas ne pas être soigné. Sa douleur est sous contrôle mais les médicaments lui font un peu tourner la tête et lui donnent des nausées. Déjà qu’il ne mangeait plus grand chose. Dans l’après-midi son médecin appelle pour lui donner un rendez-vous de consultation chez un spécialiste à l’hôpital dans 8 jours. Il en a marre d’attendre, de faire des examens. Je lui dis que pourtant il est bien chez lui, qu’on ne sait pas ce que sera la suite. Il fatigue vite, 30 minutes en bas à l’ombre et il part se rallonger.
Il remplit sa piscine. L’eau s’écoule doucement. Il adore se baigner, c’est son plaisir et malgré la maladie, il veut remplir sa piscine. Il me semble que c’est peut-être la dernière fois. J’écoute l’eau tomber dans le bassin comme une rivière dévale une montagne. Elle marque le temps, la vie se remplit aussi et quand on arrive tout en haut du bassin l’eau passe par dessus bord. Est-ce vraiment le début de la fin ?
Quand j’étais petite fille, j’avais déjà deviné que l’on perdait tous ceux qu’on aimaient. La vie m’a offert le maximum de temps. Pourtant l’heure approche maintenant et mes parents deviendront souvenirs, ma maison d’enfant deviendra souvenirs. L’heure des épreuves sonne à la porte. La petite fille que je suis restée doit partir et je dois me tourner dans l’autre sens pour regarder la vie qui me succède.
Journée au radar. Normal après une nuit quasi blanche. Trop de pression, trop de tension, j’ai tellement peur du clash avec mon mari! A la fin, ce n’est pas tenable d’être toujours sur le qui vive, de ne pas oser dire, de ne pas oser faire, de ne pas oser vivre. Je n’en peux plus. Cela me gâche ces journées de lumière que j’aime tant. Le quotidien pèse une tonne.
Ce matin, de bonne heure, comme tous les lundis, mon enchaînement habituel: Yoga, respiration, méditation. Ma tête est ailleurs, mon corps est raide, mes pensées sautent dans tous les sens et même à contresens.
Dès que je peux, je me mets à la peinture. Juste des retouches. La couleur m’apaise lorsque je suis à cran. C’est mon carré de chocolat noir.
Sortir faire les courses, faire la cuisine, la lessive…Il y a de quoi faire dans une maison. C’est ce qu’il me faut. Pour moi, rester inactive est le pire des remèdes. Je me coucherais tôt ce soir.
Après le repas, je bulle en écoutant l’émission « La terre au carré » sur France Inter. Le thème du jour: « L’archéologie du genre à la recherche de la domination masculine ». Pour résumer, les archélogues tentent de trouver l’origine de la domination des hommes sur les femmes. C’est une femme qui parle. Elle a écrit un bouquin. Ce que j’ai compris, c’est la capacité des femmes à enfanter qui provoquerait chez l’homme ce besoin de dominer …Pas vraiment de conclusion, juste des conjectures. Ce que j’ai appris et qui est drôle, c’est que les archéologues tatônnent pour déterminer le sexe d’un squelette du néolithique, et potentiellement se trompent.
J’appelle mon fils. J’appelle ma soeur. Je m’occupe de mon site jacquaire.
La journée s’étire gentiment. Il fait vraiment beau. C’est agréable.
La voix de Lilie
La vie à 2 cascade comme un fleuve qui descend d’une montagne en roulant sous les pierres. Des rapides, des tourbillons, des eaux calmes parfois entre 2 sauts. Quelques fois on se demande bien comment sortir la tête de l’eau. S’accorder toute une vie est un exercice bien compliqué. Les femmes sont plus fortes, plus réfléchies, les hommes plus langoureux et plus vite satisfaits. Nous portons la charge mentale quand ils exécutent. Avec le temps nos envies divergent, l’un de tranquillité, l’autre de mouvement. Les hommes deviennent plus dépendants. On perd l’envie de faire plaisir à l’autre, par lassitude, flemme, par sens unique, que sais-je. Comment adapter encore le couple pour qu’il persiste ? Que chacun trouve sa place sans imposer sa vision à l’autre ? Vaste sujet. Tu as besoin de ces escapades Graine, c’est vital pour toi. Le besoin de t’avoir près de lui heurte ton besoin de moments de solitude. J’espère que ça va aller pour vous 2.
De mon côté, départ vers chez mes parents pour m’occuper de mon père. Peut être arriverai-je à avoir un diagnostic dans les 2 ou 3 semaines que je vais passer ici.
Je suis fatiguée après ces dernières semaines à me débattre entre les médecins et mon père. Ma tension ce matin était très basse, j’ai mal au dos, des aphtes, des boutons…. Et les nerfs à fleur de nerf !
Et enfin repas en terrasse sur les bords de la Marne suivi d’une balade, avec les copines. Les salutations au soleil pour éviter la pluie ont apparemment fait effet.
Une journée comme je les aime, qui sort de l’ordinaire, qui redonne goût à la vie.
La voix de Lilie
Notre dernier repas au restaurant remonte à si longtemps qu’il nous faut bien 10mn de réflexion intense pour en retrouver l’endroit et la date. Aujourd’hui le temps est un peu frais pour la saison mais il ne pleut pas et nous pouvons manger tranquillement en terrasse toutes ensemble avec nos maris. Les graines arrivent une par une, on s’installe devant un apéritif. On prend le temps de parler de tas de sujets comme à notre habitude. Le service est un peu long, il y a beaucoup de monde et le rythme doit être difficile à reprendre après un arrêt aussi long. Aucune importance, le nombre de sujets à aborder est inépuisable.
Après le repas, en promenant sur les bords de marne nous tombons sur notre futur domaine. 4 maisons en construction sur un terrain face à la marne. A vendre. Nos esprits ne font qu’un tour, voilà notre village. Nous entrons même sur le chantier pour voir de plus près. Cette idée lancée en l’air un soir de grande imagination de viendra-t-elle un jour réalité ? Qui peut le dire ? Nous prenons quand même le no de téléphone pour appeler par curiosité. Et nous laissons divaguer nos esprits sur le sujet. Château à rénover, village abandonné, terrain à batir, tout y passe. Sachant que notre capacité à rénover est inversement proportionnelle à notre imagination !
Au retour, nous prenons un verre en terrasse pour finir cette belle journée. Quel plaisir de se retrouver. Ça donne des forces, de la joie. Moi qui travaille encore, je vois mouns souvent les graines, elles me manquent vite.
S’occuper de soi, c’est essentiel. Qui donc s’en occupera sinon. Une femme, c’est un chef d’orchestre. Si elle n’est pas en état de jouer la partition, c’est toute la famille élargie qui en pâtit. Le sport, le yoga, l’ostéopathie, la méditation, l’esthétique…tout ce qui permet d’aller bien est bon à prendre. Ne pas sous-estimer non plus le rire, la détente, les copines, la danse…
Vendredi, j’avais rendez-vous dans un institut de beauté rue de la Paix pour un soin du visage. Le luxe. Un vrai moment plaisir. Cadeau d’anniversaire de mon mari que j’ai pleinement apprécié.
Pour moi, une journée de samedi tranquille avec une grande balade de chez nous au jardin des Plantes en passant par la Bastille à l’aller et par notre pizzeria favorite au retour. Beaucoup de monde dans les rues, sur les terrasses des bars et des restaurants, des queues devant les magasins de chaussures, de lunettes, de sous-vêtements. Sur les quais, à nouveau, des gens qui dansent, de la musique. Ça fait du bien de voir Paris animé à nouveau. Vraiment du bien.
Pas d’enfants aujourd’hui, ni demain. C’est cool d’être tranquilles, de pouvoir buller un peu. Petit nuage au tableau, nous butons dans la réservation de quelques jours à la mer cet été. Restons zen. Nous trouverons bien d’ici juillet..
La voix de Lilie
Aujourd’hui toute la famille est invitée pour les 30 ans de ma belle fille. L’occasion aussi pour nous de voir notre nouveau petit fils pousser. L’anniversaire se déroule chez les parents de ma belle fille. Toute sa famille est là, plus quelques amis. Nous sommes bien peu parmi tout ce monde. Je me souviens que pour mes 30 ans j’avais aussi toute ma famille et invité mes beaux parents. Pourtant je n’ai pas l’impression qu’ils se soient trouvés bien seuls ce jour-là. Ils étaient installés au milieu de ma famille et de ce qu’ils m’en ont dit, ils en ont gardé un bon souvenir. Nous, nous avons un peu de mal. C’est difficile de s’intégrer dans un groupe très soudé. Je ne sais pas trop de quoi parler, je ne suis pas une grande communicante, mon mari non plus. Retrouver les codes pour parler à des personnes que l’on ne connaît pas. Le temps, le travail, les enfants, le covid. Heureusement les petits sont là et nous aidons beaucoup notre fille en les surveillant tour à tour. Nos enfants sont tous de la partie, je suis heureuse de les voir ensemble. Je passe du temps à les regarder, profiter de ce moment qui m’ait offert.
Il ne fait pas beau pour un jour de juin, quelque fois, une veste est même nécessaire, Heureusement il ne pleut pas et nous pouvons passer toute la journée dehors. Les gestes barrières sont très limites, il y a beaucoup de relâchement de ce côté là avec l’avancée des vaccinations et le recul de la pandémie. Advienne que pourra….
Nous avons passé une bonne journée, familiale, dans la joie de vivre. Une partie de campagne, avec de la musique, un buffet, des jeunes qui s’amusent et se jettent à l’eau tout habillés. Peut-être aussi beaucoup d’alcool.
Le coquelicot, c’est la fleur du soleil. S’il y a une fleur éphémère, c’est bien celle-là. Impossible de la cueillir, elle est déjà fanée. Mais quelle lumière, quel éclat, quelle couleur, quelle délicatesse. Tes photos sont magnifiques, Lilie. Je vais les utiliser pour ma peinture, si tu me le permets.
Des journaux, j’en ai souvent écrits moi aussi. Quand ma mère était malade, en train de mourir je veux dire, de son cancer, j’ai beaucoup écrit. Le jour où j’ai quitté ma campagne pour aller vivre ailleurs, j’ai tout brûlé, comme si toute cette souffrance pouvait partir en fumée!
J’aime ce journal tout à la fois intime et partagé. Je m’y suis attachée moi aussi. Poser et dire le quotidien, les états d’âme, les humeurs, les blessures, les joies, les soucis, les envies…
Cet après-midi, dans la chambre d’Odile, j’ai chanté. Joe Dassin: Les champs Elysées, les petits pains au chocolat, l’été indien. Nous regardions un livre de photos sur Paris. L’arc de triomphe, les champs Elysées… et Joe Dassin est arrivé, aves ses chansons légères qui ont accompagné notre adolescence. Ma meilleure copine de l’époque, mon amie d’enfance aimait beaucoup Joe Dassin. Moi, j’étais plutôt Gérard Lenormand.
La voix de Lilie
Bien sûr que tu peux utiliser mes photos, je serai très honorée de les voir en peinture. Quand j’étais petite je faisais des petites bonnes femmes en coquelicot. En grande robe de soirée avec la fleur en corolle, en robe et capeline avec le bouton. Puis je les habillais en robe jaune avec un bouton d’or, en blanc avec une fleur des champs. Toute une garde robe fleurie. Nous n’avions pas la télé, les smartphones n’étaient pas nés, nous avions la nature.
Ce soir en regardant un film, je me suis rendue compte que j’ai oublié d’aller hier au cours de sculpture. Je n’ai pas repris le rythmne, 6 mois de confinement et l’habitude de ne pas sortir le soir. Je suis énervée car c’était certainement mon dernier cours pour cette année car je vais peut-être partir chez mes parents. Toujours ce cerveau surchargé de trucs utiles ou inutiles et qui en arrive à oublier des choses importantes, plus ou moins importantes. L’autre soir, avant de monter me coucher, je devais arrêter l’alarme de mon téléphone. Il charge de nuit à côté de moi et je ne voulais pas que ça réveille petite fille qui dormait à la maison. Le lendemain matin, j’ai entendu sonner le téléphone. Je l’ai retrouvé en bas, dans la cuisine, avec l’écran de modification de l’alarme ouvert, mais pas validé. Je suis incapable de savoir comment j’ai pu commencer à modifier l’alarme et laisser tout en plan au milieu du parcours. Qu’est-ce qui a pu happer mon cerveau ou tout mon être au point de me faire oublier ce que j’étais en train de faire ? Souvent ça me fait peur.
Ce soir je suis allée me faire chouchouter chez l’ostéopathe. Je suis bloquée de partout, point de sciatique, épaule, articulations douloureuses. Stress ou médicaments contre le cholestérol. Commençons par gérer le stress, se detoxifier le foie et avec un peu de chance trouver un rendez vous lundi avec le médecin pour changer de médicament.
Aujourd’hui, je poursuis mon déconfinement. J’ai rendez-vous à la permanence avec mes deux compères de l’association jacquaire qui sont en charge avec moi de la mise à jour du site. Cette fois-ci, c’est moi qui les forme. Pour être plus modeste, je leur montre ce que je sais faire et dont ils peuvent avoir besoin. Ils sont contents. De faire ensemble en échangeant, en se voyant, c’est tout de même plus sympa qu’en visio. Sur certains points, je tâtonne, je cafouille. Le site ne réagit pas tout à fait comme le nôtre. Et le fait d’être bridé par un cadre et une feuille de style très stricts sur lesquels nous n’avons pas la main, ce n’est pas du tout évident.
Je déjeune d’un sandwich au jardin du Luxembourg en compagnie d’un de mes collègues de travail du matin. Nous parlons du chemin. Il a fait celui que j’envisage de faire en septembre avant la pandémie, partiellement avec sa fille. En sortant du parc, je louche sur les affiches d’expositions de peinture. A quand la prochaine exposition?
Cette matinée conviviale m’a fait du bien. Elle m’a permis de me sortir de mes problèmatiques personnelles, de penser à autre chose.
En ce début d’après-midi, la chaleur est étouffante. Il fait très lourd.
En fin d’après-midi, mon cours d’Arts plastiques. J’ai acheté une toile que j’ai recouvert de Gesso, puis barbouillé d’une première couche de peinture acrylique. Je veux peindre un champ de coquelicots. A l’huile. En partant d’une photo que m’a envoyée ma petite soeur.
Courage, Lilie. Je vois que tu as pris les choses en main: télétravail à la campagne, démarches administratives… Ton père sait qu’il est dans de bonnes mains. Assurément, il a plus confiance en toi que dans les médecins. Et il a bien raison.
La voix de Lilie
Télétravail, téléphone, petit fils et pizza chez ma fille. Voici en style bloc note, un résumé de ma journée.
Petite, j’ai commencé plusieurs fois un journal. Que j’ai tenu quelques jours. Il me reste dans mon tiroir de souvenirs quelques extraits, 10 jours à 12 ans, 15 jours a 16, 1 mois à 18. Et quelques agendas, 1 page, 1 semaine, remplis en mode steno comme je viens de le faire. Malgré qu’il n’y ait que des faits, rien qu’à les feuilleter j’arrive à capter mon état d’esprit de l’époque. Et j’en conclus que j’écrivais chaque fois que j’allais mal, sans écrire que j’allais mal.
J’ai eu des périodes où j’ai eu envie d’écrire toute ma vie. Je voulais noter le plus de souvenirs possibles. Par peur d’oublier ? Pour mes enfants ? J’ai souvent commencé, jamais continué. Pourtant je sais combien on oublie de sa vie. Certaines photos nous montrent même des situations que l’on a vécues et totalement oubliées.
Finalement ce blog a ce mérite de poser nos ressentis et aussi notre vie sur un support. C’est certainement pour cette raison que je ne veux plus l’arrêter.
Comme toi Graine, j’ai été enchantée de voir la beauté des champs de coquelicots un peu partout cette année. Avantage, s’il en est un, de ce printemps pluvieux.
Comme tu le dis Lilie, Organiser ses vacances, c’est sympa, quand ça se passe bien. Mais là, le terrain est miné, la situation explosive. Surtout, garder son calme. Je suis contente que tu puisses envisager de télétravailler depuis la région de ton enfance. Ce sera plus facile pour prendre soin de ton Papa.
Il fait très lourd aujourd’hui. Comme c’est mercredi, je garde petite-fille. Elle est fatiguée. C’est un peu difficile. Elle n’aime pas la chaleur. Les enfants sont comme nous, ils ont leurs bons jours et leurs mauvais jours.
Mais au moins, de la garder, c’est une diversion qui nous fait du bien, qui nous aère, à mon mari et à moi.
La voix de Lilie
C’est la journée petite fille aujourd’hui ici aussi. Elle a très bien dormi et nous aussi par ricochet. Il fait beau et nous l’emmènons promener dans des allées piétonnes ombragées jusqu’à l’orée d’une forêt. Elle adore marcher. Je pousse la poussette vide, elle la pousse de temps en temps avec moi. Je la regarde trottiner. Elle m’émeut. C’est tellement beau un petit enfant qui trottine le nez en l’air, les bras dansants, les yeux petites jambes qui tricottent, partent trop vite pour elle. Je ne me lasse pas. Je voudrais graver ces images pour toujours dans ma tête. Hélas j’ai pensé ça aussi du temps de ma fille et l’image est partie. Comme le dis si bien Renaud, le temps est assassin et emporte avec lui le rire des enfants. J’ai pris des photos.
Mon père m’appelle plusieurs fois. Le médecin lui fait refaire tous les examens. Il n’en peut plus. Ne comprend plus. Il décharge sur moi tout ce qu’il ne peut pas dire au médecin faute de l’avoir. C’est toujours la secrétaire qui l’appelle. Je suis impuissante à régler le problème. 6 mois d’examen, beaucoup de souffrance et pas de diagnostic. Incroyable à notre époque, dans notre pays…. Je pense y aller en début de semaine prochaine. On navigue à vue en ce moment.
Le soir nous mangeons avec les enfants et petits enfants sur la terrasse pour la première fois de l’année. Le repas est animé, les petits sont fatigués de leur journée…nous aussi !
Le reste de la soirée est consacré à chercher des informations sur les aides pour le maintien à domicile. A première vue les ressources prises en compte ne déduisent pas la pension que mon père verse à ma mère. Mais ajoutent celles de sa nouvelle compagne. Pas de moins donc, que du plus. Du coup il n’a droit à rien alors qu’ils ne sont même pas imposables. Incroyable. Je me suis connectée sur l’agirc arco, sur une complémentaire, sur la caisse de retraite. Chacun son jargon. Des dizaines de liens incompréhensibles au profane. On dirait que tout est fait pour ne pas réussir à obtenir des aides. D’où l’intérêt certainement de passer par une assistante sociale pour ceux qui ont le temps d’y aller. Moi, je me noie. France, ta paperasserie te tue. Je n’ai plus de temps pour moi, mon dos me fait terriblement souffrir, peut-être une sciatique, peut-être les médicaments anti cholestérol. Je n’en saurai rien, mon médecin est en congé jusqu’à lundi et moi je pars…
La préparation des vacances. C’est un sujet toujours épineux à la maison. En temps de Covid, c’est pire.
Fin juin, début juillet, nous descendons à la campagne, en principe. Pas ou très peu de télétravail possible pour mon mari. Trois semaines de congés pour lui. Retour sur Paris vers la fin juillet. Je remonterais avec mon mari ou pas. C’est selon, si le petite est en vacances avec nous et si ma fille télétravaille dans le sud, je resterais peut-être un peu avec elle. De la campagne, nous partirons quelques jours ailleurs, à la mer, propose mon mari. Il en marre d’aller dans les pyrénées. Je vais le laisser trouver quelque chose.
J’ai réservé mon billet d’avion pour Séville pour début septembre. J’ai posé une option pour un aller/retour à Nice pour faire un stage d’Arts plastiques au Cap d’Ail mi Août.
A la maison, j’ai la soupe à la grimace.
Dimanche, déjeuner en terrasse avec les graines et leurs conjoints. Ça va faire du bien!
La voix de Lilie
Que c’est chouette d’organiser ses vacances. De mon côté j’organise plutôt les rendez-vous médicaux de mon père et j’obtiens un feu vert pour télétravailler depuis la province si je dois aller le voir. Tout cela prend beaucoup de temps. Plusieurs appels à plusieurs personnes. Aujourd’hui c’est ma cousine qui l’emmène. Ce week-end sa belle fille sera sur place. Après ce sera certainement mon tour de descendre. Cet été va être compliqué. Avec deux étincelles de bonheur pour la naissance de notre petit fils et notre voyage en sardaigne. Le reste des congés ce sera ma ville natale. J’espère que nous arriverons à faire un saut ou 2, seuls zu bord de la mer.
Aujourd’hui, le cours de dessin a repris. Il reste 4 cours dans une année qui n’en a compté que 7 ou 8…et je ne suis pas certaine de pouvoir y retourner. En tout cas ce soir, ça me fait une bulle d’air. De vidage de cerveau. Je me concentre pour essayer de dessiner. C’est très difficile pour moi. Je n’ai pas le regard et pas le tracé. Pourtant j’essaie, j’insiste et ça me fait du bien.
Il a fait si moche jusqu’à présent, il y a eu tant de mauvaises nouvelles, de difficultés que j’ai l’impression d’être dans un trou noir. Je n’ai pas du tout l’impression que la saison des vacances approche.
Un lundi de soleil assombri par l’annonce du décès d’un ancien collègue. Il avait eu récemment une greffe du cœur. Voir le nom de ses collègues qu’on a quitté il n’y a pas si longtemps sur la liste des absents définitifs, c’est déroutant, triste, difficile. Cela nous questionne. A quand notre tour ou celui de nos proches? Ce jour viendra, bien sûr, mais, rien ne presse tout de même.
L’éphémère de la vie nous rattrape. Pas de temps à perdre. Il faut vivre maintenant ce que nous avons à vivre. Demain, ce sera trop tard. Pas question de laisser passer nos urgences.
Le soleil fait du bien. Ce matin, en partant chez le dentiste, je récupère dans la boîte aux lettres le guide pour le chemin de Compostelle que j’envisage de faire en septembre, la Via de la plata. Ce chemin part de Séville et rejoint St Jacques au bout de 1000 km. C’est une traversée de l’Espagne du Sud au Nord. Je ne ferais pas la totalité. J’envisage d’en faire la moitié. J’irais jusqu’à Salamanque. Une petite boule au ventre à l’idée de partir une nouvelle fois, seule, sur les chemins. Mais l’envie de partir est la plus forte. Plus forte que la peur.
Mon mari voulait m’accompagner, mais trop loin, trop espagnol, trop peur du Covid, trop long, trop compliqué… Il a raison, trop, c’est trop. Une nouvelle fois, je partirais seule. J’aime ce tête à tête avec moi-même, avec la nature, avec les autres pélerins. Sur ce chemin, il y aura peu de français, mais, ça aussi, ça me plaît. Ainsi, le dépaysement est complet.
J’ai besoin de me confronter à mes limites. J’ai besoin d’air. J’ai besoin d’espace. Je n’ai pas, Lilie, comme toi, des obligations par rapport à mes parents. Ils ne sont plus. Mes enfants, bien sûr, me réquisitionnent, mais un mois, c’est vite passé. Ils sauront faire sans moi. Le plus difficile, c’est pour mon mari. Pour autant, je suis convaincue que c’est bénéfique pour nous deux. Pour le moment, ça grince.
La voix de Lilie
Une belle journée nous est offerte aujourd’hui. Une journée d’été bienvenue après toute cette grisaille et cette froideur. Nous pouvons enfin déjeuner dehors. Prendre l’air. Est-ce que la vie nous offrira aussi une embellie après toutes ces mauvaises nouvelles ?
En février nous sommes entrés dans le signe chinois du boeuf. C’est mon signe. Il revient tous les 12 ans. Depuis cette date, les mauvaises nouvelles affluent. J’aimerais bien que ça s’arrête. Je finis par avoir peur de la suite. Je n’ai pas de projet comme toi Graine pour me tenir debout. Pour l’instant je navigue à vue dans toutes mes obligations. De salariée, de fille, de mère, de femme. Qui suis je vraiment en dehors de ces masques ? Ce soir j’ai entendu une métaphore de poupées russes. Lorsqu’on ouvre chaque poupée, celle de la salariée, puis celle de la fille, celle de la mère, celle de la femme, est ce que l’on trouve enfin la toute petite poupée au fond ? Ou a-t-elle disparu dans les autres ? En ce moment la petite poupée n’a pas le temps d’exister.
Cette année semble plus difficile à vivre que l’an dernier. Le confinement commence à se faire sentir. La société devient de plus en plus violente. Les gens fragiles saturent, deviennent fous. Les autres fatiguent, deviennent tristes. Heureusement la jeunesse se relève vite et retrouve ses marques, bars, restaurants, magasins pris d’assaut. Aujourd’hui nous sommes allés au cinéma, nous étions 5 dans la salle. Le chemin va être long pour retrouver la sérénité.
J’ai longtemps détesté ce jour. Ce jour de la mère dévouée, parfaite. Je ne me suis jamais reconnue dans cette image d’Epinal. Peut-être aussi parce qu’être cette mère exemplaire, ça voulait dire qu’on n’était plus rien d’autre. Ecartelée entre le boulot, les enfants, le mari, que restait-il, comme temps pour être soi, pour fréquenter ses amies, sortir… De toute manière, dès qu’un jour précis est posé pour honorer une cause ou une personne, c’est qu’il y a anguille sous roche. La journée des handicapées, la journée des femmes, et j’en passe. Avec l’âge, je m’assagis. C’est sûr que j’ai moins de pression en tant que maman qu’il y a 20 ans.
La fête des mères aujourd’hui, c’est un beau bouquet de pivoines rose pâle de la part de ma fille. Mon fils, nada. Il n’a pas eu le temps. C’est mon mari qui a préparé le repas en grande partie. J’ai eu le plaisir d’avoir mes enfants et mes petits enfants pour le déjeuner, et la coiffeuse est passée ce matin pour me faire une nouvelle tête. Je suis donc une Maman heureuse et plus du tout rebelle. Avec le temps, tout s’arrange. Au tour de ma fille et de ma belle-fille d’expérimenter ce rôle de mère sans y perdre leur âme, leurs envies, leurs amies.
La voix de Lilie
Inversement j’ai longtemps aimé ce jour où mes enfants se réunissaient autour de moi avec ou sans cadeau, ce n’est pas l’important. Leur présence ce jour-là m’importait. Et savoir qu’ils s’étaient entendu pour m’offrir un petit quelque chose me faisait chaud au cœur. Mais cette année je sens qu’il est temps de passer le flambeau. Celle qui est mère, qui en a la responsabilité, le souci, le travail, c’est ma fille et bientôt ma belle fille. Il est temps de s’effacer de ce rôle de mère et de me contenter d’être leur soutien quand ils en ont besoin.
C’était un beau dimanche ensoleillé, les enfants étaient presque tous là, les petits enfants se sont égaillés dans le jardin. Nous avons déjeuné et passé toute la journée dehors, au soleil. Ma fille a même pris un coup de soleil. Une belle journée, tous ensemble. 3 générations de mères et une petite fille qui le deviendra peut-être un jour. Le bonheur.
Puis ce soir, un homme armé a tué une femme et blessé deux hommes, juste au dessus de chez nous. Comment imaginer que des armes soient en possession de personnes qui peuvent vous croiser dans la rue ? D’hommes alcoolisés, pervers ou simplement cruels. Où sommes nous en sécurité ? Pourquoi, et surtout comment, se procurer une arme est devenu monnaie courante ?
Enfin un week-end qui s’annonce sous le signe du soleil! Cela fait du bien. Profites-en, Lilie, tu en as besoin. Ça ne soulagera pas ton Papa, mais si tu veux l’aider au mieux, tu te dois d’être en forme.
Aujourd’hui, nous avons petit-fils. Annoncé à 9 h, il arrive à 10 h. Il est malade. Il a attrapé la maladie pieds-mains-bouche. De la fièvre, des petites vésicules dans la bouche, et partout sur le corps. C’est bénin, mais c’est très contagieux. J’espère que nous ne l’avons pas attrapé!
Appétit en berne, ce n’est pas notre petit-fils habituel. Îl joue, comme tous les petits qui sont malades, mais il est fatigué. Pour ce qui est de dormir, c’est une autre histoire. Ce matin, je l’amène voir le manège avant de faire mon marché. Il s’endort. Et se réveille dès que je réintègre l’appartement.
Après le repas, devant notre impuissance à l’endormir, rebelotte, nous reprenons la poussette. Et effectivemnent, il s’endort. 3/4 h de sieste, c’est peu, mais mieux que rien. En fin d’après-midi, nous ressortons une nouvelle fois. Il s’endort à nouveau, avant l’arrivée de Maman. Contrairement à ce qui était prévu, nous ne le garderons pas cette nuit. Sa Maman veut s’en occuper, même si ça signifie qu’elle risque de passer une nouvelle nuit difficile. Ce que c’est d’être parent.
La voix de Lilie
C’est curieux, ce doit être dans l’air, petit fils a eu la même maladie la semaine dernière. Une chance, il ne l’a pas passée à sa sœur.
Le beau temps donne des envies de dehors. J’ai décidé de replanter en terre la clématite offerte par une graine qui s’acclimate à sa future place depuis un mois. J’espère qu’elle se plaira. L’après-midi nous allons acheter un trampoline pour faire la surprise à petit fils qui vient demain. 2h dans le jardin au grand air pour le monter. On est content du résultat et surtout fiers d’avoir réussi.
Quelques courses et le début de la préparation du repas de demain que déjà sonne la fin de la journée.
Le vendredi, c’est la fin de la semaine de travail pour ceux qui sont en activité, et un changement de rythme aussi pour ceux qui ne travaillent plus. Le week-end, c’est le moment de faire autre chose, de voir amis, enfants, famille, de sortir quoi. Ce que nous faisons a minima depuis tellement de temps.
Pour moi aujourd’hui, c’est la poursuite du déconfinement. Première pizza à l’extérieur ce soir. Qu’est ce que c’est bon une pizza en terrasse avec un verre de vin! Et en plus, il fait beau.
La journée passe vite: ménage et courses ce matin, car nous gardons petit-fils ce week-end. Cet après-midi, je vais rendre visite à mes handicapés. Odile est triste. Le nouveau chef de service, arrivé depuis deux mois à peine, est parti. Sans vraiment dire ce qui n’allait pas pour lui. Si les résidents sont tristes, les employés sont inquiets. Le responsable de service précédent était là depuis trente ans, je crois. Ceci explique certainement cela.
Comble de malchance, pas question de sortir aujourd’hui, car il n’y a pas assez de personnel. Le protocole n’autorise pas la sortie d’un bénévole seul avec un résident. Nous sortons sur la terrasse. Il fait chaud, mais au moins nous sommes dehors. Des plantations de fraises et de tomates. Tiens, un chien. Il y a beaucoup d’humanité dans ce lieu d’accueil. Peut-être cela peut dérouter certains et plaire à d’autres. La personnalité de l’ancien responsable de service y est pour beaucoup, je pense.
Je parle à Odile de la fête des Mamans, du Louvre, de l’île St Louis où sa Maman habitait. La prochaine fois, je lui amènerais un livre d’artiste, catalogue de musée ou autre. Pour voir si elle connaît, si elle apprécie. Avant de partir, je lui demande si elle veut voir des photos. Elle m’en indique une. Avec une des employés, j’apprends que c’est sa grand-mère. Elle n’était pas commode, il paraît, dit l’employée. Elle avait son caractère. Odile jette la tête en arrière en éclatant de rire. « Dieu ne doit pas s’ennuyer avec elle », lui dis-je et elle repart à rire de plus belle! Son éclat de rire me surprend et me fait plaisir. Combien de ressources et d’émotions insoupconnées chez elle? Comme moi, comme nous!
Ce soir, j’ai rendez-vous pour un atelier d’écriture avec ma copine.
La voix de Lilie
C’est la fin d’une semaine de travail démarrée un jeudi. J’ai la tête ailleurs. Passe beaucoup de temps à appeler ma sœur, ma nièce, le médecin, mon père. La situation est complexe. La souffrance toujours là. Les médicaments de plus en plus forts calment à peine. Mal mystérieux sans véritable diagnostic. La médecine reste une science humaine, pas une science exacte. Cela me fait peur pour mon propre avenir. La souffrance est une chose que je ne veux pas subir et voir comment elle est, actuellement encore, mal gérée par le corps médical est effrayant.
J’essaie de me détendre le soir en m’abrutissant de jeux sur mon téléphone. Anesthésie du cerveau. Perte des repères.
Aujourd’hui, le beau temps est revenu sur Paris. Les terrasses débordent de mines réjouies et de verres bien remplis. Les masques sont absents. Qui aurait l’idée de boire un verre avec un masque?
Moi, de mon côté, je déconfine. Je profite d’un rendez-vous pour une mammographie à l’autre bout de Paris pour manger en terrasse, au soleil. Un croque-madame. En prime, j’ai droit à des frites et de la salade. J’aime. C’est mon menu rapide favori quand je suis en vadrouille. Pour rester raisonnable, je bois de l’eau. Sur la lancée, je regarde les boutiques et je craque pour un tee-shirt de couleur. Premier achat de vêtement depuis …longtemps.
En fin d’après-midi, je reprends mon activité d’Arts plastiques. Je n’ai pas pu y aller la semaine dernière car je gardais mon petit-fils. Presque un retour à la normale. Je dessine des coquelicots. Laborieux. La mise en route est toujours longue chez moi. Je suis contente de retrouver les copines, de parler d’autre chose que du menu du déjeuner ou du dîner.
Mon moral avait bien besoin de cette journée qui me permet de renouer avec des habitudes agréables. Merci aussi à la chance et à l’honnêteté des gens qui m’ont permis de récupérer mon sac à main que j’avais laissé dans un magasin, par terre? dans le rayon? Assurément, j’avais la tête ailleurs.
La voix de Lilie
Assurément humains sont les gens ! 😜 La tête très ailleurs, il va falloir mieux se concentrer. Nous avons perdu certains repères, aller dans les magasins en est un, se fondre dans la foule un autre. Hier j’ai refusé d’aller acheter à manger dans un supermarché car il y avait trop de monde. Il me semblait voir une fourmilière. Alors nous avons trouvé une terrasse dans un village tout proche et déjeuner d’une pizza. Depuis plus d’un an, nous n’avons fréquenté que des petites structures, rapidement pour les courses de premières nécessité. Alors prendre le temps d’essayer un vêtement, et l’achat prend la place du sac oublié.
Aujourd’hui j’ai recommencé le télétravail mais le coeur et surtout la tête n’y sont pas. J’appelle plusieurs fois le médecin de mon père , sans réponse. Je délègue à ma sœur pour demain. Moi je n’en peux plus.
A midi nous partons à la mairie de la ville voisine. Nous avons rendez-vous avec mon mari pour refaire nos cartes d’identité. Il y a un mois, j’ai fait la pré-demande sur internet. Cela consiste à recopier dans un formulaire tout ce qu’il y a sur la carte d’identité. Plus téléphone et email. Ensuite j’ai pris ce rendez-vous, pas disponibilité avant un mois. Nous y sommes. 13h25. La porte coulissante s’ouvre. Je fais un pas à l’intérieur. Une femme me renvoie dehors sans ménagement, ni bonjour ni formule de politesse. Ce n’est pas ouvert. A 13h30 elle nous fait entrer et nous installe à son bureau. Elle me demande de lui envoyer par mail les pré-demandes….. Puis elle resaissit tout…. Puis elle imprime, colle les photos, emprunte des 8 doigts. Signez en bas, avec votre propre stylo noir covid obluge. Signer le recépissé. Vous recevrez un sms dans un mois pour venir chercher vos cartes. C’est tout bon, vous pouvez y aller. 35 minutes sont passées. Au loin depuis un autre bureau, une dame nous lance un « au revoir monsieur, Dame, bonne journée ». Je lui rend la politesse. J’ai l’impression qu’elle l’a fait exprès pour viser sa collègue qui n’a pas décroché ni bonjour ni au revoir !
Je suis toujours étonnée de la lourdeur de ces processus. Pourquoi remplir une pré-demande si le document n’est pas pre-rempli et si même elle ne peut le retrouver sans un envoi de mail… Bref.
Il me semble que la France se désintègre à grande vitesse. Ou c’est moi qui vieillit, je ne suis plus adaptée. Quand même. Trop de process, trop de normes ont installé une grande complexité néfaste. Et induit des dépenses inutiles qui grevent les budgets et empêchent de fonctionner. Bientôt le blocage ?
Courage Lilie, tu as cette chance inouie d’avoir encore tes deux parents, et qui plus est, ont toute leur tête. Mais tu payes le prix fort. T’en occuper alors que tu es toujours en activité, ce n’est pas rien. D’autant que, je confirme, tout est compliqué, de contacter un médecin, de se diriger dans le dédale des démarches administratives…Ma chance à moi, c’est que je n’étais pas seule. Je pouvais partager avec ma petite sœur. Nous nous sommes épaulées l’une l’autre. Dis toi bien que tu fais ce que tu peux. Tu as le droit de vivre aussi ta vie à côté.
Mon père ne réclamait jamais. Il m’a plusieurs fois remercié pour ce que je faisais pour lui. Il m’était sincèrement reconnaissant de ce temps que je lui consacrais. Il m’a dit plusieurs fois. » Je n’ai pas fait pour mes parents ce que tu fais pour moi ». Quand je me remémore la fin de sa vie, à tout ce que j’aurais pu faire, peut-être, et que je n’ai pas fait, je me souviens de ses mots. Et j’accepte de ne pas avoir fait plus. Ce que j’ai pu faire, c’est aussi grâce à mon mari, qui a accepté ce temps dédié à mon père, qui m’a soutenue.
Mes parents me manquent. C’est dur d’être en première ligne. A part les copines, il n’y a plus personne à qui on peut dire « Je n’en peux plus ». Il faut sans arrêt garder la tête haute, regarder devant et avancer. Heureux temps de l’enfance où nous avons le droit d’avoir peur, d’avoir mal, d’avoir besoin d’un proche pour nous réconforter.
Ma petite fille qui court dans les flaques, qui joue avec le sable mouillé, qui dessine, qui se précipite sous la table , une fois son repas terminé pour s’accrocher à mes pieds, histoire de capter l’attention tout de même. J’aime sa fraîcheur, son enthousiasme, son effervescence, sa curiosité, sa créativité, son énergie. Comment faire pour retrouver un peu de ces qualités qui m’échappent dans les grains du temps qui passe?
La voix de Lilie
Le temps est venu de rentrer chez moi. Je ne suis pas sereine. Beaucoup de choses à faire d’ici tout en travaillant. Les activités reprennent et déjà je me demande si j’ai vraiment envie d’y aller. Tant de choses à m’occuper par ailleurs et si peu de temps disponible. Chaque démarche demande de s’y reprendre à plusieurs fois car il manque toujours quelque chose ou les personnes ne sont pas joignables. Tout est lourd.
Heureusement moi aussi j’ai une petite sœur et nous nous épaulons. Mais elle a un travail difficile, elle sort à petit pas d’un burn out et elle a encore ses enfants à orienter dans leurs études. Elle aussi fait ce qu’elle peu. Nous avons aussi un frère qui se prélasse dans sa nouvelle vie au bout du monde. Pas de parents, pas d’enfants, pas de travail. Que du bonheur.
Demain j’appellerai le spécialiste pour lui rappeler de faire ce qu’il m’a promis de faire aujourd’hui et qu’il n’a certainement pas fait puisqu’il devait me donner le résultat. Et je recommencerai encore et encore. En travaillant. Mon esprit est occupé à tout ça, comment reprendre le travail ?
Quelquefois je me demande si je vis véritablement ma vie. Ou si l’extérieur m’impose une vie. En ce moment aucun choix ne vient de moi. Le travail, les parents, les papiers, la maison, sans parler du confinement. Que me reste-t’il ? Qui décide de tout ce qui arrive et dans quel ordre ? Vaste sujet. Qui juge bon de faire souffrir ou d’emporter d’un coup ?
Aujourd’hui, malgré le temps maussade, je poursuis mon déconfinement. Visite d’une exposition dans une gallerie sur l’invitation d’une copine de mon atelier d’Arts plastiques. Une graine m’y rejoint. C’est agréable de se retrouver. C’est agréable de voir une exposition. C’est agréable de flâner dans Paris. C’est agréable de boire un verre en terrasse. De menus plaisirs qui font du bien. Nous prenons plaisir à échanger. Nous parlons des personnes âgées qu’il faut prendre en charge, même si elles refusent. Nous parlons aussi des enfants, des petits enfants, de la vie. Des discussions de femmes, de filles, de Mamans.
Je rentre à pied chez moi. Le temps est bien tristounet, mais il ne pleut pas.
Ce matin, j’ai esquissé un dessin, sorti les affaires de peinture, mais pas moyen d’aller plus loin. Ce soir, après le repas, je vais préparer ma palette et mettre de la couleur.
La voix de Lilie
C’est compliqué de prendre en charge un parent quand on travaille et qu’on habite loin. Tu es passé par là Graine, moi je découvre.
La province et son manque de médecin. L’objectif est d’avoir une ordonnance de renouvellement de médicaments et de demander au généraliste d’appeler le centre hospitalier. Depuis 4 jours, je passe chaque matin au secrétariat : elle note sur son cahier, le médecin est parti en centre de vaccination les 2 1ers jours, elle me rappellera dès qu’elle aura le message. Elle ne rappelle pas. Je repasse. Re cahier, re pas d’appel. Le 4ème jour, j’insiste car je vais devoir repartir. L’assistante obtient l’ordonnance. Impossible de voir, le médecin, elle est surbookée. Pourtant elle connaît le dossier, elle sait que ce n’est pas un rhume.
Côté aide à domicile, un dédale de démarches, un vocabulaire abscons. Il faut envoyer un dossier à la caisse de retraite. Laquelle ? Où trouver les papiers ? Pour obtenir quoi ? Je suis dépassée. Comment font les personnes seules ?
C’est ça la France dont on vante le système de santé et de solidarité ? On laisse souffrir des gens parce qu’on n’a pas les moyens d’avoir assez de médecins. Il faut des mois pour monter un dossier d’aide.
En passant, les repas prévus de samedi à lundi n’ont pas été livrés. Congés avec oubli de remplacement. Mardi, ils ont trouvé les personnes âgées mortes de faim. Une chance, nous étions là ce week-end…
Du coup, j’ai un peu honte de penser à sortir ou m’amuser. Mon père pleurait lorsque je suis partie.
Retrouver le dehors malgré le temps incertain. C’est le programme d’aujourd’hui. Une bonne nuit, une séance de respiration, une séance de méditation, un jogging…et je refais surface.
Si je laisse faire, la vie avec mon mari est ennuyeuse et triste. C’est dur à dire, mais c’est la vérité. Oui, comme tu dis Lilie, mêmes besoins chez beaucoup de femmes: envie d’escapade, envie de rire, envie de revivre. Besoin de se sentir vivantes tout simplement dans le temps qui nous reste quand nous nous sommes occupées des personnes qui nous entourent. En fait, nous devons apprendre à être égoïstes, à garder un peu de temps et d’énergie pour nous, pour nous permettre de sortir la tête de l’eau dès que c’est possible.
Cet après-midi, une sortie est prévue. Et ça me fait du bien au moral. J’ai passé du temps ce matin à chercher. Nous optons pour le cinéma « Adieu les cons ». Même si porter le masque au cinéma, ce n’est pas top, nous passons un bon moment. Après le cinéma, je réclame ma terrasse et ma bière que j’obtiens .
Ce matin, ma petite-fille est allée au musée du Louvre avec sa Maman. Elle a adoré. Elle est pressée de nous raconter au téléphone tout ce qu’elle a vu: La Joconde, les momies, les sphinx, la statue de Jules César. A 11 ans, ma fille écrivait dans ses rédactions qu’elle détestait les musées où ses parents l’obligeaient à aller…Ma petite fille a 5 ans. Que dira-t’elle dans 6 ans? Comme le temps passe vite!
La voix de Lilie
Ce matin nous finissons de nettoyer la piscine chez mon père. Au karsher pour enlever le calcaire après avoir enlevé les algues hier à l’épuisette. Hier nous étions 5 pour le faire, aujourd’hui 2. Voilà une bonne séance de sport ! Nous sommes contents du résultat. Il ne restera plus qu’à la mettre en eau lorsque mon père le décidera.
Ma cousine a préparé un couscous pour midi et nous la retrouvons après notre décapage de piscine. Il fait beau et chaud. Nous mangeons sur la terrasse. Qu’est-ce que c’est agréable de prendre l’air.
Dans l’après-midi nous allons faire un tour dans les villages alentour pour nous détendre de toute la pression de ces derniers jours. Nous trouvons une terrasse pour prendre une boisson et se poser un peu. Petits bonheurs simples que nous retrouvons. A Paris c’est plus difficile de profiter car le temps ne veut pas déconfiner… Ici la douceur de l’air le permet, même si je n’ai jamais connu de mois de mai aussi frais dans le midi. D’ailleurs les herbes sont vertes et hautes, des champs entiers de coquelicots bien nourris s’offrent à nos regards. Jamais je n’ai vu autant de vert en cette saison.
C’est vrai, Graine que nous devons trouver nous même comment nous distraire, où sortir, où partir. Nos hommes n’éprouvent pas (ou plus) l’envie de mettre de l’imprévu dans notre quotidien, de nous montrer qu’ils pensent à nous faire plaisir. Nos hommes sont là, près de nous et nous secondent lorsque nous sommes dans le besoin, c’est déjà beaucoup. Ne soyons pas trop exigeantes. Alors à nous d’oublier ce rêve et de trouver en nous les ressources pour nous offrir ce qui nous manque et nous épauler les unes les autres. Les rires, la nouveauté, les surprises, les petites attentions, les petits cadeaux, les projets, sont peut-être réservés aux jeunes couples. Et aux groupes d’amies de tous âges !
Aujourd’hui, c’est dimanche. Les enfants viennent manger, avec les petits. Mon mari part faire les courses puis part faire son jogging. Pas de jogging pour moi: je m’abstiens. Je me concentre sur la préparation du plat: du veau Marengo.
Malgré la fatigue, le repas de famille me fait du bien. Les enfants et petits enfants ont bon appétit. L’ambiance est détendue. Cela fait pas mal de temps que ne nous étions pas retrouvés tous ensemble. Les petits sont complices. Les grands papotent. Et moi j’écoute et je m’active. Avec les enfants, nous évoquons les souvenirs aussi. Le début de l’école primaire. Le temps passe si vite.
En fin d’après-midi, je pars faire une grand balade sur la coulée verte, seule. Il fait beau. Rare, ces derniers jours. Pour m’y rendre, je passe devant les terrasses où les parisiens profitent du dehors et du temps agréable. Sur la coulée verte, beaucoup de rosiers grimpants, des rosiers non grimpants, des iris magnifiques, des rhododendrons…Je rentre en passant devant le cinéma du quartier. Ce serait bien, une séance de cinéma. La dernière date de …je ne sais même plus, le printemps dernier peut-être! Un musée, ce ne serait pas mal non plus. A planifier dès demain.
En rentrant, je prends le temps d’une méditation. J’en ai bien besoin.
La voix de Lilie
Dimanche. Il fait beau, alors entre deux espaces temps parentaux, nous prenons un café en terrasse, ma soeur et moi. Envie d’escapade, envie de rire, envie de revivre. Mêmes besoins. Finalement toutes les femmes se ressemblent. Ou alors on ne connaît qu’une sorte de femme. Les terrasses de ma ville sont prises d’assaut avec cette douceur soudaine.
Dans l’après-midi nous allons nettoyer la piscine de mon père. Nous retrouvons la fille de sa compagne et son mari. L’objectif de cette rencontre est de prévoir ensemble l’avenir de ce couple âgé qui dégringole peu à peu vers la dépendance. C’est difficile pour eux comme pour nous. Décider pour son père, imposer quelque fois, bousculer leur quotidien. Lorsque celui qui vous a élevé et guidé se retrouve à dépendre de vous. Je me mets à sa place aussi. Surtout rester chez soi le plus longtemps possible. Toutes les démarches nous incombent, ils ne sont plus capables. Il faut dire aussi que tout est complexe en France… Je vais avoir encore une semaine compliquée.
Je suis épuisée entre un père qui diminue et une mère qui demande beaucoup plus que je ne peux donner.
Alors avant le repas du soir, après avoir raccompagné ma soeur à la gare, on prend un peu de temps mon mari et moi pour boire un verre en terrasse. C’est tellement agréable de pouvoir le faire à nouveau.
Retrouve le moral Graine, lorsque je rentrerai une échappée filles sera la bienvenue. Pour le dernier film vu au cinéma, pour ma part, c’est celui que nous avions vu ensemble sur le chemin de stevenson. Il me reste des billets périmés cause confinement. Il faudra que je regarde s’ils sont quand même utilisables…
Cette semaine, les activités reprennent, hélas je ne suis pas rentrée pour y aller. Peut-être la semaine prochaine….
Conditionnée. Au point de m’essuyer les pieds sur le paillasson lorsque je sors. Le seul fait de poser les pieds dessus, et hop on frotte machinalement.
Il me semble en ce moment fonctionner en pilotage automatique. Je pose les clefs, le téléphone. Je ne me souviens plus ni où ni quand. Le corps effectue des tâches sans contrôle du cerveau. J’ai du mal à accepter ce manque de concentration. Trop d’écrans, trop de choses à penser ? Ou seulement la vieillesse qui arrive et fait des trous dans les neurones ?
A la boulangerie ce midi, un couple devant moi vient chercher du pain pour 16 personnes. Anecdote sans conséquence habituellement, sauf que cette année, 16 personnes qui se retrouvent ce n’est pas courant. Une chance, ils me laissent une baguette !
La ville a repris ses couleurs, les terrasses sont bondées. Il faut dire qu’il fait doux ici et le soleil joue à cache cache avec les nuages. La vie a repris son cours, je me demande où était caché tout ce monde avant le 19. Chacun chez soi.
Lorsque vous revenez dans votre ville de naissance où habitent encore vos parents, vous faites un bon en enfance.
La voix de Graine
Une journée qui commence à 6 h 30 avec un biberon et un petit chou qui vient dormir avec nous. Il a réveillé sa cousine qui accepte de jouer gentiment dans sa chambre. Nous grappillons 2 h de somnolence au lit. Le petit s’est rendormi. Il se réveille à 9 h quand j’essaie de le remettre dans son lit. La cousine en a marre d’attendre le réveil du petit!
Quand ma fille passe chercher sa fille, le petit croit que c’est sa Maman qui vient le chercher. Déception! Quelques minutes, il repart à jouer comme si de rien n’était. Après le départ de la petite – il y a activité « musique » le samedi matin – je tente une escapade avec le petit en profitant de la sortie de mon mari pour va faire les courses. Une petite bruine me décourage de passer au square. Tout sera mouillé. Ce n’est pas cool. A défaut, nous allons voir le manège d’à côté, puis nous faisons le tour du marché, histoire de prendre l’air.
Je prépare le pistou au cerfeuil avec petit-fils sur les genoux tandis que Papy passe l’aspirateur. Avec des raviolis et du poisson frais, le repas est vite prêt. Papa appelle. Ils arrivent, les parents. Nous ne les attendons pas pour manger. Ils auront droit au 2ème service.
Ma fille nous dépose la petite en début d’après-midi. Elle va visiter des maisons…La petite préfère rester avec son cousin. Cousin qui repart avec ses parents un peu plus tard… Affalés sur le canapé, nous nous posons et nous regardons « Kirikou et la sorcière » avec la petite. J’ai casté Youtube sur la télé avec mon portable. Le son est assez moyen avec quelques micro-coupures. Mais c’est agréable tout de même. Je joue au solitaire en parallèle. Je me sens vidée.
Puis, Papy joue avec sa petite fille au « Qui est-ce ». Je soutiens la petite en coloriant un dessin géométrique improbable. Je suis vannée. Je n’arrive toujours pas à bouger. Ma fille repasse prendre sa petite. Je ne la retiens pas. Je n’ai plus aucune énergie, même pas celle de sortir pour aller grignoter quelque chose dehors. En plus, il fait moche.
Je me laisse aspirer par les idées noires et les tâches ménagères. Demain, les enfants viennent manger. Mon mari questionne « Qu’est-ce qu’on fait à manger demain? ».J’aimerais avoir des questions autres du style « Où sortons-nous manger ce soir? » , « si on allait au cinéma? »Mais ça ne viendra pas. Ce n’est pas le style de la maison. Je ne trouve même pas l’énergie pour ouvrir le blog. Le jeu de solitaire en boucle en regardant la rétrospective sur la Star Academy. Aujourd’hui, c’étaient les obsèques de la Mamie de nos voisins à la campagne. Un très vieille dame qui n’allait pas bien du tout. Mes voisins sont de religion protestante. Je ne sais pas comment exprimer ma sympathie. A priori, les fleurs ne sont pas de mise. J’enverrais une carte de condoléances, plus tard.
Me reposer, décompresser, sortir et rire. Pas d’autre recette pour voir la vie en rose. La ville m’étouffe.
Les grilles du restaurant sont entrebaillées pour laisser la place à une table qui sert de comptoir de commande. Personne ne rentre dans la salle. Depuis plusieurs mois, ce restaurant ne sert que des menus à emporter. Chaque jour son plat. Le vendredi c’est couscous. On apporte ses propres gamelles, ou bien ses assiettes et ils les remplissent. C’est surprenant comme façon de faire, et en même temps plus écologique que des barquettes en carton qui finissent directement à la poubelle. Ils n’ont pas encore réouvert la terrasse, la formule fonctionne bien. Peut-être attendent-ils la réouverture complète. A 14h, on tire la table et les grilles se referment jusqu’au soir.
Jamais on n’aurait imaginé les restaurants fonctionner comme on a pu les voir cette année. Les normes ont volé en éclat. Est-ce que demain les consommateurs auront le choix dans les restaurants entre un déjeuner sur place ou à emporter ? Est-ce que les normes redeviendront plus strictes ? Concurrence, sanitaire et tout ce qui peut bloquer plus ou moins utilement l’inventivité.
Une année surprenante, inventive. Un nouveau chemin de vie.
La voix de Graine
Froid et averses même si les températures grimpent, un peu. Nous sommes au mois de mai tout de même! De ce côté là, la vie d’après ressemble beaucoup à la précédente.
Ce matin, mon mari se fait vacciner – Azra Zeneca et moi je bois mon 1er café en terrasse. 1er pas dans la vie d’après. Le café est bon. Le serveur est agréable et il m’amène un verre d’eau sans que je le lui demande. C’est au retour de la crèche où j’ai déposé petit fils, en retard, puis galéré pour plier la poussette – un appel rassurant aux parents pour avoir les explications! Je redécouvre la vie avec un petit. C’est épuisant et exigeant. Les derniers 3/4 de la nuit, il les a passé dans notre lit, le chanapan. Heureusement qu’il est craquant.
Je découvre ses parents, mon fils, mon tout petit devenu grand, Papa à son tour. Et ma belle-fille, Maman Poule jusqu’au bout des ongles, vernis. Quand je vais chercher le petit à la crèche, en fin d’après-midi, après mon passage dans la maison d’accueil des handicapés, un coup de téléphone. Ce sont les parents qui veulent leur petit, lui parler. Il les reconnaît, leur fait coucou, envoie des bisous sans faire de drame.
Pour ouvrir la poussette, même combat que le matin. Heureusement, un Papa qui est là dans l’entrée m’aide. Je me décourage d’être aussi maladroite. Pour autant, ça ne m’avance pas plus. Je prends le bus car il commence à être tard et le temps est menaçant. Dans le bus, le petit chante, la la la…Il est heureux de vivre, mon petit bonhomme.
Ce soir, nous avons les deux cousins. Elle fait le pitre et lui rit aux éclats. Ils prennent le bain ensemble. Ma petite fille tombe de sommeil. Et lui joue comme si de rien n’était. Aucun signe de fatigue. Il n’est vraiment pas prêt à aller se coucher. C’est une soirée pyjama. Il en profite, il ne veut rien lâcher. Quand ma petite fille vient pour lui dire bonsoir, il lui mord le ventre pour lui faire un câlin. Il a l’affection mordante. Il faut se méfier et ne pas le laissser faire.
C’est mon mari qui l’endort, ce soir. Aux alentour de 23 h.
Impossible de me résoudre à abandonner ce journal. Il y a tant de chose à dire. Même si ce blog est plus intermittant que le précédent, il nous permettra d’y consigner encore, nos humeurs, notre vision du monde, nos ressentis. Se savoir proche aussi.
Alors j’ai tout préparé – à nos plumes, quand on veut, comme on veut.
La voix de Graine
Merci Lilie. Comme tu dis, impossible de se résoudre à fermer ce journal. Laissons-nous le temps d’explorer l’après, de tenter des jours avec et des jours sans. Donnons-nous le temps de réapprendre à vivre « normalement » . Et de poursuivre ce blog, ou pas.
Pour moi, aujourd’hui, c’est journée petit fils. Dès qu’il arrive à la maison, il s’accroche aux basques de sa Maman et la réclame en boucle. Il sait que ses parents vont partir. Malgré tout, leur départ et la journée se passent bien. De temps à autre, il va jusqu’à la porte en disant »Maman » et je lui répète que Maman est partie en vacances et qu’elle va revenir, demain. Repas, sieste, promenade, jeux au square, jeux avec Papy à son retour du bureau. Je suis contente d’avoir mon petit-fils. C’est l’occasion pour moi de retrouver avec lui une complicité que j’ai perdue. Il a beaucoup changé pendant ces 6 semaines. Et surtout, il a vécu 24 h sur 24 avec sa Maman. A présent, il mange tout seul. Il se débrouille bien, autant avec la cuillère qu’avec les doigts. En tout cas, il a bon appétit. Son vocabulaire s’enrichit de jour en jour. Ses mimiques aussi.
C’est le soir que c’est difficile. Son heure de sommeil: entre 22 h 30 et 23 h. Dur pour nous qui n’avons pas l’habitude. Cela fait des longues journées.
La voix de Lilie
Ce matin je refais à pied le chemin que je faisais petite fille pour rentrer de l’école. Je marchais avec ma cousine. Ou plutôt nous sautions les bras croisés ensemble dans le dos. Et nous nous racontions des histoires drôles de l’autre. L’autre fait ceci, l’autre fait cela. Ce n’était pas toto, c’était l’autre. Pas de nom, pas de sexe, pas de visage. L’autre, qui nous faisait rire aux éclats le long du chemin. Cinquante ans sont passés. Oui 50. Un chiffre énorme. Nous passions devant le gymnase qui a peu changé, puis en face du cimetière, qui s’est étendu sur 3 fois sa longueur… Il reste un petit terrain avant la première maison, pour l’étendre une dernière fois. Le murier, plus vieux que moi est toujours là. Après le croisement, à gauche les ronces à mûres ont disparu, comme le petit filet d’eau sur lequel nageaient les araignées d’eau et naissaient les têtards que l’on entend, si on prête l’oreille, gargouiller en souterrain. Et voilà la maison de mon enfance en vue. J’en profite pour prendre une photo ou 2. Je suis contente de ma balade, il fait soleil, je suis bien. Un peu plus jeune le temps d’un trajet. Nostalgie, quand tu nous tiens.
Difficile de refermer ce journal après tant de jours passés ensemble…
Ce jour d’après où les terrasses s’ouvrent, mais où le quotidien est tout à la fois le même et tout à la fois différent. Je n’ai pas pu m’offrir ma 1ère terrasse aujourd’hui. D’une part, le temps ne s’y prêtait pas. Et d’autre part, au moment où j’aurais pu en profiter, pendant que la petite était à la danse, j’avais oublié mon masque. Demain peut-être, ou pas. En fin de journée, ma fille s’est précipitée dans le monoprix d’à côté avec sa petite pour dévaliser le rayon des petites filles. C’était nécessaire. Les enfants grandissent vite.
Ce soir, j’ai mon fils sur whatsapp. Il rentre de Bretagne. Ses premières vacances depuis bien longtemps. Demain matin, il m’amène le petit et il repart pour 3 jours en Normandie avec son épouse.
J’ai une pensée pour les soignants qui doivent être épuisés après cette course de fond sans fin contre le covid. Quand pourront-ils partir en vacances et souffler un peu? Je ne comprends pas pourquoi la situation sanitaire reste encore aussi fragile alors que le nombre de personnes vaccinées progresse rapidement. Je ne peux pas m’empêcher d’avoir peur… que ça recommence.
Beaucoup de pluie encore aujourd’hui. Ce devrait être mieux demain. Je l’espère. Ce serait bien de pouvoir aller au square avec le petit.
Le confinement et le couvre-feu ne vont pas me manquer, Lilie. Le blog, si. Prend bien soin de ton Papa et de tes proches, Lilie. Tu as bien sûr raison. Quand nous pouvons faire du bien à nos proches, pourquoi s’en priver. Qui d’autre pourrait le faire? Et comme toi, je crois à la contagion du bien et de la générosité.
La voix de Lilie
Un journal se referme pour en ouvrir un autre. Comment vivre sans maintenant ?
Le soleil est là ce matin et la ville s’éveille de son grand sommeil. Les terrasses des cafés sont envahies de monde, les magasins sont ouverts. Toute une vie qui avait disparue réapparaît soudain. Du jour au lendemain, une ville endormie, une ville grouillante de vie. Voir autant de monde, aux terrasses, dans les rues, entrer sortir des boutiques impressionne. Un an de sommeil a endormi nos souvenirs et il me semble n’avoir jamais vu autant de monde. Pourtant ce n’est que la vie d’avant qui renaît.
Ce midi nous allons comme beaucoup, profiter de ce regain pour aller au restaurant au bord de l’Ardèche. Un repas simple, un bon dessert. Se faire servir le repas. On goûte à tous ces plaisirs que l’in ne remarquait pas auparavant. Combien de temps durera cette grâce de la liberté retrouvée ? Combien de temps pourra-t-on conserver cette liberté. Bien sûr je fais confiance au vaccin, mais comme toi Graine, j’ai peur des variants, peur que la pandémie reprennent le terrain perdu. De tous temps l’homme a su éradiquer les maladies qui l’ont menacé, ou les rendre presque inoffensives. Cela prendra du temps, mais j’en suis certaine, nous y arriverons. Ensemble. Ceux qui cherchent, ceux qui soignent, ceux qui protègent les autres, ceux qui se protègent.
Cette première journée a été une bouffée d’air pour moi après la terrible journée d’hier. Les médicaments agissent et mon père ne souffre presque plus. Le temps de reprendre notre souffle pour affronter la suite…
Comment se passer de ce jounal ? D’ailleurs, pourquoi devrait-on s’en passer ?
Quand clôturer ce journal de la pandémie? Ce soir, parce demain les magasins réouvrent et que le couvre-feu passe à 21 h? L’année dernière, au bout des 55 jours du 1er confinement, je ne pensais pas que nous allions le réouvrir… et pourtant voilà 201 j de suite que nous vivons quasiment sous cloche et que nous suivons pas à pas la progression de la pandémie et de nos états d’âme en miroir, en oubliant quasiment le reste du monde: l’Israel et la Palestine à feu et à sang par exemple. Cette pandémie nous replie sur nous et sur nos proches. Les autres, ceux qui ne sont pas dans notre sphère, existent si peu. Nous les voyons au travers des écrans, comme tout le reste. Je ne juge pas. Je constate l’effet produit sur moi et sur les gens qui me sont proches.
Une journée plutôt tranquille aujourd’hui. De la pluie toujours, mais du soleil aussi. Ce matin, je saisis mes textes écrits hier dans mon atelier d’écriture. C’était plaisant hier soir. J’aime écrire. Puis, plus prosaiquement, J’épluche les légumes pour la soupe.
Cet après-midi, après une bonne pause, je pars remettre en main propre mon dernier cadeau de naissance. Le bébé habite près de la Place de la République. J’ai juste le n° de l’immeuble. Je n’ai ni n° de téléphone, ni n° d’appartement. Quelqu’un de la boutique d’à côté m’ouvre la porte de l’immeuble. Je trouve la boîte aux lettres, mais la bouche de la boîte aux lettres n’est pas assez grande pour avaler mon paquet, et toujours pas de n° d’appartement. J’avise une petite fille qui émet des hypothèses qui me font hésiter. J’aperçois de l’autre côté de la cour une jeune femme avec un landau. Bingo. C’est la Maman – que je ne connais pas – et le bébé. Nous nous dirigeons vers le square ensemble tout en devisant gentiment. 7 km aller-retour avec une alternance de soleil et d’averse. Cette marche parisienne m’a fait du bien.
Je rentre juste pour mon cours de yoga que je prolonge par une séance de méditation. Un peu courte! Et la soirée se termine par la déclaration d’impôts 2020.
La voix de Lilie
Levée en sursaut par un appel à l’aide de mon père. La souffrance est intenable. Il n’a pas d’antalgique puissant. Je l’emmène aux urgences et nous passons la journée entière entre urgences, médecin, pharmacien, infirmière. La médecin des urgences ne cache rien de son état. Elle est très surprise de savoir qu’aucun de ses médecins n’a voulu mettre de nom sur ces douleurs ni surtout le prendre en charge. Je fais le nécessaire le soir auprès de sa généraliste. Puis je contacte une infirmière pour l’aider à bien prendre ses médicaments. Demain il me restera à contacter l’hôpital spécialisé. Je vois bien qu’il n’est plus capable de gérer le moindre problème. Il est resté 3 semaines à souffrir sans même contacter sa généraliste. Au delà de ça, il a appris aujourd’hui ce qu’il, ce que nous, soupçonnons depuis quelque temps. Une étape est franchie. Pour lui, il le sait, la fin approche. Pour moi, mon père , la maison de mon enfance, vont s’en aller avec une partie de moi. Je dois m’habituer à l’idée. Dire au revoir. Adieu plutôt. A ma maison, à mes souvenirs d’enfance, à ma chambre de petite fille. Cette année est difficile pour moi… Beaucoup de départs. Irrémédiables. Irremplaçables. Il reste un peu de temps.
Je suis vidée de cette journée.
Mon mari m’a accompagné dans ce parcours tout au long de la journée. Compagnon discret. Preuve d’amour.
J’aurais aimé que ce journal s’achève sur une note plus positive. On ne choisit pas. Oui, nous nous sommes centrés sur nos proches. N’est-ce pas là une bonne philosophie ? Se détacher du monde et des conflits qui nous, dépassent pour ce consacrer à faire le bien autour de nous. Et de personne en personne, comme le covid s’est répandu sur le monde entier, le bien pourrait rayonner et embrasser l’humanité toute entière. Et de l’humanité guérie, la planète guérirait elle aussi. Utopie ? J’adore le terme de réalité augmentée. C’est ma réalité augmentée.
Demain, la vie d’avant va croiser la vie d’après. Que va-t-il sortir de cette expérience ? Qui sera mieux ? Qui sera pire ? Quelles nouvelles envies ? Qu’est-ce qui aura disparu, apparu ? Quelle redistribution des cartes ? Intéressant à observer.
Fin de cette saison2. Souhaitons ouvrir un autre livre. L’après covid.
Entre les averses, le soleil… Quel bien il fait ce soleil quand il montre son nez! Magnifique photo Lilie qui réchauffe le coeur et l’oeil. Profite bien de tes proches, de tes parents. Le temps passe si vite. Les miens me manquent.
Premier jour de la semaine qui démarre sous la grisaille. Je suis fatiguée de mon week-end et cette semaine de gris qui s’annonce ne me fait pas rêver. Ce matin, je me lève tôt pour faire une séance de respiration suivie d’une méditation. J’enchaîne les tâches à faire: lessives, courses, prises de rendez-vous médicaux. Je n’aime pas tout ce qui est médical, mais je m’astreins à faire les dépistages nécessaires. Prévenir plutôt que guérir autant que c’est possible.
J’appelle une copine aussi, qui se plaint de l’indifférence citadine. La pandémie nous fait retrécir, alors qu’au contraire, elle devrait nous faire grandir. Ma copine a besoin de prendre l’air de la campagne. Je l’encourage dans ce sens. Je m’aperçois que je ne retrouve plus le brin de muguet que m’a cueilli mon hôte, dimanche, quand nous étions avec les graines. Je l’ai oublié! Heureusement, j’ai le cerfeuil et la roquette.
Ce midi, je ne fais pas de cuisine. Nous mangeons les restes.
Après le déjeuner, j’ai tellement d’énergie que je m’allonge sur le canapé, quelques parties de solitaire et je m’endors. Suis-je donc si vieille et si coincée que quelques techniques et pratiques nouvelles à apprendre m’épuisent à ce point? Je m’aperçois qu’au fur et mesure que les années passent, je déteste toujours autant la routine et la répétition du quotidien, j’ai toujours la curiosité d’aller voir ailleurs, de chercher des pistes pour ne pas m’engluer dans la morosité ambiante, mais, les forces de résistance me tirent en arrière, l’effort à faire pour changer devient important et difficile à intégrer. J’accumule les techniques et les savoirs, mais je me sens incapable de mettre en oeuvre quoi de que ce soit…J’ai lu un livre il y a quelques années, que je relis de temps à autre, quand j’en ressens le besoin – il doit être temps que je le relise. Son titre » Entrer en amitié avec soi-même ». Il a été écrit par une moniale bouddhiste américaine qui est mère de trois enfants. Traité de bienveillance avec soi-même, ce livre me fait du bien. Il m’aide à accepter mes limites.
Acheter sur Internet un polo pour l’anniversaire de mon frère, passer au magasin d’à côté pour terminer mes cadeaux naissance, en profitant du soleil, d’une belle averse et aussi d’un bel arc en ciel, la journée s’étire, toute chargée de son insignifiance.
L’étude de notre facture d’électricité, que nous trouvons exhorbitante, me ramène au réel. Nous sommes locataires, nous ne pouvons pas la réduire si nous voulons conserver un confort acceptable. Heureusement, cette situation n’est pas appelée à durer. Soudain, je me rémémore, un atelier d’écriture est prévu ce soir, avec ma copine.
Atelier qui me fait du bien, qui me permet de m’échapper un peu.
La voix de Lilie
Le soleil enfin se montre aujourd’hui. Il fait bon, pour la première fois de ce mois de mai et peut-être même de l’année, je laisse le gilet et me reste bras nus. Sentiments de douceur dans une journée plutôt difficile.
En fin de matinée, nous allons voir min père. Il souffre beaucoup du dos. J’appelle son spécialiste qui est en congés pour 10 jours et n’a pas laissé de consigne pour son dossier. Je prends rdv pour demain soir chez son généraliste. Nous allons ensuite mon mari et moi chercher 2 pizzas pour déjeuner avec lui. Après 2 morceaux, il va se coucher, épuisé. Nous repartons pour le laisser se reposer. C’est difficile de le voir comme ça. Nous revenons vers 17h car j’ai pris rendez-vous pour lui depuis longtemps pour faire un diagnostic sur la piscine. Le spécialiste est très sympa et nous explique le pourquoi et comment gérer les problèmes de calcaires, algues et compagnie. Pour autant, j’ai bien peur que cette année la piscine reste vide.. Mon père ne va pas mieux, je vais lui chercher quelques médicaments. Sa compagne est incapable de faire quoi que ce soit dans la maison ou pour lui. Je m’inquiète de ce qui va advenir d’eux… Il ne veut pas d’aide, pas monter de dossier. Il lui faudrait quelqu’un pour le nourrir car il ne mange plus et pour faire quelques courses. C’est désolant que cette situation se produise alors que je travaille encore…. Je vais faire de mon mieux cette semaine, mais après ?
Aujourd’hui c’est le 200ème jour de confinement. Et aussi l’avant dernier. Ce deuxième confinement va s’achever avec la réouverture des restaurants, des activités et l’allongement de l’heure du couvre feu. Pour autant, la vie d’avant n’est pas encore pour demain. La pandémie régresse mais elle est toujours là. Les masques et gestes barrières, toujours de mise. L’actualité toujours remplie de vaccination, de taux de malades, d’hypothèses de sorties de crise. L’étau se desserre doucement, le résultat sera visible dans quelques semaines….
Apprendre à se promener sous la pluie, c’est ça notre challenge du mois? Challenge car habituellement, c’est simple d’aller s’abriter dans un café pour se réchauffer. Avec la pandémie, qui veut se promener sous la pluie doit prévoir son parapluie!
Une journée qui commence par des babillements d’un petit garçon qui a faim. Il est un peu plus de 6 h. Le passage à l’état de sommeil n’a pas été simple hier soir, mais une fois endormi, dans les bras, vers 22 h 30, et dans son lit à 22 h 45, il ne s’est pas réveillé. Je prépare le biberon qu’il boit dans notre lit entre mon mari et moi. Il se rendort. Et se réveille à 8 h 30 tandis que nous sommes en train de déjeuner à ses côtés. Il est de bonne humeur.
Ma séance de méditation d’aujourd’hui commence à 10 h. Je laisse le petit à mon mari. Les parents ne vont pas tarder à arriver. Je me sens fatiguée. Faire un stage de méditation n’est pas de tout repos. La première nuit, j’ai mal dormi, la 2ième nuit, j’ai bien dormi, mais je me suis réveillée à 5 h du matin. La 3ième nuit, j’ai bien dormi, mais la présence du petit a raccourci ma nuit… Il y a aussi les courbatures dûes aux exercices préparatoires, à la position de méditation. En début de séance, le professeur nous parle de la suite du stage. Une pratique de deux séances de méditation par jour est préconisée. J’ouvre de grands yeux. J’aurais dû m’en douter. Je suis contente d’avoir découvert cette pratique. Une porte qui s’ouvre pour moi. Cela faisait longtemps que je tournais autour. Mais pour la pratique quotidienne, je ne suis pas sûre d’être encore prête. Après ma séance de méditation, je me sens groggy.
Je prends le temps de déjeuner avec mon mari, zappe le dessert, puis je rejoins les graines qui terminent à peine l’entrée. Je grignote avec elles, prends le dessert et le café, bois une coupe de champagne. C’est sympa de se retrouver. Chaleureux. Amical. Nous terminons le repas à 17 h 30. La balade sera courte. Nous allons jusqu’au square le plus proche où nous découvrons des fouilles archéologiques d’une ancienne abbaye médiévale qui empêchent la maison de retraite proche de s’agrandir comme c’était prévu.
Nous rentrons sur Paris à la limite du couvre-feu. J’ai une nouvelle séance de méditation à faire ce soir, seule. Je m’y tiens. L’appartement a repris son calme. Les conditions sont optimales.
La voix de Lilie
La pluie, toujours la pluie. Quel triste mois de mai. Froid comme jamais, humide. Ce matin nous partons faire le marché avec capuche et parapluie. Les basiques, fromage de chèvre, fraises, salade. Nous nous arrêtons au stand café. Le café se prend debout abrités par la toile de tente. Confinement oblige. Sur le chemin du retour nous entrons dans une boutique qui vend des produits à base de cbp. Canabis medical. Le vendeur nous explique le principe. Crèmes, gouttes, tisanes. L’objectif est de faire disparaître les douleurs. Pas de guérir. Pour de graves pathologies il y a des solutions plus concentrées. C’est autorisé et vendu hors pharmacie. Il commence à y avoir des boutiques un peu partout. Nouvel eldorado des ex vendeurs de vapoteuses ? Je prends une crème pour essayer sur mon épaule. Nous repartons avec une sucette que j’oublie finalement dans mon sac. J’essaierai demain.
Pour le déjeuner, le barbecue électrique sous l’avancée de la maison sera de mise. Il pleut toujours. Le repas est printanier, le temps automnal.
L’après-midi nous partons voir ma filleule qui veut nous présenter son nouveau compagnon. Depuis qu’ils se connaissent, ils se retrouvent presque chaque week-end, la semaine c’est chacun chez soi. Une formule qui permet de conserver sa liberté, de s’inviter, de se manquer aussi. Nous avons du mal à trouver la maison car le gps ne situe pas le chemin. Et pour cause, la maison se trouve à l’extérieur d’un petit village. La vue depuis le jardin est magnifique avec le Vercors en face. Le soir, le soleil s’y couche et offre de splendides couleurs. Même aujourd’hui où il fera son apparition. Nous faisons connaissance en prenant un café et en dégustant quelques macarons. Nous partons ensuite sous la bruine promener autour de chez eux dans les chemins. La nature est bien verdoyante cette année, et pour cause. Ma filleule a l’air heureuse et ça me rassure de la voir épanouie à nouveau après l’avoir vue si malheureuse ces dernières années. Déjà il est l’heure de repartir car ce soir nous descendons chez ma mère avant le couvre feu.
Le temps de récupérer nos valises chez ma sœur et nous revoilà sur la route. Dimanche soir, retour de grand week-end. La circulation est très dense avec quelques bouchons, rien en comparaison de ceux qui viennent en face, et qui sont quasi à l’arrêt sur l’ensemble du parcours. Après 1h20 de route au lieu d’une heure, nous arrivons à bon port.
Ma mère nous attend de sa fenêtre. Embrassades légères, nous sommes tous vaccinés. Nous prenons un petit apéritif et un repas léger car ces derniers jours ont été plutôt gastronomiques. Il va falloir calmer le jeu de ce côté là avant que mon estomac et mon foie se rappellent à moi.
Le week-end s’achève, avec cette fois ci, une semaine de liberté devant moi.
Le soleil a bien voulu faire son apparition pour nous offrir ce spectacle de feu.
Programme chargé aujourd’hui. Ma séance de méditation a lieu de 10 h à 13 h. Avant, je passe au marché, je vais chercher le pain, j’épluche les légumes et les fraises. Mon fils et sa famille viennent déjeuner. C’est mon mari qui prépare, mais je ne peux pas tout lui laisser à faire.
C’était l’anniversaire de mon fils fin avril. Nous le fêtons aujourd’hui, bien en retard et en petit comité. Je pense que mon fils s’en moque. Ce n’est pas très important pour lui, mais des petits présents, ça fait toujours plaisir!
En raison de mon stage de méditation, je ne devrais pas boire d’alcool, mais j’oublie. J’ai la mémoire courte certaines fois. Je n’abuse pas. Je m’arrête à la première coupe et je zappe le vin qui a pourtant l’air très bon. Le menu n’est pas un menu végétarien, conseillé pour le stage, mais je reste raisonnable.
Cet après-midi, pas moyen de sortir, il pleut. Nous sommes mous. Le petit ne fait pas la sieste. Il n’arrête pas et il nécessite une surveillance non stop. Il babille sans arrêt, nous raconte ses histoires, nous prend à partie. Quelques mots reconnaissables, pour le reste, ce sont ses mots à lui. A 18 h, nous profitons d’une accalmie pour tenter une sortie. Le petit s’endort dans la poussette au bout de la rue. Prendre l’air nous fait du bien. Nous continuons notre tour du quartier. Et nous rentrons pour 19h.
J’ai zappé les appels des graines pour demain, les appels des parents du petit qui s’inquiètent. Mon téléphone était en silencieux…
Après le repas, la soirée est compliquée. Le petit réclame sa Maman. Cela fait un moment qu’il n’a pas dormi à la maison. Ça se voit. Mais tout de même, il s’endort.
La voix de Lilie
Pluie au nord, pluie au sud. La France entière sous la pluie. Quel joli mois de mai… Nous voulions faire une promenade, et bien nous la ferons. Avec des parapluies s’il le faut. En attendant, la matinée se déroule tranquillement, au rythme des vacances. Un petit déjeuner qui s’étire, un peu de lecture en attendant son tour de douche et la préparation du repas.
Après le déjeuner, nous partons ma, sœur et moi pour un petit village dans lequel habite une petite cousine que je ne connais pas, que ma sœur a retrouvé récemment et veut me présenter. Ce village est également le point de départ d’une promenade dans des gorges. Curieusement nous nous étions arrêtés mon mari et moi dans ce même village en décembre dernier en partant en vacances. L’entrée des gorges aperçues de loin nous avaient attirés jusque là. A cette époque, le chemin de randonnée était fermé pour cause d’éboulement. Aujourd’hui, il est tout à nous.
Nous attendons en discutant dans la voiture que la pluie soit moins dense. Enfin, une accalmie nous permet de nous engager dans le sentier. L’endroit est splendide. Bordé de cascades, d’une rivière qui descend en sautant sur les rochers. Un vert tendre de printemps.
Après une heure de balade, nous redescendons à la voiture changer de chaussure pour aller chez notre cousine. Elle fête ses 40 ans avec quelques amis dans une grange attenante à sa maison. Elle est très accueillante et heureuse comme moi de rencontrer une nouvelle cousine. Le clivage qui s’est produit il y a 35 ans dans notre famille nous a privé de nous connaître avant. Le temps est passé, les frères et sœurs se sont réconciliés, mais le mal est fait, les cousins cousines ne se sont pas vus depuis trop longtemps. Je suis émue de voir à quel point elle ressemble à sa mère qui avait à peine son âge la dernière fois que je l’ai vue. J’ai l’impression que c’est elle.
Après cette belle rencontre et cette escapade agréable, nous rentrons pour le couvre feu. Il pleut toujours. La maison est humide. Mon beau frère fait un feu de cheminée pour nous réchauffer les os. En mai….
Ce matin, j’ai la tête dans le sac. J’ai passé une nuit bien agitée après ma séance de méditation. Au radar donc, je fais ce que j’ai à faire: repassage, rappeler ma soeur ainée…Elle me questionne: « tu t’es fait vacciner? » Ma réponse la désole. Elle, elle ne se fera pas vacciner.
Cet après-midi, je retourne voir mes handicapés que je n’ai pas vus depuis cinq semaines. J’y vais à vélo, sous la pluie. Je suis contente de les revoir et c’est réciproque. Mais pas moyen de sortir, il pleut.
En fin d’après-midi, j’ai rendez-vous chez la podologue. J’ai deux orteils qui se chevauchent. Pour l’instant, c’est juste une gêne passagère, mais je veux faire quelque chose avant d’avoir mal. La marche, c’est trop important pour moi.
Ce soir, deuxième tranche de méditation.
Profite bien de ta famille et des vacances. Fais le plein, de grand air, de câlins, de farniente.
La voix de Lilie
Nuit agitée pour moi aussi. Changement de lit, de lieu et compilation de toutes les informations d’hier dans des rêves étranges. Une grande maison. Toute refaite. Un escalier à gauche. Un autre tout au fond, oublié. Qui monte vers un grenier. Un voyage en bus. Et puis le lit est plus petit aussi, on se cogne, on se réveille, on se pousse. Les vacances, c’est aussi prendre de nouvelles marques. Et se lever quand on veut.
Le temps est mitigé ici. A gauche, le Vercors a disparu dans des nuages menaçants. A droite, soleil. Nous sommes entre les 2. Alternance d’averses et de soleil. Le beau temps ne se lève vraiment que vers 16h. Nous en profitons pour aller faire un tour à Romans entre filles, ma, sœur, ma nièce et moi. La ville, tous magasins fermés, ambiance étrange. Pourtant, on sent le frémissement de la réouverture prévue pour mercredi prochain. Certains magasins sont allumés. On travaille dedans. Certains sont en plein travaux de rénovation, ils ont profité de la fermeture imposée pour refaire la décoration.
La mairie aussi réalise des travaux sur la place du Jaquemard. Tout est défoncé, les pavés arrachés. Je verrai le résultat une autre fois. Un artiste a installé des ballons au dessus de la rue principale. Les couleurs se reflètent sur les pavés, c’est très joli. C’est un peu la mode aussi, entre les parapluies et les ballons.
Nous visitons le musée magasin dédié aux ravioles de la mère Maury. Avec achat à la clé bien entendu, car nous adorons ça. Plus 2 caillettes, une salade et un picodon et voilà le repas du soir.
Au retour, nous repiquons une bouture que ma sœur me donne. Ensuite, oserais-je le dire… nous jouons comme des gamines avec une palette repeinte qui me rappelle un autel à offrande. On installe un petit bouddha, des pétales de rose et des bougies et nous voilà parties dans une parodie de médiation yoga. Le but étant de faire une photo pour montrer à notre frère qu’on peut faire en France la même chose que lui au bout du monde ! Idiotes, mais hilares. Lorsque les sœurs se retrouvent, ça rigole bien. Je pense que bouddha ne nous en voudra pas.
Après un apéritif dehors, habillés chaudement, mais dehors quand même, nous rentrons pour le repas. Puis nous écoutons et nous chantons à tue tête de très très vieilles chansons que nous connaissons tous pourtant. De « on l’aime bien Nini peau d’chien » en passant par « Nikita jolie fleur de java » ou « ma pomme c’est moiaaa ». Fous rires assurés et une belle énergie.
Un jour férié en pleine semaine! Cela fait longtemps que ce n’était pas arrivé.
Mon mari fait la pause télétravail. Il envisage de refaire le joint de la baignoire qui en a bien besoin. Pendant ce temps, je traite les mises à jour courantes de mon site jacquaire, puis en fin de matinée, je pars faire mon jogging.
Ce midi, repas traiteur tout fait que nous avons ramené de la campagne.
Cet après-midi, nous prenons le vélo pour une balade parisienne. Notre objectif est la visite de deux expositions en plein air: Les Totems à ciel ouvert de Julien Marinetti et les sculptures de visages d’Alexandre Monteiro. Nous posons nos vélos face à la Comédie française et nous partons faire notre tour à pied. Beaucoup de gens sont partis pour ce grand week-end, mais beaucoup de gens sont encore là. Il y a du monde. La plupart avec masque, d’autres sans…Les quais de Seine sont bien pleins également. Un orchestre s’est installé place du Palais Royal. Cela fait tout drôle de retrouver Paris. Cela fait si longtemps que nous vivons cloîtrés, ou ailleurs. C’est un Paris étrange, sans touristes étrangers, un Paris sans bars, sans restaurants. Mais c’est Paris tout de même. Une partie des façades du Louvre a été nettoyée. C’est magnifique.
Ce soir, je démarre mon stage de méditation. Une tranche de 2 h. Il y en aura 4, une par jour.
Profite bien de ta pause, Lilie. Tu l’as bien méritée.
La voix de Lilie
Enfin le jour tant attendu. Se lever avec devant soi 2 semaines sans contraintes. Quel plaisir. Je revis. Je soigne le chat une dernière fois avant de partir. J’espère que ça ira. Les enfants vont s’en occuper pendant notre absence. Puis je prépare le pique nique pour notre déjeuner sur la route. Les valises sont bouclées, il n’y a plus qu’à.
En voiture. Nous ne sommes pas seuls sur la route. Cette année entre le confinement qui nous limitait à 10km et les 2 jours fériés qui tombaient un samedi, les gens ne sont pas partis. Du coup, tout le monde se retrouve sur la route aujourd’hui au lieu d’être répartis sur plusieurs week-ends. Nous roulons tranquillement, nous ne sommes pas pressés. Privilège de l’âge et de n’avoir plus d’enfants derrière qui demandent à arriver. Nous nous arrêtons plusieurs fois, pour un café, pour déjeuner, pour un….Il pleut beaucoup sur le trajet, quelques fois même très proche de la grêle. Un mois de mai automnal. En fin de parcours, de gros bouchons nous contraignent à modifier notre parcours. Nous dévions vers grenoble puis nous longeons le vercors. Cela fait un peu plus de kilomètres mais la route est dégagée et nous gagnons du temps. En plus de ça le paysage est magnifique avec les alpes enneigées au fond, puis le vercors avec quelques cascades qui descendent des parois rocheuses. Cela nous change de l’autoroute du sud.
Nous arrivons chez ma soeur en fin d’après-midi. Plaisir de se retrouver, et ce qui ne gâche rien, un rayon de soleil nous permet de rester dehors jusqu’au soir. Le jardin sort à peine de l’hiver, et même s’il est plus avancé que chez nous, on est loin d’un printemps habituel. Les cerises ont totalement gelé sur les arbres. C’est la première fois que je vois ça. A la maison, le gel est arrivé sur les fleurs et n’a pas empêcher les cerises de pousser. Ici les fruits étaient déjà sortis, le gel a tout détruit. Les cerises séchées pendent sur l’arbre. Aucune n’a résisté.
Nous prenons l’apéritif sur la terrasse, et nous rentrons pour le repas lorsque la fraîcheur tombe.
Ma sœur est encore très fatiguée, elle se remet difficilement de plusieurs années de surmenage professionnel. Et d’un covid l’an dernier qui n’a fait qu’aggraver les choses. Ou les provoquer et lui permettre de mettre un terme à ce poste avant qu’ il ne soit trop tard. Elle souffre encore très souvent de maux de tête, et ce soir elle part se coucher tôt pour essayer d’être en forme demain. Il faut travailler pour vivre sauf si le travail tue ? J’ai l’impression qu’on arrive au bout d’un système qui va détruire l’humain pour que quelques-uns absorbent toute la richesse. Richesse pécuniaire comme richesse humaine.
Mais avant le jour des enfants, dès 9 h, je me fais une bonne séance de travail sur mon site jacquaire. Je dois changer la mise en forme d’une page. La mise à jour ne me pose pas de difficulté, mais le rendu n’est pas conforme à ce que j’attends. Certains éléments auxquels je n’ai pas accès sont intégrés dans la charte graphique. Je ne peux donc pas changer la structure de la page sans faire intervenir la conceptrice et le développeur du site. Je devais faire l’exercice pour m’en assurer.
Après ce préambule infructueux mais indispensable, je reprends mon rythme parisien du mercredi: faire les courses de frais au marché, aller chercher la petite à l’école, préparer le repas, jouer avec elle – aujourd’hui, nous jouons au mille bornes, l’amener à la danse, rentrer pour goûter, préparer le repas du soir… Une journée en fin de compte bien chargée.
Pendant que la petite est à la danse, j’appelle une graine sur l’organisation du week-end à venir. Notre graine des îles sera des nôtres. Elle arrive samedi. Un peu de lumière d’ailleurs, ça va faire du bien. Là bas, dans les îles, les règles ne sont pas les mêmes. Notre copine était contente de venir faire du shopping à Paris. Ben non, le shopping, ce ne sera possible qu’à partir du 19 mai. Le seul shopping autorisé actuellement, c’est le click and collect!
Ma fille part à la campagne avec sa fille ce week-end. Mon fils part également, en Bretagne. Je suis contente pour elles, pour lui, pour eux. Ce soir, la petite est surexcitée. Moi, je me suis inscrite à un stage de méditation. Entre les enfants absents et ma participation au stage, mon mari fait un peu la tronche…
Bonnes vacances, Lilie, repose toi bien, ressource toi bien, profites-en bien
La voix de Lilie
Comme tu dis Graine, le mercredi c’est le jour des enfants.
Fille et petite fille arrivent vers 8h30. Le temps d’un café ensemble et fille repart travailler. La nuit a été encore courte bien qu’on ait laissé le chat tranquille pour dormir. Ce matin je dois travailler donc c’est mon mari qui gardera la petite, je les rejoindrai vers midi 30.
Pendant que j’écoute parler mes collègues, sans vraiment m’y intéresser il faut dire, je recherche sur internet des informations que m’a demandé mon père. Il ne va pas bien. Il m’a dit qu’il prépare son départ. No comment. Je le verrai la semaine prochaine pour me faire une idée. C’est difficile de sentir à distance, on ne voit pas le non verbal. La perte de poids, les gestes, les mimiques. On n’a que le ton, la voix et les paroles. Assez pour imaginer, pas assez pour se rassurer. Ou pas.
Petite fille a le rhume. Elle a récupéré celui que son frère avait en début de semaine. Garder un enfant enrhumé la veille de partir voir ma famille, c’est rageant. On se protège du mieux que l’on peut. Par doute que ce soit le covid, mais aussi par pas envie d’attraper le rhume pendant nos vacances … Il faut dire que j’y tiens à ces congés, les premiers de l’année. En temps normal je prends toujours quelques jours en février mars, cette année c’est très long. D’un autre côté, pourquoi prendre des congés quand on ne peut pas partir à plus de 10km ni sortir au delà de 19h ?
L’après-midi petite fille n’arrive pas à dormir. Le rhume la gêne. Pour la détendre je a mets un grand moment dans le bain, salle de bain en mode tropical. Elle adore l’eau, on peut même l’arroser complètement, lui rincer les cheveux, l’eau dans le visage ne la dérange même pas. Nous retentons une sieste un peu plus tard, mais rien à faire. Du coup nous sortons la faire jouer dans le jardin.
Elle grimpe sur tous les fauteuils de jardin, table, chaise. Heureusement elle sait bien descendre. Il faut surveiller qu’elle ne bascule pas, mais pour le reste elle se débrouille très bien. Elle chante aussi, led marionnettes. Et quelques mots sont bien audibles, coucou, gâteau, maman. Ça nous change de petit fils qui a commencé à parler très tard.
Après son départ, je commence à préparer le départ de demain. Repassage, valise. Déjà l’heure du repas qui sonne. Ce soir ce sera pâtes gruyère. Pas le temps ni l’envie de cuisiner. Ni moi ni mon mari, encore moins mon fils.
Encore une journée passée sur moi sans que je m’en aperçoive. La vie est une chimère…
Préparation du départ pour l’une, reprise pour l’autre, le va et vient incessant des gens qui ont envie et besoin de bouger, de changer d’air, d’élargir leur champ visuel et leur champ de relations sociales, autant que c’est possible. Et toi, en plus, tu as besoin de vacances!
Nous sommes toujours soumis au couvre-feu, à 19 h jusqu’au 19 mai, 21 h jusqu’au 9 juin, 23 h jusqu’au 30 juin…Mais nous n’allons certainement pas attendre le 30 juin pour nous retrouver entre graines!
A la maison, je reprends mes habitudes. Le matin, c’est ménage, rangement, lessive, courses et préparation du repas. Et c’est déjà l’heure du déjeuner. La petite est contente de nous retrouver et de retrouver sa chienne. Nous sommes heureux de retrouver nos filles. Cet après-midi, la reprise du télétravail est un peu tardive!
Pour moi, cet après-midi, le programme, c’est de traiter l’administratif qui a été délaissé par notre séjour à la campagne. Je ne veux pas laisser traîner, car rien ne m’horripile plus que de me laisser déborder par ces tâches sans intérêt. Je passe à la Poste retirer des courriers recommandés, poster un colis. Quand j’arrive à la Poste, elle est quasiment vide. Quand je repars, elle est blindée. Les gens font la sieste à Paris l’après-midi? En fin d’après-midi, mon cours de yoga.
Aujourd’hui, pas de visite de ma petite voisine pour réclamer un gâteau…et pas de café en terrasse!
La voix de Lilie
Encore une nuit écourtée par les va et vient du chat. Je démarre une séance de sport, mais ce matin le cœur n’y est pas. Je me sens limite tomber dans les pommes. La fatigue sûrement. J’arrête. Mon mari revient avec des croissants. Voilà qui va me remonter à la fois le corps et le moral.
Je survole un peu le travail. Ma tête est déjà en congés. A midi mon fils vient déjeuner, j’ai préparé des bobuns maison. Ça lui plait bien.
En début d’après-midi nous ramenons le chat pour un contrôle. Elle va mieux. Le vétérinaire lève un peu les sanctions ! Elle n’aura la collerette qu’une heure à chaque fois qu’on lui met la pommade. Ouf, nous allons pouvoir redormir.
Je finis ma journée par une Xieme réunion sur le même sujet. Pour la première fois on pourrait croire qu’un pas en avant est franchi. Ne nous emballons pas, les revirements sont le quotidien de ce sujet.
Après mon travail, une Graine m’appelle et nous discutons pendant une bonne heure. Le moral est assez bas, pour elle encore plus que pour moi. Pas de doute, il nous faut faire une sortie Graines au plus vite. Vivement début juin et notre retour de vacances à toutes pour profiter des réouvertures des terrasses, des musées, des spectacles. Seulement se poser toutes ensembles autour d’un verre pour se sentir revivre. Le temps est loin depuis le dernier pique nique, vous me manquer terriblement les Graines. Le travail n’a pas que du mauvais. Nous pouvions nous voir chaque jour dès que le besoin se faisait sentir, jamais de manque. Maintenant il faut prendre rendez-vous.
Journée de retour sur Paris. Huit heures de voiture, c’est long, très long.
Trois arrêts pour sortir la chienne, lui donner à boire, grignoter un morceau, prendre du carburant…Une route sans encombre avec quelques camions parce que c’est lundi. Quelques averses légères sur la route, mais du beau temps dans l’ensemble. Avec le couvre-feu à 19 h, nous n’avons pas le temps de nous attarder.
Nous arrivons avec 8 mn de retard. Dans l’appartement, je tâtonne un peu, puis je retrouve rapidement mes repères. Voilà, c’est reparti pour la vie à Paris.
Demain, la petite n’a pas école. Une de ses maîtresses est en quatorzaine. Au moment du déjeuner, les filles vont venir chercher la chienne et manger à la maison. Et la semaine prochaine, nous aurons petit-fils pendant trois jours.
A compter de mercredi, la vaccination sera ouverte à tous les adultes. Tant mieux, vivement qu’on en termine de cette pandémie.
J’espère que ton chat va mieux, Lilie.
La voix de Lilie
Journée garde malade veto aujourd’hui. La nuit a été difficile. Un chat affublé d’une collerette c’est une nuit blanche assurée. D’abord par peur qu’elle ne s’étrangle ou qu’elle se coince quelquepart, puis le bruit de la collerette qui cogne dans tous les meubles, puis le chat qui râle.
Après cette belle nuit, levée tôt pour partir garder le chien de mon fils et télétravailler de chez lui. Pendant ce temps mon mari garde le chat qui se remet de ses émotions.
Il fait beau dehors, mais je sors peu. Juste le strict minimum pour ne pas faire trop marcher la chienne. Le travail m’épuise moralement. A deux jours des vacances je sature. Il est temps de s’arrêter un peu.
Tu rentres Graine, et moi je pars. Mais à mon retour, quel bonheur, les terrasses et les salles de spectacles seront enfin ouvertes. Enfin on va pouvoir refaire une soirée Graines.
Ce soir, les journalistes alertent sur le fait que les personnes se croient vaccinées après une dose et se contaminent. Il y a quelques temps, on nous disait vaccinés au bout de quelques semaines. Jr ne comprends plus rien… Pas plus que je ne retiens les étapes de déconfinement. Pourquoi faire simple…. Si seulement les informations étaient stables et peut être même fiables, ce serait sympa non ?
Dimanche. La journée démarre avec la pluie et finit avec la pluie. Entre les deux, soleil. Et une chaleur lourde lourde jusqu’à la pluie. On profite du dehors pour prendre l’apéritif malgré le bruit des avions, incessant depuis ce matin. On mange à l’intérieur et on revient dehors pour le dessert et le café.
Après le repas, nous partons en forêt pour chercher du muguet. Il commence enfin à fleurir. Nous promenons dans la nouvelle forêt, nous ne connaissons pas encore bien les coins et certainement peu de personnes les connaissent. Nous repartons avec un beau bouquet.
Notre ami se passionne pour la nature depuis le chant des oiseaux, et leur thème de discours, en passant par les plantes sauvages ou pas, les champignons, les arbres, les insectes. C’est un plaisir de passer du temps avec lui en forêt, on apprend à regarder autrement. L’averse nous surprend au retour et nous rentrons entre les gouttes.
Les petits gâteaux oubliés sur la terrasse en partant sont imbibés de pluie.. Retour à l’intérieur pour déguster de l’eau de rhubarbe, faite par notre ami. Il n’en est pas à son coup d’essai, on a goûté par le passé de la bière, une boisson moyennageuse à base d’herbe. Que nous avons plus ou moins apprécié. Là, on est sur du plus. La boisson est désaltérante et pas trop acide car la rhubarbe est encore jeune en cette saison. Il faudra que je donne la recette à une Graine qui a de la rhubarbe dabs son jardin. Le temps est passé vite, il est déjà l’heure de se séparer.
Je suis perturbée par le chat qui doit rester à l’étage avec sa collerette. Je crains que ça l’empêche d’aller dans sa caisse et qu’elle fasse une infection urinaire… Remède pire que le mal. De temps en temps elle arrive à enlever sa collerette et évidemment elle se lèche. Je me demande comment elle va pouvoir guérir comme ça. La nuit dernière, je n’ai pas eu le coeur de la laisser dormir avec la collerette. J’ai bien peur qu’elle en ait profité…
La voix de Graine
Le muguet commence à fleurir en région parisienne? Super, j’arrive, je vais pouvoir en cueillir! Je rentre sur Paris demain.
Journée maison aujourd’hui pour préparer le départ. Je n’ai même pas pris le temps de faire mon jogging ce matin. Cela fait cinq semaines que nous vivons à la campagne. Cinq semaines où nous avons pris nos marques, déployé nos affaires, entrepris des travaux. Ce matin, je mets la dernière couche de vernis sur mon meuble cérusé. Avant de déjeuner, je passe aussi un couche de vernis mat sur les poutres de ma cuisine.
Pendant que mon mari remonte le meuble, je vide mon frigo, prépare une quiche, une compote…Bref, tous les restes y passent.
Nous passons à la librairie du village avant de passer chez nos voisins de droite avec nos modestes présents. En cette période curieuse, il faut réduire ses exigences et se contenter de ce qu’on trouve. Notre tout nouveau voisin a mal au ventre. Il est bien uniquement quand il est lové entre les deux seins de sa maman ou quand il tète. Il a raison. La vie n’est pas un fleuve bien tranquille. Le giron de la maman, ça sécurise. Tant qu’il peut en profiter. La grande sœur de 18 mois réclame un gâteau, comme à chaque fois qu’elle me voit. Une gourmande bavarde qui me fait penser à mon petit fils que je n’ai pas vu depuis cinq semaines.
Il fait beaucoup de vent aujourd’hui, du vent d’autan. La pluie menace, mais ne vient pas. Dans le doute, je rentre le linge. De toute manière, je n’allais pas partir en le laissant dehors.
La journée devrait durer une semaine pour pouvoir faire tout ce qu’il me paraît indispensable de faire. Je ne ferais pas tout. Nous reviendrons. Nous allons juste faire en sorte que la maison soit prête à nous accueillir à notre prochaine venue.
Un jour férié qui tombe un samedi! Quand je travaillais encore, je trouvais ça dur.
Pour ce 8 mai, c’est une belle journée d’été qui s’ouvre à nous. Pas question de rester enfermés, nous partons randonner avec ma soeur, à côté de chez nous.
La journée commence mal, nous arrivons au départ avec une heure de retard. Nettoyer la maison pour recevoir, vernir le meuble, préparer le pique-nique, passer dix minutes avec les voisins qui nous ont acheté un desherbeur thermique… Et comme de bien entendu, ne prenant pas le temps de nous poser, la journée continue de travers. Nous partons dans la mauvaise direction et suivons un mauvais balisage. Arrivés à un village qui n’est pas indiqué sur notre parcours, nous faisons un point d’arrêt. GPS, recherche d’une fiche randonnée plus lisible, nous repartons à notre point de départ par le chemin le plus court. Au départ, la randonnée devait faire 10 km. Nous en avons rajouté 4.
Notre randonnée s’appelle le circuit des devèzes. Elle tire son nom des champs pentus cultivés en dévers. Passage en sous-bois, parc d’éoliennes, quelques vignes, des champs avec des vaches, des cochons, des chevaux…Jusqu’au début du siècle dernier, il y avait des vignes dans le coin. Une bonne piquette qui a été ravagée par une épidémie de phylloxera.
Entre le départ tardif, l’erreur de parcours, le pique-nique copieux et le ramassage des respounchous, nous rentrons tard, trop tard pour aller boire une bière à la maison.
Mon mari a invité les voisins pour prendre l’apéro. Une journée bien agréable, bien pleine aussi.
La voix de Lilie
Je me lève tôt pour appeler le vétérinaire pour mon chat. Oui. Sauf qu’aujourd’hui ce n’est pas qu’un samedi, c’est surtout un jour férié. Celui qui enrage le travailleur. La conséquence c’est que la clinique vétérinaire n’ouvre qu’à 10h. Finalement nous avons rendez vous à 11h30. En attendant je prépare le repas pour midi. La séance chez le vétérinaire est intense.. La chatte couine, souffle, menace. J’essaie de la rassurer comme je peux par des caresses. Finalement rien de grave, c’ est le principal. Antibiotiques, anti-inflammatoires, nous reviendrons dans 3 jours. Seulement la chatte doit porter une collerette et ne pas sortir pendant une semaine. Et là, c’est sport. La collerette cogne partout, la chatte est complètement apeuré. Comme nous avons du monde ce midi, je ne peux pas la surveiller. Mais le soir, j’enlève la collerette pour qu’elle puisse se reprendre.
Nous passons une bonne journée en compagnie de nos amis. Ça fait plaisir de se revoir après plus de 18 mois passés. Nous nous racontons les confinements, les modes de travail. Cours de cuisine en ligne pour lui, si, si, il y a eu des cap cuisines cette année.. Alternance travail, chômage partiel pour elle. Avec un doute. Chômage partiel covid ou variable d’ajustement….
Comme le chat, nous ne sommes pas sortis aujourd’hui. Il n’a commencé à faire beau qu’en fin d’après midi. J’aurais pu sortir, mais j’ai préféré libérer le chat de sa collerette et la, surveiller…
La journée passe vite en bonne compagnie. Revoir du monde et bientôt, s’assoir en terrasse, aller au théâtre.
J’ai honte, Lilie, d’être si peu présente pour la mise à jour du site. Vivement qu’on puisse se voir et qu’on puisse travailler ensemble. J’ai d’autant plus honte que c’est moi qui suis à la retraite et toi toujours en activité. A n’y rien comprendre. Pour être honnête, je dois avouer que ne sais pas faire.
Aujourd’hui, la journée m’a échappée. Une petite bruine, ce matin, pas de quoi se réjouir. Mais je m’active. Je prépare le repas avant d’aller faire les courses. Nous avons des courses à faire un peu différentes pour une fois. Trois bébés sont apparus dans notre entourage, dont notre petit voisin. Nous voulons faire un geste pour saluer leur venue.
Ensuite, nous partons chercher des cailloux, sous la pluie, qui se calme vite, heureusement.
Après le déjeuner, tardif, je me remets à mes travaux de céruse. C’est long. J’y passe l’après-midi.
En fin de journée, le soleil pointe, enfin, son nez. C’est bien agréable. Pas eu le temps de donner un coup de fil à mes handicapés parisiens. Oublié que nous avions prévu un atelier d’écriture ce soir avec ma copine. La journée m’a échappée.
Tu tiens le bon bout, Lilie. Tes vacances approchent.
La voix de Lilie
Comme tu dis, Graine, une journée qui nous échappe.
Aujourd’hui je vais télétravailler chez mon fils pour garder son chien toujours interdit de sortie. La chienne ne va pas très bien. Au bout d’une semaine gavée de médicament, elle fait une sorte d’overdose… Bref, elle est inquiètante. Je la surveille du coin de l’oeil en travaillant.
A midi ma fille me rejoint pour le déjeuner. C’est notre rituel lorsque mon mari va déjeuner chez sa mère, nous commandons japonais avec ma fille et nous papotons pendant 2 heures. Sauf qu’aujourd’hui je me suis trompée dans la commande. J3 au lieu de j13. Voilà une salade d’algue au lieu de nos californiens. Qu’à cela ne tienne, voilà une occasion de goûter un plat que l’on aurait jamais commandé de nous même. Pouarkkk. Nous détestons toutes les deux ! Exit la, salade d’algues !
En fin d’après-midi, ma belle fille rentre et mon mari vient me récupérer. Nous partons directement faire les courses car nous avons des amis demain midi et d’autres dimanche midi. Je prépare une jardinière que je ferai rechauffer demain.
Je m’inquiète pour mon chat. J’ai repéré depuis 1 ou 2 jours une odeur nauséabonde. Au début je n’ai pas cru que ça venait d’elle car elle n’a jamais eu d’odeur. Ce soir, c’est décidé, je dois en avoir le cœur net. Avec mon mari, armés de gants et de linges trempés dans de l’eau savonbeuse, nous essayons de la nettoyer. Il y a quelque chose de suspect. Je passe les détails. Demain nous appellerons le vétérinaire. Mon chat est très âgé, alors bien entendu je me fais du souci… D’autant que la période en ce moment, pour moi, n’est pas top top.
Sur le front de la pandémie, enfin une amélioration! Le bout du tunnel? je l’espère.
Ce matin, nous allons chercher du wisky dans la distillerie du département. C’est pour l’anniversaire de mon fils. Au passage, nous nous arrêtons au gros bourg le plus proche, au supermarché pour l’essence et les croquettes du chien, puis à la quincaillerie magnifique : une grosse vis pour la ponceuse, un pinceau de soie et de la mèche de coton pour mes travaux de céruse, et aussi du produit de nettoyage pour mes tommettes.
A la distillerie, mon mari goutte les whiskys, moi pas. Je n’aime pas. Whisky tourbé ou pas tourbé? Nous séchons. Sans réponse de mon fils, nous optons pour le non tourbé. Ouf, il s’avère que nous avons raison. Malgré l’heure tardive, nous rentrons déjeuner à la maison. Comment faire autrement?
Après le repas, le programme, c’est la céruse. Ce que j’avais oublié, c’est qu’après l’application de la céruse qui prend peu de temps, il faut poncer pour l’enlever. Elle ne doit rester que dans les fissures du bois. J’y passe l’après-midi. Et je n’ai pas assez de céruse pour tout faire. Deux portes sont laissées en attente.
A 18 h, j’ai mon cours de yoga que je n’ai pas eu mardi soir. Après mon cours, je reprends le ponçage. Après le ponçage, je passe le fond dur à la mèche de coton, deux couches.
Cet après-midi, mon mari s’est échappé: recherche de cailloux, passage à l’épicerie, remontage de la vis centrale de la ponceuse… Mon atelier d’arts plastiques est passé à l’as. Nous avons faim. Nous dînons tard, en prenant le temps, de bien manger, de boire du vin.
Une certitude, le temps à la campagne, n’a pas la même densité qu’à Paris.
La voix de Lilie
Les jours de travail défilent et se ressemblent. Il n’y a rien de tel pour laisser filer les heures, les jours, les années. Combien de temps déjà ? Presque 40 ans.
Je m’offre tout de même une seance de gym avant le travail. C’est ce qui me donne la pêche. Sans ça je sombre tout à fait dans la morosité. Il faut dire qu’il pleut toute la journée et il fait froid. Rien pour remonter le moral. Rien à voir avec le printemps de l’an dernier où on mangeait dehors, bronzette à la pause déjeuner. C’est encore l’automne.
Voilà des semaines que je n’ai vu personne d’autre que ma famille. A l’exception malheureuse des obsèques de mon amie. Le confinement a stoppé net les activités, le télétravail a éloigné les collègues, je n’ai pas vu les graines depuis longtemps.
Les terrasses et les spectacles vont bientôt recommencer. Je voudrais bien aller voir un spectacle mais je ne sais plus comment chercher. Je ne sais même plus si j’ai envie de trouver.
Bientôt, il faudra revenir au bureau. L’occasion pour rester un peu sur Paris le soir. Reprendre ses marques pour se distraire après tant de temps passé à la maison. En seront nous encore capable ?
Ce soir j’ai trouvé un peu de temps pour faire de la cosmétique sur le site, surtout en version mobile. J’ai passé une couche de céruse sur la page d’accueil et poncé 2 ou 3 modules. Je n’ai pas eu assez de temps, il reste 2 pages à faire ! Surtout, je trouve qu’il manque d’unité. A voir donc Graine.
Les vacances…ceux qui les attendent et ceux qui en appréhendent la fin. Pour moi, le temps se raccourcit. La fin des vacances approche.
Aujourd’hui, nous entamons le décapage de mon meuble de salon. Demain, la céruse, après-demain le vernis…Comme d’habitude, tout cela va finir ric rac car nous avons prévu de rentrer lundi. Ce meuble, il appartenait à mes parents. Il a été fabriqué pour eux quand ils se sont mariés. J’aime redonner un coup de jeune à ces meubles qui ont déjà beaucoup vécu. Ils en ont vu des choses. S’ils pouvaient parler!
La ponceuse digère mal ce travail soudain. Elle en cisaille le vis de son plateau. Heureusement, à la campagne, tout se répare, grâce aux uns et aux autres.
Ma copine d’enfance vient passer la journée avec nous. Elle repartira demain matin.
Nous avons un temps d’averse, heureusement, sans pluie. Parfois il fait chaud quand le soleil se pointe, parfois, il fait plus frais quand le soileil se cache.
Faire attention au chien, se ménager une balade en fin d’après-midi, préparer le repas du soir … la journée passe à toute allure.
La voix de Lilie
Mercredi, jour de petite filles = levée aux aurores. 7h10, pour moi qui suis une lève tard, c’est aux aurores. Deux jours d’affilés d’ailleurs, puisque hier c’était pour garder le chien. Bref, fatiguée car peu dormi. Quand un des petits vient dormir, j’ai toujours du mal à m’endormir. Je reste sur le qui vive. C’est différent d’avec les enfants autrefois où on ne pose pas de question, on dort ! Je me rattraperai ce soir.
Après le petit-déjeuner et quelques jeux, je laisse petite fille à son papy car je travaille un peu ce matin. Négociation accord télétravail. C’est étonnant de voir à quelle vitesse l’entreprise a pu installer le télétravail en mars dernier pour cause de confinement strict, et sa frilosité à donner des jours de télétravail cette année. Paradoxe de l’intérêt à sens unique…
Il ne fait pas très beau aujourd’hui. Le soleil passe la tête entre les averses. Et il fait très froid, surtout pour un mois de mai. Difficile de sortir la petite. Nous faisons juste un petit tour et nous rentrons pile poil avant l’averse suivante.
En fin d’après-midi, valse curieuse des allers retours. Nous ramenons petite fille chez mon fils qui garde petit fils. On évite ainsi à ma fille de faire des allers venues avec les enfants. Et de là, fille décide de revenir à la maison prendre un verre avec nous et les 2 enfants. Retour au point de départ. Petite fille a été habillée, déshabillée, rhabillée trois fois pour revenir au point de départ.
Comme tous les mercredis, je n’ai pas pris de temps pour moi et je me pose le soir devant la télé pour souffler. C’est un vrai bonheur d’avoir les petits, ça évite de penser à autre chose, c’est aussi pas mal de fatigue…
Maintenant, il me reste une semaine avant les vacances. Ça sent le bon bout.
Bon courage pour ton retour Graine. Bientôt le couvre feu va être plus tardif, les terrasses vont rouvrir et les spectacles aussi. On va pouvoir refaire des sorties.
A la recherche du muguet fleuri… As-tu trouvé du muguet en fleurs, Lilie? Moi, je n’en ai toujours pas vu.
Aujourd’hui, c’est jour de randonnée avec ma soeur.
Avant de partir, je prépare le pique-nique: salade de pommes de terre, de tomates, et d’haricots verts, du jambon cru, un cake au jambon et aux petits pois, du fromage, des fraises avec une bouteille de vin, du gaillac bien sûr et du gazpacho pour démarrer.
La randonnée que nous avons prévue fait 14 km – juste manière de se dérouiller les jambes – et le départ n’est pas très loin de la maison.
Ma soeur est également venue avec son pique-nique, sa bouteille de vin et son café. Nous n’allons pas mourir de faim ni de soif. C’est une randonnée campagne sans rien à voir d’extraordinaire. Des champs de blé, des champs de féverolle, des dégradés de verts. Un paysage tout en courbes et en couleurs. Nous photographions les plantes et les fleurs pour vérifier leur nom. Nous pique-niquons en pleine nature en observant les fourmis qui viennent participer au repas. Les deux bouteilles de vin y passent.
Nous faisons notre 2ème pause dans un village. Nous assistons à la sortie de l’école. Les petits sont masqués. Que c’est triste.
Une belle journée de dehors avec un temps agréable, ni trop chaud, ni trop froid, parfait pour marcher.
La voix de Lilie
Il y avait quelques maigres clochettes hier dans la forêt, j’en ai ramené 3 brins c’est dire. Le muguet est très en retard cette année, et c’est une chance pour lui. Il ne sera pas pillé sans précaution comme chaque veille de 1er mai pour être vendu à la sauvette. Nous retournerons voir dans une semaine, avant nos vacances. C’est mon tour maintenant de partir un peu !
Aujourd’hui j’ai télétravaillé depuis l’appartement de mon fils. Je garde sa chienne qui a été opérée d’un genou. Lorsqu’elle reste seule, elle doit porter une collerette, alors j’ai eu pitié d’elle. Elle est shootée aux médicaments aussi elle dort toute la journée. Sauf pour le repas.
L’après-midi je regarde mon calendrier pour planifier mes congés et les besoins de garde d’enfant de ma fille. J’ai la tête déjà en vacances. Marre de travailler.
Le soir nous gardons petite fille. Comme tous les mardis soir maintenant ! Ça devient très sportif car elle grimpe partout, escalier, canapé, tabouret, petites chaises. Elle se débrouille bien et sait même descendre correctement du canapé, mais quand elle joue dessus, elle ne maitrise pas les bords.
Après l’avoir mise au lit, je me lance dans la révision de mon site. Je l’ai abandonné plus d’un mois. Il faut que j’avance pour le présenter aux membres du bureau. J’effectue tous les règlages recommandés par ta formatrice en suivant son fichier guide. Il ne reste que divi à mettre à jour, et vu le problème que nous avons eu avec Graine, j’ai demandé à mon formateur si je dois la faire….
J’étais bien motivée. Si ça continue, je ferai les adaptations pour Graine sur mobile. Après on verra ensemble si on restructure.
Avec tout ça, il est presque minuit. Mon fils a réveillé la petite en descendant l’escalier. Rage. Nous nous faisons tous petits pour qu’elle se rendorme. Et ensuite nous monterons nous coucher en croisant les doigts pour qu’elle fasse une bonne nuit !
La vaccination bat son plein. Depuis aujourd’hui 17 h 30, je suis vaccinée, Azra Zeneca. C’est le pharmacien du village qui m’a vaccinée. Aujourd’hui, waouh, c’est jour de sortie légale au delà des 10 km.
Avant de lever le pied, je m’occupe de mon site jacquaire. Même si je n’ai pas terminé, j’avance bien.
Ce midi, nous sommes invités chez des amis. Il fait très beau. Nous profitons de l’extérieur au maximum, même si en raison du vent, nous mangeons à l’intérieur. Le jardin est un peu dévasté par la pluie de ces derniers jours, mais les coquelicots et les pavots californiens sont magnifiques. Et nous avons une superbe vue sur la campagne environnante. Nous mangeons des rouleaux de printemps et des crevettes tempura. Un régal. Un voyage culinaire pour compenser les voyages que nous ne pouvons pas faire. Nous feuilletons des albums photos de famille, nos balades 2020. Nous parlons photo, composition, montage, mise en forme, et nous en profitons pour voyager encore, dans le passé pour elle, dans un ailleurs pour moi.
Après la vaccination et le doliprane, quelques retouches de peinture pour bien finir la journée.
La voix de Lilie
Reprise de la semaine. Abolition des 10km. Aucune différence apparente. Une journée comme les autres. Les sorties ne sont pas encore autorisées, alors que faire d’autre que travailler et rester autour de chez nous.
L’orage de samedi dernier a eu raison du nid de tourterelles. Il faut dire que le nid n’avait aucune protection. Juste en dessous, sous les tuiles du toit, ce sont des moineaux qui nichent. Je déteste ça. Chaque fois nous retrouvons des oisillons tombés du nid écrasés au sol. Cette année encore. Deux oisillons. Le dernier, trouvé aujourd’hui n’était pas mort. Sans le toucher pour lui laisser sa chance, je l’ai mis en hauteur pour éviter les chats. Trop petit pour vivre, il est mort dans l’après midi. Je me pose vraiment la question de la cruauté de la création. Pourquoi un petit être vient il au monde pour souffrir et mourir en moins de quelques jours. A quoi ça rime ? Quel sadique a pu inventer une telle ignominie ? J’espère que les nids sont vides et que s’en est fini pour cette année…
Après la journée de télétravail, nous partons chercher des nouveaux coins de muguet dans la forêt qui vient d’être ouverte à tout le monde. Après 25 années à voir des grillages et des panneaux d’interdiction de passage, cette forêt a dû tomber dans le domaine public. C’est agréable de se promener dans de nouveaux chemins, d’explorer de nouveaux endroits. Dépaysant et pourtant si près de chez nous. L’an dernier nous y avions été une fois, en cachette. Pour le muguet, il y a des parterres un peu partout. Seulement il a fait si froid ce printemps qu’il n’est pas encore fleuri. Beaucoup de feuilles, peu de clochettes. J’en ramène 2 ou 3 brins moins rachitiques que les autres. Dans le jardin, le muguet que j’ai planté l’an dernier est ressorti. Il est en feuille bien sûr, mais je suis contente qu’il ait pris.
Hier, c’était un samedi qui ressemblait à un dimanche. Aujourd’hui, c’est un dimanche qui ressemblait à un samedi. Pourquoi cette perception? Je ne sais pas, peut-être le temps passé à préparer le repas et à manger hier? Parce que nous sommes invités demain midi chez des amis et qu’aujourd’hui, nous avons mangé rapidement à la maison? Qu’importe après tout, les vacances, c’est fait pour bousculer les repères.
Aujourd’hui, le soleil est revenu, enfin. La journée commence par le jogging.
Nous mangeons rapidement puis nous partons arpenter la campagne, légèrement au delà des 10 km. Nous empruntons des petites routes improbables que nous ne connaissons pas. Cela s’appelle « passer à travers champs ». Le but de la balade, c’est la recherche de cailloux, le hobbie favori de mon mari. Pour lui, ce sont des minéraux, pas des cailloux. Notre recherche n’est pas vraiment fructueuse. Mais il fait beau. Nous sommes dehors, sans masque. La campagne est lumineuse et bien verte. Elle peut l’être, verte, vu la pluie qui est tombée dans la semaine. 40 mm.
Au retour, nous faisons un détour par un château fort en ruine. Ce château, qui date de 1255, a été la propriété de la famille de Toulouse Lautrec. L’actuel propriétaire a créé une association pour la sauvegarde du château. Festivités, appels à bénévoles…à deux pas de chez nous.
Ce soir, je travaille sur mon site jacquaire. J’ai beaucoup à faire. Je ne finirais pas ce soir, ni demain.
La voix de Lilie
La journée était prévue, les activités planifiées. Je me suis levée tard. Très tard même. Ma fille nous invite ce midi. Bousculade de planning. Il ne fait pas très beau, on alterne les moments dedans et les moments dehors. Apéritif dehors, repas dedans, café dehors. Soleil, pluie, soleil. Les enfants jouent, se chicanent, se fatiguent. Ils n’ont pas fait de sieste, même petite fille n’a dormi qu’une heure. Nous repartons vers 17h et je me lance dans mon planning initial. Finir le repassage. Check. Déclarer les impôts. Ko. Manque d’éléments. Placer mes primes. Check après beaucoup d’efforts de compréhension.. L’administratif devient de plus en plus complexe. Ou alors je comprends de moins en moins ! Après tout ça j’ai bien mérité un petit bain chaud pour me détendre. Ensuite j’appelle ma mère, comme tous les dimanches.
Voilà, le week-end est terminé. Il est passé bien vite même si je n’ai pas fait grand chose. J’ai bien récupérée de la semaine. Je me suis bien reposée.
Demain j’attaque la dernière semaine de travail avant les vacances. Les premières de l’année. Depuis janvier, je ne suis partie qu’un grand week-end avec les graines. J’ai vraiment besoin de couper avec le travail. Je sature.
Demain nous levons la limite de 10km, première étape d’un déconfinement qui va durer 2 mois. Croisons les doigts pour que la vie sociale puisse reprendre avec ses distractions. Bien sûr ce ne sera plus comme avant, les gestes barrières vont subsister encore longtemps.. mais nous y gagnerons de moins attraper de grippes ou de gastro ! Pourquoi aller au supermarché ou dans le métro sans masque ? Finalement les japonnais avaient raison !
Un samedi 1er mai froid et pluvieux, triste. Aujourd’hui, le muguet, aussi, reste numérique. Il n’y en a pas au village.
Ma journée est centrée sur mon frère. Je lui prépare les plats qu’il aime et qui sont faciles à manger. Dans son établissement, ses repas sont mixés. Pour ce midi, ce sera poisson et fondue de poireaux avec de la purée. En entrée, j’ai prévu un cake au poivron et au thon que nous mangeons après le plat pour lui laisser le temps de refroidir. Mon frère apprécie. Je suis contente. En dessert, une glace et des fraises. Il me refuse les fraises. Il n’a vraiment plus faim.
Mon frère est bien plus calme qu’hier. Je le taquine, le chatouille, le gratouille. Il rit, me taquine à son tour. Hier, quand je suis allée le chercher, j’ai dû réclamer ses affaires. Elles n’étaient pas prêtes. Nous avons dû attendre et mon frère ne supporte pas d’attendre. Il s’énerve trés vite. Il déteste l’improvisation. Et il a aussi ses exigences: les vêtements qu’il veut mettre et ceux qu’il ne veut pas mettre par exemple. Je ne pouvais pas partir sans son sac « Il est attachant, votre frère » me dit l’aide-soignante en me ramenant ses affaires. « Un peu chiant aussi parfois » lui ai-je répondu. « Oui, il peut être atta-chiant » renchérit-elle. J’ai de la chance. L’établissement dans lequel vit mon frère est un bon établissement qui traite les résidents comme des personnes à part entière.
Ce midi, nous prenons le temps de bien manger, puis nous prenons un temps de repos après le repas. Mon frère dort. Je joue au solitaire. Mon mari va et vient dans la maison. Au milieu de l’après-midi, nous ramenons mon frère dans son établissement. Nous profitons de cette escapade dûment autorisée pour passer voir ma soeur. Profitant d’une éclaircie, nous osons la bière devant la piscine…bâchée. Et il se remet à pleuvoir.
La voix de Lilie
Enfin une bonne nuit de sommeil après plusieurs nuits trop courtes. La tristesse et la pleine lune s’étaient liguées contre moi. Après un bon café, je me lance dans une seance de gym. Là encore, négligée ces derniers jours. Ce midi ma fille vient avec les petits. Je prépare les légumes (et les frittes) pendant que mon mari s’occupe du poulet.
Petit fils arrive avec un brin de muguet. Il est tellement mignon ce petit, vraiment adorable. Petite fille court, grimpe sur le canapé ou s’assoie sur sa petite chaise. Un vrai casse cou. A surveiller en permanence. Quelquefois les 2 petites volontés se croisent, se toisent, se jalousent. Quelques cris. Il pleut aujourd’hui, on ne peut pas trop aller dehors alors on ressort les puzzles, la peinture, la pâte à modeler, le vélo (oui oui), la trottinette. Lorsque vraiment petit fils a besoin d’air, nous profitons d’une accalmie pour aller dans le jardin.
Après leur départ, nous allons nous détendre dans le jacuzzi, puis soirée série policière.
Je suis heureuse d’avoir eu un petit brin de muguet porte bonheur. J’aime imaginer que ce petit brin protègera la maison pendant une année. Si le temps le permet, j’irai faire un tour en forêt demain pour voir si j’en trouve. Cette année avec le temps trop froid qu’il a fait, le muguet est en retard. Les clochettes se font attendre. Le seul qui est fleuri sort des cultures sous serres. Aussi peu de personnes auront pu aller cueillir le muguet de la forêt pour le vendre. Du coup, il doit en rester cette année après le 1er mai. Les autres années, c’est très difficile d’en trouver en mai.
Journée active aujourd’hui, pour échapper au temps maussade. Pas de pluie, un peu de soleil, mais le thermomètre ne dépasse pas 16°. Ma journée commence par une balade matinale en compagnie de mon mari et de la chienne de ma fille qui est restée avec nous à la campagne. C’est sympa, une petite marche le matin, ça réveille en douceur. A 10 h, ma réunion démarre. Tout se déroule au mieux. Un moment, j’envisage de partager mon écran pour parcourir ensemble un document, mais comme je n’obtiens pas le résultat escompté, chacun est prié de suivre sur l’ordre du jour où j’ai inclus le document. Beaucoup de bonne volonté de la part des uns et des autres malgré la nouveauté du sujet, la peur de ne pas savoir faire, les freins du trésorier qui ne veut pas payer, l’obligation de travailler en ligne…C’est vraiment plaisant cette ambiance, cette solidarité d’équipe, du coup, je me sens à l’aise.
Après le repas, quelques retouches de peinture…Quand il n’y en a plus, il y en a encore! Puis je prends la voiture pour aller chercher mon frère. Sa maison d’accueil est à 40 km de chez moi. Ce soir, il dormira à la maison. Je le ramènerais à son établissement demain en milieu d’après-midi. Au retour, j’appelle mon appartement d’handicapés parisiens. Ils ne sont pas dispos. Ils font la fête. Tant mieux.
Je cuisine pour ce soir. Mon frère est très gourmand. Je lui fais un gratin de chou-fleur. Il en réclame 3 fois. A la 3ème, j’enlève le plat de la table.
La vidéo d’un mariage dans les îles, la famille de notre graine des îles…un vrai mariage avec habits de fête, décorations, buffets garnis, danse et musique à gogo. Les masques ne font pas partie des invités.
Lundi, j’ai un rendez-vous pour me faire vacciner au village.
La voix de Lilie
Une amie qui s’en va, un bébé qui arrive. Le cycle de la vie.
Ce matin ma nièce nous annonce la naissance de son fils. Bébé a choisi le dernier jour d’avril quand sa maman souhaitait début mai. Ça me rappelle mon fils, attendu en octobre et né fin septembre. Déjà l’enfant décide de sa vie et maman s’adapte.
L’après-midi nous assistons aux obsèques de mon amie partie vendredi dernier. Trop d’émotions. Je suis effondrée. Les enfants nous ont accompagnés, ils me consolent de leur présence. Ma fille lit à ma place le petit mot que je ai écrit à mon amie, je ne suis pas capable de le faire. Il y a du monde, un peu de famille, beaucoup d’amis et de collègues. Son mari et ses fils font face. Après la cérémonie, nous nous retrouvons chez eux pour prendre un verre ensemble, parler d’elle.
Aujourd’hui, c’est l’annonce du plan de déconfinement. Ce déconfinement va s’étaler du 3 mai au 30 juin. Il va s’accompagner d’une montée progressive des vaccinations et de la mise en place d’un pass sanitaire. Le masque et les gestes barrières restent d’actualité bien sûr. Le combat est loin d’être gagné. Fin du confinement ne veut pas dire fin de la pandémie. Soyons positifs, ce sera super de sortir, de se voir, de manger en terrasse, d’aller voir un film au cinéma, de visiter une exposition… et d’écrire enfin la dernière page de ce blog.
Ici, une journée grise, sans pluie, avec l’apparition d’un soleil timide en milieu d’après-midi. Mais la maison s’est refroidie. Je remets le chauffage, je fais du feu dans la cheminée. J’ai besoin d’avoir chaud. D’autant plus que c’est une journée d’entre deux pour moi, de changement d’activité. Je prépare mon point de demain sur le site de mon association jacquaire. C’est moi qui l’organise, qui met en place la visio. J’ai le stress de ne pas y arriver.
Heureusement, j’ai une Graine au téléphone dans l’après-midi. Nous papotons et ça me détend, ça me fait du bien. Vous me manquez, les graines! Le froid et le manque de soleil réduisent un peu plus les contacts et les sorties. L’ennui pointe le bout de son nez. Profite bien de tes petits Lilie. Quand ils sont là, ils nous épuisent. Quand ils ne sont plus là, il y a du vide!
Je voudrais me mettre au dessin et/ou à la peinture … mais le passage à l’acte est difficile. Je suis molle, incapable de me mettre en mouvement quand il s’agit d’entamer une nouvelle activité.
Nous devons aussi créer sur le site une nouvelle catégorie d’articles pour nos souvenirs…
La voix de Lilie
Il y a des jours comme aujourd’hui où l’entourage se ligue pour vous happer et phagocyter toute votre journée. Et ça commence au petit matin. En se levant une heure plus tôt que d’habitude pour aller télétravailler chez mon fils. Il faut garder la chienne qui vient d’être opérée pendant qu’il va à l’hôpital pour des examens et en même temps mon mari doit superviser la coupe du sapin chez nous.
Pendant que je télétravaille, la chienne couchée à mes pieds, ma cousine m’appelle pour me prévenir que mon père ne va pas bien du tout. Elle l’accompagne chez le médecin. Je rappelle plus tard pour avoir des nouvelles, moyennement rassurantes.
Mon fils rentre vers 13h. Tout va bien de son côté, les examens sont bons dans l’ensemble. Je me rassure peu à peu. Il nous prépare un repas rapide et nous déjeunons tous les deux. Nous parlons de ces projets, de ce petit bonhomme qui va arriver. De son grand-père qui va mal, de mon amie partie.
Enfin mon mari revient du kiné et nous rentrons, en retard pour ma réunion de 14h…Qu’à cela ne tienne je travaille, c’est plus productif que les réunions. D’ailleurs la suivante m’épuise moralement, tellement je ne supporte plus ces personnes qui tournent en rond dans leur bocal pour expliquer comment ils ne feront rien. Je suis prête à exploser. D’autant plus que ma tête est ailleurs avec tous les problèmes qui m’entourent. Je pense sans arrêt à mon amie et à notre jeunesse. Je touche du doigt, je ressens mes jeunes années. C’est troublant ce bon en arrière.
Après avoir fermé mon ordi, je rappelle mon père pour savoir s’il va mieux. Les médicaments agissent, il n’a plus de douleurs. Je rassure ma cousine. Puis j’appelle une collègue qui a eu des soucis de santé en début de semaine.
Je cale le programme pour demain, achat des fleurs, heure de départ. Les enfants seront là aussi, pour tous les souvenirs. Je me demande si je dois, peux, écrire quelque chose.
Après tout ça, je prépare le gratin pour ce soir. Et je m’octroie un petit bain détente après le repas. La pointe du sapin ne s’élève plus au dessus du toit de la maison, avec son nid de pie. Mon mari a récupéré le nid, magnifique, de brindilles entrelacées délicatement. Le sapin est très moche en revanche. Coupé à la moitié, carré au lieu de triangulaire. Plus de pointe. Il va certainement continuer à mourir, nous nous habituerons peu à peu pour l’enlever complètement l’an prochain.
Ouf, quelle journée. Avec tout ça je n’ai rien entendu des annonces. Heureusement que tu me fais un résumé Graine. Vivement qu’on se retrouve autour d’un verre en terrasse.
Le mercredi, c’est le jour des petits. Je pense à toi, Lilie. Tu dois être bien contente de retrouver tes petits, même si ce n’est pas de tout repos. Et qui plus est, pour toi, le jour des enfants commence le mardi soir.
Pour moi, c’est un mercredi sans enfants. La petite profite de son Papa qui s’est installé chez nous à Paris depuis lundi soir. Mon petit Loulou à moi me manque…Ils grandissent tellement vite à cet âge là.
C’est un mercredi peinture. J’en ai terminé avec mon plafond. Nous réintègrerons notre chambre demain soir. Il y a aussi les murs à enduire et à peindre, mais ce sera pour une autre fois.
Juste après le repas, le livreur de fuel cogne à la fenêtre. Ouf, je ne vais plus avoir peur d’allumer le chauffage.
En fin d’après-midi, je pars faire quelques courses au village. Je poursuis par la préparation du repas: soupe et quiche ce soir.
Le temps est toujours gris. De la pluie aujourd’hui, presque sans discontinuer. Une petite pluie qui a fait grimper le niveau du pluviomètre de 1 cm. Ce soir, la pluie a cessé. J’étends mon linge dehors et je croise les doigts.
Voilà une journée qui se termine. Le temps passe toujours très vite.
La voix de Lilie
Couchée vers minuit, à taton dans le noir pour le pas réveiller la petite qui dort dans notre chambre, je n’arrive pas à trouver le sommeil. Peut-être la grosse lune rose de printemps, sans doute les événements de ces derniers jours. Tout passe dans ma tête. Le passé, le présent, les joies, les peines. Je somnole, sombre un peu. Vers 5h, petit fils se glisse dans le lit à côté de moi. Il se rendort aussitôt. Moi non.. A 7h, petite fille réveille tout le monde. Forcément, nous sommes tous dans la même chambre ! Nous nous levons avant mon fils alors qu’habituellement c’est l’inverse.
A 8h nous sommes déjà en train de faire des langues de chat. Petit fils adore les faire et les manger. Lui qui ne goûte aucun aliment, dévore ses langues de chat dès la sortie du four ! Petite fille inversement se jette sur tout ce qui se mange, langues de chat comprises.
Pour soulager ma fille, je baigne les enfants. L’un après l’autre pour que tout le monde profite du moment. Il est déjà l’heure de la mini sieste pour petite fille, et de profiter du soleil pour sortir avec petit fils. La matinée s’achève en patés de sable au fond du jardin. Petite fille monte et descend de la terrasse au jardin. Elle s’entraine à marcher sur des terrains inégaux. Monte descend. Monte descend. 50 fois. La constance des enfants qui apprennent est fascinante alors que leur degré de concentration ne dépasse pas les quelques minutes. Petit fils cherche un trèsor dans le sable, enterre des objets pour les retrouver, essaie de faire des patés. Il remplit un seau de toutes les pierres précieuses qu’il a trouvé. Je pense que cette fois ci, ça y est nous sommes riches !
Arrive le temps du repas, multi service, multi régime ! Legumes viande pour mini miss, patates sautées viande pour petit fils. Puis sa sœur termine par les patates sautées parce que tout ce qui passe dans une assiette doit aussi passer dans la sienne ! Un petit dessert pour chacun et hop, tout le monde à la sieste. Hop, c’est vite dit, calin pour elle, lecture et câlin pour lui.
Je profite de la sieste pour travailler. Donc pas vraiment du repos. Après leur réveil, nous ressortons dans le jardin. Le temps s’est assombri. Il tombe même quelques gouttes.
Ce soir les hommes sont devant le foot. Moi j’ai envie de ranger dans ma commode de chambre les souvenirs de mon ancienne vie. Ou plutôt de ramener près de moi cette partie de ma vie qui est restée tant d’années dans un carton au garage. Ranger ces souvenirs avec tous les autres. Pour ne faire qu’une.
Je me plonge dans les albums photos de cette jeunesse lointaine, presque oubliée. Dans les bons moments de cette jeunesse, car c’est bien connu, on ne prend des photos que des bons moments, ce sont les seuls dignes d’être gardés. Et d’autant plus quand la pellicule ne comporte que 24 clichés !
Pour changer, du gris au sud, et du soleil au nord.
C’est l’anniversaire de mon fils aujourd’hui. Nous l’appelons à la mi-journée. Il sort du lit. C’est normal, il travaille la nuit. Nous avons du mal à nous faire à son rythme, mais c’est le sien. Son petit est reparti à la crèche. La vie semble reprendre son cours quasi-normal, après ce 3ème confinement. Mais quand je regarde les chiffres ou j’écoute les actualités, j’ai peur. La situation ne s’améliore pas, pas du tout, malgré l’accélération du rythme des vaccinations, malgré ce 3ème confinement. 180 jours que nous vivons sous cloche en continu. Combien de temps cela va-t’il durer encore?
Ma fille a perdu son chat. Il est mort dans la nuit. Il était cardiaque, souffrait des reins et avait vraisemblablement une tumeur cancéreuse. Ce n’est qu’un chat, certes. Je me souviens de la mort de mon chat, mon premier et mon dernier chat. Il s’appelait Alfred. Les derniers six mois, nous le piquions deux fois par jour pour l’hydrater. Ses reins ne fonctionnaient plus. Le jour où il n’a plus pu bouger, je l’ai amené chez le vétérinaire, sans rien dire à personne, pour qu’il le pique. J’ai pleuré ce jour là, mes enfants aussi, comme ma fille et sa petite aujourd’hui.
Pour moi, aujourd’hui, c’était peinture, la suite. Et il me faudra continuer demain, pour en terminer, j’espère. En milieu de journée, j’ai dû faire la pause. A force d’avoir la tête en l’air, j’avais des migraines et des étourdissements. C’est mon mari qui a fait la cuisine ce midi, et ce soir, il est allé faire les courses tandis que je faisais ma séance de yoga. En compensation, j’ai préparé le repas.
Une journée campagne. Du temps gris. Dehors une petite pluie par intermittence. Ce n’est pas elle qui va sauver les récoltes, mais ça rafraîchit la maison.
Ce soir, j’ai fait du feu dans la cheminée. J’en avais trop envie. Et du bois, on en a suffisamment puisqu’on en a commandé en février.
La voix de Lilie
C’est vrai qu’il fait beau ici. Frais quand même. Je fais ma séance de step sur la terrasse, et il me faut bien 15mn avant de me réchauffer. Ensuite je ne profite pas beaucoup du beau temps puisque nous sommes mardi et qu’une grande partie de ma journée se passe en télétravail à l’intérieur.
Entre midi et deux, je fais le repas pour ce soir car nous aurons les 2 petits et donc peu de temps à nous.
C’est vrai Graine, c’est difficile de perdre son animal. Il fait partie de la famille, il fait un long bout de chemin avec nous, il nous écoute, nous console souvent. Sa présence tout en douceur nous apaise. Mais il vit moins longtemps que nous et nous quitte toujours trop tôt. Même si on le sait, la tristesse est immense. Je me souviens de ton Afred que nous avions gardé avec ma Mélanie qui était une vraie furie pour tout le monde sauf pour moi. J’étais sa mère, elle m’adorais. Hélas j’étais trop jeune et je l’ai souvent trimballée au gré de mes déménagements et fait passer après mes enfants. Je l’ai un peu négligée au niveau des vaccins et je le regrette. Elle a vécue 13 ans, je pense qu’elle était malade mais je ne voulais pas le voir. Elle est partie d’un coup un jour où je travaillais. J’étais la seule à la pleurer, les enfants ne pouvaient pas l’approcher et ne s’y étaient pas attaché.
Depuis Abby est venue agrandir la famille. Elle a maintenant presque 16 ans et je sais déjà quel drame ce sera quand elle partira. Elle est toujours près de moi, quelque fois même trop près, un vrai pot de colle. Ses ronronnements m’apaisent.
Le soir, mes 2 petits loups arrivent et avec eux un tourbillon d’énergie. Jouer, repas, histoire, coucher, l’un puis l’autre. Il est déjà 22h. Je me pose un peu pour me détendre avant d’aller me coucher. La petite dort dans notre chambre pour ne pas réveiller son frère, la nuit risque d’être animée et dans tous les cas un peu courte. Je monte vers minuit et je me glisse sans bruit dans mon lit.
Une France coupée en 2, du soleil au nord, de la pluie au sud! Dans ma campagne, la pluie est attendue, parce c’est bien sec. Le ciel est gris aujourd’hui. Qu’à cela ne tienne, je me lance dans les travaux. Je vais m’occuper de notre chambre en commençant par le plafond. 1ère étape: la protection, 2ème étape: un ponçage léger, 3ème étape: application d’une sous-couche. Entre deux, je pars au magasin de peinture pour acheter la sous-couche. Je n’en ai plus. La 4ème étape, ce sera pour demain, si je n’ai pas trop mal aux bras et aux épaules. Ce n’est pas évident de travailler au plafond.
Ce matin, nous passons aussi une commande de fuel avec le voisin. Indispensable si nous voulons continuer à avoir de l’eau chaude et du chauffage en cas de besoin. Bref, une journée active.
Ce soir, il se met à pleuvoir. Si je n’étais pas aussi courbaturée, j’allumerais un petit feu de cheminée car il ne fait pas chaud.
Tu es créative, Lilie, mais c’est vrai que pour obtenir le meilleur en terme de créativité, il faut lâcher le contrôle…pas toujours facile surtout quand c’est ce qu’on fait de mieux, la maîtrise, l’organisation, le contrôle.😅
La voix de Lilie
Reprise de la semaine. J’ai fait ma séance de step et je suis retournée à mon poste. Je n’ai pas l’envie. Je réfléchis aux vacances qui approchent, et aux suivantes. Je passe quelques coup de fil pour mon père. Je fais ses déclarations d’impôts et je vais tenter de faire venir quelqu’un pour regarder sa piscine. Mon père ne va pas bien. Pas bien du tout je dirais même. Il vit dans un monde qu’il ne comprend plus, il est perdu comme un enfant. J’ai du mal à le voir comme ça. A accepter que mon père, si fort, si dominant, soit réduit à demander de l’aide. L’année va être difficile je crois…. Je prendrai la température en mai lorsque je vais aller le voir.
A midi je retrouve mon mari pour le déjeuner. Il fait très beau aujourd’hui, mais encore trop frais pour manger dehors. Depuis 2 ou 3 jours, il fait meilleur le soir qu’à midi. C’est curieux. Je prens mon café au soleil, pas plus. Et je remonte pour un après-midi chargé en réunions.
Petit bain chaud dans le jaccuzzi sur la terrasse pour me détendre avant le repas du soir. Les tourterelles vont et viennent sur la cheminée. Elles s’appellent, alternent la couvade. Un an déjà depuis la portée précédente. Je suis certaine que le couple est le même que l’an dernier. Que sont devenus les petits de l’an dernier ?
Enduite, une soirée très calme devant une série. Je n’ai plus d’envie de me lancer dans quoi que ce soit en ce moment. Je me laisse porter par les choses à faire, travail, papiers, aides aux parents et aux enfants. Sans réfléchir. La journée se meuble toute seule. Je flotte. Pourtant la mer est agitée en ce moment…
Dimanche de relâche aujourd’hui. En principe, nous étions invités ce midi, mais j’ai décliné l’invitation hier. Nous avons besoin d’un temps de calme.
Jogging ce matin sur le chemin du train. J’ai peur de la pluie. En allant chercher le pain, j’achète un plat cuisiné pour ce midi, un axoa de veau. Nous avons un traiteur au village qui fait de très bons plats cuisinés pas chers du tout. Je n’en abuse pas, mais c’est dimanche tout de même.
Cet après-midi, je me mets à jour par rapport à mon site jacquaire. Nous allons pouvoir bénéficier d’un hébergement plus performant et d’un outil statistique, le bureau de l’association a pris sa décision, mais, les devis ne sont pas signés? Est-ce nécessaire? Qui doit les signer? Je retrouve là des lourdeurs bien connues…
Après cet intermède administratif, je me remets à la peinture des poutres de ma cuisine. Et j’en viens à bout, qui l’eut cru! Je prends même le temps de lessiver le dessus des meubles de la cuisine. Ils ont pris cher avec les travaux. Pendant ce temps, mon mari bricole dehors. Au final, pas de pluie aujourd’hui, il fait même beau ce soir.
La journée est passée très vite. Nous avons un coup de fil de ma fille et de sa petite ce soir. Elles sont bien rentrées. Demain, c’est la reprise de l’école pour la petite et un entretien d’embauche pour la grande… Pour nous ici, c’est la reprise d’un quotidien à 2, à la campagne.
Le Covid me fait peur. La stituation ne me paraît pas s’améliorer. La situation en Inde est hors de contrôle. l’UE va fournir une assistance. Mais jusqu’où cela va-t-il aller?
La voix de Lilie
Le temps est magnifique aujourd’hui. Avec un peu de vent. Je me lance dans mes premières cremes brûlées. La fermeture des restaurants nous conduit à nous lancer dans une cuisine plus sofistiquée. Et pour utiliser les blancs d’oeuf, congolais et langues de chat. Après ça, je pars pour un jogging. Un mois et demi sans courir. Il faut que je m’y remette plus régulièrement. D’ailleurs je cours beaucoup plus lentement qu’avant. Je m’arrête sur le parcours faire un clin d’œil à mon indienne, peinte il y a quelques années sur un mur au fond de la forêt. J’aime lui parler. Comme moi, elle vieillit. S’écaille. Son beau visage se fane, tombe un peu en lambeau. Mignonne allons voir si la rose.
Mon beau frère vient déjeuner, mon mari a préparé les brochettes et la salade, je fais la sauce et les frittes. Nous mangeons dehors car la température le permet malgré un peu de vent.
Les tourterelles couvent en haut de la cheminée. A priori le nid est contre la cheminée, pas dedans. Croisons les doigts.
En fin d’après-midi, je rebranche le téléphone fixe que nous débranchons en semaine pour éviter les appels incessants des entreprises commerciales. Je passe mes appels familiaux. Soeur, mère. Les nouvelles sont moyennes. Les parents vieillissent. Vraiment. Les difficultés s’annoncent…
En fin de journée, je me suis inscrite à un webinar porté par une romancière que j’aime lire. Elle explique ses méthodes de travail. Elle est très volubile. Son approche de la construction d’un roman est presque mathématique, en tout cas très carrée. Elle explique être si créative qu’il lui faut un cadre pour ne pas déborder. Alors que moi j’ai le cadre en moi, il me faut arriver à en sortir pour espérer être un peu créative !
La nuit a été courte. Il est difficile de s’endormir quand tant de souvenirs, de pensées, de refus passe par la tête. Ce matin, un ami de mon fils vient pour regarder ce qu’il faut faire avec le sapin. Pour lui, il faut tout couper. Nous ne sommes pas prêts, alors il reviendra pour couper seulement le haut qui est mort. Pour le reste, on verra l’an prochain.
Sur la terrasse, à l’aplomb de la cheminée, tout un tas de branchages sont dispersés par terre. Il n’y avait rien, et soudain toutes ces branches sont apparues. Un regard vers le haut nous fait comprendre que nos tourterelles sont revenues faire leur nid dans la cheminée. Catastrophe, elles risquent de boucher le conduit. Avant qu’elles aillent plus loin, nous faisons un feu dans le poêle pour les faire partir. J’ai l’impression d’entendre piailler des petits. Pourtant si les oiseaux construisent, les petits ne doivent pas être nés. De toute façon, notre stratégie tourne court. Dès que la fumée s’arrête, les oiseaux continuent leur construction.. On va les laisser tranquille et après le départ des petits nous enleverons le nid et nous mettrons une grille de protection…
Je prépare un plat pour midi et nous partons pour Château Thierry voir le mari et le fils de mon amie. C’est difficile d’être là, sans elle. Tout est à sa place mais tout est différent. Notre ami fait bonne figure, nous discutons d’elle, des enfants. Nos souvenirs de jeunesse. Nous trinquons à sa mémoire. Ici c’est le pays du champagne. Tout s’arrose au champagne, même les moments tristes. Notre ami est un amoureux de la nature, depuis toujours. Après le repas, nous faisons le tour de ses cultures, de ses fleurs. Il fait un temps magnifique, injure à notre peine.
Nous repartons en fin d’après-midi. Cette journée était importante pour passer cette étape et la laisser partir. Pour commencer la vie sans elle.
Nous reviendrons lui dire adieu vendredi.
La voix de Graine
La tristesse est légitime quand la vie s’en prend à ceux qu’aime. La partager est essentiel. Partager les rires, les éclats de rire quand c’est l’heure, et partager les larmes lorsque la peine est lourde. Pourquoi ces vies brisées, ces parcours avortés, ces familles dévastées, pourquoi? Pour nous rappeler que nous ne faisons que passer, qu’effleurer la vie de nos amours, de nos envies, de nos désirs, de nos passions, de nos rires, de nos pleurs? La vie, la mort, compères indissociables de nos existences éphémères. Un compagnonage bien difficile à accepter quand ce sont nos proches qui partent, et qui plus est, à un âge qui n’est pas l’âge de partir.
Dans ma campagne, ce samedi 24 avril est une belle journée de printemps, avec du soleil et du vent. Peut-être pas le vent d’autan, parce qu’il n’est pas froid.
Ma fille remonte aujourd’hui sur Paris avec sa petite en faisant une halte ce soir à Chateau-Thierry. Tiens donc, à quelques heures près, tu aurais pu la croiser, Lilie. Toute la journée, je garde le téléphone à proximité pour avoir des nouvelles.
Après le café partagé avec nos voisins, leur machine à café ultra sophistiquée, heureusement sous garantie, est repartie chez le fournisseur car elle est tombée en rade, nous partons randonner aux alentours du village. C’est notre première vraie randonnée depuis notre arrivée à la campagne. 13 km, ce n’est pas ambitieux. Ma campagne est belle sous le soleil. Quelquefois, avec ses courbes harmonieuses, ses couleurs chaudes, et sa végétation méridionale, elle prend des airs de Toscane. Nous rentrons, cuits à point, mon mari, sur le haut du crâne et moi sur le visage et le nez surtout. Avec le vent, nous n’avons pas pris garde au soleil.
Nous déjeunons tard, traînons au salon après le repas. En fin d’après-midi, je me remets à la peinture. Au départ, il s’agissait de faire des retouches, mais au final, je dois repeindre les poutres du plafond de la cuisine. Comme je m’y prends comme un manche, je n’ai pas assez de peinture, je vais encore devoir m’y remettre!
Ce soir, nous sommes invités chez les voisins pour manger la pizza. Ma fille est arrivée à destination, je respire, je peux ranger mon portable et profiter de la soirée.
Jour de grand beau temps pour ce dernier jour de vacances. Dernier jour avec les filles. Il n’y aura pas école aujourd’hui. Cest relâche. Ce matin, quelques courses au village pour préparer le départ de ma fille. C’est le marché le vendredi, je n’y pensais plus. J’achète de l’ail. Ce n’est pas la saison, mais mon fils en réclame. Tiens donc! Un stand réunionnais. J’achète du riz créole – un repas de moins à préparer. En haut du hameau, à droite, derrière la montagne noire, nous apercevons les crêtes pyrénéènnes, toutes de blanc vêtues. Signe que la pluie ne va pas tarder. Avant le déjeuner, nous passons voir notre petite voisine de droite. Nous voyons bébé, le petit crampon, comme dit sa Maman. Il ne lâche pas son sein. Nous cueillons des fleurs, jouons au ballon, allons dire bonjour à la chèvre, courons après les chats tout en promenant les bébés: poussette, landau. Après le déjeuner, pris dehors bien sûr, ma fille apprend à sa petite à jouer au labyrinthe et ça marche. Cet après-midi, j’ai décidé d’appeler mon centre d’handicapés parisien sur Whatsapp. Ce n’est pas instantané, mais j’y arrive. Je suis contente d’être en ligne avec eux. Odile ne veut pas parler à la caméra, ma petite fille non plus…J’envoie des photos, un film. Après le passage de notre maçon tailleur de pierre en fin d’après-midi, toujours des finitions qui n’en finissent pas, je prépare l’apéritif pour ce soir, notre dernier soir. Du houmous, sans cumin – je n’en ai pas et ma voisine non plus. Nous mangeons le houmous avec du Pane Guttio que nous a ramené notre fille. Ce sont des galettes sèches de semoule de blé dur. La petite est au niveau maximum de surexcitation. Si tous les gamins qui rentrent de la campagne sont dans cet état, je plains les maîtresses… Ce soir, c’est ma fille qui prend le relais pour la lecture du Petit Prince. Elle aussi, elle adore.
La voix de Lilie
Une période noire.
La faculté de mathématiques d’Avignon se trouvait dans un vieux batiment avec des arches et une grande cour dans laquelle les étudiants pouvaient garer leur voiture. Elle arrivait toujours dans sa petite voiture rouge. Elle vivait chez son frère. Nous sommes devenues inséparables par les maths. Même esprit, même réflexion, même amour pour cette matière. Nous faisions les mêmes erreurs au même endroit dans les devoirs sur table. Nous révisions ensemble. Elle était 2ème, moi 3ème de promo. La vie nous a gardé en contact même dans nos exils, elle à Château Thierry, moi en banlieue Parisienne. Elle a enseigné les maths avec toujours ce même amour de la matière quand je l’ai trahie en épousant l’informatique sa cousine la plus proche. Je lui ai trouvé son homme pour la vie, parce que mes amis ne pouvaient que lui plaire. Nous pensions la même chose au même moment ce qui nous permettait souvent de gagner aux jeux en équipe. Nous avons passé de merveilleux moments avec mes enfants, puis avec les siens.
Ce soir, je suis orpheline d’elle. De notre jeunesse. De nos rires. De nos jeux de chiffres.
Le crabe l’a emportée. Je pleure sur elle, sur moi, sur cette fin qui nous attend tous. J’ai l’impression de rentrer dans un trou noir qui va emporter tout ceux que j’aime. Tu vas dire Graine, il faut que je me resaississe. C’est tellement dur. J’ai tellement de chagrin. La vie va continuer et mes enfants, mon mari sont là, près de moi, en bonne santé. Je ne demande rien de plus.
Reprise de l’école le 26 avril pour les petits comme prévu. Ma fille envisage donc de remonter samedi. Elle compte passer le dimanche à la campagne chez des amis. La petite a une soirée pyjama chez un copain! Et elle compte bien ne pas la rater. En tout cas, elle aura bien profité de ses trois semaines à la campagne. Elle est surexcitée, en forme, s’intéresse à tous et à tout, dévore…Les enfants savent profiter de l’instant présent, les animaux aussi. Il n’y a que les adultes qui ont du mal!
La matinée reste un peu fraîche, mais le soleil est généreux. Nous déjeunons dehors. Un peu plus tard, nous sortons la cabane, les poupées pour accueillir notre petite voisine de droite, les transats pour accueillir les grands. La petite voisine s’échappe, ses grands parents sont venus voir le bébé. Impossible de lire mon nouveau roman. Nous lisons le Petit Prince. Un peu réticente au début, la petite est à présent prise par les dessins et l’histoire: les baobabs qui risquent d’envahir la planète, la rose et ses 4 épines … C’est un livre que j’aime beaucoup. C’est vraiment un plaisir pour moi de lui lire cette histoire.
Ce soir, nous jouons au labyrinthe, entre adultes. C’est mon mari qui insiste pour jouer, lui qui n’est pas un grand fan des jeux de société. Notre séjour famille tend à sa fin. Je suis à la fois triste et contente. Triste parce que c’est vraiment sympa de se retrouver tous ensemble. Contente aussi parce que s’occuper d’une petite fille et de deux télétravailleurs, ça prend du temps et ça ne laisse guère de temps pour faire autre chose.
La voix de Lilie
Une étape de confinement s’achève doucement. L’école va reprendre lundi, les familles, exilées comme la tienne, Graine, vont rentrer ce week-end. Il n’y aura toujours pas de bars ni de restaurants, pas plus que de commerces. Le coin du voile seulement se soulève. Bientôt nous pourrons nous échapper pour un week-end, enfin je l’espère. La vaccination va bon train mais on parle de variants résistants à ces vaccins. En sortirons nous un jour ?
L’économie se métamorphose. Les dépenses ont changé de camp. Les restaurateurs, artistes, acteurs du tourismes et leurs sous traitants se meurent pendant que les décorateurs, magasins de bricolages, piscinistes s’en mettent plein les poches. Et en profitent pour augmenter leurs prix pour certains de 30%… Certains fournisseurs n’arrivent plus à fournir, dépassés par un niveau de commande jamais vu et pas anticipé. Jeu de l’offre et de la demande, on augmente. Misère humaine. Rien de sert de leçon à cet ogre de la consommation. L’an prochain ils pleureront des commandes qui n’arriveront plus. Le balancier sera reparti côté loisir.
De mon côté, une journée normale de télétravail. Entrecoupée pour la garde du chat. La semaine avance peu à peu. Je n’ai pas fait la moitié de ce que j’avais envisagé de faire…. Je ramollit.
Nous nous habituons à vivre avec la pandémie. Je déteste cette idée, et pourtant, n’est-ce pas le cas? Espérons que tu dises vrai, Lilie, que cette habitude peut disparaître en deux jours…Et si notre blog doit en faire les frais, tant mieux. Il renaîtra sous une nouvelle forme, s’il doit renaître. Je déteste ces habitudes qui nous sclérosent.
Ce matin, je vais chercher mon frère et je l’amène chez ma soeur. La nuit dernière, l’établissement où vit mon frère a été cambriolé. Vols d’ordinateurs, de tablettes, forçage du coffre-fort et vol des liquidités. Qui peut imaginer ça! « C’est fréquent, ce type d’établissement est à présent la cible de cambriolages », me dit la responsable de service.
Ce midi, je suis invitée. Je n’ai pas de cuisine à faire. J’appelle ma soeur aînée. J’appelle mon fils. Le sourire de mon petit fils sur la caméra à 700 km…c’est tout de même sympa la technologie. Il pleut sur Albi. Après-midi cocooning sur le canapé pendant que ma soeur joue avec la petite.
Nous devons partir tôt, ramener mon frère d’abord, puis amener la petite chez moi au village où elle a rendez-vous chez la coiffeuse. Il fait beau chez moi. Il n’y a pas eu de pluie de la journée!
A peine rentrée avec quelques courses, la voisine toque à la fenêtre. Nous partageons une bière qui dure. Convivialité. Son mari est parti dormir chez sa Maman, 95 ans. Demain, la vieille dame rentre à la maison de retraite du village. C’est elle qui l’a décidé. La vieille dame a un cancer. Elle ne quitte plus son lit. « Est-ce que ce n’est pas une bêtise de la mettre en maison de retraite », se questionne ma voisine?
La voix de Lilie
Pas de réveil ce matin. La nature fera son travail. En guise de nature, la société de jardinage tond les espaces verts et taille les haies à 8h du matin. Exit la grasse mat. La machine à café affiche un nouveau voyant. Recherches faites, il s’agit du détartrage. Je verrai ce soir, là je veux juste un café !
Notre objectif du matin, aller à la mairie refaire nos cartes d’identité qui se périment dans un mois. La procédure est presque entièrement dématérialisée. Il faut faire une pré déclaration sur internet. Faite il y a 2 semaines. Des photos. Hier. Un justificatif de domicile, ah zut j’ai oublié de le joindre à la demande. Pas de modification possible. Impression du document. Et prendre rendez-vous dans une mairie. On va sur place, croyant que ce sera plus simple. Erreur. Les rendez-vous se prennent par téléphone. On appelle. La dame nous dit, rendez-vous le 18. Nous sommes le 22. Le 18 quoi ? Le 18 mai. Pas de chance nous serons en congés, ce sera donc le 27. Nos cartes se periment le 25 ! Même combat dans la mairie d’à côté. Nous sommes sidérés. Un mois de délai pour montrer son visage et signer. Période covid ? Est-ce que toute la population de la ville refait ses papiers en ce moment ? Ou surtout comme dans toutes les entreprises le personnel est en sous effectif et réalise des activités diverses et variées… Sur cet échec 😜 nous partons chercher quelque chose à manger dans l’hypermarché du coin (il n’y a rien d’autre alentour). L’endroit est désert. Le parking habituellement bondé est vide aux 3/4. Nous déjeunons sur la terrasse chez ma fille en gardant le chat.
A 16h, comme ta petite, Graine, j’ai rendez-vous chez la coiffeuse. C’est une nouvelle coiffeuse toute jeune qui vient de reprendre le salon. Elle est mignonne et bavarde comme une pie. Couleur, coupe. Se refaire une tête présentable, à notre âge, ça devient un véritable challenge. Tu vas dire que j’exagères (je veux et j’exige, à répéter 10 fois sans langue fourcher !) mais je trouve difficile d’apprivoiser ce visage tombant, terne, à l’air désagréable qui est devenu le mien au fil des ans.
Au retour je me lance dans ce fameux détartrage de la machine à café. Je pense qu’il faut être ingénieur pour suivre le déroulé des opérations. Puis dans le repassage.
Bref, inutile de dire que je n’ai pas vu passer la journée. J’ai oublié de me reposer, comme d’habitude. Il me reste un peu de temps pour lire avant de dormir malgré l’heure tardive. Comme tous les soirs, je vais me coucher trop tard.
Des jours qui se suivent, sur fond de pandémie. Ce matin, pas de voix de Lilie, je m’inquiète! Une journée qui démarre sous le gris.
J’entreprends quelques reprises de peinture, puis la lessive, l’école, la préparation des lasagnes…
Le repas se prend dehors au soleil. Allongée sur mon transat, j’essaie de terminer mon roman mais c’est difficile. La petite monte sur mes genoux, déniche une minuscule coccinelle jaune. Je m’accroche. Il ne me reste que 10 pages, et j’ai acheté à la librairie du village le dernier livre de Nancy Huston…Les petits, ça occupe, c’est le moins qu’on puisse dire! Dehors, les fourmis, mais dedans aussi, il faut faire quelque chose avant qu’elles nous envahissent. Je me lance dans le nettoyage, balayage. La petite m’aide! J’appelle l’ancienne secrétaire de mon association jacquaire. C’est elle qui a recruté les prestataires pour la création du site, dont sa fille, et forcément, ça couine un peu …Heureusement, je suis à la campagne, ça m’évite d’avoir à participer à des débats stériles. Je me fais représenter!
J’essaie d’arracher le figuier qui s’est installé dans ma cour pour le déplacer. Je n’y arrive pas. A 18 h 30, ma séance de yoga. Ma fille est partie faire des courses. Je lui ai confiée ma liste. Mon mari est parti courir. En fond sonore de mon cours de yoga, les jeux de rôle de ma petite fille et les déambulations des animaux. Heureusement que le son est désactivé! A la fin de mon cours de yoga, la cuisine est pleine. Ma fille prépare des mousses au chocolat et mon mari fait cuire les lentilles. Ils n’ont pas besoin de moi. J’ai le temps de t’appeler, Lilie, de te déranger, de te questionner.
Ce soir, nous ouvrons une bouteille de vin, du Gaillac, que nous finissons, à 3. La petite fait le pitre. Des semaines de télétravail qui ressemblent des vacances. S’il n’y avait pas ces foutus chiffres qui nous foutent la trouille…
Demain, je m’échappe, je vais chercher mon frère, et l’amener…chez ma soeur.
La voix de Lilie
Que c’est difficile de se lever ce matin. Une grande fatigue s’abat sur moi comme si je n’avais presque pas dormi. Je me traîne hors du lit. Un bon café et deux tartines plus tard et je suis d’attaque pour une séance de step. Je recommence la séance d’hier. Les mouvements étaient compliqués et je n’avais pas pu finir dans le temps imparti. Cette révision est bénéfique, je réussi toute la choregraphie. Je suis contente de moi, c’est le principal.
Après ça, au travail. Un de mes collègues est parti une semaine en Croatie. On ne lui a rien demandé à l’aéroport, pas de motif de déplacement, rien au retour non plus. Finalement on doit pouvoir rentrer facilement du Brésil en passant par la Croatie ! Là bas, exception faite de la capitale où bar et restaurants sont fermés, tout est ouvert. Partout. Et pas de masques. Pas beaucoup de covid non plus. C’est curieux…. Comment font ils ? En tout cas il semble plus facile d’aller en Croatie qu’à Nice. Là il faut un motif impérieux. Ma fille est partie. Mon fils fait une escapade pour 2 jours au bord de la mer. Pas de contrôle. Ils ne sont pas des cas isolés. Curieux confinement….
Cet après-midi, je repars garder le chat en télétravaillant. Puis je rentre et nous partons, mon mari et moi, faire des photos d’identité. 15 ans ont passé depuis les dernières. Le photomaton est semble-t-il le dernier bastion de l’utilisation du monnayeur, pas de carte bleue possible. Incroyable depuis toutes ces années. Une relique de l’ancien temps. Inutile de dire que nous devons faire de la monnaie avant d’entrer dans la cabine. Comme d’habitude, ces photos sans sourire sont effrayantes, même moi je me jetterai en prison si je me croisais dans la rue !
Graine m’appelle. Elle s’inquiète de mon silence sur le blog. Cette fois ci heureusement rien de grave. Juste une habitude perdue en une ou deux soirées la semaine dernière que j’ai bizarrement du mal à reprendre. Les rituels sont volatiles certainement. En tout cas une habitude est plus facile à perdre qu’à prendre. Il parait qu’il faut 3 semaines pour enraciner une nouvelle habitude. Je dirais donc 2 jours d’oubli pour la perdre.
Malgré ma séance de respiration matinale, je me traîne aujourd’hui. Un matin lessive. Quoi d’autre, je ne sais plus. J’essaie de poncer le plafond du salon avant de faire mes retouches de peinture, mais ça dérange mes télétravailleurs. La petite regarde une vidéocassette – mais oui, ça existe encore – les shadocks. Négocié avec sa Maman….Après tout, ce sont les vacances. Je lui fais faire un petit exercice d’écriture, pris sur le site de l’école, avant le repas. C’est difficile. La concentration n’est pas là!
En début d’après-midi, après les inévitables tâches de l’après-repas, je m’offre un temps de sieste / lecture au soleil. Il fait chaud, 18 °, certainement plus au soleil. Un moment pour moi tandis que la petite joue à l’intérieur. La voisine de droite passe avec sa petite fille. Bébé est né, vendredi. Il s’appelle Charles et se porte comme un charme. Nous le verrons bientôt. Ton petit fils sera beau aussi Lilie! Ne te fais donc pas de souci pour les photos.
En fin d’après-midi, pendant que mon mari fait du vélo avec la petite, je m’attaque, enfin, à mes reprises de peinture.
La voix de Lilie
Reprise. Une nouvelle semaine. Plus calme que la précédente. Pas d’enfants à garder. Pas d’enfant malheureux. L’orage est passé. S’estompe. Du moment que tout le reste va bien. C’est plus ça qui est inquiètant.
Je me lance dans un cours de step. J’adore ça et c’est une discipline qui demande de la concentration pour mémoriser et restituer la choregraphie. J’ai besoin d’entraîner mon cerveau. Je ne me concentre plus sur rien, je fais des choses sans les mémoriser et ensuite je me demande comment il est possible de vivre des moments sans y être vraiment.
Après le sport, je reprends le télétravail. A la maison le matin, puis chez ma fille pour garder son chat l’après midi. Il fait beau et même assez chaud pour rester travailler sur la terrasse. La chatte se prélasse au soleil. Je travaille. La chatte se prélasse sur ma sacoche de pc. Je travaille. Que c’est difficile la vie de chat.
Finalement je travaille plus ici que chez moi. Personne pour me distraire, rien d’autre à faire non plus, à part câliner le chat.
Je rentre en fin d’après-midi à la maison. Il est déjà l’heure de diner. Je fais un gâteau pour utiliser de vieilles pommes dont personne ne veut plus. Ça nous fera une douceur pour le petit-déjeuner demain matin.
Après le repas, nous prenons un long bain chaud pour nous détendre. Puis soirée tranquille devant une série distrayante et à la musique entraînante. Cela se passe aux Antilles, il plane une ambiance de vacances de senteurs créoles et de douceur de vivre.
Il est temps de se coucher. C’est curieux, il manque une grosse part du gâteau. Aurait-on une petite souris dans la maison ?
Un dimanche de confinement. Combien encore à venir? Ce matin, nous partons jouer à la base de loisirs avec les petites, la nôtre et celle des voisins. Nous avons le temps. Nous n’avons pas de cuisine à faire. Ce midi, nous sommes invités chez nos voisins. Ensuite, un petit tour dans la campagne environnante, dans notre périmètre de circulation autorisé. Des éoliennes, un château, des vaches…Nous cherchons la maison perchée dans les arbres de Jean-Louis Etienne. Aucune chance de la trouver, nous ne sommes pas au bon endroit! C’est ce que me dit mon voisin et que me confirme internet. Nous prenons l’apéritif dehors, mais nous mangeons à l’intérieur. Il fait encore bien frais aujourd’hui et il y a du vent. Nos premières grillades de l’année: saucisses, travers de porc.
A 17 h 30, juste après le café, nous partons dans la campagne pour aller ramasser des respounchous. Une véritable expédition: 2 poussettes, 2 vélos d’enfants, 1 nourrisson, deux petites filles et 4 adultes. Les respounchous ressemblent à des asperges sauvages, qu’elles ne sont pas. C’est du tamier. On les appelle aussi l’herbe aux femmes battues car ses racines sont utilisées en cataplasme pour soigner contusions et hématomes. Très prisée dans le Tarn ou l’Aveyron, la cueillette des respounchous se fait au printemps dans les haies ou les sous-bois broussailleux. J’adore aller ramasser des respounchous. C’est mon enfance qui remonte à la surface. Je montre à la petite comment faire.
Et voilà un dimanche qui se termine. Maintenant que tu es vaccinée, Lilie, je suis la seule graine à ne pas être vaccinée!
La voix de Lilie
Les frissons sont passés dans la nuit, remplacés par un mal de tête lancinant. J’ai envie de dormir mais la douleur m’en empêche. Je somnole. Finalement mon mari me dit qu’il y a des dolipranes dans la salle de bain à côté de la chambre. Si j’avais su plus tôt ! J’en prends un pour calmer ce mal de tête. Au bout d’un moment ça va mieux et je peux m’atteler à cette journée.
Après la semaine difficile que nous avons passée, un dimanche au calme nous fait du bien. Il y a beaucoup à faire dans la maison et je veux passer quelques coups de fil pour garder le contact avec ma famille.
Après le déjeuner, nous allons chez ma fille qui a laissé son chat pour partir chez ses beaux parents. D’accord, nous sommes en confinement. Sauf que ça devient long lorsqu’on ne fait que travailler et s’occuper de ses petits. Ma fille a besoin de s’aérer un peu. Et nous, nous gardons le chat. Nous aurons notre tour en mai.
Je profite de ce temps pour appeler ma nièce. Elle attend un petit garçon dans les semaines à venir. Elle me parle de son bonheur, de ses préparatifs, de ses craintes aussi. Des souvenirs de ce temps béni remonte en moi. La première grossesse, le premier enfant. Quelle merveilleux moments. Les plus beaux de toute un vie. Quand tout est bien…
Au retour j’appelle ma sœur – c’est la journée téléphone – puis ma mère. Finalement je n’ai vu personne mais j’ai beaucoup discuté. Magie des ondes !
Si on avait mis le poêle en route, j’aurais dit, soirée au coin du feu, là c’est plutôt soirée plaid canapé. Le dimanche se termine déjà et avec lui le week-end. Syndrome du dimanche soir. Pas envie de demain..
Du soleil ce samedi, mais le vent est glacial. Grasse matinée pour tout le monde aujourd’hui. Avec mon mari, nous partons courir sur le chemin du train, direction Albi cette fois-ci. Je prends plaisir à courir sur ce chemin que nous connaissons par cœur. J’y ai mes repères. Dans cette direction, il y a la petite église adossée à une ferme, St Clément, et un peu plus loin, une maison dans les arbres, au milieu de rien. La maison dans les arbres a disparu. A la place, des petites cabanes en bois et à proximité un âne, une chèvre, des poules, des serres. J’entends des enfants qui jouent, de la musique.
Une fois rentrée, je prépare une sauce tomate. Elle nous servira pour ce midi, mais aussi pour la pizza de ce soir. Puis j’abandonne ma cuisine pour terminer d’appliquer la lazure sur ma treille. C’est mon mari qui prend en charge le repas. Nous mangeons à l’intérieur aujourd’hui. Il fait vraiment trop froid dehors. Mon mari m’a accroché une des treilles au mur. Je suis contente du résultat, et de mes rosiers.
Cet après-midi, c’est repos. Juste une mini sortie au village pour jeter nos poubelles de verre, descendre jusqu’au lavoir, monter au moulin puis à la croix qui surplombe le village. La petite me questionne. Pourquoi y-a-t’il des croix partout avec Jésus dessus?
La voix de Lilie
Ce matin, c’est le grand jour. Je me fais vacciner. Avec ce vaccin tant decrié. Mon mari et plusieurs graines l’ont déjà eu sans encombre. On verra bien. Je suis contente parce que c’est un premier pas vers la liberté de vivre à nouveau comme avant, presque comme avant.
Ma mère nous annonce la naissance du 1er bébé 2021 de la famille. Une petite cousine. 3 bébés vont arriver. Le petit garçon de ma nièce dans un petit mois, mon petit fils ensuite. Toute la famille s’extasie sur la photo de cette jolie petite fille. Nous souhaitons très fort que notre petit garçon arrive en forme, pour les photos, ce sera différent.
Après ma vaccination, je rejoins les graines pour passer la journée entre filles. Notre hôte nous reçoit comme des reines. Thème La Réunion. J’ai apporté de quoi faire des punchs, rhum réunionnais et jus de fruit, une graine a fait des samoussas. Le plat principal est un civet de canard. Bref, nous passons un très bon moment, nous parlons de tout ce qui nous préoccupe en ce moment, covid, petits enfants, vacances, confinement et même que faire de nos vies maintenant que le travail est derrière nous (ou presque).
Nous avions envisagé d’aller marcher après le repas. Qu’il en soit ainsi, nous sortons à presque 17h ! Il fait très beau et bien meilleur que ces derniers jours. Nous bavardons en flanant sur les bords de Marne. La nature s’éveille, les gens commencent à sortir, tout le monde masqué. Sur le chemin du retour, nous déposons une graine au rer.
Après notre retour, mon mari vient me chercher car nous devons récupérer une plante pour la replanter chez nous. Nous buvons un dernier verre avant de rentrer. L’heure du couvre feu est dépassée depuis longtemps.
Le soir, la vaccination se rappelle soudain à moi. Je grelotte sous un plaid. Je me shoote au doliprane. Rien à faire. Syndrome grippal. Je me couche avec la sensation d’être grippée, courbatures, frissons. Je crois que je vais passer une mauvaise nuit… Il faut ce qu’il faut pour arrêter cette pandémie. Au temps de la peste on n’avait pas cette chance d’avoir un vaccin.
Le calme revient doucement après ces quelques jours de nuages noirs au dessus de nos têtes. Je reprends mon travail sans conviction, sans motivation. Ma tête est ailleurs. Je respire. Un peu mieux. J’intègre ce qui vient de se passer et ce qui nous attend. Je commence à me projeter, petit à petit. Et ma vie reprend peu à peu son cours.
Ce midi mon mari va déjeuner avec sa mère. L’occasion est belle d’inviter ma fille pour faire notre repas japonnais. C’est notre rituel préféré et il y a longtemps que nous ne l’avions pas fait. Nous en profitons pour parler de tout ce qui nous touche et en ce moment le sujet est tout trouvé. Nous parlons beaucoup d’elle, de ses enfants, de don travail. Je ne veux passer tout notre temps à parler d’un autre de mes enfants.
Après son départ, tu m’appelles Graine, et tu m’écoutes un long moment. Ta voix me rassure, me detend. Je me sens soutenue.
L’après-midi, toujours aussi peu de motivation au travail. Enfin le week-end se profile. Mon beau fils a terminé le plafond de notre salle de bain, je vais pouvoir envisager la suite.
Le soir, un bon apéritif dinatoire avec mon mari et une seance de baignade pour finir de se détendre. Le week-end est là, demain vaccination et repas avec les Graines. Soleil dans mon coeur.
La voix de Graine
Même à la campagne, les journées peuvent être chargées. Ce matin, la retraitée que je suis bénéficie d’une formation, pour la gestion du contenu de notre site jacquaire. C’est moi qui suis à l’initiative de cette formation, c’est moi qui donne l’impulsion, qui formule la demande, propose les exercices concrets, mais ce n’est pas moi qui forme et c’est bien comme ça. Au passage, je glane des informations, des savoir-faire. Ce que je souhaite avant tout, c’est que tous ceux qui sont amenés à mettre à jour le site, sachent faire aussi et que ceux qui expriment des besoins connaissent les limites de l’outil. Bref, je retrouve les réflexes acquis dans ma vie professionnelle. Rien ne se perd…
Actuellement, la mise à jour du site est inconfortable à cause notamment des temps de réponse. J’ai réclamé des moyens, obtenu des devis, partagé ma position en expliquant, indiqué un besoin de décision rapide….Le président, qui a toute confiance, convoque le bureau, en présentiel…Cela m’amuse. Je n’y crois pas! Pas de souci, l’évolution du site se fera en fonction des moyens alloués.
Je débute mon après midi en t’appelant Lilie. Je t’appelle du dehors, avec le téléphone fixe. Ma fille est en train de déjeuner à l’intérieur. Elle vient de terminer sa réunion. Pas possible d’aborder tous les sujets…Moi aussi, ton appel me fait du bien. Cette épreuve t’a épuisée. Le week-end va être le bienvenu. Je suis bien contente d’apprendre que vous allez vous retrouver entre graines.
Ce soir, les voisins viennent manger, avec leur petite fille. Ce 3ème confinement , hormis qu’il se situe à la même période, ne ressemble en rien au 1er confinement. L’année dernière, nous n’invitions personne, sauf sur whattsapp ou Zoom. Cette année, nous prenons des libertés. Nous essayons de vivre, malgré la pandémie, et c’est vital. Une pandémie qui n’en finit pas. Les vaccinations peinent à ralentir la propagation du virus. Qu’est ce qui nous attend encore sur le front du Covid? Pour nous ici, pas de vaccination prévue. Nous attendrons notre retour à Paris.
Après ton appel, je commence à préparer le repas du soir. Un complément de courses au village pendant que la petite est partie à la base de loisirs avec les voisins, l’application d’une couche de lasure pendant que mon mari épluche les fraises et les asperges…Nous passons à table tard.
Les petites jouent, courent, se chamaillent, mangent à peine. Deux petites brunettes dynamiques qui savent ce qu’elles veulent. Les poupées et nounours vont et viennent dans la maison, mangent, dorment, pleurent, sont malades. Nous partons nous coucher épuisés, mais nourris autant de convivialité que de nourritures et de boissons.
Le soleil toujours d’actualité. Le Covid aussi. Aujourd’hui, à la place des reprises de peinture dans mon salon et ma cuisine, j’entreprends de lasurer les treillis que j’ai achetés pour mes rosiers. Et puis le ménage, les courses. L’éternel recommencement. Nous avons des invités demain soir, nos voisins, avec leur petite fille. Eh oui, depuis hier, la petite fille de nos voisins est revenue. Et la nôtre, petite, ne sait plus où donner de la tête. Il y a la petite voisine de droite – 18 mois , la petite voisine d’en face – 4 ans, et la copine de son âge, en ligne…Entre deux séances avec les copines, nous regardons sur le site de l’école ce qui était prévu pour la semaine dernière. Ma fille n’avait pas reçu le mail. Sa messagerie était pleine. Je re-découvre les inventions de Léonard de Vinci: Le parachute, la catapulte, la calculatrice, l’ornithoptère, le scaphandre… Nous lisons aussi, des livres de mes enfants.
Sur le front du Covid, ce soir, nous dépassons les 100 000 morts. Comptage morbide. Comptage statistiques.
Ta peine me touche Lilie, et ta colère et ta rage. Je m’en veux de ne pas t’appeler, toute happée que je suis par le présent et le temps qui file. Ecouter, c’est si simple, et si difficile. Je t’entends au vol, au milieu des graines, tandis que je rentre des courses, Ton horizon et celui de tes enfants s’éclaircissent un peu. Courage Lilie. Il y a de beaux jours à venir, j’en suis certaine.
La voix de Lilie
La matinée se passe dans l’angoisse la plus totale. Quel sera le diagnostic. Est-ce que cet enfant va pouvoir naître ? Je m’occupe de mon petit fils pour détourner mon cerveau qui pense en boucle. Puis je vais télétravailler car j’ai deux réunions à suivre ce matin. Midi. Midi trentre. Toujours pas de nouvelle. L’angoisse monte d’un cran. Est-ce normal ? Est-ce mauvais ? Est-ce bon ? Ma fille nous a rejoint ce midi. Nous faisons des croques monsieurs. Nourriture régressive, apaisante. Difficile de manger.
Enfin mon fils appelle. Les nouvelles sont bonnes. Il arrive pour tout nous raconter. Le voir enfin me fait un bien fou. Il est heureux que l’enfant puisse naitre, même avec quelques problèmes. Il fera face. Il a la force. Nous serons tous auprès d’eux. Ce ne sera pas facile, mais c’est bien mieux comme ça. L’enfant n’est pas encore là, pourtant l’attachement est déjà si fort….
Du coup, l’après-midi se passe plus sereinement. Je rappelle les Graines qui m’ont soutenue ces derniers jours par leurs messages ou leurs paroles. Je me detends. Le soleil revient dans mon coeur.
Comme hier, une belle journée ensoleillée aujourd’hui. Après le petit déjeuner, nous partons faire une petite balade matinale avec mon mari et le chien. Je prends des photos. La lumière est belle, les photos difficiles à prendre à cause des ombres qui tapent l’incruste. J’ai envie de faire une carte postale pour les graines, particulièrement pour la graine dont c’était l’anniversaire hier. 2ème année consécutive que son anniversaire tombe en plein confinement, ce n’est pas cool. Pour midi, je dois préparer ces fameuses lasagnes que je promets depuis plusieurs jours. C’est aussi le dernier jour d’école avec la petite. Le tout prend la matinée. Le 1 ° de ce matin 8 h s’est transformé en 17 ou 18° à partir de midi. Avant le repas, les filles se remettent à leur plantations. Nous décidons de déjeuner dehors. Il fait beau et chaud. Un petit rosé frais …Nous profitons pleinement de notre petite cour. L’été, ce n’est pas possible de manger dehors le midi, il fait beaucoup trop chaud. Après le repas, mon mari plante le rosier grimpant. Le jardin s’embellit. Cela me plaît bien. Une fois que tout est rangé, et que la petite voisine est à la sieste, l’après-midi est pour moi. La petite joue en ligne avec sa copine parisienne.
Le temps file vite. Ma carte postale à envoyer, des mails à traiter… J’arrache tout de même un peu de temps pour aller chercher le matériel de peinture au dernier étage. J’ai des reprises de peinture à faire dans la cuisine, dans le salon suite aux travaux de maçonnerie qui ont été effectués. Pas très ambitieux comme projet, mais il faut commencer…
L’appel des graines ce soir, comme un vent d’ailleurs, un partage des peines et des quotidiens, puis une brève escapade pour aller acheter le pain, passer à la librairie, acheter du treillis pour mon rosier….
J’espère bien que pour toi, Lilie, le gris va s’éclaircir. Fais confiance aux médecins, à tes enfants. Ne pas pouvoir influer sur le cours des choses, voir souffrir ses proches, c’est insupportable.
La voix de Lilie
Véritablement une journée noire. Le moral tout en bas. Nous gardons les 2 petits, voilà qui oblige à se bouger et empêche, un peu, de trop penser. Le temps s’est adouci et nous permet de sortir un peu de la maison. Je joue avec mon petit fils à faire des patés de sable au fond du jardin. Ça vide la tête.
Lorsqu’ils ne sont pas là, je pleure beaucoup sur le bonheur de mon fils qui se voile de plus en plus. Chaque jour amène son surplus de mauvaises nouvelles. Où cela va-t-il s’arrêter ? Quelle suite à cette grossesse ? Pourquoi ce problème après tout ce qui ce qu’ils ont traversé pour avoir ce bébé ? J’ai une peine immense mais aussi la rage, la haine de les voir subir cette injustice. Je me demande quelle force, Dieu, Diable, commande notre destin. On ne maîtrise pas ce qui nous tombe dessus, on subit simplement et on s’adapte. Je n’arrive même plus à parler sans pleurer. Il y a bien longtemps que je n’avais pas eu une telle peine…
Le soir je ne peux même pas parler avec les graines. J’essaierai demain si les nouvelles ne sont pas pires encore… En tout cas, demain on sera fixé. Mon fils a rendez vous demain matin avec les spécialistes.
Pour ajouter une couche, mon mari ne veut plus de la vie que l’on mène….
Une graine m’appelle en fin de journée et j’arrive à m’exprimer. Elle m’écoute avec bienveillance. Elle me fait beaucoup de bien.
Sur le front covid, mon médecin me vaccine samedi. Bien bien.
Après un matin frisquet, il fait un grand soleil aujourd’hui, avec un beau ciel bleu. Le 13 avril,ce n’est pas une bonne date pour moi. Elle est porteuse de souvenirs difficiles. Au fur et à mesure des années qui passent, les jours se colorent de gris ou de rose, c’est selon. Il faut veiller à ce que le gris ne prenne pas le dessus. La vie en rose, c’est tout de même plus sympa! Il me semble bien que le 13 avril, c’est aussi l’anniversaire d’une graine! Je lui ai envoyé, tardivement, un message, mais comme je ne capte qu’au dernier étage, je n’aurais la confirmation que demain.
Aujourd’hui, journée courses. Comme partout ailleurs, les courses, c’est fastidieux, et ça prend du temps, surtout quand on manque de repères. Comme d’habitude, je me laisse déborder par le temps. Il n’y aura pas de lasagnes ce midi comme prévu, mais du poisson. Et c’est mon mari qui prépare.
Un peu d’écriture cet après-midi, puis nous sortons cabane , poupée, landau dans la cour, au soleil. Entre les araignées, les gendarmes, les fourmis, les lézards, les escargots, la petite ne sait pas où donner de la tête.
C’est décidé, demain, je m’active. Comme les escargots, je vais sortir de ma coquille, prendre confiance et m’aventurer. Dans quoi, je ne sais pas encore…
La voix de Lilie
Ma fille dépose petit fils ce matin. Elle me console. C’est elle maintenant la plus forte des deux. La roue a tourné. Moi un rien me démonte, alors quand ce n’est pas rien, imagine Graine. Aujourd’hui donc, petit fils est à la maison. Comme j’ai beaucoup de réunions c’est son papy qui le garde. Les réunions ça permet d’oublier sa peine. Un peu. Pas de nouvelles de mon fils, je n’ose pas appeler pour ne pas le déranger. J’ai toujours peur de le brusquer, mettre la pression comme il dit. Seulement j’aimerais des nouvelles. Je ne pense qu’à ça. Demain je lui enverrai un mot.
Ce soir les deux petits sont là, ma fille est revenue déposer petite fille. La nuit risque d’être hachée…
Lundi 12 avril, c’est la semaine qui redémarre… Je suis inquiète car Lilie, tu es restée muette hier …C’est certainement normal, ta journée se promettait d’être chargée. Une confirmation que j’ai dans la journée. Chapeau Lilie, ta table est magnifique. Recevoir 12 personnes, ce n’est pas rien, même pour une raclette. Je ne suis pas sûre que j’en serais capable. Sûr que ça me mettrait en panique. Aujourd’hui, il ne pleut plus. Mais il fait froid et le soleil peine à sortir. Mais, il arrive, tout de même, et ça fait du bien. Aujourd’hui, c’est jour de lessive, et jour d’école aussi, pour rattraper le retard pris la semaine dernière. Nous commençons par une mini séance de yoga, puis nous reprenons les sons, l’écriture des lettres, l’écriture des chiffres. Tout se passe bien. La petite fait preuve de bonne volonté. Pour la pause, nous écoutons Henri Des raconter des histoires. Tout se passe bien, sauf que, hormis la maison, la cuisine, et m’occuper de la petite, je ne fais rien d’autre et l’ennui commence à pointer son nez! Inventer, trouver pour créer et prendre du plaisir, pas si facile au quotidien. Et qui plus est, il fait froid. Nous passons voir les voisins pour les inviter un soir. Nous rangeons un playmobil pour commencer la construction d’un lego… Une escapade pour aller chercher le pain au village et à nouveau, me voici devant les fourneaux. Mon mari est parti courir, ma fille travaille, la petite joue. Pas de plantations aujourd’hui, nous verrons demain.
La voix de Lilie
Il y a 60 ans, le premier homme partait dans l’espace. Il y a 60 ans, mes parents se mariaient, un peu contraints par les obligations de l’époque lorsqu’un ventre s’arrondissait. Il y a 70 ans naissait mon amie disparue depuis longtemps déjà par le choix du désespoir. Aujourd’hui j’ai appris une nouvelle difficile, alors je n’ai plus de voix.
Les jours qui viennent m’en diront plus, mais l’histoire sera compliquée. Il est impossible de comprendre pourquoi les épreuves nous sont imposées. La seule possibilité est de les accepter. Alors essayons de faire pour le mieux.
La pluie pour ce dimanche de confinement, à peu prés partout en France métropolitaine. L’année dernière, c’était le week-end de Pâques. Nous avions beau temps certes, mais il y avait de la tristesse parce que nous étions confinés à deux. Cette année, nous avons élargi notre cercle de confinement en intégrant nos proches, et le périmètre de 1 km s’est élargi à un périmètre de 10 km. Ce matin, grasse matinée. Puis, avec mon mari, une petite randonnée au dessus de Lautrec, la randonnée des crêtes, histoire de prendre un peu de hauteur. Quand nous rentrons, il se met à pleuvoir. Pour la préparation du repas, tout le monde s’y met. Ensuite, nous faisons un après-repas cocooning coin du feu, tandis que la petite joue en ligne avec sa copine restée à Paris, à 700 km. On peut critiquer, mais la technologie, tout de même, ce n’est pas mal.
Le passage à la librairie est au programme. Elle ouvre trois fois par semaine, de 15 h à 18 h. Ce serait bête de ne pas sauter sur l’occasion. Je sors de la librairie avec le dernier livre de Nancy Huston, le petit prince et le Kontroller de Kastatroffe.
Il continue à pleuvoir, nous reportons le jardinage à demain. Sais-tu, Lilie, que nous avons utilisé notre compost pour nos plantations? Un peu, car nous n’en avons pas beaucoup! Dedans, il y a des vers de terre. Le compost, ça prend du temps à se mettre en place. Cela fait deux ans que nous avons installé notre boîte à compost, mais nous ne sommes là qu’épisodiquement.
Ce soir, séance de méditation – je tombe en panne de batterie. Zut de zutos!
La voix de Lilie
Une journée intense. J’ai mis un réveil ce matin pour me lever suffisamment tôt pour préparer le repas. Je suis restée en heure d’hiver, j’ai beaucoup de mal à me réveiller et à même à vivre dans ce nouvel horaire. Heureusement, car l’idée de faire une raclette pour ne pas avoir à cuisiner est un leurre ! Je prépare un buffet apéro, des fraises poyr dessert. L’heure tourne, j’ai l’impression de ne pas avancer. Tout me prend beaucoup de temps. L’âge ? Nous sommes 12 à table plus les 2 petits (ce n’est pas très covid compatible, heureusement qu’il y a des vaccinés parmi nous) , la table avec ses 2 rallonges est à son maximum. Il faut trouver des chaises, je n’ai pas de nappe assez grande. Mon mari s’occupe de la table. Il est midi, ma fille arrive avec les petits. Son mari et elle m’aident à terminer les toasts et couper les wraps. Je file à la douche. Tout est ok.
13h, tout le monde est là. La détente peut commencer. Entre tous, beaucoup de bruit. Les petits s’amusent, courrent, rient, s’expriment et ne font pas la sieste. Même la petite ne veut pas rester dans son lit. Les grands parlent, rient. Une journée à l’intérieur car le temps est froid et il pleut la majeure partie de la journée. Heureusement que nous sommes ensemble, ça change du quotidien.
L’après-midi se déroule à grande vitesse comme tous les bons moments. Après le départ de nos invités nous rangeons la maison puis nous nous plongeons pour 1h de detente dans le jaccuzzi.
Je passe la soirée à discuter au téléphone avec une graine. Et voilà un dimanche terminé.
Bravo Graine si tu as réussi ton compost, le mien est très jeune et très alimenté. Je persévère.
Ce soir j’ai appris que je deviens éligible au vaccin. J’espère que je vais arriver à me faire vacciner très vite pour être tranquille. Pour l’instant, impossible de s’inscrire près de chez moi. Là encore, je vais persévérer.
Samedi de confinement, à la campagne, pour certains.
Grasse matinée, jogging sur le chemin du train, le chemin des droits de l’homme, tandis que les filles font du vélo. Pour le repas de midi, une grande salade composée, en prévision de la raclette prévue pour ce soir. Cet après-midi, nous allons acheter des plantes. C’est essentiel. Des rosiers, des plantes aromatiques, des vivaces, un pied de vigne.
Des nouvelles des graines, de la Réunion. Le volcan de la Fournaise est en éruption, le Stromboli en Italie, et aussi le volcan de la Soufrière à St Vincent, une île caribéenne proche de la Martinique, la pandémie n’empêche pas la terre de bouger. Mais, nous, nous ne bougeons plus, presque plus.
Après une halte à la base de loisirs, pour que la petite se défoule un peu, nous rentrons nous occuper des plantes. Les filles plantent des vivaces, mon mari le pied de vigne et un rosier, et moi, je m’occupe des ronces et des mauvaises herbes qui ont pris possession de notre bordure de mur à l’extérieur. Demain, une nouvelle séance de jardinage est prévue car nous n’avons pas terminé.
La raclette de ce soir, un moment épique. Dès que nous branchons l’appareil, le disjoncteur saute. Nous testons différentes prises, débranchons tous les appareils …pas moyen. Et la raclette attend. Pour finir, nous allons sonner chez les voisins pour leur emprunter leur appareil à raclette. Heureusement qu’ils n’avaient pas prévu raclette ce soir! Notre appareil à raclette nous a accompagné de longues années. Peut-être qu’il est mort, tout simplement.
Bon week-end de repos, Lilie. Mais renseigne-toi, normalement, il n’y a pas école la semaine prochaine, sauf que les parents ont quand même prévu de te laisser le petit, vu qu’initialement, les vacances ne devaient démarrer que le 17 avril!
La voix de Lilie
C’est tout à fait ça Graine. Les parents seront en congés la semaine prochaine. Celle là n’était pas prévue, elle vient en remplacement de la dernière semaine d’avril.
Aujourd’hui, courses et un peu de cuisine car demain nous avons du monde et nous faisons : une raclette ! Avec 3 appareils qui j’espère ne feront pas sauter les plombs ! Comme quoi le temps d’hiver en ce moment appelle les plats d’hiver.
Je profite d’un moment de tranquillité pour faire quelques plantations. Fond de carottes pour faire pousser des feuilles, fond de poireau et d’oignon pour tenter la repousse. Le jardin, pour moi, c’est de l’expérience. Je m’amuse. J’aère le compost aussi car il sent plus la poubelle que la forêt ! J’ai beau suivre les conseils, pour l’instant le processus a du mal à démarrer. Je suis persévérante, je vais y arriver. Un jour !
Ma mère appelle car elle se fait du souci pour mon mari vacciné par l’aztrazaneca. Elle entend tellement de choses sur ce vaccin, qu’elle a pris peur. Je la rassure. Il faut vraiment arrêter de regarder les informations. Ça devient trop. Tout devient impossible. Tout est bloqué. Sous prétexte d’informer les médias ne font que rapporter des situations sorties de leur contexte et surtout de leur probabilité de se produire. Si nous avions eu autant d’information du temps de Pasteur ou du temps de la pillule, que ce serait il passé ? Rien ne peut être parfait, mais nous n’avons pas le choix. Cette fois ci ce n’est pas chacun pour soi, c’est tous pour tous.
Je relis le journal de l’année dernière. J’aime me replonger dans ce début de confinement. Le ras le bol était déjà là. Nous étions plus isolés que cette année, la famille nous manquait beaucoup. Cette année, nous sommes centrés sur nos proches, c’est plus facile à vivre. Et puis l’habitude s’est prise de vivre sans distractions. L’an dernier le temps était bien meilleur que cette année. Nous promenions autour de la maison. Aujourd’hui nous avons 10km de rayon, mais il a pleut beaucoup et il fait frais.
Le début du week-end, c’est ce soir…Les télétravailleurs vont s’arrêter de travailler un peu plus tôt. Une sortie avant couvre-feu s’envisage, une balade courses par exemple!
Ce matin, à 10 h, j’ai réunion, avec le développeur de notre site jacquaire. Nous sommes 7 dans la réunion visio, mais les informaticiens, c’est nous. Toujours autant de stress qu’avant au boulot lorsque j’anime une réunion. Pendant ce temps, la petite joue à côté de son Papy qui travaille. Notre point dure à peine un peu plus d’une heure. Chic, je vais pouvoir assurer la préparation du repas. Conclusion de la réunion: Il va falloir se retrousser les manches si on veut faire évoluer le site. Au moins, c’est dit. J’ai tout de même pu faire corriger deux ou trois erreurs grossières sur lesquelles nous n’avions pas la main. Cet après-midi, l’école, entrecoupée d’une course à pieds qui fait office de séance de gymnastique. Bien sûr, je perds. Ma petite fille précise que le préau est plus petit que le chemin en côte que je lui fais gravir. Au passage, nous découvrons les artichauts, les iris, le voisin qui fait du miel. J’ai enfin pu lui dire que son miel était très bon.
En guise de récréation, nous optons pour l’arrachage des mauvaises herbes. C’est une activité qui plaît beaucoup à ma petite fille, et à moi aussi d’ailleurs. De quoi se défouler avant de reprendre l’exercice d’écriture. Le plus dur pour ma petite fille, c’est de rester assise sur sa chaise face à la feuille.
Ouf, c’est fini. Départ pour les courses, ma fille et ma petite fille vont au supermarché à 10 km. Mon mari et moi allons au village à côté, histoire pour mon mari de dire bonjour aux commerçants du village. Le ciel s’est voilé cet après-midi. Va-t’il pleuvoir?
La voix de Lilie
La semaine de télétravail s’achève. Je dois avouer que je n’ai pas été très efficace ni très impliquée. J’ai fait ma première démarche de préparation à la retraite, et ça, ça fait plaisir. Mon seul objectif professionnel est d’augmenter mes jours de CETR pour partir début mars. -23 mois.
Petit fils s’est réveillé vers 7h30. C’est difficile pour moi car je me couche trop tard. Chaque soir je me dis que je dois me prendre en main, moins jouer et me coucher plus tôt, et chaque soir, je recommence à jouer et à me dire de ne plus le faire…
Nous commençons la journée en faisant des langues de chat et une mousse au chocolat. Petit adore. Et lui qui ne mange rien, dévore les petits gâteaux qu’il a fait. Je le laisse vers 10h pour honorer une réunion de travail. J’écoute de loin. Je suis perturbée. A midi mon fils vient déjeuner, j’ai besoin de voir qu’il va bien.
Pendant la sieste de petit fils, je travaille un peu. Puis nous reprenons nos jeux jusqu’à l’arrivée de sa mère et de petite fille. Petite fille a de la fièvre, nous l’emmenons chez le médecin. Rhinopharyngite. Covid ? Comment savoir, on ne teste pas les bébés. Que faire ? Tout le monde reste diner ce soir. Nous commandons un couscous par manque de temps pour cuisiner. Les enfants courent, crient dans la maison. Fièvre ou pas petite fille s’amuse. Ils sont tout rouge. Et nous, assourdis !
Le calme revient après leur départ. La semaine a été fatigante. Je sens que je n’ai pas l’énergie pour assurer plusieurs jours d’affiliés. Ma mère était pareille. Je la critiquais…. J’ai besoin de calme et je m’ennuie vite sans occupation choisie. En même temps j’aime les avoir, pas trop longtemps. La belle mère de ma fille prend 4 de ses petits enfants pendant 2 mois l’été, je suis admirative. Je ne suis pas certaine d’en être capable. Je crois aussi que c’est le manque de sommeil. Et la nostalgie qui m’enserre dans ses griffes. La tristesse, l’ennui.
Nuit glaciale, matinée fraîche, après-midi de grand soleil. 19 ° cet après-midi, difficile de tenir en plein soleil pour arracher les mauvaises herbes. Aujourd’hui, ici, c’est le démarrage de l’école à la maison. Je voudrais bien aussi trouver le temps de préparer ma réunion de demain sur mon site jacquaire. Ambitieux programme! J’ai commencé ce matin par ma séance de respiration à 7 h. Mais oui, j’y suis arrivée! Maintenant, l’école: Comprendre les instructions de la maîtresse, trouver crayons, feutres, colle, ciseaux, revues pour réaliser les travaux à effectuer, mettre ma petite fille au travail…Lecture, écriture, lettres, sons, chiffres … La préparation du repas, le déjeuner, le café dehors pour profiter du soleil…Je mets la petite devant un dessin animé avant la reprise de l’école. Mais il fait trop beau dehors, je ne peux pas rester à l’intérieur pour m’occuper de mon site jacquaire. Nouvelle séance d’arrachage de mauvaises herbes. Nouvelle séquence d’école. Ecriture des lettres. Pendant que ma petite fait une pause dessin, je tente un premier niveau de préparation. Je tente même un appel téléphonique …Entre la guêpe qui tente l’incruste, et les sollicitations de la petite…Difficile de mener à bien une activité ou de tenir une conversation. Tant pis. Il faudra faire avec.
Un tour au village pour acheter le pain, faire un peu de vélo, puis les jeux à la base de Loisirs: tyrolienne, balançoire, tobbogan, araignée…
Merci Lilie de nous repeindre le site …en attendant un relooking prochain.
La voix de Lilie
Les mamies graines sont à l’œuvre, confinement école oblige. Petit fils arrive vers 8h pour 2 jours. Je jongle avec le télétravail, j’assure les réunions pendant que mon mari emmène le petit chercher le chien de mon fils et pendant la sieste. Le reste du temps….
On a commencé la peinture d’un vaisseau spatial, on joue à l’école pour de faux, demain on jouera pour de vrai, il reste 2 exercices. Heureusement le soleil est de la partie et le froid moins piquant. Ça nous permet de jouer le matin sur la terrasse et l’après midi au parc. A cet âge, il faut courir, sauter pour bien dormir la nuit. Alors nous avons fait la course 1 2 3 partez, de la trottinette et du toboggan. Puis le soir pour se détendre joué aux dominos. Domino en bois qui s’est transformé en smartphone avec lequel nous avons de grandes conversations sur des aventures improbables de voitures cassées et de rendez-vous avec la dépanneuse.
3 ans et demi. L’évolution est rapide à cet âge, surtout avec le début de l’école. Son vocabulaire s’élargit, et surtout il utilise bien les nuances de langage, les faux mensonges, l’humour. Il prend sa place, fait la remarque si on oublie son verre ou sa cuillère à table. Il me met une pile au memory tellement sa mémoire est neuve !
L’heure du coucher arrive avec son rituel lecture, calin. Ce soir c’est la belle et la bête.
Et ouf. Repos. Oui, difficile de s’occuper d’autre chose avec les petits. Et encore j’occulte l’intendance, habiller, déshabiller, faire les repas, laver les mains, ranger la cuisine et… les jouets. L’avantage c’est qu’on pense moins comme ça.
Le froid revient, mais le soleil persiste. Et avec le soleil, la lumière, et ça c’est essentiel, ça fait du bien. Nous sommes enfin installés. Nous avons enfin pris possession de notre nouveau lieu de résidence. Les rosiers sont en fleur dans ma cour.
Le temps passe très vite à la campagne, encore plus vite qu’à Paris. Le petit déjeuner, le pain à acheter, les playmobil à monter, le jeu, la préparation du repas, le déjeuner, la lecture post repas, l’arrachage des mauvaises herbes, le papotage avec la voisine enceinte jusqu’aux yeux qui passe devant nos fenêtres avec sa petite fille…On bavarde, on mange du chocolat….Notre voisine attend son bébé pour la fin du mois. Sa petite fille a 18 mois. Pas beaucoup d’écart. Quand elle n’est pas chez elle, notre voisine est institutrice en maternelle. Avec sa petite et ma petite fille, nous faisons le tour du hameau. Ici les poules, ailleurs, la chèvre…et les travaux d’aménagement de la maison…Cela se termine sur une balançoire. Ici, se confiner signifie prendre le temps de parler avec les voisins. A L’arrivée de la petite voisine, la copine de ma petite fille qui a fini sa sieste, chacun retourne à ses occupations. Ma petite fille s’échappe. Je profite de ce temps « libre » pour tenter une mise à jour de mon site jacquaire. Beaucoup de sollicitations depuis le début de la semaine auxquelles je n’ai pas pu répondre. Finalement, le « copier, coller », quand on ne sait pas faire, ne fonctionne pas si mal.
Ce soir, la flemme, au moment de préparer le repas. Tout de même, j’épluche les légumes pour la soupe. Et, comme le froid est vif, je fais un gratin à la béchamel avec les brocolis qui sont déjà cuits. Et là, tout le monde s’y retrouve. Mon mari a réparé la porte du frigo. Un petit miracle que nous valorisons en ouvrant une bouteille de vin.
Hier soir, j’ai réussi à faire ma séance de yoga en ligne. Demain, je vais tenter de faire ma séance de respiration. Je dis bien « Esssayer ». Notre graine des îles nous envoie des photos d’un pot de départ à la retraite. Des photos de collègues. Je ne suis pas dessus, mais les copines, les ex-collègues, si…Comme le temps passe, j’ai l’impression que c’était hier!
La voix de Lilie
La nuit a été courte. Hier soir, petit fils qui veut être grand a refusé de mettre une couche. Les deux dernières fois qu’il a dormi à la maison, la couche était sèche le matin. J’ai dit oui. Inondation à 6h du matin. Reveil de petite fille. Je m’étais endormie vers 2h, difficile de faire surface et d’assumer les 2. D’autant qu’il faut être au top dès la première minute. Biberon, céréales, jeux.
Vers 9h, je recouche la petite qui a tout de même peu dormi. J’en profite pour faire faire un des devoirs à mon petit fils. C’est très facile pour lui, c’est rassurant. Ensuite on joue jusqu’au reveil de sa sœur. Bain pour chacun avant le déjeuner. Le plaisir de petit fils est d’aller commander une pizza au camion pizza. Ensuite, il ne mange que les bords !
Après le repas, tout le monde à la sieste. Sauf moi qui doit assister à une réunion de négociation pour mon entreprise. Et ça dure. Et pour rien. Discussions stériles entre une direction qui impose mais qui se doit de convoquer les syndicats. Je sors de là rincée.
Le soir pour me détendre, je fais un peu de cosmétique sur graine. Il y a du travail ! J’ai rétabli une version pas mal pour les ordi, je ferai les ajustements mobile une autre fois. Et je m’attaquerai à la page voyage aussi. Reste qu’après je ferais bien quelques changements de look.
Une France confinée pour la 3ème fois. Mais à part l’obligation de remplir une attestation pour aller faire des courses à 15 km, ce n’est pas ma préoccupation majeure. Aujourd’hui, pour moi, c’est journée d’installation à la campagne. Ce n’est jamais immédiat. Les courses à faire, les affaires à ranger, les réparations à engager …Un entre-deux, comme tu dis Lilie. Pour moi, c’est une 2ème journée d’entre-deux. Hier, pour le voyage, aujourd’hui, pour l’installation.
Après un début de matinée grisouillou, nous avons profité d’un grand soleil et d’un beau ciel bleu sans nuage. Ma petite fille va jouer avec la petite voisine. J’en profite pour aller faire les courses: une rallonge pour le tuyau de vidange, de la litière pour le chat et de quoi manger aussi, un minimum, pour amorcer la pompe. Après déjeuner, nous sortons les transats et les chaises de jardin dans la cour. Nous prenons le café dehors au soleil.
Pendant la sieste de la petite voisine, j’initie ma petite-fille au ramassage des mauvaises herbes. Nous faisons bien attention de ne pas écraser les gendarmes qui marchent deux par deux. Et quand ça commence à bien faire, on rentre jouer aux cartes, à la bataille. A l’abri du vent, quand je m’active, je suis bras nus. Nettoyer, ranger, préparer à manger sont d’actualité ici aussi …mais au grand air, avec un ciel que je peux voir, des fenêtres que je peux laisser ouvertes.
Pas eu le temps de m’occuper du site ni de répondre à qui que ce soit. Le temps passe très vite à la campagne. Et ce soir, le lave-vaisselle fonctionne.
Demain, promis, il y aura des photos, Lilie, s’il fait beau!
La voix de Lilie
Reprise de la semaine de télétravail aujourd’hui. Une semaine qui sera hors normes avec petits enfants à garder en plus. Du coup, je me préserve. Sport le matin, repas tranquille le midi. Je décroche de mon poste un peu avant 17h lorsque mon petit fils arrive. C’est l’effervescence à la maison. Mon fils qui essaie de reconnecter son nouveau téléphone à ses appli, mon beau fils qui termine la salle de bain, petit fils qui veut faire de la peinture, fille qui débarque avec petite fille. Confinement et télétravail vous offrent cette belle ambiance familiale ! Ce soir nous gardons les 2 petits. Pleine occupation garantie.
Le temps aussi est de la partie. Très surprenant. Le ciel est bleu et il fait très froid. A 18h, le ciel est très sombre et pourtant le soleil est là. Je me demande si on ne va pas avoir un arc en ciel. Que nenni, il neige. Nous regardons par la fenêtre avec petit fils. La neige tomber sur les tulipes….
Nous jouons avec les enfants, petite fille court derrière son frère. Nous finissons de peindre le château fort avec petit fils. Petit fils ressort mes cartes d’anniversaire musicales qu’il sait trouver dans le tiroir de ma commode et nous dansons sur happy birthday. Nos souvenirs font le bonheur des petits. Ensuite, préparation des repas. 3 services ce soir. Et 3 couchers. Après avoir couché petite fille, nous jouons aux dominos avec petit fils. Dominos des personnages, puis dominos des couleurs pour apprendre la règle et enfin domino des chiffres. Même sans savoir compter plus loin que quatre, petit fils se débrouille très bien pour lire les points sur les dominos.
2 heures de détente affalés sur le canapé pour se remettre de ce rythme soutenu.
La route aujourd’hui, une belle route avec du soleil. Ma fille fait la route de son côté avec sa fille et ses animaux. Nous avons préféré ne pas nous rendre dépendants les uns des autres. Je veux arriver plus tôt pour préparer la maison. Nous arrivons avant 17 h. La petite voisine nous surveille. Elle est déçue. Ma petite fille n’est pas avec nous. Elles sont très copines.
En matière de préparation, la maison fait de la résistance. En voulant déplacer le réfrigérateur, nous âbimons la porte. Elle ne ferme plus comme il faut. Commode pour un frigo. Et pour la machine à laver la vaisselle, le tuyau d’évacuation d’eau est trop court. Donc, pour résumer, la vaisselle à faire à la main, un réfrigérateur à acheter, le plombier chargé de s’occuper de modifier le raccordement de la machine à laver la vaisselle à rappeler. Pas moyen non plus de brancher la box. La loose complète. Et le voisin veut nous aider. C’est pire. C’est ça une maison de campagne, beaucoup de logistique, surtout quand la maison est vieille et les équipements un peu sommaires.
Les filles arrivent à 19 h 30 quand nous sommes en train de traverser la route pour aller voir le petit frère de notre petite voisine. Il a deux mois. La petite voisine est ravie – enfin!
La petite voisine n’habite pas vraiment ici. Ici, c’est chez Papy/ Mamie. Elle va rester jusqu’à mercredi pour passer du temps avec ma petite-fille. Donc, pour nous l’école, ce sera à partir de jeudi.
La soirée se termine devant une série. Ma fille a branché la box. Le télétravail pourra commencer demain.
Et pour le site qui bringuebale on verra demain aussi. Je crois que ma formatrice m’a répondu.
La voix de Lilie
Une journée de transition. Après le soleil et le monde hier, la pluie et la solitude aujourd’hui. Je me lève tard, je n’ai pas encore récupéré l’heure d’été… Pour un jour de pluie ce n’est pas étonnant. Après le café, je refais un repas pour ce midi avec les restes de saumon et des champignons. Pas de sorties prévues, pas de promenade. Je me mets sur internet pour chercher à réparer le site. Peine perdue. Alors je me mets devant une série pour 2 épisodes. Je la finirai un autre jour.
Les graines appellent et nous discutons à 4 pendant une heure. Nous rions beaucoup, ça fait du bien. La Réunion rentre dans le confinement avec la fermeture des restaurants et des bars, couvre feu à 18h. C’est dur. Nous, voilà 6 mois que nous sommes privés de sortie, je me demande même si on aura idée de sortir quand on aura l’autorisation. Moins on en fait, moins on a envie d’en faire. C’est valable à peu près pour tout dans la vie je crois.
J’ai abusé quand même des chocolats qui sont restés à la maison… Demain soir nous aurons nos 2 petits enfants, alors mieux valait bien se reposer aujourd’hui !
Dimanche de Pâques. La chasse aux œufs, le repas de famille… Et aussi l’anniversaire de ma belle-fille cette année. L’année dernière, nous n’avions pu le fêter qu’au mois de mai! Une nuit hachée menue par les réveils successifs de petit-fils. Minuit, 2 h, 5 h 30, 8 h 30. Je flotte dans la journée comme dans une mer de ouate. Je ne suis pas sortie de la journée. Ce matin, la coiffeuse. Elle est sympa, ma coiffeuse. Aujourd’hui, avec sa sœur, elle déménage sa Maman qui a un début d’Alzheimer pour l’installer chez elle. Elle est passée me faire la coupe et la couleur avant le déménagement parce que je lui ai dit que je partais …J’étais tellement ensuquée que je ne lui ai même pas offert un café. Ce midi, un bon repas, du bon vin. Les cousins jouent. Petit fils ne fait la sieste ni ce matin ni cet après-midi. Il n’arrête pas. Je suis sûre qu’il se sera écroulé dès arrivé au bas de l’immeuble. Nous étions contents de l’avoir cette nuit. Nos grands enfants aussi étaient contents de pouvoir faire une nuit complète.
Vivement ce soir qu’on se couche. Demain, nous avons un long trajet de prévu pour rejoindre la campagne. Je dois encore finir mon sac, mettre de côté quelques affaires de dessin et peinture à emporter. Ne pas oublier d’avouer qu’hier soir, j’ai « cassé » le site en lançant une mise à jour Divi. Je n’avais ni le temps, ni l’énergie, ni le savoir-faire pour m’en occuper sur le champ. Je viens d’envoyer un SOS à ma formatrice. J’espère qu’il sera entendu.
La voix de Lilie
Tu as dû être entendue Graine. Le site a repris des couleurs ! Avec un peu d’huile de coude on fignolera au fil de l’eau. De toute façon, il fallait qu’on fasse un peu de cosmétique, ce sera l’occasion.
Journée en famille aussi pour nous. Je fais des petites souris, des poules et des champignons avec des œufs de caille. C’est joli, et chronophage ! Je suis à la bourre lorsque ma fille arrive avec toute sa compagnie. Elle m’aide à terminer les verrines et je me jette à la douche.
Petit fils est impatient de faire la chasse aux oeufs dans le jardin. Il a aperçu par la fenêtre les petits paquets déposés sur la terrasse pour petite fille. Il faut pourtant attendre les derniers arrivants avant de se lancer. Qu’est-ce que c’est long. Enfin, le départ est donné avec le code couleur, les rubans bleus pour lui, orange pour elle. La terrasse pour elle, le jardin pour lui. L’an dernier nous avions regardé une vidéo et j’avais eu de la peine de ne pas pouvoir être là pour sa première chasse aux œufs. Cette année, je savoure. Le voir, courir dans tous les recoins du jardin, chercher, découvrir, sauter, rire, remplir son panier. C’est tellement mignon.
Ensuite, c’est le tour des grands. Apéritif, repas et un bon gros chocolat pour chacun. Ballon, singe, chouette, poule, champignon, vache, oeuf. Chacun le sien. Petit fils découpe tous les kinders pour découvrir les surprises et laisse le chocolat. Tant mieux pour son foie !
La journée passe vite quand on est tous ensemble. Le temps ne nous a pas permis de manger dehors, mais il nous a permis de rester sur la terrasse au soleil pour faire prendre l’air aux enfants.
Pas d’école la semaine prochaine cause covid, le planning est calé pour nous. Les devoirs sont même déjà arrivés à la maison !
Tolérance de sortie ce week-end, certains sont partis pour une dernière escapade. Quant à moi, j’ai la fièvre acheteuse: un disque dur, une visseuse/dévisseuse, un chromecast. En fait, mon mari étant en train de suivre une conférence sur zoom, je suis sortie pour acheter un poste de téléphone fixe que j’ai acheté, payé… mais que je n’ai pas eu. La gestion des stocks n’était pas à jour. J’ai acheté un téléphone virtuel! qui m’a été remboursé bien sûr. Beaucoup de monde partout. Des files d’attente devant les boutiques de chocolat, devant les magasins de grande distribution… Le soleil est revenu cet après-midi, mais la chaleur, non. Et les prévisions sont plutôt à la baisse côté température. Moi, Lilie, je n’ai pas rangé mes pull-overs. C’est trop tôt. Je suis trop frileuse. A l’idée de partir, je suis un peu surexcitée cet après-midi. Je papillonne d’une activité à l’autre. De mon site jacquaire aux courses en passant par un début de préparation du repas pour demain, la recherche des clés de la campagne, le rajout d’affaires dans le sac pour partir. Demain matin, il y a également la coiffeuse qui passe. Ce ne sera ni un gigot, ni une épaule d’agneau. Demain, nous mangerons un carré d’agneau. Ce matin, aux abords du marché, je rencontre une ancienne copine de yoga, une japonaise. Je pensais justement à elle. Elle n’habite pas très loin.
Cette nuit, nous aurons petit fils pour dormir. J’ai annulé l’atelier d’écriture que j’avais prévu ce soir. Ce sera une autre fois.
La voix de Lilie
Journée chargée aujourd’hui. Préparation du repas de famille pour demain. Faire la liste des courses, puis les courses. Le samedi, en période covid… Mon mari est maintenant vacciné, mais moi, je ne suis pas très sereine. Comme si à l’approche de la fin je craignais plus qu’avant de l’attraper. Ou parce que je suis maintenant la seule qui peut l’attraper dans ma génération et au delà. Pour demain, je me suis mis la barre un peu haut… Envie de décorer des œufs pour l’apéritif par exemple. Envie de faire des petits paquets cadeaux pour mes petits enfants parce qu’ils sont trop jeunes pour se gaver de chocolat, le tout alors que les magasins de jouets sont fermés. Bref, après 2h de courses et 3 magasins, tout est là.
Je passe l’après-midi à cuisinier. Houmous maison pour tremper des petits légumes, jardinière de légumes. Cuisson des oeufs durs de cailles et de poules. Demain je les décorerai. Il me restera le risotto et le poisson à cuire au dernier moment. Ensuite je fais tous les petits paquets que nous cacherons demain.
Tout est prêt pour que les cloches passent
Avec tout ça, je n’ai pas vu passer la journée. J’espère que je serai contente de moi…. et que tout le monde sera heureux d’une journée différente des autres autour d’un bon repas.
Enfin je me pose dans le canapé pour un peu de repos. Juste au moment où tu m’envoies ce message Graine. Tu as un peu cassé le design du site ! Je regarde un peu, tu me connais, je tourne un peu dans tous les sens pour trouver. Il faudra remettre divi et pour ça il faut une clé. On verra un autre jour, le site n’a que 2 lectrices !
Curieux vendredi saint, le 2ème de la pandémie. Dimanche, j’ai l’intention de faire une épaule d’agneau, avec des haricots verts et des flageolets. En entrée, des asperges. Pas très original comme menu, mais j’aime, mon mari et les enfants aussi. J’aurais bien aimé mettre un gigot, mais nous ne sommes pas assez nombreux. Pour le dessert, une tarte aux pommes ou aux poires… je ne sais pas. J’ai acheté les chocolats. La chasse aux oeufs se fait dans l’appartement chez nous. C’est moins fun, mais la tradition est respectée. J’ai enfin des réponses sur mon site jacquaire, parce que j’ai fait intervenir des personnes mieux placées …mais je suis déjà partie, je suis déjà ailleurs. Sur le site, nous n’avons pas beaucoup de marge de manoeuvre. Et ça va laisser des frustrations. Je ne comprends pas pourquoi certains n’ont pas réagi plus tôt. Lessive, ménage, quelques courses, un début de sac, une escapade de plus d’un mois se prépare un peu tout de même. Les copines autour de moi se font vacciner. Mes copains, les résidents de l’appartement d’handicapés ont également été vaccinés. Je leur ai dit que je ne viendrais pas pendant un mois. Je pourrais peut-être les appeler sur whatsapp? Ce matin, j’ai terminé ma dernière mini-séance de yoga du rire. Intéressant, mais un peu stressant. Cest tout de même plus sympa de se marrer pour de vrai entre copines.
La voix de Lilie
Les jours se suivent. Avec beaucoup de mouvements ces temps ci. Préparation fermeture des écoles oblige. Nous organisons le planning. La nourrice de petite fille prend son après midi. Du coup nous récupèrons la petite avant midi pour le repas et la sieste. Mon beau frère vient aussi déjeuner avec nous. Puis ma fille arrive pour faire son après-midi en télétravail chez nous. Petite fille à la sieste, je déménage mon bureau en bas. Nous télétravailons ma fille et moi chacune à un bout de la table. Coworking !
Je ferme vers 16h30. Week-end de 3 jours. Tout le monde rentre chez soi. Moi je me pose pour trouver un repas pour dimanche. A priori pas d’agneau pour nous, tout le monde n’aime pas. Je prévois de m’amuser à décorer des oeufs de caille pour l’apéritif pour amuser tout le monde. Ensuite j’ai envie d’un risotto aux asperges en accompagnement ou une jardinière de légumes. Le plat ? On verra en faisant les courses demain !
Un tour de repassage. Même endroit que le télétravail ; télétravail domestique. Et rangement de mes gros pulls d’hiver pour ressortir des vêtements plus légers. J’aime faire cet échange qui annonce les jours plus chauds. Dans le jardin, le poirier et les cerisiers sont maintenant en fleurs. On commence à voir verdir les arbres, les petites feuilles sortent des bourgeons. Le temps s’est rafraîchi après la journée d’été d’hier, mais le soleil et le ciel bleu sont encore là.
J’espère qu’il fera beau dimanche pour faire sortir les enfants. L’an dernier, le confinement nous a empêché de faire la chasse aux oeufs avec notre petit fils. Une vidéo nous l’a montré chez lui avec son petit panier. Cette année j’entends bien en profiter.
Pas de poisson d’avril aujourd’hui. L’année dernière, le 1er avril, j’étais confinée avec ma petite fille. Des poissons, nous en avions dessiné, découpé , puis nous avions joué avec. Cette année, ma petite fille est à l’école pour deux jours encore, ensuite, ce sera l’école à la maison, puis les vacances, avec une semaine d’avance.
Mais, cest décidé, lundi, le 5 avril, nous levons le camp, direction la campagne. Le « nous » se compose de mon mari et moi, mais aussi de ma fille, de ma petite fille, du chien, du chat, des vélos …Quand j’en ai parlé hier soir, elle n’a pas hésité un instant, ma fille, et elle m’a rappelé ce midi. Pour le principe, j’attends un retour de mon fils. Mais il ne bloquera pas notre départ, même si avoir ses parents à proximité, c’est bien commode. Mon petit fils va me manquer. Je ne vais pas le voir encore pendant un mois. Ce sera bien long. Je suis contente de partir. Paris me pèse. Même si ce confinement n’est pas un confinement strict, cette ambiance d’enfermement me tape sur le système.
Ce matin, j’ai fait un créneau de travail à ma coop. Entre deux activités, nous avons pris le temps de boire un café ensemble. Sur les quatre que nous étions, trois avaient déjà attrapé le COVID, dont un deux fois. J’étais la seule à ne pas l’avoir eu, encore que…Mais si presque tout le monde l’a attrapé, comment se fait-il qu’il fasse encore autant de dégâts? Tout cela me paraît bien étrange! Ce virus, nous n’en avons encore qu’une connaissance bien parcellaire. Quelles mauvaises surprises nous réserve t-il encore?
Notre départ proche me donne un regain d’énergie. J’en ai besoin pour préparer notre repas de famille de dimanche et préparer notre départ. Je vais laisser tomber les résidents de mon appartement d’handicapés pendant un mois.
La voix de Lilie
Encore une belle journée aujourd’hui. J’ai installé mon bureau sur la pelouse. Un tapis, quelques coussins, un carton pour mettre l’ordinateur à l’ombre et me voilà partie pour l’après-midi. Allongée sur la tapis, bronzage et réunions. Compliqué de restée éveillée dans ces conditions ! À un moment mes interlocuteurs entendaient même les oiseaux. Du coup, j’ai pris un grand bol d’air.
Après ma journée, je me lance dans la personnalisation de mon site pour les portables. Il me reste quelques pages issues d’extension que je n’arrive pas à modifier. Je cherche. Je vais trouver.
La semaine prochaine nous allons devoir garder notre petit fils. Nous n’avons pas encore le planning. Un ministre a dit ce soir que c’était facile de télétravailler en gardant ses enfants et même en leur faisant faire leur devoir. Je vais vérifier cet adage…. Pour sortir une telle énormité, peut-être que ce monsieur laissait sa femme s’occuper des enfants. Ou alors il a de l’humour, nous sommes le 1er avril !
Je suis contente pour toi, que tu partes dans ta campagne Graine. La nature est merveilleuse en cette saison.
Ah, et puis, donne moi ton menu pour dimanche, je suis en panne d’inspiration….
Dernier jour du mois de mars 2021 aujourd’hui et une situation sanitaire dégradée, presque pire qu’il y a un an…La différence: Nous ne sortons plus que masqués, et peut-être avons-nous moins peur? Surtout, nous en avons ras le bol car nous n’en voyons pas la fin.
Comme tous les mercredis, je vais chercher ma petite-fille à l’école à 11 h 20, puis un détour chez ma fille pour récupérer son vélo. Sur le chemin de la maison, je me fais interpeller par un ancien ambulancier qui me dit que je lâche trop la bride à ma petite-fille. « Elle doit toujours être à côté de vous » me dit-il. »Des accidents, j’en ai tellement vus ». Il a raison. Et c’est là que je m’aperçois que j’ai oublié de prendre le casque. Je partage avec la petite. Elle écoute, comprend, me parle de son copain qui a eu un accident chez lui contre un coin de table, mais « il n’est pas mort », me dit-elle. Que signifie la mort à son âge?
Après le repas, la petite joue avec ses barbies. J’en profite pour nettoyer à fond mon frigo. Nettoyage de printemps. Et nous partons pour son cours de danse, en vélo.
Ce soir, notre président Emmanuel Macron va parler. Que va-t’il annoncer? Je ne peux pas m’empêcher d’y penser. Ce mercredi, le soleil nous nargue, comme pour nous dire: « Vous ne bougerez pas d’ici ». J’en ai marre de ce masque sur le visage. C’est insupportable quand il fait chaud. 25 ° cet après-midi. Heureusement il y a de l’air. A l’ombre, je bouquine en attendant la fin du cours de danse, c’est agréable. Quand il fait beau, ma campagne me manque. Il y a trop de monde à Paris, ça me saoule. Une fermeture des écoles la semaine prochaine? Ce serait super de pouvoir partir. Mais est-ce que ce sera possible? Nous goûtons Place de la Nation. Un jeune garçon vient voir la petite. Il la connaît. Elle ne le reconnaît pas. Mais ça ne les empêche pas de jouer ensemble.
Ma fille ne mange pas avec nous ce soir, mais je fais tout de même la quiche. Par habitude. Et ma petite-fille en mange et ma fille un peu aussi.
J’ai réussi à débloquer les choses sur mon site jacquaire, en sollicitant les uns et les autres. Quand je n’y arrive pas, pour quelque raison que ce soit, je me démobilise vite et demander de l’aide, ce n’est pas facile.
La voix de Lilie
Petite fille se réveille une heure plus tard ce matin, nouvel horaire oblige. Les bébés, on ne peut pas la leur faire à l’envers. Ils ne lisent pas les horloges… Du coup à l’heure de déjeuner c’est l’heure de sa micro sieste du matin. On essaie le repas, plus léger, puis la sieste calée sur la bonne heure. Ça marche. On profite du jardin aussi. Petite fille tate de la pelouse. Le terrain est bosselé, elle se rattrape à chaque pas. Elle est prudente.
En fin d’après-midi je pars faire la radio écrasement total que toutes les femmes adorent. Ouf, tranquille pour 2 ans. Pour la prochaine, je serai à la retraite.
Avant le repas je me détends un peu dans le jacuzzi. Histoire d’aborder les nouvelles mesures avec philosophie.
20 h. Le président parle. Les écoles vont fermer et les vacances sont décalées. Ma fille avait anticipé la demande. Nous allons garder notre petit fils lorsqu’elle travaille. Je devrais m’isoler pour travailler moi aussi. Il va être un peu désarçonné parce qu’il a l’habitude que je joue beaucoup avec lui. Je vais alléger mon emploi du temps.
Graine si tu veux partir dans le sud, c’est ce week-end. Après il sera trop tard. Il va y avoir beaucoup de trafic du coup sur les routes ce week-end.
Une journée de plein été fin mars. Il fait très chaud cet après-midi, presque trop chaud. Le parc floral est blindé. Je suis avec ma petite fille et son vélo. Comme prévu, une graine vient nous rejoindre. Journée d’école aujourd’hui, je pensais que nous serions tranquilles. Mais c’est la semaine des Pâques juives, Pessah, et visiblement, beaucoup sont en vacances, enfants compris. Ils sont en famille, endimanchés, partout. C’est la semaine pascale pour les chrétiens aussi, mais ça passe plus inaperçu. Nous nous éloignons de l’aire de jeux pour nous éloigner du monde. Nous faisons un petit tour au jardin insolite où nous empruntons un livre « le singe et le léopard » pour une séance de lecture, assises dans l’herbe. La file d’attente est longue pour acheter une glace, mais j’ai promis et vu la chaleur qu’il fait, c’est adapté.
Des sculptures en grillage face au vendeur de glaces.
Le temps passe vite. Il nous faut rentrer, vélo, puis métro et à nouveau vélo. C’est long pour les petites jambes. Elle sera fatiguée ce soir. Ma séance de yoga de ce soir est la bienvenue. Je suis à deux doigts de m’endormir pendant la séance de relaxation. Je n’ai pas pu avancer sur mon site jacquaire. J’attends une contribution qui ne vient pas. Alors, je ne fais pas.
La voix de Lilie
Levée très tôt ce matin pour aller récupérer une passagère à l’aéroport de roissy. Ça roule bien à l’aller, moins au retour car nous arrivons sur l’heure de pointe. A l’aéroport, impossible de rentrer sans billet. Du coup impossible d’accéder aux écrans de contrôle pour savoir si le vol edt est bien à l’heure. La porte est encombrée de toutes les personnes qui attendent. Est-ce une bonne méthode pour la distanciation…. Moi j’attends plus loin. Au retour nous passons chercher les croissants pour un bon petit-déjeuner.
Une belle journée de printemps aujourd’hui. Il fait si beau que nous décidons de déjeuner dehors. C’est la première de cette année. Tant mieux pour notre passagère qui vient du soleil et qui va devoir se réacclimater rapidement. Nous discutons beaucoup de sa situation plus qu’inconfortable et de la fin d’une histoire qu’elle aurait aimé plus belle et plus longue. J’espère qu’elle va vite se remettre. Son entourage va l’aider.
Après son départ, petite fille arrive et nous changeons de rôle. Nous jouons dehors et dedans. 14 mois, elle sait franchir le seuil de la porte fenêtre en se tenant au chambranle, elle grimpe sur les fauteuils de jardin, elle monte les escaliers. Elle m’apporte mes chaussures de jardin pour que je les mette. Elle les essaie aussi !
Je me détends un peu dans le jaccuzzi après l’avoir couchée. Comme je me suis levée tôt, je vais aller me coucher tôt. C’est une chance, ça va me permettre de me caler rapidement sur la nouvelle heure. Bien mieux que lnan dernier où j’avais eu tant de mal.
Beau chaud et ensoleillé aujourd’hui. Je commence tôt, à 7h, par ma séance de respiration. Malgré cela, un moral en berne ce matin: la reprise des taches du quotidien, le manque de sommeil dû au changement d’heure, les modifications à faire sur mon site jacquaire … et puis, c’est dur d’être dedans lorsqu’il fait beau dehors! Pour arranger mon humeur, je passe 1 h 30 chez Darty pour commander des filtres à charbon pour ma hotte aspirante. Il n’y avait pourtant pas grand monde, mais pas d’employés non plus. La prochaine fois, je commanderais directement sur Internet. Je gagnerais du temps. Après le repas de midi, je fais la sieste sur le canapé. Je suis vannée. Et je n’ai pas envie de faire quoi que ce soit. Par message, ma fille me sollicite pour garder la petite demain. Du coup, je sais ce que je vais faire demain. En conséquence, je dois m’activer. D’abord, une petite séance d’1/4 h de yoga du rire où je me suis inscrite hier soir suite à la conférence sur ce même sujet. A écouter, c’est épouvantable, me dit mon mari qui a laissé les portes ouvertes. Il aurait dû s’enfermer! Je finis de nettoyer mes vitres. Je termine ma peinture. J’en fais une photo pour les graines, pour mes soeurs et pour ma professeur d’Arts plastiques. Des retours négatifs de cette dernière. A reprendre donc un de ces jours et je ne la mettrais pas sur le blog aujourd’hui. Ce soir un peu de repassage, et mon site jacquaire m’attend…. Dimanche matin, au bois de Vincennes, il y avait un groupe qui dansait la Rumba. C’était gai, entraînant. Je me serais bien arretée pour me joindre au groupe.
La voix de Lilie
Nouvelle semaine. Nouvel horaire. Que c’est dur une heure de moins à dormir. Une heure de moins parce qu’impossible de s’endormir sous prétexte que la montre affiche l’heure de dormir. Pas envie de m’y mettre. A rien. Je branche pourtant ma séance de sport et je m’y colle. Aujourd’hui je fais tout par obligation. Le cœur n’y est pas. Il fait beau, je suis enfermée. Par la fenêtre me viennent les rires et les cris des voisins qui font la fête. L’odeur du barbecue aussi. Je jetterais bien mon crayon pour me joindre à eux…. Après mon travail je pars promener une petite heure dans la forêt. A l’entrée les forestiers ont abbatus beaucoup d’arbres. Le chemin forestier est à nu. J’ai toujours beaucoup de mal lorsque je vois tout ces abattages. Je ne comprends pas l’utilité, certains arbres ont même été déchiquetés en copeaux. Pourquoi ? Je n’ai rien à dire, ce n’est pas mon métier, mais ces grandes trouées me font peur.
Je termine ma journée en faisant un tour sur mon site pour looker la partie mobile. Je mets encore du temps mais je cherche moins. Il est presque prêt à être présenté au bureau.
Ce midi nous avons fini les restes du pique-nique d’hier. Personne n’a idée de ce que l’on pourrait manger ce soir. Du coup, ce sera quelques pâtes et un bout de fromage. C’est de pire en pire….
Je ne suis pas ton professeur Graine, moi j’aime beaucoup ta lectrice. Elle me parle. Ou plutôt, elle me fait la lecture !
Une belle journée de printemps pour notre pique-nique à l’Arboretum. La journée commence par la préparation que je n’ai pas faite hier. Après le jogging, je remplis les sacs en essayant de ne rien oublier. Et c’est parti pour une journée de plein air entre graines. Les conjoints sont de la partie. Une graine est restée sur Paris. Nous avons effectué nos relances trop tard. Dommage! Ce sera pour une autre fois. Sur une grande nappe, la tapenade, le cake au thon, les crudités, une quiche au saumon et au poireau, une quiche aux lardons, des salades composées, du filet de boeuf, du fromage, avec du vin blanc, du vin rouge, du vin rosé. Et bien sûr pour finir du sucré: madeleines, boules coco, financiers avec du café! Comme c’est agréable de se retrouver.
Nous ne sommes pas tout seuls. Il y a beaucoup de personnes qui comme nous pique-niquent. Mais il y a de la place. Les hélicoptères tournent au dessus de nous. Nous sommes 7. Qui nous a dénoncés? Pour digérer, une grande balade dans le parc, qui se prolonge dans le jardin de l’école du Breuil. Arbres en bourgeons, arbustes en fleurs, du blanc, du rose, du rouge, du jaune, du rouge, du violet…La nature se joue de la couleur et des parfums aussi.
Le poirier de l’Arboretum
Pour rentrer, un bouchon jusqu’à Paris. Nous débordons de quelques minutes l’heure du couvre-feu. Une soirée tranquille pour terminer la journée. Nous sommes saoûlés de lumière et de vie.
La voix de Lilie
L’amitié est certainement ce qui nous fait le plus chaud au cœur. Comment remercier les graines qui ont chamboulé leur programme dominical pour que l’on puisse se retrouver aujourd’hui. Elles qui sont libres, moi qui travaille. Une journée sous le signe de l’amitié et des couleurs. Nuances des verts des arbres qui nous entourent. Nous avons installé notre pique nique sur la pelouse au milieu des conifères. Comme un air de montagne. Chacune de nous a préparé un repas et nous picorons de chaque plat. Rien ne manque. Au fil du temps nous sommes arrivées à un très haut niveau de pique nique ! Le ciel est très bleu et il fait très bon. Pour la première fois cette année nous pouvons quitter nos manteaux. Après le repas nous visitons l’arboretum et l’école d’orthiculture. Le soleil inonde et fait ressortir les couleurs de chaque fleurs. La nature s’éveille, chaque plante à son rythme. Qui en bourgeon, qui en fleur, qui en feuille, qui encore endormi.
Nous regagnons nos sapins, et comme les petites filles que nous sommes restées, nous passons sous les branches des cèdres pleureurs qui forment des labyrinthes et des cavernes. Nous jouons à la cabane.
Déjà le temps de partir est arrivé.
Oui, vraiment une magnifique journée.
Bien sûr, nous le savons toutes, c’est une journée volée à la pandémie. Les chiffres sont mauvais. Le vaccin trop confidentiel. Le confinement total se fait sentir. Nous avons « presque » respecté les règles. 6, 10km, rentrés à 19h. Mais en vrai, nous aurions dû rester chez nous. Moi, je prends cette journée comme un cadeau. Pour me tenir chaud pendant les semaines qui vont venir.
Aujourd’hui, c’est samedi, tout est dit! Mais ce n’est tout de même pas un samedi ordinaire pour nous, car petit-fils vient passer la journée avec nous. Ses parents nous l’amènent vers 11 h. Il ne restera pas cette nuit, car il est malade, une sorte de bronchiolite. Lui si gourmand d’habitude n’a pas grand appétit. Mais à part ça, tout se passe bien. 2 h de sieste avec son Papy, très fier d’avoir réussi à l’endormir, 1 h au square où nous sommes tous les 2 à lui tourner autour, et le jeu, les comptines. Nous sommes contents de l’avoir pour nous, tous seuls. Comme souvent les petits, même malade, il est souriant et aimable. Il joue comme si de rien n’était, juste une pause câline plus fréquente que d’habitude.
Ce soir, j’appelle ma petite soeur. Sa fille aînée a attrapé le Covid, et après investigation, c’est chez elle qu’elle l’a attrapé, et non dans les transports, de son copain, lui en ayant hérité de ses parents! Ses parents, malades, sont allés voir leur médecin qui, prenant en compte le fait qu’ils voient très peu de monde, n’a pas cru utile les faire tester! Sur l’instigation de ma nièce, ils se sont faits tester! Positif! Un médecin négligent, une chaîne de transmission parmi tant d’autres…
Mon mari appelle ses amis de Nice. Eux-aussi sont confinés. Et ils s’emmerdent. Car dans un rayon de 10 km, quand on habite la campagne, on ne fait pas grand-chose.
Je n’ai encore rien préparé pour le pique-nique de demain et j’ai pris rendez-vous ce soir pour un atelier d’écriture avec ma copine. Ce n’est pas raisonnable, mais je ne vais pas changer à mon âge. Et en plus, cette nuit, on perd une heure de sommeil! Tant pis, je récupèrerais plus tard.
Hier soir, j’ai encore écouté une conférence super interessante sur la Biodanza; cela donne vraiment envie d’essayer. Il paraît que la danse diminue les risques cardio-vasculaires. La danse, c’est ça qu’il nous faut. Il y a déjà beaucoup de graines qui s’y sont mises!
La voix de Lilie
Ah oui, bonne idée la danse. Pour le corps, l’esprit et le cerveau, parce qu’au delà d’arriver à réaliser les figures avec le corps, il faut arriver à retenir les enchaînements. Concentration, action, musique, détente.
Je me lève assez tôt pour un samedi. Comme si j’avais déjà changé d’heure. Moi qui déteste le changement dans ce sens. Au départ j’ai prévu une journée assez tranquille, quelques courses et cuisiner pour demain. A peine levée, fille appelle pour nous inviter ce midi. Accélération des actions. Douche, courses. La cuisine sera pour ce soir.
Nous nous retrouvons chez ma fille. Les petits sont heureux de nous voir chez eux. Habituellement, ils viennent à la maison. Petit fils nous montre ses jouets et nous faisons quelques parties avec ses jeux. Petite fille essaie de s’immiscer et de récupérer des pièces du jeu. Ma fille la met à la sieste, mais après moins d’une heure elle est réveillée. Il faut dire que son frère fait pas mal de bruit. Elle ne dormira plus jusqu’au soir. Son caractère s’affirme, très fort ! Nous sommes ses esclaves ! Elle me fait beaucoup rire.
Au retour je me lance dans la cuisine pour demain. Plus quelques petits gâteaux que je voulais faire depuis longtemps. Le temps passe vite quand on s’occupe et ça évite de penser.
Pour terminer la journée, je me glisse dans mon bain chaud. Détente assurée.
J’ai jeté un oeil sur la saison 1 par curiosité. Nous étions au 11ème jour. Moins loquace que cette saison. Nous étions en cours d’adaptation. Je pensais encore que 2 mois suffiraient…..
Une journée qui se termine, avec la pluie. Une journée de plus avec la pandémie en toile de fond, les vaccinations, et toujours ce foutu masque sur le visage. Les chiffres sont mauvais. Qu’est ce qui nous attend encore comme restrictions supplémentaires, comme annonces de mauvais augure? Ne pas savoir, fermer les yeux et les oreilles. Malgré tout, rester prudente. Ce matin, je peins et je fais mon ménage aussi – pas question de perdre la main et la maison doit être propre demain pour accueillir petit-fils. Ma peinture n’est pas finie. L’huile, c’est sympa, mais ça prend du temps. Pour retoucher, il faut attendre que la couche précédente soit sèche. Il faut travailler par petites touches. J’ai ma petite cousine au téléphone, celle qui vient d’avoir un bébé. Papotages de femmes: maternité, allaitement…Je lui parle naturopathie. J’ai suivi deux conférences hier soir, une sur la naturopathie dédiée aux femmes par une naturopathe bretonne et l’autre sur le bien être au féminin par une femme médecin professeur de yoga. C’était passionnant. Bien en rapport avec nos préoccupations, à nous, les femmes. Cet après-midi, je me rends à mon appartement d’handicapés en vélo, puisque le temps le permet et que mon poignet m’y autorise. Toute la matinée, j’ai attendu un coup de fil qui me dise de ne pas venir, rapport à la situation sanitaire. Mais non, ils m’attendent. Avec une résidente, je lis Cendrillon, avec une autre, dans sa chambre, un livre d’histoire pour les enfants. Nous abordons les dieux et les héros grecs. Ce n’est pas facile de savoir quel est le niveau de compréhension de mon interlocutrice. J’essaie de provoquer l’interaction, mais ce n’est pas simple. Je me fie au sourire sur le visage. Lui ne peut pas mentir. Pas de sortie aujourd’hui. Dommage. Je dois prendre du temps pour chercher des livres et des idées de choses à faire avec eux, histoire de diversifier leurs activités et d’apporter une contribution active et festive à leur quotidien. Le couvre-feu étant repoussé à 19 h, ce soir, on tente la pizza. C’est vrai, Lilie que nous sommes gâtées et que nous avons beaucoup. Nous avons pris des mauvais plis ces dernières années, des plis d’enfants gâtés. Je n’ai pas eu la chance de bien connaître mes grand-mères. Elles vivaient loin de chez moi. Mes enfants non plus n’ont pas eu la chance d’avoir des mamies présentes. Moi je suis contente de pouvoir être aujourd’hui cette Mamie présente qui joue, qui écoute, qui rassure, qui accompagne. A condition de ne pas être que ça!
La voix de Lilie
Enfin le dernier jour de travail de la semaine. Et la fin de la première semaine de reconfinement. Les chiffres sont toujours aussi mauvais et le vaccin avance trop lentement pour faire infléchir les courbes. Je pensais bêtement qu’en vaccinant les plus vieux et les plus malades les hospitalisation baisseraient mécaniquement. Eh bien non.
Ce soir en me relaxant dans le jacuzzi, je regarde la nature autour de moi. Les premiers bourdons butinent les fleurs. Deux petits oiseaux s’appellent et volètent d’arbre en arbre ou sautillent sur le toit. Haut dans le ciel, passent les perruches. Elles envahisssent peu à peu le territoire de nos oiseaux endémiques. Depuis quelques années on ne voit plus de merles dans le jardin. Les gros oiseaux, corbeaux, pies, pigeons sont encore là. Les petits disparaissent peu à peu. Mon esprit vagabonde et saute d’une pensée à l’autre. C’est peut-être ça la méditation au fond. Laisser son cerveau promener à sa guise. Je n’ai pas tes couleurs Graine pour m’enlever la grisaille de la tête.
Pas la possibilité non plus de peindre cette belle image dont j’ai rêvé cette nuit. D’une charette en bois surmontée d’un petit baldaquin décoré de rubans blancs, tout près d’un arbre à sa droite. Le ciel est bleu, c’est l’été. Peut-être que dans une génération on pourra faire une photo de nos rêves. Qui aurait imaginé à notre naissance que l’on puisse avoir le monde dans notre main sans aucun fil relié. Alors pourquoi pas. Quelle sera la suite ?
Oui, j’ai eu cette chance d’avoir une vraie grand mère. Elle me parlait aussi de sa propre grand-mère qui l’avait élevée. Elle me disait qu’après moi le souvenir de sa grand-mère s’éteindrait. Le prénom de cette arrière arrière grand mère est l’anagramme de celui de ma petite fille. Ainsi la boucle est bouclée.
Je sors de l’eau et me dépêche de me secher car le vent s’est levé et je ne veux pas prendre froid. Voilà, la journée se termine. Une journée vide de sens. Vide d’activité. Vide.
Un début de journée maussade, mais à la mi-journée, la lumière, puis le soleil reviennent. J’ai eu la réponse de fiston. J’aurais droit à mon pique-nique avec les graines et leurs conjoints dimanche. Mais attention, nous serons 8. Il faudra respecter les distances. Et samedi, nous aurons petit-fils. Des perspectives stimulantes, mes petites étincelles pour ne pas sombrer dans la morosité et l’ennui. A l’instant, je reçois une vidéo de ma petite-fille sur son vélo, sans les petites roues. Elle est fière. C’est une grande.
Ce matin, je dessine. Enfin, plus exactement , je peins. La couleur, ça me fait toujours un bien fou. C’est pour moi un voyage vers l’ailleurs, un ailleurs gai et coloré qui n’a plus rien à voir avec le quotidien. Je m’éclipse dans la couleur. Mon mari est parti travailler au bureau ce matin, aussi j’ai tout mon temps.
Un mail à envoyer pour mon site jacquaire, un repas vite expédié et je prends mon vélo. Cet après-midi, j’ai rendez-vous au Parc floral avec deux graines disponibles. Nous commençons à bien connaître le parc. Nous en explorons les moindres recoins. Depuis le début de la pandémie, nous nous y retrouvons régulièrement. Le restaurant dans lequel nous avions pu prendre un café assises, dehors, la dernière fois, a été verbalisé. Plus moyen de s’asseoir. Nous ne prenons pas de café. Je me contente d’une eau pétillante. Les paons font la roue. Quels cabotins, ceux-là! Les jonquilles et les narcisses sont en fleurs. Et aussi, les magnolias, les camélias, les rodhodhendrons…C’est magnifique. Nous prenons le temps, tout notre temps. Rien ne nous presse. Et le soleil est de la partie. L’après-midi passe vite. C’est déjà l’heure de rentrer.
Ce soir, je dois faire mes yaourts.
La voix de Lilie
C’est l’anniversaire de ma grand-mère aujourd’hui. 115 ans. Je l’ai adorée quand j’étais petite, je l’aime encore immensément. Elle s’asseyait dans un fauteuil sur la terrasse et elle me regardait faire la roue et l’arbre droit pendant des heures. Le soir, je me glissais dans son lit et elle me racontait sa jeunesse. Un autre temps. Enfant « batarde » dans une famille très pauvre. Placée, c’est le terme qu’elle employait, à 11 ans dans une ferme pour travailler la terre. Une poignée d’années d’école et pourtant elle écrivait sans faute. Une vie difficile avec 2 guerres. Des vraies, avec de vraies privations – j’avais trouvé dans son armoire des tiquets de rationnement – avec de vraies peurs. Avec de vrais déchirements de quitter sa mère et de ne la revoir qu’une seule fois dans toute sa vie. Qui sommes nous pour nous plaindre. Patientons dans nos maisons, bien nourris et au chaud. C’est mon tour maintenant de prendre le fauteuil sur la terrasse. Que la vie passe vite. En un battement de paupière d’elle à moi.
Aujourd’hui je suis restée seule moi aussi à la maison. J’ai même raté le message de ma fille qui me proposait de passer pour le déjeuner. Zut, moi qui aime tant ces moments rien qu’à nous. J’ai télétravaillé, déjeuné tranquillement des restes de la veille et repris le travail. Le soir, j’ai discuté 2 h au téléphone avec une copine. Enfants, petits enfants, travail, couple, pandémie, vaccin, tout y passe. Qu’est-ce qu’on peut être bavardes tout de même. Ce qui m’étonne le plus c’est que l’on trouve toujours des dizaines de sujets de conversations alors que chez nous c’est calme plat….
Un petit bain bouillonnant pour me detendre le soir avant une soirée télé silencieuse. Classique.
Moi aussi j’attends dimanche pour profiter des graines. Pour sortir de la monotonie et de la mélancolie qui m’assaille. On sera forcément plus de 6, alors si on aperçoit un contrôle, on fera 2 groupes ! Pas très patriotique, mais franchement on n’en a ras le bol et surtout on ne comprend plus rien. Par exemple on confine, on ferme les commerces mais on laisse ouvert ceux qui vont faire leur chiffre d’affaire à pâques. Donc, si je traduis: on laisse ouvert les commerces dans lesquels vont venir le plus de personnes et on ferme ceux qui auront peu de clients. Quel effet sur la pandémie ?
Un mercredi bien ensoleillé pour profiter des enfants. Comme toutes les semaines, je m’occupe de petite-fille. Pendant qu’elle est à la danse, maintenue après enquête auprès des parents, je fais la pause au square. Il fait beau et doux. Les enfants jouent, courent, sautent. Les bébés babillent. Je fais le plein de soleil et de vie avant de retourner m’enfermer chez moi. Nous goûtons sur la place de la Nation. Puis direction le square d’à côté de la maison où mon mari vient me relayer pour que j’aille préparer la quiche…Ma petite-fille sort du square à la fermeture, elle qui ne voulait pas en entendre parler en début d’après midi. Elle rentre épuisée. Nous mangeons rapidement, avec sa Maman. Le sommeil est important à son âge. Je ne sais toujours pas si je serais disponible dimanche prochain pour le pique-nique des graines. J’ai laissé un message à fiston. J’atttends. Hormis la météo, les jours se suivent et se ressemblent. L’ennui n’est jamais très loin. Avec le soleil, tout de même, c’est mieux. Le présent, Lilie, le présent. Il n’y a que ça qui compte. Il suffit d’arracher quelques étincelles de bonheur au présent et notre quotidien s’illumine. Comme dans les boîtes de nuit, les boules à facettes. Et c’est bien comme cela que nous avançons. Ce bébé qui s’annonce dans ta famille, ce jaccuzzi que tu as réparé et que tu vas utiliser, des étincelles qui donnent goût à la vie…Sûr, il y a des jours qui grincent plus que d’autres. Pour ton sapin, ma petite-fille pourrait t’expliquer. Cet arbre qui meurt va nourrir la terre. La nature se nourrit d’elle-même. Ceux qui meurent permettent aux nouveaux venus de prendre racine, de pousser sereinement. Quelle sagesse, que nous, les humains, perturbons en voulant tout maîtriser, en ramenant tout à notre logique d’humain égoïste.
La voix de Lilie
Journée petite fille ici aussi. Petit rayon de soleil qui s’éveille dès 7h30. Je lui fait son biberon, je fais nos cafés et nous prenons tout ça au lit. Elle trottine dans la chambre dans son petit pyjama rouge. Ses petits pas tapotent le plancher, j’aime cette musique. Aujourd’hui elle exerce sa voix. Elle chante, je suppose. Crie très fort en tout cas ! Le temps est beau et doux aujourd’hui, ce qui nous permet de promener le matin et de jouer sur la terrasse l’après midi. Les arbustes sont en fleur dans le jardin. Les arbres bourgeonnent et commencent à verdir. Les paquerettes, pissenlit, les ficaires illuminent la pelouse. J’en cueille quelques unes pour petite fille. Elle découvre. Les premières violettes sont fleuries. Il y en a beaucoup moins que l’an dernier, peut-être est-il trop tôt dans la saison, l’avenir proche nous dira quel est le vrai.
Après le départ de petite fille, je fais le plat du soir et pendant qu’il mijote à feu très doux, je prends mon premier bain de bulles. J’adore me délasser dans l’eau chaude. Les arbres ne sont pas encore assez feuillus pour nous masquer totalement. Je me demande à quelle époque nous avions rempli le jaccuzzi l’an dernier. Facile. Il suffit de lire les articles de la saison 1 !
La journée se termine, sans grand chose de plus à en dire. Comme tu dis Graine, l’ennui n’est jamais loin.
Le soleil est revenu et avec le soleil, la douceur. Le moral, c’est bof, ma seule réponse possible, c’est de m’occuper la tête, le plus loin possible de la pandémie. Le soleil qui inonde le salon, ça fait du bien aussi. Aujourd’hui, j’ai encore à faire sur mon site. Une réunion ce matin sur whatsapp. Cet après-midi des échanges téléphoniques avec les deux personnes qui vont mettre à jour le contenu du site avec moi. Elles n’arrivent pas à se connecter.
Je m’éclipse une bonne heure cet après-midi pour prendre l’air, acheter du pain. Il fait très beau. Dans les squares, les arbres sont en bourgeons ou en fleurs. C’est magnifique. La nature se relooke, fait peau neuve. Et c’est gratuit.
La nouvelle secrétaire de l’association est inquiète. Nous avons laissé la permanence ouverte deux jours par semaine. Sommes-nous dans la légalité? Je ne sais pas lui répondre. Ce n’est pas à moi de lui répondre. Et le président fait la sourde oreille. Pour moi, de m’occuper du site, c’est déjà beaucoup.
En fin d’après-midi, je rappelle ma Tatie. Elle a 93 ans aujourd’hui. Elle est en pleine forme. Elle fait ses 4 ou 5 km de marche par jour, et sa soupe. Quoiqu’il en soit, sa fille ainée, ma cousine, que j’ai eue hier au téléphone, s’en occupe beaucoup. C’est nécessaire pour la gestion des médicaments, des ordonnances, les grosses courses…
Tout le long de la journée, je suis en contact avec mon maçon tailleur de pierre et le plombier, un nouveau que je connais pas. Remettre une couche de badigeon, installer des nouveaux tuyaux de raccordement pour la machine à laver la vaisselle que nous voulons déplacer, changer les robinets grippés des radiateurs…Savoir que ma maison à la campagne s’aménage peu à peu me rassure, me fait du bien.
En fin d’après-midi, ma séance de yoga.
La voix de Lilie
Il fait beau aujourd’hui. Le soleil nous passe par le velux. J’ouvre la fenêtre pour profiter de l’air extérieur pendant mon télétravail. Ce matin, de nouveau, j’ai pu faire ma gymnastique sur la terrasse. Comme l’an dernier, le confinement permet d’avoir le calme. Très peu d’ avions peuvent voler. Les membres de l’association sont à fond sur la recherche d’argument et d’actions à mener pour diminuer le bruit. Le confinement est pour l’instznt le meilleur remède ! Si je résume la situation, que d’argent public dépensé en commissions, rapports et autres interventions de prefet, maires. Tout ça pour les doléances atterrissent toutes in fine à la direction de l’aviation civile, qui jette le tout aux oubliettes.
A midi mon fils vient déjeuner avec nous. Il ne devrait pas être là puisque nous sommes en confinement. L’an dernier il ne serait pas venu. On voit bien que ce confinement est peu suivi… Quel vz être le résultat dans quinze jours ? Pourquoi la vaccination n’a-t-elle toujours aucun effet sur le nombre d’hospitalisation en réanimation ? Nous changeons de sujet pour passer à des choses plus agréables. Nous parlons de ce petit en devenir qui va bientôt agrandir notre famille. Fille, garçon, les paris sont ouverts. Lundi prochain, l’heure de vérité. Le principal c’est qu’il aille bien.
En début d’après-midi, nous installons le jaccuzzi. Le moteur fonctionne bien, je suis contente de moi. L’eau est à 11 degrés. Il est 14h. Je pense qu’on se baignera demain ! 😜 On sent bien que l’hiver est terminé quand on commence à préparer les activités en plein air, laver le mobilier de jardin, remplir le jaccuzzi, parler pique nique.
Le sapin dans le jardin est en train de mourir. La pointe est déjà toute desséchée. On aperçoit le nid de que les pies avaient habité l’an dernier, vide maintenant et trop exposé. Il n’y a presque plus d’épines sur les branches. Les racines se soulèvent. Il penche de plus en plus. Depuis 2 ans, il est devenu trop grand. On devine qu’il va falloir l’ététer et on s’y est toujours refusé. C’est notre dernier sapin de Noël. Planté tout petit dans le jardin il y a presque 25 ans déjà. L’an dernier nous avons taillé quelques branches en bas, du côté opposé où il penchait, peut-être qu’il a été déséquilibré ? Dans une forêt il aurait pu vivre plus de 100 ans, grandir infiniment. Peut être qu’aujourd’hui il comprend que l’on ne veut pas le couper, alors il se saborde tout seul…J’ai de la peine, c’est mon arbre. Je l’ai planté. Comme moi il a vieilli, il s’étiole, il ne se projète plus, il ne veut plus aller plus loin.
Dans 10 ans, sauf miracle, j’aurai vu mes parents mourir, mon chat mourir, et je serai vieille. Sans mon sapin. Quelle idée saugrenue de continuer.
Lundi de grisaille. Et en plus, il fait froid. Ce matin, je me lève tôt pour ma séance de respiration de 7 h. J’ai envie de bien commencer la semaine. Puis lessives, rangement, les tâches habituelles du quotidien. Sur ma messagerie, des échanges de poèmes dans le cadre du printemps des poètes. Je commence à écouter une conférence de Christophe André sur la méditation pleine conscience, dans le cadre d’un cycle auquel je me suis inscrite gratuitement. Mais j’ai trop tardé. Je n’avais que 24 h pour écouter la conférence. A 10h pile, la conférence s’arrête. Tant pis. Je me recentre sur mon site jacquaire. Je relis le compte-rendu de notre réunion de vendredi, récapitule toutes les demandes de correction ou d’évolution, je mets à jour le suivi… Juste le temps de déjeuner et je m’y remets… Vers 17 h, Je fais une grande balade qui me mène jusqu’à la coulée verte. Mes cousines m’appellent, l’une après l’autre. Elles me rappellent plutôt. J’avais essayé de les contacter en fin de matinée. L’une m’annonce la naissance de sa petite fille – elle avoue m’avoir oubliée dans ses coups de fils, l’autre me rappelle que c’est l’anniversaire de ma tatie demain: 93 ans. Je suis contente d’avoir eu mes cousines. C’est rarement moi qui est à l’origine des coups de fil. Je rentre aérée et détendue. Il est grand temps à présent que je fasse la soupe.
La voix de Lilie
La semaine redémarre. Il fait gris. Il fait froid. Je n’ai pas le moral. Même pas envie d’aller m’aérer alors qu’il me reste du temps après le télétravail. Je fais le repassage en retard, en écoutant un vieil album de Richard Cocciante. A l’ancienne, CD dans le lecteur. Puis je me remets un peu sur mon site. Je n’ai plus l’émulation de la formation pour avancer. Je rajoute des documents, je planifie la suite pour le rendre opérationnel. Je ne sais même pas si quelqu’un s’en servira un jour, mais ça me plaît.
Hier soir j’ai terminé ma saga de l’amie prodigieuse. Un peu déçue par la fin car l’auteur succombe à la mode de je tue un enfant pour mettre du pathos dans mon récit. Heureusement, ce n’est pas tant l’histoire qui m’intéresse que la description des situations et surtout des sentiments, des ressentis. Elle aborde la vieillesse qui arrive, je me retrouve dans son trouble. Difficile de se voir avancer vers une vie terne, moche, malade.
Je vais me mettre aux blagues de toto pour me remonter le moral !
Heureusement les graines prévoient un dimanche pique nique. Même si ça tombe à l’eau d’ici dimanche, ça fait du bien de se projeter sur quelque chose d’agréable.
Tiens, c’est dimanche aujourd’hui, déjà! La semaine est passée à toute allure, avec des journées bien pleines. Pareil chez toi, Lilie! Comme prévu, ma copine nous reçoit chez nous. Juste le temps d’un jogging avant pendant lequel je continue à écrire sur le désir. Cela m’arrive assez souvent d’écrire en courant. Mais si je ne note pas mes textes tout de suite en arrivant, ils s’échappent. Nous bravons l’interdit. Le repas de famille élargie, sans masque. Nous sommes 7 adultes plus les 2 petits. La maison est tout d’un coup bruyante et animée. Petit-fils, ça fait plus d’un mois que je ne l’ai pas vu. Il a grandi et pris de l’assurance. Enfin, je le vois marcher, trotter plutôt, sans la moindre hésitation. Bien sûr, il se dandine, mon petit canard. Je ne le lâche pas des yeux. J’en profite un maximum. Pendant que les grands prennent l’apéritif, les petits font la cuisine, à grand renfort de casseroles, couvercles, ustensiles, légumes en bois…Pas besoin de musique d’ambiance. Ce qui ne les empêche pas de grignoter, au moins autant que les grands. Le petit est à table sans être à table. C’est trop long pour lui, pour ma petite fille aussi. Mais lui ne rate rien. C’est un gourmand. Pour la sieste, ce sera une autre fois. Il est content de voir du monde. Comme sa cousine, c’est un petit cabotin. Voir tous les regards centrés sur lui ne le pertube absolument pas, surtout si Maman est à côté. Il en réclame même. A 16 h 30, nous en sommes au dessert. Comme le temps file vite lorsque nous partageons un bon moment avec famille et amis! Il y a des anniversaires à fêter, des cadeaux de Noël à distribuer – eh oui! Un vrai repas chaleureux de retrouvailles. A partir de 17 h 30, les départs se succèdent. C’est ma fille et ma petite-fille qui partent les dernières, le temps pour ma petite-fille de faire son plein de câlins avec Papy et Mamie. Le cousin, c’est bien, mais il prend de la place tout de même. La maison s’est vidée, le lave vaisselle est plein…Quel silence soudain!
La voix de Lilie
Enfin un matin où je peux dormir. Pourtant je suis d’astreinte pour le travail. Ce n’est pas gênant par temps de confinement. Je me prélasse un peu et je descends, il est déjà presque 10h.
Après le café, je me lance dans la réparation du moteur du jaccuzi. J’ai commandé une nouvelle pompe pour remplacer l’ancienne qui a lâché. J’en profite pour regarderun tuto pour nettoyer les sondes. Le moteur tourne bien à présent. Ne restera qu’à remplir le jaccuzi. Les journées se réchauffent peu à peu, j’ai envie de buller un peu et tous les spas sont fermés… Je sais ce que tu vas dire Graine, la créative, la technicienne ! J’ai toujours adoré ouvrir et réparer les objets abîmés. Depuis toute petite. Quelques ressorts de réveil m’ont sauté au visage. Cela n’existe plus les réveils à ressort aujourd’hui. Il l’en reste un. Je serai peut être la seule à avoir l’heure lorsque nous n’aurons plus d’électricité. Alors je deviendrai l’horloge parlante. Encore une, que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître…
A midi ma fille nous laisse mini puce. Elle veut pouvoir profiter d’une sortie sans bébé à s’occuper. Nous la mettons à la sieste avant de manger tous les deux. Pas d’enfants aujourd’hui, l’un est au foot, l’autre se remet tranquillement et la dernière est de sortie. Brochettes et frittes au menu.
Pendant la sieste de bb, je vais rééquilibrer mon compost en mettant en pratique la formation d’hier. Si moucherons, rajouter du brun, du sec. En soulevant les feuilles mortes que je veux rajouter au compost, je découvre dans les feuilles mouillées de dessous que les tiges des rosiers que j’avais taillés et jetés dans le tas de feuilles font des pousses. Je suis très surprise. Moi qui essaie de faire des boutures, souvent sans résultat ! Je récupère les boutures et les installe avec leurs feuilles dans un pot. Advienne que pourra. J’en profite pour répandre une couche de feuilles humides sur les pots des plantes en pot et sous les rosiers. Je ferai la même chose sur toutes les plantes la semaine prochaine.
Après la sieste, petite sortie pour que bb prenne l’air. Petite, car il y a un petit vent qui nous glace vite les sangs.
Après son départ, je m’occupe un peu de mon site et je passe mon coup de fil hebdomadaire à ma mère. Ma sœur m’appelle aussi et nous parlons un grand moment.
Ce confinement ne change pas grand chose à ma vie actuelle. Je me demande comment il pourra avoir un effet sur le nombre de contaminations… Aujourd’hui quelqu’un a déposé un prospectus d’information sur les 2 vaccins actuels. Quelle composition, comment ils sont fabriqués, quelles analyses ont été faites ou pas, quelle protection, pour qui et combien de temps. Tout est fait pour nous informer du poison qui va nous être injecté…il ne manque qu’une meilleure solution à proposer, il ne manque que la confiance que nous devons mettre dans la médecine pour nous sortir de cette situation.
Le week-end s’achève, il est déjà très tard. J’ai encore raté ma résolution de me coucher avant minuit. Il est 1h…
Une belle journée ensoléillée pour ce premier jour de printemps. C’est aussi le 1er jour de notre 3ème confinement. Un confinemement curieux qui n’en est pas vraiment un. Nous sommes invités à aller dehors, mais dissuadés de revoir famille et amis. Et nos sorties doivent se faire dans un périmètre restreint, un cercle d’un rayon de 10 km. Pour les randonnées, il nous reste le bois de Vincennes! Les bords du canal St Martin étaient blindés en fin d’après-midi quand je suis rentrée en vélo de mon atelier d’écriture. Un atelier « Printemps des Poètes ». Cette année, le thème du printemps des poètes, c’est le désir. Masqué ou démasqué, le désir? Tout faire pour qu’il reste vivant. Sinon, que reste-t’il? C’est bien le désir qui donne sens et relief à la vie. Ecrire à plusieurs en présentiel, c’est quelque chose que je n’avais pas fait depuis longtemps. Ma plume est gauche, maladroite, malhabile, mais j’aime écrire. La présence des autres tout à la fois m’inhibe et me stimule. C’est un exercice salutaire. Une fois la pandémie terminée, saurons-nous nous réadapter à une vie sociale normale? Demain, nous recevons ma copine. Ou plutôt c’est elle qui nous reçoit chez nous. Cela me fait presque peur d’avoir du monde à la maison. Cela fait tellement de temps que nous vivons reclus. Il y a une semaine, nous étions à Deauville devant un plateau de fruits de mer. Un vrai bol d’air, marin et chaleureux. Merci aux graines qui ont organisé l’escapade. Il ne fallait pas traîner. Durant les 4 semaines à venir au moins, nous ne verrons ni la mer, ni la montagne, et pour nous parisiens, pas la campagne non plus.
La voix de Lilie
Petit fils arrive dans notre chambre à 7h15. Pas possible pour moi de me lever si tôt. Il y a des leve tôt et des lèves tard, qui vont en général avec les couche tot et les couche tard. Ça se déclare très tôt, et ça perdure toute la vie. Je n’ai jamais pu me coucher le soir, ni me lever facilement le matin. Petite je lisais dans mon lit au rayon de lumière qui filtrait de la chambre de mes parents. Si les portes avaient été pleines et en bois au lieu d’être en verre, est-ce que je serai une couche tôt ? Je laisse mon mari descendre avec son petit fils et je me rendors une heure.
Je les retrouve en bas. Petit fils est dans la pate à modeler. Il y a longtemps qu’il n’avait plus joué avec. Loto, coloriage, vélo. La matinée est déjà finie. Nous le ramenons après le déjeuner car l’après midi est chargé pour nous.
Nous commençons par suivre une formation sur le compostage. Très intéressante et au delà de la méthode pour réussir son compost, des conseils pour redonner vie à la terre de nos jardins. Demain j’irai analyser l’état du compost et forte de cette formation, je pourrai rattraper le trop ceci ou trop cela selon ce que je vais trouver.
Ensuite nous filons à la réunion de l’association contre le bruit de l’aérodrome. Nous avons hésité à y aller suite au nouveau confinement, mais l’envie de de rencontrer a été la plus forte. Nous sommes une dizaine, masqués et nous faisons la réunion pour partie dehors, puis quand nous sommes frigorifiés, dedans, fenêtres ouvertes.
Ma formation s’est faite avec zoom, la formation compost avec teams, l’association fonctionne avec discord, au travail c’est skipe, en famille whatsapp …. On devient tous polyglottes numériques ! C’est le malheur de notre société, avoir des choix pléthoriques pour tout, d’un paquet de pâtes à une lessive en passant par les outils numériques ou pas. Si on s’allégeait un peu ?
Nous rentrons pour le couvre feu. Aussi nébuleux que peut l’être ce confinement dont on ne comprend plus la consistance. 18, 19, avec ou sans attestation, 12 choix possibles.
Je suis fatiguée, finalement je ne me suis pas tellement reposée cette semaine. Du coup, soirée télé. Calme.
Vendredi 19 mars – Confinement – le retour Comment va ton fils, Lilie? Effectivement, nos fils nous échappent, mais n’avons nous pas nous aussi échappé à nos parents pour construire notre vie? Accepter de rester en 2ème ligne, mais rester là malgré tout, prête à accompagner, assister, consoler en cas de besoin… Nos fêterons bien l’anniversaire de ma copine dimanche. Mais ce sera chez nous et non chez elle, pour limiter les déplacements, et les amendes éventuelles. Mes enfants, nous les parents, ma copine et son fils. Nous serons sept plus les petits. Tant pis pour les risques. Cela fait trois mois que nous essayons de passer un moment ensemble sans y arriver. Impossible de repousser encore! Une journée bien chargée aujourd’hui, et c’est bien. Cela me permet de ne pas me prendre trop la tête avec l’actualité. Ce matin, réunion sur mon site jacquaire. Chacun s’implique, apporte ses compétences. Que demander de plus? Je me sens en confiance. Même si tout reste à faire. Le déjeuner est vite avalé, je repars pour mon appartement d’handicapés. C’est le jour. L’aggravation de la situation sanitaire complique la vie de l’établissement. Les mesures pour lutter contre le Covid sont renforcées. Je suis invitée à ne plus rentrer dans les chambres des résidents. Le nombre de personnes est limité dans les salles communes. Les sorties à l’exterieur sont à privilégier. C’est ce que nous faisons. Deux résidents avec deux accompagnants. Nous allons au square d’à côté. Il fait beau, mais froid. Nous prenons des photos. Les résidents adorent les photos. Sitôt rentrés au centre, je m’éclipse. Que faire d’autre! Hier soir, atelier d’écriture avec ma copine. Notre rendez-vous écriture, pour nous centrer, décompresser, reprendre notre vie en main. Ce soir, je suis déçue. Je ne peux pas assister à la conférence en live facebook comme je l’avais prévu. Car, en préalable, il faudrait que je me connecte à facebook et il n’en est pas question. Tant pis.
La voix de Lilie
Une journée bien chargée aujourd’hui. Beaucoup de travail et même entre midi et deux. Du coup je décroche vers 16h30. Mon beau fils a terminé la salle de bain. Elle est très sympa. Ça fait du bien de voir une pièce neuve. Mon mari a passé la journée auprès de mon fils. Il va mieux. Rien de grave, mais très douloureux. Il va se reposer cette semaine.
Pas le temps de me poser, ma fille arrive avec les petits. Elle n’a pas envie de rester seule avec les petits, ce soir son mari est de sortie. Du coup, repas de mistinguette, et jeux avec petit fils. Et comme on aime bien rester chez papy mamie, petit fils demande à dormir à la maison. Du coup, peu de repos aujourd’hui. Ce sont des journées qui passent à toute vitesse. Heureusement que ce journal permet de me rendre compte de l’occupation de mon temps… L’écrire c’est un peu l’ancrer.
Une fois tout le monde rentrés et couchés Je termine ma soirée en regardant un film à l’eau de rose. Rien de tel pour décrocher du cerveau !
Dehors, le froid et la grisaille. Qu’importe, aujourd’hui, je reste à l’intérieur car j’ai à faire. Ce matin, j’ai démarré la journée en zappant ma séance de respiration. Le réveil n’a pas sonné! Encore un mauvais coup de mon portable! Tant pis ou tant mieux, j’ai dormi davantage. Je fais juste 2 sorties rapides pour m’aérer et faire des courses rapides, surgelés ce matin, cahiers et stylos cet après-midi. Je m’occupe principalement de mon site jacquaire: Je crée un événement, je rectifie des navigations, je prépare ma réunion de demain, je créé un fichier de suivi des anomalies et des besoins d’évolution. Bref, un vrai travail de suivi de projet qui me fait du bien. Une mauvaise surprise cependant, le libre-office que m’a installé mon ex-gendre sur mon ordinateur portable pour gérer les documents textes ne fonctionne plus, comme s’il était desinstallé. Je contacte ma hot-line sur whatsapp. En fin d’après-midi, il prend la main sur mon poste qu’il connaît bien et il m’installe la nouvelle version sans comprendre ce qui s’est passé. Décidément, entre la technologie et moi, ce n’est pas le grand amour ces temps-ci. Il y a des resistances! Entre deux interventions sur mon site, je termine mon collage de rue « Ma chambre à coucher dehors ». Je ne sais pas ce qu’il vaut, mais j’arrête. Je vais passer au dessin, mettre en couleur un portrait de Matisse. Le vaccin Astra Zanica est réhabilité. Il va pouvoir être administré à nouveau. Tant mieux. Mes enfants et petits enfants me manquent. Je n’ai toujours pas vu mon petit fils marcher. Je réclame des images. Je reçois une balançoire avec mon petit-fils dessus. Visiblement, il apprécie. En début de soirée, à nouveau, notre premier ministre à la télévision. Il nous annonce un 3ième confinement. Moins strict que les précédents, mais…nous n’irons pas chez ma copine ce week-end pour fêter son anniversaire.
La voix de Lilie
C’est le premier matin de l’année où je fais mon sport sur la terrasse. La boucle est bouclée. J’avais commencé avec le premier confinement. Pour le reste, je suis à peine sortie ce midi pour changer d’air. Absorbée toute entière par le boulot. Une lourde journée de travail aujourd’hui. Je vais devoir me protéger si je veux garder mon énergie pour ma vraie vie. D’un autre côté, avec ce confinement, ça occupe.
Ce soir beaucoup de contretemps, d’inquiétude. Au moment où le premier ministre annonce le confinement, je reçois un mail d’annulation de mon voyage en mai. Double coup dur. Confinement, plus de vacances prévues. J’ai bien écouté le premier ministre, et rien compris à ce qui va changer. Pour des personnes qui télétravaillent, ne font pas les magasins, ne voyagent pas, rien ne va changer. Peut être des cheveux plus gris et plus longs comme la dernière fois. Un confinement avec sortie libre jusqu’à 10km, finalement c’est déjà ce que l’on vit. Est-ce que ça va vraiment faire baisser les hospitalisations ? Je ne suis pas spécialiste, mais ma logique me dit que lorsque toutes les personnes à risque seront vaccinées, les hospitalisations baisseront mécaniquement. Combien sont elles ces personnes à risques ? Déjà 5 millions de vaccinées et pas d’inflechissement. Je trouve ça étrange, illogique.
Ce soir, inquiétude de Maman, mon fils est malade et hospitalisé pour la nuit. Il nous a envoyé des messages rassurants. Sa femme est auprès de lui. Mon tour est passé. J’attends les nouvelles. De loin.
Ce matin, la rumeur prend de l’ampleur, un prochain confinement se profile. Confinement juste le week-end ou 7 jours sur 7? Nous en saurons plus demain. L’ambiance est comme le temps, morose, brumeuse, pluvieuse. Demain, nous saurons aussi si le vaccin AstraZeneca peut à nouveau être administré. Mais comment faire confiance face à ces Stop and Go? Ce matin, mon mari part pour le bureau. Il a décidé de lâcher le télétravail une journée par semaine pour s’aérer au bureau, voir quelques collègues. Quant à moi, je fais mon repassage et je vais chercher ma petite-fille. Nous mangeons toutes les deux dans la cuisine, comme avant, quand le télétravail n’était pas d’actualité. Pas de danse cet après-midi, ma petite-fille est invitée à l’anniversaire de sa copine. C’est sa Maman qui ira la chercher ce soir, à son retour du bureau où elle est partie travailler. Chic, j’ai quartier libre cet après-midi! Que nenni, je passe la majeure partie de l’après-midi dans la boutique minable d’un réparateur de smartphone. Hier soir, en appelant ma fille, je me suis rendue compte que mon téléphone était muet. Je n’entendais rien. Par contre, elle, elle m’entendait. Pas d’autre solution que de faire réparer. J’ai tout de même réussi entre deux trajets à acheter un cadeau pour ma copine chez qui nous sommes invités avec les enfants ce week-end. Une belle écharpe en soie et coton, avec une broche coquelicot. Nous ne pourrons sans doute pas honorer cette invitation. Le cadeau attendra des jours meilleurs, ou bien, je l’enverrais par la poste? Et mon petit fils, quand est-ce que je vais le revoir? Je ne l’ai toujours pas vu marcher… En fin d’après-midi, j’appelle la graine qui n’est pas venue à la mer. L’envie de se voir dès que possible. J’avais prévu de travailler sur mon site jacquaire cet après-midi…Je m’y mettrais demain, si tout se passe bien!
La voix de Lilie
Journée petite fille aujourd’hui. La nuit s’est bien passée, un peu courte mais sans réveil. Lorsque mes petits enfants viennent dormir, je reste en éveil. Avec nos enfants, on dort. Avec les petits enfants, on guette. D’autres grands mères m’ont dit la même chose. Les grands pères dorment, comme les pères, la surdité en plus !
Je m’occupe seule de la petite, mon mari est parti pour un rendez vous medical. Nous jouons à l’intérieur, le temps est trop froid et humide pour la sortir ce matin. La matinée passe vite à la regarder trottiner partout, découvrir les recoins de la maison, tâter les interdits. Après le déjeuner j’ai mon dernier cours. Déjà. Pour la dernière je me concentre sur la maintenance, sauvegarde, suivi de l’activité. A l’issue, me voilà seule aux commandes de mon site. À moi de jouer !
Mini poupette se réveille. J’ai fait une pâte à crêpes pour le goûter et nous allons les faire chez mon fils qui garde son neveu aujourd’hui. L’occasion de voir mon petit fils que je vois moins depuis qu’il va à l’école. Il m’aide à faire les crêpes…. 3 ans et demi. C’est une entreprise ! Je prends tout le temps pour lui, bien plus que je n’en ai pris pour mes enfants.
Et voilà, le couvre feu sonne déjà l’heure de rentrer. Je termine un dossier pour mon travail avant le repas pendant que les hommes regardent du foot.
Graine, je crois que tu devrais récupérer une bonne fois pour toute tes photos et investir dans un nouveau téléphone….
L’escapade est terminée. La grisaille est de retour. En temps de pandémie surtout, Paris rime avec gris. Ce matin, je commence la journée par un créneau à ma coop. Je suis distraite. Je suis ailleurs. En fin de créneau, je fais quelques courses pour remplir le frigo. C’est notre anniversaire de mariage aujourd’hui. 36 ans que nous vivons ensemble, mon mari et moi. Sans compter le temps d’avant! Un bouquet de fleurs: du mimosa et des roses, pour l’occasion. Une belle attention. Il n’y aura pas de restaurant ce soir, ni de spectacle. Nous nous contenterons d’un apéritif. Dans l’après-midi, je sors faire quelques courses complémentaires. Ici, il n’y a ni la mer, ni le vent du large, mais ça me fait du bien de prendre l’air. Il pleut. Une petite pluie fine. Le ciel est gris. J’envoie des cartes postales numériques de la mer à mes enfants, à mes soeurs. Une réponse de ma soeur. Pas de mes enfants. Ils travaillent, eux. Quand je téléphone à ma fille pour caler le planning de demain, elle me demande si les photos sont les miennes. Mais de qui seraient-elles sinon? En fin d’après-midi, après mon cours de yoga, je reprends mon site jacquaire, je dois préparer notre réunion de vendredi où il s’agira de se mettre d’accord sur les mises à jour à effectuer. Désolée, Lilie, hier soir, j’ai fait des bêtises, en voulant modifier la mise en page de l’article du 11 mars, incorrecte sur ta voix. Je n’étais pas fière de ma bévue que j’étais incapable de gommer. Tu n’avais plus de voix! Désolée. Il faudra que tu m’expliques…
La voix de Lilie
J’ai eu du mal à retrouver ma voix. Mais, ça y est. Limite des blocs réutilisables, les mises à jour sur le bloc s’appliquent partout où il est utilisé. J’y ai reposé ma voix comme disent les chanteurs.
Ce matin, après ma séance de sport, j’ai repris le télétravail. Sans conviction. Trop de réunions, trop de désaccords entre les personnes ou les directions. Insupportable. Cette semaine sera courte et je suis sous l’eau tellement j’ai à faire. Sauf que je devrais y passer plus de temps..et là, non. Ma vie est ailleurs. En plus, une mauvaise nouvelle me perturbe. Comme si cette retraite que j’attends n’arrivera jamais. Ou comme si moi je n’y arriverai pas… Jusque là. Je dois effacer ces idées noires, mais le ciel gris et cette bruine incessante ne m’aident pas vraiment. J’ai pris à peine l’air ce midi pour sortir le chien. Le reste du temps, je suis restée à la maison.
Voilà un an jour pour jour, que le confinement démarrait. Au début, c’était presque amusant. Plus de long trajet en métro, découvrir le travail de chez soi. On pensait qu’en un mois ou deux ce serait terminé. Hélas. Un an après, nous en sommes au même niveau. Les soignants ont capitalisé sur l’expérience, il y a peut-être un peu plus de lits de réanimation. Mais toujours aucun traitement des cas graves. Et surtout une vaccination qui tarde à venir. Demain peut-être nous serons reconfinés totalement à nouveau. Qui peut le dire. Nous attendons tous ce vaccin, et en même temps, il nous fait, nous font car il y en a plusieurs, nous font peur. Qui est vacciné, qui peut l’être, quand ? Impossible d’avoir une information fiable. Patience. Il n’y a qu’à attendre.
J’espère que j’aurai un peu de temps cette semaine pour rediger le blog de notre escapade. J’ai encore le vent sur mon visage masqué, la sensation du sable sous mes pas, la lumière du ciel et la chaleur d’être toutes ensembles.
Après la pluie du matin, le soleil revient. Ce matin, je commence de bonne heure par ma séance de respiration. La 1ère depuis presque un mois. L’objectif est de retrouver un peu de sérénité. J’en ai besoin. Pas de petit-déjeuner en couple ce matin. Mon mari part travailler au bureau, comme tous les jeudis. Une respiration, un entre-deux bénéfique pour tous les deux. Hier soir, je suis restée tard devant la télévision. Une rabbine féminine. Deux termes juxtaposés qui campent le personnage, Delphine Horvilleur. Une femme étonnante. Un regard acéré sur la religion, la féminité, la croyance, la liberté d’expression, la mort. J’ai vraiment aimé entendre parler cette femme, notamment au sujet de la question de la place de la femme, Pour elle, refuser sa place à la femme, c’est refuser la place à l’autre, c’est refuser l’altérité.
Ce matin collage. Après plus d’un mois d’arrêt. Difficile de m’y remettre, mais je vais y arriver. Je veux faire un collage d’après mon dessin ci-contre.
Sur le trottoir, des matelas, des couvertures Empilés, ficelés contre le mur crasseux Une chambre à coucher dehors, à dormir debout L’intimité d’un propriétaire invisible Dévoilée, aux yeux de tous
Je tente aussi de m’approprier l’éditeur wordpress. Hier, j’ai testé le bloc citation. Aujourd’hui, je teste le bloc colonnes…
La voix de Lilie
Ça y est, la semaine de travail se termine. Demain nous partons. Entre midi et deux je vais faire quelques courses pour mon déjeuner demain midi. J’ai récupéré le billet que j’ai copié dans ma galerie. Maintenant on voyage avec un QR code sur son smartphone. Il est loin le temps du billet cartonné à composter. Ce composteur qui ne fonctionnait qu’en glissant le billet dans le bon sens. Bon sens dont on ignorait lequel était-ce, et on tournait 3 ou 4 fois le billet avant d’y arriver. Pile, face, devant, clac !
Je pose mon crayon (je veux dire joliment que je ferme l’ordi) vers 17h et je me lance dans l’épreuve de la valise. Valise pour 3 jours avec pluie et froid au programme. Plus les jouets promis à une graine. Je n’ose pas prendre ma grande valise, je pourrais… Je tasse entre la valise et un sac à dos.
Ce soir j’installe le blog pour cette escapade. Qu’est ce que tu croyais graine ? Qu’on allait y échapper ? On l’écrira aussi à 2 voix. D’ailleurs peut on écrire un journal du confinement pendant une escapade si courte soit elle ?
J’ai pris un fou rire toute seule en écrivant une bêtise sur le groupe WhatsApp familial. Je me rends compte qu’ il y a longtemps que je n’avais pas rit. Alors les 10mn par jour, elles sont loin pour moi. En tout cas, c’est exact que ça fait un bien fou. Je sais que nous allons beaucoup rire ce week-end, je nous connais. Toutes les graines dans un même bocal, ça fait du pop corn.
Jour de la St Vivien aujourd’hui. Je ne connais aucun Vivien. Et demain, c’est Ste Rosine. Je n’en connais pas non plus. Tout pour échapper à l’emprise du tout Covid! Ce matin, j’ai entendu à la radio Chantal Ladesou dire un poème « il meurt lentement »…Emotion, ça me parle! Une fois trouvé sur Internet, je l’ai imprimé. J’en cite un extrait ci-dessous
Il meurt lentement celui qui devient esclave de l’habitude refaisant tous les jours les mêmes chemins, celui qui ne change jamais de repère, Ne se risque jamais à changer la couleur de ses vêtements Ou qui ne parle jamais à un inconnu Il meurt lentement celui qui évite la passion et son tourbillon d’émotions celles qui redonnent la lumière dans les yeux et réparent les coeurs blessés
Pablo Neruda
Journée petite-fille aujourd’hui. Sur le chemin de l’école à la maison, nous ramassons des classeurs, un rose, un violet, ses couleurs favorites. Décapés à l’alcool à brûler dès notre arrivée, ils servent déjà à ranger les nombreux dessins de ma princesse. Elle aussi est contente de venir à la maison. Elle est fan des shadocks et répète à l’envi « Dans la marine, on ne fait pas grand chose, mais on le fait de bonne heure ». Pendant que la petite est à la danse, je fais vite quelques courses pour le week-end. Mon mari invite. Le ciel est plus couvert aujourd’hui. Le vent se lève. Il y a même quelques gouttes de pluie en fin d’après-midi. Avant et après la danse, on joue au jeu de mille bornes, une partie avec moi, deux parties avec Papy pendant que je fais la cuisine. Je rate les graines sur Whatsapp pour la préparation du week-end. Ce soir, comme d’habitude, ma fille partage notre repas. Traditionnelle quiche. Elle part demain en week-end de ski pour 4 jours. C’est son ex qui vient s’occuper de la petite et des animaux. Elle a raison d’en profiter. Le temps qui passe ne se rattrape pas…
La voix de Lilie
Une nuit difficile avec petite fille. Réveillée de minuit à 2h, impossible de la rendormir. Il n’y a qu’à attendre le prochain cycle de sommeil. Je m’endors tard, je l’entends 4 h après, une heure encore et la voilà debout. Elle redormira le matin et l’après midi. Pas mamieLilie qui a sa formation pendant la sieste. Papy dort, petite fille dort. Tonton est très énervé d’être réveillé la nuit. Tonton travaille et il n’aime pas être réveillé la nuit. Je crains qu’il fasse parti des esclaves de l’habitude…. D’ailleurs ce ne sont pas des esclaves, ce sont des maîtres. Les habitudes ne les achètent pas, ce sont eux qui décident de s’y enchaîner.
Le poème de Pablo Neruda exprime bien ce que l’on peut ressentir en voyant sa vie sombrer dans l’ombre d’elle même. Ce besoin de lumière dans les yeux n’est pas que celle du soleil. Les coeurs blessés se réparent-ils lorsqu’ils ont eu trop froid ? Est-ce que celui qui meurt lentement ne risque pas d’entrainer l’autre ? A vouloir s’extirper de la routine pour revoir le soleil, ne va-t-il pas s’épuiser ?
Les sourires craquants de petites fille font oublier la tristesse pour la journée. Elle est tellement mignonne. J’adore jouer avec elle, la regarder trottiner avec ses petits pieds un peu en dedans. Elle aime manger avec les doigts, écouter de la musique, danser. Elle dessine un peu à la craie quand elle ne la mange pas !
En ce moment ça bouge également avec l’association contre le bruit. On ne distribue pas, mais on fournit en tract. On se rencontrera tous le 20 mars. C’est l’occasion de voir de nouvelles têtes, ou de nouveaux masques !
Et surtout ce week-end, on part entre Graine. Je ferai quelques courses demain midi pour mon repas de vendredi. Pas de courses à faire pour le week-end, mon mari est invité ! 😜 Je ferai ma valise demain soir. Toujours au dernier moment. Moi aussi esclave de mes façons d’être !
La Ste Françoise aujourd’hui. Un prénom de ma génération qui n’est plus utilisé aujourd’hui. Ce matin, j’avais idée de me mettre au dessin ou à la peinture. Mais, je n’y arrive pas. Les tâches quotidiennes me prennent du temps. J’achète un nouveau balai lave-sol. Je vais chercher le pain. Je fais la cuisine. Tant pis, je dessinerais un autre jour. Cet après-midi, j’ai exceptionnellement rendez-vous dans mon établissement d’handicapés. Habituellement, c’est le vendredi, mais ce vendredi, je pars à la mer avec les copines. J’y vais à vélo. Et comme il fait toujours beau, c’est agréable. A mon arrivée, je croise le nouveau responsable de service. Nous convenons de nous rencontrer dans les semaines à venir. L’établissement est en pleine effervescence. Tous sont dans les préparatifs de la fête de départ de leur ancien responsable de service. Je dis bonjour au personnel et aux résidents, puis je m’éclipse, pour ne pas les déranger, dans la chambre de ma résidente favorite. Je déniche des albums photos et nous regardons les photos. Des photos de vacances. Des photos d’un temps où elle était beaucoup plus jeune. Sur la plupart des photos, elle est rayonnante. Ses seuls mots sont « Non » et « Maman », mais son visage parle. Je comprends ce qu’elle veut et ce qu’elle ne veut pas. C’est moi qui dit, qui raconte. Elle aquiesce ou fait la grimace, c’est selon. En fin d’après-midi, séance de yoga. J’ai failli l’oublier. Ce soir, je dois mettre à jour mon site jacquaire avec le programme des marches. L’ambiance pandémie me plombe. Des chiffres, Une vaccination qui se déploie lentement …et il paraît que les vieux qui sont vaccinés n’ont pas plus le droit de sortir qu’avant!
La voix de Lilie
Bonne fête à toutes les Françoise. Il y a 3 jours c’était la sainte Colette, un prénom encore plus vieux. De la génération d’avant, et du coup certainement de la future génération. Certains disent que c’est aussi la sainte Nicole, que certaines la fêtent le 6 mars d’autres le 6 décembre avec la saint Nicolas. Je vais poser la question à celles que je connais ! Au passage j’ai vu que Nicole vient du grec Niké (victoire) et laos (peuple). Ben du coup, j’ai compris le pourquoi de la marque nike…. Je suis vraiment nulle !
Après ces digressions, un peu d’histoire de cette journée. Télétravail pendant que mon beau fils travaille à la réfaction de la salle de bain. Je rencontre une personne de l’association contre le bruit des avions pour lui donner des tracts. L’association va monter une rencontre car cette distribution nous a rapproché et il souhaite garder cette dynamique. Je ne sais pas si on arrivera à faire baisser le bruit, mais au moins cela nous permettra de rencontrer du monde autour de chez nous. D’autant plus que je n’ai pas l’impression d’avoir envie de quitter ma maison. Aucune des maisons que l’on visite ne trouve grâce à nos yeux….
Ce soir, petite fille arrive pour rester avec nous jusqu’à demain soir. Elle se jete dans mes bras avec un grand sourire. Elle est trop mignonne. Je fond. Elle fait de moi ce qu’elle veut ! Comme son frère. Il demande beaucoup à venir chez nous et avec l’école ce n’est pas simple. On va essayer de le prendre un peu plus le we. Pas celui qui vient puisque les mamies désertent les foyers ! Je joue beaucoup avec petite fille jusqu’au coucher. Elle rit, quand on se cache, elle saute sur le canapé. C’est un concentré de bonheur.
8 mars – Journée de la femme aujourd’hui. Je rêve d’un jour où il n’y aura plus de journée de la femme. Pas de manifestation prévue pour moi. Et dans mon quartier, je n’ai croisé aucune manifestante. Pourquoi est-ce que je me sens si peu concernée par la journée des femmes? Suis-je encore une femme? Hier soir, j’ai eu un bouquet de fleurs pour la fête des mamies. Et j’ai envoyé le mail à ma copine pour lui dire non… Nos amis sont partis ce matin. Avec eux, nous avons pris l’air du large. Evocations d’ailleurs lointains, cinéma, littérature…Une sortie du quotidien qui fait du bien, mais que c’est dur de s’y remettre après leur départ. Je reprends l’appropriation de mon site jacquaire et sa mise à jour. Je me sens à nouveau prise au piège du boulot, des procédures à identifer, à respecter, des référents à consulter… Doute et stress… L’après-midi, je profite du soleil pour faire une escapade. Le ciel est d’un bleu magnifique. Le soleil est chaud. Je suis sortie avec ma grosse doudoune. J’ai vite chaud. Je cherche un nouveau balai lave-sol parce que j’ai cassé le mien. Je ne trouve pas. Le lundi n’est pas un bon jour pour les courses. En fin d’après-midi, je peux enfin rentrer en contact avec la secrétaire de mon association jacquaire et me faire préciser quelques points. Une journée d’entre deux. Une journée de doute assurément.
La voix de Lilie
La journée internationale des droits des femmes, nom pompeux de notre journée de la femme. Elle existe depuis des décennies et malheureusement va exister encore longtemps. A voir les cortèges aujourd’hui dans Paris, il y a encore des droits à conquérir… La France est assez bien placée si on occulte les différences salariales. Il n’en est pas de même dans beaucoup d’endroits du monde ou au delà des droits, il y a la violence, la barbarie des traditions, la soumission à la force. Pourtant la mixité partout où elle existe a montré sa supériorité. L’équilibre, l’apport des différences sont sources de grandes réalisations. Tout un pan de histoire du monde est occultée en l’étudiant à la seule aulne des hommes. Ces dernieres années, les langues se délient enfin pour oser parler de toutes les agressions subies, souvent minimisées, voire niées par les agresseurs, simple collègue, frère, père, passant. Les femmes ont aquis suffisamment de force pour parler. Enfin. Il y a encore tant à faire dans les discours et dans les actes, mais nous avançons. Faisons toujours attention à conserver nos acquis, car la bêtises des plus forts peu vite tourner à la régression des meurs.
Le jour où la colère d’une femme ne sera pas de l’hystérie. Le jour où une femme qui ne sera plus remarquée par sa tenue vestimentaire. Le jour où une femme sera la première et non la première femme. Le jour où une femme pourra marcher dans la rue le soir sans se sentir en danger.
Froid, mais grand soleil aujourd’hui pour la fête des Mamies. Une graine nous a envoyé la photo d’un magnifique bouquet de jonquilles pour l’occasion. Merci Graine. Ce matin, jogging au bois de Vincennes. Il fait beau. C’est agréable. Ça me redonne de l’énergie. Effectivement, quand j’étais ado, cela s’appelait la course de fond ou de demi-fond. Avouons que ce n’était pas vendeur. Je détestais ça et je n’étais pas la seule. Les jeunes faisaient de la vitesse. Les moins jeunes faisaient du fond. C’était aussi un moyen de se préparer à faire un sport plus prestigieux. Aujourd’hui, le jogging, c’est tendance, ou le running si tu veux. Tout le monde court. Les jeunes, les vieux, les hommes, les femmes…C’est juste le vocabulaire qui évolue. A l’orée du bois, un papa a construit une balançoire pour chacune de ses filles. Une corde, un morceau de bois pour s’asseoir. Pour le reste, choisir une branche d’arbre bien solide et faire des noeuds qui tiennent. Une idée géniale que je vais exploiter pour ma petite-fille qui adore les balançoires. Il n’y en a plus dans les squares parisiens. A tester à la prochaine sortie en forêt avec elle. Moi aussi, je profite de ma course pour penser à tout un tas de choses. Je vais envoyer un mail à ma copine d’écriture pour lui dire que je ne veux pas participer à la construction de son site. J’ai essayé à deux reprises, mais nous n’arrivons pas à travailler ensemble. J’ai 65 ans cette année. Je n’ai pas de temps à perdre dans des activités qui ne m’apportent rien. Avec elle, je préfère partager des moments d’écriture auxquels je prends plaisir. En courant, j’ai écrit la lettre, vais-je l’envoyer? Ce midi, repas en tête à tête avec mon mari. Les invités, ce sera pour ce soir. Il y aura également fille et petite-fille.
La voix de Lilie
Aujourd’hui c’est la fête des grands mères. Une fête qui n’existait pas il y a peu. Je me demande même s’il existe la fête des grands pères ? C’est que les grands pères, ça ne fait pas beaucoup dépenser. Alors on a mis seulement les grands mères, histoire de faire aller les petits enfants dans les magasins. Sauf que je ne suis pas certaine que cela fonctionne. La fête des grands mères en général c’est un coup de fil, whatsapp en version moderne. Mes petits enfants m’en ont envoyé un pour me souhaiter une bonne fête. Ou plutôt leur Maman les a filmé. Je ne les ai pas vu de visu. Aujourd’hui c’était une journée sans visite.
Sans visite, pas sans rien faire ni voir personne. Ce matin nous sommes repartis distribuer des tracts contre le bruit. Nous sommes maintenant 4 personnes à distribuer. Nous échangeons pour quadriller des secteurs différents. Quelquefois nous nous rencontrons pour nous fournir les uns les autres en tracts. Cela fait du bien de rencontrer du monde et de savoir que nous sommes nombreux à nous mobiliser. Au delà de l’action, nous parlons avec des voisins que nous ne connaissions pas avant.
L’après-midi, je jardine. Je replante de boutures de rosiers et je remporte une pousse de citronnier issue d’une graine (une vraie) germée. En ce moment je fais tout germer. Ce doit être un signe.. Noyau de litchis et de mangue, pepins de citron et de clémentine. Ça pousse un peu, et puis…. J’oublie les arrosages, ou elles sont trop à l’ombre. Seuls les noyaux de date m’ont resisté. Je n’ai pas dit mon dernier mot. J’ai passé un bon moment dehors, et même si le résultat est nul, j’ai profité du dehors et du beau soleil de cette journée.
Fin du dimanche sur mon site qui commence à prendre tournure. Et le coup de fil hebdomadaire à ma mère. Ce soir j’étais fatiguée, et pas tout à fait déconnectée de mon site, pas en mesure d’écouter ses sempiternelles plaintes. La discussion a un peu coupé court. Comme chaque fois que ça arrive, je m’en veux. Éternelle culpabilité.
Samedi – C’est la sainte Colette aujourd’hui. La fête de ma copine d’enfance. Je suis la 1ère à la lui fêter. Dans le métro, en route pour ma réunion CA de ce matin. Je suis obligée d’être attentive car c’est moi qui doit faire le compte-rendu. Je n’ai pas su dire non. Par contre, la coordination des marches préparatoires est prise en charge par quelqu’un d’autre. Une quelqu’une d’ailleurs. Mais je me retrouve tout de même cooptée comme membre du CA au poste de secrétaire adjointe. Je rentre pour déjeuner vers 13 h. Mon mari m’attend. Le repas est prêt. Aujourd’hui, pas le temps pour la sieste. Je rédige le compte-rendu du CA à partir des notes prises sur mon ordi en séance. Je l’envoie à la secrétaire en titre pour relecture et diffusion. Appeler ma petite soeur, faire des courses complémentaires, faire ma part de ménage…Pas le temps de rêvasser. Mais, il fait beau dehors, la lumière est belle et le moral est au beau fixe. Ce soir, relâche. Pas de cuisine à faire. J’ai commandé un Bo Bun au restaurant thaï d’à côté. Ensuite, atelier d’écriture avec ma copine, pour décompresser, lâcher ce qui n’a pas été dit, rêver, esperer, penser à demain. Je reprendrais mon site jacquaire demain. J’ai commencé hier soir à me l’approprier et à le mettre à jour. J’ai créé un article et un évènement. Un bon début. Notre graine des îles couche à l’hôtel proche de l’aéroport ce soir. Son avion n’est pas parti. Il partira demain matin à 5 h. Repose-toi bien Lilie. Profite de ton jardin et du soleil.
La voix de Lilie
Jogging ce matin. Je suis de cette génération où l’on dit jogging, celle d’avant disait footing, celle d’après, running. A quand remonte la génération courir en français ? En tout cas, je n’ai pas footé, joggué, runné, couru depuis plus d’un mois. Et la fois d’avant il s’était écoulé 2 mois. Heureusement, je jogging, c’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas. Partie pour une reprise de 30mn, je cours finalement 50mn sans fatigue. Courir me permet de penser à tout un tas de choses. Mon esprit passe d’une idée à une autre, s’évade, s’envole. Presque de la méditation. Il fait très beau aujourd’hui, même s’il fait encore très froid. Je suis bien couverte, ça me fait du bien, ça défoule de courir.
L’après-midi, pour profiter du soleil en se rendant utile, je pars avec mon mari distribuer des tracts dans les boîtes aux lettres d’une ville survolée par les avions de tourisme. On croise quelques personnes pendant notre promenade et nous échangeons nos impressions. Le quartier est immense, nous reviendrons demain. Une voisine nous a approvisionnés en tract.
Au retour, je me plonge dans mon site pour faire des aménagements de pages et tester des fonctions. Il prend bonne forme. Je vais bientôt pouvoir y installer les vrais documents et les premiers comptes. Ensuite je partagerai avec le bureau de l’association. Ma formation est presque terminée, je me sens plus à l’aise. Bien sûr, il me resterait beaucoup à apprendre. Je vois bien le niveau de virtuosité du formateur !
Finalement, je n’ai pas fait de jardinage. Il faut dire que les magasins de terreau sont soit fermés soit blindés de monde. Peut-être demain. Peut-être pas.
Vendredi veille du week-end – l’hiver est revenu. Ce matin, j’ai à nouveau rendez-vous avec mon association jacquaire. C’est la semaine, parce que je vais y aller demain matin également. Aujourd’hui, le sujet, c’est la gestion des archives de l’Association. Demain, ce sera le Conseil d’administration. Ce matin, j’écoute surtout. Un bénévole membre du CA a pris en charge le sujet. Il a répertorié, indexé, numérisé. Je questionne un peu mollement: le plan de classement, le stockage… Je ne souhaite pas m’investir dans le sujet. Même si ça me rappelle quelques souvenirs, je ne me sens pas compétente sur le sujet. Mon niveau d’implication dans l’association déborde déjà mes capacités à faire. Donc, modérato. Nous allons à la crypte de l’église d’à côté voir de visu les archives physiques. De grandes armoires dans lesquelles sont entassés des documents, des objets…. Un peu comme ces caves ou ces débarras où le trop plein d’un appartement ou d’une maison est déposé. C’est émouvant ces tous petits livrets du début du 18ième qui accompagnaient les pélerins dans leur périple. Une date: 1718! Je rentre pour le déjeuner. Puis je m’affale sur le canapé et je fais la sieste. Je suis vannée. J’ai du mal à me motiver pour bouger. Avant de partir pour aller voir mes copains handicapés, je dois au préalable imprimer des photos. Hier soir, j’ai laissé tomber. Je n’y arrivais pas. Je suis en retard, mais je les ai prévenus. Et j’ai les photos. Elles sont de bonne qualité. Nos amis qui devaient venir ce soir ne viendront que dimanche soir. Ça m’arrange bien.
La voix de Lilie
Comme toi Graine, je suis épuisée. Moralement et physiquement. Ce doit être l’arrivée du printemps. La semaine a été bien remplie aussi. Il est temps de se reposer un peu.
Aujourd’hui, la journée de travail a été longue. Je travaille sur des projets de dématérialisation et je baigne dans les plans de classements. En même temps je ne supporte plus cette méthode de travail dans laquelle on passe plus de temps à budgéter ce que l’on va faire qu’à le faire. Trop de chiffrage, de discussions entre directions. Une montagne pour accoucher d’une souris. Des chiffrages à faire tomber par terre ceux qui ont connu les autres méthodes de travail. Sans tomber dans c’était mieux avant, l’efficacité en a pris un coup. Ma motivation aussi. Je n’aime pas ces méthodes, ni le poste que j’occupe. Trop lourd, trop de réunions, trop de détails à fournir. Je préfère concevoir les choses dans leur ensemble, pas devoir étudier tous les aspects sans rien oublier dans la nébuleuse qu’est devenu le système. Pourtant je donne tout ce que je peux dans le temps que j’y consacre. Sans implication toutefois. L’intérêt a disparu. Je passe doucement à autre chose. En même temps, j’ai peur de m’arrêter et de ne plus savoir comment occuper mes journées. J’y pense souvent. Beaucoup d’idées me viennent, il faudra que je me recentre pour ne pas m’éparpiller. Pour équilibrer aussi le pour la famille, pour les autres, pour moi.
Voilà le week-end qui arrive. Pas de projet finalement puisque Graine des iles ne vient pas. Je travaillerai un peu sur mon site, peut-être dans le jardin pour rempoter quelques boutures. Et Repos. ,
Le rythme de la reprise, après la pause des vacances, est rapide, un peu trop rapide pour une retraitée comme moi. Mes amis repartent après le déjeuner. Ils ont à faire à Paris. Ils viendront dîner, donc dormir vendredi soir, puisqu’avec le couvre-feu, qui dîne dort. Ce midi, repas des copines pour accueillir et soutenir notre graine des îles qui en a bien besoin. Sa présence aux obsèques du père de son fils n’était pas souhaitée! Comment peut-on arriver à ce manque d’humanité? Qu&r